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Une chronique métropolitaine Sous la direction de Lionel Engrand et Soline Nivet Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition créée par le Pavillon de l’Arsenal « Architectures 80 – Une chronique métropolitaine » Mai 2011 Éditions du Pavillon de l’Arsenal / Picard Éditeur

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Une chronique métropolitaine

Sous la direction de Lionel Engrand

et Soline Nivet

Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition créée par le Pavillon de l’Arsenal « Architectures 80 – Une chronique métropolitaine » Mai 2011Éditions du Pavillon de l’Arsenal / Picard Éditeur

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Pavillon de l’ArsenalCentre d’information, de documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de Paris et de la Métropole parisienneAssociation loi 1901

Anne Hidalgo, PrésidentePremière Adjointe au Maire de Paris, chargée de l’Urbanisme et de l’Architecture

« Architectures 80 – Une chronique métropolitaine »Ouvrage et exposition créés par le Pavillon de l’Arsenal, mai 2011

Éditions du Pavillon de l’ArsenalDominique Alba, architecte, Directrice de la publication

Éditions A. & J. Picard Guillaume Grandgeorge, Directeur

Commissariat général : Pavillon de l’ArsenalDominique Alba, architecte, Directrice généraleAlexandre Labasse, architecte, DirecteurMarianne Carrega, architecte, Adjointe à la Directrice générale et Responsable des éditionsMarion Dambrin, architecte, Responsable des expositions, avec Pierre Tignon et Audrey Vilain, architectesAntonella Casellato, documentaliste, Responsable du Centre de documentation, avec Christine Hoarau-Beauval et Caroline Leroy, documentalistesJulien Pansu, architecte, Responsable de la communication et du multimédia, avec Hélène Ficat et Marine Lafite

Conception scientifique de l’ouvrage et de l’expositionLionel Engrand, architecte D P L G, historien, enseignant à l’E N S A de Normandie, chercheur associé au laboratoire Architecture Culture Société ( A C S ) de l’E N S A Paris-MalaquaisetSoline Nivet, architecte D P L G, docteur en architecture, critique, maître-assistante à l’E N S A Paris-Malaquais, chercheuse associée à l’Observatoire de la condition suburbaine ( O C S ) de l’E N S A de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée

assistés de Jeanne Moullet et avec le concours de Juliette Pommier, architecte D P L G, docteur en architecture, maître-assistante associée à l’E N S A Paris-Malaquais (laboratoire A C S)

Scénographie de l’expositionChristian Biecher, architecte D P L G

assisté de Régis Botta, Béatrix de la Tour d’Auvergne et Jules Desdoigts

Conception graphique de l’ouvrageBenoît Santiard avec Vincent Desclaux

Conception graphique de l’expositionAurélien Gillier

Secrétariat de rédactionJulie Houis

© Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2011I S B N 978-2-35487-015-7

© Éditions A. & J. Picard, 2011I S B N 978-2-7084-0894-4

Le Pavillon de l’Arsenal et les commissaires scientifiques invités remercient tout particulièrement les architectes, urbanistes, paysagistes, ingénieurs, artistes et maîtres d’ouvrage qui ont bien voulu participer à cet ouvrage et cette exposition, ainsi que les architectes, critiques et journalistes qui ont autorisé la réédition de leurs écrits :Élisabeth Allain-Dupré, Marc Bédarida, Chantal Béret, Marc Breitman, Michel Cantal-Dupart, Michèle Champenois, François Chaslin, Paul Chemetov, Jean-Louis Cohen, Christian Devillers, Frédéric Edelmann, Odile Fillion, Renée Gailhoustet, Marie-Christine Gangneux, Jean-Claude Garcias, Frédérique de Gravelaine, Vittorio Gregotti, Yves Lion, Jacques Lucan, Jean Nouvel, Alain Pélissier, Paolo Portoghesi, Jean-François Pousse, Francis Rambert, Alain Sarfati, Philippe Trétiack.

