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E n 2009, dans le cadre du Grenelle de l’envi- ronnement et afin de moderniser le service public de l’électricité, le gouverne- ment a décidé de lancer des appels à projets à destina- tion d’investisseurs potentiels pour la production d’énergies renouvelables, l’objectif étant d’augmenter leur part dans la production d’électricité. C’est ainsi que le Ministère de l’Ecologie du Développement Durable a édité un cahier des charges pour l’installation de parcs éoliens en Corse et dans plusieurs îles d’outremer. Une première tranche concerne Saint-Martin, intégré à la Guadeloupe et Saint-Barthé- lemy, pour l’implantation, au plus, de trois projets d’une capacité totale de production de 20 MW maximum. MG Energy, une société martini- quaise « intervenant dans le domaine des énergies dans les Caraïbes » a donc entrepris de répondre en présentant un projet de centrale éolienne de 10 MW à Tintamarre, projet sur lequel nos élus ont émis un avis favorable le 19 avril dernier en Conseil Exécutif. «Un projet qui ouvre le débat» Avant de se prononcer sur le projet, les élus ont eu plu- sieurs jours pour étudier la proposition faite par MG En- ergy. Et si à l’issue de la dé- libération c’est bien un avis favorable qui a été donné, «voire une extension possible de la capacité prévue », il a été assorti de recommandations, notamment celle de la réali- sation d’une étude d’impact environnementale, «même si la loi ne l’exige pas ». En effet, il apparaît que l’installation d’éoliennes dont les mâts me- surent moins de 50 mètres de haut ne sont pas soumise à cette étude, mais à simple «notice d’impact», beaucoup moins contraignante du point de vue de l’investisseur. Selon Pierre Aliotti, vice-président en charge de l’environnement, «ce dossier est intéressant car il ouvre le débat », mais il re- connaît avoir un «sentiment mitigé ». En effet, s’il connaît la richesse naturelle de Tin- tamarre (il est vice-président de la Réserve Naturelle) et les conséquences possibles de l’implantation d’un parc éo- lien, il n’ignore pas non plus qu’il «faudra s’engager pour l’avenir » dans le domaine des énergies renouvelables qui devront fournir 20% de nos besoins à l’horizon 2020, se- lon les objectifs du Grenelle de l’environnement. Grosses réserves à la Réserve Hier, du côté de la Réserve Naturelle, le directeur Ro- main Renoux s’est déclaré «dubitatif et inquiet » à l’an- nonce de ce projet, d’autant qu’il n’a pas été consulté, alors même que Tintamarre se trouve dans la zone protégée. De plus, son pourtour, dans la zone des 50 pas géomé- triques (env. 80 m), est réputé «inaliénable et imprescriptible » et appartient au Conserva- toire du Littoral depuis 2007, et selon Romain Renoux, ja- mais cette institution n’a ac- cordé la moindre concession à ce type d’installation sur les 125000 ha dont elle est propriétaire sur le territoire national. Par ailleurs, il s’in- terroge à propos des câbles sous-marins qui transporte- ront l’électricité produite et qui devraient nécessairement passer par la Réserve Natu- relle, ce qui est impossible au regard du décret ministé- riel qui définit justement la zone protégée. Enfin, Romain Renoux redoute «l’effet d’au- baine » que constitue ce type de projets pour les investis- seurs, plus alléchés par les fortes exonérations fiscales dont ils bénéficieront que par une quelconque démarche environnementale. Il ajoute que «ce n’est pas la somme des effets d’aubaine qui définit une politique énergétique », politique qu’il appelle de ses vœux, afin que «Saint-Martin définisse elle-même sa propre offre plutôt que d’attendre les propositions d’opérateurs ex- térieurs ». Même réaction soucieuse de Bulent Gulay, président de l’association des professionnels de la mer Mé- timer, qui appelait hier «tous les opposants à ce projet com- plètement insensé […] à en soutenir l’annulation ». Pas de doute, à peine annoncé, ce projet provoquent déjà des réactions épidermiques et il devrait alimenter l’actualité dans les semaines à venir... Le Pélican - 1710 Mercredi 27 Avril 2011 SAINT-MARTIN A LA UNE 3 Un projet d’éoliennes qui va faire des vagues PH.B ENERGIE RENOUVELABLE. Tintamarre. Lors du Conseil Exécutif qui s’est tenu le 19 avril dernier, les élus ont donné un avis favorable pour l’installation d’un parc d’éoliennes sur l’îlet Tintamarre. Du côté des protecteurs de la nature et des «amoureux de la mer», la nouvelle provoque inquiétude et incrédulité.

