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1 TYPOLOGIE DES COUPLES ET UTILISATION DES METHODES DE CONTRACEPTION MODERNE AU NIGER SOUMANA Issifou et ILLA Souley, Démographes à l’Institut National de la Statistique du Niger 26 au 31 Août 2013 Résumé Malgré les efforts fournis par les autorités publiques, la pratique de la contraception reste particulièrement très faible en Afrique Subsaharienne en général, et au Niger en particulier. La faiblesse de la prévalence contraceptive est soutenue par un ensemble des facteurs dont ceux liés aux caractéristiques socioéconomiques des conjoints. Cette étude a ainsi permis de confronter ces caractéristiques et de dégager des types de couple à l’intérieur desquels sont observés les comportements des femmes vis-à-vis de la contraception moderne. Ainsi, il ressort des analyses descriptives et explicatives que la pratique contraceptive est significativement corrélée au niveau d’instruction du couple. Toutefois, c’est dans les couples où le niveau d’instruction de l’homme est supérieur à celui de sa conjointe qu’on observe une forte chance d’utilisation de la contraception moderne. Ce constat n’est pas surprenant, il reflète la réalité du pays car, dans le contexte nigérien, l’homme est le responsable du foyer et donc de la fécondité de sa femme. Aussi, la corrélation existant entre l’occupation du couple et l’utilisation de la contraception moderne au niveau descriptif se trouve absorbée par la présence du niveau d’instruction du couple et des variables de contrôle au niveau explicatif. S’agissant du régime matrimonial, contre toute attente, aucune différence de comportement contraceptif n’est remarquable selon que la femme soit en union polygamique ou monogamique. Introduction Pour les pays en voie de développement, caractérisés par une fécondité très élevée et une croissance rapide de la population auxquelles s’ajoute une santé maternelle et infantile peu satisfaisante, l’utilisation des méthodes de contraception moderne devient un enjeu crucial. En effet, malgré les efforts soutenus des autorités publiques, la pratique contraceptive reste particulièrement très faible en Afrique Subsaharienne. Plusieurs rencontres internationales se sont penchées sur la question et les débats ont tourné essentiellement au tour des facteurs qui lui sont associés et des mesures à prendre pour promouvoir la planification familiale. A la conférence internationale sur la planification familiale tenue à Kampala (Uganda) du 15-18 Novembre 2009, Ale FRANCK et Amour BALOGOUN ont classé les facteurs de recours à la contraception moderne en trois catégories : les facteurs liés à l’opportunité (la disponibilité du produit, l’attrait à la marque du produit, la qualité du service et les normes sociales) ; les facteurs liés à la capacité (la connaissance du produit,

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TYPOLOGIE DES COUPLES ET UTILISATION DES METHODES

DE CONTRACEPTION MODERNE AU NIGER

SOUMANA Issifou et ILLA Souley, Démographes à l’Institut National de la Statistique du Niger

26 au 31 Août 2013

Résumé

Malgré les efforts fournis par les autorités publiques, la pratique de la contraception reste particulièrement très faible en Afrique Subsaharienne en général, et au Niger en particulier. La faiblesse de la prévalence contraceptive est soutenue par un ensemble des facteurs dont ceux liés aux caractéristiques socioéconomiques des conjoints. Cette étude a ainsi permis de confronter ces caractéristiques et de dégager des types de couple à l’intérieur desquels sont observés les comportements des femmes vis-à-vis de la contraception moderne. Ainsi, il ressort des analyses descriptives et explicatives que la pratique contraceptive est significativement corrélée au niveau d’instruction du couple. Toutefois, c’est dans les couples où le niveau d’instruction de l’homme est supérieur à celui de sa conjointe qu’on observe une forte chance d’utilisation de la contraception moderne. Ce constat n’est pas surprenant, il reflète la réalité du pays car, dans le contexte nigérien, l’homme est le responsable du foyer et donc de la fécondité de sa femme. Aussi, la corrélation existant entre l’occupation du couple et l’utilisation de la contraception moderne au niveau descriptif se trouve absorbée par la présence du niveau d’instruction du couple et des variables de contrôle au niveau explicatif. S’agissant du régime matrimonial, contre toute attente, aucune différence de comportement contraceptif n’est remarquable selon que la femme soit en union polygamique ou monogamique.

Introduction

Pour les pays en voie de développement, caractérisés par une fécondité très élevée et une

croissance rapide de la population auxquelles s’ajoute une santé maternelle et infantile peu

satisfaisante, l’utilisation des méthodes de contraception moderne devient un enjeu crucial.

En effet, malgré les efforts soutenus des autorités publiques, la pratique contraceptive reste

particulièrement très faible en Afrique Subsaharienne. Plusieurs rencontres internationales

se sont penchées sur la question et les débats ont tourné essentiellement au tour des

facteurs qui lui sont associés et des mesures à prendre pour promouvoir la planification

familiale. A la conférence internationale sur la planification familiale tenue à Kampala

(Uganda) du 15-18 Novembre 2009, Ale FRANCK et Amour BALOGOUN ont classé les

facteurs de recours à la contraception moderne en trois catégories : les facteurs liés à

l’opportunité (la disponibilité du produit, l’attrait à la marque du produit, la qualité du

service et les normes sociales) ; les facteurs liés à la capacité (la connaissance du produit,

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le soutien social et l’auto efficacité) et les facteurs liés à la motivation (l’attitude,

l’intension, la menace/évaluation du risque, les croyances, les résultats attendus et la

décision/volonté de payer).

De ces facteurs on comprend déjà que la pratique contraceptive n’est pas toujours un fait

d’entreprise individuelle, elle doit souvent faire l’objet de discussion et d’entente tout au

moins au sein des couples. Les questions de coût, d’efficacité ou de disponibilité des

produits contraceptifs n’interviennent, en principe, qu’après que les couples aient décidé

d’y recourir. Il est vrai que, dans une société à consonance musulmane comme le Niger, où

la naissance extraconjugale est fortement stigmatisée car perçue comme une déviance

sociale, les femmes hors mariage, à défaut de s’abstenir, recourent à la contraception afin

d’être en cohésion avec la société. Tout de même, c’est au sein des couples légaux où les

femmes ne sont pas seules responsables de leurs fécondités que les obstacles à la pratique

contraceptive se dressent avec plus d’ardeur.

L’EDSN-MICS 2006 du Niger montre que dans près de la moitié des couples (47 %), les

deux conjoints ont la même opinion dont 30 % approuvent la contraception et 17 % la

désapprouvent. Les 53% des couples restant semblent n’avoir pas le même avis sur la

pratique contraceptive. Néanmoins, la divergence des avis des partenaires ne traduit pas

systématiquement une non utilisation de la contraception. Le pouvoir d’influence d’un

partenaire sur l’autre pondère plus son opinion dans la prise de décision au sein du couple.

Cette décision n’est pas toujours l’apanage exclusif des hommes. Avec la scolarisation,

l’émancipation et l’autonomisation financière progressive des femmes, l’ordre habituel

risque d’être perturbé.

En effet, la nécessité d’approfondir les recherches sur les facteurs qui déterminent la

pratique contraceptive est de taille surtout dans un contexte de confrontation entre

l’émancipation de la femme et son rôle traditionnel. Ainsi, à travers différentes catégories

de couple identifiées à partir d’une combinaison des caractéristiques socioéconomiques des

conjoints, cette étude va permettre d’identifier les profils des couples susceptibles de

recourir à la contraception moderne. Pour ce faire, l’étude est subdivisée en six principales

parties à près l’introduction : le contexte de l’étude, la revue de la littérature sur la pratique

contraceptive, la méthodologie, les résultats de l’étude, la discussion des résultats et la

conclusion et les recommandations.

