3
EHESS Un roi africain et sa musique de Cour by Gilbert Rouget Review by: Daniel Chatelain Archives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 98 (Apr. - Jun., 1997), pp. 102-103 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30122667 . Accessed: 12/06/2014 22:27 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.54 on Thu, 12 Jun 2014 22:27:51 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Un roi africain et sa musique de Courby Gilbert Rouget

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Un roi africain et sa musique de Courby Gilbert Rouget

EHESS

Un roi africain et sa musique de Cour by Gilbert RougetReview by: Daniel ChatelainArchives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 98 (Apr. - Jun., 1997), pp. 102-103Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122667 .

Accessed: 12/06/2014 22:27

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences socialesdes religions.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.78.109.54 on Thu, 12 Jun 2014 22:27:51 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: Un roi africain et sa musique de Courby Gilbert Rouget

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

mateur des Ramanandis, est que, alors que ces derniers s'ouvraient aux shudra, cat6gorie so- ciale d6pr6ci6e par l'ordre social des castes, ces paysans shudra voulaient 6chapper a cette d6pr6ciation, non pas en d6passant la hidrar- chie des castes, mais au contraire en s'y faisant reconnaitre une place plus haute. Il ne s'agis- sait pas pour eux de rompre avec les groupes sociaux qui leur 6taient sup6rieurs, mais de se faire admettre comme en en faisant partie. Tou- tefois, tout comme l'affirmation par les moines de l'6gale dignit6 religieuse de toutes les classes sociales, la revendication de l'Etat de ksatriya des agriculteurs shudra ne pouvait qu'irriter les hautes castes et causer des ten- sions ou des conflits. Si des heurts, parfois vio- lents, se produisirent en effet, des points communs apparurent cependant entre domi- nants des hautes castes et les agriculteurs se pr6tendant kshatriya, dans la proclamation d'un mime attachement a certaines valeurs hindoues consid6r6es comme g6ndrales : ainsi la protection de la vache. Mais ils devaient aussi se retrouver dans une mame hostilit6 en- vers les musulmans, d6crits comme auteurs de tous les malheurs des hindous.

On a vu ainsi se rejoindre un r6formisme religieux 6galitaire et une revendication sociale anti-6galitaire des paysans en une affirmation commune, souvent virulente, d'attachement a un hindouisme identifi6 a la nation elle-mame, (Bharat Mata, la Mare Inde), qui serait 6ter- nellement et unitairement hindoue et qui se re- trouverait comme telle dans le rejet de tout ce qui est suppos6 lui atre 6tranger. C'est, de fait, a Ayodhya, centre des Ramanandis, qu'en 1992 une foule hindoue fanatis6e ddtruisit la mos- qu6e Babri 6rig6e en un endroit qui, affirmait- t-on, avait 6t6 le lieu de naissance de Rama.

La r6interpr6tation de l'histoire, la conver- gence du politique, du social et du religieux dans une r6gion gdographiquement limit6e, mais historiquement et politiquement impor- tante donnent a ce volume un int6r&t qui d6- passe le cas particulier 6tudi6: c'est de la r6alit6 indienne-hindoue en g6n6ral qu'il s'agit ici en v6rit6, et c'est a ce titre qu'il m6rite d'atre signal6 et lu. Perspicace, il est, malgr6 sa relative briavet6, riche d'apergus et de dd- tails intdressants. Il repose sur une documen- tation solide donn6e dans des notes nombreuses et dans une bibliographie complate: sources en langues indiennes et en anglais, archives in- diennes et britanniques. Il y a un utile index.

Andr6 Padoux.

102

Un roi africain et sa musique de Cour. Paris,

98.64 ROUGET (Gilbert).

CNRS Editions, 1996, 391 p. (bibliogr., pho- tos, illustr., cartes, transcriptions musicales, tabl. 2 CD 73'30" et 73'26").

