un cas de dématérialisation

Embed Size (px)

Citation preview

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    1/78

    UN CAS DE

    DEMATERIALISATION

    PARTIELLEDU CORPS DU MEDIUM

    ENQUETE ET COMMENTAIRES

    PAR M. A. AKSAKOW

    - 1 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    2/78

    CHAPITRE PREMIER

    SPECULATIONS THORIQUES

    Un cas des plus extraordinaires s'est produit, en dcembre 1893, une sance donne Helsingfors en Finlande par Mme dEsprance, fait qui jette une vive lumire sur lesmystrieux phnomnes de la matrialisation et qui confirme par la vue et par le toucher, cequi, jusqu' prsent, n'avait t qu'un postulat thorique exig par la logique.

    Avant d'entrer dans les dtails de ce fait, il faut que je donne en quelques mots uneide du principe auquel j'ai dj fait allusion, principe qui, nous semble-t-il, comprend tous lesfaits de matrialisation et qui complte ceux dont je vais traiter.

    De tout temps il a t reconnu en spiritisme que le phnomne de la matrialisation seproduit aux dpens du corps du mdium qui en fournit les lments ncessaires, c'est direqu'un certain degr de dmatrialisation du corps du mdium est la suite invitable au

    phnomne. Mais on ne s'tait pas encore dcid pousser cette hypothse jusqu' sesdernires limites, en tirer les consquences extrmes qui devaient s'en dduire absolument,logiquement, si elle tait vraie. D'un ct le manque de faits et d'observations directes qui

    justifient cette conclusion, dun autre ct le fait extraordinaire qu'elle force admettre, (faitqui cependant n'est pas plus extraordinaire que celui de la matrialisation elle-mme auquelon commence s'habituer) expliqueraient suffisamment pourquoi il n'a pas encore texpressment formul et admis en gnral. Mais maintenant nous avons un fait qui nousdonne le droit de nous exprimer avec plus de certitude, c'est ce que je vais essayer.

    L'tude des faits mdiumniques nous conduit admettre trois stages de

    matrialisation :1 - Au premier degr nous ayons la matrialisation invisible. Nous devons prioril'admettre indirectement, si nous voyons des mouvements d'objets, que seul un organe humaininvisible pourrait provoquer, comme je l'ai indiqu dans Animisme et Spiritisme ; ensuite cause des sensations d'attouchement que l'on prouve aux sances demi-obscures, et que l'onest tent, d'attribuer une main quoique celle-ci reste invisible. Enfin nous sommes confirmsdans cette supposition par les faits de la photographie transcendantale en gnral, et en

    particulier par certains cas de ce genre de photographie o la vue et le toucher de formesinvisibles l'il normal sont confirms par la photographie. Telles sont, par exemple, les

    photographies de Beattie, ainsi que celles de Mumler, o Mme Conant, le fameux mdiumamricain, voit une apparition qui lui touche la main et o la photographie prouve que c'tait

    bien vritablement une main appartenant une figure invisible lil ordinaire ; ou encore laphotographie de M. Tinkham, sur laquelle on voit un petit bout de vtement soulev par unemain invisible.

    La photographie transcendantale nous fournit la preuve de l'existence phmre deformes relles, objectives, que nous ne pouvons comprendre que par l'hypothse d'unematrialisation commenante, encore invisible nos yeux. La matire ncessaire estcertainement emprunte au mdium, mais sa quantit est si minime, que le degr dedmatrialisation du mdium n'est pas perceptible pour nos sens.

    2 - Au deuxime degr nous avons le phnomne bien connu de la matrialisationvisible et tangible, mais seulement partielle et incomplte. Ainsi l'apparition de mains a tconstate aux sances depuis le dbut du mouvement spirite. Elle se produisait en pleine

    lumire, pendant que le mdium se trouvait au milieu des assistants. Lorsque plus tard on enarriva aux sances obscures, les mains continurent tre senties en mme temps que le

    - 2 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    3/78

    mdium que l'on tenait tout le temps par les mains. Dans ces conditions on obtint aussi desmatrialisations partielles : des ttes, des bustes, des figures plus ou moins fluidiques, maisdans l'obscurit. Quand enfin on commena isoler le mdium derrire un rideau ou dans uncabinet noir, on obtint des apparitions de mains, de ttes, de bustes qui taient bien plus netteset qui se montraient mme avec un peu de lumire. D'aprs le principe de la thorie, ce

    phnomne de la matrialisation partielle doit correspondre une dmatrialisation partielledu mdium, c'est--dire d'un de ses organes quelconques, ou une dmatrialisation gnraleplus ou moins inapprciable nos sens.

    On n'a pas pu faire sur le mdium mme qui, dans ces cas, se trouvait toujours tout fait seul dans le cabinet, d'observations directes sur les changements qui pouvaientaccompagner dans son corps la cration des phnomnes. Mais en dernier lieu, dans le cas dessances avec Mme d'Esprance qui vont tre traites tout l'heure en dtail, nous avonsobtenu la pleine confirmation de nos conclusions logiques : pendant que Mme d'Esprance setenait, une faible lumire, devant le rideau, et que des demi-matrialisations se produisaientderrire le rideau, par exemple des apparitions de mains et de bustes, plusieurs personnes ontconstat au moyen du toucher et de la vue, une demi-dmatrialisation de son corps, c'est--

    dire celle de ses pieds et de ses jambes.3 - Au troisime degr nous avons la matrialisation complte, c'est--dire celle d'une

    figure humaine visible et tangible complte, qui pour l'il ne diffre en rien d'un corpshumain vivant. Ce phnomne est le dveloppement le plus lev, le non plus ultra de lamatrialisation, pendant laquelle le mdium se trouve isol dans l'obscurit, et gnralementen transe. Une longue tude de ce phnomne fora reconnatre que lorsque l'on obtenait lacomplte matrialisation d'une figure humaine, cette matrialisation prsentaitindubitablement les traits du mdium. De l rsultrent bien des causes de soupons, de

    prtendus dmasquages, etc. Toutes les tentatives pour voir le mdium et la figure entire enmme temps (pendant lesquelles on n'a malheureusement pas recherch l'tat des deux corps,ceux du mdium et de la figure) chourent de rares exceptions prs. Quand enfin on se futassur au moyen de garanties exceptionnelles (par exemple en tenant les cheveux du mdium l'extrieur du cabinet, ou bien en l'introduisant dans un courant galvanique) que le mdiumne pouvait jouer ni consciemment ni inconsciemment le rle du mdium en personne, et quenanmoins la ressemblance de la figure et du mdium tait complte, ou au moins presquecomplte, (comme dans le cas de John King qui ressemblait son mdium Williams et deKatie King qui ressemblait Miss Cook, son mdium) on fut port admettre que le doubleou le ddoublement du mdium tait le point de dpart du phnomne. Mais cette expressionnous conduit une fausse interprtation ; car on peut comprendre ou se figurer que ce doubleest pour ainsi dire comme une moiti, un simulacre de son corps, tandis que son corps rel setrouve derrire le rideau.

    En ralit ce n'est point une moiti, point un semblant de corps, mais un vritablecorps complet, en chair et en os, qui est en tout ressemblant au mdium ; bref, c'est le corpsdu mdium, s'y tromper. Qu'est donc devenu au mme instant son corps rel ? On ne peut

    pourtant pas raisonnablement admettre que le mdium ait, un moment donn, deux corpscomplets absolument identiques. Nous avons dj dit qu'il tait, en somme, compltementlogique d'admettre que le degr de matrialisation d'une apparition corresponde au degr dedmatrialisation du mdium ; si, en consquence, la matrialisation de la forme humaine quiapparat est complte, la dmatrialisation du mdium doit aussi tre complte, ou tout aumoins doit aller jusqu' un degr tel qu'il pourrait devenir invisible pour nos yeux, si l'onvoulait s'assurer de son tat pendant ce phnomne.

    En rsum, et en gardant constamment prsente la thse que toute matrialisation

    ncessite une dmatrialisation correspondante du mdium l'chelle complte des diversphnomnes de matrialisation se prsenterait de la manire suivante :

    - 3 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    4/78

    1 - La matrialisation invisible primordiale correspond une dmatrialisationminima et invisible du mdium, qui reste visible.

    2 - La matrialisation visible, mais partielle, incomplte quant la forme ou l'essence,correspond une dmatrialisation galement partielle ou incomplte du mdium qui estencore visible dans l'ensemble ou en partie.

    3 - La matrialisation visible et complte d'une forme humaine entire correspond une dmatrialisation maxima ou complte du mdium jusqu'au point o, de son ct, ildevient invisible.

    Ceci admis en principe gnral (ce qui, pourtant, n'exclut pas toutes sortes denuances et de possibilits suivant les aptitudes spciales des divers mdiums et la compositiondu cercle, et aussi parce que nous ignorons les limites du dveloppement du phnomne) nousexpliquerait, jusqu' un certain point, nombre de faits mystrieux des matrialisations qui

    paraissent douteux et engendrent le soupon. Mais j'y reviendrai dans un chapitre spcial. Laquestion importante est celle-ci :

    Avons-nous des faits certains qui justifient les points 2 et 3 du formulaire gnral queje viens d'tablir ?

    Nous sommes maintenant en tat de rpondre affirmativement.Je commencerai par un fait de mon exprience personnelle auquel je rflchis depuis

    longtemps et qui, mes yeux, se prsente l'appui de cette thorie comme une si forteprsomption, qu'elle quivaut presque une preuve positive. Il a trait la matrialisationclassique de Katie King que j'ai dj dcrite dans Animisme et Spiritisme et que jereproduis de nouveau ici en abrg.

    C'tait en 1873, M. Crookes avait dj publi ses articles sur la force psychique, maisil ne croyait pas encore aux matrialisations, disant qu'il n'y croirait que quand il pourrait voiren mme temps la forme matrialise et le mdium. Comme je me trouvais, ce moment, Londres, je dsirais, trs naturellement voir ce phnomne - alors unique - de mes propresyeux.

    Aprs avoir fait la connaissance de la famille de M. Cook, je fus trs gracieusementinvit la sance qui devait avoir lieu le 22 octobre. La sance eut lieu dans une petitechambre servant de salle manger. Le mdium, Miss Florence Cook, prit place sur une chaisedans un enfoncement form par la chemine et un coin de la chambre, derrire un rideauglissant sur des anneaux. M. Luxmoore, qui dirigeait la sance, exigea que je vrifiasse avecsoin la place et la manire dont il venait de lier le mdium, car il considrait cette mesure de

    prudence comme toujours ncessaire. Il attacha au pralable chacune des mains du mdiumavec une forte bande, cacheta les nuds puis, runissant les deux mains du mdium derrire ledos, il les attacha avec les bouts de la mme bande et cacheta nouveau les nuds ; puis il les

    lia encore une fois une longue bande qui fut engage hors du rideau travers un coulant decuivre et tenant la table ct de laquelle tait assis M. Luxmoore et fixe elle-mme surcette table.

    De cette manire le mdium n'aurait pas pu se lever sans tirer sur la bande. Lachambre tait claire par une petite lampe place derrire un livre. Au bout de moins d'unquart d'heure, le rideau fut pouss assez de ct pour dcouvrir une forme humaine qui setenait droite ct du rideau, tout habille de blanc, le visage dcouvert, mais les cheveuxgalement couverts d'un voile blanc. Les mains et les bras taient nus... c'tait Katie. Pendanttoute la dure de la sance, Katie causait avec les membres du cercle. Sa voix s'tait adoucie

    jusqu'au murmure. Elle rpta plusieurs fois :- Posez-moi des questions des questions raisonnables .

