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LE SECRET DU PEINTRE NICOLAS POUSSIN Depuis que Nicolas Poussin a peint sa toile la plus célèbre, « Les bergers d’Arcadie », en 1638, un secret inestimable paraît accompagner cette étonnante œuvre à travers les siècles ; secret qui semble être l’enjeu de tous les pouvoirs. Même si plus de 1.500 publications furent consacrées à ce peintre génial qui porta le Classicisme au sommet de son art, celui qui fut l’un des fers de lance du mouvement pythagoriciens ainsi qu’un membre éminent et très discret de la « société angélique » a laissé très peu d’indices permettant d’élucider les multiples facettes de sa personnalité. Aucune des nombreuses études ne dévoilent les intrigues de palais auxquelles il participa, de près ou de loin, avec les plus grands personnages de son temps. Il reste cependant un document authentique signé de la main même de Louis Fouquet et adressé à son frère en avril 1656, Nicolas Poussin, surintendant aux finances et troisième personnage de l’Etat sous Louis XIV. Dans ce document, consultable aux archives nationales, Louis Fouquet mentionne à son frère, Ministre du roi : Rome, le 17 avril 1656,

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LE SECRET DU PEINTRE NICOLAS POUSSIN

Depuis que Nicolas Poussin a peint sa toile la plus célèbre, « Les bergers d’Arcadie », en 1638, un secret inestimable paraît accompagner cette étonnante œuvre à travers les siècles ;

secret qui semble être l’enjeu de tous les pouvoirs. Même si plus de 1.500 publications furent consacrées à ce peintre génial qui porta le Classicisme au sommet de son art, celui

qui fut l’un des fers de lance du mouvement pythagoriciens ainsi qu’un membre éminent et très discret de la « société angélique » a laissé très peu d’indices permettant d’élucider les

multiples facettes de sa personnalité.

Aucune des nombreuses études ne dévoilent les intrigues de palais auxquelles il participa, de près ou de loin, avec les plus grands personnages de son temps. Il reste cependant un

document authentique signé de la main même de Louis Fouquet et adressé à son frère en avril 1656, Nicolas Poussin, surintendant aux finances et troisième personnage de l’Etat sous

Louis XIV. Dans ce document, consultable aux archives nationales, Louis Fouquet mentionne à son frère, Ministre du roi :

Rome, le 17 avril 1656,

« J’ai rendu à Monsieur Poussin la lettre que vous lui faites l’honneur de lui écrire ; il en a témoigné toute la joie imaginable. Vous ne sauriez croire, Monsieur, ni les peines qu’il prend

pour votre service, ni l’affection avec laquelle il les prend, ni le mérite et la probité qu’il apporte en toutes choses. Poussin et moi avons projeté certaines choses qui vous donneront

par Poussin des avantages que les rois auraient grand peine à tirer de lui et qu’après lui peut-être, personne au monde ne recouvrera jamais, dans les siècles, et ce qui plus est cela sans beaucoup de dépenses et pourrait même tourner à profit et ce sont des choses si fort à

rechercher que quoi que soit sur la terre maintenant ne peut avoir meilleure fortune ni peut être égale ».

C’est plus que probablement l’interception de cette correspondance et les conséquences de son contenu qui pousseront un jour Colbert, son très influent concurrent, et sous l’instigation du roi, à orienter un procès qui durera trois ans et bannira le surintendant hors des frontières du royaume. Pour la seule fois dans l’histoire de France, le chef de l’Etat, détenteur du droit

de grâce, brisera la sentence des juges, non pour l’alléger mais pour l’aggraver. Il condamnera son ancien surintendant à la peine perpétuelle et à l’isolement jusqu’à sa mort dans un cachot. Il sera amené, escorté par cent mousquetaires, dans une prison située à Pignerol, spécialement

aménagée en place forte dans les Alpes savoyardes. Il y décèdera le 23 mars 1680, non sans avoir subi de nombreux interrogatoires. Des espions furent délégués auprès de lui pour lui

extirper un secret d’Etat que jamais il ne divulgua.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est la double personnalité du peintre Nicolas Poussin et ses activités qui furent au centre de cette véritable intrigue historique. Le peintre,

outre ses activités officielles, fut fort probablement durant un long moment un émissaire entre Paris et Rome, entre Marie de Médicis et le pape Urbain VIII. Poussin fut certes l’un des

artistes les plus doués de sa génération mais il possédait aussi une culture et des connaissances étendues qui firent de lui un grand savant, un archéologue passionné, un écrivain talentueux,

un collectionneur et un bibliophile. Contemporain de Léonard de Vinci et de Galilée, il côtoya et partagea l’intimité des plus grands de son temps et on sous-estima longtemps son

rôle et son influence sur certains évènements historiques. Il accéda par le cercle de ses relations privilégiées à des bibliothèques aussi prestigieuses qu’inaccessibles, celles entre

autres du Vatican de Barberini ainsi qu’une série de musée privés rassemblant des pièces et des documents uniques.

