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Le Centre Hospitalier du Mans est le plus important Centre Hospitalier non universitaire de France, notamment en termes de capacité d'accueil. L’éta- blissement compte 1700 lits, répartis sur deux sites, le site principal du Mans et le Centre de gériatrie Charles Drouet à Allonnes. Toutes les spécialités mé- dicales sont représentées à l'exception de la neuro- chirurgie, de la chirurgie cardiaque et de la chirurgie des greffes. Aujourd’hui, le CH du Mans emploie plus de 3900 personnels non médicaux et plus de 400 médecins. Il est le siège du SAMU - Centre 15 et dispose d'un SMUR. Par ailleurs, l’établissement dessert un bassin de 550 000 habitants et constitue l'hô- pital de référence pour 1 million de personnes environ. Le Centre Hospitalier du Mans est engagé dans un plan de retour à l’équilibre pour la période 2008-2012 avec deux objectifs ma- jeurs : rétablir l'équilibre budgétaire de l’établisse- ment et reconstituer les ressources d'investissement. Parti sur un déficit de 6 millions d’euros en 2008, le CH du Mans a terminé l’exercice 2010 avec un déficit de 2 850 000 euros. Surtout, l’établissement reconstitue, progressive- ment, une capacité d'au- tofinancement sur fonds propres et pour la pre- mière fois, en 2010, il n’a souscrit aucun emprunt pour financer ses inves- tissements de l’année et rembourser ses dettes. Depuis le départ de l’an- cien directeur, le CH du Mans connaît une situation particulière et traverse une période transitoire. Depuis la fin du précé- dent projet d’établisse- ment en 2008, le plan de retour à l’efficience a tenu le rôle de plan intermé- diaire. Si tous les projets devraient être formalisés avec le futur directeur général, certaines orien- tations stratégiques ont d'ores et déjà été identifiées. L'objectif est notamment de réorganiser les services de l’établissement pour diminuer le caractère « multi- site » qui le caractérise et le pénalise en coûts de fonctionnement et en flui- dité du circuit du patient. Le projet principal est de réaliser un grand pôle de médecine spécialisée et cancérologique réuni sur un seul site contre trois différents actuellement. © service communication - CH Le Mans Fontenoy & Claude Monet juin 2011 Numéro 20 81 Centre Hospitalier du Mans : Une concentration unique de compétences médicales et soignantes sur un même établissement

Une concentration unique de compétences médicales … · Quels sont les thèmes de coo-pérations prioritaires ? F.G :Les coopérations sont es- sentiellement médicales ; elles

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Le Centre Hospitalier du

Mans est le plus important

Centre Hospitalier non

universitaire de France,

notamment en termes de

capacité d'accueil. L’éta-

blissement compte 1700

lits, répartis sur deux sites,

le site principal du Mans

et le Centre de gériatrie

Charles Drouet à Allonnes.

Toutes les spécialités mé-

dicales sont représentées

à l'exception de la neuro-

chirurgie, de la chirurgie

cardiaque et de la chirurgie

des greffes. Aujourd’hui,

le CH du Mans emploie

plus de 3900 personnels

non médicaux et plus de

400 médecins. Il est le siège

du SAMU - Centre 15 et

dispose d'un SMUR. Par

ailleurs, l’établissement

dessert un bassin de 550 000

habitants et constitue l'hô-

pital de référence pour

1 million de personnes

environ.

Le Centre Hospitalier du

Mans est engagé dans un

plan de retour à l’équilibre

pour la période 2008-2012

avec deux objectifs ma-

jeurs : rétablir l'équilibre

budgétaire de l’établisse-

ment et reconstituer les

ressources d'investissement.

Parti sur un déficit de

6 millions d’euros en 2008,

le CH du Mans a terminé

l’exercice 2010 avec un

déficit de 2 850 000 euros.

Surtout, l’établissement

reconstitue, progressive-

ment, une capacité d'au-

tofinancement sur fonds

propres et pour la pre-

mière fois, en 2010, il n’a

souscrit aucun emprunt

pour financer ses inves-

tissements de l’année et

rembourser ses dettes.

Depuis le départ de l’an-

cien directeur, le CH du

Mans connaît une situation

particulière et traverse

une période transitoire.

Depuis la fin du précé-

dent projet d’établisse-

ment en 2008, le plan de

retour à l’efficience a tenu

le rôle de plan intermé-

diaire. Si tous les projets

devraient être formalisés

avec le futur directeur

général, certaines orien-

tations stratégiques ont

d'ores et déjà été identifiées.

L'objectif est notamment

de réorganiser les services

de l’établissement pour

diminuer le caractère « multi-

site » qui le caractérise et

le pénalise en coûts de

fonctionnement et en flui-

dité du circuit du patient.

Le projet principal est de

réaliser un grand pôle de

médecine spécialisée et

cancérologique réuni sur

un seul site contre trois

différents actuellement.

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Centre Hospitalier du Mans :Une concentration unique de compétencesmédicales et soignantes sur un même établissement

INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEWPrésentation du CH du Mans avec Françoise Galletyer, directeur général adjoint et Céline Lagrais, directrice des finances.

Comment définiriez-vous votreétablissement ?Françoise Galletyer : Le CentreHospitalier du Mans est un éta-blissement bien positionné dansson territoire et répondant à l'en-semble de ses missions. Noussommes un établissement deproximité, mais nous assumonségalement toutes les missions derecours qui sont celles d'un groscentre hospitalier non-universi-taire. La particularité de l’hôpitaldu Mans est d’être l’un des plusgros établissements de sa caté-gorie. Il est notamment ressortid’un benchmark réalisé dans lecadre de nos travaux sur les com-munautés hospitalières de terri-toire, que nous étions mieuxplacés, au niveau de l’activité « chirurgie » que certains CHU. Parailleurs, nous sommes rentrésdans le volet universitaire depuis2010 grâce à une enveloppeMERRI de 2,6 M€. Le CH du Mansfait partie des rares hôpitaux non-universitaires à être entré dans lechamp des MERRI.

Céline Lagrais : Ce dernier pointmarque une reconnaissance del’activité d’enseignement et de re-cherche que le CH du Mans a dé-veloppée depuis près de 10 ans.Beaucoup de nos médecins onttoujours eu une activité de re-cherche clinique soutenue et despublications dans les grandes re-vues internationales. Par ailleurs,tous nos médecins participent auxmissions d'enseignement, avec no-tamment l'accueil d'internes, tou-jours de plus en plus nombreux ;ils assument aussi des missionsde référence et de recours vis-à-vis des autres établissements duterritoire. En valorisant cette acti-vité dans un dossier que nousavons porté au plan national, nousavons réussi à faire reconnaître lecaractère « établissement ensei-gnant-chercheur » du Centre Hos-pitalier du Mans. Certes, ce n’est

pas un caractère « universitaire »au sens strict, mais il nous placedans une situation intermédiaireentre un CH et un CHU.

Quels sont les sites qui com-posent le CH du Mans ?F.G : Le CH du Mans est implantésur deux communes, donc surdeux sites géographiques diffé-rents : Le Mans et un autre sitedistant d’environ 5 km où sont ras-semblés le SLD et l’EHPAD, ainsiqu’un service logistique, la blan-chisserie. Nous avons une autreproblématique, à savoir l'éclate-ment géographique sur le sitemême du Mans. Celui-ci compteprès de 25 ha, ce qui nécessite desmoyens logistiques importants.

Comment votre territoire desanté est-il articulé ?F.G : L'hôpital du Mans est géo-graphiquement au centre de sonterritoire de santé avec un bassinde population de 500 000 habi-tants. À la différence de certainsautres départements qui ont desoffres équilibrées, la Sarthe connaîtune certaine disproportion entreun hôpital central, très important,et les établissements périphé-riques plus petits.

C.L : Pour cette raison, le CentreHospitalier du Mans est à la têtede nombreux réseaux du départe-ment ou de coopérations départe-mentales. Nous sommes vraimentl'établissement de référence duterritoire sarthois et notre attrac-tivité s’étend aussi au-delà du dé-partement, notamment vers l’Orneet la Mayenne.

Souffrez-vous d'un taux defuite important par rapport à laproximité des CHU de Nantes,d’Angers et de Tours ou deshôpitaux parisiens ?F.G : Nous avons un taux de fuitetrès faible et nous drainons vrai-ment l'essentiel de la population

de ce territoire. En revanche, noussommes en position concurren-tielle, frontale, avec le privé. C'estla véritable particularité.

Quelles sont les forces duCentre Hospitalier du Mans ?F.G : Nous avons une équipe mé-dicale très solide et nous réussis-sons à recruter sur la plupart desdisciplines. Nous sommes encoreattractifs ce qui n’est pas forcé-ment le cas pour d’autres établis-sements. En revanche, nous avonsun gros point noir en radiologie,alors que nous avons un plateautechnique performant.

C.L : Nous avons une commu-nauté médicale fidèle, investieinstitutionnellement et qui a atteintune maturité médico-économiqueassez forte. C'est très intéressantet assez propre au CH du Mans,me semble-t-il.

Après le conseil exécutif,vous avez mis en œuvre le di-rectoire. Qu'est-ce que cettemise en place a changé pourvotre établissement ?F.G : Le conseil exécutif avait ré-tabli une certaine communicationentre les différents professionnelset il a coïncidé avec la mise en

œuvre d'un plan de retour à l'effi-cience. C’était une période difficile,mais qui a soudé la communautémédicale et la direction. Cette pé-riode a rapproché les équipes etnous avons vraiment franchi uneétape dans le cadre de la prise encompte des difficultés et de la né-cessité de développer l'activité.Aujourd'hui, il est peut-être un peutôt pour dresser un bilan du direc-toire. Nous sommes actuellementen train de changer de mode degouvernance. Le chef d’établisse-ment prend les décisions, ces dé-cisions sont donc moins partagées.

Quels sont les établissementsavec qui vous avez le plus deliens ?F.G : Dans le département, nousavons un grand nombre deconventions de coopération avecl’ensemble des établissements(Centre Hospitalier Spécialisé dela Sarthe, Centres Hospitaliers dela Ferté-Bernard, Château-du-Loir,Saint-Calais etc…). Nous avonségalement un projet - aujourd’huibien avancé - de communautéhospitalière de territoire avec lePôle Santé Sarthe-et-Loir (PSSL),qui est l’établissement avec lequelnous avons le plus de coopérations.

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Quels sont les thèmes de coo-pérations prioritaires ?F.G : Les coopérations sont es-sentiellement médicales ; ellescomportent également un axe mé-dico-technique. Nous avons envi-sagé l'hypothèse d'une directioncommune, mais cette option n’apas été retenue.

