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LE JOURNAL DE L’AUTOMOBILE :: N°1001/1002 :: 11 MAI 2007 COACHING COACHING 21 ZOOM <<< Un tramway nommé désir >>>UNE SPECIALISTE VOUS CONSEILLE ELISABETH DAMOUR Coach, elisabeth.damour@ suivideffets.com vaillomane en dysfonctionnement se met à sur- contrôler, il se désorganise, devient agressif et pertur- be tout le monde par ses exigences. La démotivation ne se donne pas forcément en spectacle dans la lenteur, la mollesse ou la résignation Comment intervenir pour redonner pro-activité et goût de l’action ? Laisser l’autre parler de ses désirs et exprimer ses besoins demande du temps : c’est un exercice sur le fil du rasoir, partagés que nous sommes entre notre désir de comprendre l’autre et la crainte de se laisser aller à être trop gentil, en un mot, de se lais- ser engloutir… Peur souvent inconsidérée, car ce dont l’autre a besoin, c’est que nous soyons juste un petit peu attentif à son mal être. Nous conclurons que devant tant de complexité dans les manifestations de nos manques, le premier soin intensif pourrait être de simplement tendre l’oreille. Tendre l’oreille sans perdre de vue cette charte pri- maire des besoins des collaborateurs : s’exprimer, être informé, être responsable, être autonome, être dirigé, aidé et sanctionné, s’organiser, apprendre et créer, être estimé. (1) : La Process Com identifie six types de personnalité : N otre vie est faite de projets personnels, d’élans qui sont des réponses au manque que nous ressentons. Cette dynamique de vie, notamment absente chez les personnes en dépression, s’appelle désir. Alors que le désir est une dégustation qui est du côté de la promesse de jouissance, ce que nous appelons besoin va, au contraire, nous placer dans la précipitation, cherchant à combler le manque au plus vite, comme pour mieux le bâillonner alors qu’il resurgira à la première occasion.Tandis que le besoin nous fait connaître la frustration, le désir est généreux et nous rend ambitieux dans notre accomplissement personnel. Il est à l’opposé de l’envie et de la jalousie limitées à la convoitise. Si notre désir est personnel, nos besoins et moti- vations le sont aussi, tout comme nos démotiva- tions. Pour résumer, nous sommes motivés lorsque notre activité professionnelle s’inscrit dans notre projet de développement personnel. On voit tout de suite le numéro d’équilibriste que nous réalisons, puisque dans la majorité des cas nous sommes dans le projet de l’autre. Ce n’est pas le feed-back négatif qui démotive, c’est l’absence de feed-back Cependant, de judicieuses contreparties nous per- mettent de survivre. Elles nous procurent le senti- ment d’être utile, d’occuper une place, sans oublier la rétribution la plus significative : l’argent, même si ce métal instable nous motive et nous démotive tout à la fois.Toute manifestation qui nous permet de comprendre que les autres nous apprécient, ainsi que le travail que nous réalisons, constitue un signe de reconnaissance, clef de notre motivation : nous sommes tellement accros que nous préférons rece- voir des signes négatifs plutôt que d’en être privés. On comprend mieux pourquoi les managers sont formés à donner du feed-back, car l’évaluation est un acte de reconnaissance et le fondement de l’appartenance. Ce n’est pas le feed-back négatif qui démotive,c’est l’ab- sence de feed-back. Si vous êtes familiarisé avec la Typologie de Taibi Kahler (1), vous savez que le simple fait de communiquer dans un canal de communica- tion approprié est un “super-motivateur” puisqu’il nourrit en positif le “Besoin Psychologique”. Par exemple, une personne de type de personnalité “Tra- vaillomane” a besoin de structurer son temps et elle préférera des interactions qui décrivent des faits et qui sont logiques. Quant au “Rebelle”, qui met une ambiance trop ludique à votre goût, inutile de décider de l’isoler : vous paierez cher vos mesures inappro- priées par des manifestations négatives.Vous pouvez toujours faire le choix d’éviter de recruter des Rebelles, mais vous ne serez pas dédouané pour autant car nous sommes tous logés à la même enseigne. Un Tra- E lisabeth Damour est consultante en res- sources humaines et son parcours profes- sionnel l’a mené de Londres à Saõ-Paulo et ensuite à Paris où elle a créé le cabinet Suivi d’Effets en 1999. Elle collabore depuis de nombreuses années avec des entreprises où l’innovation est cul- turelle : L’Oréal, Decathlon, Alstom, Wedg- wood et bien sûr l’industrie automobile avec BMW, Seat, MAE, Renault etc. Suivi d’Effets est spécialisé dans des inter- ventions de teambuilding et de coaching pour les équipes de design et de R&D. www.suivideffets.com Nous sommes motivés lorsque notre activité professionnelle s’inscrit dans notre projet de développement personnel, ce qui correspond à un véritable numéro d’équilibriste. Une jeune femme me disait récemment qu’elle se sentait “complètement démotivée”et ajoutait même “n’être plus dans son désir”. Ce propos peut paraître déplacé dans un cadre professionnel, mais au-delà des confusions et des effets de mode, il témoigne que si nous ne manquons de rien, nous pouvons ressentir cruellement le manque de l’essentiel. dans un prochain article nous vous livrerons de nou- veaux indices sur nos comportements de réussite et de sabotage.

>>>UNE SPECIALISTE VOUS CONSEILLE ... · PDF fileDAMOUR Coach, @ ... otre vie est faite de projets personnels, ... exemple, une personne de type de personnalité “Tra

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LE JOURNAL DE L’AUTOMOBILE :: N°1001/1002 :: 11 MAI 2007 COACHING

COACHING21

ZOOM <<<

Un tramway

nommé désir

>>>UNE SPECIALISTE VOUS CONSEILLE

ELISABETH DAMOUR

Coach,elisabeth.damour@

suivideffets.com

vaillomane en dysfonctionnement se met à sur-contrôler, il se désorganise, devient agressif et pertur-be tout le monde par ses exigences.

La démotivation ne se donne pas forcément en spectacle dans la lenteur, la mollesse ou la résignationComment intervenir pour redonner pro-activité etgoût de l’action ? Laisser l’autre parler de ses désirs etexprimer ses besoins demande du temps : c’est unexercice sur le fil du rasoir,partagés que nous sommesentre notre désir de comprendre l’autre et la crainte dese laisser aller à être trop gentil, en un mot, de se lais-ser engloutir… Peur souvent inconsidérée, car ce dontl’autre a besoin, c’est que nous soyons juste un petitpeu attentif à son mal être. Nous conclurons quedevant tant de complexité dans les manifestations denos manques, le premier soin intensif pourrait être desimplement tendre l’oreille.Tendre l’oreille sans perdre de vue cette charte pri-maire des besoins des collaborateurs :s’exprimer,êtreinformé, être responsable, être autonome, être dirigé,aidé et sanctionné,s’organiser,apprendre et créer,êtreestimé. �

(1) :La Process Com identifie six types de personnalité :

N otre vie est faite de projets personnels,d’élans qui sont des réponses aumanque que nous ressentons. Cettedynamique de vie,notamment absente

chez les personnes en dépression, s’appelle désir.Alors que le désir est une dégustation qui est ducôté de la promesse de jouissance, ce que nousappelons besoin va,au contraire,nous placer dansla précipitation, cherchant à combler le manqueau plus vite,comme pour mieux le bâillonner alorsqu’il resurgira à la première occasion.Tandis que lebesoin nous fait connaître la frustration, le désirest généreux et nous rend ambitieux dans notreaccomplissement personnel. Il est à l’opposé del’envie et de la jalousie limitées à la convoitise.Si notre désir est personnel, nos besoins et moti-vations le sont aussi, tout comme nos démotiva-tions. Pour résumer, nous sommes motivéslorsque notre activité professionnelle s’inscrit dansnotre projet de développement personnel.On voittout de suite le numéro d’équilibriste que nousréalisons, puisque dans la majorité des cas noussommes dans le projet de l’autre.

Ce n’est pas le feed-back négatif qui démotive, c’estl’absence de feed-backCependant,de judicieuses contreparties nous per-mettent de survivre. Elles nous procurent le senti-ment d’être utile,d’occuper une place,sans oublierla rétribution la plus significative : l’argent,mêmesi ce métal instable nous motive et nous démotivetout à la fois.Toute manifestation qui nous permet decomprendre que les autres nous apprécient,ainsi quele travail que nous réalisons, constitue un signe dereconnaissance, clef de notre motivation : noussommes tellement accros que nous préférons rece-voir des signes négatifs plutôt que d’en être privés.Oncomprend mieux pourquoi les managers sont formésà donner du feed-back, car l’évaluation est un acte dereconnaissance et le fondement de l’appartenance.Cen’est pas le feed-back négatif qui démotive, c’est l’ab-sence de feed-back. Si vous êtes familiarisé avec laTypologie de Taibi Kahler (1), vous savez que le simplefait de communiquer dans un canal de communica-tion approprié est un “super-motivateur” puisqu’ilnourrit en positif le “Besoin Psychologique”. Parexemple, une personne de type de personnalité “Tra-vaillomane” a besoin de structurer son temps et ellepréférera des interactions qui décrivent des faits et quisont logiques. Quant au “Rebelle”, qui met uneambiance trop ludique à votre goût, inutile de déciderde l’isoler : vous paierez cher vos mesures inappro-priées par des manifestations négatives.Vous pouveztoujours faire le choix d’éviter de recruter des Rebelles,mais vous ne serez pas dédouané pour autant carnous sommes tous logés à la même enseigne.Un Tra-

E lisabeth Damour est consultante en res-

sources humaines et son parcours profes-

sionnel l’a mené de Londres à Saõ-Paulo et

ensuite à Paris où elle a créé le cabinet Suivi

d’Effets en 1999.

Elle collabore depuis de nombreuses années

avec des entreprises où l’innovation est cul-

turelle : L’Oréal, Decathlon, Alstom, Wedg-

wood et bien sûr l’industrie automobile avec

BMW, Seat, MAE, Renault etc.

Suivi d’Effets est spécialisé dans des inter-

ventions de teambuilding et de coaching

pour les équipes de design et de R&D.

www.suivideffets.com

Nous sommes motivés lorsque notre activité professionnelle s’inscrit dans notre projet de développement

personnel, ce qui correspond à un véritable numéro d’équilibriste.

Une jeune femme me disait récemment qu’elle se sentait“complètement démotivée” et ajoutait même “n’être plus dans sondésir”. Ce propos peut paraître déplacé dans un cadre professionnel,mais au-delà des confusions et des effets de mode, il témoigne que si nous ne manquons de rien, nous pouvons ressentir cruellementle manque de l’essentiel.

dans un prochain article nous vous livrerons de nou-veaux indices sur nos comportements de réussite et desabotage.

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