Nicolas Poussin reste certainement l’un de nos plus dignes représentants de la peinture durant la période de la Renaissance, le Maître incontesté de l’art classique. En présentant la plénitude

de l’art français du XVIIème siècle, il montra, dès ses débuts prometteurs, un goût très vif pour tout ce qui concernait l’histoire et les sciences. Son premier Maître, Quentin Varin,

reconnut qu’il ne pouvait pas lui enseigner grand-chose hors de ses domaines de prédilections et l’engagea à quitter le foyer familial pour se rendre à Paris. Le jeune Poussin y rencontra un accueil chaleureux en particulier auprès d’un gentilhomme poitevin qui lui fournit les moyens nécessaires pour continuer ses études et surtout pour trouver un travail en vue de satisfaire ses besoins matériels. A cette époque, il n’était pas aisé de vivre seul dans la capitale. La vue des

estampes faites d’après Raphaël lui indiqua comme une révélation, la route qu’il devait désormais suivre jusqu’à sa mort. Depuis ce moment important qui détermina son engagement

dans la peinture, il lutta contre son profond désir de partir pour l’Italie, la terre de tous les grands artistes de cette époque. A vingt-neuf ans, le destin le mit en contact avec le cavalier

Marini, poète très célèbre qui deviendra son ami le plus fidèle et le plus sincère. Devant l’ampleur de son talent, Marini s’intéressa vivement à lui et lui donna rendez-vous à Rome,

ville où Poussin arriva en 1624. A la suite du départ de Marini pour Naples, Poussin se retrouva à nouveau seul et sans ressource financière mais il eut l’opportunité de se lier

d’amitié avec le sculpteur Duquesnoy dit « le Flamand », dont la rencontre fortuite lui fut très

utile. Sur ces entrefaites, le cardinal Barberini à qui Poussin avait été recommandé par Marini, l’accueillit souvent lors du retour de ses missions ecclésiastiques. De concert avec le cavalier del Pozzo, homme très éclairé et influent, il fut encouragé à entreprendre toute une série de travaux de décoration d’églises. Ce fut l’occasion pour lui de recevoir ses premières

commandes, une série de tableaux d’un caractère historique et mythologique évident tels « La mort de Germanicus », « La Peste des Philistins », « Pyrrhus sauvé » et « l’Enlèvement des

Sabines ».

Nicolas Poussin s’investit totalement dans le thème de ses œuvres par ses nombreuses recherches personnelles dans différentes bibliothèques dont il avait reçu l’accès privilégié.

Durant cette période, il entreprit toute une série d’innovations dans l’art de la peinture. Il fut le premier à comprendre que l’époque de la grande décoration murale était dépassée et qu’il fallait réaliser des tableaux en atelier. Par la suite, la plupart des peintres suivirent l’exemple de Poussin. Le cardinal de Richelieu, qui s’efforçait de ranimer les arts en France se fit de

plus en plus pressant pour l’appeler afin qu’il rejoigne Paris et ce par l’entremise du surintendant des bâtiments Desnoyers. Longtemps Poussin résista à cette invitation. Il résista

même à une lettre du roi car il jugeait avec raison que Rome restait la véritable patrie de la peinture. Mais poussé par l’entourage papal et certains milieux initiatiques qu’il fréquentait (la société angélique), il finit par se soumettre à la pression du souverain de France et du

cercle de ses protecteurs. Il fut admirablement accueilli, logé au Louvre et accablé de travaux par la cour. Rapidement, la jalousie des artistes médiocres lui pesa au point de susciter en lui mille regrets d’être venu se perdre sur le sol français. Désireux de se soustraire aux pressions

et aux jalousies, il demanda la permission d’aller régler le plus rapidement possible ses affaires à Rome son pays d’adoption. Il quitta Paris et le Louvre et n’y revint plus. Il travailla encore vingt-trois ans et l’on peut s’étonner du nombre impressionnant d’œuvres qu’il réalisa

en cet espace de temps.

Les bergers d’Arcadie- 1638

Aujourd’hui, que reste-t-il du peintre ? Deux cent toiles dont la valeur marchande est estimée à 7 millions d’euros l’unité ; cinq cents croquis, alors que Poussin en a réalisé des milliers ; cent soixante deux lettres, toutes postérieures à 1638, date à laquelle il peignit les

célèbres « Bergers d’Arcadie ». Des traités sur la peinture complètent cet héritage. Si l’on sait que ses derniers jours furent consacrés surtout à peindre des scènes mythologiques où il

excellait, ceci n’est que la partie visible de l’œuvre de Poussin car s’il produisit bon nombre de chef d’œuvres, il chercha tout particulièrement à protéger l’unique tableau qui

l’accompagna toute sa vie, à savoir « Les bergers d’Arcadie ». Il représente l’unique toile qui ne fut point exécutée suite à une commande. Il existe deux versions de cette toile. La première se trouve à Londres et date des alentours de 1629. La seconde porte l’énigmatique inscription « Et In Arcadia Ego » - Moi aussi je suis en Arcadie). L’Arcadie est un thème qui s’inspire du

développement de textes provenant de grands auteurs classiques comme Ovide dans « Les Fastes », Virgile dans les « Eglogues » et aussi Théocrite. Ces trois auteurs décrivirent une

région aride, désertique et pauvre de la Grèce. On est loin de l’évocation d’un paradis terrestre mais plutôt celui d’un certain Âge d’or avant le déluge universel dont il ne subsiste que de

rares populations constituées de bergers ayant survécu miraculeusement dans les hautes montagnes. C’est de cette première énigme littéraire que naîtra une série de représentations

des descriptions arcadiennes que la poésie latine a si merveilleusement chanté. Outre Poussin qui réalisa une huile sur toile de 85 cm x 121 cm consacré à ce thème, le Guerchin (1591-

