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© ANOLIR www.anolir.org - [email protected] 1 UN RESERVISTE A SANDHURST Par le Slt (R) Victor FEVRE Pour la première fois, un réserviste opérationnel a suivi la formation britannique d’officier de réserve à la Royal Military Academy Sandhurst. À l’heure où la France se rapproche du Royaume-Uni ce complément à la formation délivrée à Saint-Cyr est utile ; le SLT (R) Victor Fèvre du 516 ème Régiment du Train témoigne. [Ndr : Ce témoignage a été mis en ligne sur le site de la Revue de Défense Nationale en janvier 2011, nous y avons ajouté des photos et un autre article rédigé en Anglais et publié dans le journal The French paper (http://www.thefrenchpaper.com/ ), « France's quality English language newspaper ».] Afin de bien comprendre ce qui va suivre, il faut que j’explique brièvement mon parcours militaire, qui est un bon exemple de celui des jeunes « issus du civil » selon l’expression consacrée et qui n’ont jamais fait leur service national. Après une PMS (Préparation Militaire Supérieure) en 2007, je me suis engagé au 516 ème Régiment du Train. Ayant mon baccalauréat, j’ai fait ma FIE (Formation Initiale à l’Encadrement) à l’École Nationale des Sous-Officiers d’Active en 2008. En avril 2009, ayant le niveau licence (BAC+3), j’ai fait la FIOR (Formation Initiale d’Officier de Réserve) à l’École Spéciale Militaire de Saint -Cyr. Là-bas, un cadet britannique de la TA (Territorial Army, leur réserve opérationnelle), a suivi toute la FIOR avec nous. Cela m’a donné l’idée d’aller à Sandhurst et il s’est avéré que personne ne s’était jamais porté volontaire.

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UN RESERVISTE A SANDHURST

Par le Slt (R) Victor FEVRE

Pour la première fois, un réserviste opérationnel a suivi la formation britannique

d’officier de réserve à la Royal Military Academy Sandhurst. À l’heure où la France se rapproche du Royaume-Uni ce complément à la formation délivrée à Saint-Cyr est utile ; le SLT (R) Victor Fèvre du 516ème Régiment du Train témoigne.

[Ndr : Ce témoignage a été mis en ligne sur le site de la Revue de Défense Nationale en janvier 2011, nous y avons ajouté des photos et un autre article rédigé en Anglais et publié dans le journal The French paper (http://www.thefrenchpaper.com/), « France's quality English language newspaper ».]

Afin de bien comprendre ce qui va suivre, il faut que j’explique brièvement mon

parcours militaire, qui est un bon exemple de celui des jeunes « issus du civil » selon l’expression consacrée et qui n’ont jamais fait leur service national. Après une PMS (Préparation Militaire Supérieure) en 2007, je me suis engagé au 516ème Régiment du Train. Ayant mon baccalauréat, j’ai fait ma FIE (Formation Initiale à l’Encadrement) à l’École Nationale des Sous-Officiers d’Active en 2008.

En avril 2009, ayant le niveau licence (BAC+3), j’ai fait la FIOR (Formation Initiale d’Officier de Réserve) à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Là-bas, un cadet britannique de la TA (Territorial Army, leur réserve opérationnelle), a suivi toute la FIOR avec nous. Cela m’a donné l’idée d’aller à Sandhurst et il s’est avéré que personne ne s’était jamais porté volontaire.

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C’est ce que j’ai donc fait, m’étant dit que (1) les engagements purement nationaux étaient terminés, (2) à l’heure du retour français dans la structure militaire intégrée de l’OTAN et (3) la défense britannique est comparable à la nôtre. On m’a alors proposé de venir au stage britannique d’officier de réserve, le TACC (Territorial Army Commissioning Course, l’équivalent de notre FIOR). Après avoir suivi en 2010 le SITEM (Stage d’Initiation aux Techniques d’État-Major), je suis allé au TACC du 11 septembre au 2 octobre 2010.

1. Accueil Par courrier électronique, on m’a communiqué des éléments sur les « 7

questions », pour que je sache comment les britanniques préparent leurs missions. En effet, les britanniques utilisent 7 questions, qui remplacent notre méthode de raisonnement tactique (MRT), de raisonnement global (MRG), d’élaboration d’une décision opérationnelle (MEDO) et de planification opérationnelle (MPO).