Pratiquez-vous le temps médi-cal partagé ?F.G : Nous avons effectivementdes postes médicaux partagés.Par exemple, neuf praticiens gy-nécologues interviennent au PSSL,tant pour l’activité de jour quedans le cadre de la permanencedes soins. Comme nous sommesplutôt attractifs, nous organisonsle recrutement sur le CH du Manset mettons du temps à disposi-tion, notamment sur la gynéco-obstétrique, sur les urgences, surla cardiologie, ainsi que sur d'au-tres disciplines.

Le Centre Hospitalier du Mansassume-t-il pleinement sonrôle de proximité ?F.G : Le CH du Mans assume plei-nement son rôle de proximité, no-tamment dans le cadre de lapermanence de soins. Nous avonsdes conventions avec les cliniques,mais aussi avec les hôpitaux péri-phériques, conventions qui sontégalement travaillées sous l'égidede l’ARS et qui prévoient notre po-sition, de recours, par exemple surla réanimation.

C.L : Pour illustrer notre mission,on peut dire que le Centre Hospi-

talier du Mans est le principal ser-vice d’accueil médical en urgencesur le département. C’est un cen-tre de référence, siège du SAMU72. Mais, c’est aussi un service deproximité. En effet, au Mans, iln’existe pas de structure de priseen charge en urgences commedans d'autres grosses aggloméra-tions des Pays de la Loire typeNantes ou Angers. Nous n’avonspas de SOS médecin et la méde-cine libérale est peu nombreuseen Sarthe. C’est pourquoi, le ser-vice d'accueil des urgences du CHdu Mans joue un rôle de proximitépour l'ensemble de la populationmancelle.

Quel est l’état de santé finan-cière du CH du Mans ?C.L : Le Centre Hospitalier duMans est engagé dans un plan deretour à l’équilibre pour la période2008-2012. Ce plan a été élaboré,en 2008, sur la base d'un doubleconstat. Le premier révèle un pro-blème d’ordre budgétaire avec,depuis plusieurs années, des dé-ficits d'une ampleur modéréemais récurrents, donc structurels.Le deuxième élément réside dansune santé financière délicate quiempêche l’établissement d’avoirune capacité d'autofinancementpour investir sur fonds propres.Cette situation l’oblige à recourirà l'emprunt, malgré un taux d'en-dettement déjà extrêmementélevé. En 2008, c’est ce constatbudgétaire et financier qui nous aconduits à établir un contrat de re-tour à l'équilibre. Nous avons parconséquent deux objectifs : rétablir

l'équilibre budgétaire et, en paral-lèle, reconstituer les ressourcesd'investissement. Aujourd'hui, nousavons mené de nombreuses ac-tions sur toutes les catégories dedépenses ainsi que sur le volet « recettes ». Ces actions nous ontpermis de redresser progressive-ment le déficit du centre hospita-lier ; certes ce redressement estplus lent que prévu, mais il existe.Nous sommes partis sur 6 millionsde déficit en 2008, mais le pluspénalisant était de n'avoir aucunecapacité d'autofinancement. Nousallons terminer l'exercice 2010avec un déficit de 2 850 000 euros.En parallèle, l'établissement re-constitue, progressivement, unecapacité d'autofinancement surfonds propres et pour la premièrefois, en 2010, nous n’avons sous-crit aucun emprunt pour financernos investissements de l’année etrembourser nos dettes. C’est trèsencourageant !

Cette incapacité d'autofinan-cement vous a-t-elle pénalisédans vos différents projets ?C.L : Sur 2008 et 2009 nousn'avons pas été pénalisés, dans lamesure où nous terminions lesprogrammes envisagés, notammentle pôle Femme-Mère-Enfant, trèsgros programme (38 M€).

La T2A est-elle favorable àvotre établissement ?C.L : La montée en charge à 100 %de la T2A en 2008 a été un levierdans le redressement de l'établis-sement. Le CH du Mans a aug-menté son activité ces quatre dernières

années, avec un taux moyend'évolution en volume d'activitéde + 1,5 % par an. Ce chiffre estdû notamment à notre attractivitécroissante et aux recrutementsmédicaux. Aujourd'hui, nous me-surons cette attractivité par l'aug-mentation de l'activité par rapportaux autres établissements. La si-tuation économique n'est doncpas figée, c'est un point positif,même si le chemin est encore long.

Qu'attendez-vous de la T2Asur le SSR ?C.L : D’après les simulations,nous serons aussi gagnants sur laT2A SSR. J'espère juste qu'elle semette en place plus rapidementqu’elle ne l’a été sur la MCO. Jene crois pas du tout à une montéeen charge progressive et, dans lepassage à la MCO, certains éta-blissements se sont désorganiséspar un système resté mixte troplongtemps. La transition devraêtre beaucoup plus rapide sur leSSR à mon avis.

Où en êtes-vous dans la ré-daction de votre nouveau pro-jet d’établissement ?F.G : Le CH du Mans connaît unesituation particulière, puisquenous vivons actuellement une pé-riode transitoire depuis le départde l’ancien directeur. Notre précé-dent projet d’établissement s'estachevé en 2008. Depuis, nousavons rédigé un plan intermédiairequi était notre plan de retour àl'efficience.

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Michel-Ange Leonard de Vinci

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Quelles sont les orientationsstratégiques du CH du Mans àl’horizon 2013 ?F.G : Premièrement, nous devonssoutenir et sécuriser l’existant.Nous devons regrouper les struc-tures de façon à réorganiser lesactivités et réfléchir à la réparti-tion des disciplines. Nous devonségalement poser les bases descoopérations autour de la cancé-rologie. Pour pouvoir réaliser deséconomies, notamment de per-sonnel, nous savions qu’il fallaitpasser par des regroupements,donc par des travaux, mais, enmême temps, nous étions dansl'impossibilité d'investir. La situa-tion s’améliore et nous avons an-noncé comme projet majeur leregroupement de deux pôles demédecine aujourd'hui complète-ment éclatés. C'est un projet quiva être mené assez rapidement etcette réorganisation constituera lapremière brique du prochain pro-jet d'établissement.

Où en êtes-vous en matière decertification ?F.G : En février 2010, nous avonseu la visite des experts pour lacertification V2011 qui a été, dansl’ensemble, fidèle à notre autoé-valuation.

C.L : Peu de critères ont en effetété modifiés par les experts.Concernant les thèmes relevéspar les experts, nous pouvonsciter le circuit du médicamentbien évidemment, la retranscrip-

tion des prescriptions, la tenue dudossier médical et l’informationdu patient. Nous sommes actuel-lement dans la phase contradic-toire, nous avons reçu le rapportdes experts, et nous avons un cer-tain temps pour répondre aux re-commandations.

Les établissements privés dusecteur développent-ils unestratégie offensive ? F.G : Les établissements privés dusecteur développent effective-ment une stratégie offensive. L’offreprivée est répartie entre plusieursétablissements, dont une cliniqueexclusivement chirurgicale, et uneclinique ayant également un axemédical fort. Nous menons toutefois une poli-tique de coopération avec ces éta-blissements, par exemple dans le

domaine de la chirurgie de lamain, dans le maxillo-facial, la li-thotritie, etc… Les rencontres sontrégulières et les échanges entremembres du corps médical nombreuxen fonction des spécialités.

C.L : Malgré l’importance de laconcurrence du secteur privé, l’hô-pital du Mans reste bien posi-tionné : en 2010, nous sommes à26 % de parts de marché en chi-rurgie sur l'ensemble du territoirepar exemple.

Dans un contexte concurrentiel,la qualité doit être irréprochable.Quel sens donnez-vous au mot« client » ?F.G : L’attractivité passe effective-ment par la qualité de l’ensembledes prestations que l’établisse-ment doit au « client ». L’entrée

dans la démarche qualité, via l’ac-créditation où le CH du Mans s’estpositionné parmi les premiers,nous permet d’avoir des critèresqualitatifs concurrentiels. Nousmenons par ailleurs, une politiquede communication et de travailavec les usagers. Nous avons, parexemple, installé récemment unemaison des usagers sur le site del'hôpital. Nous travaillons réguliè-rement avec l'association desusagers.

C.L : Nous avons tissé énormé-ment de liens avec les usagers,qui sont très intégrés à l'établis-sement. Nous avons une commissiondes relations avec les usagerstrès dynamiques, qui se réunit ré-gulièrement. Par ailleurs, nousavons une politique qualité trèsimportante au Centre Hospitalierdu Mans et dont l’importancestratégique est reconnue par tous.

Cette politique qualité répond-elle à une tradition au CentreHospitalier du Mans ?F.G : La qualité est une traditiondans notre établissement, et elles’est structurée au fil du temps. LeCH du Mans a figuré parmi lesprécurseurs, avec un recrutementtrès précoce d’hygiénistes.

C.L : Nous avons une réelle cul-ture de la qualité au Mans qui setraduit concrètement par lesmoyens engagés sur ce secteur.Aujourd'hui, nous avons au moinsune dizaine de personnes travaillantsur ce thème : ingénieurs, médecins,cadres de santé, gestionnairesdes risques, etc. ©

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Batiment Imagerie

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Les différents résultats desclassements des hôpitaux,publiés par nos confrères duPoint et du Nouvel Observa-teur, placent le CH du Mans aurang des meilleurs établisse-ments français et témoignentde l'amélioration constantede la qualité des soins prodi-gués et du professionnalismedes équipes médicales et soi-gnantes. Quels commentairesapportez-vous à ces classe-ments ?C.L : Ces classements nous flat-tent bien évidemment et sont im-portants pour les équipes en termede reconnaissance. Par contre, ladirection de l’hôpital les abordeavec la réserve nécessaire quantà leur méthodologie. Nous sommesbien évidemment contents que leCentre Hospitalier du Mans soitbien classé et nous y sommes at-tentifs, car nous savons que cesclassements sont importants pourla population et les patients. Ilsnous sont donc utiles en termesde communication.

En terme de pilotage straté-gique, quelles performancesespérez-vous pour votre éta-blissement ?C.L : Pour mesurer la performancede notre établissement, nous avonsdéveloppé un panel d'outils, no-tamment médico-économiques.Nous avons ainsi accompagné lamise en place des pôles par l'éla-boration de contrats d’objectifs.Pour suivre ces contrats, nous avonsdû donner aux pôles certains ou-tils de suivi. C’est pourquoi nousavons construit des tableaux debord de pôle dans lesquels ilspeuvent suivre leur performanceen termes de production médicaleet de recettes, mais aussi leur

coût en termes de dépenses. Pouraller encore plus loin, nous pro-duisons pour chacun d’eux, tousles quatre mois, un « compte derésultat analytique » regroupanttoutes leurs dépenses et toutesleurs recettes, afin qu’ils puissentmesurer leur performance dans lesystème T2A. Aujourd’hui, noussommes très avancés dans les ou-tils à destination des pôles etnous essayons de développer plu-tôt les outils « établissement »,des outils décisionnels et notam-ment un tableau de bord produitmensuellement pour le directoire,et qui permet en huit indicateursd'avoir une photographie de l’éta-blissement sur quatre cadrans : fi-nances/climat social/qualité/attrac-tivité. Nous sommes donc dans laproduction d'outils de pilotage etc'est une démarche que nousavons engagée depuis 2007 et quenous essayons de développer.

