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UNE VIE TRANSFORMEE - ARRÊTEZ DE FAIRE... LAISSEZ FAIRE CHRIST

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En quoi consiste la vie chrétienne? Quelles fausses idées a-t-on sur elle? Comment la vivre?

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Charles Price

Une vie transforméeArrêtez de faire...laissez faire Christ

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Table des matières

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1. Vivre ce que je suis devenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2. Bon à rien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

3. Vivre selon les termes fixés par Dieu . . . . . . . . . . 43

4. La seigneurie de Jésus-Christ . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

5. Un changement de mentalité . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

6. Le pardon et la justice de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . 97

7. L'Esprit en moi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

8. Rempli de l'Esprit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

9. Vivre par la foi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

10. Obéir à ce que Dieu dit, et faire confiance à ce qu'il est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167

11. En Christ et dans l'action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

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1Vivre ce que je suis devenu

Avez-vous déjà essayé d'attraper une savonnette dansla baignoire? A peine l'avez-vous saisie qu'elle vous file denouveau entre les doigts! Pour beaucoup, la vie chrétienneressemble à ce morceau de savon. Ils ont été enthousias-més en découvrant l'importance de Jésus-Christ et le faitqu'il est vivant. A cela s'est ajoutée la joie débordante d'ap-prendre quelque nouvelle vérité concernant son désir etson pouvoir de donner sens et valeur à leur vie quoti-dienne. Ils ont aussi connu le bonheur immense d'une nou-velle expérience de Dieu, une expérience qui leur a laisséespérer force et vigueur. Mais à peine ces choses sem-blent-elles avoir été saisies, qu'elles disparaissent, laissantderrière elles seulement un souvenir et un sentiment dedésespoir. En y repensant, le chrétien se sent frustré den'avoir pas su conserver cet élan, et nourrit la crainte queles choses ne changent peut-être jamais. Vous voyez dequoi je parle?

Cette description correspond parfaitement à mespremières années de vie chrétienne. J'ai eu l'assurance demon salut un samedi soir après avoir vu un film dont lehéros principal s'était converti à Jésus-Christ lors d'unecampagne d'évangélisation de Billy Graham en Australie.Ce soir-là, la salle était comble. N'ayant pas réussi à trou-ver une place assise, je fus réduit à rester debout sur lecôté pendant les deux bonnes heures que dura la projec-tion. Le récit me fascina. L'histoire se déroulait en Austra-

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lie et présentait la vie d'un homme qui découvre petit àpetit son besoin de Jésus-Christ. Bien qu'il n'y ait rien decommun entre la vie de ce personnage et la mienne, je prisconscience de mon propre besoin de Christ. En ce quiconcerne le message du film, je n'ai rien entendu de nou-veau. Je l'avais déjà entendu souvent, mais ce soir-là, il meparut nouveau dans sa vitalité et rafraîchissant par sa per-tinence. Je sus que Dieu me parlait et que je devais luirépondre. Après la projection, les organisateurs offrirentaux spectateurs qui désiraient de l'aide ou des conseils lapossibilité de s'avancer. Plusieurs personnes s’avancèrent,mais je restai à ma place. Cette démarche me semblaittrop officielle, et j'étais timide. A ce moment précis, je nesavais pas si j'étais chrétien ou non. Je connaissais l'Evan-gile depuis mon enfance, et j'y croyais. Je me souviensqu'en voyant les autres s'avancer, j'ai prié tout simplement:"Seigneur Jésus, si je ne le suis pas encore, fais de moi unchrétien ce soir." Je suis rentré à la maison avec une assu-rance que je n'avais jamais éprouvée avant, et dont je n'aiplus jamais douté. J'étais devenu chrétien. J'en étais sûr,même s'il me fallut plusieurs années pour saisir pleine-ment tout ce que cela impliquait. Pour le moment, je res-sentais dans mon cœur un amour nouveau pour Dieu, undésir nouveau de lui plaire, une attitude nouvelle à l'égarddes gens et de la vie en général.