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Des éléments du contexte

Contexte physique et peuplement

Le Niger est situé à mi-chemin entre le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne. Il couvre une

superficie de 1.267.000 Km2. Il est limité au Nord par l’Algérie et la Libye, à l’Est par le

Tchad, au Sud par le Nigeria et le Bénin, à l’Ouest par le Burkina Faso et au Nord-Ouest

par le Mali. Le Niger est un pays complément enclavé, à mi-chemin entre la méditerranée

et le golf de Guinée ; le port le plus le proche (Port de Cotonou) se situe à plus de 700 km.

Les résultats définitifs du troisième Recensement Général de la Population et de l’Habitat

réalisé en 2001 révèlent une densité globale de 8,7 habitants au Km². Bien que la densité

demeure faible, la population croît rapidement avec un taux annuel de 3,3% et un nombre

moyen d’enfants par femme (ISF) de l’ordre de 7,1 (EDSN-MICS, 2006). Contre toute

attente, ces statistiques ont connu une hausse en 2012 malgré les multiples efforts des

autorités publiques pour ralentir la croissance démographique. Les rapports provisoires de

l’EDSN-MICS et du RGPH de 2012 ont donné respectivement un ISF de 7,4 enfants par

femme et un taux d’accroissement intercensitaire de 3,9%.

Du fait que la majeure partie du pays, soit les deux tiers du territoire national, soit

composée de massifs et de déserts peu habitables, l’essentiel de la population est

concentrée dans le tiers du territoire restant où se développent, dans des conditions

climatiques très aléatoires, l’agriculture et l’élevage qui constituent les principales

ressources du Niger. En plus de l’attrait climatique, le milieu de résidence joue un rôle

prépondérant dans la répartition spatiale de la population nigérienne. Plus de 80% de cette

population vit en zone rurale où les infrastructures de développement sont non seulement

insuffisantes mais aussi distantes d’un point à un autre.

Accessibilité et utilisation des services de Santé

L’insuffisance des services de santé, constitue pour les populations un réel problème

d’accessibilité surtout quand on sait que la plupart des localités du Niger sont enclavées.

La répartition géographique des formations sanitaires indique, que les populations rurales

sont particulièrement lésées. La case de santé est très souvent, pour elles, le premier et

dernier recours pour l’obtention des soins pour elles. De ce fait, contrairement aux

habitants des villes, ceux des villages sont privés d’un accès physique aux soins spécialisés

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de santé. Cela est d’autant plus vrai que les cases de santé qui sont les seules formations

sanitaires géographiquement accessibles ne disposent ni d’un équipement approprié, ni

d’un personnel qualifié (Alternative Espaces Citoyens, 2009). De ce fait, les distances à

parcourir pour atteindre une formation sanitaire de référence, outre les risques qu’elles font

courir aux malades, engendrent aussi un coût financier souvent très important pour ces

populations ; et c’est parfois l’une des raisons pour lesquelles des nombreuses personnes

ne fréquentent les formations sanitaires publiques qu’en dernier ressort, lorsque toutes les

autres options notamment le recours à l’automédication et à la pharmacopée traditionnelle

n’ont pas fonctionné (Alternative Espaces Citoyens, 2009).

Les visites des femmes dans les formations sanitaires pour une raison de santé quelconque,

que ce soit pour elles-mêmes ou pour leurs enfants, constituent des occasions que saisissent

les prestataires pour discuter de la planification familiale avec elles. En effet, ces

formations sanitaires (PMI, maternités, CSI, hôpitaux, cases de santé) ainsi que les

pharmacies constituent les principales sources d’approvisionnement en produits

contraceptifs médicalisés. La question de l’accessibilité (liée au coût, à la distance et à

l’information) et de la disponibilité régulière des produits contraceptifs mérite donc une

attention particulière. Ces obstacles, auxquels s’ajoutent les erreurs d’utilisation des

contraceptifs, argumentent fortement l’insatisfaction des besoins en planification familiale.

D’après l’EDSN-MICS 2006, près de 16% des femmes en union étaient insatisfaites dans

leurs besoins en planification familiale. Ce taux était de 19,2% en 1992 et 16,6% en 1998

(EDSN 1992, 1998).

Contexte socioéconomique

L’analyse de la situation économique du Niger, telle que détaillée dans le Plan de

Développement Economique et Social (PDES) de 2012-2015, marque une performance

économique oscillante dans le temps depuis son indépendance à nos jours. D’une

économie dominée par le secteur rural (de 1960 à 1975), la performance économique du

Niger est passée à une économie sous ajustement structurel (entre 1982 et 1990) en passant

par une période de croissance occasionnée par le boom de l’uranium allant de 1975 à 1982.

Le Programme d’Ajustement Structurel (PAS) provoqué par la baisse des revenus tirés du

secteur minier et le poids croissant de la dette ayant plongé le pays dans un marasme

économique, est destiné d’une part à contenir les déséquilibres internes et externes, d’autre

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part à maîtriser les réponses du côté de l’offre, donc à relancer la croissance sur des bases

élargies et renforcées.

L’État s’est ainsi engagé, à travers le PAS, dans des réformes d’inspiration libérale, qui

mettent au second plan l’amélioration des conditions de vie des populations. Ces réformes

se sont traduites par le désengagement de l’État de tous les secteurs économiques jugés

concurrentiels. D’où la privatisation des entreprises publiques, la réduction drastique des

dépenses sociales, la suppression des subventions aux produits de base, la taxation des

denrées de grande consommation, le démantèlement de toutes les structures d’appui à

l’agriculture, etc. Les mesures préconisées dans le cadre de ces réformes ont largement

contribué à rendre difficile l'accès des populations aux services essentiels de base, en

particulier celui de la santé (Alternative Espaces Citoyens, 2009).

Depuis plus d'une décennie, des programmes et projets ont été élaborés et mis en œuvre

dans le cadre de la réduction de la pauvreté au Niger. Ces programmes et projets n'ont

malheureusement pas permis de résorber de manière significative une pauvreté devenue

persistante (PDES, 2012). Ainsi, sur la base de l’approche monétaire privilégiée par

l’Institut National de la Statistique (INS) pour dresser le profil de la pauvreté dans

l’exploitation des données des différentes enquêtes sur les conditions de vie des ménages,

la pauvreté recule très faiblement, passant de 63% en 1990 à 62,1% en 2005 et à 59,5% en

2008 (ENBC, 2008 et QUIBB, 2005). Par ailleurs, eu égard aux perspectives économiques

qui se pointent à l’horizon ainsi qu’à la vision du PDES se fondant sur l’édification d’un

pays émergent, bâti sur une économie dynamique, diversifiée et durable, les spécialistes

espèrent une réduction considérable de la pauvreté au Niger dans les années à venir.

Pratique et prévalence contraceptives au Niger

Bien avant l’avènement de la contraception médicalisée, les femmes nigériennes

pratiquaient plusieurs méthodes traditionnelles de contraception ou d’espacement des

naissances. Les grossesses rapprochées sont considérées comme préjudiciables à la santé

des mères et des enfants. Le lait des femmes enceintes et allaitantes est qualifié d’impur et

de cause des maladies incurables dont souffrent leurs nourrissons. Malheureusement, le

sevrage précoce et brutal qui s’en suit entraine ces derniers dans un cercle vicieux de

maladies et de malnutrition. C’est d’ailleurs la question sanitaire de l’enfant mais aussi

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celle de la mère, qui nourrit majoritairement l’argumentaire des personnes favorables à la

contraception (Hadiza MOUSSA, 2012).

Pour prolonger les intervalles inter-génésiques, et pour bien d’autres raisons, les couples ou

les femmes nigériennes font recours à un ensemble de méthodes de prévention ou

d’ajournement de naissances. Ces pratiques qui semblent être universelles (Hadiza

MOUSSA, 2012), sont soit coopératives, soit individuelles. Sans prétendre être exhaustif,

on peut citer au delà des méthodes médicalisées, les pratiques traditionnelles suivantes1 :

l’allaitement maternel, la continence post-partum, le coït interrompu, les méthodes

d’automédication, la contraception issue des marabouts, des thérapeutes traditionnels et des

pharmaciens ambulants pour ne citer que ceux-là. Des femmes usent de ces pratiques pour

provoquer les avortements clandestins qui sont souvent présentés comme fausses couches.