Quel est le rôle du systèmed'information ?C.L : Son rôle est capital. La di-rection des finances et le contrôlede gestion ne peuvent rien pro-duire en terme décisionnel sans lesystème d'information. Aujourd'hui,c'est l'outil central mais aussil'outil limitant. Les éditeurs ont dumal à s'entendre entre eux, les lo-giciels ont du mal à communiqueret, dans ce dialogue difficile, desdonnées peuvent se perdre. Ce-pendant, nous avons des inter-faces qui marchent bien pourtoute la production d'outils decompréhension analytique. En re-vanche, ces interfaces marchentun peu moins bien pour notrechaîne de facturation, et ce mal-gré toutes les compétences denotre direction informatique.

Dans le cadre de la moderni-sation du système d'information,vous n'avez pas eu d'enve-loppes dans le cadre du planhôpital de 2012 ?C.L : Nous avons eu une enve-loppe, mais uniquement pour levolet « dossier patient informatisé ».En revanche, nous n’avons pas étéaccompagnés à la hauteur de cequi était prévu. Il y avait un enga-gement sur 10 millions d'euros,nous avons eu une notification de1,9 M€ et, pour l’instant, un ver-sement de 190 000 euros. Lecompte n'y est donc pas à ce jour.

Dans quelle mesure favorisez-vous le dialogue et la respon-sabilisation ?F.G : Dès 2005, nous avons vouludémarrer d'emblée la mise enplace des pôles et des contrats depôle à titre expérimental. Lorsquecette mise en place s’est généra-lisée, notre initiative nous a per-mis d'avoir un certain recul. Les

contrats font partie de cette res-ponsabilisation et tous lescontrats ont été signés au 31 dé-cembre 2006.

Comment les pôles peuvent-ilsêtre efficients sans avoir uneconfiguration et une organisa-tion architecturale polaire ?F.G : C'est justement la difficultéet c'est la raison pour laquellenous avons décidé de travaillersur les deux pôles de médecinequi étaient les plus éclatés. L'ac-tivité de chirurgie est désormaisregroupée dans un seul bâtimentet a pu se restructurer. La situa-tion est la même pour le pôleFemme-Mère-Enfant et pour laneurocardiologie. Sur le plan dumanagement, nous avons mis enplace une instance intéressante,le conseil des chefs de pôles, quise réunit tous les mois. Nousl'avons mis en place au momentde la réorganisation et du direc-toire. Aujourd'hui, nous avons 11 chefsde pôles, une instance assez res-serrée à laquelle participent éga-lement les membres du directoire.

C.L : Par ailleurs, tous les quatremois, la direction des finances etle DIM rencontrent ensemble leschefs de pôles et leurs équipes.L'objectif est de faire un point surle contrat de pôle et les objectifs,mais aussi sur les difficultés et surles projets. La forte coopérationDAF-DIM est un atout du Mans.

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Direction - Administration

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Quelle est l’importance de lacommunication interne et externe ?C.L : Au Mans, nous avons struc-turé un service communication de-puis plus de cinq ans. Sur l'axeexterne, nous avons développénos relations avec la presse afinde jouer immédiatement sur l'at-tractivité de l'établissement vis-à-vis de la population de territoire.Nous avons une communicationpresse autour de tous les événementsde l'établissement, de toutes lesinnovations thérapeutiques, chi-rurgicales et architecturales. Àdestination de la population, nousavons développé un site Internetqui a été reconnu meilleur sitehospitalier en 2010 (www.ch-le-mans.fr). Outre renseigner l’usa-ger, le site a aussi une vocation derecrutement médical et non-médicaldes professionnels de santé et nousdisposons en ligne d’un espacepresse pour les journalistes. Enfin,nous avons développé un troisième

axe de communication externevis-à-vis des professionnels libéraux.Sur des spécialités ciblées, nousorganisons des soirées thématiquesanimées par nos propres prati-ciens, par exemple en chirurgie.En interne, nous avons un intranetqui mérite d’être retravaillé d'unemanière plus dynamique, à l’imagede notre site Internet. Nous avonségalement un petit journal interneet nous avons le projet d’un journalbeaucoup plus conséquent. Enfin,nous sommes attentifs aux outilsréglementaires de la communication,notamment un livret d'accueil dupatient et un livret personnel encancérologie. Ce livret cancérologiea reçu le prix de la communicationhospitalière décerné par la FHF le6 avril 2011.

L’hôpital d’aujourd’hui correspond-il à l’idéal que vous aviez audébut de votre carrière ?F.G : Je ne pense pas avoir jamais

eu une image de « l’'hôpital idéal ».Je constate qu’il ne ressembleplus guère à l’hôpital que j’ai connuau début de ma carrière. Son évo-lution a été phénoménale. Tout aulong de ma vie professionnelle,

j’ai entendu les débats autour de« l’hôpital-entreprise ». Aujourd’hui,nous sommes entrés dans cetteréalité, même s’il reste encorequelques rigidités (le statut parexemple) et certains tabous.

INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEWPrésentation des orientations médicales avec le docteur Philippe Celerier, président de la CME

Quels sontles domai-nes d’ex-cellencedu Centre

Hospitalierdu Mans ?

P.C : Je préfèreraisle terme de compétence et de re-cours à celui d’excellence quiévoque quelques centres de réfé-rence nationaux tournés vers larecherche clinique et fondamen-

tale. Au Centre Hospitalier duMans, notre grande compétencetourne autour des spécialités mé-dicales avec un plateau exhaustif.En chirurgie, notre couverture estégalement complète, à l’excep-tion de deux domaines, la chirur-gie cardiaque et la neurochirurgie.À cette réserve près, nous propo-sons réellement l’ensemble desdisciplines de recours pour notrebassin de population.

Quel est le contexte démogra-phique et sanitaire du bassin ?P.C : Nous desservons un bassinsarthois d’environ 500 000 habi-tants, et pour certains domainesde compétence, ce sont deux outrois départements supplémen-taires (Orne, Mayenne et Eure-et-Loir) qui bénéficient de notre priseen charge. Par contre, au niveaudémographie médicale, noussommes parmi les dix départe-ments les plus pénalisés. Nous

souffrons de pénurie médicale,aussi bien sur le plan des généra-listes qu’au niveau des spécia-listes. D’une part, il n’est passuffisamment formé de spécia-listes et d’autre part, la tendanceactuelle est plutôt à l’installationdes praticiens à proximité desCHU. Cependant, au CHM, nousparvenons à demeurer attractifsgrâce à notre palette complète despécialités et à notre plateautechnique de pointe.

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Bloc opératoire

Bâtiment Fontenoy

www.ch-lemans.fr

Projets Médicaux

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L’articulation du territoire desanté vous convient-elle ? P.C : Nous sommes au cœur dudépartement, nous sommes donctrès bien positionnés. Nous sommesproches d’Angers et de Tours, cequi représente aussi bien un avan-tage qu’un inconvénient. Notrepositionnement nous permet d’avoirla fonction de recours tout en restantun établissement de proximité.

Pouvez-vous nous présenterles principales orientationsmédicales et stratégiques desprojets médicaux à l’horizon2013 ? P.C : Nous n’avons pas formaliséde projet médical ; celui-ci le seraavec le futur directeur général.Notre souci actuel est une diffi-culté de financement des projets,

puisque nous sommes faiblementdéficitaires, mais avec une capacitéd’autofinancement très altéréepar la construction du bâtimentFemme-Mère-Enfant. Les projetsque nous avons lancés actuelle-ment visent donc à réorganiser lesservices de l’établissement pourdiminuer le multisite qui nous ca-ractérise et nous pénalise encoûts de fonctionnement et enfluidité du circuit du patient. Leprojet principal, en ce sens, est deréaliser un grand pôle de médecinespécialisée et cancérologiqueréuni sur un seul site contre troisdifférents actuellement. Cette unité de lieu doit nous per-mettre d’optimiser la prise encharge des patients atteints demaladie cancéreuse. Le deuxièmeobjectif est d’avoir un affichageplus clair vis-à-vis de l’extérieur

de l’hôpital. Nous avons le soucide clarifier notre offre de soins,notamment en cancérologie. Letroisième intérêt de ce projet estde mutualiser un certain nombrede fonctions pour nous permettrede gagner en performance.

Quels sont les enjeux mana-gériaux ? P.C : Le conseil exécutif n’existeplus et est remplacé par un direc-toire qui n’a pas encore trouvé sonfonctionnement optimal ; mais àl’hôpital du Mans, nous avons ins-tallé une véritable gouvernancemédico-administrative, c’est-à-direpartagée avec les médecins autravers d’un conseil des chefs depôles. Cette instance non formellenous permet chaque mois de par-tager des informations, de répon-

dre à des interrogations émanantdes pôles et de préparer certainesdécisions du directoire. L’ensem-ble de nos pôles est constitué de-puis 2006 et des contrats de pôlesde première génération ont étésignés, il y a 4 ans.

Pouvez-vous nous détaillervotre organisation polaire ? P.C : Nous avons 8 pôles cliniques :un pôle de spécialités médicalesà orientation médecine interne, unpôle de spécialités médicales etcancérologie, un pôle de neurologie-cardiologie, un pôle Femme-Mère-Enfant, un pôle gériatrie, un pôlechirurgie, un pôle Urgence-Réani-mation-Anesthésie et un pôle PACTES(Pôle d’Activités Cliniques Trans-versales d’Education et de Support),enfin 3 pôles médico-techniquesimagerie, biologie et pharmacie.

Quelles sont les activités quiont besoin d’être renforcées ? P.C : Le Centre Hospitalier duMans est attractif, mais nousnous heurtons à la problématiquede la démographie médicale. Lesservices à renforcer sont ceux quisont fragiles en terme d’effectifsmédicaux. Cela concerne d’unepart certains services de chirurgie,comme la chirurgie vasculaire oul’urologie et d’autre part la cancé-rologie, pour laquelle il n’a pasété formé beaucoup de cancéro-logues ces dernières années et oùnous avons du mal à recruter.Enfin, devant la difficulté chro-nique à trouver des praticiens enradiologie, nous avons dû réfléchirà une organisation nouvelle ennous rapprochant d’équipes pari-siennes et notamment de l’hôpitalSainte-Anne, pour mettre en placedes lectures par télémédecined’un certain nombre de scannerset d’IRM. De plus, cette ouverturevers un CHU permet à des étu-diants de Paris en post-internat devenir sur Le Mans pour faire desassistanats cliniques. Nous de-vrons trouver le moyen de travail-ler par ailleurs avec nos collèguesdu privé. Nous devons voir ce quela télémédecine pourra nous ap-porter pour assurer la permanencedes soins 24h/24.