    - L-dessus je lui demandai : Ne pouvez-vous me montrer votre mdium ? .- Elle rpliqua Oui, venez trs vite et voyez .

    - 4 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    5/78

    - En un moment j'avais rejet le rideau, je n'avais qu'un pas faire, la forme blancheavait disparu.

    Devant moi, dans un coin sombre, se trouvait la forme sombre du mdium, assise dansun fauteuil. Elle avait une robe de soie noire ; c'est pourquoi je ne pouvais la voir trsdistinctement. Ds que j'eus repris ma place, la forme blanche de Katie apparut de nouveau

    prs du rideau et me demanda :- Avez-vous bien examin ? .- Je rpondis : - Pas tout fait car il faisait assez sombre derrire le rideau .- Alors prenez la lampe et examinez au plus vite rpliqua Katie d'un ton dcid. En

    une seconde j'tais avec la lampe derrire le rideau. Toute trace de Katie avait disparu ; jen'avais devant moi que le mdium en transe profonde, assis dans un fauteuil, avec les mainsattaches derrire le dos. La lumire qui tomba sur sa figure fit son effet habituel : le mdiumcommena gmir et s'veiller. Un dialogue intressant s'tablit derrire le rideau entre lemdium, en train de s'veiller tout fait, et Katie qui tentait de l'endormir nouveau. Maiselle ft oblige de cder, dit adieu, et le silence suivit. La sance tait finie. M Luxmoorem'engagea inspecter fond les liens, nuds et cachets. Tout tait intact ; et quand il me

    proposa de couper les liens, je ne pus introduire qu'avec peine les ciseaux sous les bandes, tantles poings taient attachs fortement.

    Ma confiance dans l'authenticit de ce fait est absolue ; aussi je le considre comme dela plus haute importance pour la confirmation du principe thorique qui nous occupe.Comment doit-on comprendre ce phnomne et qu'en conclure ? Katie avait, comme on sait,une ressemblance parfaite avec son mdium. Elle tait son double s'y tromper ; et non enforme hallucinatoire, mais en chair et en os, avec un cur et des poumons, comme l'a tabliM. Crookes. Peut-on, raisonnablement, admettre que le mdium puisse, un moment donn,avoir deux corps complets en mme temps : l'un sous la forme de Katie hors du cabinet,l'autre sous sa propre forme dans le cabinet ? Evidemment non. Les liens rests intacts

    prouvent que Katie n'tait pas le mdium en personne, jouant inconsciemment le rle del'esprit. Le mdium n'aurait pas pu en un moment se dvtir, se sortir des liens, se rhabiller, serattacher, etc. ; mme si, au point de vue physique, cela et t, possible. On a donc tout lieude croire que, mme si j'avais pu devancer Katie ou jeter un regard dans le cabinet pendantqu'elle tait en dehors, je ny aurais tout de mme pas vu son mdium, tout au plus sesvtements, ou bien aussi rien de tout cela. Mais comment doit-on comprendre que la forme semette avec la rapidit de l'clair la place du mdium, habille, attache ? Les habits et lesliens doivent pourtant, si le corps disparat, tomber terre. Comment donc y rentrer ? Celanous force supposer que certainement tout le corps ne se dmatrialise pas, mais quequelque chose - un substratum une forme astrale - subsiste, qui conserve les positions desliens et des habits, et que, de cette faon, la forme matrialise peut en un moment se sparer

    de cette forme fluidique, puis de nouveau se runir elle ; et ainsi le mdium se trouve saplace.Nous savons qu'aux sances avec lumire, les mains matrialises apparaissent avec

    une rapidit incomparable, et disparaissent de nouveau dans le mdium.Le phnomne est donc le mme. Nous avons, l'appui de cette thorie, un fait

    parfaitement probant, dans l'aventure suivante du colonel Henry S. Olcott, arrive en 1874avec le mdium Mme Elisabeth J. Compton, en Amrique.

    Le colonel raconte ce qui suit dans son livre People from the other World 1 (Gensde l'autre monde).

    Ma premire sance avec le mdium eut lieu le soir du 20 janvier 1874. Lesspectateurs, au nombre d'une demi-douzaine, taient assis sur des chaises tout autour de la

    chambre, distance d'environ huit pieds du cabinet : Mme Compton prit place l'intrieur,1 Hartford, Conn. - American Publishing Company 1875, gr- in-80 de 493 p.

    - 5 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    6/78

    sur la chaise, la lampe dans la chambre fut baisse trs bas, et pendant longtemps il ne sepassa rien d'intressant. Enfin, la porte s'ouvrit et la figure d'un Indien parut sur le seuil, nousinterpella et me salua cordialement, mais ne sortit pas, dclarant le mdium trop faible etchancelant pour lui fournir la force ncessaire.

    Le soir suivant se montra la petite Katie Brink qui circula, toucha plusieurs personnes

    et caressa leurs mains et leurs joues. Habille d'un vtement flottant de mousseline blanchecrpe, la tte couverte d'un voile de fiance qui tombait jusqu' ses genoux, glissant commesur des souliers de velours, et visible moiti seulement dans l'obscurit, elle me rappelait lafiance de Corinthe, de Goethe...

    Passant auprs des autres spectateurs, elle vint moi qui me tenais l'cart une mainappuye sur la cloison du cabinet, et, tandis qu'elle me caressait doucement le front, elle s'assitsur mes genoux, mit un bras sur mon paule et me baisa la joue gauche. Son poids paraissait

    peine aussi fort que celui d'un enfant de huit ans, mais je sentis son bras ferme sur monpaule, et les lvres qui m'embrassrent taient aussi naturelles que des lvres vivantes. Aprsnous tre entendus je pntrai dans le cabinet, tandis que la petite fille se trouvaitextrieurement : je n'y trouvai point de mdium, bien que j'eusse inspect non seulement tous

    les recoins et que pour mieux m'assurer que je n'tais pas hallucin j'eusse palp la chaise, lesmurs et tout l'espace l'entour. Il ne pouvait y avoir qu'une alternative : ou l'esprit n'tait pasun esprit, mais le mdium ; ou le mdium avait t transfigur la manire des thaumaturgesorientaux (vocateurs des morts). Je voulus trancher dfinitivement cette question avant dequitter la ville.

    Le lendemain soir, aprs avoir obtenu l'assentiment amical de Mme Compton de sesoumettre, mes investigations, j'enlevai ses boucles d'oreille, je l'assis sur une chaise dans lecabinet, et je l'y fixai en passant un fil retors, no 50, travers les trous percs dans ses oreilleset en cachetant les bouts des fils au dossier de la chaise avec de la cire cacheter, sur laquelle

    j'appuyai mon sceau particulier. L-dessus je fixai la chaise au sol avec de la ficelle et de lacire cacheter, d'une manire tout fait sre.

    Lorsque la lumire et t diminue, comme d'habitude ces sances, et la porte ducabinet ferme, nous chantmes pendant quelques minutes ; tout coup, au travers del'ouverture au-dessus de la porte, une paire de mains flottrent de droite gauche etdisparurent aussitt. L-dessus il vint encore une paire de mains plus grandes, et alors unevoix me parla (si ce n'tait point celle du dfunt Daniel Webster, c'tait au moins sareproduction exacte en profondeur, sonorit, tonalit, autant que je puis m'en souvenir) et medonna des instructions compltes et des mesures de prudence sur la manire dont je devaiscontinuer mes recherches. Quand je pntrerais dans le cabinet, pendant que l'esprit tait l'extrieur, je pourrais partout tter et toucher librement, pour me convaincre que le mdiumn'y tait pas, mais je devais prendre soin de ne pas toucher effectivement la chaise. Je pourrais

    approcher mes mains aussi prs que je le dsirerais, mais j'tais pri d'viter le contact directavec la substance (de la chaise). Ensuite je devais mettre sur le plateau de la balance unecouverture de n'importe quel genre, pour que l'esprit ne soit pas en contact avec du bois ou dumtal. Je promis de me conformer ces indications et j'eus bientt la satisfaction de voir la

    petite fille en blanc par la porte ouverte. Elle s'avana, parcourut le cercle, toucha plusieurspersonnes et s'approcha ensuite de, la balance. J'tais assis, prt agir, une main au poids etl'autre au bout du levier, et je pris, ds qu'elle monta, son poids, sans perdre une seconde. Ellese retira aussitt dans le cabinet ; aprs quoi je lus les chiffres la lumire d'une allumette.Elle ne pesait que 77 livres anglaises, quoiqu'elle n'et pas la forme d'un enfant...

    L'esprit ressortit et je pntrai aussitt dans le cabinet ; examinai tout avec le plusgrand soin, mais je ne trouvai, comme avant, aucune trace du mdium. La chaise tait l ;

    mais aucun corps prsent n'tait assis dessus. J'engageai alors la jeune fille-esprit se faire, sic'tait possible, plus lgre, et elle remonta sur la balance. Aussi vite que la premire fois,

    - 6 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    7/78

    j'avais mis le levier en quilibre ; et, lorsqu'elle se fut de nouveau retire comme la premirefois, je lus le chiffre 59 livres. Elle reparut encore une fois et, cette fois, elle alla de l'un al'autre des spectateurs, caressa la tte de lun, la main de l'autre, s'assit sur les genoux de MmeHardy, mit doucement sa main sur ma tte, caressa ma joue et monta sur le plateau de la

    balance pour me permettre une dernire preuve. Cette fois, elle ne pesa que 52 1ivres

    quoique du commencement la fin aucun changement, ni dans ses vtements ni dans sonapparence corporelle n'ait t constat...Ce pesage termin, Katie ne parut plus. Aprs que quelques minutes se furent

    coules, nous fumes interpells par la basse profonde et gutturale du chef indien qui semontra la porte. Une conversation s'ensuivit entre lui et Mme Hardy qui avait habitquelques annes chez les indignes de l'Ouest et qui tmoigna de l'authenticit du langage

    parl par l'esprit-chef.J'entrai avec une lampe l'intrieur et je trouvai le mdium exactement tel que je

    l'avais laiss au dbut de la sance, chaque fil et chaque cachet intact. Elle tait assise, la tteappuye contre la paroi, sa chair ple et froide comme du marbre, ses pupilles releves sousles paupires, son front couvert d'une sorte de sueur de mort, sans respiration et sans pouls.

    Lorsque tous eurent vrifi les fils et les cachets, je coupai les minces liens avec des ciseauxet je portai, en tenant la chaise par le sige et le dossier, la femme cataleptique au plein air dela chambre. Elle resta ainsi 18 minutes sans vie ; la vie rentra alors peu peu dans son corps,

    jusqu' ce que la respiration, le pouls, et la temprature de sa peau redevinssent normaux. Je lamis sur la balance ; elle pesait 121 livres.

    Comme, d'aprs cela, la forme de Katie Brink pesait 77 livres, il restait pour le corpsdu mdium dans le cabinet seulement 44 livres, un peu plus d'un tiers de son poids normal - etil tait dj invisible nos yeux, ainsi que ses habits et ses liens. Il faut donc supposer qu'il setrouvait l un corps, qui conservait la position du corps du mdium, de ses vtements et detous les fils, qui leur servait de base invisible. Mais la forme de Katie Brink ne ressemblait pas celle de son mdium ; elle avait la stature d'une enfant de huit ans. Que devait-il donc resterdu corps de Miss Cook, le corps de Katie King, au dire de M. Crookes, tant encore plusgrand que celui de son mdium ?