1666) le traitera également sur le même mode idéalisé. Le point commun de ces deux œuvres est l’inscription « Et in Arcadia ego ». Sur le tableau de Poussin, les bergers adoptent une

posture classique. Ils sont penchés sur un tombeau et y déchiffrent la mystérieuse inscription qui fut interprétée par les critiques d’art comme étant une simple représentation évoquant la

mort paisible et harmonieuse. Mais des détails du tableau frappent le spectateur :

Le paysage est plongé dans la chaude lumière de l’aube qui prend des nuances beaucoup plus sombres vers la droite de la toile. L’horizon est fermé par une chaîne de montagnes massives qui selon les mêmes experts suggèrent l’éternité, conformément à l’idéal classique pratiqué

dans l’œuvre de Nicolas Poussin. Si le peintre, lorsqu’il réalise la première version des « Bergers d’Arcadie » vers 1629, ne fait que reprendre un grand thème littéraire et pictural

que d’autres avant lui ont déjà habillement exploité, il apporte un élément supplémentaire : un fleuve. Fait curieux, sur la toile de Poussin, le crâne a disparu. De plus, l’attitude des bergers est troublante. Ils semblent mal à l’aise et méditent par rapport à la découverte de ce tombeau.

Pourquoi le peintre a-t-il subitement changé le sens des représentations habituelles des « Bergers d’Arcadie » et pourquoi a-t-il intégré, dans la construction et l’élaboration de sa

seconde version, un pentagone, symbole de secret et de science cachée ?

Cet emblème n’est pas innocent pour un peintre initié qui ne laissait jamais rien au hasard. Ces quelques indices parmi d’autres ont permis à un premier chercheur Honoré Gueccours

après une quinzaine d’années d’enquête, et à sa suite, Ollivier Ruca de découvrir que le décor n’était autre qu’une vue précise du Languedoc, au cœur du pays cathare, une région où le

peintre semble s’être rendu très discrètement, lors d’un voyage aller retour entre l’Italie et la France. Sur le tableau, la ligne d’horizon correspondait exactement en tout point à celle que

l’on peut encore observer aujourd’hui de la tour du château de Puivert. Le paysage de gauche correspondait à la vue du « nez » de Bugarach. Plus surprenant encore, Ollivier Ruca, dans

un récent ouvrage, nous montre sur le tableau deux formes que Nicolas Poussin aurait dissimulées en utilisant la technique du trompe-l’œil : une tête de chien qui symboliserait le

mont Canigou, situé à quelques kilomètres du château, et un bateau qui représenterait le château lui-même, puisqu’il a comme appellation « la barque de pierres ». Honoré

Gueccours avait déjà décelé dans cette toile une « véritable carte au trésor » menant au château de Puivert. L’intrigue devient réellement intéressante quand on apprend que le

célèbre tableau de Poussin est lié depuis un certain temps à la célèbre affaire de Rennes-le-Château et à l’abbé Saunière. La fameuse tour Magdala par exemple est l’exacte réplique à

l’échelle 1/3 de la tour carrée du château de Puivert. Loin d’une quelconque affabulation comme c’est souvent le cas dans cette énigme, le secret prend ici une toute autre direction. La

nouvelle hypothèse proposée par Ollivier Ruca, aide en cela par les travaux d’Honoré Gueccours, fruit d’une longue et patiente quête, a le mérite d’éclairer bien des mystères

soulevés par le tableau énigmatique. Il suffit pour s’en convaincre de se rendre en haut de la

tour de Puivert avec une reproduction de la toile et une simple carte pour se rendre à l’évidence que la clef de toute cette affaire ce trouve bien là-bas.

On comprend surtout mieux pourquoi des personnages aussi importants que Louis XIV, Nicolas Fouquet et Colbert ont dépensé une fortune pour mener des fouilles dans la région. Ce ne sont pas les seuls personnages à s’être intéressés de près à cette énigme. Napoléon en

personne délégué dans la région, Berthollet, le savant qui avait organisé la Campagne d’Egypte. Hitler, par l’entremise d’Otto Rahn mena le même type d’investigations dans la

région à proximité du château de Puivert… Si « Les bergers d’Arcadie » ont intéressé tout ce joli monde, c’est que le tableau devait être porteur d’un grand secret que personne, jusqu’à

aujourd’hui, n’a encore découvert. La propre devise de Poussin n’était-elle pas « Tenet confidentiam » (Il détient le secret) ? Pour en savoir plus sur cette énigmatique toile, nous

avons interrogé Ollivier Ruca, l’auteur de l’ouvrage « Le secret de Poussin »…

*

INTERVIEW

Le « secret de Poussin » enfin dévoilé !

Passionnant ! Ollivier Ruca, qui se définit comme un « artisan de mots », vient de sortir son huitième ouvrage, « Poussin », consacré à la révélation de la découverte prodigieuse de

l’historien Honoré Gueccours qui nous dévoilerait enfin « Le secret de Nicolas Poussin », véhiculé par sa mystérieuse toile, « Les bergers d’Arcadie ». Nous avons rencontré celui qui

pourrait prochainement bousculer l’ordinaire des admirateurs du peintre, mais également ceux qui tentent de décrypter les mystères de Rennes-le-Château.

DGMH : Ollivier Ruca, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

O. Ruca : J’ai bientôt la cinquantaine et je travaille sur le dossier Poussin depuis plus de dix ans. A vrai dire, je ne suis ni historien, ni universitaire, ni même savant, et rien ne me

prédisposait à priori à me lancer dans une telle démarche. Certains pourront parler de destin, moi je parle d’opportunité.