C'est à partir de cet instant que les problèmes ontsurgi. En effet, le changement même d'attitude et de désirs,les nouvelles ambitions de vivre pour Dieu et de lui êtreagréable, me firent prendre conscience de façon aiguëcombien ma vie réelle était loin de correspondre à l'idéalaprès lequel je soupirais. Ma joie et mon enthousiasmefirent place à la frustration. Bien que je n'ose pas l'ad-mettre pleinement, mon christianisme n'avait pas d'impactet j'étais un raté. A cette époque je ne connaissais pas leverset qui affirme: "C'est Dieu qui produit en vous le vou-loir et le faire, selon son bon plaisir" (Philippiens 2:13), et

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je n'en aurais d'ailleurs pas saisi le sens. J'étais en train dedécouvrir une autre volonté manifestement créée parDieu, car mes désirs et mes ambitions avaient vraimentchangé. Mais je n'avais pas encore compris que Dieu s'en-gageait aussi à accomplir le "faire". Dans ma faiblesse évi-dente, je luttais pour conformer mon comportement à mavolonté. Ma frustration était précisément due au fossé quiexistait entre la volonté de bien faire et le résultatconcret.

En m'encourageant à me consacrer davantage au Sei-gneur, des prédicateurs bien intentionnés ne faisaientqu'ajouter à mon impuissance. Avec une sincérité authen-tique, je me consacrais solennellement à Christ. Sentantque j'avais pris une bonne décision, j'éprouvais un zèlerenouvelé, un nouvel élan et l'impression d'aboutir vrai-ment quelque part cette fois-ci. Mais au bout de quelquesjours, je me retrouvais au point de départ. On m'exhortaitalors à me consacrer de nouveau à Dieu. Je ne saurais direcombien de fois j'ai suivi ces conseils avec la plus totalesincérité et vécu le même cycle. Comme la savonnetteglissante dans l'eau du bain, j'ai souvent cru avoir enfin saisila vie chrétienne, mais ce n'était jamais pour bien long-temps.

Au bout d'un certain temps, je ne savais plus exacte-ment ce que j'espérais. Mes ambitions étaient-elles tropélevées? A vrai dire, beaucoup de chrétiens que je connais-sais ne me semblaient pas vivre comme ils l'auraient dû,même si quelques-uns le faisaient. Les exigences bibliquesétaient-elles irréalistes? Dieu fixait-il la barre intentionnel-lement trop haut pour nous inciter à persévérer dans l'ef-fort? Ne fallait-il pas prendre ses exigences à la lettre? Sitel était le cas, cela signifiait que Dieu faisait miroiterdevant nous des promesses fantastiques, comme unecarotte devant un âne pour l'obliger à avancer, sachanttoutefois qu'à chaque pas qu'il fait la carotte reste horsd'atteinte.

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L'espoir a commencé à poindre grâce à une décou-verte. Avec le recul, il s'agit d'une découverte qui n'auraitpas pu être plus simple ni plus évidente. En effet, la véritéque je n'avais pas prise littéralement et que je n'avais pasappréciée comme la définition même de l'expériencechrétienne était contenue dans les mots que j’employaispour décrire la vie chrétienne. C'était simplement ceci:Jésus-Christ est venu pour vivre en moi. A celui qui m'au-rait demandé si Christ vivait en moi, j'aurais répondu: oui.Mais en pratique, il était un partenaire silencieux qui nejouait plus de rôle actif depuis qu’il m'avait sauvé et missur le chemin du ciel.

Billet, certificat, catalogueJusqu'alors, Christ n'était pour moi que le protecteur

de mon christianisme, plutôt que sa source. Je vivais enson nom et non par sa force. J'estimais avoir reçu deChrist certains biens qui m'avaient permis de devenirchrétien et servaient d'acquis et de réserves pour la suitede ma vie chrétienne. Ces trois biens étaient fondamenta-lement: un billet, un certificat et un catalogue.