Un projet d'éoliennes qui va faire des vagues

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En 2009, dans le cadre du Grenelle de l’envi-ronnement et afi n de

moderniser le service public de l’électricité, le gouverne-ment a décidé de lancer des appels à projets à destina-tion d’investisseurs potentiels pour la production d’énergies renouvelables, l’objectif étant d’augmenter leur part dans la production d’électricité. C’est ainsi que le Ministère de l’Ecologie du Développement Durable a édité un cahier des charges pour l’installation de parcs éoliens en Corse et dans plusieurs îles d’outremer. Une première tranche concerne Saint-Martin, intégré à la Guadeloupe et Saint-Barthé-lemy, pour l’implantation, au plus, de trois projets d’une capacité totale de production de 20 MW maximum. MG Energy, une société martini-quaise « intervenant dans le domaine des énergies dans les Caraïbes » a donc entrepris

de répondre en présentant un projet de centrale éolienne de 10 MW à Tintamarre, projet sur lequel nos élus ont émis un avis favorable le 19 avril dernier en Conseil Exécutif.

«Un projet qui ouvrele débat»

Avant de se prononcer sur le projet, les élus ont eu plu-sieurs jours pour étudier la proposition faite par MG En-ergy. Et si à l’issue de la dé-libération c’est bien un avis favorable qui a été donné, «voire une extension possible de la capacité prévue », il a été assorti de recommandations, notamment celle de la réali-sation d’une étude d’impact environnementale, «même si la loi ne l’exige pas ». En eff et, il apparaît que l’installation d’éoliennes dont les mâts me-surent moins de 50 mètres de haut ne sont pas soumise à cette étude, mais à simple

«notice d’impact», beaucoup moins contraignante du point de vue de l’investisseur. Selon Pierre Aliotti, vice-président en charge de l’environnement, «ce dossier est intéressant car il ouvre le débat », mais il re-connaît avoir un «sentiment mitigé ». En eff et, s’il connaît la richesse naturelle de Tin-tamarre (il est vice-président de la Réserve Naturelle) et les conséquences possibles de l’implantation d’un parc éo-lien, il n’ignore pas non plus qu’il «faudra s’engager pour l’avenir » dans le domaine des énergies renouvelables qui devront fournir 20% de nos besoins à l’horizon 2020, se-lon les objectifs du Grenelle de l’environnement.

Grosses réservesà la Réserve

Hier, du côté de la Réserve Naturelle, le directeur Ro-main Renoux s’est déclaré

«dubitatif et inquiet » à l’an-nonce de ce projet, d’autant qu’il n’a pas été consulté, alors même que Tintamarre se trouve dans la zone protégée. De plus, son pourtour, dans la zone des 50 pas géomé-triques (env. 80 m), est réputé «inaliénable et imprescriptible » et appartient au Conserva-toire du Littoral depuis 2007, et selon Romain Renoux, ja-mais cette institution n’a ac-cordé la moindre concession à ce type d’installation sur les 125000 ha dont elle est propriétaire sur le territoire national. Par ailleurs, il s’in-terroge à propos des câbles sous-marins qui transporte-ront l’électricité produite et qui devraient nécessairement passer par la Réserve Natu-relle, ce qui est impossible au regard du décret ministé-riel qui défi nit justement la zone protégée. Enfi n, Romain Renoux redoute «l’eff et d’au-baine » que constitue ce type

de projets pour les investis-seurs, plus alléchés par les fortes exonérations fi scales dont ils bénéfi cieront que par une quelconque démarche environnementale. Il ajoute que «ce n’est pas la somme des eff ets d’aubaine qui défi nit une politique énergétique », politique qu’il appelle de ses vœux, afi n que «Saint-Martin défi nisse elle-même sa propre off re plutôt que d’attendre les propositions d’opérateurs ex-térieurs ». Même réaction soucieuse de Bulent Gulay, président de l’association des professionnels de la mer Mé-timer, qui appelait hier «tous les opposants à ce projet com-plètement insensé […] à en soutenir l’annulation ». Pas de doute, à peine annoncé, ce projet provoquent déjà des réactions épidermiques et il devrait alimenter l’actualité dans les semaines à venir...

Le Pélican - 1710 Mercredi 27 Avril 2011 SAINT-MARTIN A LA UNE 3

Un projetd’éoliennes qui va faire des vagues

PH.B

ENERGIE RENOUVELABLE. Tintamarre. Lors du Conseil Exécutif qui s’est tenu le 19 avril dernier, les élus ont donné un avis favorable pour l’installation d’un parc d’éoliennes sur l’îlet Tintamarre. Du côté des protecteurs de la nature et des «amoureux de la mer», la nouvelle provoque inquiétude et incrédulité.