Certaines femmes font recours à l’avortement pour pallier l’échec d’une pratique

contraceptive, l’accessibilité financière et physique de la contraception moderne. D’autres

par contre, avortent volontairement pour marquer à leur manière, leur résistance à certains

ordres sociaux : mariage forcé, l’autorité du mari ou la venue d’une coépouse (Hadiza

Moussa, 2012).

En effet, selon les enquêtes démographiques et de santé de 1992, 1998, 2006 et 20122, la

prévalence contraceptive demeure peu satisfaisante au Niger, surtout si l’on se limite aux

seules femmes en union. De 1992 à 2012, la proportion des ces femmes utilisatrices toutes

méthodes confondues, est passée de 4,4% à 14 %, soit une augmentation d’environ 10

points en l’espace de 20 ans d’action en faveur des contraceptifs modernes. Comme

l’indique le graphique ci-dessous, cette hausse sensible est essentiellement due à

l’intégration progressive, quoique lente, des contraceptifs modernes dans les mœurs

nigériennes et ceci au dépens des pratiques anciennes de contraception.

1 « Entre absence et refus d’enfant. Socio-anthropologie de la gestion de la fécondité féminine à Niamey, Niger » de Hadiza Moussa, 2012.

2 Rapport provisoire de l’EDSN, 2012

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Graphique : Evolution de la prévalence contraceptive chez les femmes en union

Historique de la santé reproductive au Niger3

Auparavant, la prise en charge de la santé maternelle et infantile se faisait essentiellement

dans les centres de Protection Maternelle et Infantile (PMI). Cette prise en charge rentre

dans le cadre du programme des soins de santé primaires initié par l’OMS à la fin des

années 70. Au milieu des années 80, l’intérêt croissant pour la santé familiale a été

concrétisé par la création d’un Centre National de la Santé Familiale (CNSF). Sa mission

était d’appuyer les efforts du gouvernement dans la mise en œuvre d’une politique

nationale de population et de contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité

maternelle et infantile par le développement d’un système national intégré de la Santé

Maternelle et Infantile et de la Planification Familiale (SMI/PF).

Plus concrètement, un Programme National de Planification Familiale s’est étalé sur la

période 1988-1995 suite à l’ordonnance N° 88-19 du 7 avril 1988 autorisant la pratique de

la contraception. Il s’ensuit que désormais les femmes mariées pourront accéder aux

3 Cette historique est essentiellement tirée du Programme National de Santé de la Reproduction 2005 – 2009 Version du 15 Juin 2005, Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre les Endémies.

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méthodes contraceptives modernes sans avoir à présenter l'autorisation écrite de leur mari.

C’est ainsi que, pour la première fois dans le pays, un modèle de prestation de service en

planification familiale a été mis en place dans les PMI de Niamey. Il a été ensuite

généralisé grâce à un vaste programme de formation en techniques de contraception, de

gestion efficace des produits contraceptifs, d’IEC en Santé de la Reproduction et

Planification Familiale (SR/PF) et d’un système de suivi-évaluation des résultats.

A la suite de la conférence du Caire (en 1994), le Ministère de la Santé Publique crée la

Direction de la Santé de la Reproduction dont la principale mission était de mettre en

application les recommandations issues de la CIPD avec l’émergence du concept de Santé

de la Reproduction (SR). C’est ainsi que fut créé le Centre National de la Santé de

Reproduction (CNSR) par arrêté ministériel 0075/MSP/CAB du 10 juin 1995. Le CNSR

devrait prendre le relais en adaptant, dans la continuité, sa mission et ses activités au

nouveau concept de la SR. Malheureusement, ce passage au concept de SR a coïncidé avec

une période d’instabilité politique du pays qui a amené les partenaires au développement à

se retirer ; ce qui a diminué drastiquement les moyens alloués à la SR/PF. Les acquis des

années antérieures en matière de planification familiale ont été ainsi perdus.

En 2002, la déclaration de la politique sanitaire, adoptée en conseil des Ministres, marque

une volonté politique affichée pour améliorer l’état de santé de la population en général et

la Santé de Reproduction en particulier. Cependant, force est de constater, que le choix

stratégique fait en matière de SR durant les dix dernières années 1995-2004, trop orienté

vers le développement et la promotion des soins obstétricaux et marginalisant l’apport des

stratégies comme la PF, semble avoir échoué. Ni le recul de la mortalité maternelle encore

moins celui de la croissance démographique n’a été observé.

Il faut aussi noter que plusieurs associations et ONG interviennent dans le domaine de la

SR pour renforcer les efforts des structures étatiques. L'ANBEF, créée en 1996, est l’une

des associations nationales autonomes de Planning Familial affiliées à l’International

Planned Parenthood Federation (IPPF). Celle-ci a pour objectif de promouvoir dans le

monde le droit à la santé reproductive et sexuelle. Déjà en 1996, une première tentative de

marketing social de vente de condoms au Niger s’est soldée par un échec. Cependant, un

nouveau projet lancé en 2003 dans le cadre de la coopération nigéro-allemande a permis de

mettre sur le marché un préservatif subventionné dénommé « Foula ». Les campagnes

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nationales de communication pour la prévention des IST et la lutte contre les grossesses

non désirées organisées dans le cadre de ce projet ont connu un certain succès. Le

marketing social en matière de contraception est aujourd’hui mis en œuvre par Animas-

Sutura qui a développé des modèles de communication avec les média nationaux et les

médias de proximité tels que les radios communautaires (Jean-Pierre Guengant, 2011).

Par ailleurs, les différentes politiques et les plans de développement élaborés par les

gouvernements successifs témoignent d’un engagement politique pour améliorer

particulièrement la Santé Reproductive des personnes au Niger. Parmi celles-ci, la

politique de population occupe une place importante. Ainsi, en plus de la Politique

Nationale de Population de 1992, le gouvernement a repris en 2007 cet engagement en

faisant une Déclaration Générale en matière de Politique de Population (DGPP). Cette

politique sera complétée par un Programme National de Sante de la Reproduction (PNSR)

adopté en 2005 et un Plan National Stratégique de Sécurisation des Produits de la Santé de

la Reproduction (PNSSPSR) couvrant la période 2007-2010. Par la suite, la Stratégie de

Développement accéléré et de Réduction de la Pauvreté (SDRP) 2008-2012, a repris les

objectifs de la déclaration de politique de population et retenu la maîtrise de la croissance

démographique comme l’un de ses sept axes stratégiques. Ces politiques, programmes,

plans et stratégies, relativement bien articulés entre eux, ont certainement contribué à la

légère augmentation de la prévalence de la contraception moderne observée ces dernières

années.

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Revue de la littérature sur la pratique contraceptive

Les écrits sur la planification familiale en général et sur les pratiques contraceptives en

particulier sont abondants. Le constat qui se dégage est que la pratique contraceptive

progresse dans le monde même si les résultats restent faibles comparativement aux efforts

déployés par les programmes qui sont censés mettre les services de contraception à la

disposition des couples. Il est récemment apparu dans la Fiche Pédagogique de l’INED (La

contraception dans le monde) que 63 % des couples utilisent une méthode contraceptive

dans le monde.

Tout de même, en Afrique Subsaharienne, l’accès aux méthodes contraceptives reste

difficile et les couples utilisant la contraception sont une minorité (INED, 2013). C’est une

remarque fondamentale en Afrique où, la pratique contraceptive est très faible et disparate.

Ces disparités existent aussi à l'intérieur des pays (Marc Pilon et Agnès Guillaume, 2000).

La pratique de la contraception, même là où existent des services, c’est-à-dire

essentiellement en milieu urbain, est loin d’atteindre l’ampleur que l’on escomptait et

l’évolution que l’on attendait (Thérèse LOCOH, 1992).

