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Colloque RSE : Mode d’emploi pour la création de valeurs Comment et jusqu’où la responsabilité sociétale contribue à la performance globale de l’entreprise ? - 7 mars 2012 - Actes du colloque

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Colloque RSE : Mode d’emploi pour la création de

valeurs

Comment et jusqu’où la responsabilité sociétale

contribue à la performance globale de l’entreprise ?

- 7 mars 2012 -

Actes du colloque

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Sommaire

 

Introduction 3 Robert DURDILLY, Président du comité RSE du MEDEF  Jean-Pierre CLAMADIEU, Président de la commission Développement durable du MEDEF

Première table-ronde : La RSE, un moyen de développer de nouvelles opportunités commerciales 5 

Table ronde animée par Emmanuel de la VILLE, Directeur général d’EthiFinance

Deuxième table-ronde : La RSE, une nouvelle dynamique dans la relation avec ses parties prenantes 11 

Table ronde animée par Caroline WEBER, Directrice générale de MiddleNext

Présentation du nouveau guide de bonnes pratiques RSE 15 Robert DURDILLY, Président du comité RSE du MDEF Michel LAVIALE, Président du groupe de travail Performance extra financière du MEDEF

Troisième table-ronde : La RSE, un outil de gestion des risques 16 Table ronde animée par Jérôme COURCIER, responsable RSE de Crédit Agricole SA

Regard sur l’étranger : l’exemple de l’Allemagne 23 Table ronde animée par Robert DURDILLY

Conclusion : Entre régulation et engagements volontaires des entreprises, quel équilibre ? 28 

Table ronde animée par Hugh WHEELAN, directeur du site www.responsible-investor.com

Le mot de la fin 34 Laurence PARISOT, Présidente du MEDEF  

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Introduction Robert DURDILLY Président du comité RSE du MEDEF

Les objectifs du comité RSE du MEDEF et de la Commission développement durable, en choisissant d’organiser ce colloque, sont de triple nature : sensibiliser les PME à la RSE, les encourager à l’action, et débattre des moyens de faire progresser la RSE.

La responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est la contribution de l’entreprise au développement durable. Il s’agit d’une démarche volontaire, impliquant l’intégration de tous les enjeux à la stratégie de l’entreprise. De ce point de vue, nous ne rejoignons pas la dernière communication de la Commission européenne. En effet, nous estimons préférable d’entraîner la conviction des entreprises que la RSE peut être un levier de performance.

Voici, en six points, la position du MEDEF sur la RSE :

• La RSE est créatrice de valeurs partagées. Elle développe la performance globale de l’entreprise.

• Le dialogue avec les parties prenantes est fondamental. Il peut permettre à l’entreprise d’anticiper les demandes de l’ensemble de la société.

• Il est nécessaire d’encourager les PME à l’action et de les accompagner. A cette fin, nous vous présenterons le guide de bonnes pratiques RSE.

• La RSE est un outil efficace de gestion des risques (opérationnels, environnementaux, sociaux…) pour réduire également le coût du capital.

• En la matière, les enjeux sont internationaux, car il est nécessaire de créer les conditions d’une compétition équitable. Afin d’éviter un dumping RSE la France ne peut avancer seule, un mouvement plus large est nécessaire pour ne pas créer de désavantage compétitif pour nos entreprises, tant en Europe que dans le reste du monde.

• Il convient de trouver la soft law, c’est-à-dire le juste équilibre entre réglementation et initiative volontaire des entreprises. Les entreprises doivent en effet disposer de marges de manœuvres pour développer la RSE, sans surrèglementation. A cette fin, il est nécessaire que les règles soient créées collectivement et de façon souple, adaptée à la taille des entreprises.

Jean-Pierre CLAMADIEU Président de la commission Développement durable du MEDEF

En tant que Président de la Commission développement durable du MEDEF, je peux témoigner que la performance de l’entreprise se mesure aussi au regard de ses relations avec les parties prenantes. Nous partageons cette optique depuis longtemps, dans un contexte où la RSE apparaît de façon de plus en plus fréquente. Avant la loi Grenelle II, la loi NRE a posé les jalons, et de nombreux débats ont eu lieu pour inciter les entreprises à mieux communiquer sur le sujet.

La position du MEDEF a toujours été de rechercher la manière la plus efficace de mettre en mouvement les entreprises, tout en échangeant avec les pouvoirs publics. Il est donc important que la mise en œuvre des dernières dispositions législatives aboutisse à une véritable avancée, et à une meilleure prise en compte de ces problématiques, qui constituent un élément de performance supplémentaire pour l’entreprise, et un vecteur de création de valeur. Au fond, aucun choix n’est à faire entre la performance financière de l’entreprise et la RSE.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Je remercie particulièrement les équipes du MEDEF pour l’organisation de cette journée très importante.

En tant que patron d’un groupe industriel dans le secteur de la chimie, je ne considère pas qu’il existe de recette miracle pour développer la RSE. Néanmoins je peux partager l’expérience de Rhodia avec enthousiasme et modestie en la matière. Nous nous sommes engagés de manière visible autour des thématiques de RSE, car au cours des années 2004-2005, notre entreprise a traversé une crise sévère, de même qu’une crise d’identité. Pour reconstruire, nous nous sommes intéressés aux bonnes pratiques que nous avions développées dans plusieurs domaines liés au développement durable, et les avons considérées comme les ferments d’une démarche beaucoup plus large.

Nous avons en effet estimé que des pratiques, telles que celle de la sécurité au travail, pouvaient constituer un élément essentiel de la culture du groupe. Nous avons la forte conviction que la RSE doit être totalement intégrée au métier de l’entreprise.

Munis de cette conviction, nous avons avancé sur le thème de la sécurité au travail, et avons construit des cercles concentriques autour de ce thème : impact des installations sur l’environnement, sur les changements climatiques, impact de nos produits, relations sociales…Ainsi, nous avons élaboré le référentiel « Rhodia Way », outil de reporting permettant à chacune de nos équipes d’évaluer comment elle opère, en identifiant et évaluant une quarantaine de comportements, notés par niveaux. L’objectif de l’auto-évaluation annuelle est d’identifier des axes prioritaires de progrès, et d’élaborer un langage commun au sein du groupe.

Cette démarche s’est accompagnée d’un effort particulier en matière de gouvernance. Le Conseil d’Administration s’est doté d’un Comité stratégique et développement durable, ainsi que d’une Direction du développement durable. Nous avons également souhaité que le développement durable soit pris en compte dans la rémunération des dirigeants. C’est pourquoi en 2011, la rémunération variable de tous les cadres de Rhodia comportait une part de 10 % liée à la performance développement durable de l’entité dans laquelle ils opéraient.

Un autre élément important de la gouvernance est l’acceptation de se faire challenger par d’autres parties prenantes, afin notamment de déterminer les raisons de la survenance d’un évènement dommageable. Nos challengers habituels sont les agences de notation extra-financière, ainsi que des indices tels que les Dow Jones Sustainability Indexes.

De même, dans le domaine social, nous avons signé un accord de responsabilité sociale avec l’ICEM, syndicat mondial dans le secteur de l’énergie, de la chimie et des mines. Nous avons notamment confié à ce dernier la mission de nous mettre en garde lorsque l’un de ses réseaux d’affiliés a connaissance d’un non-respect de nos engagements. Ceci est par conséquent la base d’un dialogue de qualité, dans le but de progresser.

Aujourd’hui, j’ai un sentiment très positif, qui s’appuie sur quelques signaux :

• Lors des enquêtes d’opinion auprès de notre encadrement, l’engagement RSE est perçu comme réel, ce qui contribue à la fierté de nos équipes.

• Nos clients, de même que nos fournisseurs, nous sollicitent sur notre engagement en matière de RSE.

• Un tel engagement constitue à l’évidence un élément d’attractivité du groupe. Nous constatons en effet, lors des entretiens d’embauche, que le sujet de la RSE est récurrent. Néanmoins en matière de dialogue social, les signaux sont mitigés. Il est en effet notable de constater qu’en France, les syndicats peinent à dépasser leurs thèmes traditionnels de revendication.

• Un grand groupe tel que le nôtre peut contribuer à exporter la RSE dans d’autres entreprises, au travers de la mobilité naturelle de ses équipes.

Ainsi, en menant à bien la fusion entre Rhodia et Solvay, nous construisons la culture et l’identité de ce nouveau groupe. Je suis persuadé que le développement durable sera au cœur de Solvay, désormais l’un des premiers chimistes mondiaux.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Première table-ronde : La RSE, un moyen de développer de nouvelles opportunités

commerciales Table ronde animée par Emmanuel de la VILLE, Directeur général d’EthiFinance

Ont participé à cette table ronde :

Olivier CAIX, PDG de Diana Ingrédients

Xavier EYDOUX, PDG de Purodor

Yann ROLLAND, PDG de Bel,M

Emmanuel de la VILLE Nous aborderons, au cours de cette table ronde, le rôle de la RSE, souvent envisagée

comme un contour, mais rarement considérée comme pouvant impacter le business model. La RSE permet-elle de transformer l’entreprise, pour lui donner l’opportunité de gagner des parts de marché ? En d’autres termes, la RSE est-elle tangible d’un point de vue commercial ?

Je demanderai tout d’abord à chacun des intervenants de bien vouloir présenter leur entreprise.

Olivier CAIX Diana Ingredients compte 1 500 salariés, avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 390

millions d’euros. Créée dans les années 1990, sa taille double tous les cinq ans. Sa vocation est très internationale, puisque que 15 % des ventes sont réalisées en France, 50 % en Europe et 30 % dans les pays émergents.

Notre cœur de métier est de travailler avec nos clients pour améliorer la performance organo-éthique - c’est-à-dire le goût, la couleur, l’appétence - de leurs produits avec un bénéfice nutrition santé, et à partir de solutions extraites de la nature. Notre sensibilité en matière de développement durable est donc assez forte, puisque nous entendons valoriser les produits issus de la nature.

Xavier EYDOUX Purodor est une entreprise de 110 salariés, réalisant 12 millions de chiffre d’affaires.

Historiquement créée en 1934, elle est aujourd’hui consacrée à la vente de produits et de solutions d’hygiène et d’entretien destinés à des professionnels : collectivités publiques, établissements de santé, maisons de retraite…Nous intervenons également dans le domaine du traitement de l’eau et de l’agro-alimentaire.

En 2005, nous avons lancé notre gamme Atout Vert, qui promet une efficacité au moins égale à celle des produits issus de la chimie conventionnelle, de même qu’une absence de danger pour les utilisateurs, et d’impact pour l’environnement. Notre positionnement est clairement celui de la chimie végétale.

En 2006, nous avons initié une politique de conquête de grands comptes, grâce à ce positionnement de produits vertueux. Ce marché correspond aujourd’hui à un portefeuille d’activités intéressant pour le développement de l’entreprise.