Lors du stage, j’étais traité comme un cadet britannique – aucun traitement de faveur n’a été fait, et on exigeait de moi le même niveau à l’entrée que les stagiaires britanniques, ce qui était donc plus difficile pour moi, n’ayant pas le même parcours. J’avais les mêmes droits et devoirs qu’un élève britannique. En revanche, je portais mes galons de sous-lieutenant français (alors que j’avais proposé de les enlever).

En tant que stagiaire français, je portais l’uniforme français (treillis, TDF). On a fait preuve de compréhension quant aux spécificités de mon uniforme, par exemple on n’a pas exigé que mes rangers soient aussi brillantes que les rangers britanniques (qui ont un revêtement spécial, on dirait qu’elles sont laquées lorsqu’elles sont cirées). Mais j’ai dû apprendre le plus rapidement possible tout l’ordre serré britannique, statique et dynamique, ainsi que saluer et répondre à l’anglaise.

D’un point de vue linguistique, le stage a été d’une difficulté certaine. Alors que je maîtrise très bien la langue anglaise, l’apprentissage de l’argot militaire britannique est ardu. Le plus difficile est l’adaptation constante aux différents accents des instructeurs, qui sont très marqués (Pays de Galles, Yorkshire, Écosse, Irlande du Nord…). J’avoue ne pas avoir compris au début tout ce qui m’était dit – ou plutôt crié, car telle est la pédagogie britannique – et j’ai dû compter beaucoup sur mes camarades de ma section au début du stage pour faire correctement tout ce qui était attendu de moi.

2. Déroulé du stage Le stage TACC est divisé en deux modules : un premier module d’une semaine

pour réviser les fondamentaux, notamment le combat au niveau groupe (« section » en anglais) et un second module de deux semaines pour évaluer la compétence opérationnelle du futur officier, chef de peloton. Nous étions 84 élèves, répartis en trois sections, chacune ayant un chef de peloton et un sous-officier. S’ajoutaient des instructeurs ad hoc. Les forces adverses étaient des Gurkhas, issus d’une compagnie du Royal Gurkha Rifles Regiment.

Nous logions dans un bâtiment à deux étages, dans des chambres individuelles. Le réveil était à notre charge, nous étions très autonomes. Nous n’avions pas de travaux d’intérêt généraux à faire, des femmes de ménage passaient pour nettoyer le bâtiment et les sanitaires, une fois par semaine aussi nos chambres. À la fin du service, tout déplacement à l’intérieur ou à l’extérieur du camp devait se

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faire en costume. Les nuits étaient relativement longues, il était facile de dormir au moins six heures lorsque nous étions en baraquements, même si le terrain s’est avéré beaucoup plus rustique.

Nous avons eu deux journées de prise en main, avec des conférences sur les réserves britanniques, les valeurs de l’armée britannique et de vagues notions de pédagogie et de commandement. Un test de topographie relativement poussé a immédiatement été réalisé, ainsi qu’une instruction sur le fusil d’assaut SA-80, où j’ai été pris à part comme j’avais signalé en amont que je ne connaissais pas cette arme. Mais ensuite, les exercices ont commencé.

Tout d’abord, il y a eu un exercice où il s’agissait de résoudre des problèmes en groupe, en franchissant des portions du parcours d’obstacles (obstacles nautiques notamment). Le sens pratique était moins évalué que l’aptitude au commandement.

Le lendemain, la course d’orientation, a eu lieu dans le camp d’entraînement « Barossa » de Sandhurst/Camberley1. Il s’agissait de repérer sur la carte le plus de balises possibles en l’espace de quatre minutes grâce à des coordonnées décamétriques, chacune accordant un certain nombre de points. Ensuite, nous avions 80 minutes de course (en treillis-rangers) pour tenter de passer le plus possibles de ces balises avec un compteur électronique pour éviter la triche. Les résultats ayant été affichés plus tard, j’ai eu la satisfaction de voir que j’étais 10ème sur les 84 cadets dans cette épreuve.