    Nous avons d'autant plus le droit de prtendre que ce reste tait invisible et que latransfusion du corps matrialis dans son corps astral (qui tait assis sur la chaise) se fit avecune vitesse incomprhensible. Ceux qui ont examin des apparitions de mains, peuvent sefaire une ide de la rapidit avec laquelle ces mains apparaissent et retournent dans le corpsdu, mdium ; cela peut faire comprendre la rapidit de la disparition d'une forme entire.

    M. Crookes a fait, plusieurs reprises, la remarque, en entrant en mme temps queKatie dans le cabinet noir, qu'elle avait disparu au mme moment. Comme il maintenaittoujours sa prtention de voir ensemble la forme et son mdium, il finit par y russir, mais une

    fois seulement dans l'obscurit, et alors Katie ne pouvait plus parler ; elle se trouvait doncdans un tat de demi-matrialisation. Il est dommage que la forme de Katie n'ait pas tpese ; on pourrait presque affirmer qu'elle devait possder 9/10 du poids du mdium.

    Ici j'ajoute, encore un fait de ma propre exprience, qui confirme les deux prcdents.En 1890 je me suis rendu tout exprs Gothenbourg, pour avoir avec Mme

    d'Esprance une srie de sances de matrialisation. Elle m'autorisa la soumettre toutes lesconditions d'preuves que je considrerais comme ncessaires, pour me convaincre des

    phnomnes, privilge qu'elle n'avait encore accord personne.A la sance du 5 juin j'tais assis, comme d'habitude, tout prs du coin du cabinet dans

    lequel Mme d'Esprance se trouvait assise mes cts ; le rideau seul nous sparait, sonouverture latrale se trouvait tout prs de mon paule droite, je n'avais qu' tirer le rideau un

    peu de ct pour voir le mdium. La forme matrialise, qui apparaissait alors sous le nom deYolanda, s'tait dj montre plusieurs fois et, mme, s'appuyant sur mon bras, avait fait le

    - 7 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    8/78

    tour du cercle. Une lampe au plafond, couverte de plusieurs feuilles de papier rouge, rpandaitune faible lumire ; mais, lorsque je me trouvais avec Yolanda au-dessous mme de la lampe,elle l'clairait suffisamment pour que je pusse reconnatre indubitablement, en elle, les traitsdu mdium. Lorsque nous emes regagn le cabinet, je repris ma place et Yolanda restadebout moiti dehors, dans l'ouverture du milieu du rideau. Alors, tout en ne cessant pas de

    la regarder, je passai doucement mon bras droit dans l'ouverture latrale du rideau du cabinetprs de moi. Je n'avais qu' tendre un peu mon bras pour m'assurer si le mdium se trouvait sa place ; c'est ce que je fis. Le mdium tait assis sur un fauteuil rembourr, assez bas.J'levai ma main directement jusqu' la hauteur du dossier du fauteuil et je la laissai ensuiteglisser contre le dossier jusqu'au sige, le mdium n'y tait pas.

    Mais, au moment mme o ma main se trouvait dj sur le bras du fauteuil, Yolandarentra dans le cabinet, une main tomba sur la mienne et la repoussa. Immdiatement aprs lemdium me demanda boire ; je lui tendis un verre d'eau par la mme fente du rideau par o

    j'avais pass mon bras ; le mdium tait sa place dans son vtement rouge, les manchesserres. Yolanda un instant auparavant, tait encore, en vtement blanc, avec les bras nus

    jusqu'aux paules, les pieds nus aussi et avec un voile blanc sur son corps et sa tte ;

    maintenant elle avait disparu. Tout fait comme c'tait le cas pour Katie.Cet vnement me donna beaucoup rflchir.Comment Yolanda, qui se trouvait moiti hors du cabinet, a-t-elle pu remarquer les

    mouvements de mon bras l'intrieur du cabinet ? Il lui tait positivement impossible, parsuite de l'obscurit presque complte, de voir si je laissais pendre mon bras le long de machaise ou si je l'introduisais derrire le rideau. Il tait encore plus impossible de voir ce quemon bras faisait l, ou bien o se trouvait ma main ; nanmoins, le mouvement de la main quirepoussa la mienne tait aussi dlibr que prcis.

    Si c'tait bien le mdium en personne qui, d'une faon consciente ou inconsciente,reprsentait Yolanda, et si le fauteuil tait rellement vide, le mdium ne pouvait ni voir nisentir la perquisition de ma main ; il aurait d continuer jouer son rle d'esprit, il serait rest sa place ou rentr dans le cabinet ou bien il en serait sorti nouveau, etc., comme si de rienn'tait.

    Mais il y avait eu un drangement ; Yolanda ne se montra plus et il fallut cesser lasance.

    Quand j'entendis dire, le lendemain, que quelque chose avait effray le mdium, j'interrogeai Mme d'Esprance elle-mme, sans toutefois lui rien dire de mes observations.Elle me rpondit que, vers la fin de la sance, elle avait senti comme si quelque chose seremuait autour d'elle, de sa tte, ou de ses paules ; que cela l'avait tant effrayequ'involontairement elle avait laiss tomber sa main, sur laquelle elle appuyait sa tte et quesa main en avait rencontr une autre, ce qui l'avait encore bien plus pouvante.

    C'tait fort trange. Les impressions de Mme d'Esprance taient bien celles qu'elleaurait d prouver, si elle s'tait trouve sa place. Et pourtant ma main n'avait pas rencontrson corps sur la chaise. Qui donc avait eu ces impressions ? N'en faut-il pas conclure qu'unsimulacre de son corps tait rest sur le sige, image doue de sensation et de conscience ?

    Mme d'Esprance possde aussi, comme on sait, le don de l'criture mdiumnique ;ainsi, elle reoit pendant et en dehors des sances, des communications au nom d'un certainWalter qui se dclare le directeur des phnomnes de matrialisation. Moi aussi je me servisde cette entremise pour savoir quelles explications je recevrai de ce ct. Le lendemain de lasance je priai Mme d'Esprance de prendre le crayon et la conversation suivante s'engageaentre l'esprit Walter et moi.

    - As-tu vu ce qui a effray le mdium ?

    - Oui ; une main se posa d'abord sur sa figure, puis sur ses genoux, puis sur sa main.Ce fut tout.

    - 8 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    9/78

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    10/78

    d'elle, pendant une sance de matrialisation. Le temps tait venu de les publier, maintenantque nous avons la preuve objective, visible et tangible de ses assertions qu'on ne peut plustraiter d'uniquement subjectives.

    - 10 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    11/78

    CHAPITRE II

    DESCRIPTION DE LA SANCE DONNE

    PAR Mme D'ESPRANCE, LE 11DCEMBRE 1893, A HELSINGFORS ENFINLANDE OU LE PHNOMNE DE LADMATRIALISATION PARTIELLE DU

    CORPS DU MDIUM FUT CONSTATPAR LA VUE ET LE TOUCHER

    Madame d'Esprance eut la bont, aprs son sjour Helsingfors, en novembre 1893,de venir passer chez moi, St-Ptersbourg, cinq jours pendant lesquels elle donna dans mamaison deux sances qui satisfirent pleinement ceux qui y prirent part2. Lorsqu'elle retournaen Sude, elle s'arrta encore deux jours Helsingfors d'o je reus cette lettre, crite lelendemain de son arrive :

    Helsingfors 12 dcembre 1893

    Bien cher ami,

    . Nous emes encore une sance hier au soir, bien que je ne m'y sentisse pas trsdispose ; mais je prfrai ne pas la remettre aujourd'hui, craignant toutes sortes dedrangements.

    La sance eut lieu dans la maison de M. l'ingnieur Seiling et nous tions, je crois,en tout 14 personnes. Les manifestations furent d'une nature tout fait extraordinaire ; et,comme je pensai que leur description vous intresserait, je priai Mme Seiling et le gnralToppelius de vous en faire le rcit et de vous l'envoyer ; ce que ces Messieurs me promirentaussitt. Le ct caractristique de cette sance consiste en ce que la moiti de mon corpsdisparut, ce que je ne dcouvris que par hasard. La tte, ou plutt la nuque, me faisait

    beaucoup souffrir et je la soutenais avec mes mains croises ce qui semblait soulager un peuma douleur. Mes bras se fatigurent dans cette position ; voulant les reposer sur mes genoux,

    je dcouvris que ceux-ci n'existaient plus et que mes mains au lieu d'tre poses sur euxl'taient sur la chaise. Cela m'effraya un peu et je voulus savoir si c'tait vrai ou bien si jervais. La lumire tait suffisante, et j'attirai l'attention de mon voisin sur cette particularit ; ilexamina la chaise, ainsi que quatre des assistants, et tous affirmrent ce fait, que seule la

    partie suprieure de mon corps existait vritablement. Le sige tait vide l'exception de mes vtements les bras, les paules, la poitrine

    taient bien leur place au-dessus du sige. Je pouvais parler, remuer la tte et les bras, boirede l'eau, et mme sentir mes genoux et mes pieds quoiqu'ils fussent absents.

    2 Voyez Psychische Studien Livraisons de janvier 1894 et avril 1894.

    - 11 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    12/78

    Pendant tout ce temps, des formes allaient et venaient, mais elles se montraientseulement ; des mains de diffrentes formes et grosseurs touchrent les personnes les plusrapproches du cabinet.

    Je crois bien qu'une heure a d se passer partir du moment o j'ai dcouvert montat particulier, ce qui tait suffisant pour les constatations, et surtout pour moi qui voulais

    savoir si jamais je rentrerais en possession de mes jambes et serais capable de rentrer chezmoi, ce qui me rendait trs nerveuse. Ceci est le court rsum de ce qui se passa, et j'espre bien que quelqu'un d'ici vous

    en enverra un rapport trs circonstanci... Amicalement vous, etc .....

    E. d'Esprance.

    Connaissant l'auteur de cette lettre comme une personne absolument vridique, jen'avais aucune raison de mettre ses paroles en doute, et je compris immdiatement la grandeimpatience de ce fait au point de vue thorique et phnomnal. Mais, l'essentiel tait de voircomment il avait t observ et constat par les tmoins ; jusqu' quel point ce tmoignage

    pourrait tre considr comme satisfaisant pour tablir un fait aussi extraordinaire quefabuleux. On comprendra avec quelle impatience j'ai attendu les dtails et avec quellesatisfaction j'ai reu les trois tmoignages que le gnral Toppelius a eu la complaisance deme transmettre. Je les donne ici en premier lieu avec la correspondance qui s'en suivit :

    Tmoignage de mademoiselle Hjelt3 avec description complte de la sance

    A. - Lettre de Mlle Hjelt M. Aksakow(L'original et en sudois)Monsieur,

    Selon le dsir de Mme d'Esprance je m'empresse de vous communiquer les dtails dela dernire sance qu'elle a donne ici le 11 dcembre 1893.