Dès 2007, notre fil rouge a été le label Lucie, que Purodor a été l’une des premières entreprises à obtenir.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Yann ROLLAND Bel’M, que j’ai reprise en 1995, est une entreprise spécialisée dans la fabrication de

portes d’entrée à destination des maisons individuelles. Notre croissance a été forte, puisque le nombre de salariés est passé de 90 en 1995, à 840 aujourd’hui. Notre chiffre d’affaires est de 120 millions d’euros. Nous avons dépassé notre spécialité, puisque nous avons racheté, il y a un an, une entreprise fabriquant des fenêtres.

Nos produits sont vendus dans toute la France à des réseaux de distribution spécialisée. J’ai repris cette entreprise en 1995 sous forme de LBO en étant minoritaire. En 2009, je suis devenu majoritaire et aujourd’hui 200 salariés détiennent 11 % du capital. La RSE fait donc partie de l’entreprise.

Par ailleurs, nous avons obtenu le label Lucie en février 2009, et j’en fais la promotion à titre personnel dans ma région. A cette fin, j’ai créé une association dénommée Dirigeants responsables de l’Ouest, pour faire connaître la RSE dans les entreprises de notre région et donner à notre territoire une image de patrons responsables.

Emmanuel de la VILLE La RSE est-elle une réponse à une demande de clients, ou émane-elle de

l’entreprise ?

Olivier CAIX Lors de mon expérience professionnelle, j’ai acquis la culture RSE, qui fait partie de

ma sensibilité personnelle. Cela étant, nous passons actuellement d’une économie de marché à une économie d’écosystème. Aujourd’hui, notre actionnaire principal nous challenge tous les ans sur nos axes RSE, de même que nos clients. La RSE nous permet non seulement de gagner de nouveaux businesses, mais nous permet purement et simplement d’exister. Notre métier nous conduit à travailler avec le monde agricole dans de nombreux pays, de sorte que nous avons mis en place un partenariat pour l’agriculture responsable. Ces thèmes sont clés pour nos clients dans la maîtrise de la qualité et de la performance de nos produits.

Nous gagnons donc des parts de marchés, et apportons des réponses à des demandes d’engagement de la part des clients. Ainsi, chez Nestlé, Unilever, ou Coca-Cola par exemple, nous sommes audités régulièrement sur nos innovations et notre façon de pratiquer la RSE.

Il s’agit donc réellement d’une démarche de fond, sans laquelle nous serions en régression sur nos marchés. Cette démarche a été structurée depuis trois ans, sur le modèle de Rhodia Way, avec l’idée d’identifier des axes de progrès par problématiques régionales et par problématiques de clients.

Emmanuel de la VILLE Quelle est la part des grands comptes dans votre activité ?

Olivier CAIX Cette part représente plus de 60 %. Cela étant, il convient de souligner que les pays

émergeants ont une problématique de la naturalité très culturelle et naturelle. Ainsi le Brésil est très avancé en la matière, notamment dans le domaine du développement sociétal de l’environnement des sites et dans les relations avec les agriculteurs. Pour ce pays, il s’agit non pas comme une obligation, mais d’un vrai facteur de progrès sociétal.

Xavier EYDOUX Nous évoluons dans un univers professionnel assez peu mobile au cours des quarante

dernières années, avec des formules n’ayant subi que peu de changements. Lorsque nous avons lancé la stratégie Atout Vert au milieu des années 2000, il ne s’agissait pas de suivre mais d’anticiper une demande.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Nous cherchions alors à nous différencier par rapport à des acteurs mondiaux très importants. Nous avons donc identifié l’émergence d’un besoin supplémentaire en termes de santé pour les utilisateurs, surtout dans le monde professionnel.Ainsi, notre gamme alternative Atout Vert a été développée avec l’aide d’un laboratoire français.

Dans le monde de la santé, les produits d’hygiène et d’entretien comportent une dimension supplémentaire puisque les agents sont surexposés. Aujourd’hui nous sommes passés de l’anticipation à un besoin, et la demande se généralise. Atout Vert représente désormais plus d’un tiers du chiffre d’affaires de l’entreprise.

Cependant nous avons eu des difficultés à imposer des produits, notamment parce qu’ils n’avaient pas le même code olfactif que les produits traditionnels. Il a donc été nécessaire d’apporter la preuve de leur efficacité.

Enfin, nous sommes parvenus à pénétrer une clientèle de grands comptes, et avons transféré une partie de ce savoir à notre clientèle traditionnelle.

Emmanuel de la VILLE Etes-vous en avance sur vos concurrents ?

Xavier EYDOUX Nous considérons avoir un temps d’avance sur nos concurrents, ainsi qu’une certaine

originalité dans l’offre que nous présentons.

Yann ROLLAND En ce qui nous concerne également, nous n’avons pas eu de demande en matière de

RSE dans notre secteur du bâtiment. Le développement durable est donc apparu progressivement.

Dans un premier temps, je suis venu à la RSE pour des raisons internes, pour redonner à notre entreprise son indépendance et que les décisions soient prises au cœur de l’entreprise.

De plus, un évènement moteur a été l’action de Greenpeace contre la déforestation, en vertu de laquelle elle a mené des opérations contre notre concurrent Lapeyre. Plutôt que de critiquer Greenpeace, nous avons fait profil bas, et avons fait en sorte de nous approvisionner avec des bois éco-certifiés.

Par ailleurs, dans nos métiers industriels de la menuiserie, je n’ai pas accepté la fatalité de la dangerosité. C’est pourquoi un plan a été mis en œuvre.

La RSE est donc arrivée progressivement dans notre entreprise.

Nous avons mis en place une culture de l’innovation, ce qui crée une spirale vertueuse avec la RSE. En effet, nous prenons des décisions vis-à-vis de nos salariés et de nos clients, au-delà de la simple réglementation. Les contraintes sont pour nous des opportunités. C’est donc toute l’entreprise qui s’incarne dans la RSE, tant dans le processus industriel que dans la politique sociale et de communication. Elle fédère tous les salariés qui tiennent à adopter un comportement responsable.

Emmanuel de la VILLE Il s’agit donc davantage d’une démarche de conviction, plus que d’une demande du

marché.

Yann ROLLAND Il s’agit effectivement d’une démarche de conviction, mais qui n’aurait aucun effet si

elle s’était cantonnée au niveau de la Direction. Il est donc important que les salariés se l’approprient, en étant même force de proposition, Le dirigeant de l’entreprise dans la RSE

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Colloque RSE - 7 mars 2012

est au cœur de toutes les responsabilités, et doit avoir une réponse à toutes les problématiques liées au business ou aux salariés.

Emmanuel de la VILLE La RSE est trop souvent perçue comme un concept vague. Si elle est tangible,

comment la quantifier ?

Yann ROLLAND Nous ne savons pas chiffrer la RSE sur un plan comptable. Cependant, nous avons fait

appel à VIGEO, société spécialisée dans la valorisation immatérielle de l’entreprise, prenant en compte des valeurs telles que celle de la marque ou de l’absence de turn-over. Ainsi, notre valorisation a été bonne, et rassurante pour les investisseurs en capital. Ces derniers ont bien entrevu qu’ils avaient intérêt à investir dans les entreprises pratiquant la RSE, qui connaissent moins de tensions sociales, moins de conflits avec leurs clients, et comportent donc moins de risques.

Notre stratégie comporte trois piliers : passer de 18 % actuellement, à 20 % d’EBITDA ; l’innovation et la qualité ; la RSE. Ces trois piliers sont très complémentaires et créent une spirale vertueuse. Ils représentent de façon certaine des points d’EBITDA.

Olivier CAIX Je partage entièrement les propos de Yann ROLLAND. Nous sommes effectivement

incapables de mesurer ce qu’on investit en termes de RSE, mais nous ne le souhaitons pas spécialement. Il s’agit d’une question de culture et d’adhérence avec l’environnement. Le monde est différent, de même que les recrutements, et les actionnaires sont soucieux d’investir dans des sociétés solides et durables. Nous essayons de parvenir à plus de mieux-être pour l’écosystème, ce qui constitue un élément très créateur de valeur. La RSE est fédératrice en interne et en externe et participe à la création de valeur.

Xavier EYDOUX En termes de quantification sur nos parts de marché, nous pouvons estimer la gamme

Atout Vert, qui nous a permis de conquérir une clientèle. Il n’est cependant pas possible de la quantifier précisément. Il s’agit d’un mouvement d’ensemble de l’entreprise.

Emmanuel de la VILLE Vous êtes trois dirigeants exemplaires en matière de RSE. Dans cinq ans, sera-t-elle

encore un élément différenciant ?

Olivier CAIX Les tendances sont sociétales et mondiales. Dans les années à venir, des normes

internationales seront adoptées, ce qui constituera un challenge positif. Cependant nous ne sommes pas les seuls dans notre secteur à pratiquer la RSE, et il est vraisemblable que l’ensemble du marché va suivre. Il est donc nécessaire de parvenir à être toujours davantage à la pointe que nos concurrents.

Yann ROLLAND Je partage cet avis. Cependant, les clients choisiront toujours le produit le moins cher.

Le challenge consiste donc à proposer des prix égaux, ce qui est tout à fait légitime.

Cela étant, notre atout réside dans le fait que nous sommes plus aptes aux évolutions et aux changements. Nous pouvons mieux identifier les risques, et sommes prêts à y faire face sans stress. La culture de la RSE prépare aux évolutions.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Xavier EYDOUX Nous espérons nous différencier encore dans cinq ans. L’environnement évolue, et la

tendance est d’aller dans la direction de la RSE, ce qui est très positif. Notre volonté est évidemment de garder un temps d’avance sur nos marchés.

Par ailleurs, l’engagement managérial depuis l’origine a permis une appropriation progressive de la part de l’ensemble des salariés. Il s’agit également d’une force.

La différenciation viendra également des clients, qui seront de plus en plus demandeurs de nos produits. De plus, outre la gamme vertueuse, il existe actuellement des consommables sur lesquels nous espérons progresser en terme de développement durable. Une approche globale est donc nécessaire.

Jacques ROUGE, Fédération Française des Métiers de l’Exposition Je souhaite en savoir davantage sur le label Lucie, et sur la légitimité des

« labellisateurs ».

Yann ROLLAND Nous avons été préparés à cette labellisation par l’audit réalisé au sein de notre

société par VIGEO. Notre notation ayant été très satisfaisante, le responsable de l’audit nous a fait découvrir le label Lucie. A l’époque, la société Lucie était en création, et j’ai proposé d’en devenir actionnaire. La société Lucie a une structure légère, et délègue à VIGEO et AFNOR les audits pour décerner le label, ce qui constitue leur légitimité.

A titre de comparaison avec l’évaluation Iso 26 000, cette dernière constitue une photographie, tandis que Lucie constitue un engagement plus fort, comportant des promesses d’évolution. Le label Lucie est privé et non obligatoire, de sorte que les candidats sont peu nombreux à l’heure actuelle.

