8
UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE Author(s): Jean-Pierre Chambon Source: Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, T. 56, No. 1 (1994), pp. 99-105 Published by: Librairie Droz Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20679572 . Accessed: 28/06/2014 16:14 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance. http://www.jstor.org This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLEAuthor(s): Jean-Pierre ChambonSource: Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, T. 56, No. 1 (1994), pp. 99-105Published by: Librairie DrozStable URL: http://www.jstor.org/stable/20679572 .

Accessed: 28/06/2014 16:14

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Bibliothèqued'Humanisme et Renaissance.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

Bibliothque d'Humanisme et Renaissance - Tome LVI - 1994 - n* 1, pp. 99-105

UNE HYPOTHESE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE*

0. - L'anonyme Sermon de P'endouille appartient au corpus des ser mons joyeux 6dite r6cemment par J. Koopmans'. Selon Picot (R 15, 414),

1'histoire des commeres et de 1'andouille , que narre notre sermon, ?est une des plus ordurieres qui aient pu etre mises sur la scene ; ?elle t6moigne, ajoute-t-il, des obscenites inouies que pouvaient se permettre les acteurs . Le texte est connu par une impression (s) qui existait en 1535 et sort probable ment, d'apres Koopmans [185], des presses de Trepperel (ca. 1520); on pos sede en outre une version remanide (d), rajeunie dans la graphie et dans la

langue, imprim6e en 1599 dans un Recuel de podsies rcMatives, qu'on trouve A la suite des cEuvres de Guillaume Coquillart2; une autre edition du

XVIe siecle aurait disparu (Koopmans, 185-186)1.

* Les abr?viations et sigles sont ceux du FEW; v. Beiheft. Ortsnamenregister. Literatur

verzeichnis. ?bersichtkarte, Tubingue, 19502, et Supplement zur 2. Auflage des bibliographis chen Beiheftes, B?ie, 1989 (reproduction de la lre ?d. 1957).

? En outre Collerye vresH =

uvres de Roger de Collerye, nouvelle ?dition avec une pr?face et des notes par M. Charles

d'H?ricault, Paris, P. Jannet, 1855. 1

Recueil de Sermons Joyeux, ?dition critique avec introduction, notes et glossaire par Jelle Koopmans, Gen?ve, Droz (Textes Litt?raires Fran?ais, 362), 1988, 185-204. On consultera les comptes rendus par Gilles Roques, RLiR 53 (1989), 256-259, Pierre Demarolle, RBelge 67 (1989), 640-643, et Kurt Baldinger, 107 (1991), 490-493.

2 Koopmans [187] indique que ?le texte fourni par cet exemplaire serait plus ancien que

sa date d'impression (1599)?. Il se base sur un unique fait de chronologie lexicale (sur la

m?thode, employ?e aille?rsv v. Baldinger 102, 419-420): le ?sens archa?que? de patrouiller ?tripatouiller, p?trir? au v. 43, alors que le ?sens moderne? ne serait attest? que depuis 1553; du coup il date ?provisoirement? ? d ?autour de 1550?. En fait (i) le verbe patrouiller n'est pas dans le texte (on a le nom patrouillis au v. 43); (ii) le ?sens moderne? de patrouiller (qu'on sup pose, d'apr?s la date de 1553, cf. FEW 8,40a et TLF, ?aller en patrouille, faire une patrouille?) n'a rien ? faire dans le d?bat (le sens ?moderne? n'a pas pris la place du sens ancien) et on ne

peut logiquement en inf?rer aucune date (avant 1553 = ?autour de 1550?? !) pour le texte; (iii) patrouiller ?tripoter, marner malproprement? est attest? de QJoyes ? Lar 1932 (FEW 8, 38-39;

TLF) et n'a donc rien d'? archa?que? au XVIe si?cle; (iv) il en va strictement de m?me du d?riv?

patrouillis, attest? de ca. 1500 ? Ac 1878 (FEW 8, 39b); (v) c'est au contraire fouillis ?m?l?e, confusion? [plut?t qu'? agitation? gloss.] (version s), auquel d substitue patrouillis, qui para?t rare et archa?que (cf. FEW 13/2, 393b, tudiculare).