L'auteur de l'important ouvrage d'intdrat g6- ndral La Musique et la transe, nous livre ici une somme couronnant des recherches de ter- rain mendes depuis... 1952. Il renouvelle la vi- sion commune de la musique et de son inscription sociale en Afrique noire grace a cette etude d'une musique de Cour (6nonc6 parfaitement justifie qui bousculera peut-atre certains pr6jug6s persistants). Il s'agit ici de la Cour royale de Porto Novo (dans l' actuelle r6publique du Benin), royaume issu comme le royaume du Dahomey de l'ancien royaume d'Allada; dans cette communaut6 majoritaire- ment Goun voisinent le culte des vodoun, et le culte des orisha de la forte minorit6 Anago (Yorouba). L'importance de la musique et de la danse dans le contexte etudie est telle que leur 6tude, faite ici avec beaucoup de finesse, donne des cl6s de compr6hension sur la nature sacr6e du roi dans la soci6t6 traditionnelle afri- caine. L'6tude d'une institution remarquable, l'orchestre royal des femmes du souverain, productrices d'un <<ballet de Cour>>, est privi- 16gi6e dans l'6tude, qui rend compte cependant de l'ensemble des rituels musicaux de la Cour. La connaissance intime de l'A. de la langue Goun permet une lecture fouill6e de cette tra- dition monarchique, et de sa culture l61itiste de caractare endogane marqu6, qu'il a connues bien vivantes, et qui aujourd'hui sont engag6es dans un processus de d6sint6gration.

La musique de Cour de Porto Novo ainsi analys6e, t6moigne dans son ensemble comme dans les d6tails de la situation d'exception so- ciale comme religieuse (deux adjectifs ici tras imbriqu6s) du roi. Le roi possade en propre ses musiciens et ses musiciennes, qui sont ses ri- tualisateurs, tandis que des musiciens extraor- dinaires (oi~ est reprdsentde la minorit6 yorouba par un ensemble de tambours), ext6- rieurs a la Cour, sont indispensables h son in- tronisation. Les femmes de la Cour, a la fois ses 6pouses et ses musiciennes, t6moignent de la position extra-sociale du roi: il est mis en dehors des ragles communes de l'6change des femmes et de l'institution de la dot; ses femmes frappent des tambours en opposition a la ragle sociale commune. Les instruments eux-mames de la Cour t6moignent d'une posi- tion supdrieure aux ragles humaines ordinaires et rappellent dans trois cas le pouvoir royal de sacrifice humain qui avait tant frapp6 les t6- moins europ6ens au siacle dernier dans la rd-

This content downloaded from 195.78.109.54 on Thu, 12 Jun 2014 22:27:51 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: Un roi africain et sa musique de Courby Gilbert Rouget

gion (qu'on pense aux invit6s aux rituels san- giants de la cour du Dahomey). Ainsi deux tambours n6cessaires aux rituels de la succes- sion royale : l'un est r6put6 &tre tendu de peau humaine et un autre orn6 de quantit6s de ma- choires humaines ainsi qu'une trompe d'ivoire 6galement orn6e de machoires humaines. Une danse du roi intervenant dans la passation du pouvoir royal est en tous points extraordinaire : elle ne peut avoir de t6moins, m~me pas les musiciens qui l'accompagnent par le son, et tout indique que le roi y est poss6d6 par un animal-ancitre mythique, la panthbre. Les ins- truments musicaux des grands rituels royaux peuvent m~me d6roger i la pratique universelle de la transmission des techniques: des tam- bours qui ne se font entendre qu'a l'occasion de la succession royale, sont jou6s sans appren- tissage, malgr6 le langage qui leur est propre, leur jeu 6tant r6put6 comme 6tant conditionn6 par la possession d'un vodoun (d'ailleurs non pr6cis6).