Le Pavillon de l’Arsenal et les commissaires scientifiques invités remercient les institutions, organismes et sociétés qui ont contribué à la réalisation de l’ouvrage et de l’exposition :

l’Atelier parisien d’urbanisme,

l’A D C E P-Fête de la Musique, A M C-Le Moniteur architecture, Architectes et architecture, L’Architecture d’Aujourd’hui, Architecture intérieure Crée, les Archives d’Aubervilliers, Argos Films S.A., Art Press, B A C Films, la Bibliothèque de l’hôtel de ville, Casabella, le C C I-Centre Georges Pompidou, la bibliothèque Kandinsky-Centre Georges Pompidou, le Centre canadien d’architecture, le Centre de ressources documentaires Aménagement, Logement, Nature (C R D A L N - C D U), la Cité de l’architecture et du patrimoine, D’Architecture, l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, l’École nationale supérieure d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, l’École nationale supérieure d’architecture de Rouen, les Éditions Norma, l’Établissement public du Parc et de la Grande Halle de La Villette, le Forum des images, l’Institut français d’architecture, l’Institut national de l’audiovisuel, L’Express, Le Monde, Le Nouvel Obs, Les Nouvelles littéraires, Libération, L I L O Films, l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (O P P I C), la photothèque des musées des Arts décoratifs, la R AT P, Studio Canal, Techniques & Architecture, l’Université de Genève,

ainsi que :Marie-Véronique Allot, Corinne Beal, Rachel Bishouai, Karine Bomel, Ursula Brandl-Straka, Maud Charasson, Malvina Cretal, David Desbans, Estelle Dietrich, Delphine Dollfus, Helena Dos Santos, Bénédicte Dumont, Paola G. Folon, Claire Gayet, Lionel Guyon, Dominique Hascoet-Brunet, Alexis Hofmann, Jean-Paul Jungmann, Bernard Landau, Brigitte Lebhar, Isabelle Maçon, Annie Madec, Cécile Maffiolo, Nennecy Martinelli, Patrick Mignot, Laurence Millereux, David Millier, Anne-France Mounet, Nikola Mueller, Marianne Peclat, Philippe Perreaudin, David Peyceré, Albert Prévost, Isabelle Querlier, Alexandre Ragois, Didier Schulmann, Howard Shubert, Christine Sorin, Agnès Tartié, Dominique Thiercelin, Serida Zaid, Michèle Zazzaron.

Lionel Engrand et Soline Nivet adressent leurs remerciements particuliers à :Catherine Blain, Pierre Chabard, François Cusset, Christian Dupavillon, Florian Hertweck, Aurélien Lemonier, André Lortie, Olivier Namias et Jean-Louis Violeau, contributeurs de cet ouvrage, Bernard Barre, Alain Bergala, Henri Bresler, Olivier Cinqualbre, Édith Girard, Jeanne Moulet, Juliette Pommier et Philippe Simon pour leur aide et leur soutien, ainsi qu’aux enseignants, chercheurs du laboratoire A C S (Architecture Culture Société-E N S A Paris-Malaquais) et à l’équipe de recherche O C S (Observatoire de la condition suburbaine-E N S A Marne-la-Vallée).

Ouvrage et exposition réalisés avec le soutien de :Association « Les Amis de Pierre Staudenmeyer », Patrick Mignot, PrésidentCentre Georges PompidouForum des imagesFrac CentreInstitut national de l’audiovisuel ( I N A )

ainsi que Françoise Darmon et Bernard Person.

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Avec les contributions de

Lionel engrand p. 12

Paris. Figuresde l’architecture urbaine

Jean-Louis Violeau p. 52

Une architecture« élitaire pour tous » ?

Aurélien Lemonier p. 78

Le jardin fait la ville

Pierre Chabard p. 106

Du dessin à l’image :crises à la surfacede l’architecture

Catherine Blain p. 150

Paris-banlieue :à la recherche de l’urbanité

Florian Hertweck p. 176

Influences internationales

André Lortie p. 240

Les années ZAC

Soline Nivet p. 272

Architecture et cinéma :un état des choses

Olivier Namias p. 294

« En attendant Baudot » :les années 1980ou le retour manquédu rationalisme constructif

François Cusset p. 332

1989 ou la révolution révolue

Christophe Dupavillon p. 340

1989 : la fin de l’histoire ?

Architectures 80Une chroniquemétropolitaine

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Paris-banlieue : à la recherche de l’urbanité« Île-de-France : Pouvons-nous éviter le scénario catastrophe ? » C’est sous ce titre alarmiste que se tient à Créteil, en février 1990, un colloque organisé par le Parti socialiste, annonçant par là même que « l’aménagement de la région parisienne est de nouveau au cœur de l’agenda politique1 ». Est-ce à dire qu’il ne l’était pas auparavant ? Pas de cette manière inquiète en effet, mue par une décision politique : celle de réviser le Schéma directeur de la capitale (SDAURIF, adopté en 1976) afin de régler ses « dysfonctionnements » et « déséquilibres », et de repenser ses « options fondamentales » de développement2. La décennie 1990 s’ouvre ainsi sur cet engagement fort, érigeant l’urbanisation de l’Île-de-France au rang d’« affaire d’État3 » : le nouveau Schéma sera adopté en 1994.