Sur le "billet" était inscrit: "Bon pour une entrée auciel." Je savais que c'était un aspect vital du contrat. Enéchange de la reconnaissance de mon péché devant Dieuet de mon désir de m'en détourner, Dieu m'avait donnél'assurance du don de la vie éternelle. J'étais en route versle ciel. Je croyais que c'était là le but ultime de l'œuvre deChrist, la raison pour laquelle il était mort, et le but demon salut.

Le "certificat" stipulait: "Je, soussigné Dieu, certifie quetous les péchés de Charles Price ont été pardonnés." Pourmoi, ce document était absolument indispensable pour meprocurer le "billet". De plus, le certificat était écrit avec du

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sang, car l'Ecriture affirme: "Le sang de Jésus, son Fils, nouspurifie de tout péché" (1 Jean 1:7). Ma vie devait donc êtreune réponse à la sienne; pour cela je devais m'efforcer devivre d'une manière qui exprime ma reconnaissance pourtout ce qu'il avait fait en ma faveur.

C'était justement cette vie pour lui qui m'était difficile.C'est pour cela que m'avait été donné un troisième bien,un "catalogue": la Bible. J'imaginais Dieu au ciel proprié-taire d'un immense hypermarché dont les rayonnagesétaient remplis de denrées spirituelles. Je me le représen-tais avec un commis, le Saint-Esprit. Dans mon esprit, toutfonctionnait très simplement. Il me suffisait de parcourir lecatalogue pour découvrir tout ce que Dieu m'offrait, puis,par la prière, de présenter la liste de demandes à Dieu. Ilétait alors du devoir du Saint-Esprit de me fournir ce quej'avais demandé. Prenons un exemple. Dans mon "cata-logue", je découvrais que je pouvais avoir la denrée"amour". Après avoir prié et remercié Dieu de me l'ac-corder, je pensais que l'Esprit venait vers moi avec un tubed'amour (je concevais cette marchandise comme une pâtedentifrice!) et le vidait dans mon compartiment "senti-ments" pour que je devienne aimant. L'expérience sem-blait concluante et suivie d'effets un certain temps. Puis, enlisant la Bible, je découvrais que je pouvais aussi avoir droità la denrée "joie". Me sentant quelque peu triste et misé-rable, je demandais la joie. De nouveau, j'imaginais le Saint-Esprit venant vers moi avec un flacon étiqueté "joie". Jeconcevais son contenu comme une lotion. Après m'êtrefrictionné de ce produit, je me sentais euphorique! Pourun temps. L'un de mes grands besoins était celui de puis-sance. Je suppliais donc Dieu de m'en donner pour que jepuisse le servir plus efficacement. Il me semblait alors qu'ilenvoyait l'Esprit vers moi avec une dose de poudre, allu-mait la mèche et se tenait à quelque distance tandis quej'explosais d'énergie pendant quelque temps. Bien sûr,aucune de ces substances n'avait des effets prolongés. Il

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me fallait donc constamment retourner à l'hypermarchépour me réapprovisionner. C'était fatigant et toujours,toujours comme un feu de paille.

Après ma découverte, les choses ne se passèrent plusainsi. Je compris que Dieu ne déversait plus sur moi uneabondance de biens spirituels. Il se donnait lui-même. Toutce que je lui avais demandé devait simplement être l'ex-pression de sa vie en moi. C’était la présence active etagissante de Dieu dans ma vie qui rendait la vie chrétiennepossible. Ce n'était plus à moi de vivre ici-bas pour unDieu qui, malgré tout, restait au ciel. Il s'agissait plutôt delaisser agir le Saint-Esprit en moi, pour qu'il mène la vie deJésus-Christ, manifeste le caractère de Jésus-Christ etrende visible ma ressemblance avec Jésus-Christ dans tousles aspects de la vie terrestre ordinaire. Ce que Dieuattendait de moi était moins une consécration à lui qu'unemort à moi-même et un renoncement à mon autosuffi-sance; il attendait de moi que je lui fasse confiance, à lui qui"produit le vouloir et le faire, selon son bon plaisir". Paulécrivit aux Corinthiens: "Car nous qui vivons, noussommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afinque la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chairmortelle" (2 Corinthiens 4:11, italiques ajoutés).