    La sance a eu lieu chez M. l'ingnieur Seiling. Les arrangements taient peu prs lesmmes qu'aux sances prcdentes avec la diffrence qu'il y faisait plus clair. J'observai cequi suit :

    Avant la sance : - La mdium entra dans la pice en pleine lumire et prit place surune chaise assez large et rembourre, avec dossier galement en partie rembourr. La mdiumta le petit chle qu'elle avait souvent sur les paules dans les sances prcdentes, la piceque nous occupions alors tant plus grande et plus froide. Elle proposa plus tard de l'employer

    pour attnuer la lumire de la chambre, ce qui fut fait. Elle ta ses gants et les mit dans sa

    poche. Avant le commencement des manifestations elle ne retira rien de sa poche, pas mmeson mouchoir. Je fis particulirement attention ces faits, parce qu'aprs les dernires sanceson s'tait demand si le chle n'tait pas pour quelque chose dans les matrialisations, demme que les gants qui pouvaient passer pour des mains si on les croisait sur le chle blanc

    pendant que la mdium, sous l'aspect d'un esprit, se promnerait dans la chambre ou lecabinet. Au lger mouvement que fit la mdium en glissant ses gants dans sa poche, j'entendiscomme un bruit de clefs ou de monnaie dans la dite poche. Je rsolus d'avoir l'esprit en veilet d'observer si, au courant de la sance, ce bruit se rpterait, quelqu'un du cercle venantd'insinuer que la mdium pouvait bien nous avoir tromps. Il me parut impossible qu'elle put

    3Mlle Hjelt fondatrice et directrice d'une grande maison d'ducation pour sculpture sur bois Helsingfors est

    l'auteur des brochures survivantes : La femme dans son champ d'activit pratique.L'autorisation d'apprendreun mtier dans les coles dites professionnelles. Mthode de sculpture sur bois pour les enfants.

    - 12 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    13/78

    remuer sans occasionner le mme bruit : et, part moi, je fis la rflexion que ce serait on nepeut plus tourdi de la part d'une personne rsolue tromper, que de porter dans ses pochesdes objets faisant du bruit. Au cours de la sance je n'entendis cependant pas le moindre bruitde ce genre.

    Avant le commencement de la sance, j'observai encore que la mdium croisait les

    mains derrire la tte, et que, avec un mouvement de lassitude elle s'tirait quelque peu, enappuyant la nuque contre ses mains. Ce mouvement, observ pendant qu'il faisait encore tout fait clair dans la chambre, n'avait rien que de naturel et me fit conjecturer qu'elle avait d

    passer une mauvaise nuit en wagon, en revenant de Saint-Ptersbourg.Pendant la sance : - La sance commena dans le cercle compos de 15 personnes,

    j'tais la troisime du ct droit de la mdium. Cette place tait fort avantageuse : j'avais lamdium devant moi, dans un angle de 45o et la partie suprieure de son corps se dessinaitdistinctement en demi-profil sur le store blanc, descendu l'une des fentres de la chambre.J'tais si prs de la mdium que je pouvais voir sa personne vtue d'une toilette claire, sesmains, ses pieds poss assez en avant et croiss. Je pouvais donc, quelque peu penche enavant, entendre et voir le moindre de ses mouvements.

    Nous n'attendmes pas longtemps. Une main et un avant-bras s'tendirent hors ducabinet, du ct oppos celui o, moi, je me trouvais. Sur le fond blanc du store je pus

    parfaitement tudier tous leurs mouvements et ceux des doigts. Le poignet tait fin et la mainparaissait tre celle d'une femme. De la main pendait un assez long pan d'toffe d'un tissutransparent comme une gaze, au travers duquel on ne distinguait qu'imparfaitement le store dela fentre. L'toffe paraissait plus fonce que celle du store. A plusieurs reprises la main setendit et serra les mains des personnes voisines, aprs quoi elle se retira. Un peu plus tard

    parut, du mme ct, une apparition lumineuse qui tendit la main aux personnes les plusrapproches d'elle4. Un membre de notre cercle, M. Seiling, remit l'apparition une paire deciseaux et lui demanda de bien vouloir lui couper un morceau de son voile. L'apparition les

    prit et les emporta dans le cabinet. Quelques minutes plus tard, elle revint et rendit les ciseaux M. Seiling. Celui-ci exprima son regret de n'avoir pas reu d'toffe et demanda la

    permission d'en couper un peu lui-mme. On y consentit. J'entendis distinctement le bruit desciseaux coupant l'toffe, et, un moment plus tard, M. Seiling nous dit: J'ai le voile 5 .Pendant que les phnomnes se poursuivaient je distinguais clairement la mdium et sesmains. Une fois, elle se pencha en avant et tourna la tte dans la direction de l'apparition,comme pour la voir aussi6. Mlle Hjelt est assise la place du mdium et tourne la tte versl'apparition de la main droite. Sur le rideau on aperoit le profil du buste et de la tte dumdium. A droite est assis M. Boldt ct de M. Seiling7.Un phnomne lumineux se produisit entre les draperies, au milieu du cabinet ; on eut dit unefigure se tenant debout derrire la chaise de la mdium. Celle-ci (la mdium) poussa un de ces

    gros soupirs comme il lui en chappait quelquefois durant les sances. Le soupir dnotait unesensation pnible. Puis elle pronona ces mots : Quelqu'un du cabinet m'a touch parderrire, je l'ai trs bien senti8 . Le phnomne disparut. Un monsieur de notre cercle la priade prendre du papier et un crayon pour le cas o les esprits voudraient nous communiquerquelque chose relativement aux arrangements prendre, ou autre chose dans ce genre. Lamdium n'y parut gure dispose. Peut-tre n'est-ce pas la peine de les dranger pour crire,dit-elle ; attendons plutt. Mais la demande fut ritre et on lui tendit un crayon et du

    papier. Elle les prit en disant. - Eh bien ! Je puis les tenir et nous allons voir ce qui arrivera.

    4 Voir plus loin les tmoignages de M. Seiling et de Melle Tavaslstjerna.5 Voir plus loin le rapport de M. Seiling.6 Voyez la planche no2.7 Voir plus loin Chap. III.8 Mlle Hjelt me dit qu'elle vit dans l'ouverture centrale un buste derrire la mdium et, une main descendre ettoucher l'paule de la mdium. - Voir plus loin la lettre de Mlle Hjelt.

    - 13 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    14/78

    - 14 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    15/78

    - 15 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    16/78

    Je distinguai ce moment trs nettement la mdium tenant le papier d'une main etcroisant l'autre par dessus. De mon ct, dans la fente latrale du cabinet, une main, un avant

    bras et une partie du bras s'taient montrs plusieurs reprises et ceux qui taient assis toutprs avaient serr cette main. Moi, je me contentai de saisir un pan du long voile qui pendaitet de bien le palper. Il paraissait quelque peu humide et d'un tissu trs fin. La main me parut

    bien plus grande que celles que j'avais vues jusque-l.Bientt dans la mme ouverture de la draperie, de notre ct, parut une grande figurelumineuse. Elle sembla vouloir sortir du cabinet, fit un pas en avant, mais se retira aussitt 9.Presque immdiatement aprs, nous vmes un bras sortant du cabinet ; de trs haut, dans lamme fente latrale, il s'abaissa, lentement et tout lumineux, dans la direction des mains de lamdium10. Au moment de toucher la mdium il arracha des mains de cette dernire, avec unmouvement prompt comme l'clair, le papier et le crayon et les emporta dans le cabinet. Onentendit distinctement comme si on y froissait et dchirait le papier en deux ; aprs quoi lamain sortit encore et tendit les deux morceaux de papier froisss au capitaine Toppelius quiles donna la mdium. Celle-ci (la mdium) tenait le papier entre ses mains, le crayon ne luiavait pas t rendu, lorsque le bras lumineux se baissa encore avec la mme lenteur

    extraordinaire et arracha de nouveau brusquement le papier des mains de la mdium pourl'emporter dans le cabinet. On entendit aussitt le bruit que fait un crayon en crivantrapidement ; et, un instant aprs, la main tendit le papier hors du cabinet. La personne la plus

    proche, M. Toppelius, le prit et allait de nouveau le remettre la mdium, lorsque la main (lebras et une partie du corps devinrent alors visibles) d'un mouvement dcid l'en empcha enressaisissant le papier et en le rendant M. Toppelius d'un geste significatif, l'appuyant contrela poitrine de ce monsieur. Nous comprimes donc que les paroles crites taient destines M. Toppelius. (Aprs la sance nous fmes mme de les lire, les voici : Je t'aiderai ! Jag skal hjlpa dig ! C'tait crit en sudois d'une bonne criture lisible). Il n'y avait dans lecabinet, ni chaise, ni table sur lesquels on eut pu crire. Tout ceci se passa trs vite mais d'unefaon trs nette. Pendant que tous ces phnomnes avaient lieu je voyais toujoursdistinctement la mdium sa place. Elle nous parlait quelquefois. A M. Toppelius elleconseilla de mettre le papier dans sa poche afin de le lire plus tard, et ceci pendant que lafigure tait encore visible.

    De tout ce qui se faisait je dus conclure que, dans le cabinet, deux mains au moinsopraient avec une force physique et de par une volont bien dtermine. Ces mains ne

    pouvaient pas appartenir la mdium ; elles devaient appartenir une figure qui tait debout, ct et derrire la mdium qui tait assise, dont je voyais les mains et le corps et qui

    j'entendis pousser un cri d'tonnement, un Oh ! Lorsque le papier lui fuit arrach.Je constatai ensuite que, dans l'attente d'un nouveau phnomne qui tardait se

    produire, la mdium profitant d'un moment de rpit entre les manifestations joignait ses deux

    mains derrire la tte, comme elle l'avait fait avant la sance. Pendant qu'elle restait dans cetteposition, j'eus le temps de regretter qu'elle se ft surmene ce point, de suite aprs sonvoyage, et je souhaitai ardemment que les personnes plus loignes d'elle n'interprtassent pasen mal ce geste des mains derrire la nuque et son mouvement pour s'tendre.

    Vus de loin on pouvait les mal interprter11, de prs jamais !Quelques instants plus tard ses mains retombrent sur ses genoux. Je la vis alors tter

    des mains ses genoux, et j'observai qu'elle s'agitait de plus en plus. Cela me parut curieux. Jeme penchai plus en avant et cherchai de toutes mes forces comprendre ce qui se passait. Lamdium poussa de nouveau ce gros soupir qui faisait supposer quelque sensation bien9 A ce moment, Mlle Hjelt vit trs distinctement la mdium et la figure dont la tte se montra en dehors ducabinet et jeta un coup d'il sur la mdium et le papier qu'elle tenait dans ses mains.10 Voir la planche n1 qui est la reproduction d'une photographie prise le 3 mars 1894 par M. Aksakof dans lesconditions indiques plus loin, chap. III.11 Supposer, par exemple, que la mdium se levait de sa place.

    - 16 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    17/78

    dsagrable. Encore quelques secondes, et elle dit son premier voisin de gauche, M. Seilin : Donnez-moi votre main. M. Seiling se leva et lui tendit la main. Elle dit alors : Touchezici ! M. Seiling rpondit : C'est extraordinaire je vois Mme d'Esprance et je l'entends

    parler, mais en ttant le sige je le trouve vide ; elle n'y est pas ; il n'y a l que sa robe. L'attouchement semblait produire une vive douleur la mdium ; nanmoins elle engagea

    encore plusieurs personnes venir toucher la chaise. Elle prit les mains de M. Toppelius dansles siennes et les promena sur la partie suprieure de son corps elle jusqu' ce qu'il touchtsubitement le fond de la chaise ; il exprima plusieurs reprises sa stupeur et sa consternation

    par de vives exclamations.La mdium permit cinq personnes de constater ce phnomne et, chaque fois, elle

    parut ressentir une grande souffrance. Elle demanda boire deux fois au moins et, chaquefois, elle buvait avec une impatience fbrile ; elle tait visiblement angoisse, et, en attendantl'eau, elle se tordait nerveusement.

    Sur le fond blanc du rideau de la fentre je voyais distinctement, nettement la partiesuprieure du corps de la mdium, chaque fois qu'elle se penchait en avant. Plusieurs fois ellettonna en l'air, cherchant une main qu'elle voulait guider pour faire toucher la chaise et elle-

    mme. Dans ces occasions, je vis non seulement le devant de son corps mais aussi son dos quise dtachait sur le rideau blanc. La forme de sa tte se dessinait si nettement que je pus mmedistinguer sa coiffure. Je ne puis me souvenir de combien la partie suprieure se prolongeaitau-dessous de la taille ; mais ce dont je suis certaine, c'est qu'elle se voyait encore au-dessousde la taille ; ce qui me parat tre un fait important, c'est que je voyais tout le temps la mdium mon niveau.

    Une fois elle se pencha en avant, comme on le fait quand on est en proie une atrocedouleur. La partie suprieure de son corps prit alors l'attitude de quelqu'un qui, tant assis,croise les mains sur les genoux et se penche profondment en avant. A ce moment elle setrouvait devant le dossier de la chaise. Elle n'aurait pas pu se trouver derrire ; le dossierl'aurait empche de prendre la pose que je viens d'indiquer. Les jupes de la mdium restaienttendues comme elles l'avaient t pendant la sance et s'amincissaient vers les pieds. Il mesemblait qu'elles devenaient plus flasques mesure qu'elles taient palpes par les assistants.

    Quelqu'un dans le cercle proposa de mettre fin la sance, du moment qu'elle puisaitles forces de la mdium. Mais celle-ci s'y opposa et demanda continuer la sance jusqu' ceque ses jambes lui fussent rendues. Nous continumes donc ; et moi, j'avais toujours le regardriv sur la partie infrieure du corps de la mdium afin de bien observer le retour de ses

    jambes12. Sans qu'il se fut produit le moindre mouvement de sa robe, j'entendis la mdium quidisait : Cela va dj mieux puis, quelques instants plus tard elle dit vivement Les voici ! Quant aux plis de sa robe, je les vis pour ainsi dire s'emplir, et, sans que je susse comment,les bouts des pieds reparurent croiss comme ils l'avaient t avant ce phnomne13.

    Pendant la production du phnomne, l'attention de tous tait attache la mdium. Laconversation tait ininterrompue, tantt avec Mme d'Esprance, tantt entre les membres ducercle ; on s'agitait, on changeait de place, on marchait par la chambre etc...

    Aprs la cessation de ce phnomne, le cabinet bougea de sa place. Alors la mdiumpoussa sa chaise en avant, craignant que le cabinet ne tombt sur elle. Pendant que la mdiumtait ainsi assise loin du cabinet et que je voyais distinctement ses mains et ses pieds, lecabinet bougea de nouveau plusieurs fois de sa place.

    A un moment donn, et afin de m'assurer que j'avais l'esprit lucide en faisant toutes lesobservations que je viens de relater, j'entrepris de dtacher ma pense de ce qui se passaitautour de moi et de la fixer sur quelque chose d'indiffrent et ne se rapportant pas la sance.Je voulus voir si ma pense obirait ma volont. J'y russis parfaitement. En vertu de ce fait,

    12 Pendant tout ce temps le visage de Mlle Hjelt tait six pouces de distance des jambes de la mdium.13 Mlle Hjelt n'avait pas remarqu le moment de leur disparition.

    - 17 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    18/78

    j'ose donc affirmer que les phnomnes numrs si peu naturels qu'ils aient paru maraison - se sont effectivement produits, et que la mdium n'a fait aucun mouvement pourcontribuer l'apparition ou la disparition des dits phnomnes.

    Aprs la sance : J'eus l'occasion de voir le morceau d'toffe qui avait t coup ;c'tait un tissu fin comme de la gaze et rappelant la toile d'araigne, mais plus serr et plus

    fort. Il ne paraissait pas lumineux dans l'obscurit.J'entrai en conversation avec la mdium qui m'apprit que ce qui venait de se passertait un phnomne inconnu pour elle-mme. Il parat que jusque l elle n'avait gure pu elle-mme observer et contrler ses dmatrialisations. Elle avait donc t excessivement surpriselorsque, posant ses mains sur ses genoux, elle avait trouv la chaise vide. Voulant faireconstater ce fait par d'autres, elle avait pri M. Seiling de venir toucher la chaise. Elle dit avoireu la sensation trs prcise d'avoir les extrmits d'en bas toujours leur place, mais que sesmains ne pouvaient les sentir.

    Reste ajouter que ce ne fut pas la mdium qui communiqua ce phnomne l'assistance, mais M. Seiling, quand il retourna sa place.

    Agrez etc...

    VERA HJELTHelsingfors, 15 dcembre 1893

    B. - Lettre de M. Aksakow Mlle Hjelt(l'original est en franais)

    St-Ptersbourg, 3 / 11 janvier 1894Perspective Nevsky 6

    Mademoiselle,

    C'est avec un sentiment de profonde satisfaction que j'ai lu la relation de la sance du11 dcembre 1893 avec Mme d'Esprance, que vous avez eu la bont de me transmettre parl'entremise du gnral Toppelius.

    C'est un bon monument que vous avez lev en l'honneur de Mme d'Espranceattaque par le gnral Sederholm. J'ai t merveill de l'exactitude et de la finesse de vosobservations ! Chose rare en spiritisme, mme parmi les hommes ; et quand je pense que vousn'avez pas l'habitude de ces expriences, je m'tonne encore davantage.

    Veuillez donc agrer ma profonde reconnaissance et si j'ai tard jusqu' prsent vousl'exprimer c'est que je n'avais point votre adresse que je viens seulement de connatre.

    Un seul dtail essentiel manque dans votre relation c'est la quantit de lumire dans lachambre ? Vous dites seulement qu'il y faisait plus clair qu'aux sances prcdentes, et quevous distinguiez clairement la mdium et ses mains. C'est beaucoup, c'est bien important,mais quel point, avec quels dtails, etc.... par exemple, pouviez-vous voir les doigts, levisage, la coiffure de la mdium. La quantit de lumire n'a-t-elle pas vari durant la sance ?

    Je passe prsent quelques dtails.Vous dites : Bientt dans l'ouverture de la draperie parut une grande figure

    lumineuse ... et de suite aprs : alors parut un bras sortant du cabinet de trs haut. Dois-jecomprendre que l'apparition (de la figure) et le bras parurent dans l'ouverture centrale ducabinet au-dessus de la mdium ceci est un point de grande importance qu'il est essentiel de

    prciser.Quelles ont t les 5 personnes qui ont examin la chaise lors de la disparition des

    jambes ? Combien de fois Mme d'Esprance a t-elle demand boire dans cet tat et qui lui adonn l'eau?

    - 18 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    19/78

    Voici encore un autre point essentiel, vous dites : Les jupes de la mdium restaient tendues comme elles l'avaient t pendant toute la

    sance, et s'amincissaient vers les pieds. Que vent dire : s'amincissaient ? Plus loin vousdites : Quant aux plis de la robe, je les vis, pour ainsi dire s'emplir. Donc, les jupes nerestaient pas tendues comme elles avaient t durant toute la sance comme vous venez de le

    dire plus haut ? Il y a l contradiction ou manque de quelques dtails.Et enfin, vous dites : Et, sans que je sache comment, les pieds reparurent croisscomme ils l'taient au commencement de la sance. Vous parlez, certainement, du bout des

    pieds, des bottines ou souliers. Mais, ne peut-on pas supposer que la mdium les avait sousses jupes et sortis plus tard ? Pourquoi cet incident vous avait-il paru incomprhensible ?

    Voil tout, je crois, pour le moment.Je me permets donc de compter sur votre obligeance, et espre que vous voudrez bien

    me renseigner sur les points auxquels jai touch.Veuillez agrer encore une fois ma profonde reconnaissance et l'expression de ma

    profonde, considration.

    A. AKSAKOW

    C. - Rponse de Mlle Wera Hjelt M. Aksakow(L'original est en sudois)

    Helsingfors, le 28 janvier 1894

    Monsieur le conseiller d'tat,

    Recevez, je vous prie, mes remerciements les plus sincres pour votre lettre. J'ai theureuse d'apprendre que mon compte rendu de la sance du 11 dcembre vous a satisfait.

    Je passe directement aux renseignements que vous dsirez.Vous me priez de dfinir, d'une manire plus prcise, l'clairage de la chambre. A ce

    propos, je tiens vous dire qu'il m'a t possible de voir distinctement toute la figure de lamdium, ainsi que le contour de ses mains se dessinant contre sa robe claire. Quant aux traitsde son visage et sa coiffure, il m'a t difficile de les apercevoir continuellement, la mdiumtant assise contre le cabinet dont la draperie tait trs fonce. Cependant, chaque fois qu'ellechangeait de position, son buste faisait un petit mouvement en avant et ses parties sedessinaient trs distinctement contre le store blanc dj mentionn. Chaque fois qu'elleallongeait le bras, j'ai pu voir se dessiner contre ce mme store, non seulement le mouvementde ses doigts mais aussi ces doigts eux-mmes serrant la feuille de papier qu'elle tenait enmain.

    Je viens d'apprendre avec joie, que vous vous proposez, Monsieur, de venir Helsingfors. J'ose esprer que votre arrive sera d'une grande importance. Il vous seracertainement facile, vous, Monsieur, de dbrouiller tout le dsordre d'ides que ce

    phnomne de la dmatrialisation surtout a fait natre dans les esprits.Si vous le dsiriez, Monsieur, je serais toute dispose jouer un moment devant vous

    le rle de la mdium c'est--dire que je m'offre revtir une robe de la mme nuance que celleporte par Mme dEsprance et contrefaire, la mme lumire, tous ses faits et gestes telsque je les ai observs ladite sance.

    J'espre qu'il vous sera alors facile de constater combien les insinuations du gnralSederholm doivent paratre injustes.

    La place que j'occupais pendant la sance tait telle que je me juge capable d'excuter

    les dtails sus-mentionns ; de mme, je puis prouver que ma vue et celle de mon amie sont

    - 19 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    20/78

    d'une finesse excessive. Je puis affirmer qu'il et t impossible la mdium de tromper sansque je l'eusse remarqu.

    Vous me demandez quelques dtails sur les point, suivants : Bientt, dans l'ouverture de la draperie parut une grande figure lumineuse, etc. ...Une fois, je vis un buste dans l'ouverture centrale du cabinet. La figure faisait l'effet de

    se tenir debout derrire la chaise de la mdium. Elle effleura son paule de sa mainlumineuse14 ; ce contact, Mme dEsprance fut saisie d'un frisson.Mais l'autre figure lumineuse, celle sur laquelle vous dsirez une description plus

    prcise, parut l'ouverture droite de la draperie. Ses mouvements taient assez tranges :debout, elle semblait fixer de ct la feuille de papier, que la mdium tenait en main, puis ellese retira et laissa retomber devant elle la draperie ; enfin, et soudain, elle allongea le bras ets'empara du papier.

    Je pourrais imiter toute la scne d'une manire si prcise qu'infailliblement j'envoquerais le souvenir dans l'esprit des autres tmoins. Le sceptique devrait bien comprendrequ'il eut t impossible la mdium d'user d'artifice, assise comme elle l'tait pendant tout letemps, et causant avec nous.

    Les cinq personnes qui ttrent la chaise pendant la disparition des jambes de lamdium taient M. l'ingnieur Seiling, le capitaine Toppelius, le docteur Hertzberg,l'ingnieur Schoultz et M. Boldt.

    Mme d'Esprance demanda au moins deux fois boire, pendant la dure duphnomne. L'eau lui fut offerte par MM. Seiling et Hertzberg.

    L'expression les jupes de Mme d'Esprance s'amincissaient vers les pieds voussemble obscure. Je voulais dire par l, que la jupe, enveloppant pour ainsi dire les chevilles,

    paraissait ncessairement plus troite en bas qu'au haut du corps. Quant aux plis de la robe, je les vis pour ainsi dire s'emplir etc... Il va de soi qu'ils ne pouvaient tre galement lisses durant toute la sance, et cela

    parce que, lors de la constatation du phnomne, les mains qui palprent le sige durentncessairement les aplatir fortement ; mais ensuite, lors de la cessation du dit phnomne, les

    jupes se gonflrent nouveau. Sans que je sache comment, les pieds reparurent. Je veux dire la pointe des souliers.Vous me demandez : Ne pouvait-on pas supposer que la mdium les avait tout

    simplement retirs sous ses jupes ? Trs bien ; mais alors un mouvement de ses jambes eutt ncessaire ; et je l'eusse de suite remarqu, car je fixais sans interruption la place o les

    jambes devaient revenir dans le but de voir comment cela se ferait, si ce serait par unmouvement de ct ou non.

    C'est aussi ce que je pourrai vous montrer quand vous viendrez, afin que vous puissiez

    juger par vous-mme pourquoi ce procd m'a sembl incomprhensible. Un peu plus tt,c'est--dire quelques minutes avant que notre attention fut attire vers la dmatrialisation ,la mdium s'tait tir, en allongeant ses pieds, et alors il eut t naturellement impossible deles retirer sans faire un mouvement avec les jambes.

    Moi, du moins, je ne puis pas parvenir excuter ce mouvement, malgr des essaisritrs.

    J'ai tch de rpondre de mon mieux vos questions. Si quelque chose encore vousparait obscur, je serai trs heureuse de vous clairer, pour peu que vous le dsiriez.

    En attendant, veuillez agrer, Monsieur, l'expression de mon profond respect et de maconsidration distingue.

    14 Rpondant une de mes questions, Mlle Hjelt ajouta plus tard qu'elle vit distinctement comment les doigtsdescendirent d'en haut et touchrent l'paule de la mdium.

    - 20 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    21/78

    WERA HJELT

    D. -Rponse complmentaire de Mlle Hjelt(L'original est en sudois)

    Helsingfors, 25 mars 1894

    Monsieur le Conseiller d'tat,

    J'ai l'avantage de vous communiquer ce qui suit au sujet des questions que vous avezeu la bont de me poser par l'entremise de M. Seiling.

    1) Concernant ma situation antrieure l'gard du spiritisme. Je connais cemouvement depuis l'anne 1880 mais, sans toutefois l'avoir compris autrement (sauf depuisdeux ans) qu'en croyant qu'il s'agit simplement d'affaire de revenants. Mais, pendant ces deuxdernires annes, j'ai lu avec un vif intrt des livres tant en faveur que contre le spiritisme, et

    j'ai pris part des sances dans des cercles de familles d'ici et celles de la Socit pour lesRecherches psychiques , Stockholm.

    J'tais donc parfaitement familiarise avec les thories du spiritisme, du moins avec lesplus importantes. Quant la partie physique de la chose, je croyais la possibilit desphnomnes, mais je nen tais pas persuade. Mais, j'acquis cette certitude la suite dessances tenues avec Mme d'Esprance, ayant eu plusieurs fois l'occasion de constaterl'authenticit des phnomnes. La dernire de ces sances fut, pour moi, particulirementconvaincante. Ce que je vis et prouvai de ma place n'est pas une croyance pour moi ; c'est unfait. En mme temps, je continue faire mes observations sur les faits du spiritisme avec le

    plus grand intrt, sans rien perdre de la facult, qui me caractrise spcialement, de juger deschoses avec une saine critique.

    Je me suis permis d'mettre ce jugement sur moi-mme parce que la manire dont unepersonne a la tendance et l'habitude de considrer les choses exerce une certaine influence surson jugement et sur son don d'observation. Et comme vous tes assez bon pour accorder de lavaleur mes observations pendant la sance, je dsire que vous ne puissiez pas croire que jesuis assez sanguinisch pour m'tre laiss tromper ou entraner.

    2) J'ai assist six sances, de Mme d'Esprance, Helsingfors.3) Dans la dernire sance, la distance entre la mdium et moi tait d'environ trois

    pieds ; mais en me penchant en avant, ce que j'ai fait presque tout le temps pour mieuxpouvoir observer, la distance n'tait plus gure que d'un demi-pied.

    4) J'avais conscience de l'importance qu'il y a faire les observations exactement, et voir la mdium et la figure en mme temps et spars l'un de l'autre, parce que je m'taisvraiment disput auparavant avec des personnes qui mettaient l'honntet de la mdium en

    doute. Je me souviens spcialement d'une conversation pendant le sjour de Mme d'Esprance Saint-Ptersbourg o, journellement on parlait de son honntet et de la possibilit desphnomnes ; si bien que je fis le serment, au cas o une nouvelle sance aurait lieu, de meprocurer une bonne place prs de la mdium et de scruter la chose assez fond pour pouvoir jurer de l'exactitude de mes observations. Les deux personnes avec lesquelles je pris cetengagement, promirent de s'en rapporter mon jugement. Nous rsolmes formellement que

    j'examinerais la chose. Je n'ai pas demand aux personnes en question l'autorisation de lesnommer dans cette lettre, mais je ne doute pas quelles ne le dsirent. C'taient le Dr Hertzberget sa femme. Je leur promis de ne pas me laisser effrayer par les fantmes, parce que,interloqu, on oublie de faire attention au mdium. C'est pourquoi, dans la dernire sance, lamdium fut pour moi le principal objet d'observation, alors mme je ne pouvais m'empcher

    d'observer en mme temps d'autres choses.

    - 21 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    22/78

    5) Pendant la dmatrialisation de la mdium, je ne fus naturellement pas en tat defaire attention la faon dont elle se produisit. Mais la mdium ne fit aucune sorte demouvement avec ses pieds ni de ct, ni en arrire. J'aurais t force de le remarquer car jen'en tais distante que de quelques pouces et je n'ai pas cess de regarder fixement ses pieds.

    Lorsque ces Mrs examinrent la chaise et constatrent la dmatrialisation, je rsolus

    de prendre bien garde comment et d'o reviendraient les pieds.Il faut remarquer que je mattendais ce que cela se produirait par le cabinet, de l'undes deux cts de la chaise sur laquelle tait assise la mdium. Je ne sais pourquoi j'admettaisque les pieds reviendraient d'une faon violente quelconque, peut-tre par un mouvement dela mdium. Je m'attendais cela et je considrais la mdium d'extraordinairement prs et trsexactement, pour juger du processus. Mais je ne remarquai aucun mouvement de la partieinfrieure du corps et tout se passa comme je l'ai racont prcdemment.

    6) Le vtement de la mdium est serr au corps ; c'est une robe princesse avec un largepli Watteau derrire et un plus petit par devant, comme vous l'avez vu ; les plis sont fixs unvtement de dessous ajust, en shirting. Des vtements de ce genre sont ports quelquefois pardes dames des solennits. La couturire qui a fait ma robe prtend que ces plis ne pourraient

    pas tomber naturellement si on faisait un vtement de ce genre d'une autre manire ; du reste,elle ne saurait se figurer une autre faon. Une robe de ce genre ainsi faite, est trs difficile mettre. Ce n'est pas seulement sur mes observations que repose la preuve de l'exactitude dema description de cette robe faite ici, mais encore sur plusieurs conversations que j'ai eues l-dessus avec les dames Toppelius chez lesquelles Mme d'Esprance logeait.

    A la suite du soupon mis par le gnral Sederholm (dont il fit mention verbalementavant son article de journal ) on avait examin la robe et trouv qu'elle ne diffrait en rien dela faon dont elle devait tre faite, la chose considre au point de vue fminin. En d'autrestermes : les vtements de Mme d'Esprance n'avaient rien qui pt veiller le soupon ; ilstaient tout fait corrects.

    Si je pouvais, Monsieur le conseiller d'tat vous tre utile en vous donnant de plusamples explications, je considrerais toujours comme une amabilit de votre part de me poserdes questions et j'aurai grand plaisir vous communiquer tout ce que je puis.

    Bien vous,WERA HJELT

    Tmoignage de M. le capitaine d'tat-major Toppelius (Loriginal est en russe)

    .... Aprs que plusieurs personnes se furent approches de Mme d'Esprance pourexaminer la chaise il me le fut permis moi-mme.

    Mme d'Esprance prit mes mains et les fit passer sur son corps depuis les paules et lelong des deux cts en descendant ; tout coup, au lieu de sentir la continuation de son corps,

    je rencontrai un vide. Ensuite Mme d'Esprance conduisit mes mains sur le sige de la chaisejusqu'au dossier et je ne sentis rien autre que sa robe.

    L'espace entre le corps de la mdium et le sige de la chaise tait assez petit.Je me souviens que pendant tout ce temps, la mdium se trouvait dans une grande

    agitation. Je ne me suis pas dcid faire une investigation plus dtaille et suis retourn maplace.

    GUSTAVE TOPPELIUS, capitaine d'Etat-majorHelsingfors, 3/15 dcembre 1893

    - 22 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    23/78

    Tmoignage de M. le professeur Seiling15(Loriginal est en allemand)

    A. - Lettre de M. Seiling M. Aksalkow

    Monsieur,

    Si, bien qu'inconnu de vous, je me permets de vous envoyer l'explication suivante,c'est que Mme d'Esprance, votre amie, en a exprim le dsir, estimant que son contenu

    pourrait tre d'un grand intrt pour vous.Dans la sance spirite qui eut lieu, le 11 dcembre courant, dans ma maison avec Mme

    d'Esprance, il se passa entre autres le phnomne suivant :Vers la fin de la sance qui avait dur environ deux heures et demie, Mme d'Esprance

    la gauche de laquelle j'tais assis, donc tout prs du cabinet, me pria de tter le sige de sachaise mais en me laissant guider la main. Elle conduisit alors ma main par dessus tout lesige, et, mon grand tonnement, sans que j'aie rien peru de la partie infrieure de soncorps, tandis que je pouvais voir et sentir la robe, tendue sur la chaise. Retourn ma place,

    je vis Mme d'Esprance, durant un bon quart d'heure, en apparence comme si elle tait assisesur la chaise, avec, toutefois, la partie infrieure de son corps manquante, de manire que larobe pendait angle droit sur le bord du devant de la chaise.

    Afin de permettre un autre assistant d'examiner mieux ce phnomne, j'changeai maplace avec celle de cette personne qui tait situe plus vers le milieu du cercle ; aussi je ne pusobserver le retour du corps avec autant de nettet, que les personnes assises, de ct, parmilesquelles se trouvait ma femme qui assure avoir vu distinctement la partie du corps revenirgraduellement son tat normal.