Quels ont été les éléments fédérateurs de cet engagement ? Que s’est-il passé en région parisienne, durant la période 1970-1980, pour susciter une telle volonté de « remettre les choses à plat4 » ? Cette histoire peut être appréhendée en s’interrogeant sur les principes d’aménagement de l’agglomération institués par le Schéma directeur et sur ses retombées concrètes : les projets et réalisations ayant fait évoluer le paysage de la banlieue et ayant nourri, par conséquent, le débat sur la ville et le territoire.

Un schéma volontariste

Mettre un frein à la croissance désordonnée de la périphérie parisienne avait été l’objectif central des deux schémas directeurs élaborés durant les années 1960 – le Plan d’aménagement et d’organisation générale (PADOG, 1960) puis le Schéma d’aménagement et d’urbanisme (SDAU, 1965, révisé en 1969). Car, depuis 1945, celle-ci s’était radicalement transformée au fil de vastes chantiers de reconstruction d’abord, puis d’infrastructures routières, d’industries et d’équipements (comme l’aéroport d’Orly, inauguré en 1954), sans oublier les nouveaux ensembles d’habitation, individuels (pavillons) ou collectifs (sociaux et privés) ; le tout réalisé suivant les aléas de décisions administratives différentes.

Cette réflexion a conduit à adopter un programme de modernisation et d’équipement prévoyant trois principales actions : 1° la mise en place d’un nouveau réseau d’infrastructures de transport (autoroutes, voies express et rocades, RER

5) ; 2° le développement prioritaire de treize « centres restructurateurs » chargés d’accueillir l’essentiel de la croissance : huit en première couronne, confortant des urbanisations existantes (La Défense, Saint-Denis-Stains-Villetaneuse, Le Bourget, Bobigny, Rosny-sous-Bois, Créteil, Rungis, Vélizy), et cinq en seconde couronne, sous forme de villes nouvelles (Cergy-Pontoise et Marne-la-Vallée au nord, Saint-Quentin-en-Yvelines, Évry et Melun-Sénart au sud) ; 3° enfin, la protection des espaces libres entre les zones déjà urbanisées (espaces vierges ou ruraux) et plus particulièrement du patrimoine naturel (parcs, forêts, plans d’eau), afin de sauvegarder des réserves foncières mais aussi de doter la région de parcs interdépartementaux et d’un certain nombre de bases de loisirs.

Catherine BlainArchitecte, docteur en urbanisme, chercheur à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles

1 Île-de-France : Pouvons-nous éviter le scénario catastrophe ?, colloque de Créteil, 9 et 10 février 1990, Paris, Economica, 1990, p. 7. Nota : en janvier 1990 paraît le Livre blanc de l’Île-de-France (DREIF, APUR, IAURIF).

2 Jacques Chérèque, ministre délégué à l’Aménagement du territoire, ibid., p. 19-20.

3 Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur, idem, p. 11.4 Jacques Chérèque, ministre délégué à

l’Aménagement du territoire, idem, p. 19-20.

5 Le double réseau d’autoroutes comporte trois rocades – boulevard périphérique, rocade de banlieue (A86) et rocade de grande banlieue (A87, aujourd’hui « Francilienne ») – et quatorze radiales. L’autoroute Paris / Lille (A1) et les gares routières de Rungis et de Garonor sont inaugurées en 1967. La première section de la A86 à Colombes est mise en service en 1968 et la première section du réseau de RER (A, entre Nation et Boissy-Saint-Léger) est inaugurée le 14 décembre 1969.

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Évry. Vue aérienne de la rue piétonne. Cahiers de l’IAURIF, no 87-88, janvier 1989.

Cergy-Pontoise. Maquette d’étude du quartier Saint-Christophe après le concours « Immeubles de ville », 1980. Cergy-Pontoise, 1969-1989. 20 ans d’aménagement de la ville, Paris, Le Moniteur, 1989.

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« Le Tramvert : pour un projet poétique », de Paul Chemetov, Borja Huidobro et Gilles Margot-Duclot. Revue H, no 95, avril 1984.