Suite à l’adoption au Caire (en 1994) d’une approche globale privilégiant les droits

reproductifs et la santé de la reproduction, ainsi que l’adoption des Objectifs du Millénaire

pour le Développement en 2000, les pays d’Afrique subsaharienne, dont le Burkina Faso,

le Mali et le Niger ont privilégié la prise en charge des grossesses et des accouchements,

les urgences obstétricales et néonatales, la prévention du VIH/Sida et la prise en charge des

malades. Ce contexte n’a pas été favorable à la prévention des grossesses à risques, à

l’exercice des droits reproductifs et en fin à l’accès à des services de planification familiale

de qualité et à la promotion de l’utilisation de la contraception (Jean-Pierre GUENGANT,

2011). Or, le recours aux méthodes modernes de contraception est lié à l’accessibilité des

services. La concentration des services de PF dans les grandes agglomérations expliquerait

la faible prévalence de la contraception notamment en milieu rural. Il ne peut jamais

exister la planification familiale à partir des cases de santé ou dispensaires où on manque

tout. On ne viendra pas chercher la pilule contraceptive là ou on manque de nivaquine et

d'aspirine (Thérèse LOCOH, 1992).

Parfois, dans les services de prestation, la qualité du rapport prestataires-clients détermine

l’adoption ou la continuation de la pratique contraceptive. L’accueil du personnel soignant

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et l’explication donnée aux clientes sur les fonctionnalités des produits contraceptifs sont

déterminants pour l'abandon ou la pratique ultérieure de la méthode. Dans tous les cas, les

contacts informels constituent une autre source qui peut fournir aux femmes des

informations sur la nature des risques et avantages à encourir (Pierre NGOM, 2000).

Contrairement à la radio, à la télévision, et aux journaux, les réseaux informels de

communication permettent l'interaction sociale entre acteurs relativement familiers les uns

avec les autres. La transmission informelle d'informations, par exemple sur les problèmes

de santé causés par la pilule ou le DIU, se fait à travers les interactions interpersonnelles

quotidiennes. C'est avec les amies, voisines et autres parentes que les femmes s'informent

sur la disponibilité de tel ou tel autre contraceptif au sein du centre de santé le plus proche,

évaluent le danger qu'il y a à utiliser tel ou tel autre contraceptif, ou s'enquièrent de

l'acceptabilité sociale de l'utilisation des méthodes modernes de régulation des naissances

(Pierre NGOM, 2000).

Les entretiens individuels auprès des femmes démontrent clairement qu'une des raisons de

la pratique irrégulière ou de l'abandon des différentes méthodes contraceptives est la peur

des effets secondaires des méthodes. La mauvaise connaissance du fonctionnement du

corps féminin et du cycle contribue à la prolifération de ces rumeurs. Au fond de cette

inquiétude on trouve l'idée que le sang, puisqu'il ne coule pas en dehors du corps, explique

la sensation de lourdeur et de ventre gonflé dont se plaignent les femmes (Yves CHARBIT

et Sarah HILLCOAT-NALLETAMBY, 2000).

L'utilisation et le choix des méthodes contraceptives sont également fonction du statut

matrimonial qui influe notamment sur les aspirations de fécondité. Les femmes célibataires

et celles qui sont séparées ou divorcées sont ainsi proportionnellement plus nombreuses à

avoir recours à la contraception que les femmes mariées. Concernant ces dernières, le

manque de communication et de consensus entre conjoints sur l'utilisation de la

contraception peut avoir un effet important sur l'accroissement des taux de non-utilisation

et de la discontinuation des méthodes contraceptives. Aussi, dans certains milieux, la peur

d'être abandonnée par un mari pro nataliste, suscite le désir de procréer chez la femme afin

de s'attacher à l'homme en lui donnant plusieurs enfants. Par ailleurs, les rôles traditionnels

de la femme et de l'homme au sein du couple ne leur permettent pas souvent de discuter

des questions sexuelles. Pourtant, c’est à travers le dialogue, les discussions, que le projet

de fécondité et de planification familiale peut être élaboré par les deux conjoints en tenant

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compte de plusieurs contraintes. C’est ainsi qu’une femme non mariée a plus de chance

d’être "contraceptante" qu’une autre femme vivant dans une union.

Toutefois, les hommes ne sont pas absolument contre l’utilisation des contraceptifs.

D’aucuns sont favorables à la pratique contraceptive car la planification familiale aide à

éviter la misère et la pauvreté, d’autres rejettent toutes raisons économiques pour justifier

la planification familiale. Ces derniers approuvent la contraception dans le cadre de la

préservation de la santé de la mère et de l’enfant. L’état de santé de l’épouse tiens

beaucoup à l’homme. Ce constat est ressorti en 2000 dans l’étude menée par Yves

CHARBIT et Sarah HILLCOAT-NALLETAMBY sur « L’échec de la planification

familiale dans les « Cités » de l'île Maurice ». Il y ressort que les hommes refusent les

contraceptifs parce qu'ils ne trouvent pas sain que les femmes n'aient pas leurs règles. De

plus, «elles ne répondent plus à leurs attentes» : elles ne sont pas en mesure de bien

s'occuper du foyer à cause des maux de tête et de la tension nerveuse qu'ils attribuent à ces

méthodes.

Par ailleurs, la scolarisation, par l'introduction des connaissances nouvelles ou par le degré

d'acculturation qu'elle crée, constitue un facteur important et bien connu favorisant le

recours à la planification familiale. Les femmes de niveau d’instruction élevé s’adonnent

plus à la planification des naissances que leurs sœurs de niveau moindre. Mieux, on

observe avec l’augmentation du niveau d’instruction du conjoint, une progression

légèrement moindre des pratiques contraceptives relativement à celle de l’instruction de la

femme elle-même (Raïmi FASSASSI, 2001). Ce moindre impact de l’instruction de

l’homme sur la pratique contraceptive de la femme, relativement à la scolarisation

féminine, est observé dans plusieurs autres pays de l’Afrique Subsaharienne (Ainsworth et

al. 1996, cité par Raïmi FASSASSI, 2001). En général, les hommes les moins instruits ont

pour conjoints les femmes les moins scolarisées et les femmes instruites épousent des

hommes également instruits. On se rend compte que le niveau d’instruction du couple est

aussi une variable importante dans la pratique contraceptive (Raïmi FASSASSI, 2001).

Le niveau d’instruction du couple conduit souvent certains jeunes adultes à l’adoption des

objectifs précis à l'égard de leurs enfants, en termes de santé, d'éducation, de réussite

professionnelle. Ceci les conduits à limiter leur descendance, dans le contexte actuel de

forte crise économique. C'est en leur sein que l'on trouve les plus forts taux de convergence

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des opinions et des comportements en matière de fécondité. Ils sont mieux armés pour

utiliser efficacement une contraception moderne dont ils ressentent le besoin. En général,

ils peuvent accéder à des services de contraception et leurs formations leur permettent de

les utiliser à bon escient (Thérèse LOCOH, 2002).

Le lieu de résidence de la femme, tout comme son milieu de socialisation, est une variable

déterminante pour sa propre prise en charge et en particulier pour la représentation qu’elle

se fait de ses choix reproductifs. Le cadre urbain offre par exemple une kyrielle

d’opportunités susceptibles d’infléchir la position de la femme africaine, traditionnellement

passive vis-à-vis de l’ordre socialement établi (Raïmi FASSASSI, 2001). Raïmi

FASSASSI justifie les affirmations ci-dessus en ces termes : « La ville est le cadre idéal

pour un changement rapide des mentalités. Elle facilite une forme particulière de

capitalisation, le capital social dont l’acquisition se fait en grande partie par

l’accumulation d’expériences acquises de par la confrontation des idées nouvelles et des

modes de vie. C’est en général de cette confrontation d’idées que naît un ensemble de

forces centrifuges qui, en matière de gestion de la fécondité, aboutissent souvent au

passage d’une rationalité collective pro nataliste à une rationalité individuelle

caractérisée par une volonté plus nette d’une prise en main de sa fécondité par le couple ».

