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UN "POÈME" INÉDIT DE HENRY MONNIERAuthor(s): Maurice GendronSource: Nineteenth-Century French Studies, Vol. 6, No. 1/2 (Fall-Winter 1977-1978), pp. 108-110Published by: University of Nebraska PressStable URL: http://www.jstor.org/stable/23536701 .
Accessed: 15/06/2014 13:20
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UN "POEME" INÉDIT DE HENRY MONNIER
Maurice Gendron
Les frères Goncourt mentionnent à plusieurs reprises dans leur
Journal leurs rencontres avec Henry Monnier. Un jour (18 mai, 1864) après que Monnier leur a rendu visite et qu'il a fait pour eux "son
admirable personnage du maquereau Boireau en société" les Gon court déclarent: "C'est vraiment le photographe de la fange." Mon nier avait déjà publié ses Bas-fonds de la société et L'Enfer de Joseph Prudhomme où il devenait vraiment ce "photographe de la fange."
Quelques années plus tôt, parlant de l'art français du XVIIIe siècle comme étant "le seul art, qui, depuis les priapées de Pompéi, ait avoué la libidinerie humaine..." ils déclarent dans un paragraphe suivant :
Le Paradis, voici ce que ce devrait être pour les hommes de lettres : les saints
et les anges chantant divinement quelque chose sur des harpes éolien
nes, et tous les auteurs entendront leurs livres, Hugo disant: "Ce sont mes
vers," et Monnier disant : "C'est ma 'pierreuse.' "1
M. Robert Ricatte, l'éditeur du Journal avoue dans une note ne point connaître "de sketch de Monnier qui porte ce titre ou dont le person nage principal soit ainsi désigné." Or, voici un texte inédit, écrit à la main, signé Henry Monnier qui porte ce titre:
La Pierreuse
Viens par ici, viens mon p'tit homme,
N'y a pas tant d'merd, on n'y voit rien.
Déboutonn' toi, tu verras comme
J's'rai bonne enfant, j't'amuserai bien
Tu m'foutras six sous pour la peine. Arrive ici pour que j'te l'prenne.
1 De Goncourt, Edmond et Jules, Journal, Robert Ricatte, éd., Paris:
Fasquelle et Flammarion, 1956, Vol. I, pp. 293-4.
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Un "poème" inédit de Henry Monnier 109
Chut! un'patrouille, attends moi là
Enteurtiens ti pendant c'temps là.
C'est des marlous, n'y prends pas garde Viens que j'te magne ton outil.
J'croyais d'abord qu'c'était la garde. Y bande encore... est il gentil. Va ferme que rien ne t'arrête
Fais moi cadeau d'ta p'tit' burette.
Chut ! un' patrouille ...
J'ai bien d'ia chance, tout de même
T'as du beau linge, es-tu marié?
T'es bel homm' t'as des yeux que j'aime, Avoue moi qu' t'est un épicier T'es p't être un député d'ia chambre,
Jouis-tu, cochon? Ah! le beau membre
Chut ! un' patrouille ...
C'est des boueux d'ma connaissance
Mais, par ous donc qu'il est passé
Que j'y finisse sa jouissance. à un passant
C'est i vous, M'sieur qu'j'ai commencé?
C'est pas lui. Quien! c'est drôle tout d'même
Faut croir' qu'i s's'ra fini soi même.
Ah! j'suis volée pour ce coup là
Faut pas d'crédit dans c'métier là.
Ce texte est inséré dans l'édition des Bas-fonds de la société, par Henry Monnier, avec un frontispice du lundi dessiné et gravé par S. P. Q. R., sur l'imprimé à Paris chez J. Claye, Amsterdam, 1864.
Cette édition a été tirée à 140 exemplaires numérotés et paraphés.
L'exemplaire que nous citons porte le No 4 et immédiatement des sous les initiales F S.2 Le texte 'La Pierreuse' est inséré dans les pages numérotées à la main qui suivent la Table des Matières.
L'attribution de ce texte à Henry Monnier est assez facile surtout
lorsqu'on connaît la pièce Deux Gougnottes, sténographie de Joseph Prud'homme, élève de Brard et Saint-Omer, expert en écritures as
sermenté près les cours et tribunaux, avec un portrait calligraphié de l'auteur, et un frontispice révoltant dessiné et gravé par S. P. Q. R.,
2 Ce volume se trouve à la bibliothèque de l'Université du Wisconsin.
PQ 2366, M 42, B 3.
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110 Nineteenth-Century French Studies
1 vol. in-8°, tel qu'annoncé à la fin de ce volume des Bas-fonds de la
société.
On sait que Monnier récitait souvant ses scènes dans des réunions,
des soupers avant de les publier. Monnier ne voulait pas non plus
être reconnu comme l'auteur de pièces licencieuses ainsi qu'en té
moigne l'auteur de l'Histoire du Théâtre Erotique de la rue de la
Santé.3 Monnier avait lui-même fait parler les trois personnages de
la comédie "La Grisette et l'étudiant" dont il "répudiait énergique ment la paternité". Or, cette pièce avec "Deux Gougnottes" parut
dans un volume intitulé L'Enfer de Joseph Prudhomme qui eut plu sieurs éditions.
Ce n'est pas sans raison que Monnier répudiait la paternité de
ces pièces car les diverses éditions de Les Bas-fonds de la société
furent condamnées à être détruites par jugement du Tribunal correc
tionnel de la Seine, le 12 mai 1865 "pour outrages à la morale pu
blique". 4 L'Enfer de Joseph Prudhomme subit le même sort par juge ment du Tribunal de Lille, en date du 6 mai 1868 et l'éditeur
Poulet-Malassis condamné à un an d'emprisonnemeent et 150 francs
d'amende.
California State University, Fresno
3 G. Apollinaire, F. Fleuret, L. Perceau, L'Enfer de la Bibliothèque Nationale, Genève: Slatkine, 1970, No. 146, p. 105.
4 Drujon, Fernand, Catalogue des ouvrages, écrits et dessins de toute nature poursuivis ou condamnés depuis le 21 octobre 1814 jusqu'au 13 juillet 1877, Paris: Rouveyre, 1879, pp. 46, 49, 143.
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