Charles-Benoît HEIDSIECK, laboratoire Le RAMEAU La Fédération des Entreprises de propreté a réalisé un travail remarquable sur les

cinquante et une actions de développement durable à entreprendre. Que pensez-vous de l’action des fédérations professionnelles pour impulser la démarche collective ?

Xavier EYDOUX Nous y sommes très favorables, car nous avons une communauté d’intérêts.

Max de CHANTERAC, l’Oréal Vous avez évoqué l’intérêt commercial de la RSE. Quelles sont vos relations avec vos

actionnaires, dont les intérêts ne sont pas nécessairement à long terme ?

Olivier CAIX Il ne me semble pas envisageable de généraliser à tous les actionnariats, mais plutôt

que les réponses diffèrent au cas par cas. En ce qui nous concerne, le développement durable est très important pour le fonds d’investissement qui est notre actionnaire. Ils nous auditent chaque année à ce sujet, et mesurent nos investissements sur ce positionnement.

En tout état de cause, une valorisation d’entreprise se joue sur le long terme, et sur sa perspective de croissance. Un actionnaire espère donc une croissance durable et solide de l’activité au cours des années à venir, sur laquelle il espère faire son retour sur investissement. Je pense donc que la réponse dépend du type d’actionnaire.

Yann ROLLAND Lorsque que j’ai repris l’entreprise, je possédais 12 % du capital et me trouvais en

conflit ouvert avec les actionnaires, dans la mesure où ils escomptaient des rotations à court terme, de cinq ans au maximum.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Surtout, dans la mesure où j’entendais reprendre l’entreprise avec les salariés, plus le prix était élevé et plus le montage devenait complexe, avec une dette senior élevée.

Aujourd’hui, la situation a quelque peu évolué, notamment du fait de la crise. Il n’en demeure pas moins qu’il existe toujours un conflit d’intérêts entre la volonté de profit à court terme des investisseurs en capital qui spéculent sur la valorisation des PME, et la vie personnelle des salariés. Ceci s’est néanmoins quelque peu atténué depuis quelque temps, car les actionnaires ont compris qu’il y avait une certaine convergence d’intérêts.

J’ai donc gardé 30 % du capital pour des investisseurs en capital, mais je les choisis régionaux, et soucieux du long terme.

En tout état de cause, il est possible de faire converger l’intérêt de la RSE et celui de la finance, mais pas avec des spéculateurs soucieux de réaliser des plus-values à court terme.

Patrick d’HUMIERES Ne pensez-vous pas que la première façon de mesurer les progrès de la RSE est de

l’inclure dans les comptes ?

Xavier EYDOUX La RSE est publique dans l’entreprise, puisqu’elle constitue un plan de progrès.

Yann ROLLAND Nos indicateurs, au nombre de cinquante, sont publiés tous les quadrimestres et sont

transmis à notre comité stratégique.

Olivier CAIX Nous avons la même démarche avec une trentaine d’indicateurs. Cependant, nous

avons quelques difficultés à mesurer certains éléments, tels que le bien-être au travail ou le dialogue social.

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Deuxième table-rond : La RSE, une nouvelle dynamique dans la relation avec

ses parties prenantes Table ronde animée par Caroline WEBER, Directrice générale de MiddleNext

Ont participé à cette table ronde :

Gaël FAIJEAN, fondateur et PDG de ID MidCaps

Eric LIEURE, directeur général délégué au développement durable d’Overlap

Marie-Josée NAVARRE, directrice de cabinet de Philippe Mangeard, PDG de Modalohr

Caroline WEBER MiddleNext, partenaire de l’évènement, est l’association des entreprises moyennes

cotées en Bourse. Elle a été créée par des dirigeants, et constitue un lieu d’échange, de lobbying et de formation pour les dirigeants ; c’est aussi un institut de recherche, notamment en RSE. Des mots-clés de MiddleNext sont la proportionnalité dans l’application des lois, le pragmatisme, l’intelligence des situations, et la logique de retour sur investissement

Sur la gouvernance, nous avons élaboré un Code complétant celui du MEDEF, dédié aux entreprises de taille moyenne. Celles-ci sont avant tout des entreprises familiales avec des enjeux de gouvernance réelle.

Sur la RSE, nous sommes très engagés. En premier lieu, nous avons contesté la loi Grenelle de l’environnement, ce qui pourrait à première vue sembler paradoxal. Or, le chiffrage que nous avions établi relativement à son premier projet, faisait apparaître un coût de 500 000 euros par PME cotée. Nous sommes néanmoins très investis dans le développement durable et avons publié un guide pédagogique en la matière en mars 2011. Ce guide a été rédigé avec EthiFinance, avec laquelle nous avons également mis en place des référentiels de notation des entreprises.

Marie-Josée NAVARRE J’ai été directrice du développement de la première autoroute ferroviaire, traversant les

Alpes entre la France et l’Italie. Modalohr est une filiale de Lohr industrie, qui emploie 200 personnes. Il s’agit d’actionnariat familial dans le domaine du transport ferroviaire de camions. Les autoroutes ferroviaires sont actuellement au nombre de deux, l’une de 175 kilomètres à travers les Alpes et l’autre de Perpignan au Luxembourg. Le trafic représente actuellement seize trains quotidiens, remplis à 80 %.

La RSE a constitué un réel apport pour Modalohr. Néanmoins, cette démarche n’a pas été immédiate pour l’entreprise au démarrage de ses activités. En revanche, c’est la démarche RSE de nos clients chargeurs et transporteurs qui a permis le déploiement des autoroutes ferroviaires.

Le démarrage a été politique, juste après l’accident du tunnel du Mont Blanc et la décision de fermeture prise par les ministres des transports français et italien. Les autoroutes ferroviaires sont alors apparues comme une alternative. Par la suite, un client tel qu’Arkéma, en faisant du recours au transport écologique un élément de son propre développement, a été un acteur essentiel pour ouvrir à Modalohr le marché des transports routiers.

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Caroline WEBER Quelle a été l’influence sur les autres parties prenantes ?

Marie-Josée NAVARRE Il y a eu un facteur d’entraînement. Les fournisseurs de l’entreprise ferroviaire sont les

chemins de fer français, luxembourgeois, italiens. Il n’empêche que les difficultés sont réelles du fait de la crise actuelle du monde ferroviaire. Cela étant aujourd’hui les autoroutes ferroviaires représentent plus de 7 % de la part de marché du rail en France, et constituent un produit d’appel très intéressant.

S’agissant des parties prenantes, les gaz à effet de serre, les polluants, la sécurité, sont des éléments de motivation très importants pour nos fournisseurs. De même, nos collaborateurs sont très attachés à ces préoccupations. Néanmoins, notre entreprise traverse une phase difficile actuellement, car la RSE ne se développe pas assez rapidement. Il est par conséquent nécessaire que Modalhor continue son redéploiement.

Caroline WEBER Quand on s’adresse à une société de services, quelle est la motivation pour la RSE ?

Eric LIEURE Ma société informatique est spécialisée dans l’optimisation des infrastructures

informatiques au titre du conseil, de l’architecture et de la sécurité. Nos clients sont des grands groupes et des ETI, dont le développement et la dimension locale sont importants. Nous devons développer de la valeur ajoutée pour nos clients, de même que pour leurs propres clients. Nous avons donc besoin d’innovation et de talents.

Caroline WEBER Overlap vient de publier son premier rapport RSE. Dans quel but ?

Eric LIEURE A l’origine, nous avons été sollicités par nos gros clients en matière de RSE, et avons

donc été amenés nous y pencher très sérieusement. C’est pourquoi, à l’aide d’un consultant, nous avons identifié 190 paramètres de RSE dans une société de services, avec deux dimensions essentielles : capter les talents, et assurer la gouvernance.

Caroline WEBER Le climat social s’est-t-il amélioré ?

Eric LIEURE Nous sommes dans un marché très concurrentiel et notre turn-over est très faible.

S’agissant de la gouvernance, le rapport RSE acte un changement. Le Conseil d’Administration comporte désormais une femme et un administrateur indépendant. Notre Président s’illustre par une grande ouverture d’esprit.

Caroline WEBER Gaël FAIJEAN, vous êtes analyste financier de formation. Vous apportez aujourd’hui

votre regard de connaisseur des marchés financiers. Comment expliquer votre revirement vers l’extra-financier ?

Gaël FAIJEAN Il est en effet étrange pour un analyste financier de s’approprier l’extra-financier. Cette

démarche a commencé en 2006-2007, en considérant une dimension clé : celle de la qualité du management.

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Jusqu’alors, une telle dimension n’était jamais évaluée et intégrée. Il était donc nécessaire de développer un référentiel adapté aux PME pour permettre une démarche encadrée sur cet élément clé. Ainsi, nous avons développé, avec MiddleNext et EthiFinance, une approche très terre-à-terre, permettant d’obtenir des comptes annuels extra-financiers sur les PME.

Caroline WEBER Comment une telle démarche performe-t-elle ?

Gaël FAIJEAN Nous nous sommes demandé si la démarche RSE avait un sens pour le monde

financier. La problématique était de lier une démarche à long terme avec une perspective à court terme. Nous retenons donc 230 valeurs, que nous notons pour en tirer un panel de 70 valeurs constituant un portefeuille virtuel. L’indice de référence est fondé sur les volumes, et le portefeuille se performe économiquement, à la fois en termes de résilience qu’en termes de résultats. En 2009, la crise a fait chuter les résultats de 30 % sur le marché, tandis que notre indice Gaia n’a chuté que de 10 %.

Nous n’avons que trois ans d’existence, mais disposons, avec un système assez simple, d’une cohérence entre une performance économique et une performance extra-financière.

Caroline WEBER Je précise que depuis trois ans, les entreprises faisant partie du Gaia index ont

surperformé très largement le CAC 40, de même que les autres valeurs moyennes. Ceci signifie donc que les entreprises impliquées dans ce système de mesure sont systématiquement meilleures que l’ensemble de la population des entreprises cotées.

Eric LIEURE Pour notre part, nous faisons partie du Gaia Index, et notre entreprise a été retenue

parmi les 230 qui concouraient. Cela est rassurant en matière de développement durable, car les valeurs humaines de notre entreprise vont dans le sens de captation des talents. Overlap effectue deux fois plus de formation que l’obligation légale en la matière, nos locaux sont feng shui, et accueillants. Nous nous situons donc dans une démarche d’accueil et de diversité.

Caroline WEBER Cela a-t-il changé les relations avec les investisseurs ?

Eric LIEURE Un seul fonds est présent dans notre capital, tandis que l’actionnariat majoritaire est

constitué par notre Président. Nous n’avons donc pas de relations réelles avec les fonds ISR.

Gaël FAIJEAN Les fonds ISR sont aujourd’hui réservés et captés par les grandes valeurs. L’enjeu en

ce qui nous concerne est davantage d’intégrer la démarche extra-financière dans la gestion, en mesurant la démarche de progrès. L’objectif est d’entreprendre une économie responsable plutôt qu’une économie de marché. La gestion, cotée ou non, commence actuellement à entendre cette nécessité, en concevant qu’il existe des leviers de performance, au-delà des réglementations.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Caroline WEBER J’ai évoqué l’Institut de recherches que nous avons créé, et qui comporte des axes en

matière de développement durable. Nous avons réalisé des entretiens qualitatifs, desquels ressortent quelques initiatives intéressantes en matière de développement durable : feng shui, bicyclettes de fonction…Il existe donc actuellement une vaste imagination en la matière, qui se traduit notamment, d’après nos études, par une meilleure qualité, une meilleure productivité, une augmentation des ventes et de la loyauté des consommateurs, une meilleure capacité d’attraction des collaborateurs.

Le développement durable entre aujourd’hui dans les grilles de scoring des banques et des assurances crédit, ce qui démontre à quel point il est actuellement attendu par toutes les parties prenantes.

Diane HASSAN, Association Le Rameau Marie-Josée NAVARRE, quelles sont les relations de votre entreprise avec la SNCF ?

Marie-Josée Elles ont été capitalistiques dans un premier temps.

Pour l’autoroute longue distance, nos partenaires étaient notamment la Caisse des Dépôts, Vinci, les chemins de fer luxembourgeois. En 2009, la Caisse des Dépôts est sortie du capital et la SNCF est devenue majoritaire. Ainsi, nous avons eu accès à des ressources de financement innovantes, notamment les certificats d’économie d’énergie. Sur l’acquisition d’un wagon Modahlor, ces sources de financement représentent plus de 20%.

Gaël FAIJEAN Quels sont les freins ? Pourquoi le développement n’est-il pas plus rapide ?

Marie-Josée NAVARRE Globalement, l’inertie du monde ferroviaire est toujours présente, et le transport de

voyageurs a longtemps éclipsé le transport de marchandises. Or ces services n’ont de sens que s’ils offrent à l’entreprise de transport routier les mêmes performances que la route.

De plus nous avons eu quelques difficultés à pénétrer le monde alpin.

Michel DOUCIN, ministère des affaires étrangères Je m’interroge quant à l’absence d’ONG à la tribune. Les trois entreprises présentes

ont-elles des relations avec de telles organisations ?

Marie-Josée NAVARRE Nous avons de nombreux contacts avec les ONG.

Gaël FAIJEAN Pour notre part, nous n’en avons pas. Il me faut préciser que l’humanitaire ne fait pas

partie du Gaia Index. Certaines sociétés, pourtant très présentes sur le terrain humanitaire, jugent qu’il ne constitue ni un élément de leur business, ni un argument mercantile.

Caroline WEBER En effet, certains entrepreneurs considèrent qu’ils n’ont pas à se glorifier d’être

éthiques, même s’ils la pratiquent au quotidien.

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Présentation du nouveau guide de bonnes pratiques RSE

Robert DURDILLY Président du comité RSE du MDEF

Nous avons souhaité apporter une contribution supplémentaire aux PME avec ce guide de bonnes pratiques RSE. Il apporte une réponse complète aux questions que se posent les entreprises, en les appuyant sur des témoignages et partages d’expérience. La maquette en cours de finalisation est très intéressante, et a été testée par des chefs d’entreprise.

De plus, le guide comporte une série de boîte à outils : financements, normes applicables, environnement social et sociétal etc…

La maquette sera diffusée en mai 2012. Le travail de réaction en chef a été confié à Patrick WIDLOCHER, ainsi qu’à Michel LAVIALE.

Michel LAVIALE Président du groupe de travail Performance extra financière du MEDEF

Il s’agit de la troisième version du guide, revue et corrigée dans sa philosophie pour en faire un outil de référence en matière de RSE. Il sera mis à disposition sur internet en avril 2012, et en mai sous forme papier.

Nous avons entendu en faire un outil pratique, comportant des conseils et des bonnes pratiques. Le guide comporte trois parties :

• une introduction et une interview de Laurence PARISOT sur la conception de la RSE au sein du MEDEF ;

• une boîte à outils pédagogique sur les aides et financements nationaux et européens, normes, certifications et labels, éclairages sur les pactes de référence, liens utiles… ;

• vingt-six fiches pratiques, représentatives des trois volets du développement durable.

Le guide n’est pas prescripteur, mais a des visées éminemment pratiques.

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Troisième table-ronde : La RSE, un outil de gestion des risques

Table ronde animée par Jérôme COURCIER, responsable RSE de Crédit Agricole SA

Ont participé à cette table ronde :

Marie GERARD, vice-présidente sustainable dévelopment, management and performance GDF Suez

Xavier DRAGO, directeur développement durable de l’Air Liquide

Pierre BOLLON, délégué général de l’Association Française de Gestion Financière (AFG)

Franca PERIN, responsable ISR de Generali

Jérôme COURCIER La présente table ronde a pour objet de démontrer que la RSE n’est pas antinomique

avec la valeur financière. Le jargon communément utilisé est « risques ESG » (environnemental/économique, social, gouvernance), désignant les risques extra-financiers envisagés sous quatre angles: industriel, social, éthique et économique.

En matière de risques industriels, GDF Suez était en lice en 2010 pour le prix Pinocchio du développement durable, pour un projet en Amazonie brésilienne. Marie GERARD, il me semble que d’après votre entreprise, le risque industriel est avant tout le risque d’acceptabilité de vos projets.

Marie GERARD Il s’agit en effet de l’un de ses aspects. Cela étant, je voudrais affiner la notion de

durabilité dans les grandes entreprises, en termes de création de valeur. Au sein de GDF Suez, nous la comprenons comme l’addition du sustainable business et de la gestion des risques. Le sustainable business est l’identification et la transformation des problématiques environnementales et sociétales, en opportunités business.

S’agissant de notre projet de centrale hydro-électrique sur le Rio Madeira, l’une des plus grandes actuellement en construction, nous étions effectivement listés pour obtenir le prix Pinocchio, que nous n’avons finalement pas obtenu. Pour un tel projet, GDF Suez a été auscultée de manière très précise.

Le développement s’effectue en coordination avec le ministère de l’Environnement brésilien, et la FUNAI, fondation représentant les populations indigènes. Dans cette mesure, la totalité des mesures prises pour lutter au maximum contre les risques environnementaux et sociaux sont prises en collaboration avec ces institutions. Il s’agit donc de la gestion de l’acceptabilité locale, mais également internationale.

Par ailleurs, outre les mesures légales habituelles, nous avons également développé des projets de construction pour loger les populations déplacées et les travailleurs sur les chantiers, mais également l’entreprenariat local pour favoriser l’activité locale.

D’autres activités sont également entreprises ans le domaine de la santé, notamment pour lutter contre la dengue parmi les populations. Nous participons donc très concrètement au développement du pays.

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Jérôme COURCIER Effectuez- vous une évaluation du risque à Paris avant de signer le contrat ?

Marie GERARD Nous avons bien entendu une matrice des risques dits « développement durable »

avec dix critères, évalués au même titre que les autres, et qui font partie du dossier présenté au comité des investissements.

Jérôme COURCIER Xavier DRAGO, comment Air Liquide gère-t-elle les risques industriels ?

Xavier DRAGO Air Liquide est une entreprise de 46 000 personnes dans le domaine des gaz

industriels. Nous sommes présents dans 80 pays avec plus de 1 000 sites industriels, comportant chacun un responsable hygiène sécurité environnement. Notre système de management industriel est mondial, et traduit en quinze langues. Ce point est important pour que nos règles soient mises en œuvre. De plus, un audit régulier de tous les sites du monde vérifie que les procédures sont bien appliquées : en cinq ans, 94 % des sites ont été audités.

Franca PERIN Notre groupe, né à Trieste en 1832, se trouve parmi les leaders mondiaux de

l’assurance. Generali Investment gère les fonds de l’assurance. Nous avons mis en place une équipe ISR de cinq personnes à Paris, ainsi qu’une méthodologie de trente-quatre critères ESG pour évaluer tous les risques. Parmi ceux-là, figurent les risques industriels, éthiques, liés au social et au sociétal, les risques liés à la gouvernance.

Le risque industriel dépend du secteur, et le poids du critère varie selon le secteur. Le risque Utilities représente près de 80 %.

Pierre BOLLON Aucun secteur industriel n’est exempt de risques. L’ISR à la française compare les best

in class afin de rechercher, parmi les concurrents dans le même secteur, les entreprises les plus vertueuses.

Jérôme COURCIER Sur le risque social, comment respecter les droits de l’homme dans le monde ?

Xavier DRAGO Nous avons une politique d’achats responsables. Dans tous les contrats cadres qui

viennent en renouvellement, des clauses sont intégrées sur l’environnement et le social, en vérifiant qu’un reporting est effectué sur la sécurité, ou la représentativité syndicale. Puis nous adressons un questionnaire à tous nos fournisseurs, et pratiquons des audit des fournisseurs critiques. Parfois, certains d’entre eux sont en procédure d’alerte sur les aspects environnementaux et sociaux.

La plupart de nos clients pratiquent la même démarche pour intégrer les aspects développement durable.Sur l’aspect social, nous insistons grandement sur la sécurité, la féminisation, le handicap.

Marie GERARD Chez GDF Suez, nous avons une démarche similaire sur les achats responsables.

Nous demandons également à nos fournisseurs d’adhérer au pacte Global Compact.

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De plus, nous incluons une clause éthique dans nos contrats, et travaillons également à l’établissement d’un questionnaire et d’audits chez les fournisseurs.

Par ailleurs, nous veillons à ne pas défavoriser les fournisseurs locaux, afin de participer au développement économique local.

Nous avons mis en place un ensemble de cent quarante-quatre déontologues s’assurant du respect de la charte éthique, ainsi qu’un système de reporting. En la matière, la Direction Ethique et Compliance se réunit tous les mois.

Jérôme COURCIER Quels sont les principaux risques sociaux communs aux secteurs industriels ?

Franca PERIN Les poids sont différents. Ainsi, nous avons placé risques liés aux sous-traitants au

même niveau que ceux concernant les salariés, du fait du risque juridique qui y est attaché. Il existe également un risque de réputation. A cet égard, le cas de Nike, pour lequel on a découvert des sous-traitants faisant travailler les enfants, est notoire. Nous évaluons également l’accès du travail aux femmes et aux minorités.

Néanmoins, un grand nombre de secteurs ne sont pas encore assez vigilants en matière d’activité des femmes. Cela étant, il est nécessaire que les chiffres communiqués aient un sens, et que les analyses pratiquées soient pertinentes et pragmatiques.

Jérôme COURCIER Y a-t-il une exclusion concernant le risque social ?

Pierre BOLLON Dans la gestion ISR à la française, le critère social est très important. A l’AFG, nous ne

qualifions de fonds socialement ISR que celui qui allie les critères sociaux, de gouvernance et d’environnement..

En matière sociale, le risque le plus fort est celui lié à la perte de croissance, pour insuffisance d’attractivité en matière de ressources humaines. En la matière, le risque est donc constitué par les opportunités manquées de développement.

Xavier DRAGO A notre sens, l’indicateur le plus important est celui de la place des femmes dans

l’encadrement au niveau mondial. Ainsi en sept ans, notre pourcentage est passé de 14 % à 26 %.

Jérôme COURCIER Franca PERIN, que conseilleriez-vous aux PME pour maîtriser le risque éthique? Le

label Lucie ? Le pacte Global Compact ?

Franca PERIN Global Compact constitue un début, mais certes pas un aboutissement. Il est en effet

nécessaire de définir la notion d’ « éthique » et celle de « risque éthique ». Le risque éthique englobe l’ensemble des autres risques, puisque l’éthique comprend les valeurs mêmes de l’entreprise, ainsi que sa culture. De même, les salariés doivent pouvoir se reconnaître dans la culture de l’entreprise qu’ils représentent. Les jeunes sont attachés à ce point, et souhaitent travailler pour des entreprises ayant certaines valeurs, dans lesquelles ils se reconnaissent. Par la suite, il est important de formaliser ces valeurs et de pratiquer des audits internes.

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De plus, le positionnement géographique d’une entreprise peut être significatif, notamment dans les pays où la corruption est importante. A cet égard, le risque ne pourra jamais être éliminé, mais sans doute contenu.

En ce qui concerne la sécurité, le risque zéro n’existe pas, mais les plus grands efforts doivent être accomplis.

Jérôme COURCIER Sur ce dernier point Xavier DRAGO, avez-vous déjà envisagé de quitter un pays dans

lequel le risque éthique était trop important ?

Xavier DRAGO Dans certains pays, nous ne souhaitons pas nous implanter. En tout état de cause, il

convient de souligner que dans un contexte international, les valeurs éthiques ne sont pas similaires dans toutes les cultures, de sorte qu’il semble nécessaire de formaliser les choses.

Pour notre part, nous n’avons pas souhaité élaborer depuis Paris un code de conduite concernant le monde entier. Nous avons plutôt estimé préférable de définir dix guidelines à destination des managers de chaque filiale, à charge pour eux-mêmes de bâtir leur propre code de conduite dans leur langue, avec leur culture.

En sept ans, il nous manque encore 10 % de ces codes, ce qui nous vaut d’ailleurs quelques critiques de la part de certaines agences de notation anglo-saxonnes.

Jérôme COURCIER Chez GDF Suez, de combien de codes éthiques disposez-vous ?

Marie GERARD Il est important de pouvoir démontrer que le risque éthique est géré dans les divers

pays dans lesquels notre entreprise est présente. Chez GDF Suez, l’exécutif considère l’éthique comme non négociable, de sorte qu’une charte a été élaborée depuis Paris, et traduite en huit langues. De plus, une mécanique au sein du groupe a mis en place les outils, surveillés par les déontologues. De même, nous nous sommes dotés d’un « référentiel intégrité ».

A l’évidence, le risque zéro n’existe pas, mais progressivement, nous définissons de mieux en mieux les principes de l’éthique.

Jérôme COURCIER Pierre BOLLON, vous avez précisé que le risque éthique était le seul pouvant entraîner

l’exclusion. Disposez-vous d’exemples en la matière ?

Pierre BOLLON Je suis ne suis pas très favorable à l’emploi du terme « éthique », car nous essayons

tous de pratiquer notre métier de façon éthique. Il est donc malaisé d’en faire un critère. Il est d’ailleurs notable de constater qu’il y a une dizaine d’années, le terme employé n’était pas « fonds ISR » mais « fonds éthique ». Or ce dernier terme a aujourd’hui quasiment disparu, ce qui est une bonne chose à mon sens.

La plupart des fond ISR français ne se fondent pas sur l’exclusion mais sur le « best in class ». L’exception qui confirme la règle est celle qui concerne les entreprises fabriquant des mines anti personnel et autres armements désormais illégaux en vertu de traités internationaux ratifiés par la France.

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Jérôme COURCIER De façon plus mineure, quelle est la règle pour une entreprise condamnée pour non-

respect de la concurrence ou corruption ?

Pierre BOLLON Il n’existe pas de règle générale en la matière, puisque tout dépend des critères mis en

place et de la volonté de l’entreprise de réagir.

Plus globalement, la notion d’éthique renvoie à la confiance de la clientèle, en particulier dans un secteur tel que celui de l’épargne. En effet, si nous vendons un fonds ISR ne remplissant pas son cahier des charges, la confiance du client est trahie, puisque notre promesse est non seulement celle d’une bonne gestion, mais également celle d’une gestion ISR adéquate.

L’éthique professionnelle consiste à dire ce que l’on fait, et faire ce que l’on a dit. Ainsi, la transparence sur les OPVCM ISR est renforcée par un code de transparence spécifique, que nous avons élaboré avec le FIR et Eurosif aux termes duquel toute société de gestion gérant des produits ISR dresse un tableau des spécificités d’une telle gestion, avec un reporting détaillant comment cette façon de gérer spéciale ISR a été mise en œuvre.

Toute société de gestion membre de l’AFG gérant des fonds ISR doit avoir adhéré à la Charte. Ceci concerne déjà 49 sociétés de gestion et 300 OPCVM.

Jérôme COURCIER Le risque économique est-il le premier selon vous ?

Pierre BOLLON L’AFG est une association professionnelle adhérente du MEDEF, représentant des

sociétés de gestion de portefeuilles pour le compte de leurs clients, sous forme d’OPCVM ou de mandats confiés par les assureurs ou les particuliers. Nous avons également une mission vis-à-vis des entreprises dans lesquelles nous investissons. L’économique est donc la base de notre métier.

. Si nous choisissons d’investir pour le compte de nos clients dans une entreprise, c’est que nous la pensons viable économiquement. L’ISR est une façon très importante d’évaluer les critères économiques L’idée est que si une entreprise est mieux positionnée en ESG, elle gagnera des parts de marché, sera plus profitable et se développera de façon meilleure que les autres. Les clients des fonds ISR qui l’ont sélectionnée bénéficieront de l’accroissement de sa valeur.

Jérôme COURCIER Quels sont vos messages respectifs à la salle sur la RSE, outil de gestion des

risques ?

Marie GERARD La création de valeur pour l’entreprise en matière de durabilité est l’addition du

sustainable business, et de la gestion des risques extra-financiers. Cette combinaison permet une réduction du coût pondéré du capital via une saine gestion des risques financiers.

Xavier DRAGO Une politique sociale et environnementale bien conduite permet de mesurer tous les

indicateurs au niveau mondial, donc de maîtriser tous les risques associés.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Franca PERIN Je souhaiterais qu’on ne parle plus de risques extra-financiers, car il s’agit d’une notion

difficilement explicable. Tous les risques ESG sont pour moi financiers, et il faut revenir aux fondamentaux.

Pierre BOLLON Je partage entièrement cet avis. L’extra-financier irrigue progressivement l’ensemble

de la gestion. Néanmoins, il me semble que c’est via certains fonds ISR, d’une densité supérieure d’extra-financier, que le progrès s’accomplira. De plus, il convient d’abandonner la dictature du court terme, pour privilégier l’épargne longue et les mesures la favorisant. En d’autres termes, il n’existe pas de bonne gestion de l’ISR sur le court terme.

Victor ROULAND, Bel Marie GERARD a mentionné le fait que la maîtrise des risques RSE permettait de

mieux maîtriser le coût pondéré du capital. Cela signifie-t-il que les investisseurs ne se contentent pas d’exclure les entreprises dont les risques sont mal gérés, mais exigent parfois des retours sur investissement supérieurs s’ils estiment que les risques ESG ne sont pas maîtrisés ? Si oui, quel est l’ordre de grandeur ?

Marie GERARD Je ne suis pas en mesure de vous donner des chiffres. En revanche, dans le calcul du

Waited Average Capital (WAC), la maîtrise des risques extra-financiers est prise en compte. Ceci est notamment significatif lorsque nous sommes questionnés par les agences de notation extra-financière, qui traitent de l’ensemble des sujets, tant environnementaux et sociaux, qu’économiques, sur l’efficience du processus industriel.

Pierre BOLLON Maîtriser le risque permet, toutes choses égales par ailleurs, de diminuer l’exigence de rendement.

Max de CHANTERAC, l’Oréal Etes-vous favorable à la normalisation d’un label ISR ?

Pierre BOLLON C’est un sujet compliqué, car il y existe de nombreuses façons de pratiquer l’ISR

notamment s’il s’agit non d’exclure mais de choisir les entreprises les plus vertueuses en les surpondérant par-rapport aux moins vertueuses,. C’est pourquoi il est difficile d’élaborer un label au niveau national. L’ISR s’améliore jour après jour et se modifie. Bien évidemment, il serait tentant et très vendeur de choisir d’élaborer un label, mais nous privilégions pour l’heure la voie du Code de transparence.

Ainsi, tout OPCVM, tout fonds qui se dit ISR, géré par un membre de l’AFG, doit être signataire du Code de transparence et effectuer un reporting supérieur, tant sur la société elle-même que sur le produit.

Franca PERIN En tant qu’experte du domaine, je suis favorable à une politique de label, afin d’être en

mesure d’établir une réelle différence entre les entreprises pratiquant l’ISR, et les autres. Pour information, l’EUROSIF - organisme regroupant tous les organismes d’investissement socialement responsable - travaille actuellement à une vraie certification, ce qui est un peu plus compliqué qu’un label.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Pierre BOLLON L’équivalent d’EUROSIF en France est le Forum pour l’Investissement responsable

(FIR), en collaboration avec lequel notre Code AFG a été élaboré.

Par ailleurs, le comité intersyndical de l’épargne salariale, regroupant quatre grandes centrales, labellise les fonds dans le domaine de l’épargne salariale.

Dominique HOESTLANDT, Sigma Conseil En analysant certains phénomènes d’escroquerie, on se rend compte que certaines

promesses de rendement n’étaient pas crédibles. Y a-t-il un taux de rendement suspect et non crédible ?

Par ailleurs, en matière de règles éthiques des placements financiers, les outils sont-ils suffisants à ce jour pour garantir les organismes de gestion de tous risques de complicité de blanchiment d’argent ?

Pierre BOLLON L’escroquerie de type MADOFF ou PONZI est impossible dans notre pays dans le

domaine des OPCVM. Elle a pu être pratiquée ailleurs, notamment aux Etats-Unis, en raison de la défaillance de la réglementation et du système de supervision.

Bien évidemment, il convient d’être méfiant devant les promesses de rendement, promesses d’ailleurs absolument interdites à tout OPCVM français. Cela étant, MADOFF était bien plus habile que PONZI, dans la mesure où le rendement promis était assez raisonnable : ce qui était anormal c’était sa régularité !

En tout état de cause, afin de se prémunir durablement en Europe contre la fraude de type MADOFF, il convient de renforcer la réglementation européenne du rôle du dépositaire de l’OPCVM, qui devrait s’aligner sur les pratiques françaises.

Sur le blanchiment, nous avons des règles extrêmement strictes et devons vérifier la provenance de l’argent de nos clients. Ce sont eux, je le rappelle, les « blanchisseurs » potentiels dont nous devons nous garder.

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Regard sur l’étranger : l’exemple de l’Allemagne

Table ronde animée par Robert DURDILLY

Ont participé à cette table ronde :

Julia HAAKE, directrice du bureau de Paris d’Oekom Resarch

Antje GERSTEIN, déléguée permanente du BDA à Bruxelles

Robert DURDILLY Nous avons estimé intéressant d’évoquer la situation de l’Allemagne, dans la mesure

où ce pays est souvent cité comme exemple. Nous avons donc examiné les engagements allemands dans une stratégie nationale de la RSE. En parallèle, nous nous sommes interrogés sur l’opposition des entreprises allemandes, similaire à celle du MEDEF, quant à toute réglementation dans le domaine de la RSE.

Antje GERSTEIN, vous êtes représentante du BDA, qui est le vis-à-vis du MEDEF en Allemagne. Julia HAAKE, votre point de vue d’observatrice allemande basée en France nous sera également très utile.

Antje GERSTEIN, quelle est la position du BDA vis-à-vis de la RSE ? Y voyez-vous des différences avec celle du MEDEF ?

Antje GERSTEIN Il convient de préciser la nature et le rôle du BDA. Notre organisme suit la politique

sociale et dialogue avec les syndicats, tandis que le BDI, l’autre fédération patronale, est en charge de la politique industrielle.

Sur le dossier de la RSE, nous avons donc un rôle de coordination entre toutes les entreprises, et au niveau des fédérations.

La responsabilité sociétale a toujours été une préoccupation pour les employeurs, bien avant le concept de RSE, et sans connotation politique. Jusqu’à il y a une dizaine d’années, le concept de « commerçant honnête » était en vigueur, c’est-à-dire le commerçant qui gère une entreprise de manière paternaliste et responsable. Il est évident que du fait de la mondialisation, ce concept n’est plus adaptable au reste du monde.

Après la sortie du Livre Vert de la Commission européenne sur la responsabilité sociale, la RSE est devenue politique. Nous avons donc envisagé les enjeux des entreprises dans leurs engagements au niveau local, européen et international. Nous avons toujours réussi à convaincre les acteurs politiques de ne pas intervenir en la matière, pour privilégier le principe du volontariat sur la RSE.

Robert DURDILLY Quelles sont les initiatives nationales auxquelles vous avez participé ?

Antje GERSTEIN Notre Gouvernement a lancé une initiative dénommée Forum National sur la RSE,

réunissant les parties prenantes et les syndicats. Les débats ont été houleux, mais nous avons finalement pu adopter une position commune avec l’ensemble des acteurs, syndicats compris, afin de demeurer dans une approche positive de volontariat.

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Ainsi, nous avons mis en œuvre un système de conseil et de coaching pour les PME et avons lancé un grand nombre de partenariats stratégiques sur certaines questions, de même qu’un prix RSE au niveau national. Nous pensons en effet qu’il est bien plus constructif de promouvoir ainsi la RSE.

Robert DURDILLY Ce système n’est donc en aucun cas contraignant. Quel type d’appui apportez-vous

aux entreprises, en particulier aux PME ?

Antje GERSTEIN Depuis 2005, nous avons compris qu’il convenait d’aider nos membres en matière de

RSE, surtout du point de vue de la communication. En effet, lors des enquêtes réalisées auprès des PME, nous avons constaté qu’une forte proportion d’entre elles était engagée en matière de RSE mais qu’elles ne disposaient pas des outils de communication correspondants.

En revanche, nous n’avons pas établi de hiérarchie d’engagement, pour ne pas créer d’obstacles. Les secteurs concernés sont très divers, de même que les entreprises.

Sur le site internet dédié, les entreprises engagées en matière de RSE se présentent et détaillent la nature de leur engagement et de leurs réalisations. De même, les bonnes pratiques sont listées, et des liens utiles vers les aides disponibles sont fournis.

Toute entreprise, quelle que soit sa taille ou son activité, est donc autorisée à se présenter sur le site, le seul critère étant d’être membre de l’une des fédérations.

Robert DURDILLY La Commission européenne a récemment communiqué sur la RSE. Qu’en pensez-

vous ?

Antje GERSTEIN Nous avons attendu longtemps une telle communication, et sommes déçus du résultat.

Notamment, nous sommes très critiques à l’égard des dispositions relatives au rapport obligatoire sur les informations extra-financières. Nous ne concevons en effet pas en quoi l’élaboration d’un tel rapport pourrait améliorer la qualité de la RSE. Au contraire, nous ne l’estimons pas stimulant, et plutôt contre-productif.

Les seuls points positifs, à notre sens, concernent la publicité européenne des activités des entreprises.

De façon générale, l’approche choisie par la Commission est trop bureaucratique.

Robert DURDILLY Julia HAAKE, de votre point de vue d’agence, quelle est la situation en France et en Allemagne ?

Julia HAAKE Je travaille pour l’une des plus grandes agences extra-financières, spécialisée dans les

grandes capitalisations sur les PME actives dans le développement durable. Je sais, de par mon expérience, comparer la France et l’Allemagne.

En Allemagne, le concept de la RSE est encore relativement jeune. Nous avons un historique en matière de performance sociale et environnementale, mais la RSE est apparue plus tardivement qu’en France. Les entreprises allemandes ont publié plus tard les rapports développement durable.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Cela étant, le niveau de départ des entreprises allemandes, quand elles ont commencé à pratiquer la RSE, était relativement élevé grâce à leur culture environnementale. La différence notable par rapport à la France concerne en effet la technologie verte. La croissance verte, portée par les PME, est une réalité industrielle en Allemagne.

De manière générale, il convient de rappeler que les 3,5 millions de PME allemandes -soit deux fois plus qu’en France - représentent 99,7 % du tissu économique allemand. Ceci constitue donc une différence notable par rapport à la France, qui comporte davantage de grosses entreprises. Or les PME ont pris davantage de retard sur la RSE que les grosses entreprises.

Les Français peuvent être fiers de leur dynamique RSE, bien plus forte qu’en Allemagne. Ainsi, la France compte quatre fois plus de signataires du Global Compact, trois fois plus de signataires des Principes pour l’Investissement Responsable (PRI), quatre fois plus de membres de CSR Europe.

Je rappellerai enfin que la loi NRE a été le grand stimulus en France de cette dynamique de la RSE.

Robert DURDILLY Par conséquent selon vous, s’agissant la situation comparée de la France et de

l’Allemagne, les entreprises allemandes se situent en avance du point de vue de l’environnement social, tandis que la dynamique RSE est plus évidente en France.

Julia HAAKE Tout à fait. Ainsi chez Oekom Research, nous notons les entreprises sur les critères

ESG et établissons un seuil à atteindre par secteur pour bénéficier d’un investissement en ISR. Ce seuil, que nous dénommons Prime, est atteint par 67 % des entreprises du DAX et 50 % du CAC 40. Ces performances sont excellentes par rapport à d’autres pays dans le monde.

Si l’on envisage l’ensemble des grandes capitalisations, 32 % des entreprises françaises et 37 % des entreprises allemandes passent le seuil du Prime.

D’un point de vue global, 36 % des entreprises allemandes et 31 % des entreprises françaises passent le seuil du Prime.

L’Allemagne est donc le premier pays sur quinze évalués en matière de pourcentage d’entreprises investissables en ISR, par rapport à la France qui est neuvième. Il y a donc une surperformance en Allemagne, sans doute grâce à son avance du point de vue de technologie verte.

Robert DURDILLY Sur la réglementation, quel est votre point de vue ?

Julia HAAKE Je suis moins catégorique qu’Antje GERSTEIN, notamment du fait de mon expérience

en France. La loi NRE a grandement favorisé l’essor du développement durable en France, et a créé un important mouvement en la matière. J’ai vécu ces avancées de l’intérieur, lorsque j’étais responsable du développement durable d’une grande entreprise en France.

Je considère par conséquent qu’une réglementation intelligemment faite pourrait pousser une masse d’entreprises sur la voie de la RSE, aussi bien en France qu’en Allemagne.

Robert DURDILLY Pourriez-vous résumer vos messages importants ?

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Antje GERSTEIN Je remercie Julia HAAKE de m’avoir permis de comprendre les différences la France

et l’Allemagne. Nos cultures de l’entreprise sont différentes. Nos PME pratiquent la RSE, mais ne l’évoquent pas. Je crois avoir compris qu’au niveau des chiffres, la France est plus avancée, mais que la qualité des engagements des entreprises n’est pas mesurable en nombre d’engagements CSR Europe ou Global Compact. Nous mesurons le besoin d’assistance de nos PME en matière de RSE.

Julia HAAKE Je rappelle les différences entre la France et l’Allemagne en matière de RSE. Le

développement du concept de RSE a été plus tardif en Allemagne, mais le niveau de performance de ses entreprises est plus élevé. Il existe une plus grande dynamique RSE en France, notamment grâce à la loi NRE.

Dans les deux pays, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

De la salle N’y a-t-il pas un malentendu entre reporting et RSE, dans la conception de la

Commission lors de sa communication du 25 octobre 2011 ? Cela étant, cette communication n’est-elle pas une bonne démarche en soi, sachant que les modalités de sa mise en application restent à définir ? Lors du Grenelle Environnement, nous avons eu de nombreux débats et des difficultés à trancher entre libéralisme et volontarisme. Etes-vous donc favorable au reporting ?

Antje GERSTEIN Nous privilégions la transparence et la crédibilité. Le reputational risk est un enjeu

énorme, mais nous estimons qu’il n’appartient pas à la Commission européenne de le définir. Au contraire, une telle définition est entièrement du ressort des entreprises. De plus, dans le domaine du B to B, les entreprises sont en permanence tenues de répondre à des questionnaires, ce qui constitue un réel problème.

Julia HAAKE Je souhaite poser une question à la salle. Y a-t-il des évaluations de la loi NRE ? A-t-

elle créé des surcoûts dans les entreprises ? Est-elle envisagée comme un poids ?

Robert DURDILLY La question du coût du reporting est en effet centrale, ce qui nous a conduits à militer

pour une progressivité. C’est tout le débat autour de l’article 225, et nous comprenons évidemment la réticence allemande.

Victor ROULAND, groupe Bel Je peux tenter d’apporter une réponse. Le concept du « commerçant honnête »

allemand est celui du « bon père de famille » français. A ce titre, un grand nombre de chefs d’entreprise allemands estiment qu’ils n’ont en aucun cas besoin de parler de RSE, puisqu’ils la pratiquent déjà au quotidien depuis des années. En revanche, les Français considèrent que le reporting est utile, puisqu’il comble un vide.

