Vrac d’un Plip

Un mur rapidos Un mur rapidos !!!!!!

J’expire sans contrôle !

Je suis debout ! Face à la pureté d’un mur… C’est le mien ! J’en suis sûr… Jai les mains encore rougies par les morsures du parpaing… Et mon dos… Cette face osseuse, colorée l’été, affiche quelques stigmates…Je suis devant le couchant et j’attends que ma besogne rejoigne le levant à heure dite…

J’expulse sans contrôle !

Mon voisin est dehors… Il tempête dans l’hiver en fête :« C’est de la racaille qui est empilée devant mon jardinet… »

Moi ! J’y réponds :« J’y suis pour rien… C’est durant la nuit ! Je dormais paisiblement sous mes draps… » En moi, je sais qu’il n’y a rien à comprendre.

J’expire sans hasard.

Je pourrais bien dialoguer avec lui. Mais je perçois quelques effluves haineux ! Alors je tourne le dos et caresse l’épiderme rocailleux de ma muraille.

C’est ma protection… Je suis totalement conscients que ma position est éphémère ! Je m’en moque, je supporte très bien le provisoire.

J’expulse sans hasard.

La solidité de cette face est réconfortante. La rugosité de sa peau gratouille le bout de mes doigts, j’ai envie de rire… Mais mon voisin est tout proche…. Il ne comprendrait pas ? Il n’est pas ignare seulement un peu rustre, les finesses de ma maçonnerie ne le touche pas ! Cela est bien dommage.

J’expire sous l’azur…

Pour lui, ce mur ne représente rien… Juste une ombre sur sa pelouse, juste une barrière pour son horizon, juste un objet séparant deux mondes…

Dans mon intérieur, je souris ! Je sais qu’il ne peux déceler le devant du derrière de ma superbe muraille…

J’expulse sans allure…

Il suffirait qu’il me demande… Qu’il pose sur son banc sa fierté, qui entre sa chemise dans son pantalon et qu’il éteigne son mégot. Il pourrait, s’il le voulait, prendre une voix tendre et solliciter un éclaircissement. Trop dédaigneux il préfère crachoté sur ma façade.

J’expire par certitude

En cet instant unique, j’efflores les veines figées de l’édifice… Du ciment durci ! Retenant le dessus au dessous. Je n’entends plus les ordres de mon adjacent bipède. Peut être hurle–t-il ? Qu’importe… Je songe déjà à demain ! Je sais parfaitement comment je vais utiliser ce support fantastique.

J’expulse périodiquement

Satisfait de ma construction je me retourne et là… Devant moi ! Un attroupement… Des hommes ! Une douzaine de voisins tous plus menaçant les uns que les autres. Ils ont tous un regard venimeux.

Pourquoi ce meeting ? En quelle honneur ? Veulent-ils glorifier mon édifice ?

Le temps d’une expiration

Je n’ai pas le temps de trouver réponse à mes questions que déjà les voici en ligne… C’est mon plus proche voisin qui dirige le groupe. Ils ont chacun un fusil… Je ne pense plus je me suis reculé au plus près de mon mur…

Je n’entends pas la détonation qui gronde rapidement. Les impacts brisent la pureté de la face de mon mur et moi…

Dernière expulsion

Je me répands sur le sol après avoir souillé mon rempart… Une dernière fois je regarde ma construction… Elle est devenue passoire et le jour s’infiltre par les trous des projectiles… Tandis que moi ! C’est la nuit qui s’infiltre en moi… Une nuit sombre ma dernière nuit ! Sans rêve… Sans cauchemar… Sans retour.