? On ne trouve aucun argument linguis tique qui soit r?ellement de nature ? faire reculer la date de composition de la version d. Parmi les rajeunissement de d, le remplacement de chamberiere (s, 149) par servante (d, 127) [v. les textes cit?s par Hu], de desroi ?malheur? (s, 100) [dernier ex. de Hu ds Etes Masures, cf. FEW

16, 699b] par le banal cas (d, 85), de arsoir (s, 12Q) [attest? jusqu'en ca. 1560, FEW 4, 413b, heri] par hyersoir(d, 103), de Hz (s, 60) [attest? jusqu'? Ronsard dans cette fonction, Br 2,313] par elles (d, 48), orientent plut?t ? la deuxi?me moiti? du XVIe si?cle. De plus, la r?fection alai ner (?, 6), sur le d?verbal, qui se substitue ? ali?ner (s, 6), n'est pas attest?e par ailleurs avant Brant?me (v. FEW 2, 576a, anhelare, et n. 2), et l'emploi de monsieur n.m. en fonction d?si

gnative, s'appliquant ? un homme quelconque, inconnu ou qu'on ne d?signe pas par son nom

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

100 J.P. CHAMBON

Ni Montaiglon/Rotschild, ni Picot, ni le reent editeur de formulent

d'hypothese sur 1'auteur. Quant a la localisation du texte, J. Koopmans declare que <les allusions g6ographiques des vv. 140, 142 [le] font pencher

(C'est du monsieur de notre rue d, 125 ; sans correspondant dans s) n'est connu que depuis 1585

(DuFail ds TLF). 3 Sur r?tablissement et interpr?tation du texte: 11-12: plut?t point ? la fin de 11, et vir

gule ? la fin de 12; ? 21 : virgule ? la fin du vers; ? 23 : virgule apr?s prince (En tant que [je] touche les sotz / Et nostre prince constitue une incise et nous construisons a ce propos... de cer

sottes; il n'y a pas de relation syntaxique entre notre prince et de ces sottes, contrairement ? ce que pourrait sugg?rer la ponctuation de l'?diteur);

? 30: virgule ? la fin du vers (Roques RLiR 53, 258);

? 37: les deux points en fin de vers ne sont peut-?tre pas d?sirables; l'?diteur

para?t en effet interpr?ter app?tit en emploi absolu et dans le sens moderne de ?E?lust? (dans la langue commune, cette ?nouvelle signification semble [...] s'?tre affermie dans la premi?re

moiti? du XVIe si?cle?, Baldinger ALFA 2,10, cf. Bald Rab 165 sqq,); nous pr?f?rons construire // me donne grant app?tit / Que je la manye un petitl, en conservant ? app?tit son sens g?n?ral (?d?sir de qch?) de fa?on ? pr?server aussi l'amphibologie app?tit sexuel (cf. 63) / E?lust qui fait le sel du passage;

? 39: la ponctuation des ?diteurs d'AncPo?s 4, 89 (et n. 1), suivie par Hu s.v. fretillon (virgule apr?s l'autre, ung bon fretillon en apposition, guillemets au d?but du vers 40), para?t pr?f?rable ? celle de Koopmans (qui demanderait au moins ? ?tre justifi?e dans le sens de Roques RLiR 55, 291);

? 41 : il y a peut-?tre double sens jouant sur mary et marris ?ut?rus? (ca. 1340 ? Est 1538 ds FEW 6/1, 501b, matrix; cf. mfr. mary QuatreSermJoyK 17, 209, o? le mot signifie ?mal de l'ut?rus? et n'a pas ?t? reconnu par l'?d.); cf. G. Roques, RLiR

55, 291 ; ? 67 n. : trouver lafeve est une locution fig?e bien connue dans le sens de ?faire une

trouvaille, faire une bonne affaire? (DiStefanoLoc avec l'exemple du texte, mais dans d 1599

d'apr?s l'?d. Angot, Parnasse ?rotique); il n'est pas n?cessaire d'y voir, dans le texte, une ?allu sion ? la F?ve des Rois? [195] ;

? 68 n. : le rapprochement, propos? en note, ?t frapper ?s frap per au mirely, et de frappe cul para?t intempestif ; ? 70: la virgule apr?s requiers n'est peut-?tre pas indispensable; plut?t que de construire je vous requiers en incise, on peut interpr?ter laissez comme un SubjPr 5 en -ez (?encore tr?s fr?quents dans la premi?re moiti? du [XVIe] si?cle], GougGramm2 115, cf. Br 2, 341) r?gi par un verbe signifiant ?commander? (Br 2, 446-447) dans une compl?tive juxtapos?e;