Le même jour, nous avons eu un rappel de la méthode de raisonnement

tactique britannique, les « 7 questions » pour aboutir à notre ordre initial. Après un WINGO la veille au soir et avoir renseigné la carte, nous sommes partis sur le terrain, où nous avons reçu l’ordre initial du commandant d’unité. Ensuite, nous avons déroulé les 7 questions :

1. Que fait l’ennemi, et pourquoi ? 2. Que dois-je faire, et pourquoi ? 3. Quels effets est-ce que je veux avoir sur l’ennemi ? 4. Où et quand puis-je réaliser aux mieux ces effets ? 5. De quoi ai-je besoin ? 6. Où et quand vont avoir lieu les actions ? 7. Quelles mesures de contrôle ? Le but de mon document n’est pas d’expliquer en détail

ce que veulent dire ces questions, mais voici la méthode de raisonnement tactique et opérative britannique. En répondant aux différentes composantes de ces questions, je prends en considération tout l’environnement, tous les paramètres à prendre en compte pour bien réaliser ma mission et un moyen d’action privilégié se dégage peu à peu.

Nous avons alors rédigé notre ordre initial du chef de section, à l’aide du « TAM » (Tactical Aide-Mémoire), omniprésent et obligatoire dans notre paquetage, et qui reprend toutes les composantes des missions et la méthode des 7 questions.

Alors, nous avons dû construire notre « caisse à sable », et simuler la transmission des ordres à nos chefs de groupe. Tout au long de l’exercice, les cadres nous faisaient des remarques pour nous indiquer qu’est-ce que nous devions travailler.

1 C’est là que se sont entraînés au début les premiers commandos français sous Kieffer

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Après avoir perçu un complément de paquetage (sacs, sac de couchage, tapis de sol, gourdes, gamelles etc.), nous sommes partis pour le premier. L’exercice entier était en ambiance tactique, avec sur l’homme : treillis, rangers, casque lourd, gilet pare-éclats, bretelles de suspension avec deux gourdes pleines, gamelles, ration de combat pour 24 heures, couverts, kit de nettoyage de l’arme, grenades, quatre chargeurs pleins, SA-80, musette remplie d’une polaire, d’un ensemble gore-tex, d’une bâche, d’une pelle, d’un réchaud, de munitions supplémentaires et éventuellement de radios, de jumelles et d’appareils de vision de nuit.

Nous avons fait seulement du combat de groupe le jour, en alternant les postes à responsabilité : chef de groupe (qui est en même temps chef d’équipe) et adjoint (l’autre chef d’équipe), chaque groupe de combat étant constitué de deux équipes de quatre hommes. L’atmosphère était très éprouvante, car nous devions sans relâche attaquer le sommet des collines, redescendre, et prendre d’assaut la prochaine. La nuit, nous faisons des patrouilles d’éclairage (ambiance furtive) et de reconnaissance offensive en section. Nous avions aménagé pour la nuit un bivouac tactique (« harbour ») de niveau section. Tout était codifié, selon les directives toutes armes, aucune entorse à la règle n’était permise : même la manière de tendre la bâche ou de poser son sac était réglementée. Chaque matin, le camp devait être levé avant l’aube, pour le réaménager le soir (creuser des trous de combat pour les observateurs, des trous pour dormir, des trous pour le chef et sa radio, une caisse à sable, le tout dans un triangle préalablement reconnu…). Cette routine contraignante et pas toujours intelligente au sens opérationnel servait justement à éprouver les caractères faibles, et améliorer la cohésion de la section et le contrôle mutuel.

À la fin de l’exercice, tout le monde était vraiment éprouvé physiquement et les

premiers abandons avaient déjà eu lieu. Le soir du retour, nous avons eu droit à une alerte incendie d’exercice, marquant bien la fin du premier module.

Il y a eu ensuite quatre jours de répit, de remise en condition et de préparation pour le prochain exercice, de sept jours. Nous avons fait un test de transmissions, de premiers secours de combat, des tests sportifs, des revues de paquetage et un service religieux (office anglican ou messe catholique).

L’exercice final, intitulé « Iceni Warrior »2 a duré sept jours et sept nuits, le tout

en ambiance tactique. Même si le camp était assez plat cette fois-ci, le temps était particulièrement

mauvais, frais et imprévisible, à cause de la proximité avec la Mer du Nord. Les missions étaient du combat de niveau section, avec beaucoup de franchissements de coupures humides, alternés par des patrouilles d’éclairage ou de reconnaissance offensive la nuit, pour aboutir le dernier matin, par une attaque de la compagnie dans son entier. Pendant les dernières 24 heures, tous les cadres sont partis à leur poste de commandement et ont laissé tous les élèves en autonomie presque complète, à eux de gérer la vie de camp, l’entraînement pour accomplir la mission finale : l’attaque d’une ferme isolée. Tous les postes à responsabilité avaient été confiés aux élèves les plus prometteurs, surtout ceux de commandant d’unité et d’adjudant d’unité, que les potentiels majors de promotion ont dû assurer au pied levé.

Si le major de promotion s’est distingué lors de ces 24 heures, le retour du

terrain n’a pas signifié pour autant la fin du stage. Le soir même, nous avons encore

2 En hommage à la tribu des Iceni qui habitaient la région près de Norwich où a eu lieu l’exercice, et

d’où était issue Boudicca, célèbre bretonne ayant mené une révolte contre Rome

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eu une alerte incendie. La remise en condition était particulièrement laborieuse, tout l’équipement étant extrêmement sale et mouillé, mais devant être réintégré propre et sec. Le lendemain, les derniers élèves qui n’avaient pas fait preuve d’un niveau suffisant lors de l’exercice final ont dû quitter le stage, trois jours avant la fin.

Il y a eu encore des conférences, sur la guerre de mouvement, le droit des conflits armés sanctionné par un autre test. Un soir, nous avons eu un dîner formel, considéré également comme un test, comme les élèves, malgré leur fatigue, devaient se montrer courtois, élégants et intelligents. La journée, nous faisons beaucoup d’ordre serré, pour nous entraîner au défilé final. Le soir, nous devions cirer nos chaussures sous l’œil attentif des sous-officiers et le tout dernier soir, nous avons encore dû nettoyer complètement nos armes pour ne pas relâcher la pression.

Enfin, lors du dernier jour, les proches que nous pouvions inviter sont arrivés, et

nous les avons guidés jusqu’à la chapelle du camp, où a eu lieu un office. Ensuite, après une courte pause café, le défilé final, avec une inspection par un général de division, s’est clôturé par la fameuse montée des marches d’Old College. J’y ai participé en TDF, et l’officier de liaison français auprès du ministère de la défense britannique m’avait fait l’honneur de venir également. Nous avons déjeuné ensuite dans Old College de manière formelle, à la table d’honneur.

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3. Comparaison FIOR – TACC

Critère FIOR TACC

Taux de sélection 1 sur 20 16 sur 84

Age Entre 19 et 40, moyenne 30

Entre 18 et 35, moyenne 20

Niveau physique Effort soutenu mais graduel

Niveau très élevé, pas d’effort progressif

Fatigue Fatigue morale Fatigue physique

Rôle de l’officier Effort sur le rôle social de l’officier, ses relations avec ses subordonnés, les savoirs qu’il doit accumuler: la plus-value du chef

Effort sur le savoir-être, l’apparence, l’exemplarité : il faut être irréprochable

Raisonnement Apprentissage de la méthode de raisonnement tactique

Mise en pratique de la méthode des 7 questions

Commandement Effort sur l’intention du chef et l’effet majeur : l’esprit

Effort sur les modes d’action, prévisibilité, faible intelligence de situation : la lettre

Autonomie personnelle sur le terrain

Il suffit d’être opérationnel, les effets personnels sont plutôt tolérés

Uniformité absolue, les moindres détails sont immuables

Tâches administratives Apprentissage des notations, des cursus de formation, de l’emploi du temps, pédagogie (notamment conduire une séance de sport ou d’instruction), procédures

Avertissement : des tâches administratives attendent les sous-lieutenants dans leurs unités

Droit des Conflits Armés Cours, réflexion Présentation, pragmatisme

Religion Si nous sommes libres, à nous de nous débrouiller pour trouver un lieu de culte

Service obligatoire pour tout le monde, en quartier et sur le terrain

Instructeurs Officiers ayant un passé opérationnel solide et faisant profiter de leur expérience personnelle

Sous-officiers subalternes volontaires issus d’un stage de sélection, cette affectation leur permettant d’accélérer leur carrière

Chef de section/officier Le cadre de contact Plutôt absent de la troupe

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Rôle des sous-officiers Tâches d’exécution, instruction tactique sur le terrain ou spécialistes en cours, arrondissent les angles et sont débrouillards

Enseignent le travail de chef de section, sont les instructeurs dans tous les domaines, et ont une motivation de carrière

Traditions Très importantes, font partie intégrante de la formation d’officier

Rares au niveau de Sandhurst ou de l’armée, elles sont régimentaires – il n’y a pas de chant ou de cérémonie des couleurs

Combat Diversifié : missions offensives et défensives, apprentissage de modes d’action tactiques, modes de progression, points de contrôle, combat en zone urbaine

Drill : accent uniquement sur l’assaut, les patrouilles d’éclairage et les reconnaissances offensives, jusqu’à que soit atteint un niveau satisfaisant ; la tactique est reléguée à un autre stage

Vie en campagne Intransigeance sur les repas, l’accent est mis sur l’ingéniosité pour le confort

Ambiance tactique en permanence, rusticité absolue

Exercices sur le terrain Courts mais répétés Moins nombreux, mais beaucoup plus longs, avec un véritable scénario et des moyens exceptionnels

Cours spécifiques > retours d’expérience > histoire militaire > pédagogie > droit > présentation des forces armées, des réserves > passage en atmosphère viciée NRBC

> formation aux premiers secours en zone de combat

CONCLUSION

Apprentissage Formation très académique Pluridisciplinarité Maison-mère des officiers

Mise en pratique Formation sur le terrain Drill de l’essentiel Lieu de passage obligé

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4. Réflexions Mon article appelle quelques commentaires supplémentaires de ma part, tout

d’abord sur le stage lui-même, j’aimerais encore rajouter que pour un Français, faire l’expérience du « drill » à l’anglaise est une vraie découverte. Prendre le temps de répéter, presque jusqu’à la perfection, certains gestes et pour la peine se concentrer sur quelques missions de base est quelque chose de nouveau. Cela forge une certaine discipline, bien nécessaire lorsqu’on connaît les engagements opérationnels de l’armée britannique et de ses réserves à l’heure d’aujourd’hui : des missions tactiques spécifiques au théâtre d’engagement peuvent toujours être apprises plus tard.

Ensuite, l’autonomie totale qui a été donnée aux stagiaires le dernier jour de l’exercice final était surprenante, surtout considérant la rigueur extrême dont nous faisons l’attention tout le temps. Je n’ai jamais vu une telle évaluation de l’exercice de l’autorité, elle m’a séduit. Une autre fois, nous avons tous été invités à inscrire les noms des trois meilleurs de la section et les trois les plus en difficulté, en argumentant ; nous devions signer notre bulletin. Il était donc possible pour l’encadrement de sentir l’ambiance au sein de la section et de détecter d’éventuels élèves serviles, ne cherchant à se mettre en avant qu’en présence d’un cadre. Pour autant, élèves officiers, nous devions être prêts à défendre notre décision, comme nous avions apposé notre nom.

Il convient de noter que l’emploi des réserves au Royaume-Uni est très différent de chez nous : les réservistes britanniques ont vocation à partir épauler les unités d’active en opérations extérieures – nous nous entraînions avec un engagement imminent en Afghanistan en tête, hautement probable pour ces jeunes – alors que les réservistes français ont une logique d’engagement sur le territoire national. En revanche, l’évolution de la TA dans le cadre de la National Security Strategy pourrait être un contrat opérationnel plutôt tourné vers des missions intérieures, à l’image de la France.

Enfin, je tiens à souligner la nécessité de rebondir vite sur mon expérience à

Sandhurst pour établir un véritable partenariat avec les britanniques en profitant du contexte politique favorable de rapprochement franco-britannique en matière de défense qui s’y prête particulièrement bien ; il ne faut pas gâcher cette occasion.

Ce stage a été une expérience unique. J’ai appris à connaître le fonctionnement

de l’armée britannique. La France est rentrée complètement dans l’OTAN, nous nous rapprochons beaucoup des britanniques. Il me semble inévitable de travailler un jour ou l’autre dans un cadre interallié, ou bilatéral avec les britanniques. Le fait d’être passé par Sandhurst, qui jouit d’une réputation excellente bien au-delà du Royaume-Uni, créera indubitablement un lien tout particulier avec d’autres officiers britanniques. Ce lien, utile en exercice et inestimable en opérations, est impossible à acheter. Il faut faire l’effort d’envoyer des stagiaires dans les autres formations. C’est pourquoi je suis d’avis qu’à moyen et long terme, les bénéfices pour les forces armées françaises seront largement supérieurs au coût de ma formation pendant ce stage à la Royal Military Academy Sandhurst.

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