Quelle est la place de la re-cherche au Mans ? P.C : Notre centre hospitalier n’estpas un CHU, mais nous sommesreconnus pour notre activité derecherche clinique, de publica-tions et d’enseignement au tra-vers des MERRI. Nous sommestrès impliqués dans les protocolesrégionaux et nationaux, avec despublications importantes. Le

Mans est un hôpital qui s’estconstruit avec des praticiens dediverses origines, apportant leursréseaux professionnels, ce qui fa-vorise les collaborations. Noussommes en train de travailler à unecollaboration globale avec Angers,formalisée par une conventionhospitalo-universitaire, puisquec’est le CHU le plus proche de nous.

Quelles sont les collaborationsmédicales que vous entretenezavec les autres établissements ?P.C : Concernant la coopérationhospitalo-universitaire avec leCHU d’Angers, nous venons d’enparler. Nous avons aussi certainescollaborations formalisées avec leprivé. Avec la clinique du Mans,nous avons notamment signé desconventions dans le domaine dela permanence des soins en car-diologie interventionnelle et enstomatologie. Avec l’autre cli-nique, nous avons formalisé descollaborations dans le domaine dela main et de l’urologie. Nous col-laborons également beaucoupavec le centre de cancérologie,puisqu’ils assurent seuls la radio-thérapie. Nous avons égalementdes conventions avec des struc-tures publiques, qui se traduisentpar la mise à disposition de prati-ciens du CH du Mans qui vontaider les autres établissements.Enfin, nous sommes à l’aubed’une convention plus large dansle cadre d’une Communauté Hos-pitalière de Territoire avec l’hôpi-tal du pôle Santé Sarthe et Loir. ©

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Orthopedie-Traumatologie

Prothese totale de hanche

TEP-scan

Echographie

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juin 2011 • Numéro 20 • 89

Quelles sont les alternativesque vous avez dans le cadrede l’hospitalisation ambula-toire ?P.C : En chirurgie, nous sommesen train d’augmenter notre ratiode prise en charge en ambulatoireau détriment de la chirurgieconventionnelle plus lourde pourles patients. Dans le domaine mé-dical, l’hospitalisation de jourexiste dans plusieurs disciplineset nous développons l’hospitali-sation de semaine ainsi que l’hos-pitalisation à domicile. Tout ledépartement n’est pas encoremaillé pour l’HAD et même si lademande existe, l’HAD ne pourrajamais couvrir l’ensemble des be-soins en raison du nombre crois-sant des personnes en situationd’isolement, social ou géographique.

Disposez-vous d’une filièregériatrique complète et com-ment est-elle organisée ? P.C : Nous avons une filière com-plète avec un service de gériatrieaiguë, un service de SSR (Soins deSuite et de Réadaptation), des unitésd’EHPAD (Établissement d'Héber-gement pour Personnes AgéesDépendantes) et de SLD (SoinsLongue Durée). Au total, nousavons plus de 600 lits, répartis surdeux lieux (un site au Mans et unsite au centre Charles Drouet à Al-lonnes). Nous avons un manquede lits de soins de suite et de cefait des contraintes qui pèsent surtoute la structure Médecine Chi-rurgie Obstétrique (MCO). Mal-heureusement la réponse ne nousappartient pas, puisque c’est la

Région qui détermine le nombrede places dans cette discipline.C’est pourquoi, nous travaillonsaussi avec les soins de suite privés.

Comment le Centre Hospitalierdu Mans est-il impliqué dansla lutte contre le cancer ? P.C : Le Centre Hospitalier est trèsimpliqué dans le domaine de laprise en charge médicale et chi-rurgicale du cancer. Nous avonsl’autorisation d’opérer toutes lestumeurs, à l’exception de la chi-rurgie pulmonaire pour laquellenous travaillons avec une cliniqueet nous réalisons de très nom-breuses chimiothérapies. Toutesles thématiques s’organisent au-tour de Réunions de ConcertationPluridisciplinaires (RCP), où lesspécialistes privés et publics pré-sentent le cas de leurs patients.La prise en charge proposée col-

lectivement est ensuite mise enapplication par le médecin réfé-rent. Les traitements médicauxseront pris en charge par le ser-vice d’oncologie et les trois ser-vices de spécialités autorisés(pédiatrie, pneumologie et derma-tologie). Toute l’articulation de laprise en charge des patients sefait à partir de ces RCP.

Quels sont les liens que vousavez avec la médecine de ville ?P.C : Nous entretenons de bonsrapports avec les médecins libé-raux. C’est particulièrement vraien cancérologie, même si nos can-cérologues sont dépendants del’implication des confrères libé-raux. Nous faisons beaucoup deformations continues pour nosconfrères et nous les invitons auxRCP. L’objectif de ces réunions deconcertation pluridisciplinaire c’est

qu’elles soient, à terme, départe-mentales, en dépassant la problé-matique du public ou du privé.Pour ma part, je suis le coordon-nateur de la RCP d’onco-dermato-logie. Dans tous les cas, il y a unvrai partage d’information entrel’hôpital et la médecine de ville,qui pourrait naturellement êtreoptimisé par un dossier patientcommuniquant…

Quel est l’intérêt d’une approcheconcertée et multidisciplinairedu patient ? P.C : C’est l’optimisation de laprise en charge. Lorsque vousconfrontez des compétences com-plémentaires, vous avez forcé-ment un gain pour le patient. Làencore, nous sommes dans l’es-prit du plan cancer qui est de don-ner à tout le monde un maximumde chances. Mais cela est com-plexe à réaliser. La démographiemédicale pèse sur beaucoup dechoses, nous sommes tous extrê-mement occupés. Nous avonsparfois du mal à réunir tous lesmédecins autour de la table aumême moment ; mais nous sommestous convaincus de la nécessitéde procéder de cette manière pourle bien du patient. En ce qui concernel’organisation de la cancérologiede l’établissement, nous avons leCentre de Coordination en Cancé-rologie (3C), qui est constitué dereprésentants de toutes les thé-matiques, pour réfléchir sur lameilleure façon de mettre en placeles recommandations du plan cancer.

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Pose d’une chambre implantable

Service d’onco-hématologie

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Qu’apportent les 3C aux mé-decins et aux soignants ?P.C : Le Centre de Coordination enCancérologie apporte une aideméthodologique pour faciliterl’évaluation des RCP. Il apporteégalement une aide sur les supportsde communication, pour nous per-mettre de travailler avec lesmêmes outils et pour arriver à unniveau de qualité qui soit cohérentpartout. Harmoniser des outilspour des pathologies différentesn’est pas facile ; chacun a ses ha-bitudes, mais nous devons suivreles préconisations qui sont dansle plan cancer.

Dans un classement réalisépar l’Express en septembredernier, vous obtenez pour laSarthe 14 fois la premièreplace. Que vous inspire ceclassement ? P.C : C’est évidemment une satis-faction. Les critères de jugementsont toujours très arbitraires. In-discutablement, le Centre Hospi-talier du Mans est investi dans lesprogrès techniques et médicauxavec une activité reconnue. Lemot à la mode est le benchmark,dans lequel il y a des choses trèspositives, puisque ce qui est bienfait chez le voisin doit évidem-ment être repris. Cela nous per-met d’analyser nos pratiques etde les améliorer.

La communication avec le pa-tient a-t-elle évolué ces der-nières années ? P.C : L’évolution est importante,elle tient aux médecins et surtoutaux patients qui ont de plus enplus d’informations facilitées parles nouvelles technologies de lacommunication, notamment Internet.Les patients sont de plus en plusdemandeurs ; ils veulent s’impli-quer dans la prise en charge. Aumoins trois axes de communicationse sont beaucoup développés :

l’éducation thérapeutique qui ré-pond à un véritable besoin des pa-tients, les consultations d’annoncemédicale qui illustrent bien l’évo-lution de cette communication,avec en complément une consul-tation d’annonce par une infirmière.Le dernier domaine, en accordavec le plan Cancer, est celui del’incitation à participer aux étudescliniques aujourd’hui moins « taboues ».Le traitement des cancers passepar la recherche et nous propo-sons aux patients des molécules

qui ne sont pas encore sur le mar-ché. Pour un patient qui participeà un nouveau protocole, c’estquelque chose de rassurant de sa-voir que l’équipe qui le prend encharge est impliquée en rechercheclinique et peut proposer, en casd’échec, des alternatives posi-tives.

Comment définissez-vous lamédecine du XXIe siècle ? P.C : La médecine est devenue deplus en plus technique et scienti-fique. Nous avons organisé toutesles structures sanitaires pour setourner vers la recherche avec desbénéfices attendus. Dans le mêmetemps, avec un partage de connais-sance et d’information toujoursplus poussé, nous avons trans-formé le rapport entre le médecinet le patient et permis le dévelop-pement progressif d’une relationpartenariale.

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Cardiologie interventionnelle et de rythmologie

juin 2011 • Numéro 20 • 91

Le Centre Hospitalier du Mans a choisi de se doter d'un progiciel de gestion de soins, un logiciel capable de gérer

la vie du patient au sein de l’établissement. Le projet autour du dossier patient informatisé est important pour

l'établissement et se déroule actuellement sur plusieurs phases.

INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEWLe point sur ce projet et sur le système d'information avec le DSIO, Vincent Trely, et le docteur Valérie Serra-Maudet

Pouvez-vous nous présenterl’organisation et les équipesdu système d’information ?Le Centre Hospitalier du Mansdispose d’un système informa-tique pour lequel travaillent prèsde 25 personnes réparties selontrois axes : un département tech-nique qui regroupe toutes les in-frastructures techniques, un départementfonctionnel lié au traitement des80 applications de métier dont

dispose l’hôpital et un départe-ment spécifiquement créé il y adeux ans, dans le cadre du dossierpatient informatisé regroupantdes informaticiens, mais égale-ment des soignants, des secré-taires médicales, des cadres desanté et des médecins. Ces mé-decins sont coordonnés et pilotéspar le docteur Valérie Serra-Maudet,qui dirige le projet pour le versantmédical. Sur un projet comme ledossier ORBIS SOMAN, nous avonsun équivalent de 15 temps pleins.

Avez-vous noté des évolutionsces dernières années dans lesréflexions de la communautémédicale ? Les médecins se sont emparés de

l’informatisation du dossier médi-cal, parce qu’ils en perçoivent da-vantage l’intérêt. Ils ont évoluévis-à-vis de la façon qu’ils ont dese positionner par rapport à l’outilinformatique, même s’il reste sû-rement des inquiétudes et des ré-ticences légitimes. Mais nousavons réussi à impliquer douzemédecins dans un groupe qui tra-vaille de façon régulière et cetteimplication traduit un investisse-ment en net progrès.

Dans quel état se trouve votresystème d’information ? Notre système d’information estcorrect dans le sens où les récentsinvestissements, au niveau des struc-tures techniques, nous permettent

de le sécuriser. Nous venons d’inaugurerla deuxième salle informatique quinous permet d’avoir une redondancedes infrastructures techniques,des applications et des équipements.Si nous devons faire face à un problème,comme la défaillance d’un serveur,nous pouvons basculer d’une salleà l’autre. En terme applicatifs, noussommes également correctementéquipés, mais avec un manqued’intégration qui nous coûte au-jourd’hui assez cher. C’est d’ailleursl’un des objets du dossier patientinformatisé. Nous souhaitons avoirune base de données centrale, avecune application accessible parl’ensemble des acteurs de l’hôpital.Actuellement, chaque métier possèdesa propre application.

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DPI Dr Pidhorz - secrétaire medicale

S.I.H

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Avez-vous besoin d’urbaniservotre système d’information ?Nous devons effectivement pas-ser de notre modèle « en étoile »à un modèle plus intégré. Nousnous penchons également surl’étude de toutes les synergies enterme de système d’information,entre notre établissement et lesautres, en essayant de trouverune organisation de territoire. Ils’agirait d’un système d’informa-tion à la disposition du territoireet pas uniquement de l’hôpital. Ceque nous mettons en place devraitnous permettre de déposer undossier d’hébergeur et d’être unrecours pour le territoire.

Comment avez-vous fait pourvous structurer de cette façonhumainement et technique-ment ? Jusqu’en 2009, le budget tradi-tionnel était de l’ordre d’1,8 milliond’euros par an, nous permettantde réaliser un grand nombre d’ac-tions. En 2010 et 2011, il a été ré-duit, puisque nous sommes enpériode d’économies, mais le pro-jet « dossier patient » est traitéséparément et bénéficie d’un bud-get complet de 7 millions d’euros,réparti en deux tranches. Une pre-mière tranche de 3 millions d’eu-ros a été financée pour 66% parle plan Hôpital 2012. Nous sommesen train de faire le maximum pourfaire financer la deuxième trancheà la même hauteur. L’angle quenous défendons est qu’aujour-d’hui nous possédons une équipemobilisée et nous avons montréaux tutelles nos capacités à res-pecter nos engagements. J’ai ten-dance à espérer que nous puissionsêtre reconnus comme un établis-sement qu’il faut soutenir. Remo-biliser dans cinq ans les équipesmédicales pour représenter un

projet de cette envergure sera trèsdifficile. Nous serions surpris etdéçus si nous n’étions pas soute-nus, alors que nous avons démon-tré que nous étions capables dedévelopper un logiciel donné, allermême plus loin que prévu, tout enrespectant le budget.

Quels sont les axes de déve-loppement prioritaires et lesaxes stratégiques du systèmed’information pour les troisprochaines années ? Le projet du dossier patient est leplus important. Nous avons uneinconnue, à savoir le projet d’éta-blissement qui sera établi par lefutur directeur général. Lorsquenos données seront structurées àl’intérieur de l’établissement, notretroisième axe résidera dans l’ou-verture vers l’extérieur, les cli-niques privées, les partenaires etla médecine libérale. Le quatrièmeaxe est d’avoir un Dossier MédicalPersonnalisé compatible, en ayantnos données structurées et trans-férables dans les bases de don-nées du DMP, qu’elles soientrégionales ou nationales. Enfin,nous pouvons rajouter un pan « sécurité des systèmes d’informa-tion » qui est aujourd’hui en retarddans les centres hospitaliers fran-çais, tant au point de vue de laprise de conscience qu’en termede déploiement de solutions.

C’est un enjeu énorme avec 80%d’organisation, de persuasion et depédagogie pour 20% de technique.

Dans le cadre du DPI vous avezchoisi AGFA pour déployerson logiciel ORBIS. Qu’est- cequi a motivé ce choix ? Nous avons fait le choix risqué,mais judicieux de remettre la dé-cision entre les mains d’un collèged’une quarantaine de personnes,qui ont participé à l’ensemble dudialogue compétitif avec l’audi-tion des trois candidats. La meil-leure des configurations s’estproduite. Il y a eu un consensuscomplet de l’ensemble des ac-teurs sur le produit et l’offre lamoins chère. L’équipe projet étaitcomposée de médecins, des ca-dres de santé et des secrétairesmédicales, alors que l’équipe in-formatique était représentée parcinq ou six personnes. L’ensembledes métiers de l’hôpital était re-présenté au sein de ces commis-sions d’études, en participant àune quinzaine d’auditions, en li-sant les offres pour enfin remplirles évaluations et aboutir à unesynthèse.

Comment se déroule la colla-boration avec AGFA ? Nous sommes actuellement dansla phase de développement d’unproduit présenté sous une cer-taine forme, mais qui doit êtreadapté à notre établissement. Nousavons des relations suivies etétroites avec AGFA, nous permet-tant ainsi d’échanger pour essayerd’avancer ensemble. Lorsque nousachetons ce genre de produit,nous savons qu’il n’est pas fini etqu’il ne fonctionne pas dans toutesses composantes. À partir de là,s’entame une relation de partena-riat où nous travaillons avec AGFArégulièrement, en avançant ou dé-

calant les phases prévues pour, aufinal sur les 50 mois, essayerd’avoir tout réalisé.

Pouvez-vous nous détailler ledéploiement de ce projet ? Ce déploiement est constitué degrandes phases. La premièrephase était la bureautique médi-cale avec la gestion des rendez-vous. La deuxième concernait ledossier de soins / dossier médical,avec prescription au lit du patient.Ensuite nous avons le dossier desspécialités, la gestion des blocsopératoires et le module d’urgence.Nous avons essayé de faire un dé-coupage selon des paramètres lo-giques et architecturaux, enfonction de l’avancement des tra-vaux d’AGFA. L’idée phare du dé-coupage de ce projet est de nepas avoir d’effet tunnel, en faisanten sorte qu’il se passe toujoursquelque chose à l’hôpital. Il y a eule lancement, puis les sites « pilotes» sur le dossier de soins, la dictéenumérique qui va bientôt démar-rer avant peut-être la mise enplace des modules de transports.Il se passe en permanencequelque chose, l’objectif étantque tout soit réalisé dans les dé-lais impartis. Les phases com-prennent à la fois des étapes dedéploiement du dossier médical,mais également du dossier desoins avec des responsables iden-tifiés pour chacun de ces projets.Il y a plusieurs modules de spé-cialités qui vont agrémenter cedossier patient en commun à tousles services, avec ensuite le dé-ploiement de tous les dossiers desur-spécialités. Le but est qu’au-cune catégorie ne soit laissée àl’écart dans le développement dece dossier. C’est ensuite à chaquespécialité de continuer à construirece dossier dans différentes directions.

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Salle - serveurs CHM avec V. Trely

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En quoi ce projet est plus qu’unsimple projet informatique ? Ce n’est pas vécu dans l’hôpitalcomme un projet informatique,mais comme un projet de structu-ration d’un dossier médical, quis’appuie sur un gros travail del’équipe informatique. Pour lessoignants, ce n’est pas très facileparce que nous n’avons pas for-cément conscience du travail in-formatique que cela représente.C’est un projet d’établissement etpas uniquement un projet infor-matique. Il est évident que cela nese résume pas à installer un petitlogiciel. Nous sommes sur un pro-jet structurant qui oblige les se-crétaires, les soignants et lesmédecins à modifier leur mode detravail. Nous comptons sur l’ap-port d’outils qui va leur faciliter latâche. Le médecin peut validerses comptes-rendus directementà l’écran, sans aller et retour depapier, ce qui représente pourchacun un gain de temps.

En quoi ce projet peut-il vouspermettre de renforcer votreattractivité ? Je pense que la communauté mé-dicale et soignante ressentaitclairement le besoin d’améliorerla pertinence dans le choix dessoins et la prise de certaines dé-cisions. A charge pour nous de lefaire entendre par nos parte-naires, en leur expliquant quenous souhaitons gagner du tempspour améliorer nos pratiques etnos prises en charge. Je crois quele facteur d’attractivité se situe là.

Quels sont les projets qui vontvous permettre de vous ouvrirvers l’extérieur ? À partir du moment où les don-nées médicales d’un patient sontcomplètes, structurées, numéri-sées autour d’un progiciel, il suffitde donner un droit d’accès de toutou partie de ces données à toutespersonnes autorisées. Nous de-vons à un moment donné, faireune intégration sur tout le par-cours de soin. L’hôpital traitel’aigu, la médecine de ville le suiviet il n’y a pas de moyen de com-munication claire entre les diffé-rentes parties, à part le téléphoneet les courriers. Il existe un vraimanque dans ce domaine et c’est

un reproche qui est fait très légi-timement à l’hôpital, puisque lemédecin de ville perd de vue sonpatient. C’est donc un moyen deréduire cette fracture, de faciliterles échanges et d’augmenter l’at-tractivité. L’information numériqueest fatalement plus accessibleque l’information papier. Aprèsnous devons mettre en place toutle protocole. Avec les cliniques,nous sommes à la fois en concurrenceet en partenariat et il n’est pasquestion d’exclure les structuresprivées du partage des informations.

Quels sont les autres projetsd’informatisation à l’horizon2013 ?Nous sommes en train d’informa-tiser la stérilisation. Nous avonslancé le projet d’informatisationde toute la maintenance de l’hô-pital. Il est prévu à court termed’apporter de l’informatique au la-boratoire dans le cadre de son ac-créditation. Il y a une pierre manquanteextrêmement importante, faute debudget, c’est l’adjonction au dos-sier médical de l’imagerie et duPACS. Nous n’avons pas encored’outil centralisé des images et delien images / patients. Nous sommesun hôpital important, mais cela nerésout pas le problème de trouverdes radiologues, ce qui est un pro-blème général en France.

Le circuit du médicament a faitl’objet d’une recommandation.Qu’avez-vous engagé commeréponse ?Un travail a déjà été engagé enréponse à cette recommandationet permet de régler le problèmede l’informatisation de la pharma-cie. Des services pilotes sont encours de déploiement sur ce logi-ciel de prescription. Il nous pa-raissait logique d’asseoir le

dossier médical avant de travail-ler sur la prescription. L’importantétait de faire entrer les médecinsdans cette démarche de la pres-cription informatisée.