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La mise en œuvre de cette planification, favorisée par un nouveau découpage administratif de la région parisienne (en huit départements dotés chacun d’une préfecture6), induira une multitude de chantiers de construction en périphérie. Des chantiers de natures et d’échelles différentes, portés par l’essor économique de l’époque et dont la réalisation s’échelonnera sur de nombreuses années. Et qui, au reste, viendront s’ajouter à une série d’opérations déjà engagées, comme la création de La Défense (initiée en 1959), de centres commerciaux (tel Parly 2, ouvert en 1964) et d’établissements d’enseignement – notamment de lycées (en réponse à la campagne « Un lycée par jour » lancée en 1963) et d’universités (comme Nanterre, dont la première pierre est posée le 5 novembre 1963).

Dans ce cadre sont notamment créés six parcs interdépartementaux en première couronne – Puteaux et Antony (Hauts-de-Seine), Bobigny et La Courneuve (Seine-Saint-Denis), Choisy-le-Roi et Le Tremblay (Val-de-Marne), totalisant 300 hectares – et mises à l’étude différentes bases de loisirs, en prenant appui sur la présence de cours d’eau et / ou de forêts – comme Jablines et Vaires-sur-Marne, Viry-Grigny et Draveil-sur-Seine, Cergy-sur-Oise, etc. (chaque ville nouvelle en comportera une).

Si ces chantiers du vide ont leur importance, les plus significatifs sont évidemment ceux du plein : des centres prévus par le Schéma et qui, la plupart accueillant les nouvelles préfectures et de nouveaux centres commerciaux régionaux, ont pour mission de devenir de « vraies villes » (alliant emplois, habitat, équipements, activités et services) – et aussi, en ce qui concerne les villes nouvelles, de constituer par leur « caractère expérimental » des « opérations témoins d’aménagement et d’urbanisme7 ».

L’expérience des villes nouvelles

S’inscrivant ouvertement en rupture avec les modes d’urbanisation passés (notamment les grands ensembles d’habitation des Trente Glorieuses8), les missions d’étude pluridisciplinaire en charge de la conception des villes nouvelles rivaliseront d’inventivité afin de proposer un cadre de vie renouvelé, favorable à l’avènement d’une nouvelle société urbaine.

Afin de doter ces villes de lieux propices à l’épanouissement de la vie sociale, d’ambitieux projets d’ensembles d’équipements intégrés voient le jour – comme la Place des Arts, conçue à Cergy-Pontoise par Claude Vasconi et Georges Pencreac’h (hôtel de ville, bibliothèque publique, centre culturel, maison des loisirs et garderie, 1979), et l’Arche Guédon, réalisée à Marne-la-Vallée par l’Atelier de Montrouge (centre sportif, maison du temps libre, salle polyvalente, bibliothèque, marché couvert, restaurant, auxquels s’ajoutent un foyer de jeunes travailleurs, des logements, boutiques, bureaux, etc., 1983). L’expérimentation en matière d’habitat est, pour sa part, encouragée par le lancement de différents concours. L’un des plus emblématiques est le concours Évry 1 « Les Pyramides », qui donne naissance à un ensemble de constructions à gradins d’échelle et de forme diversifiées, comportant 7 000 logements et tous les équipements nécessaires à la vie collective (écoles, centres sportifs, commerces, bureaux, etc.), desservi par un réseau de cheminements piétonniers et une variété d’espaces collectifs, minéraux ou paysagers (Michel Andrault, Pierre Parat et al., 1972-1983).

6 Loi du 10 juillet 1964, effective au 1er janvier 1968 : Paris (75), Seine-et-Marne (77), Yvelines (78), Essonne (91), Hauts-de-Seine (92), Seine-Saint- Denis (93), Val-de-Marne (94) et Val-d’Oise (95).

7 Programme finalisé des villes nouvelles (1971-1975).

8 En 1965, la région parisienne compte quatre-vingt-quinze grands ensembles (+ de 1 000 logements), situés à environ 40 minutes du centre et le plus souvent implantés en complément d’une agglomération existante (selon Jean Bastié, Paris en l’an 2000, Paris, SEDIMO, s.d. [1964], p. 167).

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Des expériences similaires sont menées dans les autres villes nouvelles, par le biais de projets dont les principes de composition évoluent au rythme des chantiers, de leurs programmes et de leurs architectes. Ainsi, en marge de l’expérimentation de formes complexes, des projets tels que La Noiseraie d’Henri Ciriani à Marne-la-Vallée (1975-1980) et La Butte-Creuse de Pierre Riboulet à Évry (1984) renouent avec l’exemple des villes traditionnelles en proposant des « pièces urbaines » ou en convoquant la figure de l’immeuble urbain. De la même manière, à Cergy, à la suite du lancement de deux concours ayant pour objectif de repenser le mode de conception des ensembles d’habitation (Maisons de ville 1976, Immeubles de ville 1978), sont mis en œuvre, dans les quartiers de Cergy-Saint-Christophe et Cergy-Puiseux, des projets marquant clairement le retour à une structure urbaine en îlots (réalisés entre autres par Fernando Montes, Georges Maurios et Patrick Céleste, 1983-1985).

Enfin, en marge de ce type de recherches s’observe également, au sein des villes nouvelles, une aspiration à de grandes compositions urbaines et / ou, par extension, à des formes construites qui renouent avec l’esprit classique. En témoignent notamment l’Axe Majeur de Cergy-Pontoise (dont la conception est confiée au sculpteur Dani Karavan en 19809), qui souligne la continuité de l’axe historique des Tuileries, de même que les imposantes réalisations de Ricardo Bofill à Marne-la-Vallée (le Teatro, l’Arc et le Palacio, 1978 et 1984).

La modernisation des banlieues

À certains égards, l’évolution des modes de composition urbaine en villes nouvelles reflète l’incidence du choc pétrolier de 1973 qui, ayant porté un coup à l’économie nationale, incite par conséquent l’État à revoir sa politique volontariste en région parisienne. Dans le but de décentraliser sa gestion sont créés, en 1976, la région Île-de-France et le Conseil régional d’Île-de-France (ayant désormais des compétences en matière de construction et d’aménagement). Dans le même temps est adopté un nouveau Schéma d’aménagement et d’urbanisme (SDAURIF), qui structure cette fois l’agglomération en tenant compte de l’ensemble des villes de banlieue – des centres urbains, évidemment, mais aussi de la diversité de communes, petites, moyennes ou grandes, demeurées jusque-là dans l’ombre de la grande planification.

Depuis 1970, ces communes de banlieue ont été transfigurées par nombre de chantiers répondant à une logique régionale – comme les infrastructures de transport et les grands équipements tels que l’aéroport de Roissy inauguré en 1974 ou La Défense (où s’engagera d’ailleurs une nouvelle phase de construction avec le lancement du concours international pour la Grande Arche en 1982). Mais elles ont aussi pris en charge leur développement afin d’améliorer la qualité de vie de leurs habitants, aidées en ce sens par différents programmes financés par l’État.Certains de ces programmes soutiennent la construction d’équipements sportifs, culturels et d’enseignement. Les chantiers d’écoles se poursuivent donc, avec des réalisations remarquables comme l’école primaire de Villejuif (Paul Chemetov, 1981) et le lycée d’enseignement professionnel Sabatier à Bobigny (Marie Christine Gangneux, Léna Perrot et Bernard Huet, 1985). Vingt-sept instituts universitaires de technologie ouvriront également en banlieue (le premier est inauguré à Saint-Denis en 1972). Enfin, des théâtres comme Les Amandiers (Nanterre), La Commune (Aubervilliers), Gérard-Philipe (Saint-Denis) et 71 (Malakoff) sont issus d’un programme lancé en 1972.

9 Ricardo Bofill y réalise le Belvédère, place semi-circulaire définie par un ensemble de logements et de commerces (les Colonnes, 1984).

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Une autre ligne d’action concerne le problème récurrent de l’habitat : pénurie de logements d’une part, vétusté des immeubles existants ainsi que de certains ensembles d’habitation des années 1950-1960 d’autre part. Suivant leurs moyens ou attributions, les communes de banlieue tentent, autant que faire se peut, d’encourager la rénovation urbaine et la construction de nouveaux logements, privés ou sociaux. Ces projets sont souvent portés par des architectes engagés de longue date dans le débat sur la rénovation urbaine et le logement social – comme Renée Gailhoustet (rénovation du centre d’Ivry-sur-Seine, du secteur Basilique à Saint-Denis, ensemble La Maladrerie à Aubervilliers, etc.). Les ensembles d’habitation dégradés bénéficient, pour leur part, d’un programme lancé par l’État dès 1973, dont les crédits permettent surtout de rénover les bâtiments de l’extérieur sans pour autant intervenir sur la globalité du cadre de vie. Leur véritable rénovation devient possible suite à la création, en décembre 1981, d’une Commission nationale pour le développement social des quartiers (CNDSQ), ayant pour mission, « dans le cadre des contrats de plan État-Région », « d’étudier et de proposer au gouvernement les actions de toutes natures propres à prévenir la dégradation physique et sociale » de ces quartiers10. Cent quarante-huit conventions DSQ sont signées en 1984. Fixant les objectifs d’une politique concertée entre les différents acteurs du projet urbain (bailleurs, habitants, ville, État), elles permettent dès lors de relancer les chantiers – soixante-dix ensembles concernés, dont la cité des 4000 à La Courneuve.

Savoir faire la ville, savoir vivre la ville

Si, aux États-Unis, les pratiques courantes d’une architecture et d’un urbanisme dits « modernes » sont mortes, selon Peter Blake, « à Saint Louis Missouri le 15 juillet 1972 à 15 h 32 (ou à peu près) » avec le dynamitage d’une barre de logements sociaux des années 195011, en France, c’est en 1986, avec la démolition de l’immeuble Debussy à La Courneuve, que sonne le glas d’une mort similaire. Une nouvelle approche architecturale et urbaine, « capable de rendre une identité aux villes, aux espaces sociaux et aux espaces édifiés12 » (comme l’exprime Bruno zevi lors de la Biennale d’architecture tenue au Centre Pompidou en 1980), était déjà perceptible dans nombre de projets des années 1970, tant en banlieue qu’en ville nouvelle. Le changement d’attitude, en matière d’aménagement, devient patent avec la création d’un groupe de réflexion sur l’aménagement des banlieues (Direction de la construction, juillet 198213), puis de la mission Banlieues 89 (novembre 1983), confiée à Roland Castro et Michel Cantal-Dupart par le Premier ministre Pierre Mauroy. Car cette mission est en effet chargée de proposer, en relation avec la CNDSQ, « un nombre limité d’actions exemplaires14 » visant à réorganiser et embellir la banlieue, et plus particulièrement ses quartiers dégradés. Pour fédérer cette action, l’appel national « Un maire, un architecte » est immédiatement lancé – ce qui suscite la création, en décembre 1983, de l’association Villes et Banlieues de province (Jacques Floch, président), ayant pour objectif de mettre en évidence l’identité spécifique des banlieues.

10 Décret no 86-163 du 6 février 1986.11 Peter Blake, L’Architecture moderne est morte

à Saint Louis Missouri le 15 juillet 1972 à 15 h 32 (ou à peu près), Paris, Le Moniteur, 1980 (traduction de Form Follows Fiasco, paru en 1977).

12 À la recherche de l’urbanité. Savoir faire la ville, savoir vivre la ville, cat. exp., Centre Georges Pompidou, Paris, Academy Éditions, 1980.

13 Ce groupe allie des représentants de l’administration, des maîtres d’ouvrage et des architectes – dont Danièle Valabrègue, Jean-Paul Alduy, Roland Castro, Michel Cantal-Dupart, Antoine Grumbach, Christian Devillers, Renée Gailhoustet et Henri Ciriani.

14 Odile Seyler, « Banlieues 89 », Architecture Mouvement Continuité, no 3, mars 1984. L’assemblée générale de la mission, qui a un rôle de consultant auprès de la CNDSQ, se tient à La Mutualité à Paris le 5 décembre 1983 et rassemble près de 7 000 personnes.

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Soixante-treize « projets pour refaire la ville » voient rapidement le jour, la moitié en région parisienne15, projets dont les thématiques sont aussi bien de désenclaver, de réparer ou de réconcilier que de valoriser, d’identifier, de féconder ou d’inventer… Ils sont présentés dans le cadre d’une exposition publique inaugurée en février 1984 par François Mitterrand, en présence de Paul Quilès (ministre de l’Urbanisme et du Logement) et de nombreux maires de villes de banlieue. L’événement est largement médiatisé, d’autant que le Président s’est engagé à en « suivre de près la réalisation16 ». Le vent en poupe, Banlieues 89 multiplie alors ses actions, organisant colloques, rencontres, journées d’animation culturelle et festive (comme le festival Fêtes et forts, en juillet-août 1984), ainsi qu’une nouvelle exposition de cent quarante projets (juillet 1984). En décembre 1985, lors des premières Assises de la mission, tenues au casino d’Enghien-les-Bains sous le thème « De la démocratie urbaine », le nombre de projets dépasse les deux cents, dont plus de la moitié (cent seize) seront réalisés. En 1989, les dernières Assises de Banlieues 89, organisées à l’université de Nanterre sous le thème « Vers une civilisation urbaine », seront largement consacrées à un projet de « Grand Paris », conçu par Castro et Cantal-Dupart.