Consécration ou mortification?Certains des événements les plus tristes rapportés

dans la Bible ont été le fait de croyants qui, au lieu de lais-ser Dieu agir en eux, se sont engagés à agir pour lui. Et par-fois, plus ils étaient sincères dans leur consécration, plusl'histoire est regrettable. Je vais illustrer mon propos avecl'exemple de deux des hommes les plus significatifs del'Ancien Testament.

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Quand Abraham atteignit l'âge mûr de soixante-quinze ans et Sara, sa femme, dix ans de moins, Dieu lui fitune promesse inouïe. Il invita le patriarche à contemplerle ciel et la plage, et lui dit que sa descendance serait aussinombreuse que les étoiles ou les grains de sable! Le seulproblème est qu'Abraham et Sara étaient mariés depuisde longues années, mais n'avaient pas d'enfants. D'ailleursl'espoir de procréer s'était envolé depuis longtemps.Cependant, comme c'était Dieu qui le leur avait dit, ils lecrurent. Avec beaucoup d'espoir et de joie, ils attendi-rent… attendirent… et attendirent! Dix années passè-rent. Abraham avait quatre-vingt-cinq ans, et Sarasoixante-quinze, mais toujours pas de grossesse en vue!Cette situation était pour eux la cause d'une grande per-plexité et d’une tragique déception. Que devaient-ils faire?Que pouvaient-ils faire? Genèse 16 rapporte la discussionqu'ils eurent à ce sujet et le plan qu'ils mirent en œuvre.Abraham devait engendrer un enfant en couchant avecAgar, la servante égyptienne de Sara. Dans leur culturecette pratique était tout à fait normale, et de nombreuxautres hommes de la Genèse ont eu des enfants des ser-vantes de leur épouse. Cette coutume n'avait jamais eul'approbation de Dieu, mais elle s'était néanmoins instau-rée. Abraham coucha donc avec Agar, qui devint enceinteet enfanta un garçon qu'ils appelèrent Ismaël.

La motivation d'Abraham était louable. Il avait aban-donné tout espoir d'avoir un enfant jusqu'au jour où Dieului parla. Avec cette remarquable promesse qui résonnaitdans ses oreilles depuis dix ans déjà, il se résolut à accom-plir la volonté de Dieu. La conception d'Ismaël ne fut pasun acte de rébellion contre Dieu, mais fut motivée par lesouci de se conformer à la volonté divine. Ce n'est pas pardésobéissance envers Dieu, mais par désir d'accomplir leprojet de Dieu qu'Abraham et Sara échafaudèrent le plandevant aboutir à la naissance d'Ismaël. Mais Dieu ne recon-nut pas cet enfant. Quatorze ans après la naissance d'Is-

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maël, Sara conçut et mit au monde Isaac, un enfant bien àelle. Vingt-cinq ans s'étaient écoulés entre la promesse etl'accomplissement. Plus tard, lorsque Dieu demanda àAbraham de lui offrir Isaac en sacrifice, il appela Isaac "tonfils, ton unique" (Genèse 22:2). Dieu n'accepta pas Ismaël,pas plus qu'il n'accepte les efforts que nous déployonspour lui, malgré toute la sincérité qui accompagne leuraccomplissement. Il nous invite à être le canal de son acti-vité, non ses remplaçants. Ismaël était l'œuvre d'Abraham,Isaac celle de Dieu. La naissance d'Ismaël pouvait s'expli-quer par les calculs, le plan et l'action d'Abraham; celled'Isaac ne s'expliquait que par l'intervention et l'action deDieu. Faire face aux exigences et aux promesses de Dieu,puis réaliser que lui seul peut les accomplir nous libèred’un grand poids. Cela ne signifie pas que nous adoptionsune attitude passive, comme nous le verrons plus loin, carsi nous sommes exhortés à mettre en œuvre notre salut"avec crainte et tremblement", c'est en sachant pertinem-ment que "c'est Dieu qui produit le vouloir et le faire,selon son bon plaisir" (Philippiens 2:12-13).

A l'âge de quarante ans, Moïse prit son destin en main.Fils d'esclaves hébreux, il avait été élevé à la cour égyp-tienne, jouissant de tous les privilèges royaux depuis cejour mémorable où, bébé caché dans les roseaux pouréchapper au massacre des garçons hébreux, il fut trouvéet adopté par la fille du pharaon. A quarante ans, très auclair sur son identité véritable, conscient de l'asservisse-ment horrible imposé aux Hébreux et "pensant que Dieuleur accordait la délivrance par sa main" (Actes 7:25), il sedécida à accomplir la volonté de Dieu. Sa motivation étaitbonne, sa sincérité ne faisait aucun doute, mais son inter-vention se révéla désastreuse. Il voulut accomplir ce qu'ilsavait être la volonté de Dieu et ainsi libérer son peuple.Aussi, lorsqu'il vit un Egyptien maltraiter un Hébreu, et lefrapper alors qu'il travaillait dur, Moïse décida d'intervenir.Après avoir jeté un rapide coup d'œil à droite puis à

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gauche, et pensant que personne ne le voyait, il sauta surl'Egyptien, le tua et enfouit son corps sous le sable. Maisquelqu'un l'avait vu et la nouvelle se répandit comme unetraînée de poudre. Elle parvint aux oreilles du pharaon quichercha alors "à faire mourir Moïse" (Exode 2:15). Celui-ci dut donc s'enfuir et arriva dans le désert de Madian oùil resta les quarante années suivantes. Tous ses rêves delibération des esclaves hébreux avaient volé en éclats.Pourtant, il était sûr que "Dieu leur accordait la délivrancepar sa main".

Comme Abraham avant lui, Moïse s'était offert à Dieupour accomplir sa volonté, mais il avait mis Dieu de côté.Moïse avait quatre-vingts ans lorsque Dieu décida de ras-sembler les morceaux de sa vie brisée et d'agir à traverslui. Quand Dieu le rencontra au buisson ardent, quaranteans après sa fuite d'Egypte, c'était un Moïse différent à quiil eut affaire; il était mort quant à ses propres capacités età ses ressources personnelles, car il avait essayé si brave-ment et échoué si lamentablement, que sa première réac-tion face à Dieu qui l'appelait pour l'envoyer délivrer lepeuple fut: "Qui suis-je, pour aller vers Pharaon, et pourfaire sortir d'Egypte les enfants d'Israël?" (Exode 3:11). Siseulement il s'était posé cette question quarante ans plustôt! Cela aurait été l'attitude appropriée pour êtrel'homme de la situation. Pour toute réponse, Dieu ignorala question de Moïse. En effet, le problème n'est pas desavoir qui je suis. L'essentiel est dans la réponse de Dieu:"Je serai avec toi" (v. 12). Les ressources nécessaires àl'exécution de la tâche ne dépendaient pas de Moïse, maisde Dieu. C'est donc à juste titre que Moïse demanda àDieu qui il était. Avez-vous déjà pris le temps de posercette question à Dieu et d'écouter, mais d'écouter atten-tivement sa réponse? "Dieu dit à Moïse: Je suis celui quisuis. Et il ajouta: C'est ainsi que tu répondras aux enfantsd'Israël: Celui qui s'appelle ‘Je suis’ m'a envoyé vers vous" (v. 14). Dieu s'est fait connaître comme celui qui est éter-

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nellement présent. Non comme un Dieu qui était présentau buisson ardent pour donner ses instructions, ni unDieu qui sera présent au moment où le peuple prendrapossession du pays promis, mais un Dieu qui est, un Dieuqui agit en tout temps au présent de la vie et sur lequel onpeut compter car il est suffisant et accessible.