Et pourtant en 2000, Amadou NOUMBISSI et Madeleine WAYACK, dans leur étude sur

« La femme camerounaise face aux méthodes contraceptives modernes ; Rejet ou

inaccessibilité ? », ont émis des limites aussi bien du niveau d’instruction que du milieu de

résidence dans leur influence sur la pratique contraceptive des femmes et ou des couples.

Ils expriment cela en ces termes : « En effet, s'il est vrai que le lieu de résidence, le niveau

d'instruction de la femme et celui de son partenaire sont associés à une meilleure

connaissance de la contraception, il en va différemment de son utilisation. En d'autres

termes, certaines femmes savent ce qu'est la contraception moderne et ont les moyens de se

procurer une méthode, mais n'y ont jamais eu recours. De même, il ne se dégage pas

d'association nette entre les attributs de modernité et la communication dans le couple,

que celle-ci porte sur le nombre idéal d'enfants ou sur des questions relatives à la

régulation des naissances. ….ainsi, nous avons vu que les normes et valeurs en matière de

fécondité conditionnent fortement la pratique de la contraception. C'est parce que ces

normes n'ont pas changé pour la majorité des femmes, qui vivent toujours dans une culture

où la forte fécondité est valorisée, que le recours à la contraception reste si peu élevé ».

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En effet, la religion véhicule des valeurs et normes qui régissent la vie des pratiquants,

notamment leur vie reproductive. La religion chrétienne apparaît très nettement la plus

favorable à la planification familiale. Si dans les pays du Maghreb, la religion musulmane

n'est pas opposée à la planification familiale, et y a même été associée, en Afrique

Subsaharienne en revanche, pratique de l'Islam et faible recours à la contraception (surtout

moderne) sont généralement associés (Ferdinand NGUEYAP, 2000).

Outre cela, le désir d’une descendance nombreuse et la préférence du genre dans la

progéniture dissuadent souvent le couple à l’utilisation des contraceptifs. Beaucoup de

couples souhaitent avoir au moins un enfant de chaque sexe. Ce désir pousse souvent les

couples à ne pas s'arrêter d'essayer s’ils n'ont pas encore eu le sexe préféré. Cet attrait à un

sexe ne justifie-t-il pas la pratique de la polygamie lorsqu’une première femme ne répond

pas aux attentes ? Il est clair que la polygamie exacerbe la rivalité entre les femmes en

fonction du nombre et du sexe de leurs enfants. Cependant, dire que la polygamie est

négativement associée à la pratique contraceptive mérite plus d’investigation. Ceci

d’autant plus que, la possibilité offerte à l’homme d’avoir plus d’une épouse fait qu’il n’a

pas besoin d’une fécondité maximale par épouse pour pouvoir atteindre le nombre désiré

d’enfants ; son objectif pouvant être atteint avec la somme des descendances de ses

épouses (Banza BAYA et Abdoulaye MAÏGA, 2007).

Hypothèses de l’étude

A travers la littérature, nous remarquons que plusieurs facteurs seraient associés à la

pratique contraceptive. Ces facteurs sont principalement d’ordre culturel à savoir les

mœurs, le niveau d’instruction, le milieu de résidence, les sources d’information, etc.

Aussi, la peur des effets secondaires (maux de tête et de ventre, perturbation de la

menstruation, etc.) s’avère être un facteur dissuasif à la pratique moderne de la

contraception. La dissuasion est d’autant plus grande lorsque les femmes ou les couples

n'ont ni une connaissance suffisante du fonctionnement du cycle menstruel et de l’anatomie

du corps, ni un personnel qualifié à qui s’adresser et encore moins un niveau d’instruction

assez avancé leur permettant de mieux comprendre les avantages et les effets indésirables

des produits contraceptifs. Partant de là, nous formulons les hypothèses suivantes :

H1 : les couples de niveau d’instruction élevé sont plus susceptibles d’utiliser la contraception

moderne ;

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H2 : plus le niveau d’instruction de l’homme augmente par rapport à celui de la femme, plus

la chance de la femme d’utiliser la contraception moderne augmente ;

H3 : les couples dont tous les deux partenaires travaillent dans le secteur moderne ont une

plus grande propension d’utiliser la contraception moderne ;

H4 : les femmes en union polygamique sont moins prédisposées à pratiquer la contraception

moderne.

Cadre conceptuel de l’étude

Dans le cadre de cette étude, la typologie des couples est l’ensemble des couples formés à

partir d’une combinaison des caractéristiques socioéconomiques et culturelles des

partenaires. Au sein de ces couples, la décision d’utiliser une méthode de contraception

dépend largement de la composition de ceux-ci. Le brassage à travers le mariage peut

verrouiller ou renforcer la volonté d’un partenaire à utiliser une méthode quelconque de

contraception. En effet, la démarche adoptée nous permettra d’examiner les

comportements contraceptifs des femmes en union à partir d’une confrontation de leurs

caractéristiques socioéconomiques à ceux de leurs conjoints.

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Couples Caractéristiques socioéconomiques et culturelles -Niveau d’instruction -Occupation principale -Régime matrimonial

Typologie des couples -Niveau d’instruction du couple -Occupation du couple -Régime matrimonial du couple

Utilisation d’une méthode de contraception moderne

Mari et femme sans niveau Mari niveau primaire avec femme sans niveau Mari niveau secondaire ou plus avec femme sans niveau Mari sans niveau avec femme niveau primaire Mari et femme niveau primaire Mari niveau secondaire ou plus avec femme niveau primaire Mari sans niveau avec femme secondaire ou plus Mari niveau primaire avec femme niveau secondaire ou plus Mari et femme niveau secondaire ou plus

Mari secteur moderne avec femme sans occupation Mari secteur traditionnel avec femme sans occupation Mari et femme travaillent dans le secteur moderne Mari secteur traditionnel avec femme secteur moderne Mari secteur moderne avec femme secteur traditionnel Mari et femme travaillent dans le secteur traditionnel Mari sans occupation avec femme toute situation d’occupation confondue

Régime polygamique Régime non polygamique

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Aspects méthodologiques de l’étude

Source de données

Pour ce travail nous avons utilisé les données de l’Enquête Démographique et de Santé de

2006. Cette enquête est la troisième, après celles de 1992 et 1998, que le Niger a organisée

avec l’appui des partenaires techniques et financiers dont Macro International. Elle a pour

objectif d’estimer de nombreux indicateurs socioéconomiques, démographiques et

sanitaires au niveau de l’ensemble de la population et au niveau des sous-populations des

femmes de 15 à 49 ans, des enfants de moins de 5 ans et des hommes de 15 à 59 ans. En

particulier elle vise à déterminer les facteurs directs et indirects qui déterminent les

niveaux et les tendances de la fécondité, tels que les comportements matrimoniaux, les

comportements sexuels et l’utilisation de la contraception. En 2012, le pays a réalisé la

quatrième du genre dont la base de données n’est pas encore disponible.

Variables d’analyse

A travers cette étude, nous cherchons à identifier les couples les plus favorables à

l’utilisation de la contraception moderne de par leurs compositions. Ainsi, la variable

dépendante est l’utilisation courante de la contraception se trouvant dans le fichier femme

de la base de données. Cette variable comporte trois modalités à savoir la méthode

moderne, la méthode traditionnelle et la méthode folklorique. Quant aux variables

indépendantes (explicatives), elles ont été créées à partir des niveaux d’instruction et des

occupations des partenaires ainsi que du régime matrimonial des couples. Les variables

milieu de résidence, âge, nombre d’enfants désirés et nombre d’enfants vivants de la

femme ont également été utilisées pour servir de contrôle. Le tableau 1 ci-dessous nous

présente les variables explicatives de l’étude où chaque modalité constitue une catégorie de

couple.