Le Grand Paris, un possible dessein ?

Les principes d’aménagement de la région parisienne, légèrement remaniés en 1976, avaient-ils permis d’organiser de manière satisfaisante le développement de ce vaste territoire ? À la fin des années 1980, force est de constater que celui-ci est mieux structuré, par une série de zones construites et de zones libres (parcs naturels, bases de loisirs, espaces ruraux), que desservent différents réseaux de transport. Cette réorganisation a néanmoins induit des déséquilibres ou dysfonctionnements – ce qu’une vision plus générale, voire un grand dessein porteur d’avenir, aurait peut-être pu pallier.

Élaborer cette vision, en complément des interventions ponctuelles développées dans le cadre de Banlieues 89, demeure la principale préoccupation de Castro et Cantal-Dupart. Leur projet de « Grand Paris », esquissé en 1983, est présenté lors des Assises de 198517. Revisitant les propositions phares de l’histoire (plan des Artistes 1793, plan d’Henri Sellier 1919), il applique à la première couronne, jusqu’ à la ligne des forts, un esprit de recomposition urbaine. Ainsi, il propose de gommer la coupure engendrée par le boulevard périphérique et, tout en réorganisant le tissu urbain grâce à un réseau de rocades, de révéler les « lieux magiques » de la banlieue proche – naturels (rives fluviales, ports, îles, coteaux, etc.) et construits (fort, château, cité-jardin, patrimoine industriel, etc.). Pour étayer cette vision, certains « pôles » urbains sont étudiés en détail : Paris la Plaine (Seine-Saint-Denis), Seine Amont (Val-de-Marne), Paris presqu’île et Les Hauts de Paris (Hauts-de-Seine)18. Mais Castro et Cantal-Dupart ne sont pas les seuls à s’intéresser au dessein de la région parisienne. En effet, un autre projet, publié en avril 1988 sous le titre « Appel pour une métropole nommée Paris », est élaboré par un groupe d’architectes réunis autour d’une idée : « mettre en évidence quelques principes essentiels qui pourraient aider la ville à franchir avec dynamisme le seuil du xxIe siècle19 ».

15 À Bobigny, Athis-Mons, Arcueil, Saint-Denis, Montreuil, Clichy, Gennevilliers, Villejuif. Voir le dossier publié par H (revue de l’habitat social éditée par l’Union nationale des HLM), no 95, avril 1984.

16 « Banlieues 89. 73 projets pour refaire la ville », H, no 95, avril 1984, p. 8.

17 Le projet, de nouveau remanié, est ensuite exposé à la préfecture de Seine-Saint-Denis (février 1986), à la Galerie du CCI, Centre Georges Pompidou

(juillet-août 1986), à l’Institut français d’architecture (septembre-octobre 1986), à la préfecture du Val-de-Marne (mars 1987). Il est publié par Les Cahiers de Murs Murs (avril 1986), puis par le Conseil régional (mars 1988).

18 Voir Françoise Moiroux, « Le Grand Paris de Banlieues 89 : un pur exercice de style ? », Urbanisme, no 333, novembre-décembre 2003, p. 52-55.

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« Le Grand Paris. Le Pari des cinq Paris ». Seconde version du projet, publiée en juin 1990 et présentée en novembre lors d’un débat organisé à la Grande Arche.

« Le Grand Paris ». Projet de Roland Castro et Michel Cantal-Dupart, publié dans Les Cahiers de Murs Murs en avril 1986 (supplément au no 14).

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La « Grande Tangente Est ». Schéma du groupe 75021, publié dans leur « Appel pour une métropole nommée Paris », 13 avril 1988.

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L’Appel, à la différence du Grand Paris, milite pour une « Ville-Territoire » qui, résolument polycentrique, ne soit plus structurée par le système radioconcentrique de la « Ville-Cité » mais par un « réseau à mailles ouvertes » : une trame homogène de « communications primaires » desservant un territoire de 2 000 km2 et reliant les « nouveaux centres d’intérêt » de l’agglomération (à identifier). Ses protagonistes estiment que seul ce mode d’organisation, redonnant à la région « le sens de sa territorialité », pourrait mettre un terme aux oppositions Paris-banlieue et faire disparaître les « no-man’s land ». Et qu’un projet concret serait à même d’initier cette transformation : celui d’une « Grande Tangente Est », passant par le centre de Noisy-le-Grand et reliant les deux zones d’aéroports, développé sous forme d’une « cité linéaire ».

Si, l’une comme l’autre, ces réflexions avancent des projets de papier, elles n’en contribuent pas moins aux débats sur la révision du SDAURIF de 1976, décidée par l’État au lendemain de la réélection de François Mitterrand, le 8 mai 1988.

épilogue

Les principes d’aménagement du nouveau Schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF, 1994) ne sont certainement pas la réponse espérée par les partisans d’un Grand Paris ou d’une Ville-Territoire. Afin d’éviter le scénario catastrophe, l’image que propose le SDRIF est plutôt celle d’une « organisation urbaine polycentrique » garantissant « un certain nombre d’équilibres » – notamment « entre la recherche d’un parti d’aménagement fort et l’exigence du respect des compétences des communes et des établissements publics de coopération intercommunale dans le domaine de l’urbanisme20 ». Par ailleurs, en tenant compte de projets déjà engagés (portés par des intercommunalités négociées), ce schéma met l’accent sur différentes actions, comme la réalisation de pôles « d’envergure européenne » (tels Roissypôle et EuroDisney) et de grands « secteurs de redéveloppement » en première couronne (dont la Plaine Saint-Denis)21. Mais ne doit-on pas lire là, finalement, la conclusion logique des débats sur la banlieue parisienne menés durant les années 1980, alors que se réalisaient les « Grands Projets » de la ville-centre (Louvre, Opéra Bastille, etc.) ? Il appartiendra à la décennie 1990 de mettre à l’épreuve cette quête d’équilibres, en relançant les négociations Paris-banlieue – ce qui ne sera pas toujours facile, en raison des profondes disparités, tant sociales et économiques que politiques, qui caractérisent ce très vaste territoire. La mise en révision du SDRIF (2004, publié en 2008, adopté en 2010), le lancement d’une consultation internationale sur le « Grand Pari de l’agglomération parisienne » (2007) et la création du Syndicat mixte Paris Métropole (2009) constituent le dernier chapitre de cette histoire. L’avenir écrira la suite.

19 75021, « Appel pour une métropole nommée Paris », 13 avril 1988, 45 p. Les citations qui suivent en sont extraites. L’association 75021 naît de discussions entre Michel Lombardini (président de la R I V P-Régie immobilière de la Ville de Paris), Jacques Bardet, Yves Lion et Gérard Thurnauer. En 1988, elle regroupe quinze architectes : Bardet, Thurnauer, Lion,

Gilles Bouchez, Jean-Pierre Buffi, Patrick Colombier, René Dottelonde, François Leclercq, Claude Parent, Alain Pélissier, Christian de Portzamparc, Philippe Robert, Roland Simounet, Francis Soler et Claude Vasconi.

20 Extraits du rapport de présentation du SDRIF, 1994.21 Idem.

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Achevé d’imprimer en avril 2011 sur les presses de l’imprimerie Ingoprint à Barcelone.

Dépôt légal : mai 2011

© ADAGP, PARIS 2011 POUR LES œUVRES DES ARCHITECTES SUIVANTS :

PAUL ANDREU, ARCHITECTURE STUDIO, FRÉDÉRIC BOREL,

FRANçOIS DESLAUGIERS, ADRIEN FAINSILBER, FRANCK HAMMOUTèNE,

BORJA HUIDOBRO, GILBERT LÉZÉNèS, JEAN NOUVEL, DOMINIQUE PERRAULT,

CHRISTIAN DE PORTZAMPARC, JEAN PROUVÉ, PATRICK RUBIN,

ANTOINE STINCO. AINSI QUE DES ARTISTES DANIEL BUREN ET CHRISTO.

REPRODUCTION DE LA BIBLIOTHèQUE NATIONALE DE FRANCE :

© BIBLIOTHèQUE NATIONALE DE FRANCE-DOMINIQUE PERRAULT, ARCHITECTE

© ADAGP, PARIS 2011

REPRODUCTION DE L’INSTITUT DU MONDE ARABE :

ARCHITECTES : JEAN NOUVEL / ARCHITECTURE STUDIO © ADAGP, PARIS 2011