    Il me parat mme digne d'tre mentionn que Mme d'Esprance a, dans cet tat, budeux fois de l'eau. L'clairage tait suffisant pour que la mdium pt tre peu prs aperuedes quinze places du demi-cercle.

    Comme je demandais plus tard Mme d'Esprance la raison pour laquelle j'avais dlaisser conduire ma main par la sienne, elle m'expliqua que la seule ide d'un mouvement dela chaise lui donnait des sueurs d'angoisse et que, dans ce cas, elle aurait certainementprouv une trs grande souffrance.

    Mon rapport sur toutes les sances en gnral qui ont eu lieu Helsingfors sera publifort probablement dans Die Ubersinnliche Welt 16. Veuiller agrer etc...

    Max SEILINGHelsingfors, le 4/16 1893

    B. - Lettre de M. Aksakow M. Seiling

    Saint-Ptersbourg, le 10/22 dcembre 1893

    Cher Monsieur,

    Je vous suis trs reconnaissant de votre lettre. Le fait est que les impressionssubjectives de Mme d'Esprance peuvent bien ne pas concider avec la ralit existante pournous. Voil pourquoi j'ai attendu avec impatience la confirmation par d'autres tmoins du

    phnomne remarquable de la disparition d'une partie de son corps une sance, phnomne

    15 Professeur de technologie mcanique, de l'enseignement gnral des machines et de cinmatique, l'colePolytechnique de Helsingfors.16 Il a paru depuis dans les fascicules de janvier et fvrier 1894.

    - 23 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    24/78

    ayant la plus grande signification pour la comprhension du phnomne de matrialisation ; ilest donc de la plus grande importance de l'tablir avec toute la plnitude possible des dtails.Dans la conviction que vous partagez compltement ce point de vue, je me permets dem'adresser vous avec la prire de vouloir bien me donner des rponses aux questionssuivantes :

    1) Sur quelle chaise tait assise Mme d'Esprance ? Ne pourriez-vous m'en donner ledessin ?2) Ne pourriez-vous pas aussi me donner un croquis en profil de la figure de la

    mdium ce moment l, ainsi que de la position de sa robe sur la chaise ?3) Quand Mme dEsprance vous a appel pour vous demander votre main, vous a-t-

    elle auparavant parl de la disparition de ses genoux, ou bien vous a-t-elle, fait directementpalper la chaise sans rien dire ? (ceci en cas de l'explication possible par une hallucinationsuggre)

    4) Quand vous passiez la main sur la chaise, avez-vous vu distinctement la partiesuprieure de son corps sur la chaise, ses mains, sa tte, et avez-vous parl avec elle ?

    5) Vous crivez : Elle conduisit ma main sur tout le sige . C'est un dtail fort

    important, car on pourrait dire que Mme d'Esprance avait plac ses jambes si habilement quesa jupe pouvait tomber plat sur une partie de la chaise, et pendre verticalement. C'est

    pourquoi toute la question se rsume par ceci : avez-vous tt toute la chaise, jusqu' sondossier, et avez-vous pntr avec votre main jusqu'en dessous de la partie suprieure ducorps de Mme d'Esprance ?

    6) Quel est le Monsieur auquel vous avez cd votre place pour qu'il observe sontour ? N'aura-t-il pas la bont de me donner son tmoignage l-dessus ?

    7) Je prie bien aussi Mme Seiling de me communiquer ses observations aussiexactement que possible sur la disparition et la rapparition du corps de la mdium.

    8) Quelles sont les personnes qui ont donn deux fois de l'eau la mdium, et peuvent-elles tmoigner de l'absence de son corps ? Car vous dites : en cet tat elle a bu deux fois del'eau.

    9) Et enfin, en vue de l'objection que Mme dEsprance se soit glisse adroitementderrire une chaise, en la recouvrant avec les plis de sa robe, je dois vous demander :

    a) La lumire tait-elle suffisante pendant toute la sance pour voir la mdium saplace, ou bien y a-t-il eu des moments o, la lumire tant plus attnue, Mmed'Esprance a pu se lever de sa place et entrer dans le cabinet sans treremarque ?

    b) Y avait-il un espace libre entre la chaise et le rideau du cabinet ?c) Quelqu'un a-t-il touch la partie suprieure du corps de la mdium, avec la chaise,

    tandis que ses jambes et ses pieds taient absents ?

    Je vous prie de m'excuser de cet interrogatoire importun ; mais j'ai d me le permettredans l'intrt de la cause qui m'est chre et de l'honneur personnel de Mme d'Esprance.Veuillez agrer, etc,...

    A. AKSAKOW

    C. - Rponse de M. Seiling M. Aksakow (Loriginal est en allemand)

    Helsingfors, 7 janvier 1894

    M. le conseiller d'tat,

    - 24 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    25/78

    Trs persuad de l'importance des raisons qui motivent l'interrogatoire circonstanciauquel vous me soumettez, je veux rpondre de mon mieux aux questions de votre lettre du10/22 dcembre 1893.

    1. et 2. - J'ai essay d'y rpondre par les esquisses ci-jointes. J'ai attach uneimportance capitale aux questions de mesure. Comme on le voit, la partie infrieure du

    dossier de la chaise est interrompue. La partie suprieure du corps de Mme d'Esprancen'avait pas toujours la position droite, telle qu'elle est dessine, mais elle tait, de temps autre, penche en avant, notamment pendant l'examen du dossier de la chaise, par lesassistants. Ici, dj je tiens observer qu'il tait impossible que la partie suprieure du corps,telle qu'elle est dessine et a t observe par moi avec exactitude (aussi bien de ct que plustard par devant), ait pu avoir la position normale d'une personne assise, si la partie infrieuredu corps avait t debout, derrire ou ct de la chaise.

    3. - Je ne souponnais rien lorsque Mme d'Esprance m'appela auprs d'elle et dit : - M. Seiling donnez-moi votre main et ttez la chaise . - Ce n'est qu'aprs avoir fait cela que

    je compris de quoi il s'agissait. 4. - Je dis involontairement : - Mme d'Esprance n'est pas assise sur la chaise, mais

    sa robe seulement est pose dessus , - justement parce que je ne sentais rien de son corps surla chaise. Il nest pas besoin, je crois, d'affirmer que, cependant, je pouvais voir,distinctement, toute la partie suprieure de son corps au-dessus du sige ; ce que chacun a pugalement voir trs suffisamment, du moins les personnes les plus voisines. J'ai aussi parlavec Mme d'Esprance.

    4. - La figure 3 montre jusqu' quel point j'tais en droit de dire que ma main a tt le

    sige tout entier ; la ligne en zig-zag correspond au chemin qu'a fait ma main qui se serait

    - 25 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    26/78

    trouve, par suite de cette opration, manifestement sous le corps de Mme d'Esprance. Lefait d'avoir retir ses jambes en haut doit tre absolument cart.

    Une chose m'a frapp aprs coup, lorsque j'ai eu le temps de peser toutes lescirconstances ; c'est qu'en ttant le sige, il me sembla sentir la robe seulement, qui tait d'unefine toffe de laine, sans aucun vtement de dessous ; au reste, j'ai pu me tromper, ou bien les

    vtements de dessous taient dmatrialiss en mme temps que son corps. 6. - La personne tait le docteur Hertzberg. J'ai dj tch de le voir pour luisoumettre votre demande, mais sans le trouver jusqu' prsent ; de toute manire, il laconnatra.

    7. - Une explication de ma femme est ci-jointe. 8. - L'eau fut remise Mme d'Esprance, une fois par moi, une autre fois par le

    docteur Hertzberg. Lorsque je mapprochai de Mme d'Esprance avec le verre d'eau, j'eus,pour la seconde fois, le mme spectacle que quand j'examinai la chaise pour la premire fois.

    9. - Le gnral Sederholm s'est imagin cette explication ; je dis imagin parce quedans cette sance il tait plac trop loin, et qu'il a, de plus, trop mauvaise vue pour avoir pufaire une observation exacte. Mlle Hjelt a suffisamment expliqu dans son rapport pourquoi il

    a cr voir Mme d'Esprance se soulever un peu.a) La lumire, une fois rgle, a t toujours la mme. Que, malgr tout, Mme

    d'Esprance ait pu faire un mouvement, c'est toujours une possibilit, parce que personnen'tait prpar l'arrive du phnomne. Par contre, si elle avait t debout derrire la chaise,il lui et t impossible de revenir y prendre sa place sans tre remarque.

    b) La chaise tait si serre contre les rideaux du cabinet quil ny avait l aucun espacelibre ; cependant, je pouvais distinctement voir qu'il n'y avait aucune connexion entre lachaise et le cabinet. Les principales raisons contre cette objection sont la position naturelle dela partie suprieure du corps quand il est assis, et l'impossibilit de revenir sa place,dmontre en a.

    c) Le capitaine Toppelius a, autant que je puis le savoir, palp la partie suprieure ducorps. Le docteur Herzberg et moi, nous ne lavons point fait.

    Avec lassurance de ma considration distingue, etc.,etc.

    MAX SEILING

    D. - Rapport complmentaire de M. Seiling(Loriginal est en allemand)

    Helsingfors, 15 janvier 1894

    Monsieur le Conseiller d'tat,

    J'espre avoir rpondu quelque peu vos dsirs17 par le rapport complmentaire de lasance du 11-12 dcembre 1893 qui suit. Vous y trouverez le dessin dsir, la description dela chambre, de l'clairage et du cabinet, de mme que l'indication des assistants et leurs

    places.

    EXPLICATION DU DESSIN

    L'appartement, dans lequel eut lieu la sance du 11 dcembre, se trouve situ audeuxime tage. L'entre de la salle manger, transforme en salle de sance, se fait par lesalon. Les deux battants de la porte du salon taient ouverts pendant la sance, mais la porte

    17Je lui avais crit pour le prier de me donner plus de dtails sur la sance, le plan de la chambre, les placesdes assistants, etc.

    - 26 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    27/78

    de la cuisine tait ferme clef. Il ne pouvait venir du salon qu'une faible lumire, car il n'taitpas clair, et les deux fentres taient peu prs closes par d'pais rideaux. Devant lesfentres de la salle manger se trouvent des petits rideaux de vitrage en tulle blanc, ainsi quedes stores blancs remonts. Ceux-ci n'taient baisss que devant la fentre de droite la plusrapproche du salon. La lumire principale venait de la rue, par la fentre de gauche. Il y avait

    de plus une petite lampe huile allume, et place dans la niche du pole ; les portes de laniche taient disposes comme sur le dessin ; la fente de devant tait couverte de papier rougeet celle au dessus avec le chle de Mme d'Esprance. Je pouvais distinctement voir la formede la tte et les mains de la mdium ; par contre, trs peu la coiffure parce que, de ma place,l'arrire-fond tait obscur.

    Il arrive tant de lumire de la rue que, lorsque les deux stores sont relevs, et quil nebrle aucune lumire dans la chambre, on peut trs bien se reconnatre deux mtres dedistance.

    - 27 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    28/78

    Le cabinet n'tait pas pos contre le mur parce que la glace qui s'y trouve est pourvued'une console. Il n'tait pas non plus pos au milieu entre les deux fentres, mais en face destrois personnes occupant le milieu du cercle, et dont la position a dj t donn. La largeur,la profondeur et la hauteur du cabinet taient de 120, de 60 et de 180 cent. ; il tait vide.

    Sur la petite table, ct de moi, se trouvait une carafe d'eau, une bougie (non

    allume), du papier et des crayons.Le capitaine Toppelius occupait, pendant la premire demi-heure, la place de son pre.Celui-ci peut donc aussi renseigner sur les mains qui taient tendues du cabinet.