? 90: quid de lel faut-il corriger? ? 139: lire on: ? 150 n. :

on a dans rebourser ft seoours d'une femme ?la payer en retour des marques d'amour qu'elle vous ? donn?? une image ?rot?co-financi?re comparable ? celle qu'on trouve en 154-155; nous

croyons qu'il faut interpr?ter rebourser par ?rembourser? (la d?finition du glossaire, ?rendre dans la bourse?, est tout ? fait maladroite) et secours par ?faveurs d'une femme? (v. l'exemple de avoir secours d'une femme dans Fouill cit? par DiStefanoLoc), et non par ?argent qu'on pr?te pour venir en aide? (Demarolle RBelge 67, 641, qui note que ce sens n'est attest? que depuis 1668); la forme rebourser (inconnue de TL, Gdf, Hu et FEW) s'expliquerait par un jeu avec rebourser ?retrousser? (Demarolle RBelge 67, 641) ou serait ? corriger (?d.);

? 155 n.: dessus la taille signifie plut?t ?sur le cr?dit? (cf. sur taille ?? cr?dit?, M?n ds DiStefanoLoc; ? 184 n. : en d?pit de l'?diteur (?nous pr?f?rons fi ? si: la lecture si est possible, mais fi 'certi

tude, justesse' convient tr?s bien?), il faut lire si; par quel si que est une loc. conj. o? il faut reconna?tre une variante de par tel si que (par ung cy que), plus usuel (cf. DiStefanoLoc; Hu

6, 791a); corriger aussi le glossaire. ? Au glossaire: aj. amours ds le jeu d'amours (7, 151): cf.

FEW 24,470b, amor, et Frappier R 88,433-477; ? s.v. anuyt: aj. ennuyt (7,116);

? s.v. blan che: on ne peut gloser ce vocable dans teste blanche (1, 148) par ?vieille?;

? s.v. brimbaler: lire brimballer et pr?ciser ?(sens libre)?, cf. Hu;

? s.v. brouillis: aj. 7d, 44; ?

aj. couvrechef n.f. ?sorte de coiffe de nuit? (7,111): cf. Hu;

? aj. l'eaue m'en vient a la bouche (7,46): relev?

par DiStefanoLoc dans notre texte (mais dans d 1599 d'apr?s l'?d. Angot, Parnasse ?rotique) ; ? s.v. escondit: d?pourvue ] d?pourvu; plut?t escondire ?repousser?;

? a), fumier (estre sur

son ?) loc. verb, ??tre sur son domaine, sur son terrain? (7, 9): (1548, Rab ds Hu; cf. aussi HasselF 188; RLiR 55, 210);

? s.v. galoises: mot non d?fini; ?

aj. goust (avoir bon ?) loc. verb, ?avoir bon app?tit? (7, 13): v. RLiR 53, 259;

? mirely: signaler qu'il s'agit d'un hapax

(Gdf, d'o? FEW 21, 326a, o? il faut un renvoi ? 23,141b); ?

aj. narinee n.f. (7, 153): cf. FEW

7, 15a, *narina (seulement narrinee ?lamp?e, gorg?e?: un exemple chez Molin); ? s.v.

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

NOTES ET DOCUMENTS 101

pour Paris [190; cf. 187]'; il s'accorde en cela avec Picot (R 15, 415) et

Montaiglon/Rotschild (AncPods 4, 88, n. 2). Toutefois, les allusions

parisiennes ([...] on les orroit crier / De Paris jusqu'a Saint Clou. / Dix fois la nuyt, c'est pour aller / De Paris jusques en Poitou 140-142) nous paraissent assez minces.

On notera qu'il ne faut pas tenir compte de 1'indication de l'6diteur qui considere, en note [194], comme un ?trait picard (cf. aussi 303, n. A 14, 122) 1'emploi de ilz pron. pers. 6 f.pl. (60; remplac6 par elles dans d); v. A ce sujet Br 2, 313: ?la confusion de Us et de elles se retrouv[e] jusqu'A Ronsard. Elle ne lui est pas particulibre (avec plusieurs exem ples du XVIe siecle). s emploie aussi eulx au f6minin (29; remplace par elle dans d)'.