DGMH : Que voulez-vous dire ?

O. Ruca : Quand je rencontre, par l’intermédiaire d’un ami, Honoré Gueccours, au cours de l’été 1997, je viens de terminer un recueil de nouvelles et suis à la recherche d’un nouveau sujet. C’est une rencontre dont je me souviens parfaitement. Gueccours s’avère d’emblée d’une érudition exceptionnelle et ce qu’il avance me séduit immédiatement, car on baigne

dans un univers où Stevenson et son île au trésor croise le fer avec Dumas et d’Artagnan. Un vrai roman de cape et d’épée qui réunit tous les ingrédients pour un nouveau livre. Je me suis

imprégné de son univers et mon premier mérite, s’il en est un, est peut-être celui-là : celui d’avoir pris le temps d’écouter et de vérifier sur pièce et sur place les propos de Gueccours.

DGMH : Quels étaient-ils ?

O. Ruca : Gueccours développait une hypothèse complètement nouvelle sur « Les bergers d’Arcadie », la célèbre toile de peinture de Nicolas Poussin, dont des centaines de

publications prétendent qu’elle permet d’accéder à un trésor ou à un secret inestimable. « Les

bergers d’Arcadie », tableau de Poussin, daté par le Louvre de 1638, menait au château de Puivert, dans l’Aude. Voilà l’énigme proposée à l’origine par cette œuvre. Si le sujet n’a rien

de nouveau, la solution avancée, quant à elle, n’existait nulle part ailleurs. Gueccours paraissait si posé, son argumentation était si solide qu’il était impossible de le prendre en défaut. Bien au contraire. Il maîtrisait son dossier sur le bout des ongles. Nous avons alors

passé un accord. Pour moi, tout en essayant d’écrire quelque chose sur le sujet, je me faisais fort d’essayer d’être « le poil à gratter » de son travail avec pour objectif initial d’attaquer

son hypothèse, de trouver la faille s’il y en avait une. Gueccours était d’abord heureux d’avoir enfin trouvé une oreille attentive, mais il était également très intéressé par le fait que

quelqu’un se penche objectivement sur son travail.

DGMH : Un peu comme le best-seller de Dan Brown, peut-on parler de « Poussin code » ?

O. Ruca : Allons-y si vous voulez pour un « Poussin code », mais bien avant l’heure, car Gueccours a commencé à travailler le sujet au début des années 80 ! Mais il existe cependant deux différences fondamentales : aucun risque d’être accusé de plagiat, cette hypothèse étant

complètement nouvelle et Gueccours indique un lieu précis : le château de Puivert. Il ne s’agit pas d’un roman. Il s’agit d’une hypothèse qui demande à être confrontée à la réalité et

à la critique.

DGMH : En quelques mots, quel est donc le mystère autour de cette toile ?

O. Ruca : Nicolas Poussin, peintre français du XVIIème siècle, (1594-1665) peint « les bergers d’Arcadie » en 1638 et conserve cette toile jusqu’à la fin de sa vie. Depuis, sur plus de 1500 publications consacrées à ce « génie » national, près de 300 ont fait état d’un secret

inestimable qui serait véhiculé par ce tableau. Ce secret, Honoré Gueccours, historien inconnu du grand public, l’a percé en décelant dans l’œuvre une « véritable carte au trésor »

qui mène au château de Puivert, dans le Languedoc !

DGMH : Vous parliez d’un premier mérite, c’est qu’il y en a un 2ème ?

O. Ruca : Encore une fois, je ne sais pas si le terme de mérite est véritablement approprié, mais peu de gens accordaient le moindre crédit à Honoré, malgré un dossier pertinent. J’ai été le premier à simplement écouter et vérifier. Pour Poussin, c’est un peu pareil. Alors que

tous les chercheurs se sont appliqués, certains avec un très grand brio, à cerner le peintre, sa technique, son « génie », je me suis attaché essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, à l’homme, avec son caractère, ses qualités humaines et ses défauts, ce qui implique un angle d’approche très différent. Cela a vite révélé un second Poussin, celui de son secret… S’il y a

un autre mérite, il se situe là.

DGMH : A quoi ressemble ce second Poussin que vous mettez en évidence ?

O. Ruca : Pour bien comprendre l’homme, il me paraît important de rappeler en préalable quelques lieux communs sur le peintre. Quand il s’éteint en 1665 à l’âge de 71 ans, Louis XIV règne véritablement depuis 4 ans. Poussin est alors considéré comme un « génie ». Français et Italiens se le disputent. Et pour cause : il a passé les trente premières années de sa vie en France et les quarante dernières à Rome, mis à part une parenthèse parisienne de 1640 à

1642. « Génie », Nicolas Poussin ? Les qualificatifs ne manquent pas : peintre, savant, érudit, archéologue, spécialiste de la mythologie… Travailleur infatigable, l’homme a une envergure

hors du commun. Son influence est considérable. Spéculation, faussaires, il est l’objet de toutes les attentions. Il a côtoyé les plus grands, de Richelieu à Louis XIV, en passant par

Rubens ou Mafféo Barberini, alias Urbain VIII. Poussin est incontournable dans l’histoire de l’art… On mesure ici l’importance du personnage. D’un autre côté, la biographie de Poussin concernant la période avant 1638, c’est-à-dire avant les bergers, ne livre à priori que peu de

renseignements. Rapidement, je me suis aperçu que « les bergers d’Arcadie » correspondaient à une cassure dans la vie de l’artiste. Après cette date, c’est une succession

de coïncidences troublantes. Sa vie pose de nombreuses questions auxquelles, jusqu’à ce jour, personne n’a répondu de manière formelle. J’en reprends ici quelques unes, mais la liste

n’est pas close.