Nous avons recodé la variable "niveau d’instruction" de la femme et de l’homme en trois

modalités : les sans niveau, les ayant niveau primaire et les ayant niveau secondaire ou

plus. Egalement pour la variable "occupation", nous avons considéré trois modalités : les

sans occupation, ceux qui sont occupés dans le secteur traditionnel (comme les

agriculteurs, les ouvriers non qualifiés, les chefs traditionnels, etc.) et ceux travaillant dans

le secteur moderne. La combinaison deux à deux de ces modalités pour la conjointe et le

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conjoint nous donne respectivement le niveau d’instruction et l’occupation du couple. A la

création de ces variables d’analyse, on a constaté des observations manquantes mais qui

n’ont guère dépassé le 2,2%. Ce qui dénote une qualité acceptable des nos données.

Tableau 1 : Variables indépendantes et modalités

Variables Modalités

Niveau d’instruction du couple Mari et femme sans niveau

Mari niveau primaire avec femme sans niveau Mari niveau secondaire ou plus avec femme sans niveau

Mari sans niveau avec femme niveau primaire Mari et femme niveau primaire

Mari niveau secondaire ou plus avec femme niveau primaire Mari sans niveau avec femme secondaire ou plus

Mari niveau primaire avec femme niveau secondaire ou plus Mari et femme niveau secondaire ou plus

Occupation du couple Mari secteur moderne avec femme sans occupation

Mari secteur traditionnel avec femme sans occupation Mari et femme travaillent dans le secteur moderne

Mari secteur traditionnel avec femme secteur moderne Mari secteur moderne avec femme secteur traditionnel

Mari et femme travaillent dans le secteur traditionnel Mari sans occupation avec femme toute situation d’occupation confondue

Régime matrimonial Régime polygamique

Régime non polygamique

Méthode d’analyse

Nous utilisons deux méthodes d’analyse à savoir une descriptive et une explicative. La

méthode descriptive permet principalement d’évaluer la distribution de la variable

dépendante par rapport aux variables indépendantes. A ce niveau, nous recherchons l’effet

brut de chacune de ces variables indépendantes. La statistique de Khi-deux permet de

déceler l’existence d’une corrélation entre la variable dépendante et les variables

indépendantes au niveau descriptif. Le lien entre deux variables peut être significatif au

niveau descriptif mais non au niveau explicatif compte tenu de la présence d’autres

Page 19: TYPOLOGIE DES COUPLES ET UTILISATION DES METHODES DE ... · observés les comportements des femmes vis-à-vis de la contraception moderne. Ainsi, il ... l’agriculture et l’élevage

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variables. La régression logistique simple qui sied bien avec notre variable dépendante

dichotomique permet de mettre en évidence les chances de recours des femmes à la

contraception moderne. A travers le modèle logistique nous allons estimer la probabilité

d’occurrence de pratique de la contraception moderne. Le modèle s’écrit comme-ci :

( ) log1

pZ Logit p

p

= = −

Avec

0 1 1 2 2 ... k kZ b b X b X b X= + + + +

Et

1

1 Zp

e−=+

p représente la probabilité d’occurrence de l’utilisation d’une méthode contraceptive

moderne, c’est-à-dire que :

( 1)

( 0) 1

proba Modern p

proba Modern p

= = = = −

Z est la variable dépendante (utilisation d’une méthode de contraception moderne), les Xk

sont les variables explicatives et les bk sont les coefficients de régression.

Page 20: TYPOLOGIE DES COUPLES ET UTILISATION DES METHODES DE ... · observés les comportements des femmes vis-à-vis de la contraception moderne. Ainsi, il ... l’agriculture et l’élevage

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Résultats de l’étude

Analyse descriptive

L’étude porte sur 7431 femmes en union (y comprises les observations manquantes). Le

tableau 2 ci-dessous montre qu’il existe une relation de cause à effet entre la pratique de la

contraception moderne et le niveau d’instruction du couple. La statistique de khi-deux

mesurant le degré de la corrélation est de l’ordre de 729,23. Cette corrélation est significative

jusqu’au seuil de 1%. En effet, la proportion des utilisatrices des méthodes contraceptives

modernes est très faible dans les couples où l’homme et la femme n’ont aucun niveau

d’instruction (3,6%) comparativement aux couples dont l’homme et la femme ont chacun au

moins le niveau secondaire (36,2%).

Ainsi, on remarque que la proportion des femmes pratiquantes augmente progressivement

avec le niveau d’instruction des couples. Aussi, lorsque le niveau d’instruction de l’homme

est supérieur à celui de la femme, cette dernière s’adonne plus à la contraception moderne que

si c’est le cas inverse. Un autre constat découlant de ce tableau est que la proportion des

"contraceptantes" augmente considérablement en passant des femmes sans niveau

d’instruction à celles ayant le niveau primaire que lorsque l’on passe de celles ayant le niveau

primaire à celles ayant le niveau secondaire ou plus. Par contre, cette tendance est inversée

avec l’évolution du niveau d’instruction des conjoints. Pour les hommes, c’est au passage du

niveau primaire au niveau secondaire ou plus que l’on observe une forte augmentation de la

prévalence contraceptive chez leurs conjointes. Ces remarques présagent déjà d’une forte

influence de l’instruction de l’homme dans la pratique contraceptive des leurs conjointes.

Concernant l’occupation du couple, elle est également associée à l’utilisation de la

contraception moderne. Le seuil de significativité de la corrélation entre les deux variables est

de 1%. La tendance montre que dans les couples où l’homme et la femme travaillent dans le

secteur moderne, les femmes ont plus tendance à pratiquer la contraception moderne (17,6%)

comparativement à celles des couples dont les deux partenaires travaillent dans le secteur

traditionnel (5,6%). Mieux, on remarque que c’est le travail de l’homme qui influe le plus sur

la pratique contraceptive de sa conjointe que celui de cette dernière. Cependant, un taux de

prévalence contraceptive de 24% est constaté chez les femmes, toutes situations d’occupation

confondues, dont les partenaires (maris) n’ont aucune occupation. Ce qui peut être justifié par

le pouvoir économique des femmes. Le plus faible taux de prévalence est constaté chez les

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-Femme sans niveau -Mari tous les niveaux

-Femme niveau primaire -Mari tous les niveaux

-Femme niveau secondaire ou plus -Mari tous les niveaux

femmes n’ayant aucune activité et dont leurs partenaires travaillent dans le secteur

traditionnel (4%).

Le régime matrimonial quant à lui, ne discrimine pas les femmes par rapport à la pratique de

la contraception moderne selon qu’elles soient en union polygamique ou monogamique. Cette

variable n’est pas significative au niveau descriptif.

Tableau 2 : Utilisation de la contraception moderne selon le niveau d’instruction du couple

NIVEAU D’INSTRUCTION DU COUPLE***

UTILISATION D'UNE METHODE DE CONTRACEPTION MODERNE

Non (%) Oui (%) Mari et femme sans niveau 96,4 3,6 Mari niveau primaire avec femme sans niveau 93,6 6,4 Mari niveau secondaire ou plus avec femme sans niveau 82,3 17,7 Mari sans niveau avec femme niveau primaire 91,5 8,5 Mari et femme niveau primaire 82,6 17,4 Mari niveau secondaire ou plus avec femme niveau primaire 66,2 33,8 Mari sans niveau avec femme secondaire ou plus 79,2 20,8 Mari niveau primaire avec femme niveau secondaire ou plus 81,4 18,6 Mari et femme niveau secondaire ou plus 63,8 36,2

OCCUPATION DU COUPLE*** Mari dans secteur moderne avec femme sans occupation 89,3 10,7 Mari dans secteur traditionnel avec femme sans occupation 96,0 4,0 Mari et femme travaillent dans le secteur moderne 82,4 17,6 Mari dans secteur traditionnel avec femme secteur moderne 91,3 8,7 Mari dans secteur moderne avec femme secteur traditionnel 86,7 13,3 Mari et femme travaillent dans le secteur traditionnel 94,4 5,6 Mari sans occupation avec femme toute situation d’occupation confondue

76,0 24,0

REGIME MATRIMONIAL (ns) Régime polygamique 93,1 6,9 Régime non polygamique 92,4 7,6

ENSEMBLE 93,0 7,04 (*) prob ≤ 0,10 ; (**) prob ≤ 0,05 ; (***) prob ≤ 0,01 ; (ns) non significatif ; seuil de référence : prob ≤ 0,05 Source : exploitation des données de l’EDSN-MICS III

4 Le pourcentage des femmes utilisant une méthode contraceptive moderne diffère de 5% du fait de l’introduction de quelques valeurs

manquantes lors de la création de nos variables d’analyse.