Le texte debute par une ?indication situationnelle precise a Sainct Jehan le Rond: Sotie nous a huy reffaicts / Pour fonder a Sainct Jehan le Rond / La confrarie de sainct Espes (2-4). L'6diteur indique dans une note qu'<il s'agit d'une fete de sots, a 1'occasion de laquelle les chanoines de St-Jean-le Rond forment ensemble l'ordre fac6tieux de saint Epais [190]; et il precise: ?Saint-Jean-le-Rond 6tait le baptistere de la Cite de Paris, mais il existe aussi des eglises de ce nom a Sens et a Auxerre. Ce qui permet, au moins en pre miere approche, de circonscrire le d6bat: Paris, Sens ou Auxerre.

Nous tenterons d'abord d'exploiter les indices linguistiques g6ographi ques, assez pauvres, que recele la langue du texte (? 1), avant d'examiner

quelques autres faits de vocabulaire (? 2). Le plus souvent, ces traits lexicaux ont 6t6 (au moins partiellement) dlimin6s de la version d: on a la un indice objectif pour les constituer en particularismes remarquables.

1. - La coloration regionale est tres faible

Pere (< Huyt fois, c'est beau commencement, / Par sainct Pere, pour un

mesnage! 104, sans correspondant dans d), pour lequel l'Index des noms

propres [610] ne fournit pas d'identification, mais qui est naturellement une

oppresser, corriger en opresser; ?

aj. outil n.m. ?membre viril? (7d, 132, cf. 151); ?

aj. paix (porter la ?) loc. verb, ??changer le baiser de paix? (7, 7; baiser la paix dans d 7): cf. FEW

8, 92a, pax; ? aj. prendre v.tr. ??pouser (qn)? (7, 87): cf. FEW 9, 340b, prehendere (1132? 1765);

? s.v. patrouillis: la mention ?sens impr?cis? (Lewicka, I* 339) ? propos de patrouiller fait contresens; Lew ne d?clare le ?sens impr?cis? que dans un seul exemple particulier!

? aj.

poing (a plain ?

) loc. adv. ?? pleine main? (7, 51,60): seulement ? plein poing ?par poign?es? (ca. 1382; Racan) ds FEW 9, 519b, pugnus;

? aj. saveur (prendre

? ? qch) loc. verb, ?prendre go?r/plaisir ?? (7, 47): cf. Hu (deux ex.);

? aj. [seurvenir] v. intr. ?survenir? (seurvint 7, 30;

remplac? par survint dans 7d; cf. survenu 7,59): seulement un exemple de cette graphie en 1470 ds FEW 14, 245a, venire (aj. seurvint Collerye uvresH 205);

? trenchoison: le sens de

?s?paration? (inconnu de FEW 13/2, 280-281, *trinicare, et de Hu) serait ? justifier. 4

L'id?e tr?s discutable selon laquelle il se pourrait que ?le titre de notre sermon joue sur le nom de Aanthoillez, mentionn? dans des pi?ces d'archives de Saint-Jean-le-Rond (Archives

Nationales H 5 3611; date: 1540)? [187] ne nous para?t pas constituer un argument ? retenir en faveur de Paris.

5 La forme le, probablement pour la (pron. pers. 3) au v. 90 est tout ? fait isol?e et peut n'?tre qu'une coquille.

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 5: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

102 J.P. CHAMBON

forme de Pierre, est certainement, au XVIe siecle, une variante regionale ment -(ou diastriquement) marquee. Malheureusement, elle ne fournit pas d'indication veritablement utile. D'apres la toponymie, qui peut servir indi rectement A localiser ce traitement de PETRU, on trouve des noms de lieux Saint-Pere dans l'ouest (IlleV. Loirel. Sarthe, Vend6e; cf. saint Pere ds PionnierSeurdreP v. 627 [impr. Angers ca. 1580]), dans l'est (Nievre, Yonne) et dans le centre du domaine d'oil (Loiret, Chartres, SeineO. Montreuil et m8me Paris: rue des Saints-Peres par alteration; v. Longnon ? 1533, 1976 et n. 1). On ajoutera cependant l'existence d'une eglise Saint-Pere a Auxerre.

Fretouillis n.m. (54R: touillis; gloss. <<fr6touillement> [?]), qui doit signi fier ?agitation est, a ce qu'il semble, un hapax. Il est remplace par brouillis dans la version d de 1599. Le mot releve du type fretouiller (surtout ?remuer; tripoter ), d'implantation dialectale assez large d'apres les donn6es de FEW

3, 785b, FRICTARE, qui le releve en picard (pic. boul. Vraignes), dans le Cen tre (centr. berr.) et dans l'Est, ou il apparait dans l'Yonne (Bleneau, Chablis), l'Aube (Clairv.) et la Haute-Marne; a Chablis et a Clairvaux, le sens est celui de ?s'agiter qui parait a la base de notre derive6. Il y aurait donc la une mince presomption en faveur de Sens ou d'Auxerre au detriment de Paris.

Le nom feminin mignotte apparait deux fois dans le texte (Comme deux

tresgrandes mignottes 24R; Lors print a dire la mignotte 160R, occurrence omise au glossaire). Dans le premier passage, ce vocable a 6td normalise, lui aussi, dans t (1599): C'est de deux mignonnes bourgeoises (changement de suffixe et de classe de mots). L'6diteur emboite le pas A cette version, en traduisant, au glossaire, par ?mignonne , ce qui n'est pas tout a fait satisfai sant. En 24, le sens pourrait mieux etre ?fillette , l'expression tresgrandes

mignottes comportant une sorte de sous-entendu grivois (deux <fillettes fort grandies et expertes) dlimind, peut-etre par incomprehension, dans d. En 160, mignotte s'applique A une chambriere et s'oppose A femme 5163).

Ceci orienterait vers l'(extreme) est du domaine d'oil ou le type mignette, avec traitements dialectaux du suffixe, est atteste avec ce semantisme: saun. MoselleV. mignate <jeune fille (FEW 6/2, 139a, MIN-, par erreur ?mit suffw. car il s'agit du traitement local de -ITTA), Chateau-Lambert minQt, Ronchamp munQt ?(ma) fille ALF p 56 (mal classe FEW 20, 13b, MIN, v. TraLiPhi 28, 31), Plancher mignote (FEW 6/2, 139a; cf. ALFC 1075 p 16), Belf. munQt ?(ma) fille ALF p 65 (mal classe FEW 20, 13b, v. TraLiPhi 28, 31; cf. Horning et ALFC 1075 p 6, 7, 11), Ajoie mignatte ?fille nubile (FEW 6/2, 139a, par erreur ?mit suffw. ). Ce type parait absent des parlers de la Bourgogne et de l'Yonne (0 FEW, ALB, ALCB). Ndanmoins la micro toponymie de la Bourgogne, dont G. Taverdet publie l'utile repertoire, connait de nombreux lieux-dits du type (la/les) Mignotte(s): un en C8te

6 Avec le sens de ?frotter (fr?quentatif)?, f retouiller se trouve en 1541 dans Le Banquet des chambri?res (AncPo?s 2, 295; Hu; FEW I.e. ?faire fr?tiller?): Quand je manie ceste

andouille, / Il m'est avis qu'on m'en f retouille.

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 6: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

NOTES ET DOCUMENTS 103

d'Or, quatre dans la Nievre, cinq dans l'Yonne'. L'analyse a partir de

mignotte ?jeune fille est sugg6r6e pour des raisons syntaxiques dans pre d la Mignotte (1.-d., Gissey-sur-Ouche, C6te-d'Or), avec d introducteur de

complements d6terminatifs anim6s humains (GougenheimGramm2 233; Grevisse12 570-571), ou s6mantiques dans la belle Mignotte (1.-d., Dompierre-sur-Nievre, Nievre). Nous retrouvons, ici encore Auxerre, avec le lieu-dit les Mignottes, qui apparait d6ja au v. 26 du Discours joyeux enfagon de sermon de Jean Pinard (Auxerre 1607, Koopmans 6). Tout le Discours de Jean Pinard joue sur le ravivement semantique des noms de lieux-dits du

finage d'Auxerre: on doit postuler un double sens, probablement erotique d'apres le contexte, qui appelle peut-etre ?jeune fille au niveau sous-jacent (Koopmans 174 en note: <Mignottes: 'femmes l6geres' ).

Comme Auxerre se trouvait dans le domaine de -ITTA > -otte (cf. les nombreux noms de lieux du Discours de Jean Pinard: les Fontenottes 24, la Golotte 40, Croisotte 161, la Chapotte 177, etc.; v. la carte d'A.G. Haudri

court, Problemes de phonologie diachronique, Paris, 1972, 69), il est assez

probable que cette zone ait connu au XVIe siecle le type mignotte ?fille ,

aujourd'hui confine dans les marches orientales de la Galloromania, avec l'issue regionale de -ITTA.

Dans notre Sermon, on ne peut pas exclure, loin de l, une substantiva tion ?de parole , a partir de mignot adj. ?gentil, gracieux , due a l'auteur du sermon. Dans cette hypothese, il est toutefois frappant de constater

qu'une telle substantivation feminine n'est pas souvent attestee: Hu n'en releve que deux exemples, dont un se trouve chez Roger de Collerye (ca. 15108, Monologue du Rdsolu: Carje congnoissois la mignote / Estre bien fris que et dorelote)9.

2. - Or on notera que deux autres particularismes, au moins, du texte se retrouvent 6galement, d'apres les releves de Hu, sous la plume de Collerye.

Enne! (46), supprime dans d (1599), donne au glossaire (a la suite de Hu, qui suit Marot glossateur de Villon) comme ?juron de femme , est assez rare

(Villon -

1536, Gdf, CohF, Hu ds FEW 7, 184a, qui glose <certes, assur6

ment, par ma fois ; <la qualite de 'juron' de cette exclamation ne [...] sem ble pas assure> VillTestHR 2, 220). Hu n'en releve que trois exemples au XVIe siecle: l'un dans AncPods 3, 180 (Jehan d'Ivry; en fait, deux occurren ces dans cette page), les deux autres dans le Monologue du Rdsolu (ca. 1510) de Collerye'*; on ajoutera EnfantProdigueM (ca. 1520), cf. BaldRab 215, et

CoqF (Coquillart est, on le sait, un inspirateur de Collerye).

7 G. Taverdet, Microtoponymie de la Bourgogne 6, Dijon, 1991,1188-1190, ? Particle Mine.

* Nous datons les uvres de Collerye d'apr?s PicotSotties 2, 350.

9 On ajoutera une attestation de Gringore (var. 1513, Sotties 2, 146, 225 n.; texte:

mignonnes). ?

Notons, par ailleurs, que Collerye emploie le diminutif Juliote ( uvresH 267; contre Jacquette dans la m?me page).

10 Qui emploie aussi volontiers ennement (trois exemples sur les quatre de Hu; v. aussi

Lew 1, 256).

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 7: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

104 J.P. CHAMBON

Garnier n.m. <<grenier (173R; 0 gloss.), standardisd en grenier dans d (1599), est attest6 par FEW (4, 217a, GRANARIUM) du XVe siecle a 1560

(Gdf, CentNouv, Mist, Goub). Hu en produit sept exemples; parmi eux, trois sont chez Collerye (1530, Satyre pour les habitans d'Auxerre, et

Rondeaux)". On peut aussi, nous semble-t-il, tirer parti du v. 149 du Sermon:

Ung fol radottd qui se bransle I...]

148 Qu'on dit qu'il a la teste blanche, Trouva sa chamberiere blanche

Il faut rendre compte, d'une maniere ou d'une autre de la rime blanche: blanche, qui a visiblement choqu6 le remanieur de d, lequel remplace cham beriere blanche par servante franche (127). Dans le juste souci d'6viter une rime du meme au sens sans modification de sens, l'dditeur (au glossaire) tra duit par oinnocente (ce sens dp. Villon selon FEW 15/1, *BLANK, 139a). Mais cette signification ne convient que mal dans ce passage (cf. la suite du texte! vv. 161-162). On pr6fdrera entendre blanche au sens de <blonde (cf. VillonTestRH 671: Soient blanches, soient brunectes)'2. Or ce sens parait fort rare: les editeurs de Villon (VillonTestRH 2, 100) ne citent qu'un emploi identique de Melin de Saint-Gelays dans Hu, dont c'est le seul exemple (FEW 15/1, *BLANK, 139a, ne releve ce semantisme qu'en ancien occitan et dans les parlers de la Suisse Romande); mais on le trouve justement sous la plume de Collerye: Soit belle ou laide, ou blanche ou clere brune (Rondeaux LXXXVI, 4, EuvresH 226).