La dimension sacr6e du roi n'empache nul- lement une autonomie de la soci6t6, et, en par- ticulier au sein de celle-ci, du clan royal, par rapport i la personne du roi. Le pouvoir du roi a des limites, le roi a ses tabous : il ne doit pas voir certains des instruments royaux (ceux tendus de peaux de panthbre), ni ne peut p&- n6trer dans une partie de son domaine (la piece oii ces tambours sont entrepos6s); des chants qui le concernent, avec des mises en garde a son encontre, sont chant6s par des membres de son clan dans l'enceinte royale, il en connait l'existence mais ne doit pas les entendre: le clan royal (au-dessus des clans) l'a fait roi, et le roi ne doit ni ne peut l'oublier. Le meurtre ritualis6 du roi est un fait constat6 en plusieurs points de cette aire gdographique; si l'A. n'a pas collect6 de fait qui prouve que cette lign6e est concern6e par cet usage, ou du moins sa virtualit6, un secret bien gard6 ne semble pas i exclure sur ce sujet tabou par excellence. Toujours est-il que l'A. confirme par ses constatations le propos de Luc de Heusch selon lequel < le roi sacr6 est toujours, d'une manibre ou d'une autre, le prisonnier du groupe qui l'investit>>. En compensation, les femmes-mu- siciennes du roi de Porto Novo, au-dela des louanges qu'elles lui adressent pour le valori- ser, semblent avoir une fonction protectrice particulibre de la personne du roi, trouvant son efficience par un pouvoir sorcier li6 i leur qua- lit6 de g~nitrices et r6vll6 par certains d6tails (dont l'ornementation de leurs cannes musi- cales, dites < brigandfer >> par l'A., en oiseaux de sorcibres >). L'A. reste au plus pras des ph6- nomines culturels 6tudi6s, aussi ne tente-t-il pas de syst6matiser la relation royale au culte

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

des vodouns caract6ristique de l'ethnie (Goun) du roi. Ses diverses constatations et analyses des faits nous laissent a penser, malgr6 l'ab- sence de d6claration autoris6e sur ce sujet, une relation particulibre du roi, 6tendue au clan royal, aux dignitaires de la Cour et aux musi- ciens <<ritualisateurs >>, avec le vodoun Ogoun, cr6ateur du fer, et ici, semble-t-il, du m6tal en g6ndral: tout est symbolique dans l'usage in- sistant d'instruments musicaux de m6tal dans les activit6s quotidiennes comme dans les grands rituels palatins; par ailleurs, la ges- tuelle du roi provoqu6e par les orchestres mas- culins ou f6minins de la Cour est carac- t6ristique car, quand il ne se pavane pas sur la musique des femmes, sa danse consiste a couper symboliquement les tites (< la danse de couper >>), a l'instar de la divinit6 guerrikre crainte pour sa furie; d'autres 616ments sym- boliques rep6r6s dans les descriptions de l'A. vont dans le m~me sens. On peut supposer que la tradition orale de cette monarchie lie de quelque fagon l'anc~tre mythique animal et f6- roce, la panthbre (animal ou anc~tre intr6- pide?) et la divinit6 forestibre cr6atrice des armes tranchantes Ogoun. L'A. ne se le permet pas ici, et il le ferait qu'il s'dloignerait beau- coup de son sujet musicologique magnifique- ment trait6 (et nous esp6rons qu'il voudra bien nous pardonner de son c8t6 de passer injuste- ment sous silence dans cette chronique la grande valeur esth6tique de cette tradition de Cour), mais peut-8tre aura-t-il par la suite l'oc- casion d'apporter quelques compl6ments sur la relation royaut6-religion dans cette soci~t6, a la suite de cette d6monstration magistrale d'utilisation de la musique comme analyseur social (et religieux) d'une soci6t6 africaine tra- ditionnelle.

Daniel Chatelain.

Rome et les francs-masons. Histoire d'un conflit. Paris, Berg international, 1996, 196 p.

98.65 ROUSSE-LACORDAIRE (J6r6me).

(bibliogr.) L'histoire de la magonnerie, r6gulibre ou il-

luministe, commence a 8tre bien connue. Elle a ses auteurs et ses ouvrages de r6f6rence, par- mi ses adversaires comme parmi ses amis. Celle de l'antimagonnisme suit p6niblement, avec beaucoup de retard. Manquait en parti- culier un chapitre d6cisif pour comprendre celui-ci: l'attitude du Saint-Sibge depuis l'ap- parition de celle-ci, les raisons doctrinales de ses interventions, l'explication de la continuit6, de l'6volution, voire des contradictions obser-

103

This content downloaded from 195.78.109.54 on Thu, 12 Jun 2014 22:27:51 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions