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AVANT-PROPOS Il y n déjà longtemps, nous avons publié, sous le titre de la Commune de Martel (I) au moyen âge , des extraits de registres des déli- bérations consulaires de cette ville au xiv 0 siècle. Notre but, en publiant ces extraits, était alors de faire connaitre la vie communale au moyen âge; mais la vie communale prise en dehors de toute agitation extérieure, alors que les con- suls (2), simples administrateurs, n'avaient à s'occuper que (les besoins ordinaires de leur cité, de sa police, de sa subsistance, de la rentrée (le ses impôts et des rapports qu'elle pouvait avoir avec ses suzerains. (1) Martel, C hef-lieu de ea,,t,n de l'arrondisse ment de Oourdon, était une des principales villes de la viconité de . Jure,'', e; une partie de cette vicomté fut réunie au Quercv en 1738. (2) Les consuls étaient au moyen )go ce que sont aujourd'hui les maires et- adjoints. munis avec des pou- voirs plus étendus. - M artel nommait tous les ans quatre consuls. Document - 1k 1k 1k I Itt IkI II IIkIII 9 pQ95955 . -

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AVANT-PROPOS

Il y n déjà longtemps, nous avons publié, sousle titre de la Commune de Martel (I) aumoyen âge , des extraits de registres des déli-bérations consulaires de cette ville au xiv 0 siècle.Notre but, en publiant ces extraits, était alorsde faire connaitre la vie communale au moyenâge; mais la vie communale prise en dehors detoute agitation extérieure, alors que les con-suls (2), simples administrateurs, n'avaient às'occuper que (les besoins ordinaires de leurcité, de sa police, de sa subsistance, de la rentrée(le ses impôts et des rapports qu'elle pouvaitavoir avec ses suzerains.

(1) Martel, Chef-lieu de ea,,t,n de l'arrondisse ment deOourdon, était une des principales villes de la viconitéde . Jure,'', e; une partie de cette vicomté fut réunie auQuercv en 1738.

(2) Les consuls étaient au moyen )go ce que sontaujourd'hui les maires et- adjoints. munis avec des pou-voirs plus étendus. - M artel nommait tous les ans quatreconsuls.

Document

-1k 1k 1k I Itt IkI II IIkIII9 pQ95955 . -

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Aujourd'hui, notrenotre but ést tout autre; enécrivant les pages qui suivent, nous essayons demontrer la ville de martel, livrée à peu prés àelle-même et faisant tous ses efforts pour éviterde tomber au pouvoir des Anglais, ces impla-cables ennemis de la France sous les Valois.Notre travail d'ailleurs sera court et ne coin-prendra que l'exposé des mesures prises par lesMartellois pour se soustraire à l'ennemi, durantquelques années seulement de cette guerre deCent Ans, si funeste à notre province..

.Un registre des archives de Martel rapporteles faits que nous allons citer; ce registre, dontles premiers. et les derniers feuillets ont étédétériorés par l'humidité, renferme les délibéra-tions du Conseil de cette localité, de l'année1344 à l'année 1359; il est coté BB. 5 sur l'in-ventaire des archives et contient 152 feuilletssur lesquels Je secrétaire de la communauté anoté soigneusement, en langue d'oc, toutes lesdécisions prises par le Conseil communal.

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UNE VILLE DU QUERCY

PENDANT LA

GUERRE DE CENT ANS(1345-1352)

Vers la fin du mois de juin 1345, le roiEdouard iiI d'Angleterre, envoya en FranGeHenri de Lancastre, comte de Derby, à la tèted'une armée, destinée à envahir la Guyenne.

Le général anglais débarqua à Bayonne, serendit à Bordeaux et de là se dirigea sur lePérigord, avec l'intention d'asiéger Bergeracsur la Dordogne.

Bertrand, comte de 1111e en Jourdain, com-mandait dans le Limousin et la Saintonge, sousles ordres du duc de Normandie; Bertrandréunit' toutes les troupes qu'il avait, sous sesordres et se porta avec elles au-devant (le l'en-vahisseur afin d'arrêter sa marche; mais repoussépar Henri de Lancastre, il n'eut que le temps des'enfermer dans Bergerac dont le siège futimmédiatement entrepris (1).

(1), L'an 1S44 (L345) fut funeste à toute la Guyenne et

tar

omconsequeut au Quoroy par laproclie des Anglois.

e cte Dherby estant nue u Bourdeaux nec une forte'

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La nouvelle de l'approche des Anglais proo .-qua chez les habitants de Martel une émotionbien just1fée.; mais habitués, eues temps deguerres continuelles, t lutter sans cesse contreles ennemis du dedans et du dehors, ils netardèrent pas à réagir contre la peur et s'eni-pressèrent de mettre leur cité en état dodéfense.

.Le danger une fois bien constaté, lenseilcommunal prend des mesures pour faire réparerou reconstruire immédiatement les murs (le laVille ; il décide que ces réparations ou recoris-tructions ne devant souffrir aucun retard, ondevra y travailler jour et nuit; ce même Conseilorganise le guet et prescrit â tous les proprié-

armée danglois et ayant d'ailleurs attiré plusieurs soi-gneurs (leUu3e,ine dans son parti, sen alla n l3crgernopou» s'en rendre le n'a ist.re . Bertrand con, te de LisleJourdain qui commandait les troupes du Itoy en Guyeuuesestoit rendu à l3ergei'ae et av.iit logé ses troupes nubout de la ville en déçu de la rivière. il avoit dans sol'armée Hugues, comte de Périgord, flore du cardinalValeyran, le viscoute de Carinan qui estoit A rua udDueza, nepveu du pape Jean XXII, qui avoit espouséMarguerite, soeur du comte (le Lisle le viseon te deVillerniir, Arnaud flevia, autre nepveu de ce nesmopape, le sire du Pi,,corn et 6,i plus lot Piiveori et quiestoit un autre seigileu r distingue de Q uerev nominéRa un de Caussacle (lui avoi, espousè la fille héritièrerie Dorde, viscoute de Calvignae, seigneur de Larnagolet de Durfort, le sire de Clïastraune,,f ainsi 'loinulé parFroissard. Il y avoit un Antoine de Casteluan de l3rete-nous, grand seigueur 'Ions ce siècle, qui fesoit la guerrepour la Fra,iee. Ces seigneurs avec toutes leurs troupesne lieurent lIas eiupeeher le comte Dherl,v de l.anenstredentier dans Iie]'gerac et fuient obligés (le sen retourne,'avec le certitude Litle lequel distribua les troupes danslesplaces fortes pour sopynse,' au comte DIerby.(Foulhino, MS original, P 19,). D'après ! es historionsde Languedoc, le comte de 1111e ne se serait pas éloignéimmédiatement de llcrgerao et serait "esté quelques joursdans cette place.

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-79-taires de maisons ayant des ouvertures sur lesremparts de faire murer sans délai ces mêmesouvertures.

C'est au milieu de ces préparatifs que, le26 août 1345, les Martellois reçurent la nouvellede la prise de Bergerac.

L'occupation de la ville périgourdine par lesAnglais aggravait la situation de Martel placéesur le passage de l'armée ennemie, dans le casoù celle-ci voudrait remonter le cours de laDordogne.

Bien convaincus qu'ils ne devaiént compterque sur eux-mêmes et qu'ils n'avaient à attendreaucun secours du dehors, puisque les troupesdu comte de 1111e s'étaient retirées dansd'autres places fortes, les consuls (le Marteldécident de faire fermer toutes les portes de laville, sauf quatre qui recoiveat une garde;quelques habitants, dont les propriétés étaientvoisines des fossés, avant jeté dans ces fossésdes pierres ou des décombres, reçoivent l'ordrede remettre les choses en état; il est enflaarrêté que des directeurs des travaux de défenseseront nommés et qus le crieur public, à son detrompe, lira une ordonnance consulaire pres-crivant à tout citadin (l'obéir à ces directeurssous peine d'être considéré comme traitre.

Pour activer les travaux et avoir un plusgrand nornhi'e d'ouvriers, les consuls accordentdes diminutions de tailles aux habitants quiaideront à ces travaux.

Le lendemain, 27 aoùt, 13 Conseil se réunit denouveau et nomme directeurs des travaux de

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- 10 -défense, Guillaume de Vassal et P. Marti; ildonné toute autorité à ces directeurs pour répa-rer les murs, établir des meurtrières, creuser desfossés, ouvrir et fermer les portes de la ville.

Dans la même séance, il est encore décidé quetoutes les portes doivent être fermées du soleilcouchant au soleil levant et que pendant lanuit les consuls seuls seront détenteurs de toutesles clefs; enfin, il est interdit aux propriétairesdes maisons situées hors des murs d'avoir deséchelles,et un certain GuillaurneDavi est chargéde procure!' à la ville les armes nécessaires pourcinquante soldats et cela dans unfiélai de quinzejours.

Heureusement pour les Martellois que lecomte de Derby ne crut pas devoir diriger samarche de leur côté; le général anglais aprèss'être emparé de Langon, sur la Garonne, deBeaumont de Lomagne, de l'Ille Jourdain, deschàteux de l'elagrue et d'.Àuheroche, enPérigord, et de Lihourne, se retira à Bor-deaux.

Les habitants de Martel profitèrent de cetteespèce de trêve pour fortifier encore leur villesur l'ordre de Guillaume de Vassal, une portevoûtée est construiteau faubourg de Montpezat,et un nouveau mur, dit de la Fontenelle estélevé ai! prix de 25 livres tournois. Les armesque G. Davi s'était chargé de procurer auxconsuls sont distribuéesâ certaines personnes(a certanas honas personas) pouvant les payer,et qui jurent d'en rembourser le prix à laville.

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Puis, l'éloignement du comte de Lancastreleur donnant un peu de sécurité, les consuls serelàchent de leur première rigueur et décident,au commencement du mois d'octobre,qu't raison(les vendanges, les portes de la ville resterontouvertes jusqu'à nouvel ordre, tous les jours etmême pendant les nuits claires (e la noch quesclam).

Ce calme fut de bièn court durée. Presqu'aumoment où ils conirnençaient à être moins vigi-lants, les consuls apprirent que le comte dc Derbyavait quitté Bordeaux et se portait de nouveausur le château d'Auheroche que le comte (le l'uicen Jourdain essayait de reprendre; pour s'assurerdu fait, ils envoyèrent des espions à Montignacet aux environs (ordonat fo que hom trametaespias à Montinhac e elas partidas denviro persaber dels enamixs que au levatz lu seti quetenia alba roqua mossenhor de la ila per Io Reynostre senhor de fransa); la vérité leur futbientôt connue et les espions ne tardèrent pas ârapporter la nouvelle que. non-seulement lecomte de 1111e avait été obligé d'abandonner lesiège d'Auberoche, mais encore qu'il avait étécomp1ement battu, par le comte de Derby, le22 octobre 1315, et que presque tous les seigneursqui faisaient partie de son armée avaient ététués ou faits prisonniers (1). -

(1) Le comte de Lisle avoit mis le siege clavant Aube-roeh e, voulantt se saisir rie cette place pont sadvan oervers les terres de langlois .......'nuis le comte Dhei-hyayant eu les nouvelles (lit siege partit tout aussy test etayant esté advcrti que le camp des François ne thisoit pasbonne garde, il les attaqua sur 1heure du souper. Il lesdeffic entierenient et prit le comte de Lisle prisonier et

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- -Les consuls courent au plus pressé et se

hâtent de retirer de chez les Frères mineurs,où elles étaient déposées, leurs chartes (lelèges qu'ils cachent dans un endroit secretjusqu'au moment où tout bruit de guerre auradisparu (en qualque ]oc secret tan que aquestbruch sia passatz); ils décident ensuite d'envoyerune députation au Sénéchal du Quercy pour luiexpliquer les besoins et les appréhensions de laville et nomment Guillaume de Vassal et P.Marti, non plus simples directeurs des travauxde défense, mais gouverneurs de la ville, avecdes pouvoirs très étendus, notamment celui depouvoir lever à leur gré des contributions surk lieu de Martel et sur ses habitants (que elpuosco penre a lor arbitre argent del luec deMartel e dels habitans); cette nomination esttoutefois temporaire et cessera d'avoir son effetà Pâques; à cette époque les gouverneursdevront rendre compte au Conseil communal detous leurs actes et justifier ceux qui paraitraientarbitraires. En faisant cette double nominationles consuls prétendent ne diminuer en rien leurspouvoirs (aicho fo fach no merruan Io poder delscossols), mais seulement alléger leur tâche,attendu qu'ils ne peuvent s'occuper à la fois etdes affaires communales proprement dites et destravaux de défense.

Les consuls décident encore de faire rentrerle montant de toutes les tailles et, comme labeaucoup dautres seigrielirs, q'rny qu'il p eut que millecouihat.ans; apres quoy il Se saisit de toutes les petitesPlaces fortes Jusques au chasteau de Penne dagenois.(Foutbiao, MS original, f' 197, verso).

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- ra -ville a un pressant besoin d'argent, ils fontdemander à diverses villes voisines si elles vottdraient acheter en gxos 100 ou 200 muids devin (per veire se poira hom vendre en gros C dCC inuoch de vi).

Cette pénurie (l'argent oblige ces rnèmesconsuls d'ordonner, au mois de novembre, queles pierres et les bois nécessaires à la réparationdes murs seront pris auxpropriétaires, sansqu'il soit besoin de les payer pour le moment;leur taille n'en sera pas même diminuée; toute-fois on ne devra faire ces empru nts forcés qu'auxpersonnes les moins nécessiteuses.

Au mois de décembre, plusieurs déterrnina iouimportantes sont prises, etilestarrèté notaimnentque les gentilshommes devront payerla taille pouraider à la réparation des murs, que les fossésplacés entre le rempart de la Fontenelle etla fon-tai ne de Roque seront creusés de nouveau, qu'unesomme de 20 livres sera votée à cet effet, quetoutes les portes de la ville seront fermées àl'exception de celles des faubourgs de Brive etde Creysse; on décide enfin de faire jurer à tousceux qui ont des portes, des fenêtres et autresissues aux murs vieux (tuch aquelh que auportas o fenestras o autras ichidas els mursvelhs), de les faire fermer avant la Noël ; lesconsuls et les conseillers présents à la réunion,et qui se trouvent dans ces conditions, prêtentle serment demandé séance tenante.

Ce fut au milieu de tous ces préparatifs que lesMârtellois atteignirent l'année 1346. Les pre-miers jours de la nouvelle année furent marqués

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- 14 -par le passage à Martel de l'évêque de Belvès,auquel mal gré les préoccupations du moment etle mauvais état des finances de la ville, lesconsuls offrent un cadeau de 4 barils de vin(que hoin doue a moss. levesque de Belvais quedea esser Io jorn presen a Martel hom done TIlTbarrials de vi) du reste ce vin avait étéemprirnté à un -certain Malapeyre, et il est mêmedécidé que l'on puisera encore dans les caves dumême propriétaire pour faire un autre cadeauau duc de Bourbon qui doit également passer àMartel dans quelques jours (1).

Vers la fin de janvier, un seigneur dé la vi-comté de Turenue, Raynal de Pons, fait demanderaux habitants de Martel une somme de 200 livrespourle mariage de sa fille avecle vicomtedeMurat(viscomte de Murat); les consuls trouvèrent lademande exagérée, ils envoyèrent plusieurs foisdès délégués à Creye pour parlementer avecce seigneur et finirent par accorder 50 livres(ordenat fo que hem doue a mess. Rp.inal clePonsL. 1h. n lops de inadona marqueza, sa filha).Pendant qu'ils traitaient cette affaire, lesconsulsenvoyaient un délégué pour représenter leurville aux Etats de Languedoc qui devaient se

(I) Les historiens tic Languedoc disent que Pierre,due de Bourbon, avant été pourvu dc la lioutenancc deLanguedoc, se ,emlit à Cahors, où il nomma des com-missaires, le 22 septembre 1345, pour rechercher les droitsdu ltoi'sur la province et recueillir de l'argent afin dosoutenir la guerre. li alla ensuite à Gourdon ou il assem-bla ses troupes et où il séjourna depuis le 27 septembre4usqu'au 5octobre. Ce prince ordonna aux milices, versla fin d'octobre, de se rendre à Cahors et se donna beau-coup de mal pour arrêter les progrès des Anglais enGuyenne.

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- 15 -tenir à Toulouse, le IC février, devant le duc deNormandie (ordenat fo que P. Buo ane a Tholoseper lajornada que la vela atener 'lo XV! jorn defebrie davan mess. Johan de Fransa). A cettemême époque les Martellois se plaignaient destailles que voulaitimposer sur eux la vicomtessede Turenne et le 21 février, ils envoyaient t leursuzeraine une députation, chargée de lui exposerleursdoléances (ordenat fa que I dels cossols emoss. Gui de Gaortz, M e P. Delpeiret ano dirnarta Torena parlar am madona la vescomtessa doisgrench que nos fan que dernando talhas ais bornesdels hahitans de Martel e segon los privilegislion devem re).

Après la tenue des Mats du Languedoc, ,àToulouse, le duc de Normandie, à la tète d'unepuissante armée, s'était emparé de quelquesvilles alors au pouvoir (les Anglais et était venumettre le siège devantAiguil Ion (1). L'investisse-ment decetteville assez éloignée de Martel n'in-quiéta pas trop les habitants de cette dernièrelocalité ils se contentèrent (l'envoyer souventdes députations au duc de Normandie , quicommandait le siège, avec mission d'obteniD

(1) Il (le duc de Normandie) alla avec son armée versPerigueux, Angoutesine qu'il fl'eprit, Miramon frontierede P&rigoi'd et Agenois.... enfin il assiegea Aiguillonavec cette grosse armée. J I ni eut rien de plus inenin-rabic que ce siege; bien attaqué, mieux deffendu, ondor,nuit deux ou trois assauts pal' jour; celiuy desgascons et des seigneurs quereinois fut fort vigoureux;ils allerent jusques au pont qu'ils prirent et le rom pi-vent; nais liv ayant pas peu faire de logement, il futbien tost repris pal' langlois. Froissard raconte ce sieefort au long qui ne finit quapi'cs que le duc de Normandieeut reèeu la nouvelle de la perte de la fameuse bataillede Crccy.... (Foullnae, MS original, folio 198).

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- 16 -surtout des diminutions sur les subsides etfouitges auxquels ils avaient été taxés. Mais lalevée de ce siège et ]e départ du duc, après labataille de Crécy, en laissant les Anglais libresde leurs mouvements, renouvela les angoissesdes Martellois, qui furent obligés d'adopterde nouvelles mesurés de précautions des-tinées à les sauvegarder des incursions de cesnombreuses compagnies qui battaient le pays etqui, plus dangereuses peut-être que les vérita-bles armées, ne songeaient qu'à piller et à ran-çonner les petites villes qu'elles pouvaient sur-prendre. -

Vers latin du mois d'août, les consuls décidentde nommer deux capitaines par faubourg, aveccharge de commander le guet pendant la nuit;ils ordonnent ensuite que deux d'entre eux etdeux conseillers élus choisiront un lieu sûr poury déposer les reliques et les privijèges et queces quatre délégués jureront de ne pas révéler lesecret de la cachette' choisie par eux (ordenat foque II cossois am II dels cossels cuzisco ]oc ametre secretamen las reliquias els privilegis perIo temps quar es tan perilhos e que juro a tenersecret); puis, comme quelques consuls et con-seillers n'étaient pas toujours exacts aux séan-ces du Conseil communal, ils édictentdes peinespécuniaires contre ceux qui, sans excuse valable,s'absenteraient l'amende est de deux souspour les consuls et le secrétaire et de douzedeniers pour les conseillers; les séances doiventcommencer, pour les consuls et le secrétaire, aprèsle sacrément de l'Eucharistie de la messe con-

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- 17 -ventiielle et pour les conseillers après l'Ita missaest (e sio tegut intra las cossais elescriva apresla sagra de la messa couventual cl cosselh apresIta missa est).

Pendant le mois de septembre, Ar. de Besse estnommé capitaine, avec mission spéciale de sur-veiller les réparations des murs de la ville et lecreusement des fossés, travaux qui sont repris.avec la plus grande activité et auxquels pren-nent.part tous les Martellois les habitants dela ville prôprement dite travaillent à la cita-delle et aux murs intérieurs, les habitants desfaubourgs construisent ou réparent les mursextérieurs.

Duradt le mois d'octobre, il y eut une pa-nique à Martel, à la suite de laquelle les consulsrenouvelèrent leurs ordres au sujet des gardes denuit (perla paor que Io jorn presen avem agutdels enamyxs (1) e dels angles que dizia heinque se pres de nos per donar dampnatge); ilsfirent tendre des chaînes dans les rues, réparer'les fortifications, même lesjours de fête, abattre

(4) Les ennemis auxquels il est fait ici allusion et queles ?vlartc[lois distinguent des Anglais, ne sont autres,sans doute, que les troupes commandées par des sei-gneurs queroynois ayant fait cause commune avec lesenvahisseurs. On lit dans le manuscrit original doFoulijiac (folio 200) « Bertrand, seigneur de Pestillac etPhilip Jean, soit l,eau-fl'ere, nepveu du cardinal Gacec-lin de Jean, qui tenoit le parti de langlois et grandseigneur dans ce sier,le, car il avoit Salviac, les Jouies,Galessie, par leurs soldats sestoient saisi des Arques,de Lher,n, Castclfranc, Poncii'q ou ils as:oint mis despetites aroiso1Is dans les églises des lieux,prirent aussyle lice L lielaye qui estoit plus fort que tous les au-tres et estant ninistres des ports de Catelfrane et Du-savel 1 ils envoyoint des troupes de Pestillac et de Cu-ronm don ils avoint communication avec Iangtois. »

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- 18 -toutes lés maisons,•cbuvetes de chaume, situéesprès des rempartf et prescrivirent à tous leshabitants des maisons, placées hors de l'enceinteextérieure, de rentrer dans la ville.— Quelqueshabitants aytnt fui leur cité, à la nouvelle del'approché des Anglais, le conseil communal faitcrier dans les rues que tout bon citoyen doitrésider dans la ville et doit la défendre, s'il y anécessité de le taire. k la fin d'octobre, les con-suis décident que l'on demandera une autorisa-tion royale pour que les ecclésiastiques de laville soient obligés; comme les autres citoyens,de contribuer à la réparation des murs.

Le duc de Normandie, après la levée du sièged'Aiguillon, en août 1340, avait nommé Jean,comte d'Armdgnac, lieutenant du roi ès partiesd'Agenais, Bordelais, Gascogne, Périgord, Ca-horsin et tous autres pays de Languedoc. Lenouveau lieutenant, au commencement d'octo-bre 1340, pressa le départ des gens d'armes deLanguedoc; il envoya des commissaires dans lessénéchaussées de Toulouse, Albi, Carcassonne,Béziers, Beaucaire, Nimes, Agenais, Périgord,Quercy et Bigorre; il conoqua â Moissac, pourle S novembre, deux consuls ou députés de cha-que ville de Languedoc, pour délibérer aveceuxsur toutes les affaires présentes; enfin le comted'Armagnac, après quelques difficultés soulevéesentre le roi et lui, au sujet de la levée d'un se-cond fouage, que les villes ne pouvaient paspayer, entreprit le siège de la ville de Tulle,vers la fin du mois de novembre.

0e sera désormais vers cette ville que se diri-

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- 19 -.gerontles députés Martellois, lorsqu'ils auront àfaire au représentant du roi de France, et,dés le 24 novembre, c'est-à-dire au • début dusiège, nous voyons Martel envoyer à Tulle desmessagers, pour s'entendre avec le comte d'Ar-magnac, au sujet d'une demande de soldats faitepar ce seigneur et pour lui représenter la situa-tion périlleuse de leur ville (e que ho:rn liii digalestamen de la vola e com es en pei'iih).

Quelques jours après, les habitants, proba-blement fatigués par les alertes continuellesauxquelles ils étaient soumis et Je qui-viveperpétuel dans lequel ils vivaient; envoyaientune lettré à Tulle, dans laquelle ils deman-daient au Comte s'ils ne pourraient pas traiteravec leurs ennemis et quels moyens ils devaientemployer pour éviter les dangers qui les me-naçaient (ordenat fo que homtrameta unà Jetraclauza an Gari Vidai al seti a Tiula que agaparlamen am moss. le comte darmanhac si po-deus .far pati am los enamixs e en cal manieranos podem salva); ils appuyaient cette demanded'un cadeau (le 10 charges de vin.

Nous ignorons si le comte d'Armagnac litune réponse quelconque à la requête des Martel-lois; peut-être n'en eût-il pas le temps, carnotre registre mentionne que, le jeudi avant laNoël, les consuls durent ordonner un guet vigi-lant et faire garder les portes par plus de gensque d'habitude, attendu que l'on entendait direque le siàge.de Tulle devait être levé (pc' razoque hom enten dire que lo seti da Tiula se deulevar).

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--20 -Néanmoins, plusieurs- mois se passèrent sans

que les Mart.ellois -éprouvassent de nouvellespaniques; ils profitèrent de ce calme pour enga-ger,les villes voisines à envoyer des députés àMartel, afin d'étudier ensemble un système effi-cace de résistance contre l'ennemi; parmi lesvillesqui répondirent â cet appel, nous devonsciter Beaulieu, Brive et Orliac.--

Les bandes de pillards anglais reparurentbientôt dans les environs, et les habitants deMartel, craignant toujours quelque surprise,envoyèrent des députés au sénéchal du Quercy,alors à Brive,. afin de lui demander s'ils pou-vaient tenir leur foire la plus importante, celledes Rogations (Roazos) et si les ennemis n'étaientpas trop rapprochés pour cela.; la réponse dusénéchal ne fut pas, sans doute, satisfaisante,car la foire ne se tint pas.-

Cette année-là, le registre des délibérationsconstate qu'une grande famine régnait dans laville et il est ordonné que les consuls et le bayleprendront des mesures pour la répression desvols qui se produisent en grand nombre durantcette disette (per la granda faut que es cl loc).

Au mois de mai, les Martellois apprennentavec terreur que les ennemis du roi sont venusà Pomme et se sont emparés de cette ville (quelos enamixs del rey nostre senhor de fransa govengutz-a DoLna e au pros Io loc); ils s'exnpres-sen d'envoyer, le 29mai, des députés à Madamede Pons, leur suzeraine, pour lui demander -sonavis sur ce'qu'H convient deMire; ils décident:on même temps que la ville indemnisera des.

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- 21 -messagers ainsi envoyés, dans le cas où il leurarriverait des dommages, c'est-à-dire qu'elleleur rendra les objets qui pourraient leur êtreSvolés ou payera leur rançon, s'ils viennent itomber entre les mains des batteurs d'estrade.

En attendant que Madame de Pons puisserépondre à leur demande, les consuls font crierà son de trompe que le chef de chaque maison(cascus de I ostal Io cap) devra se rendre auconsulat pour entendre lire la nouvelle ordon-nance sur la clôture de la ville.

Quelque temps après, le 28 septembre 1347,les rois de France et d'Angleterre signaient,pour eux et pour leurs alliés, une trêve qui de-vait durer dix mois, en laissant chacun en pos-session de ce qu'il avait.

Malheureusement, cette trêve fut assez malobservée, ait dans notre province, où lesAnglais continuèrent leurs déprédations. De laville de Domine, dont ils venaient de s'empareret où ils s'étaient réunis eu grand nombre, ilsmirent à contribution tout le haut Quercy.

Ces courses, en pleine trêve, mirent le sénéchal(lit dans l'obligation de prendre des mesu-res pour leurrépression; il convoquatous les hom-mes enétat de porter les armes depuis l'àge de 15ans(tota maniera de gens deXV ans en sus); le lieufixé pour la réunion fut Gourdon, ville assez rap-prochée de Domine qu'il s'agissait de reprendre.

Avant d'obéir aux injonctions du sénéchal; lesconsuls de Martel voulurent consulter d'abordMadame de Pons; mais comprenant bientôt qu'ilétait de leur intérêt de chasser leurs ennemis de

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-22-Domme, ils décidèrent d'envoyer au siège vingt-cinq hommes (ordenat fo que hein fasse XXV sir-yens dadesades per tramettrea Doma a moss. bsenescal); quelques jours après, ils faisaientdemander au sénéchal s'il préférait des soldatsou de l'argent.

Après s'être mis ainsi en règle vis-à-vis dureprésentant royal, les consuls s'occupent denouveau de leurs affaires intérieures et, pendantles derniers mois de 1347, ils prennent les déci-sions suivantes

Les clefs de chaque porte de la ville serontconfiées à l'habitant le plus voisin de cette porte,avec mission d'ouvrir et de fermer; mais à lacondition cependant que cet habitant sera re-connu pour un bon et loyal citoyen;

Une troupe de douze soldats sera chargée duservice ordinaire; ces soldats seront de gardesoit de nuit, soit de jour, toutes les fois que lesconsuls leur en donneront lordre;

M. Gui de Cahors sera nommé capitaine, chargédu guet de la ville; tous les habitants lui devrontobéissance;

Les murs en mauvais état seront reconstruits.;on donnera aux maçons 50 sols de la toise, maisles ouvriers devront fournir tous les outils etn'auront à leur disposition que les pierres pro-venant des vieilles constructions.

Enfin la ville ayant besoin d'argent, il estdécidé, dans une grande assemblée où consuls,conseillers et prud'hommes étaient réunis (cos-sols e cossels e prohomes tot .inesclat), que l'onprocédera à la levée immédiate des tailles; toutes

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-23--les personnes présentes jurent (le payer leurquote-part dans un délai de quatre jours.

Durant les fêtes de la Noël, Martel envoya desdéputés à l'assemblée des communes du pays,à Brive, où l'on devait examiner les mesures âprendre en commun pour éviter les périlsqu'offraient les chemins, par suite du passagecontinue des troupe!; de maraudeurs anglais. Cepassage des ennemis en pleine vicomté deTurenne, jusque-là un peu à l'abri de leursdévastations, est le point de départ de nom-breuses demandes de secours adressées auxMartellois par leurs seigneurs, les vicomtes.

Le premier janvier 1348, les consuls de Martelenvoient â Creysse les capitaines Gui de Cahors etP. Marti, avecinission de s'entendre avec les sei-gneurs, au sujet de la demande faite par ceux-ci,d'un secours (le 10 hommesd'ai'Ines, pour aider ârepousser les ennemis qui, après s'être emparésde Belcastel, sapprochent de Saint-Sozy et deCreysse (ordenat lb que inoss. Gui de Caortz eP. Marti ano a croicha per aver parlamen amlos gentials homes de so que Io procuraire dacroicha a mandat quela velu liii trameta X homesdamnas per resistir ais enamixs losquals saprochodel loc.dabelcastel que es pres per los angles uS. Sozi et a Croicha).

Quelques jours après celte première demande,les consuls recevaient un message de madamede 'I'urenne les invitant â lui prêter leur appui,pour mettre une forte garnison à Montvalent,que les Anglais menaQaient. Martel répondit âsa suzeraine en lui envoyant la somme de

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- 24 -50 livres; mais la ville eut soin tic stipdler quece n'était qu'un prêt et fit réclamer â madamede Turennê une reconnaissance revêtue de sonsceau (e que donc a nos loirs, de reconoichensasot se sagel).

Vers le .milièu du mois deanvjer les consulsfont avertir les habitants, par la voix du crieurpublic, qu'il est défendu (le vendre du vin, tantque la ville n'en aura pas vendu elle-même 14muids; le produit de cettd vente devait servir âpayer le tiers du subside affecté à l'entretien desgens d'armes chargés de prévenir les dommagesque pourraient occasionner au pays les Anglaisen garnison â Belcastel et â Domine (ordenatIo que hom Lissa cri dur que totz hein s sedelaichede vendre vi tan que la vela naga vendut -Xliiimoch a lops depagar loterLz del subpi alas gensdarmas lasquals so establidas a preveire al damp-natge que dono al pays los angles losquals so a Bel-castel e en Doma).-

L'année 1348 fut en somme pour ]es Martel-lois d'une tranquillité relative (1); aussi purent-ils tenir cette foire des Rogations à laquelle ilsattachaient tant de-prix et qu'ils avaient ren-voyée l'année précédente; ils ne le firent pascependant sans quelques précautions destinéesles garantir d'une surprise toujours possible.

(I) En 1348les efforts des bandes anglaises parais-sent avoir étédirigés surtout contre les loealiés de lavallée du Lot et du 13as—Querey; nous lisons, en effet,dans Foulliine (MS original, f» 202) « Lan 1348 les Jia-biLans de Calait sur la vis de levesque do Caos fortif-fierent leur ville et remirent leurs murailles en estait dedeffense avec beaucoup de soin et des frais; comme cestune Petite-ville sur le boit de la riviere du Lot environ-

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25 -Nous trouvons, dans notre registre, une men-

tion de cette terrible peste qui ravagea la Franceet1'Europe en 1348 et 1340; an mois de juin lesconsuls prononcent la peine du bannisséinentcontre un certain Capgros et quelques autres quiavaient enseveli des morts aux (Ginest.es?), mal-gré la défense qui en avait été faite, à cause dela grande mortalité (ordenat que lodich Capgroselh autre que so anatz sebelhi a las Ginestas ai-cunas personas'otra la crida facha a Martel perIo temps quar es tan periihos de las mortaudatsio bandit a T nies).

'En septembre de la même année, la ville deMartel décide d'investir les consuls, et avec euxquatre conseillers, de pleins pouvoirs pour pren-dre toute espèce (le délibération la cohcernant,excepté toutefois ce qui pourrait concerner les

nec de mnntaignes de tres difficile accus, ils enfirent une place de guerre. Ils estoint advertis de toutespars principalement par le visconto (le Calvigiac, eoiiniidans F'roissard sous le nom de seigneur de Puvcornet,que les anglais de Belaye, Cuènrn dL Pestiliac voulo utse saisir de leur ville, aussi bien que de Calvignac CL ideLarnagol, qui sont sur la 'nesme ruviere et dans uneforte situation, principalement le el,asteau de Calvignacsur le haut d'un celer escarpé de trois costés, que leseigneur de Puicornet avilit muni de toutes choses acces-saires cii tenips de guerre; mais levesque de Cours pourse duel eucrement de la garnison de Belayc ira—posa une dédime sur tous les henefficiers seouliers etreguliers de son dioceze polir lever des troupes et chas-ser langlois de sa terre de Belaye, ce qu'il fit par le se-cours de sa famille., de la noblesse de son dioceze, dontla plus part luy devoit hommage, et des villes de Soildioceze, comme Figeac, caiare, Cau'dnillae, Fous et lesautres qui sot;ffrointdu doniage des Anglois, leurs voy-sins. Ces communautés lut- envoyerent plusieurs arba—lestriers et principalement labbc (le Figeac, quuldispensadu pavement de cette decime imposee sur les autresLenefficiers.

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- 26 -.donations; les aliénations et les privilèges de lacité::

kvec l'année 1349 recommencèrent, plus vivesque jamais, les appréhensions des Martellois; etbien que la guerre fut toujours en permanencedans le bas Quercy, où l'évêque de Cahors, aidédu sénéchal, assiégeait Montcuq, pris par sur-prise par les Anglais, et où le comte d'Armagnac,commandantpour le roi en Guyenne, étaitobligé de garder la frontière du côté de Moissac,les troupes ennemis n'en avaient pas moinstrouvé le moyen de faire de fréquentes coursesdans le Haut-Quercy, surtout du côté de Gour-ddn dont les environs furent ecimpléternentruinés.

A ce inbment, les craintes dos consuls étaientsi grandes qu'ils n'admettaient aucun étrangerarmé dans leur ville, l'étranger eut-il été seulet ils poussèrent la défiance jusqu'à prier leurssuzerains de défendre au:, habitants de Turennedevenir à Martel avec.des armes; ils se défiaientsurtout des Anglais cantonnés à Belcastel et ilsenvoyèrent, durant les fêtes de la Pentecôte, desmessagers au sénéchal du Quercy, alors occupéÊu siège de Montcuq, pour lui demander desconseils sur les mesures qu'ils devaient prendreafin de se mettre à Fabri des attaques de l'en-nenii commun; ils faisaient procéder, en mêmetemps, à un recensement complet (les habitantspouvant combattre' et des armes qui se trou-vaient dans toutes les maisons (fo ordenat queGalhart Tondut, P. Marti. W. de Sironha uneper la *ila e que sapcho quans homes suffi-

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- 27 -ciens pot aver eu la vila per conbatre.o darmaso sirvens e que sapcho am cascu quanhas armasha cascus en son hostal).

Ces mêmes consuls firent publier, à. son detrompe, que tous les habitants des faubourgseussent à entrer et ,à rester dans l'intérieur dela ville; dans le cas où les habitants, mécon-naissant leurs intérêts, refuseraient de se con-former aux ordres reçus, ils devaient y étrcontraints par une troupe de dix soldats armés.

Enfla les Martellois offrent à Mgr Aynar deBesse, chevalier, de le nommer gouverneur deleui cité.

Cette fois encore la ville échappa au dângerqui l'avait menacée et elle put, durant les deuxannées qui suivirent, travailler à ses fortifica-tions, sans avoir trop à craindre doses ehnemis.

A la mort du roi Philippe de Valois (22 aoàt1350) la trêve avait été renouvel(e entre, sousuccesseur le roi Jean et Edouard III d'Angle-terre; Martel n'eut à redouter au commence-ment de dette trêve que quelques bandes de pil-lards, beaucoup plus occupées ii détrousser lesvoyageurs isolés sui les chemins, à rançonnerles paysans dans les champs ou à piller les pe-Uts bourgs sans défense, qu'à chercher à s'em-parer d'une localité aussi importante et aussifortifiée que Martel.

Cependant durant les tètes de Pâques 1351,la réapparition des Anglais est signalée • et leconseil communal renouvelle à Mgi' Aymard deBosse les pouvoirs de gouverneur avec 200 livrestournois de traitement; il lui fait prêter ser-

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ment de bien et loyalement gouverner et faitapprouver cette nomination par le Roi.

Puis les consuls rédigent de nouveaux règle-ments au sujet de la garde de la ville et déci-dent que tout habitant sera tenu de faire le guet,lorsqu'il en sera requis, soit de jour, soit de nuit,â peine dune amende de 20 sois, dont le produitsera applicable partie la réparation des murs,'partie i une indemnité accordée à ceut qui Fe-ront le guet en son lieu et place; ils décident derenvoyer leur foire des Rogations (fo ordenatque per lôs gratis perilhs que hein au dire delsangles ques poyrian avenir, hein no tenha ponhla fiera daquest an e que hom la desmande) etfont défendre, par le crieur public, â tout habi-tant de sortir de la ville sans autorisation des.consuls ou du gouverneur.

Ce n'était encore qu'une fausse alerte.L'année suivante, nouvelles précautions, justi-

fiées par des courses très rapprochées de l'ennemiet par la prise de localités voisines de Martelparmi lesquelles Souillac et Nadaillac. (1)

(1) On ne soneoit qua se fortifier en Querc y contre]anglois. Les seigneurs du pays les plus considerablesestoint marques de canùillae, qui avoit espousé uneniepce de Jean XXII et par la allié du viseonte de Car-mai' et du visconte de Villemur, qui estoint des sei-gneurs tres puissant et qui souscnoint leffort de la

aguerre dans cette province. Ce marques de Cardaillac, delinesme famille que levesque de Caors, duquel il estoitOcre appareinent, car il n tes mesmes armes ............. jetrouve que ouste mince les anglois qui sestoint rendusmaistres de Souillac et qui sestnint fortiffiés dans lechnsteau et dans le lieu de Nadaillac audeça de la rivierede Dordogne, y firent un amas de troupes 'considerabtepour surprendre Cabre.... (Foulbiac, MS original, f' 206verso).

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—.2W--,Les consuls font démolir toutes les maisons

situées près des remparts et édictent des pei-nes sévères contre ceux des propriétaires de cesmaisons qui S'Qpposent aux démolitions; chaquenuit quatre dizeniers, sous les ordres d'un ca-pitaine, veillent sur les murs; les fossés sontnettoyés et chaque habitant doit travailler à cenettoyage un jour de la semaine; les portes dela tour sont gardées par les hommes les plussûrs dela ville (per los melhors homes de la vila);tout habitant doit toujours porter ses armes, àpeine d'une amende de douze deniers; toutes lesPortes des fortifications sont fermées, à.l'excep-tion de deux qui reçoivent une bonne garde et,non-seulement la foire des Rogations est ren-voyée cette année-là, mais encore on décide dene pas tenir de marché dans la ville à cause.despérils à redouter (ordenat es que dema no setenha ponh Io mercatz dedins la vila per losperilhs que hom au dedia en dia).

Le 12 juin 1352, les consuls décident de donnercent écus d'or pour la rançon de l'un desleurs, d'Etienne de Bolet, fait prisonnier parles Anglais toutefois le paiement de cettesomme ne fut pas effectué, le captif ayantpu s'évader.

Martel n'a pas seulement à .se défendre; cetteville doit encore aider ses seigneurs, dans ]adéfense commune, et le 5septembre, Aymard del3esse conduit à Turenne une troupe de sixhommes d'armes et de douze sirveus, mise à ladisposition du vicomte par les Martellois.