Nous avons là un principe fondamental de la vie chré-tienne. Dieu n'était pas seulement actif dans l'événementde la croix, de sorte que nous n'ayons plus qu'à regarderen arrière avec reconnaissance pour ce qu'il a accompli. Iln'est pas non plus dans une position d'attente pour nousaccueillir dans le ciel. Son intention est d'agir actuellementdans notre expérience et dans tous les domaines de notrevie. Paul a écrit: "Celui qui vous a appelés est fidèle, et c'estlui qui le fera" (1 Thessaloniciens 5:24); en effet, il ne nousappelle pas à accomplir une tâche pour lui, mais à être lemoyen par lequel il l'accomplit. Moïse a appris la leçon.Grâce aux interventions répétées de Dieu, les enfants d'Is-raël furent délivrés de l'esclavage en Egypte et purentprendre le chemin du pays de Canaan. Tout se déroulaadmirablement. Après quatre cents ans de servitude, lanation fit l'expérience d'une liberté dont elle n'avait plusaucune conscience. Le vent soufflait dans leur direction, denouveaux horizons de gloire les saluaient de loin, et Dieuagissait en leur faveur. Mais pour beaucoup d'Israélites, lafête ne dura pas. Il ne fallut pas longtemps avant que cettefoule de six cent mille hommes, sans compter les femmeset les enfants, ne se retrouve sur les rives de la mer Rouge.Moïse les avait conduits jusqu'ici, mais ils ne pouvaientavancer plus loin. Impossible de traverser! La mer étaittrop large pour être enjambée, trop profonde pour êtretraversée à pied et trop étendue pour en faire le tour. Plu-sieurs commencèrent à murmurer et à se plaindre. Et ense retournant, que virent-ils? Au loin un nuage de pous-sière avec la silhouette des soldats de l'armée égyptienne!Le pharaon avait changé d'idée. Après avoir, sous la

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contrainte, libéré le peuple hébreu, il était revenu sur sadécision. Il était donc parti à la poursuite des Israélitespour faire de nouveau d'eux ses esclaves. Avec la merRouge devant eux et, à leurs trousses, une armée bienéquipée et bien entraînée à laquelle il était impossible derésister, les enfants d'Israël furent terrifiés. Etait-ce uneruse? Moïse était-il du côté des Egyptiens? Etait-ce parcequ'il n'y avait pas assez de tombes en Egypte que tous ceshommes avaient été conduits ici pour mourir sur les rivesde la mer Rouge? Le camp hébreu était la proie de la ter-reur, de la panique et de la confusion.

Comment Moïse allait-il réagir? Comment auriez-vous réagi dans de telles circonstances? "Moïse dit aupeuple: Ne craignez rien, restez en place, et regardez ladélivrance que l'Eternel va vous accorder en ce jour…L'Eternel combattra pour vous; et vous, gardez le silence"(Exode 14:13-14). Comment Moïse pouvait-il tenir un teldiscours? En déclarant tout simplement: "L'Eternel com-battra pour vous", ne faisait-il pas preuve d'irresponsabilitédans une situation qui, dans le meilleur des cas, replonge-rait le peuple dans la servitude, et dans le pire, verrait sonanéantissement? Certains des Israélites ont pu penser:"Moïse, cesse donc de te réfugier dans les hautes sphèresde ta spiritualité! Redescends sur terre, fais preuve d'unesprit pratique!" J'imagine que Moïse a fait monter vers leSeigneur la prière suivante: "Eternel, nous avons unsérieux problème! Devant nous s'étend la mer Rouge quenous ne pouvons franchir. Derrière nous, l'armée égyp-tienne que nous ne pouvons pas affronter avec la moindrechance de succès. Le peuple est angoissé. Personnelle-ment, je n'ai aucune idée de ce qu'il faut faire. Mais je tiensà te rappeler ceci: ce n'était pas mon idée de venir ici, maisla tienne. Quand tu m'as appelé au buisson ardent, je t'avaisdit que je ne me sentais pas capable, mais tu m'as réponduque tu serais avec moi. Tu as aussi affirmé que nous entre-rions dans le pays de Canaan. Comme l'endroit où nous

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nous tenons n'est pas Canaan, je ne peux concevoir quenous mourions ici sur les bords de la mer Rouge, car turéfléchis toujours à ce que tu dis. Alors, comme je ne saispas ce qu'il convient de faire pour nous tirer d'affaire, fais-le. C'est ta responsabilité, et j'ai confiance en toi. Je teremercie d'avance de ce que tu feras. Amen."

Ensuite, se tournant vers la foule, Moïse a pu dire:"L'Eternel combattra pour vous", tout en poursuivant àvoix basse: "Mais ne me demandez pas comment, car jen'en sais rien." Vous voyez la différence entre le Moïse demaintenant et celui d'autrefois, quarante ans plus tôt? Acette époque, il s'était résolu à libérer le peuple. Mainte-nant, renonçant à ses techniques et ses stratégies person-nelles, il fait confiance à Dieu qui l'a appelé à libérer lepeuple. Souvenez-vous de la façon dont Dieu fraya un che-min à travers la mer Rouge et dont il se servit du premierobstacle pour résoudre le second, puisque l'armée égyp-tienne périt noyée, alors que les Israélites traversèrent àpied sec. C'est Dieu qui était à l'œuvre! C'est lui qui rem-portait les victoires! C'est lui qui agissait!

Tel est le secret de toute activité et de toute vie chré-tiennes. Pendant les premières années de mon expé-rience, je n’avais saisi qu’imparfaitement ce que signifie"être chrétien". Je n'avais pas compris l'ordre d'avoir "lesregards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfec-tion" (Hébreux 12:2). Je savais que Christ était l'auteur dela foi, dans la mesure où il m'avait rendu capable d'êtrechrétien, mais j'ignorais qu'il était aussi le "consommateur"ou celui qui "perfectionnait" ma foi. Après lui avoir laissél'initiative de démarrer, je pensais qu'il était de mon devoirde terminer. Je ne connaissais pas le verset qui déclare:"Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la ren-dra parfaite pour le jour de Jésus-Christ" (Philippiens 1:6).Bien sûr, c'est Christ qui avait commencé cette bonneœuvre, mais je m'efforçais de la parfaire. Je n'avais pasentendu cette autre parole: "Comme vous avez reçu le

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Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui" (Colossiens 2:6). Ensomme, ma capacité à marcher ou à vivre en lui repose surle même principe que celle qui m'a fait croire en lui, c'est-à-dire une attitude de repentance et de foi. La Bibledéborde vraiment de vie dans ces versets et ces affirma-tions que je n'avais jamais été pleinement en mesure d'ap-précier, tous ces textes qui parlent de Christ comme la vieet la source de toute activité authentiquement spirituelle.

Voilà ce qui fait du christianisme autre chose qu'unereligion de plus, autre chose qu'une pensée née dans l'es-prit d'un homme, et bien davantage qu'une lutte inces-sante pour mener une vie de qualité que, dans mesmoments les plus honnêtes, je reconnais comme humai-nement impossible. Ce n'est pas une fuite devant la réalité,mais au contraire un plongeon dans la réalité à partir dujour où nous commençons à mener notre vie commeDieu a toujours voulu qu'elle le soit, et que nous décou-vrons les ressources qui feront de nous des hommes etdes femmes conformes au plan créateur de Dieu.

C'est arriver bien vite à la conclusion! Le NouveauTestament encourage ses lecteurs à être "toujours prêts à[se] défendre avec douceur et respect, devant quiconque[leur] demande raison de l'espérance qui est en [eux]" (1 Pierre 3:15). C'est une chose de pouvoir indiquer l'es-pérance et d'expliquer ce qui est vrai, c'en est une autrede connaître la raison de l'espérance et de pouvoir expli-quer pourquoi elle est vraie! L'affirmation que Dieu estactuellement à l'œuvre dans notre vie peut être enthou-siasmante, mais si nous voulons mettre pleinement à pro-fit cette réalité, nous devons savoir pourquoi et commentcette œuvre est possible.

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