-Derrière la devise de Poussin « Tenet confidentiam », (Il détient le secret), que faut-il comprendre ?

- Derrière le sceau de Poussin, un homme (ou une femme) tenant une barque dans sa main, que faut-il voir ?

-Quel a été le rôle exact de Poussin dans son intermédiation entre Marie de Médicis et Urbain VIII ?

-Pourquoi ce dernier lui autorisa-t-il l’accès aux bibliothèques pontificales pendant 5 ans ? Où sont les correspondances et les croquis de Poussin d’avant 1638 ?

- « Les bergers d’Arcadie » ne répondant à aucune commande, quelle est la signification de cette œuvre personnelle ? Que recherchaient Louis XIII et Richelieu en ordonnant le retour

de Poussin à Paris ?

-Que faut-il comprendre du courrier de l’abbé Louis Fouquet à son frère Nicolas ?

-Pourquoi Louis XIV, après la mort de Poussin, rachète un maximum d’œuvres du peintre, créant ainsi une spéculation sans précédent ?

-Si le peintre Nicolas Poussin a été admirablement décrit par plusieurs spécialistes, l’homme Poussin a de toute évidence une face cachée. Entre ombre et lumière, en quelque sorte…

DGMH : Mais comment Poussin serait-il entré en possession d’un tel secret ?

O. Ruca : C’est une vraie question, une de celles sur laquelle je ne peux répondre avec certitude. J’ai toujours privilégié, et je privilégie toujours la piste de Charles Créqui de

Blanchefort, parce que beaucoup d’éléments vont dans ce sens. Ses rencontres avec Poussin à partir de 1634, au sein des sociétés secrètes de Ferrare ou du duché d’Este, mais également à

travers des commandes pour lui-même et Richelieu ; son extrême richesse et son rang ; son nom, car Blanchefort renvoie immédiatement à l’énigme du Languedoc ; son blason qui révèle une Ménorah ; sa mort mystérieuse précisément au moment où Poussin peint les

bergers… Des éléments, oui, mais aucune certitude… Je considère également comme possible

l’hypothèse d’une mission confiée par le pape en personne, sous le contrôle de son neveu Francesco Barberini et de Cassiano del Pozzo, dont la spécialité est l’archéologie,

notamment tout ce qui touche à l’Egypte. On peut aussi imaginer que Poussin ait trouvé quelque chose dans les bibliothèques puisqu’il connaissait parfaitement le latin et maîtrisait

le grec… Non, je n’ai aucune réponse formelle à cette question. Cela reste un mystère.

DGMH : Comment avez-vous procédé pour percer ce mystère ?

O. Ruca : Initialement, je pensais que j’allais finir par trouver une faille dans l’hypothèse de Gueccours. La question que je me posais est exactement la même que se posent ou se

poseront un bon nombre de lecteurs : comment ont-ils pu réussir la où tous les autres ont échoué ? C’est dans cette optique que j’ai commencé à travailler. Pour moi, tout cela n’était

qu’une chasse au trésor, la toile étant la carte et le château représentant le coffre. Un nombre impressionnant de chercheurs étaient sur la piste, certains très illustres, d’autres moins, mais

tous étaient emportés par cette même quête. J’ai lu, beaucoup, assemblé un ensemble d’éléments historiques et bibliographiques sur le sujet pour me faire une première opinion sur

le sujet. Ensuite, je me suis intéressé, un à un, aux indices mis en avant sur la toile par Gueccours, à ce tableau qui représente des bergers autour d’un tombeau, laissant apparaître

en arrière-plan une ligne d’horizon montagneuse. Dans ses recherches, il a découvert que cette ligne d’horizon du tableau se calquait en tout point à celle que l’on peut observer de la tour du château de Puivert. Le paysage de droite du tableau correspond très exactement à la

vue Ouest que l’on peut observer du haut de la tour de Puivert : Montségur et la tête de l’homme mort. Le paysage de gauche du tableau correspond à la vue Est que l’on peut observer de la tour de Puivert : « le nez de Bugarach ». Il a également découvert sur le

tableau deux formes que Nicolas Poussin a dissimulées en utilisant la technique du trompe-l’œil : une tête de chien qui symbolise le mont Canigou, situé à quelques dizaines de

kilomètres du château, et un bateau qui représente le château lui-même, puisqu’il a comme appellation « la barque de pierres ». Le plus troublant dans tout cela est qu’en rapprochant une carte IGN de la région, on s’aperçoit que ces différents éléments du tableau respectent

tout à fait la géographie dans les environs du château de Puivert. Rapidement, une visite sur place s’est imposée.

DGMH : Et ensuite ?

O. Ruca : Alors, il suffit de se rendre en haut de la tour de Puivert avec une reproduction de la toile et une simple carte pour se rendre compte du bien fondé de son hypothèse. Tous les

éléments avancés par Honoré tiennent parfaitement la route sur pièce et sur place. En haut de la tour du château de Puivert, tous les éléments trouvent leur place : Bugarach à l’Est, le

Canigou au Sud-est, les roches Blanches au Sud-ouest et Montségur à l’Ouest. Les trompes l’œil sont remarquables d’efficacité. Cette première visite, dès mai 1998, restera pour moi

quelque chose d’inoubliable : j’avais sous les yeux la démonstration du premier degré de la toile de Poussin !