Avez-vous d’autres projets liésaux infrastructures techniques ?Nous avons fait ce qu’il fallait cestrois dernières années pour assu-rer un niveau de sécurité élevé àl’ensemble des applications cri-tiques de l’hôpital, ORBIS / TPI in-clus. Les gros investissements enterme d’infrastructure ont été réa-lisés. En dehors de l’arrivée d’unprojet PACS qui nous obligeraitéventuellement à repartir sur dustockage du serveur très puissant,nous sommes agréés pour absor-ber l’ensemble du projet. La nou-velle question qui va se poser estcelle de la mobilité. Comment al-lons-nous faire pour que ce progi-ciel, accessible via des postesfixes, le soit également via desterminaux mobiles ? Choisirons-nous des portables sur des cha-riots ou des tablettes ? Noussommes en train d’étudier cetteprochaine étape et c’est ce qui gé-nérera le prochain gros investis-sement dans les années à venir.Comment apporter toute cette in-formation auprès des métiers,voire des patients ? Je pars de la

dynamique qui est de savoir cedont les médecins ont besoin. Enfonction des métiers médicaux,nous ne pouvons pas appliquer lamême méthode partout. Nous al-lons piocher dans tout ce qui estdéjà fait dans d’autres établisse-ments. Quoi qu’il en soit, nous dé-pendons de l’éditeur.

Comment comptez-vous accom-pagner tous ces changements ? Le fait de partir d’emblée sur undialogue compétitif qui impliqueles praticiens et le fait de ne dé-ployer aucune phase sans avoirobtenu qu’elle soit construite etpréparée par des professionnels,c’est déjà la garantie d’un inves-tissement. Nous nous rendonscompte que les praticiens se sontdéjà emparés du dossier et qu’ilsont déjà des idées qui correspon-dent à celles que nous avions ima-giné mettre en place. Nous n’avonsprévu aucun lancement sans uneformation des personnels concer-nés. Nous nous sommes organi-sés pour que les formations aientlieu très peu de temps avant lamise en application et la mise àdisposition d’une hotline. Chaquefois que nous introduisons un nou-vel élément, nous repartons surun cycle de formation complet.Nous avons formé près de 1000personnes à l’intérieur de l’hôpi-tal. C’est de la logistique lourde.Nous bénéficions d’une bonne ac-ceptation de tout le personnel.Nous avons également fait lechoix délibéré de tenir compte descritiques. Nous avons pris avecnous les personnes qui sontconnues dans l’établissementpour leur fort caractère et leursens critique ce qui nous apportedes éléments intéressants, puisquela critique est souvent constructive.

Formation

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• juin 2011 • Numéro 2094

Le cancer du sein est actuellement le plus fréquent des cancers de la femme. Toutes générations confondues, une

française sur dix risque d'en être atteinte au cours de son existence. Le Centre Hospitalier prend en charge plus de

200 nouveaux cas par an et, en raison de cette fréquence, l’établissement a décidé de créer une filière de sénologie.

INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEWPrésentation de cette filière avec le docteur Philippe Pillot

Pouvez-vousnous pré-senter ledéparte-ment de gy-

nécologieobstétrique ?

P.P : Nous avonsmis en sommeil la notion de ser-vice et de département au béné-fice des pôles. Nous avons doncd’un côté l’obstétrique, c'est-à-dire les accouchements et la gy-nécologie dont fait partie la chirurgiecarcinologique. C’est une descomposantes du pôle Femme-Mère-Enfant qui intègre une filière « femme »avec l’obstétrique et la gynécologieet une filière « enfant » avec lachirurgie pédiatrique et la prise encharge pédiatrique de l’enfant.Nous sommes douze praticiensavec des filières de sur spécialitésdont quatre chirurgiens oncologues

à orientation essentiellement chi-rurgicale et cancérologique. Lesautres praticiens sont plus orientéssur les problèmes de stérilité, dela contraception ou de l’obsté-trique. Nous avons parfois descompétences partagées, maisnous restons des gynécologues-obstétriciens et nous tenons beaucoupà cette double casquette.

Quels sont les enjeux aujour-d’hui autour du cancer du sein ? P.P : Il s’agit du premier cancer dela femme. Une femme sur dix vadévelopper un cancer du sein.Dans la Sarthe, nous comptons500 nouveaux cas chaque annéeparmi les 52 000 nouveaux cas ré-pertoriés en France. D’autre part,cela peut toucher autant de femmesjeunes que des femmes plusâgées. Les enjeux essentiels sontla fréquence, la complexité et la

nécessité d’organiser une prise encharge multidisciplinaire.

Comment expliquez-vous cettefréquence qui est en augmen-tation ? P.P : C’est une augmentation re-lative, même si nous savons quele traitement de la ménopauseaugmente le risque du cancer du sein,nous n’avons pas vu une explosiondu nombre de cas, même si celareste le premier cancer de la femme.

En termes de prévention, dequels outils disposez-vous ? P.P : Plus que de prévention, nousdevons parler de diagnostics pré-coces. La filière de sénologie per-met de répondre de manière trèsréactive à la perception d’uneanomalie clinique. Une femme doitavoir un suivi gynécologique danslequel s’intègre la palpation des seins.

Il y a un dépistage systématiqueorganisé pour les femmes entrecinquante et soixante-quinze anspar la sécurité sociale. Avant cin-quante ans, ce sont les médecinsqui proposent aux patientes deréaliser des mammographies enfonction des cas. Ces mammographiessont préconisées tous les anspour les femmes à risques, no-tamment pour les femmes por-teuses de cancers familiaux,c'est-à-dire de mutation géné-tique et qui ont un risque de 40 à50% de développer un cancer. Pourles autres en général, nous avonsvalidé la mammographie une foistous les deux ans. De plus, nousdevons intégrer entre ces mam-mographies systématiques, lesuivi clinique et bien évidemmentla palpation par les femmes elles-mêmes.

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Filière de Sénologie

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Pourquoi avez-vous décidé decréer cette filière de sénologie ?P.P : C’est en premier lieu pour ré-pondre à un besoin des médecinstraitants. Nous avons décidé decréer cette filière il y a cinq ans.Auparavant, nous avions un dé-pistage du cancer du sein, maismoins structuré. L’objectif des fi-lières de sénologie, c’est aussi deréunir sur le même site, lesconsultations avec un spécialisteet la pratique des examens com-plémentaires pour gagner en flui-dité et en délais.

Comment est organisée cettefilière ? P.P : Nous avons transmis un nu-méro aux médecins traitants, qui,par ce biais, peuvent entrer encontact avec une infirmière for-mée en sénologie. Les patientesou les médecins trouvent la ré-ponse à leur demande et l’infir-mière de sénologie organise uneconsultation si nécessaire avecl’un des quatre praticiens, dans undélai de huit à dix jours. Nousnous sommes réservé une part denotre activité pour nous permettrede répondre à cette demande. Decette consultation spécialisée dé-coule, si nécessaire, la réalisationd’examens complémentaires. Lafilière de sénologie est orientéesur le diagnostic et non sur le trai-tement. Il faut savoir qu’avant lamise en place de cette infirmière,les appels étaient gérés par lessecrétaires et de ce fait nousmanquions de fluidité et de rapi-dité. Les patientes et les méde-cins ne trouvaient pas de réponseà leur demande.

Cette infirmière devient-ellele référent pour la patiente ? P.P : Elle n’est pas le référent,mais elle est un contact perma-nent. Elle est le relais pendanttoute la mise en place des diffé-rents examens nécessaires. C’estelle également qui nous aide pourles prélèvements et pour la biop-sie. L’infirmière est souvent unpoint d’orgue incontournable etc’est le lien entre nous et la patiente.Elle peut également évaluer le besoind’une prise en charge psychologique.

Pouvez-vous nous parler duplan personnalisé de soins ? P.P : Ce plan rentre dans le cadrede la politique nationale. Le cen-tre hospitalier adhère au réseauOnco Pays-de-Loire qui a validé lanécessité du plan personnalisé desoins. C’est la proposition théra-peutique qui fait suite à la Réunionde Concertation Pluridisciplinaire(RCP) en cancérologie, sans lesquelsnous ne faisons pas de bonne can-cérologie. Le médecin référentsoumet à la patiente les propositionsthérapeutiques validées en RCP.

Quelle est la place de la recher-che dans votre spécialité ? P.P : La recherche occupe uneplace importante dans le cadred’une bonne prise en charge.Nous devons donner aux patientesla possibilité d’accéder à des es-sais thérapeutiques. Cette possi-bilité est plus du ressort desoncologues, puisque nous ne faisonspas de chimiothérapie dans le service.

Quelles sont les avancéesdans le cadre de la lutte contre

le cancer du sein ? P.P : C’est en premier lieu la priseen charge de la chirurgie avec lapratique du ganglion sentinelle,qui est une chirurgie plus limitéeau niveau des ganglions. Il y a dixans, nous enlevions le cancer ettous les ganglions sous le brasavec les conséquences éven-tuelles d’œdème qui pouvait avoird’importantes répercussions surla santé et la morbidité desfemmes. Suite à des études, nousavons prouvé que lorsque les gan-glions étaient négatifs, nous negagnions rien à tous les enlever.Nous prélevons des ganglionssentinelles que nous recherchonspar mesure isotopique à l’aided’un produit radioactif, associé àune injection de 2 ml de bleu pa-tenté au niveau du sein qui va co-lorer en bleu les ganglionssentinelles. Pendant l’interven-tion, nous enlevons les ganglionsqui sont bleus et/ou radioactifs.Nous analysons ensuite ces gan-glions et s’ils sont négatifs, nouspouvons extrapoler sur le carac-tère négatif des autres ganglionset nous limiter à un traitementchirurgical moins lourd. Nous évi-tons par ce moyen à environ 60%des patientes, l’ablation totaledes ganglions. Certains critèreshistologiques des tumeurs nouspermettent des thérapeutiques ci-blées sur certaines tumeurs. C’estla surexpression du gène CER B2qui permet d’utiliser certaines mo-lécules de chimiothérapie qui vontavoir une efficacité plus grande. Ily a aussi la connaissance del’onco-génétique avec la préven-tion des cancers familiaux. Lesfemmes porteuses d’une mutationonco-génétique qui sont de deuxtypes, le BRCA1 et le BRCA2, vontavoir plus de risque de développerà la fois un cancer du sein et uncancer de l’ovaire. Nous allonsjusqu’à proposer des mastecto-mies de manière préventive chezces femmes. Pour les ovaires, c’estplus simple, puisque nous enle-vons les ovaires préventivementune fois qu’elles ont eu les en-fants qu’elles souhaitaient et sur-tout la mutilation est moins visible.

Ces recherches génétiquessont-elles demandées par laprofession ?

P.P : Nous avons eu une explosiondes demandes. Il faut qu’il y ait uncertain nombre d’ascendantes di-rectes qui ont été confrontées àcette situation. Chez une femmejeune de moins de quarante ans,nous recherchons systématique-ment la mutation onco-génétique,puisque nous savons que c’estdans ce cas de figure que c’est leplus important. La rechercheonco-génétique est une démarchedes patientes.

Dans le cadre de cette luttecontre le cancer du sein, quelssont les établissements avecqui vous avez le plus de liens ?P.P : La Sarthe a la particularitéd’avoir deux centres de cancéro-logie, avec le centre hospitalierd’un côté et la clinique privéeJean-Bernard qui possède le seulcentre de radiothérapie. Nousavons de très bons rapports decoopération avec cette clinique,dont les praticiens font partie desquorums de notre établissement.

Quelle est l’importance du rôledes médecins de ville danscette lutte contre le cancer ? P.P : Ils occupent une place essen-tielle dans le dépistage, le diagnosticet le suivi. Leur rôle est moins im-portant à la phase thérapeutique.Le conseil de l’auto-palpation etle suivi des femmes sont essentiels.

Votre établissement est-il reconnupour la qualité de son action ? P.P : Vous savez qu’il existe desclassements pour les établisse-ments hospitaliers et quel que soit lejournal qui les publie, les conclusionssont globalement les mêmes etattestent toutes de la qualité denotre travail. Celui qui nous est leplus favorable est celui du NouvelObservateur, qui nous place enpremière position des hôpitauxgénéraux et le deuxième établis-sement non-universitaire pour toutela France. L’élément le plus im-portant est au niveau de la région.En matière de prise en charge ducancer du sein, nous sommes latroisième structure derrière lescentres de lutte contre le cancerRené-Gauducheau de Nantes etPaul-Papin d’Angers - et nous sommesclassés devant les deux CHU.

Livret de liaison en cancerologie

• juin 2011 • Numéro 2096

L'unité de pédiatrie hémato-cancérologie permet la prise en charge, le suivi et le traitement des enfants souffrant

de tumeurs ou hémopathies. L'équipe soignante travaille notamment en réseau avec les services d'oncologie

pédiatrique des CHU de Nantes et d'Angers.

INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEWPrésentation avec le docteur Eliane Tarral

L’unité depédiatried’hémato-cancéro-logie du

Centre Hos-pitalier du

Mans ?E.T : L’unité de pédiatrie d’hé-mato-cancérologie est une unitéde cinq lits qui accueille les en-fants, si possible en ambulatoire,pour leur chimiothérapie ou enhospitalisation en cas d’aplasie etde problèmes nutritionnels, maiségalement malheureusement, enfin de vie, notamment pour les tu-meurs cérébrales. Pour gérer cetteunité, nous avons une infirmièredans l’unité le jour, et une infir-mière coordinatrice à mi-temps,ainsi qu’une auxiliaire de puéri-cultrice. La nuit, en fonction de lacharge de travail, il y a soit une in-

firmière pour l’unité soit une infir-mière qui partage son temps avecle secteur adolescent. Pour assu-rer la continuité des soins, nousavons deux médecins et noussommes d’astreinte 24h/24.

Quelles sont les activités decette unité ? E.T : Il s’agit essentiellement d’onco-logie pour toutes les pathologieset d’hématologie maligne. Chezl’enfant, nous rencontrons essen-tiellement des leucoses aiguëslymphoblastiques, des tumeurscérébrales et du rein. Nous faisonségalement de « l’hématologie bé-nigne », puisque nous prenons encharge les maladies drépanocy-taires et les anémies hémolytiques.Les enfants sont hospitalisés dansle service de pédiatrie et non dansle service d’oncopédiatrie.

Le nombre de lits correspond-il à la demande ? E.T : Il faut reconnaître que lenombre de lits est parfois insuffi-sant et cela nécessite une cer-taine organisation notamment lemercredi puisque, de plus en plus,les chimiothérapies sont faites enambulatoire pour permettre plusfacilement un retour à la vie nor-male. Nous disposons toutefoisde lits de secours en pédiatrie.

Avec quels établissementsavez-vous le plus de liens ?E.T : Nous travaillons essentielle-ment avec les CHU d’Angers et deNantes. L’un de nos principes debase est la mutualisation desmoyens disponibles sur la région.Nous reconnaissons les centresde référence dans certains do-maines spécifiques comme les al-logreffes de moelle osseuse et la

neuro-oncologie lorsqu’elle né-cessite une intervention chirurgi-cale et de la radiothérapie. Pourpouvoir travailler de façon coordon-née, nous avons chaque semaine,deux réunions de concertationpluridisciplinaires, interrégionalespar visioconférence, qui regrou-pent Angers, Nantes, Caen, Poi-tiers, Rennes et Brest. C’est unecollaboration qui fonctionne trèsbien. L’Institut National du Cancera formaté le réseau en centre decompétences et, de ce fait, lesprises en charge sont mieux régulées.Les médecins des centres référentsviennent consulter régulièrementsur place, évitant ainsi au patientde se déplacer.

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Unité de pédiatrie hémato-cancérologie

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Pouvez-vous nous parler duréseau d’onco-pédiatrie desPays de Loire ? E.T : Le réseau fonctionne essen-tiellement avec Nantes et Angers.Aux côtés de ces deux centres deréférence, il existe dans les diffé-rents centres hospitaliers de la ré-gion des centres de proximité.L’activité de ces centres dépendde leur structure. Pour notre part,l’activité de chimiothérapie à l’hô-pital du Mans est plus importanteque dans les autres centres deproximité, du fait de l’existenced’une unité d’oncologie et d’unpersonnel formé à cette spécialité.

Quels sont les moyens tech-niques dont vous disposez ? E.T : Nous avons des stations deperfusion qui sont très perfor-mantes. A l’aide d’un logiciel spé-cifique de chimiothérapie, lessoignants demandent à l’avancela préparation des produits à lapharmacie centralisée du CH duMans. Nous disposons égalementd’un plateau technique complet(scanners, IRM, Tep scan…). Enfin,tous les enfants sont inclus dansdes protocoles thérapeutiques etpour les points clés de l’évalua-tion de l’efficacité des traite-ments, les explorations sont faitesen début de traitement dans lescentres de référence.

Dans le cas de pathologieschroniques, comment faites-vous pour que l’enfant gardeune continuité scolaire ? E.T : Pour l’ensemble de la pédia-trie, nous avons trois institutricesqui prennent en charge les en-fants du CP jusqu’à la troisième,en sachant que c’est un peu pluscompliqué pour le secondaire.Dans ce cas, elles se mettent enrelation directement avec le lycée.Une des institutrices est détachéepour le service d’hématologie. Cette institutrice se déplace à domicile pour les enfants qui nepeuvent pas aller à l’école ; c’estune des particularités du CentreHospitalier du Mans.

Pouvez-vous nous parler del’école pour les enfants del’hôpital du Mans ? E.T : Cette école a été créée en1967. Pour les enfants en oncolo-gie, nous avons des réunions tousles mois pour fixer le programme,puisque dans nos traitements dechimiothérapie, nous avons desphases intensives et des périodesplus calmes qui permettent auxenfants de retourner à l’école.Nous favorisons le retour à l’écoledès que possible. Lorsqu’ils nesont pas en aplasie, ils doiventêtre scolarisés, sauf en périoded’épidémie de varicelle ou autre.

Quand ils sont hospitalisés ici,l’institutrice prend le relais enfonction du nombre d’enfants ouse rend à domicile. Tous les en-fants ont la possibilité de voirl’institutrice et tous la réclament.Elle a su s’adapter à nos exigencesde prise en charge thérapeutique.

Comment se passe la prise encharge des élèves dans lesdifférents services ? E.T : En pédiatrie et en chirurgie,nous organisons des activités lu-diques et nous essayons de com-penser les problèmes scolairesdes enfants. Il existe une salle decours en pédiatrie et en chirurgiepédiatrique. En hématologie, cesactivités se déroulent au lit dupetit patient. Les enfants sont trèsdemandeurs.

Quelle est la place de la familledans toutes ces activités ? E.T : Certaines activités externesau centre hospitalier sont géréespar l’association « La Luciole ».Elle comprend les familles de ma-lades ou d’anciens malades etpropose, par exemple, d’aller àdes matchs de football, des acti-vités sportives ou autres. Nousavons souhaité que l’associations’implique très peu dans le versantmédical, puisque nous sommestrès contraints par les exigences

des protocoles de traitement. Ce-pendant, les membres de l’associa-tion peuvent nous communiquerdes idées sur la prise en charge,mais leur rôle est plus tourné versl’extérieur.

De quoi avez-vous le plus besoinaujourd’hui ? E.T : Nous avons besoin d’organi-ser différemment la gestion de ladouleur en ayant, par exemple, denouvelles approches comme lasophrologie. Par ailleurs, nous ve-nons de débuter des séances d’art-thérapie, pour apprendre aux enfantsà s’exprimer, ce qui est primordial,non seulement en cancérologiemais également chez les enfantsatteints d’affection chroniquecomme la drépanocytose. Il y a unan, nous avons également débutéune collaboration avec le serviced’oncologie adulte pour faciliter lesuivi et l’accompagnement desadolescents, qui, une fois adultes,sont dirigés vers ce service. Enfin,il va être prochainement mis enplace un réseau spécifique à lapédiatrie dans la gestion dessoins palliatifs.

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Ecole des enfants hospitalises

Le Centre Hospitalier du Mans est implanté sur deux sites avec, globalement, un patrimoine architectural relativement

vieillissant. Aujourd'hui, l'établissement se retrouve à l'amorce d'un virage au niveau de ses structures. Plusieurs

opérations ont d'ores et déjà été achevées : le bâtiment Aliénor qui regroupe le pôle Femme-Mère-Enfant ou

encore le pavillon « Pablo Picasso » dédié aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.

INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW - INTERVIEW

Des propos recueillis auprès de Françoise Galletyer, directeur général adjoint et Michel Besson, directeur des travaux et des services techniques

Pouvez-vous nous présenterla direction des travaux et desservices techniques ?Aujourd'hui, les services tech-niques et les travaux sont réunisen une seule et même direction.Nous avons deux grands secteursau niveau des services tech-niques. Tout d’abord, le bureaud’étude, puisque nous avons unetrès grande maîtrise interne. Cebureau est constitué de 12 per-sonnes, ingénieurs ou technicienssupérieurs, qui pilotent 82 per-sonnes au total, si nous intégronstous les ateliers. Par ailleurs, lesservices biomédicaux sont ratta-chés à cette direction pour un ef-fectif de 18 personnes, dont deuxingénieurs à la tête. Nous pilotonségalement l’EHPAD Charles Drouet.Nous disposons vraiment d’un pé-rimètre d’intervention important,

tant dans l'étude que dans l’inter-ventionnel ou l’exploitation. Nousfaisons encore partie de ces cen-tres hospitaliers où tout est à peuprès internalisé.

Comment se compose le patri-moine hospitalier du CH duMans ?Nous pouvons dissocier les deuxsites du Centre Hospitalier. Toutd’abord, le site principal situé surla ville du Mans représente environ22 ha sur lesquels sont implantés31 bâtiments pour 200 000 m² desurface. Tous les bâtiments nesont pas en activité et certainssont désaffectés. Concernant l’au-tre site, Charles Drouet, nousavons 7 ha regroupant deux bâti-ments de gériatrie, plus la blan-chisserie, pour un total de 400 lits.Globalement aujourd’hui, nous

sommes sur un patrimoine archi-tectural relativement vieillissantavec des bâtiments très hétéro-gènes, datant du XIXe siècle à au-jourd’hui, et avec des degrés devétusté très différents.

Quelles sont les difficultésrencontrées pour la gestion,la maintenance ou l’entretiende ce patrimoine ?Nous rencontrons les mêmes dif-ficultés que pour tout entretien depatrimoine vieillissant. Ainsi, nousavons des installations qui sontde plus en plus demandeuses deressources et d'investissements « maintenance ». L'une des plusgrosses problématiques rencon-trées dans ce type de bâtimentconcerne la déperdition ther-mique. Autre difficulté qui a sonimportance, les locaux ont été

structurés au niveau architecturalpour une médecine qui n'est pluscelle appliquée aujourd'hui. Il estmême devenu difficile, voire im-possible, d’en réhabiliter certainsde manière à retrouver cette effi-cience. Aujourd’hui, le CentreHospitalier du Mans se retrouve àl'amorce d'un virage au niveau deses structures.

Quelles ont été les princi-pales opérations achevées auCH du Mans ces dernières an-nées ?Les deux dernières opérations ma-jeures ont concerné en 2009 lacréation d’un bâtiment appeléPablo Picasso, destiné aux pa-tients Alzheimer et la constructiondu bâtiment Aliénor abritant lepôle Femme-Mère-Enfant.

Services techniques

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Justement, pouvez-vous nousprésenter cette opérationpour le bâtiment Aliénor ?Les premières réflexions autourde ce bâtiment remontent à denombreuses années, mais l’opé-ration telle qu’elle a été menée aété amorcée en 2004. Le bâtimentAliénor est un bâtiment modernerépondant bien aux exigencesd’aujourd’hui. Au regard de l'acti-vité importante, la surface dédiéeest relativement pertinente, puisquenous avons 18 900 m² pour cepôle. Il est important de rappelerque le projet a été conçu à uneépoque où il était question de lafermeture de la maternité privéeconcurrente. Le bâtiment est deconception architecturale « mono-bloc », plutôt bien intégré dans lepaysage local, compte tenu deson emplacement et de la placefoncière dont nous disposions.L’opération a coûté 38 millionsd'euros sur la partie foncière etelle s’est finalisée à 42 millionsd'euros, équipements compris.

Pourquoi avez-vous décidé decréer ce bâtiment ?La maternité était devenue com-plètement obsolète. Le bloc opé-ratoire n’était plus tout à fait auxnormes, tant sur le plan de la sé-curité que sur celui de l’hygiène.La conception architecturale étaitdépassée et ne répondait pas auxexigences hôtelières des patients.Au départ, nous nous étions pen-chés uniquement sur une nouvellematernité. Mais le projet médicala pesé de tout son poids pourfaire évoluer le projet initial versun projet plus global d’« Hôpital

Femme-Mère-Enfant ». Nous avonsdonc vraiment conçu un hôpitaldans l'hôpital.

Depuis la création de ce nouveaubâtiment, le nombre d'accou-chements a-t-il augmenté ?Le nombre d'accouchements a ef-fectivement énormément aug-menté. Nous pouvons aisémentpenser que les nouvelles condi-tions hôtelières ont joué un rôleattractif et ont donc amené à l’hô-pital une clientèle qui aurait pud’ordinaire se tourner vers le privé.

Concernant l'entretien de cebâtiment, quel bilan pouvez-vous faire ? Concernant le volet « mainte-nance - technique pure », nous

sommes satisfaits. En revanche,un point ne tient pas ses pro-messes, la consommation énergé-tique au-dessus de nos prévisions.

Aviez-vous intégré une notionde développement durable dansla conception de ce bâtiment ?À l'initiative de ce projet, nousavions effectivement intégré unenotion de développement durable.Toutefois, pour des raisons essen-tiellement économiques, un cer-tain nombre de solutions a dû êtreabandonné en cours de route. Lebâtiment n'est donc pas qualifia-ble HQE au sens strict du terme.Néanmoins, il est bien évidentque des performances, notam-ment en matière énergétique, ontété fixées et que, malheureuse-

ment c'est sur ce point-là quenous avons des interrogations. Jene désespère pas que nous puissionstrouver un jour des solutions, entout cas, tous les bureaux d’étudestravaillent sur le sujet.

Toujours en 2009, le CentreHospitalier Mans a doncinauguré le pavillon « PabloPicasso », un pavillon de pra-tiquement 1300 m² pour lespersonnes atteintes d'Alzhei-mer. Quelles sont ses particu-larités ?Nous avons dû inscrire ce bâti-ment dans une surface foncièreun peu contraignante : nous avonsdû détruire un ancien bâtimentdésaffecté depuis plusieurs an-nées ; nous avons également dûle rendre communicant avec lesautres bâtiments, notamment Mi-chel Ange qui abrite la gériatrietraditionnelle. Par ailleurs, une ré-flexion plus particulière a étémenée par rapport à son orientation.Au final, nous nous retrouvons avecune solution privilégiant intégra-lement l'univers patient, alors quel’intégralité des locaux techniquesest orientée du côté le plus défa-vorable.

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Des aménagements spécifiquesont-ils été apportés à ce bâti-ment ? En arrière du bâtiment, nousavons créé un jardin thérapeu-tique auquel nous allons apporterencore quelques améliorationsprochainement. En intérieur, nousavons dû prendre quelques pré-cautions particulières, comptetenu de certaines pathologies hé-bergées. Par exemple, juste avantl’ouverture, nous nous sommesrendu compte que les éclairagesétaient totalement inappropriés etnous avons dû les remplacer enurgence par des appliques plussécurisantes.

Pourquoi avez-vous décidé decréer ce bâtiment spécifique ?Nous avions des lits d'Alzheimer,mais ils étaient situés au seind’une structure existante, àl’étage ce qui est peu adapté pource type de patientèle. Aujourd’hui,le bâtiment Pablo Picasso répondparfaitement aux besoins des pa-tients souffrant de la maladied’Alzheimer. Nous avons d’ailleursde bons retours, les patients sesentent plutôt bien dans ce bâti-ment, la satisfaction est réelle, ycompris de la part du personnel.Hors constructions, quellessont les autres principalesopérations menées ces der-nières années ?Une opération majeure a concernéla réanimation médico-chirurgi-cale. Auparavant, nous avionsdeux services de réanimations quise trouvaient à des niveaux diffé-rents et qui étaient gérés par deséquipes médicales différentes.

Nous avons décidé de regrouperces deux services sur un même ni-veau. Aujourd’hui, nous avons 17lits dans le service unique de réa-nimation médico-chirurgicale, ainsiqu’une Unité de Soins Continus.Ce regroupement a demandé degros travaux en 2007 et un inves-tissement de 2 millions et demid’euros. Nous avons égalementeu une grosse opération de re-structuration de la radiologie àhauteur de 4,3 millions d’euros.Enfin, nous avons eu plusieurs « petites » opérations en 2007,2008 et 2009.

Quel est le budget de la direc-tion des travaux et des ser-vices techniques ?Notre budget s’élève à seulement3 millions d’euros cette année, enraison d’un plan de rigueur. Pour2011, aucune opération majeurene sera menée, même si nous de-vrons lancer quelques opérationsde maintenance et de remise à niveau.

En matière d’investissementde matériel technologique,

le CH du Mans s’est notam-ment équipé d’un scanner dedernière génération, le scan-ner 64 barrettes. Pourquoi cechoix ?Aujourd'hui, nous avons un parcd'imagerie à la pointe de la tech-nologie. En tant qu’hôpital de ré-férence, nous sommes tenus à uncertain niveau d’efficience. Deplus, avoir un bel équipement,c’est un peu une vitrine pour notreétablissement. Mais nous avonsun problème car nous avons seu-lement trois radiologues pourfaire tourner ce matériel. Certes,nous avons de beaux équipements,mais derrière, nous n’avons pasde projet médical en radiologie.Nous avions fait le pari qu'avec unplateau technique attractif nousréussirions notre recrutement,mais cela n’a pas suffit…

Quelle est la place des logis-tiques dans vos projets ? Nous en revenons toujours à notreconception architecturale : 22 ha,32 pavillons. Nous pensons qu’ilest évident de mieux optimiser les

flux. Nous avons 60 véhicules eninterne, dont un grand nombretransportant ces flux dans tous lessens, une situation que nous n’au-rions pas connue si l’établisse-ment avait été conçu sur deuxblocs. Cette problématique logis-tique n’a jamais été prise suffi-samment en considération. Elle atoujours suivi l’architecture dusite, mais, dans les années àvenir, nous allons devoir nous pen-cher sur cette question.

Quel serait le scénario idéalpour le Centre Hospitalier duMans ?À l'instar de nombreux autres éta-blissements en France, nos ré-flexions vont devoir porter soit surune reconstruction complète, soitsur une véritable et profonde ré-organisation interne. Aujourd’hui,nous avons une quinzaine de bâti-ments qui n'ont plus lieu d'existeren raison de leur vétusté ou deleur non-adaptation à nos be-soins. À un moment donné, nousserons obligés de mettre un freinà cette course pavillonnaire. Nousrestons convaincus que notrefutur va passer par un projet degrande ampleur.

Comment définissez-vous leconfort à l’hôpital ?Dans un premier temps, le patientregarde bien évidemment leconfort hôtelier d’un établisse-ment. Ensuite, le confort passepar l’accueil ou encore par une fa-cilité de circulation. Finalement, leconfort à l’hôpital passe par l’or-ganisation de tous ces éléments,une organisation qui doit être bienhuilée.

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Service de reanimation medico-chirurgicale

Unité de soins continus