Martin RICHET, consultant indépendant Vous n’avez pas mentionné le dialogue social allemand. Est-ce un avantage pour la

RSE ? Par ailleurs, la RSE devient-elle un objet du dialogue social ?

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Julia HAAKE En tant que responsable du développement durable d’une grande entreprise française,

j’ai constaté une grande frilosité des syndicats en matière de RSE. En effet, le patronat se mettait subitement à évoquer des sujets qui étaient auparavant l’apanage des syndicats, ce qui a pu déstabiliser ces derniers.

Antje GERSTEIN Le dialogue social en Allemagne est réglementé, et a un caractère constitutionnel. Il y

a une tradition de consensus, et nous n’avons jamais eu de grands conflits avec les syndicats sur la RSE. Les syndicats font partie des décisions stratégiques de l’entreprise et un consensus existe sur le volontariat.

Aldo D’INCAU, ADI consuting Julia HAAKE évoquait une dynamique de la RSE en France, tandis qu’elle était innée

en Allemagne. Je peux témoigner du fait que toutes les sociétés allemandes que nous avons eues comme fournisseurs ont une politique similaire à celle des intervenants de la première table ronde, alors que les fournisseurs français en sont loin.

En France, nous apprécions plutôt ce qui est intellectuel et conceptuel, de sorte que le concept de RSE est séduisant. En revanche les Allemands ne le comprennent pas du tout, alors qu’ils pratiquent déjà la RSE. Les deux cultures sont donc très différentes. Je pense, à l’instar d’Antje GERSTEIN, que les normes sont inutiles.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Conclusion : Entre régulation et engagements volontaires des entreprises,

quel équilibre ? Table ronde animée par Hugh WHEELAN, directeur du site www.responsible-investor.com

Ont participé à cette table ronde :

Jean-Pierre CLAMADIEU

Thomas DODD, membre de l’équipe RSE à la Direction générale entreprises et industrie de la Commission européenne

Marianne LAIGNEAU, Directrice des ressources humaines du groupe EDF

Bertrand PANCHER, député de la Meuse, co-rapporteur de Grenelle II

Luc ROUSSEAU, Directeur général de la compétitivité, de l’industrie et des services au ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi

Hugh WHEELAN Nous sommes deux britanniques dans ce panel, que je vais vous présenter

rapidement. Je suis journaliste financier depuis vingt ans pour divers journaux, et rédacteur en chef d’un webmagazine.

Luc ROUSSEAU Je suis en charge de la compétitivité au ministère de l’Economie. Le sujet du

développement durable est un élément de contexte majeur pour les entreprises, pour lesquelles il constitue une réelle opportunité.

Jean-Pierre CLAMADIEU Je suis le Président de Rhodia Solvay. Nous avons pris l’initiative de cette rencontre

car le sujet de la RSE nous semble très important. Plus spécifiquement, comment peut-elle être un levier de création de valeurs ?

Marianne LAIGNEAU Je suis directrice des ressources humaines d’EDF, groupe de 160 000 salariés dont

60 000 hors de France, réalisant 65 milliards de chiffre d’affaires dont 40 % hors de France. Le groupe EDF est partenaire de ce colloque car il est convaincu que la RSE se situe au cœur de toutes ses stratégies : stratégie industrielle, mission de proximité et d’engagement vis-à-vis des territoires et du tissu industriel. En 2005, nous avons signé le premier accord mondial sur la RSE, renouvelé en 2009.

Nos activités comportent une part d’environnement, de préoccupations économiques et financières, et de social.

Les DRH jouent un rôle important en matière de RSE, car ils la pratiquent au quotidien sans toujours en être conscients. La RSE est incontestablement du ressort du domaine social.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Bertrand PANCHER Député de la majorité, j’ai suivi l’exécution de la loi Grenelle II. En ma qualité de

parlementaire, je me suis engagé sur les indicateurs sociaux et environnementaux de la RSE, peu connus parmi les parlementaires.

En effet, d’une part, les parlementaires libéraux de l’actuelle majorité sont attachés au développement sans contrainte, tandis que ceux de l’opposition sont animés par une volonté de redistribution, en s’interrogeant sur la nécessité d’indicateurs sociaux dans les entreprises.

Je remercie donc le MEDEF d’avoir organisé ce colloque, car les entreprises doivent communiquer sur la métamorphose du monde. Ma conviction, partagée avec des groupes d’entreprises, est qu’on ne peut plus produire comme auparavant, notamment du fait de la limitation de nos ressources. Il est donc nécessaire de transformer les volumes en valeurs, face à une opinion publique de plus en plus engagée et exigeante. Les entreprises qui comprennent ce changement seront gagnantes dans le monde de demain.

Thomas DODD Je travaille à la Direction Générale entreprise et industrie à la Commission

européenne. Nous sommes par conséquent directement concernés par la RSE. Nous pensons qu’elle peut renforcer la solidité et la compétitivité de notre modèle d’économie sociale de marché. En prêtant une attention particulière aux questions sociales et environnementales, les entreprises peuvent gagner des parts de marché, tout en intégrant le fait que la RSE ne constitue pas une charge supplémentaire.

Hugh WHEELAN Ma première question concerne le rôle des pouvoirs publics. Luc ROUSSEAU, quel est

le point de vue du Gouvernement sur la compétitivité de la RSE ?

Luc ROUSSEAU Ce sujet a été évoqué lors du Grenelle de l’Environnement et à l’occasion de Grenelle

II. Nous l’évoquons tant dans les entreprises privées, qu’au Conseil d’Administration des entreprises publiques ou partiellement publiques. L’intérêt pour les entreprises est multiple, et en premier lieu pour les actionnaires. Ceux-ci considèrent en effet de plus en plus la RSE comme un élément de réduction des risques, et pour améliorer la durabilité du développement de l’entreprise.

De même, les clients de l’entreprise y sont attentifs.

Le rôle des pouvoirs publics consiste donc à saluer les initiatives telles que celles du MEDEF, ou d’autres organisations professionnelles en matière de RSE. Le sujet n’est pas aisé à normer par une réglementation contraignante, car il s’agit davantage d’un concept que d’une norme de respect de l’environnement. La RSE constitue avant tout une démarche, plutôt qu’une mise en conformité par rapport à des critères réglementaires.

Néanmoins, des travaux internationaux ont eu lieu, notamment sur la norme Iso 26 000 sur la RSE. Paradoxalement, même si l’initiative de départ était anglo-saxonne, des pays tels que l’Allemagne et les Etats-Unis ont voté contre, tandis que la France a été l’un des pays moteurs. Cette norme, pour exister à présent au plan national, doit être accompagnée et mise en œuvre par la COFRAC, qui en vérifie le caractère pragmatique et facilement accessible aux entreprises.

A l’issue du Grenelle de l’Environnement, la loi WARSMANN, récemment légèrement modifiée, renforce les exigences de démarche RSE à travers un rapport annuel à établir par les 2 600 entreprises françaises de plus de 500 personnes. Nous y voyons un facteur de réponse aux attentes sociétales et de compétitivité pour les entreprises. Nous cherchons donc à encourager le mouvement, et à ne le normer que si nécessaire.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Hugh WHEELAN D’où tirez-vous le constat selon lequel la RSE est porteuse de compétitivité ?

Luc ROUSSEAU Nous avons remarqué dans un certain nombre d’études, que la dynamique de

croissance des entreprises RSE était plus forte que celle des autres.

Dans cette mesure, la nécessité d’aller vers davantage de RSE ira en se renforçant, et il est évident que les entreprises ayant anticipé en la matière réussiront mieux que les autres.

Hugh WHEELAN Thomas DODD, quels sont les grands axes de la communication récente de la

Commission européenne sur l’incitation RSE ?

Thomas DODD Il y a plusieurs axes. Nous essayons de mieux clarifier les expectatives pour les

entreprises en termes de comportement responsable. Il s’agit de retenir un cadre global pour la RSE.

Hugh WHEELAN Pourquoi un cadre est-il nécessaire ?

Thomas DODD Un grand nombre d’entreprises souhaitent une clarté sur les expectatives, mais

refusent les contraintes restrictives. Le cadre européen est donc un cadre global. Nous avons retenu des instruments internationalement reconnus, pour faire en sorte que les entreprises européennes les utilisent.

Un autre axe choisi par la Commission est d’adopter une définition de la RSE, envisagée en tant que responsabilité des entreprises quant à leurs impacts sur la société. Ces impacts peuvent être positifs ou négatifs, mais il était important de les reconnaître. Ainsi, en considération de cette définition, la question du volontariat de la RSE n’a plus de sens, car l’action de toute entreprise entraîne des impacts, donc une responsabilité sociale.

Par ailleurs, nous disons clairement que la RSE implique de respecter la loi, mais également les actions qui la dépassent.

Hugh WHEELAN Comment la Commission compose-telle entre les différentes cultures européennes en

matière de RSE ?

Thomas DODD Il n’y a pas de réponse simple à cette question. Il s’agit d’un processus continuel

d’écoute et de négociation, et le défi concerne finalement toutes les politiques et initiatives de l’Union Européenne.

Hugh WHEELAN Les Allemands du panel précédent ont dénoncé une certaine incohérence de la

Commission dans sa communication du 25 octobre 2011. Qu’en dites-vous ?

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Thomas DODD La proposition législative sur la transparence des informations non financières n’a pas

encore de contenu défini. Les débats actuels sont assez denses, au sein même de la Commission. En théorie, il serait possible d’imaginer une obligation restrictive, alors que politiquement et intellectuellement cela n’est pas envisageable. La mesure proposée sera donc équilibrée, et interviendra dans l’intérêt des entreprises et des autres acteurs.

Hugh WHEELAN Bertrand PANCHER, quel est votre avis sur le travail de la Commission européenne ?

Bertrand PANCHER Il est compréhensible que la Commission soit soucieuse de la culture et des pratiques

des différents pays. La difficulté d’harmonisation est donc réelle. Néanmoins, il convient de garder présent l’objectif de publication d’informations sociales et environnementales fiables, contribuant à aider les entreprises à se projeter dans l’avenir.

Les organisations professionnelles ne remettent pas en cause le souci de s’engager sur des indicateurs. Par la suite, il convient de résoudre la question de leur mise en place et de déterminer jusqu’à quel point aller dans la qualité de l’information, dans le contrôle à visées de vérification. En effet par le passé, un grand nombre de mesures n’ont pas été accompagnées de réflexion en amont sur le contrôle des dispositifs mis en place. En tout état de cause, une part d’autocontrôle est également nécessaire.

De plus nous avons tout intérêt à poursuivre le travail sur la précision des objectifs et des démarches. A cet égard, je me suis opposé à des organisations environnementales, qui entendaient entrer dans des détails surabondants et non adaptés aux entreprises.

Hugh WHEELAN Marianne LAIGNEAU, comment gérez- vous l’équilibre entre finance et RSE ?

Marianne LAIGNEAU Je vous remercie de cette question très concrète. EDF est une entreprise particulière

puisque bien que cotée, 85 % de son capital est détenue par l’Etat. Nous éprouvons donc le besoin d’ouverture et de souplesse, et de dialogue avec tous les acteurs.

A titre d’exemple, je peux citer le cas de la Grande-Bretagne, pays dans lequel nous avons céder notre réseau de distribution. A cet égard, pour les deux candidats qui se sont manifestés - un fonds d’investissement canadien et un distributeur d’électricité de Hong Kong - nous avons examiné leur notation RSE. Finalement, le repreneur choisi s’est engagé à appliquer l’accord RSE d’EDF pendant un certain temps.

Chaque restructuration s’effectue donc en fonction de l’accord RSE

De même, nous avons construit au Laos l’un des plus barrages hydro-électriques au monde, fournissant 80 % de l’électricité de la Thaïlande. Ce projet de développement durable est intervenu sous l’égide de la Banque mondiale. En effet, il ne s’agissait pas seulement de construire le barrage mais de déplacer des populations, parmi les plus pauvres de la planète, en leur fournissant des meilleures conditions de vie et de travail. L’usine est dirigée par un ingénieur du Laos, formé par EDF, et non plus par un expatrié.

Lors de mes visites du village, je constate avec satisfaction la présence d’écoles que nous avons financées. Je me félicite également, avec les médecins de l’institut Pasteur établis sur place, avec lesquels nous avons travaillé, de la baisse des courbes de mortalité.

Ainsi, avec notre ADN particulier, nous montrons que la RSE est compatible avec les impératifs financiers. Elle est de plus intimement liée à la nature des produits de l’entreprise.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Hugh WHEELAN Sur le réchauffement climatique, souhaitez-vous plus ou moins d’interventionnisme

gouvernemental ?

Marianne LAIGNEAU Lorsque la DRH a commencé à s’intéresser à la RSE, de concert avec la Direction

financière et celle du développement durable, j’ai demandé à connaître les indicateurs du groupe EDF. Nous en avons dégagé 1 100, tant en matière d’environnement, que de social, ou de finance.

Or, la RSE est morcelée entre l’éthique, le social, et l’environnement et je pense en réalité que le sujet ne concerne pas le nombre d’indicateurs, mais plutôt leur cohérence. Lors des recrutements, les jeunes nous sollicitent systématiquement sur les critères de RSE, qui constituent pour eux l’une des conditions d’attractivité et de différenciation de l’entreprise.

Nous devons donc donner du sens à notre engagement en termes de RSE.

Hugh WHEELAN Jean-Pierre CLAMADIEU, Marianne LAIGNEAU a parlé de cohérence, vous avez

employé le terme de clarté. Qu’attendez-vous du Gouvernement en matière de RSE ?

Jean-Pierre CLAMADIEU Au MEDEF, nous sommes convaincus depuis longtemps de l’impact de l’activité de

l’entreprise sur ses parties prenantes, en tant que source de compétitivité potentielle et d’opportunités. Par ailleurs, nous nous situons effectivement dans une démarche, dont l’enjeu est l’engagement des entreprises de plus petite taille.

Lors du Grenelle de l’Environnement, nous avons posé les bases d’une démarche de progrès. Par la suite, elle devra être confrontée avec les réalités du terrain, sans créer une simple obligation administrative supplémentaire.

J’ai donc été heureux entendre Bertrand PANCHER expliquer qu’il attendait beaucoup des retours du terrain, avec la volonté d’aider les entreprises dans leurs démarches en la matière. Notre ambition est de nous engager concrètement dans la mise en œuvre.

Hugh WHEELAN Luc ROUSSEAU, nous entendons souvent la critique selon laquelle les gouvernements

transfèreraient leur responsabilité aux entreprises en matière de RSE. Qu’en pensez-vous ?

Luc ROUSSEAU Nous entendons également souvent la critique inverse de la surrèglementation. Or, de

façon assez inhabituelle, nous avons entendu impulser, dans un souci de réduire la charge administrative des entreprises. D’ailleurs, la loi WARSMANN essaie d’agir en ce sens. Cette démarche peut également aider les entreprises face au risque pénal. On connaît en effet la subjectivité du juge pénal sur un certain nombre d’obligations, et le fait d’avoir une démarche structurée permet de réduire le risque d’exposition.

En définitive, l’Etat ne se défausse pas, mais donne les grandes lignes correspondant aux attentes sociétales, afin de responsabiliser les acteurs.

Jacques ROUGE Dans quel délai la rédaction du rapport RSE sera-t-elle imposée aux entreprises de

moins de 500 salariés ?

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Luc ROUSSEAU Je n’ai pas la réponse. La sagesse est d’observer les contraintes pour les entreprises,

ainsi que l’intérêt des données publiées. Personnellement, je pense qu’il convient d’avoir quelques années de recul avant d’ajuster et d’étendre le dispositif. Cela étant, rien n’empêche des entreprises situées sous le seul législatif de 500 salariés de prendre l’initiative du rapport.

Bertrand PANCHER Je partage l’avis de Luc ROUSSEAU. Je pense en effet que le processus prendra

plusieurs années. Le choix a été de retenir des indicateurs suffisamment larges, et partagés par la majorité des branches professionnelles. De ce fait, il est vraisemblable que les grands groupes entraîneront l’ensemble des fournisseurs sur la base des bonnes pratiques, et que l’ensemble se fera naturellement en matière de RSE.

La sanction sera donnée par le consommateur, par les marchés financiers, la presse, car il serait paradoxal, en période de crise, d’imposer des contraintes. Pourtant la crise n’est pas seulement financière, mais sociale et environnementale.

Lors des rencontres du G 20 sur les questions environnementales, je représente le Gouvernement français. J’ai pu constater le mouvement mondial actuel sur la RSE.

Hugh WHEELAN Marianne LAIGNEAU, les actionnaires et les consommateurs mettent-ils réellement la

pression aux entreprises?

Marianne LAIGNEAU Il me semble légitime qu’une entreprise soit toujours tenue de rendre des comptes sur

ses pratiques, réglementées ou non. La transparence attendue des entreprises constitue une réalité, surtout eu égard à la vitesse de circulation de l’information. Le mouvement est en marche, et il est irréversible. Il est donc de l’intérêt de l’entreprise d’y croire.

Hugh WHEELAN Jean-Pierre CLAMADIEU, le MEDEF est-il le lieu de ce genre de discussion entre les

actionnaires, les entreprises et les tiers ?

Jean-Pierre CLAMADIEU Le MEDEF est un lieu naturel de discussion. Je rejoins l’idée selon laquelle ce sont nos

parties prenantes qui nous pousseront à davantage de RSE. Même Apple est aujourd’hui obligée d’entrer dans ce débat, alors que son approche était auparavant tout technologique. Par conséquent, l’important n’est pas la sanction administrative, mais le débat sur les retours d’expérience.

Le MEDEF est donc au cœur de ces sujets, ainsi que le démontre l’arrivée de Laurence PARISOT à notre colloque.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Le mot de la fin Laurence PARISOT Présidente du MEDEF

Je vous remercie d’être venus si nombreux à ce colloque. Je suis toujours fière de ce que nous réalisons au MEDEF dans le domaine de la RSE, avec l’impulsion de Jean-Pierre CLAMADIEU et de Robert DURDIGNY. La RSE ne constitue en aucun cas un sujet annexe, mais il est véritablement essentiel.

Depuis mon arrivée à la tête du MEDEF, nous avons voulu, avec nos équipes, affirmer la priorité des questions sociétales, environnementales et éthiques.

De telles questions ont en effet leur importance, à la lumière de la phrase de Warren Buffet :

« Il faut vingt ans pour construire une réputation, et cinq minutes pour la perdre. »

Une fois ce principe intégré, il convient de se demander comment développer une politique de RSE.

Cela étant, il me semble que la thématique s’est bien installée au cours des dernières années, à l’origine dans un souci exclusif d’image, mais aujourd’hui parce que les clients et les équipes le demandent. Les chefs d’entreprise doivent par conséquent parler la langue du profit, au même titre que celle de l’éthique. Il est en effet indispensable de savoir travailler dans ces deux langages, et de naviguer sans cesse d’un registre à l’autre. Les progrès actuels sont tels en matière de RSE, qu’une entreprise rentable doit aussi faire le bien.

Si Apple est encore un contre-exemple, l’un des modèles absolus en matière de RSE est le précurseur Patagonia, entreprise sud-américaine de fabrication de vêtements éco-conçus de sports et de montagne.

L’engagement en faveur de la RSE n’est plus l’apanage des très grands groupes, mais aussi celui des PME. Dans cette perspective, le MEDEF tient à être moteur. C’est pourquoi nous avons décidé de rendre publique notre vision à l’occasion de la campagne présidentielle, avec le livre numérique « Besoin d’Aire ». Ce livre sera disponible sur l’Apple Store d’ici quarante-huit heures, et consacre un chapitre à la RSE.

L’engagement peut prendre de nombreuses formes. Il signifie que l’entreprise, personne morale, doit avoir une conscience. Cet engagement s’applique également aux rémunérations.

En définitive, l’engagement du MEDEF est clair et ferme. Un débat est encore envisageable sur le point de savoir si une norme et une législation doivent intervenir, ou s’il convient de privilégier l’approche volontaire. A mon sens, il s’agit d’une question de mesure. Le juste milieu sera atteint grâce à la discussion et à la négociation.

A cet égard, il m’apparaît que le Grenelle de l’Environnement a été un grand moment, qui a inspiré un grand nombre d’acteurs. Il a été l’occasion de nombreuses rencontres entre les corps intermédiaires, qui n’avaient pas l’habitude jusqu’alors de travailler ensemble. Ce type d’approche doit donc être renouvelé.

C’est pourquoi le MEDEF continuera d’avancer dans cette perspective.

Enfin, nous avons des engagements très forts à annoncer ce soir, et j’appelle leurs auteurs à les annoncer.

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Colloque RSE - 7 mars 2012

Robert DURDILLY Nous avons proposé que le MEDEF donne des signes concrets de son positionnement

sur la RSE, à travers deux mesures simples :

• la création d’un Observatoire des relations entre les entreprises, les agences de notation extra-financière et les investisseurs ;

• la proposition de la création d’une plateforme nationale de développement de la RSE, pour engager le dialogue avec l’ensemble des parties prenantes et créer les conditions du développement de la RSE en France.

Jean-Pierre CLAMADIEU Cette journée a été riche de débats et d’échanges, de la très grande multinationale à la

PME. Je pense que nos partenaires pouvoirs publics sont convaincus de notre très fort désir de promouvoir la démarche RSE.

Notre seul regret est de ne pas avoir été en mesure de finaliser à temps notre guide de bonnes pratiques.

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Document rédigé par la société Ubiqus

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