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Analyse explicative

Le tableau 3 ci-après montre qu’au niveau brut (M0), toutes les variables modalités sont

significatives au seuil de 1% pour le niveau d’instruction du couple. L’instruction du couple

est ainsi fortement associée à l’utilisation de la contraception moderne (CM). En effet, le

couple dont l’homme et la femme ont tous le niveau secondaire ou plus a 14,40 fois plus de

chance d’utiliser la CM que celui dont les deux partenaires n’ont aucun niveau d’instruction.

De même, lorsque l’homme a au moins le niveau secondaire avec une femme du niveau

primaire, cette dernière a 12,83 fois plus de chance d’utiliser une contraception moderne que

celle du couple5 non instruit. Par contre, si l’homme a le niveau primaire et la femme le

niveau secondaire ou plus, la chance d’utilisation n’est que de 5,19 fois de plus qu’une femme

du type de couple de référence. Par ailleurs, lorsque les conjoints (maris) ont un niveau

d’instruction faible, leurs femmes ont moins de chance de recourir à la contraception moderne

quel que soit leur niveau d’instruction. Les fortes chances de recours à la contraception

moderne sont observées chez les femmes ayant au moins le niveau primaire vivant avec des

conjoints ayant le niveau secondaire ou plus. Ainsi, en confrontant ce résultat avec celui de

l’analyse descriptive, on peut affirmer que les femmes instruites ayant des conjoints du même

niveau d’instruction ou plus s’adonnent plus à la contraception moderne que celles des autres

catégories de couple.

Concernant l’occupation du couple, on remarque qu’au niveau du modèle brut (M0) presque

toutes les variables modalités sont significatives au seuil de 1% sauf lorsque l’homme

travaille dans le secteur traditionnel et la femme dans le secteur moderne où la significativité

est de 5%. En effet, les femmes travaillant dans le secteur moderne dont leurs conjoints sont

dans le secteur traditionnel n’ont que 0,58 fois plus de chance d’utiliser la contraception

moderne que celles travaillant dans le secteur traditionnel avec leurs conjoints également.

Cependant, lorsque l’homme travaille dans le secteur traditionnel avec une femme sans

occupation, celle-ci a 0,30 fois moins de chance d’utiliser la contraception moderne que la

femme du couple de référence. Par ailleurs, quand l’homme et la femme travaillent dans le

secteur moderne ou lorsque c’est l’homme qui travaille dans le secteur moderne et la femme

dans le secteur traditionnel, les chances des femmes d’utiliser une CM sont respectivement

5 Couple de référence pour la variable niveau d’instruction du couple

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2,57 fois et 1,56 fois de plus que celles travaillant dans le secteur traditionnel avec leurs

conjoints. Les femmes sans occupation avec des conjoints travaillant dans le secteur moderne

ont également 1 fois plus de chance d’être "contraceptante" que leurs sœurs de référence.

De plus, lorsque l’homme est sans occupation avec conjointe de toute situation d’occupation

confondue, la chance pour que cette dernière utilise la contraception moderne est 4,28 fois

plus grande. Ceci se justifie par le fait que l’homme ne travaillant pas, il perd son pouvoir

économique sur sa femme et donc les décisions relatives au foyer ne seront plus son apanage

exclusif ; toute chose étant égale par ailleurs. En somme, nous retenons que lorsque l’homme

travaille dans le secteur moderne, sa conjointe est plus exposée à la pratique de la

contraception moderne quelle que soit l’occupation de celle-ci. Toutefois, la plus forte chance

d’utilisation de la contraception moderne est observée chez les femmes travaillant avec leurs

conjoints dans le secteur moderne. Concernant le régime matrimonial du couple, on n’observe

aucune différence de comportement vis-à-vis de la pratique de la contraception moderne entre

les femmes en union polygamique et celles en union monogamique. Donc, il n’y a pas une

corrélation significative entre l’utilisation de la CM et le régime matrimonial.

Il ressort des modèles pas à pas que la présence des variables de contrôle a entrainé une baisse

des "odds ratio" associés aux modalités de la variable niveau d’instruction du couple qui reste

tout de même significativement associée au recours à la contraception moderne en M1.

Toutefois, l’instruction de l’homme demeure plus favorable à la contraception moderne que

celle de sa conjointe en question. De même en M2, la présence du niveau d’instruction du

couple dans le modèle et le contrôle par le milieu de résidence, l’âge, le nombre d’enfants

désirés et le nombre d’enfants vivants, ont quasiment dissimulé l’effet de l’occupation du

couple sur les comportements contraceptifs des femmes. En effet, le contrôle du milieu de

résidence a réduit les chances de recours à la contraception qu’offre la ville à travers

l’instruction élevée et l’emploi moderne qu’on y trouve. La baisse des "risques relatifs"

s’explique aussi par la maitrise de la part de la survie des enfants dans l’explication de la

prévalence contraceptive. Les enfants des couples instruits ou travaillant dans le secteur

moderne ayant plus de chance de survivre que les autres, leurs parents pourraient atteindre le

nombre d’enfants désirés et seront susceptibles de recourir à la contraception moderne. Par

ailleurs, compte tenu de la corrélation ou de l’interdépendance entre l’instruction et la

fonction occupée, le niveau d’instruction du couple apparait comme une variable

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intermédiaire et absorbe une partie de la corrélation entre l’occupation du couple et les

comportements contraceptifs des femmes.

Tableau 3 : Régression logistique de la variable dépendante sur les variables indépendantes

VARIABLES

MODALITES

Risques relatifs par rapport aux autres variables de référence

Bruts Nets par rapport aux autres variables indépendantes

M0 A A à B A à C

M1 M2 M3 A. NIVEAU D’INSTRUCTION DU COUPLE

Mari et femme sans niveau (r) (r) (r) (r) Mari niveau primaire avec femme sans niveau 1,84*** 1,43* 1,39 ns 1,40 ns

Mari niveau secondaire ou plus avec femme sans niveau 5,83*** 3,33*** 3,29*** 3,22*** Mari sans niveau avec femme niveau primaire 2,52*** 1,83*** 1,80*** 1,80***

Mari et femme niveau primaire 5,71*** 3,43*** 3,27*** 3,26*** Mari niveau secondaire ou plus avec femme niveau primaire 13,83*** 6,61*** 6,76*** 6,85***

Mari sans niveau avec femme secondaire ou plus 7,13*** 3,28*** 3,21*** 3,27*** Mari niveau primaire avec femme niveau secondaire ou plus 6,19*** 3,11*** 2,95*** 3,07***

Mari et femme niveau secondaire ou plus 15,40*** 7,01*** 6,18*** 6,14*** B. OCCUPATION DU COUPLE

Mari dans secteur moderne avec femme sans occupation 2,0*** 0,83 ns 0,85 ns Mari dans secteur traditionnel avec femme sans occupation 0,7*** 0,63** 0,64***

Mari et femme travaillent dans le secteur moderne Mari dans secteur traditionnel avec femme secteur moderne

Mari dans secteur moderne avec femme dans secteur traditionnel Mari et femme travaillent dans le secteur traditionnel

Mari sans occupation avec femme toute situation d’occupation de la confondue

3,57*** 1,09 ns 1,12 ns 1,58** 1,51** 1,54** 2,56*** 1,06 ns 1,08 ns (r) (r) (r)

5,28*** 1,01 ns 1,03 ns C. REGIME MATRIMONIAL

Régime polygamique 0,89 ns 0,90 ns Régime non polygamique (r) (r)

D. Milieu de résidence 0,12*** 0,23*** 0,22*** 0,22*** E. Age de la femme au moment de l'enquête 1,02*** 0,98 ns 0,98** 0,98** F. Nombre d'enfants désirés 0,99*** 0,99** 0,99** 0,99** G. Nombre d'enfants vivants 1,08*** 1,16*** 1,16*** 1,16*** Khi-deux - 699,069*** 720,862*** 718,921*** Pseudo R2 (en%) - 8,59 8,84 8,82 Variation du Pseudo R2 - - 0,25 -0,02 Taille de l’échantillon (n) 7431 7431 7431 Seuils de significativité : *** p<1% ; ** p<5% ; *p<10%

(*) prob ≤ 0,10 ; (**) prob ≤ 0,05 ; (***) prob ≤ 0,01 ; (ns) non significatif ; seuil de référence : prob ≤ 0,05 Source : exploitation des données de l’EDSN-MICS III

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Aussi, lorsqu’on intègre la variable "Régime matrimonial" dans le modèle (M3) on n’observe

pas un changement significatif des "odds ratio". Mieux, dans notre analyse le régime

matrimonial n’est pas associé à la pratique contraceptive.

Ces résultats sont confirmés par le tableau 4 ci-dessous qui évalue l’apport des différentes

variables explicatives en termes de la qualité globale du modèle (khi-deux).

Tableau 4 : Contribution des variables indépendantes à l’explication de la variation des comportements contraceptifs

VARIABLES 2fχ 2

sχ Cx(%) Rang

NIVEAU D’INSTRUCTION DU COUPLE 718,921 572,11 20 2 OCCUPATION DU COUPLE 718,921 696,596 3 4 REGIME MATRIMONIAL 718,921 720,862 0 6

Milieu de résidence 718,921 571,276 21 1

Age de la femme au moment de l'enquête 718,921 713,493 1 5

Nombre d'enfants désirés 718,921 713,027 1 5

Nombre d'enfants vivants 718,921 689,846 4 3 2

sχ = Khi-deux du modèle sans la variable explicative considérée (celle en ligne) 2

fχ = Khi-deux du modèle saturé (final)

Cx(%) =( 2fχ - 2

sχ )/ 2fχ exprimé en pourcent

Des trois variables explicatives et quatre variables de contrôle, le milieu de résidence vient en

première position suivi du niveau d’instruction du couple. Le régime matrimonial du couple

occupe le dernier rang avec une contribution nulle. Il s’ensuit, que de nos variables

explicatives, c’est le niveau d’instruction du couple qui explique mieux le recours des femmes

à la contraception moderne. Dans les trois modèles, l’instruction de l’homme donne plus de

chance à sa femme de pratiquer la contraception moderne que celle de la femme elle-même.

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Discussion des résultats

Nombre d’études se sont penchées sur la recherche des facteurs associés à la pratique

contraceptive. Ces facteurs sont généralement étudiés soit au niveau environnemental,

politique ou individuel. Les analyses combinant les caractéristiques des femmes à celles de

leurs conjoints sont bien moindres. Pourtant, une femme peut vouloir espacer ses naissances

ou les limiter mais la décision de recourir à la contraception peut ne pas être de son ressort.

Les décisions relatives au foyer sont souvent collectives, mais généralement elles sont

propres aux hommes surtout dans un contexte caractérisé par le pouvoir marital. En effet,

pendant que les résultats de notre étude révèlent que l’instruction des hommes est plus

déterminante que celle de leurs conjointes dans la pratique contraceptive, Raïmi FASSASSI

quant à lui a observé en Côte d’ivoire, une progression légèrement moindre des pratiques

contraceptives avec l’augmentation du niveau d’instruction du conjoint par rapport à celle

de l’instruction de la femme elle-même. Ce constat parait plus normal que surprenant car, le

Niger est un pays à consonance musulmane et l’Islam confère la responsabilité du foyer à

l’homme.

Concernant le régime matrimonial, l’absence de lien entre la polygamie et les

comportements contraceptifs des femmes est contraire à nos attentes même si par ailleurs,

Banza BAYA et Abdoulaye MAÏGA ont déjà émis des réserves quant à l’existence d’une

association entre les deux variables. Ils affirment que la possibilité offerte à l’homme

d’avoir plus d’une épouse fait qu’il n’a pas besoin d’une fécondité maximale par épouse

pour pouvoir atteindre le nombre désiré d’enfants ; son objectif pouvant être atteint avec la

somme des descendances de ses épouses. Cette affirmation pourrait être plus plausible

lorsque la polygamie sélectionne les hommes désirant plus d’enfants. Si non avec un

nombre élevé de femmes dans un système patriarcal, l’objectif de l’homme serait très vite

atteint et devrait au finish conduire les femmes à la pratique contraceptive. Toutefois, la

remarque générale est que la polygamie exacerbe la concurrence entre les femmes sur le

nombre et le sexe des enfants, toute chose qui n’avantage pas le recours à la contraception.

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Conclusion et recommandations

Notons que pour mesurer les recours des femmes à la contraception moderne, nous nous

sommes intéressés à celles qui sont en union. Des types de couples ont été élaborés à

l’intérieur desquels sont observés les comportements contraceptifs de ces femmes. Pour se

faire, nous avons dressé une typologie des couples à partir d’une combinaison des niveaux

d’instructions et des occupations des femmes à ceux de leurs partenaires. Aussi, le régime

matrimonial des couples a permis de classer les couples en deux catégories : les unions

polygamiques et monogamiques. Les associations entre les variables explicatives et la

variable expliquée "utilisation de la contraception moderne" décelées au niveau de l’analyse

descriptive sont aussi confirmées au niveau explicatif sauf pour la variable occupation du

couple.

Il ressort des analyses que le niveau d’instruction du couple est significativement associé à

l’utilisation de la contraception moderne. Mieux, plus l’instruction de l’homme augmente par

rapport à celle de la femme, plus cette dernière gagne en chance de recourir à la contraception

moderne. L’occupation du couple quant à elle entretient également une relation avec la

pratique contraceptive au niveau descriptif bivarié. En effet, on observe une forte prévalence

contraceptive chez les femmes lorsque leurs conjoints travaillent dans le secteur moderne.

Cependant, cette corrélation a été annihilée par la présence du niveau d’instruction du couple

et des variables de contrôle au niveau explicatif. L’essentiel du lien entre l’occupation du

couple et la pratique contraceptive passe par le niveau d’instruction et les variables de

contrôle notamment, le milieu de résidence.

Le régime matrimonial du couple n’est pas une variable discriminante par rapport à la

pratique contraceptive. Les comportements contraceptifs des femmes ne diffèrent pas

significativement selon qu’elles soient en union polygamique ou monogamique. Cette

variable vient en dernière position dans le classement de nos variables explicatives en

fonction de leurs contributions à l’explication des comportements contraceptifs des femmes.

En somme, des quatre hypothèses de l’étude, les deux premières sont confirmées, la troisième

est confirmée au niveau descriptif mais non au niveau explicatif. De même l’hypothèse (H4)

selon laquelle "les femmes en union polygamique sont moins prédisposées à pratiquer la

contraception moderne" se trouve non justifiée.

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En somme, pour rehausser la prévalence de la contraception moderne au Niger, l’Etat doit

assurer une éducation pour tous jusqu’au niveau secondaire tout en sachant que l’instruction

de l’homme est plus déterminante que celle de la femme dans le recours des couples à la

pratique contraceptive. L’Etat doit aussi miser sur la sensibilisation notamment celle des

hommes compte tenu de leur pouvoir de décision dans les comportements contraceptifs de

leurs conjointes. L’initiative de l’Ecole des Maris (EdM) parrainée par l’UNFPA semble être

une bonne piste et mérite bien d’être renforcée.

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