Le 7 septembre, les consuls font placer. un cor

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- 30 -au-dèssus de la porté -de la T'icialle dans lequelun sirven sonnera chaque soir (1 cor loquai lundels sirvens corne cade cor); tout homme désignépour le guet devait se i'endre à son pôste lorsqu'ilentendait-sonner-de ce cor.

Le 26 septembre Guillaume de Vassal étaitnommé gouvernêiir (re.gidors et govérnadors)de la ville, pour trois mois et tousles membresdu conseil communal lui juraient obéissance. Aucommencement d'octobre, le nouveau gouver-neur, accompagné du consul Raimond Guibert,se rendait à Figeac, où se tenait une réunion dedéputés descommunes, de barons, de chevalierset d'autres gentilshommes; dans cette réunionon adopta diverses mesures au sujet de la gardedu pays et une alliance fut contractée entre lesnobles et les communes, en vertu de laquelleles uns et les autres -devaient être prêts à touteheure pour la défense du pays (com las cumunas,baros e cavalies et autres nobles homes sianestatzmandata affigac sus la garda- dei pays essiaestada facha unies entre los nobles e cnmunasque totas haras pie seran mandata sian aparel-hatz per gardar 16 pays...)

A la fin d'octobre un conseil de huit membresprésidé par le gouverneur est investi des droitses plus étendus; les habitants doivent obéir à

tous lesordrés émanés de ce conseil. Quelquesjours après il est prescrit de prendre les grains,vins et autres vivres qui se trouveront dans lesmaisons de ceux qui ont abandonné la ville ouqui l'abandonneront sans permission; Guillaumede -Vassal et 4 conseillers sont chargés de- faire

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- 31 -la distribution de ces vivres à la population.:

Les difficultés d'argent obligent encore lesconsuls de décider que les propriétaires desmaisons abattues par suite des nécessités de, laguerre et des travaux de défense, ne serontpointindemnisés et que leurs tailles n'enseront mêmepas diminuées, du moins quant à présent

A la même époque les Martellois reçoivent deToulouse divers engins de guerre queles consulsdistribuent aux habitants aptes à les utiliser (acascu segon que sen saura aludar); le mêmejour Mgr Guibert de Domine, lieutenant dusénéchal de Quercy, était prié de choisir, lui-même les points les plus favorables des rempartspour y mettre les canons que possède la ville(fo ordenat que los cossols sapcho quans canosha la vi]a e quo ma Io cosselhde moss. Guisbertde donna los ineta hom sus Io mur ly on melhsestaran).

Pendant que presque tous les habitants fai-saient ainsi leurs efforts pour échappei â l'en-nemi, quelques traitres n'hésitaient pas â entreren pourparlers avec les Anglais et cherchaient àleur livrer la ville. Un complot de cette nature,dont un certain Bertrand de Pibiés était l'au-teur, fut découvert vers la fin du mois dedécembre. Le conseil communal fit arrêterimmédiatement le coupable et, dans une séancede nuit ordonna que Bertrand, convaincu detrahison envers la ville, serait mis â la questionafin de savoir de lui toute la vérité (que Io digzMG Bertran sia mes a questio et que sapcha hom.am lirai tota la vertat). Le patient, mis â la

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-32:-torttireç déclara d'aboi'd qu'il avait dès com-plices et nomma deux autres habitants, R. La-garrigue et Guillaume de St-Sure; mais il serétracta ensuite et avoua que ces deux citoyensn'étaient coupables u'aucune trahison et quec'était par malveillance qu'il les avait accuséset non pour un autre motif (dizens que elh deldigz fagz no avisa tort de re e que per malvo-lensa los avia accuzatz e no per autra cauza).

Au commencement de janvier 1353, le Conseilrendit une ordonnance par laquelle Bertrandde Pitiés, ayant confessé que lui et d'autres,désignés dans sa confession, avaient conspirécontre le lieu de Martel qu'ils devaient li-vrer' aux Anglais, était condamné à avoir latète tranchée sur la place publique, en présencede tout le peuple et qu'ensui(e la tête et lecorps réunis seraient exposés aux fourchespatibulaires de Martel (sia descapitatz en laplassa publicamen enprezensa de tot le pobleetque puy le capz cl cors essems sia mes en lasl'orcas patibulars de Martel)

La ville manquant de bourreau, un RaimondCassignac dit Bilhabau s'offre de son propremouvement pour exécuter la sentence, attenduque le coupable est un traître (quar lodigz M.l3ertrans es traydors).

Nous terminerons ici notre exposé des vicis-situdes de ces malheureux Martellois, constam-ment aux prises avec les horreurs de la guerreet de cette guerre du moyen-âge, où tout étaitprétexte au pillage et aux dévastations; pousserplus. loin, ne nous servirait, d'ailleurs, quà

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- 33 -nous exposer à des redites; c'est, en effet, tou-jours le même spectacle, toujours des pillardsessayant de surprendre une petite ville pour larançonner, toujours les habitants de cette petiteville eu éveil et s'efforçant, en s'entourant demille précautions, d'échapper au pillage si re-douté, que bien peu de localités de notre Quercyévitèrent, du reste, durant cette désastreuseguerre de cent ans. La ville de Martel elle-même, que nous venons de voir si attentive à segarder, ne put échapper au sort commun: elle futelle aussi occupée par les troupes du comte deDerby et ne put étre délivrée de ces hôtes in-commodes que le 27 aoùt 1374. Les grandespages des registres de ses archives mentionnentles nombreuses contributions de guerre quipesèrent sur cette ville, sit pendant l'occupa-tion du. comte de Derby, soit pendant les lon-gues années où, environnée d'ennemis, elle neput obtenir un peu de tranquillité qu'en payantdes rentes annuelles fort élevées aux Compa-gnies anglaises, qui souvent n'en dépouillaientpas moins ses habitants lorsqu'Us s'exposaienthors de leurs murs protecteurs.

FIN