    Les dimensions totales de la chambre et des meubles sont dessines dans leurproportion exacte, et l'chelle indique.

    RAPPORT

    La sance commena sept heures trois quarts et finit environ huit heures un quart.Une lampe allume tait sur la table, prs dit pole ; elle fut teinte aprs que toutes les

    personnes, y compris la mdium, eurent pris leurs places. La mdium portait une robe faon

    princesse, en laine trs claire et garnie de dentelles dans le haut. Pendant le premier quartdheure environ, l'clairage fut rgl, le store de la fentre de droite fut descendu et les portesde la niche du pole arranges et couvertes, comme il est indiqu sur le dessin. Les deux tiersdu temps que dura la sance furent occups chanter des airs populaires.

    Dix minutes environ aprs le rglage final de la lumire, le premier phnomne seprsenta : une main dans la fente du rideau, droite de l'extrmit du cabinet ; donc gauchede la mdium. Cette main allait et venait, disparaissait pour revenir se tendre nouveau. Ellefut prise par moi et par mes deux plus proches voisins ; elle tait de grandeur moyenne, nue,chaude et c'tait une main droite ; il tait donc impossible que ce fut celle de la mdium, caron pouvait voir celle-ci assise et immobile sur sa chaise. Aprs quelque temps je saisis pour laseconde fois une main qui me parut tre plus grande que la premire ; du moins elle tait pluschaude et serrait la mienne avec plus de cordialit.

    Plus tard il se montra dans la mme fente de rideau une forme entire et lumineusedont la figure ne pouvait cependant tre reconnue. Il me fut permis de couper un morceau duvoile de cet esprit. Cette circonstance vous a t exactement dcrite par Mlle Hjelt. Ce tissuest un crpe blanc d'une extrme finesse et de pure soie, ce que j'ai tabli par un examenmicroscopique et chimique. J'en joins ici un petit chantillon.

    Dj avant, mais surtout aprs cet pisode du voile, des mains se montrrent souvent l'autre extrmit du cabinet, serrant celles des personnes les plus rapproches ; plusieursreprises c'taient deux, mme trois mains ensemble. On me l'assura, du moins, car moi je n'enai rien vu :

    1

    0

    Parce que j'tais trop occup voir ce qui se passait mon extrmit de cabinet ;j'attendais toujours quelque chose.20 Parce que le fond tait tout fait sombre.30 Parce que le corps de la mdium y faisait peut-tre obstacle ; cause de cela je vis

    relativement peu l'pisode du papier et du crayon que Mlle Hjelt a dcrit dans tous ses dtails.Je vis seulement comment le papier disparut tout coup des genoux de la mdium, etcomment, au bout de quelque temps il revint du haut du cabinet (j'avais remis Mmed'Esprance un feuillet de papier et un crayon). Par contre, j'entendis le froissement du papier,aussi bien dans le cabinet qu'en dehors, et le bruit de l'criture venant du cabinet. Cettecriture directe d'esprit ressemble beaucoup l'criture indirecte obtenue dans d'autrescirconstances, Mme d'Esprance tenant elle-mme le crayon. Je joins ici un chantillon d'une

    de ces critures indirectes dont certaines lettres correspondent assez exactement avec l'criturede la mdium. Les paroles de cette criture directe : Je t'assisterai ! , se rapportent, selon

    - 28 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    29/78

    mon opinion, la mdium ; car le papier ne lui fut pas rendu, pour bien nous dmontrer quec'tait vraiment une criture directe.

    Dans le courant de l'aprs-midi, le gnral Toppelius dit Mme d'Esprance que, dansla sance prcdente, deux messieurs, avant accidentellement touch sa chaise, l'avaienttrouve vide ; ce que, pour ma part, je ne puis admettre, car, occupant la seconde place,

    partir du cabinet, j'avais sans cesse Mme d'Esprance sous les yeux. Cette observation paruttout fait incomprhensible Mme d'Esprance, et elle en fut tellement attriste que j'enaugurai mal pour la dernire sance. Mais il devait en advenir autrement : par ladmatrialisation partielle de Mme d'Esprance, il devait tre dmontr que le sige de lachaise pouvait tre vide sans que pour cela la mdium s'en ft loign. Une dmatrialisationaussi complte n'eut pas t aussi ncessaire pour un autre motif que pour celui-l ; car,

    pendant le phnomne, il ne s'est montr aucun fantme et il semblait n'y avoir que peu de viedans le cabinet. Assez longtemps avant ce phnomne de dmatrialisation je vis sortir unefigure de l'autre extrmit du cabinet, mais elle ne s'en loigna que d'un pas.

    Enfin, il faut encore remarquer qu' la fin de la sance, le cabinet avait chang deposition et recul de ct, peu prs comme cela est indiqu sur le dessin. Ce changement de

    position arriva principalement aprs le phnomne de dmatrialisation ; mais, djauparavant, j'avais observ des mouvements du cabinet.

    Veuillez agrer l'expression de ma haute considration.Votre tout dvou

    MAX SEILING

    E. Lettre de M. Aksakow M. Seiling(Loriginal est en franais)

    Saint-Ptersboug, le 11/23 janvier 1894

    Cher Monsieur,

    Il y a dans votre lettre du 15 janvier un dtail d'une trs grande importance.Etant gauche du mdium, vous avez pris une main droite. C'est donc un jugement

    absolu, seulement il faut le prciser. Comment avez-vous pu vous convaincre que c'tait unemain droite ; par les yeux ou le toucher ou par les deux sens la fois ? Etait-ce un simpleattouchement momentan (comme c'est le cas ordinairement), ou bien un serrement de mainen rgle, a shakehand comme disent les anglais ; c'est--dire avez-vous pass votre pouceentre le pouce et le dos de cette main droite, en pressant la paume de cette main avec vosautres doigts, comme cela se pratique ? Pouvez-vous tmoigner de tous ces dtails avec une

    parfaite conscience ? Car la preuve du fait serait alors dcisive.

    Et vos voisins : Mlle Tavaststjerna et M. Schoultz, peuvent-ils tmoigner de mme quec'tait bien une main droite ?Et puis, vous dites un peu plus loin Je saisis pour la seconde fois une main sans

    ajouter si c'tait de nouveau une main droite ?Voil le premier point ; le second et dernier dtail qui me manque, c'est une

    description de larrangement du cabinet. Comment avait-il t fait ? Dans le no 1 delUbersinnliche Welt , que je viens de recevoir ce dtail manque aussi, et il est ncessaire

    pour comprendre l'apparition des mains.Je crois que j'aurai bientt le plaisir de faire votre connaissance, car je vois qu'une

    visite Helsingfors mest indispensable pour lucider dfinitivement les phnomnesimportants de cette dernire sance et les opinions diverses qui s'y rapportent. Ainsi, j'ai vu

    dernirement le gnral Galindo ; il dit qu'il faisait si sombre qu'il n'a rien pu voir, bien qu'ileut t ct de Mlle Hjelt. Donc il me serait indispensable de reconstituer toutes les

    - 29 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    30/78

    conditions de l'clairage de la dernire sance pour que je puisse en juger de mes propresyeux. Auriez-vous la bont de me le faire voir si je venais Helsingfors ? Et aussi, est-il

    possible de rtablir, par exemple, si la lumire venant de la rue par la fentre, sans storebaiss, tait occasionne par un clair de lune et non par la lumire constante des rverbres dela rue ?

    En vous remerciant encore une fois de votre obligeance, je me permets comme vous levoyez, de vous importuner de nouveau, et sans crmonie, remettant le, reste jusqu'a notreentrevue !

    Veuillez agrer etc.A AKSAKOW

    F. - Rponse de M. Seiling(Loriginal est en allemand)

    Helsingfors, le 26janvier 1894

    Monsieur le Conseiller d'tat,

    Je suis trs heureux de pouvoir vous donner rponse de suite, ayant par suite del'ouverture du parlement une journe de libert.

    Je vous dois donc encore des explications sur deux points. L'un se rapporte lamanire dont j'ai pris la main. Les deux fois, c'tait bien vritablement une main droite, unshakehand comme vous le dcrivez dans votre lettre ; et comme vous pouvez uniquementchanger entre elles deux mains droites (ou deux gauches) il ne peut y avoir sur ce point lemoindre doute. C'tait une preuve absolue, autant qu'on pouvait la dsirer ! Le caractre desdeux shakehands tait cependant diffrent. La premire fois, la poigne de main taitsemblable celle d'une personne indiffrente ; la deuxime fois elle tait nergiquementcordiale. La deuxime main tait aussi plus chaude que la premire.

    Mlle Tavaststjerna que j'ai t voir aujourd'hui a senti tout fait pareillement et elle estprte jurer que c'tait une main droite.

    M. Schoultz, que j'ai t voir aussi, n'est pas aussi sr de son affaire parce que lespointes de ses doigts seulement furent presses par la main de l'esprit ; il n'changea du restepas de shakehand et n'eut affaire qu' la premire main.

    L'autre point se rapporte au cabinet. Celui-ci tait tabli avec un paravent 4 feuilles,de sorte qu'il tait deux fois plus large que profond ; afin de lui donner du soutien, on avaitattach en haut, par devant, un manche balai, au moyen de ficelles ; une couverture de lainele fermait par le haut, et deux plaids le fermaient par devant ; il y avait donc ainsi une entreau milieu et des deux cts. J'ai appel l'occasion fente de rideau ce passage de ct ;

    c'est par l que vinrent les mains, et elles taient une certaine hauteur, comme venant d'unepersonne qui se serait tenue debout. Dans le milieu, les plaids se croisaient un peu l'un surl'autre, d'environ 0, 15 cent.

    J'espre pouvoir rtablir exactement l'clairage de la chambre o a eu lieu la sance. Ilest vrai qu'en ce moment nous n'avons point de neige tandis qu'alors il y en avait beaucoup ;esprons qu'il en tombera d'ici votre arrive. La lune ne jouait aucun rle ; nous avions

    justement la nouvelle lune. Il faudra videmment prendre en considration ce point de vue lpour votre visite ici, car l'appartement est situ vers le Sud.

    Vous rencontrerez les diffrentes personnes ayant pris part la sance, sauf peut-trele gnral Toppelius qui occupait du reste une trs mauvaise place.

    Veuillez agrer l'assurance de ma plus haute considration. Votre tout dvou.

    MAX SEILING

    - 30 -

  • 8/6/2019 un cas de dmatrialisation

    31/78

    Tmoignage de Mme Hlne Seiling

    A. - Note de Mme Seiling(Loriginal est en allemand)

    Dans la sance qui a eu lieu le 11 dcembre 1893, dans notre maison, je n'ai pu, faute

    d'espace, prendre place dans le cercle proprement dit et je me plaai derrire la premire etdeuxime place, droite de la mdium. Comme je n'tais pas du tout prpare cettedmatrialisation partielle de la mdium, je n'ai pas observ la disparition des jambes ; je visseulement que Mme d'Esprance restait tout le temps assise sur sa chaise. Rendue attentive la chose par l'exclamation de mon mari lorsqu'il examina la chaise, j'ai, partir de ce moment,observ avec une rigoureuse attention, et je puis tmoigner que, durant un quart d'heure aumoins, il n'y avait rien voir de ses jambes, que la robe tait comme couche sur la chaise etqu'elle pendait angle droit jusqu'au sol.