DGMH : Vous êtes revenus souvent dans le Languedoc ?

O. Ruca : En moyenne, une à deux fois par an depuis dix ans, à raison de séjours d’une semaine. Si l’on veut faire la part des choses, cette énigme, c’est 90% de livres et de notes

pour 10% sur le terrain.

DGMH : Vous parlez de premier degré au niveau des bergers d’Arcadie. Que voulez-vous dire ? Il y a un autre degré ?

O. Ruca : Pas un autre… deux autres ! En désignant Puivert comme réceptacle du secret de Poussin, Honoré a identifié le premier degré de la toile. C’est ici que commence ma véritable contribution au « Secret de Poussin ». Pour ma part, j’ai toujours été convaincu que Poussin ne pouvait pas révéler un endroit sans révéler son contenu et sans indiquer comment accéder

à ce secret. En d’autres termes, si la toile était une carte et le château un coffre, il devait y avoir une clé qui nous délivrait le trésor. Il y avait donc trois degrés. Le premier, livré par

Honoré, indiquait le lieu ; le second, désignait le contenu et le troisième permettait d’y accéder. J’étais d’autant plus persuadé de ce montage que cela correspondait bien à l’époque

où, malgré la mainmise totale de Rome, les livres interdits et les thèses coperniciennes, fortement imprégnées du pythagorisme, où le nombre est tout, notamment le 3 et ses degrés

qui sont toujours à la base de la maçonnerie moderne, Poussin, qui fréquentait certaines sociétés secrètes, connaissait parfaitement ces théories.

DGMH : N’existe-t-il pas un paradoxe entre le Poussin, protégé du pape et ce Poussin secret que vous décrivez ?

O. Ruca : Un paradoxe ? Quel paradoxe ? N’oublions pas que Galilée, que Poussin fréquente régulièrement dans les sphères vaticanes, abjure en 1633 ! N’oublions pas cette phrase terrible du pape Urbain VIII : « Hors de l’église, point de salut ! ». La plus extrême prudence est une obligation première chez l’artiste et Poussin n’y échappe pas, comme il

n’échappe pas à l’unique solution qui s’offre à lui pour faire passer un message : l’énigme…

DGMH : « Les bergers d’Arcadie » ?

O. Ruca : Oui, « Les bergers d’Arcadie », principalement, mais il n’est pas du tout interdit de penser qu’il a pu coder d’autres tableaux. Je pense notamment ici à l’autoportrait de 1650.

DGMH : Bien. « Les bergers d’Arcadie » conduisent à Puivert. Mais alors, les deux autres degrés quels sont-ils ?

O. Ruca : Pour mener à bien mon projet, il m’a fallu suivre une ligne directrice. J’ai choisi celle de Poussin. Comme il a construit sa toile en trois degrés, j’ai écrit une trilogie. Une

trilogie libre, comme Sophocle, c’est-à-dire que chacune des parties peut se lire indépendamment des deux autres, mais elles sont liées par le même sujet.

DGMH : La découverte de Puivert ?

O. Ruca : Oui. J’ai donc choisi la ligne directrice de Poussin, en allant jusqu’au bout, y compris en codant une partie de mon travail. Révéler une telle découverte demande méthode et rigueur. Il faut procéder par étape, en respectant des règles élémentaires de prudence… La

question pour moi n’est pas tant celle d’être prêt à tout révéler que celle de le faire dans des conditions appropriées et sécurisées.

DGMH : Vous pouvez nous en dire plus ?

O. Ruca : la première partie, qui est sortie en septembre 2007 sous forme d’essai, reprend dans son ensemble le travail de Gueccours en apportant la démonstration que « Les bergers d’Arcadie » conduisent de manière certaine au château de Puivert. La seconde partie, sous

forme de roman, nous indiquera le contenu.

DGMH : Mais pourquoi un roman ? Ne tombez-vous pas dans ce que vous dénonciez chez Dan Brown ?

O. Ruca : Max Gallo a une définition intéressante du roman qu’il qualifie comme « l’art de l’hypothèse ». Or, tant que nous n’aurons pas ouvert Puivert, car la finalité est là, tout ce

travail ne restera qu’une hypothèse. Entre chercheur et inventeur, le fil est parfois tenu, mais il est bien réel et à ce jour je reste un chercheur. Pour vous dire qu’il sera fortement question

d’Egypte antique.

DGMH : Vous paraissez bien sur de vous.

O. Ruca : Sûr ? Certainement pas, mais je fais confiance à Poussin. Dans le deuxième degré, il nous indique clairement le chemin et ce dernier est celui de l’Egypte. Je n’ai aucune raison

de mettre en doute ce qu’il avance. Jusqu’ici, Poussin ne m’a jamais menti. J’ai d’autant moins de raison d’en douter que depuis que je travaille le sujet, les sources faisant mention de

l’Egypte dans le Languedoc, sous différentes formes, à différentes époques, sont apparues nombreuses et variées. En 1999, quand j’ai compris où Poussin m’emmenait, j’avoue que j’ai

eu du mal à y croire. J’avais le sentiment d’être seul. Depuis, j’ai accumulé suffisamment d’éléments et de témoignages pour étayer mon propos et corroborer cette piste. L’Egypte et le

Languedoc sont indissociables depuis la nuit des temps et je pense que Puivert nous apportera la lumière. L’essence même de tout le mystère lié au Languedoc n’est aucunement lié à notre histoire judéo chrétienne, même si certaines ramifications sont possibles, mais à une civilisation celto égyptienne, complètement occultée, ou presque, de nos jours, mais qui

est là, et bien là, pour celui qui sait lire et observer.

DGMH : Vous n’avez pas le sentiment que vous allez apparaître comme « une théorie de plus » dans cet univers très controversé du Languedoc ?

O. Ruca : Vous faites référence à Rennes-le-Château ?

DGMH : Entre autres… le Languedoc n’est pas avare en la matière.

O. Ruca : J’ai toujours dit que si la Bretagne et le Languedoc se rejoignaient en matière de légendes, le Languedoc l’emportait très largement en matière de trésor. A ce jour, je crois

que personne n’a pu dresser une liste exhaustive des trésors du Languedoc. Je pense que mon livre est suffisamment explicite sur le sujet. De même, Rennes-le-Château ou Montségur, bien sur, mais aussi notre Dame de Marseille, le mont Alaric, la liste des endroits censés détenir

ces trésors est loin d’être déterminée avec précision. Ceci me fait penser que si trop de trésors tuent le trésor, il est fort possible qu’un seul trésor puisse en générer plusieurs,

surtout dans le cadre de la montée des conflits qui précèdent le génocide cathare, où, pour prévenir et entretenir l’armée, les dirigeants cathares prennent la décision de transférer des fonds dans différentes cachettes. C’est la piste qui me semble la plus plausible, même si je ne peux pas, à ce jour, en apporter la preuve. Je pense qu’il y a un tombeau primordial, Puivert, qui a disséminé d’énormes fonds peu de temps avant le génocide, pour entretenir les troupes, avec pour gardiens les grandes familles occitanes, des Belissen aux Aniort, en passant bien

évidemment par Trencavel ou Raymond de Toulouse.

DGMH : Votre livre consacre un court passage à Rennes-le-Château. Et là encore, vous renvoyez vers Puivert…

O. Ruca : Oui, complètement. Dans cette énigme, tous les chemins mènent à Puivert et je me suis employé à en faire inlassablement la démonstration dans ce premier tome. Je crois que s’il y a eu un trésor caché à RLC, il s’inscrit dans le cadre que nous venons d’évoquer, mais

qu’il n’y a plus rien. Quant à l’église de RLC, si le château qui apparaît sur le chemin de croix me semble assez représentatif de la tour de Puivert croquée sous différents angles ; que la peinture de l’autel est une vue de Puivert à partir de la grotte de l’Homme mort, je n’oublie

pas non plus que Boudet et Billard avaient également une prédilection pour ce château, capitale estivale de la noblesse occitane et haut lieu d’échange du savoir des savants

troubadours.

DGMH : Là encore, la vision que vous avez des troubadours dénote dans le concert des cours d’amour…

O. Ruca : Je n’ai pas ce sentiment. Qui sont les troubadours ? En général, ils sont issus de la noblesse, voyagent beaucoup à travers l’Europe et appartiennent surtout à la très infime

partie de la population, peut-être 1 à 2% pour l’époque, qui sait lire et écrire, privilège très rare. Non, ces hommes ne se retrouvaient pas à Puivert, capitale attitrée des cours d’amour,

pour chanter les louanges de leurs belles, du gentil troubadour avec sa guiterne et son collant n’est qu’un nouveau paravent qui dissimule la réalité des choses : les troubadours étaient

avant tout des savants. Quant à leur (s) poésie (s), loin de moi l’idée de remettre en question leur intérêt artistique, je reste persuadé que ce sont des œuvres codées qui restent encore

aujourd’hui inaccessibles.

DGMH : Ne craignez-vous pas que votre travail soit rejeté par la communauté des chercheurs de Rennes-le-Château ?

O. Ruca : Je conçois qu’il peut être difficile pour certains de me suivre dans les coulisses d’une nouvelle hypothèse qui ne fait pas de RLC l’épicentre de cette formidable énigme. Que les choses soient bien claires : il appartient à chacun de se forger sa propre opinion. Quant à

moi, je me situe strictement sur un plan archéologique où je dis clairement que là, dans le périmètre du château de Puivert, dans le département de l’Aude, en France, se trouve un

tombeau ancestral dont l’origine est vraisemblablement égyptienne. La vérité n’appartenant encore à personne sur le sujet, chacun est libre d’aller où bon lui semble et mon travail me

paraît suffisamment solide pour recevoir sereinement la critique. En outre, depuis la sortie du premier tome, loin de rejeter mon hypothèse, à une exception près, j’ai, jusqu’à aujourd’hui,

reçu un bon accueil du côté de Rennes-le-Château.

DGMH : De même, ne craignez-vous pas un rejet pur et simple des sphères universelles et scientifiques, voire religieuses ?

O. Ruca : J’ai eu peur, à un moment, n’ayant aucune crédibilité à leurs yeux, que les tenants d’un certain savoir académicien ou scientifique me traitent de fou et qualifient mon travail

d’« huluberluesque » ou « abracadabrantesque ». Cela ne semble pas être le cas, au contraire. Quant aux sphères religieuses, j’ai l’intime conviction qu’elles connaissent

parfaitement, du moins au sommet de la hiérarchie vaticane, l’essence de cette révélation, c’est-à-dire la certitude de l’établissement d’une civilisation égyptienne dans le Languedoc et

de son maintient, même déformé par le temps et les multiples brassages, jusqu’à l’aube du treizième siècle où le génocide cathare, commandité par Rome, l’effacera de la surface de l’Histoire. L’effacera, mais pas complètement… Car, malgré tout, il subsiste des preuves,

dont celle fondamentale de Puivert, mais d’autres encore, que le temps se charge et se chargera, grâce à des chercheurs zélés, de mettre à jour.

DGMH : Vous pensez pouvoir vous tromper ?

O. Ruca : Je me suis déjà trompé ! Et pas qu’une seule fois ! Et je me tromperai encore. Je revendique ce droit. Pour avancer, l’erreur fait partie du chemin. Pour une porte qui s’ouvre, ce sont dix nouvelles qui s’offrent à vous. Ceci étant, jusqu’à présent, ce chemin me ramène

inexorablement vers Puivert…

DGMH : Satisfait, alors ?

O. Ruca : Ce n’est pas ce que je ressens. Disons que c’est encourageant, comme le sont les témoignages que je reçois, du plus anonyme aux plus illustres, comme celui de Pierre

Rosenberg (Académicien et spécialiste de N. Poussin). Pour le reste, faire reconnaître mon travail et espérer obtenir toutes les autorisations, les moyens nécessaires pour aller au bout de ma quête, cela reste encore du domaine de l’utopie. J’espère que la vulgarisation de mon travail par les médias, mes livres et la conférence permettra cependant de faire bouger les

choses.

DGMH : Justement, à quand la sortie de ces deux prochains tomes ?

O. Ruca : Aucune idée. Ils sont écrits et sortiront s’ils doivent sortir. Laissons déjà le temps au premier, si cela s’avère possible, de faire sa place. Dans cette énigme, il y a tant

d’éléments que je ne maîtrise pas, qu’encore une fois, tout incite à la prudence. Il faut laisser le temps au temps.

DGMH : Et que pense Honoré Gueccours de votre démarche ?

O. Ruca : Je me garderai bien de répondre à sa place. Il faudra, le cas échéant, le lui demander.

DGMH : Vous semblez bien discret à son sujet ?

O. Ruca : Discret, non. Respectueux de son silence, oui. S’il en éprouve le besoin, H. Gueccours saura s’exprimer s’il l’estime nécessaire. Sans lui, rien n’aurait pu se faire. Il est à la base de tout et je sais ce que je lui dois. Il est également conscient que sans mon travail,

les deux derniers degrés n’auraient sans doute pas pu être mis à jour. Nous sommes donc liés, mais libres…

DGMH : Quelle va être votre actualité immédiate ?

O. Ruca : Sur le sujet, encore une fois, je cherche à vulgariser mon travail auprès du public, notamment par le biais de ma conférence, ce qui n’est pas une chose facile. Par ailleurs, je

réfléchis de plus en plus à un ouvrage mettant en relief les liens entre l’Egypte et le Languedoc. Rien n’est vraiment décidé.

DGMH : Une dernière question. Vous disiez avoir codé une partie de votre travail…

O. Ruca : Oui, tout à fait. Dans le troisième tome qui sera sous forme de nouvelles. Je peux à mon tour vous poser une question ?

DGMH : Oui.

O. Ruca : Vous savez garder un secret ?

DGMH : Oui.

O. Ruca : Moi aussi…

Même si ce premier dossier traitant de l’énigme du peintre Poussin aura fort probablement un prolongement avec de nouvelles révélations dans l’un de nos prochains numéros, les

informations traitées méritaient d’êtres dévoilées. Elles concernent un énigmatique message codé mis en évidence par l’auteur Ollivier Ruca. Si la région dans laquelle se situe cette

énigme a perdu quelque peu de sa superbe passée, il est incontestable qu’elle a occupé jadis et sur une très longue période, une place importante sur le plan historique et géographique. Trop

de grands personnages ont porté sur elle une attention particulière pour que celle-ci soit totalement innocente. Les Wisigoths, après le sac de Rome perpétré par Alaric, l’attitude

troublante de Clovis, de Charlemagne, de la maison de Toulouse, des Cathares mais aussi des Templiers, de Louis XIV et de son entourage, de Bonaparte, et de Hitler, tous ont été

attirés dans cette zone comme par un aimant… Et puis, il y a les femmes, sans cesse présentent dans ce dossier, de Marie-Madeleine à la marquise de Blanchefort dans le rôle

semble déterminant.

On peut penser qu’il existe un trésor de nature indéterminée, caché dans un temple souterrain aux alentours du château de Puivert, un lieu qui fut préservé de tout temps de la convoitise et de la rapacité de très hauts personnages de l’histoire. Même si nous ne disposons pas encore de tous les éléments, nous pouvons déjà évoquer certaines pistes : un trésor wisigoth ramené

des différentes conquêtes ; un ou plusieurs tombeaux prestigieux appartenant à la chrétienté et pouvant bouleverser les religions ; un immense butin autant matériel que spirituel détenu à

l’époque par les Templiers ou d’autres « veilleurs », un monde souterrain inconnu détenant des archives de l’humanité précieusement entreposées et remontant à la nuit des temps… Tout

est envisageable. Tout nous conduit à penser que ce trésor, pour avoir été autant convoité et protéger, doit être précieux tout autant que dangereux. L’avenir nous le dira.

Source de cet article :

Les Dossiers des Grands Mystères de l’Histoire (DGMH) N°18 de janvier 2008

La taverne de l’étrange- 25 février 2009