On ajoutera une concordance d'expression entre Le feu puisse brusler le trou! (144) et, chez Collerye, A tous les diables soit le trou / De la villaine chacieuse! (Rondeaux XXXXIII, EuvresH 204, 8-9). L'idde (le feu designe le feu d'enfer), la forme syntaxique et la mdtrique sont les memes; quant a trou n.m. ?parties de la femme , il n'est lui-meme pas si courant d'apres FEW 13/2, 229a, *TRAUCUM (que complete Baldinger Z 100, 275, n. 189); a part quelques attestations medievales (trau / treu GLeu, treu Desch, tro

Renart), ce sens n'apparaitrait, avec le signifiant actuel, que depuis Rab 1552; le Sermon et le rondeau de Collerye offrent donc les premieres attesta tions modernes.

3. - On sait que Roger de Collerye, n6 A Paris en 1468 et mort vers 1537, fut, a partir de 1494, secr6taire de l'eveque d'Auxerre. On sait (?) aussi qu'il fut abbe des sots dans cette ville (Koopmans 412, 41313; cf. son Cry pour l'abbe de l'eglise d'Ausserre et ses suppostz, mEuvresH 275-276, et l'allusion

11 Cette forme n'est pas connue des parlers bourguignons contemporains (0 FEW 4,

217b; 0 ALB 1380). 12 Une autre solution, plus arbitraire, serait de lire le pr?nom Blanche. 13

Koopmans [412], se r?f?rant ? Lebeuf, pr?cise: ?sous le nom de Roger Bontemps?, mais v. ? ce sujet J.R. Gorselin, ?Une l?gende tenace: Roger Bontemps?, The French Review 48 (1975), 690-694, qui qualifie l'id?e de Lebeuf d'?aimable supercherie? [693].

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 8: UNE HYPOTHÈSE SUR L'AUTEUR DU SERMON DE L'ENDOUILLE

NOTES ET DOCUMENTS 105

des vv. 2-4 et 23). On sait en tout cas qu'il s'adonna - comme son ami auxer rois Jean Pinard - au genre du sermon joyeux (Sermon joyeux pour une

nopce, impr. Paris, 1536; Koopmans 21)"4. D'autre part, dans l'impression de 1599 (Recueil de poesies recreatives a la suite des CEuvres de Guillaume

Coquillart), le Sermon de l'endouille (177 v*-180 r*) suit d'assez pres le Ser mon joyeux pour une nopce (169 v0-174 r*) (v. Koopmans 186, 412), ce qui pourrait suggerer une communaute d'origine.

Avec l'indication situationnelle a Saint-Jean-le-Rond (qui peut etre a

Auxerre), les quelques indices linguistiques regionaux qui touchent Auxerre ou sa region, les coincidences lexicales' que nous avons relevdes, on a li un

petit faisceau d'indices convergents, externes et internes, qui incitent a pro poser d'attribuer le Sermon de l'endouille a Roger de Collerye ou, tout au

moins, a son milieu humain, culturel et geographique.

Strasbourg. Jean-Pierre CHAMBON.

14 La verdeur particuli?re du Sermon de l'endouille ne constitue nullement une contre

indication; cf. Les Dames ayment bien le droit. Je Vay veu par experience (Dialogue des abusez du temps pass?, uvresH 94), Ne hantez jamais creature / Qui hait le d?duit de nature / Et le service du cultis ( uvresH 267), et le rondeau XXXIII cit? ci-dessus ? 2.

15 On notera que Collerye emploie fr?tiller v.intr. ?s'agiter? ( uvresH 191; seulement Calvin au fig. ds Hu), ? mettre en relation avec fretillon ?personne qui s'agite sans cesse (ici avec allusion sexuelle)? (37; O gloss.; interpr?t? ?objet qui fr?tille ou qui fait fr?tiller? par Roques RLiR 55, 291), lequel est un mot de Coquillart (dans le nom propre fac?tieux Geffrine Petit fretillon CoqF 93, n.; Lew 1, 152; RLiR 55, 291; FEW 785b, frictare).

This content downloaded from 92.63.102.147 on Sat, 28 Jun 2014 16:14:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions