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"Union Temporaire" contre la Prostitution réglementée etlaTraitedes Femmes d u Compte Rendu des Séances et Travaux DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES Janvier-Février 1931 La Réglementation de la Prostitution Ses origines. La Traite des Femmes et la Société des Nations. par M .LEGRAND-FALCO 2 Édition Éditions de l'"Union Temporaire" 24, Quai d'Auteuil, Paris-16e 1932 —

Union Temporaire contre la Prostitution réglementée et la

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"Union Temporaire" contre la Prostitution réglementée

et la Traite des Femmes

d u Compte Rendu des Séances et Travaux DE

L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

Janvier-Février 1931

La R é g l e m e n t a t i o n de la P r o s t i t u t i o n Ses origines.

La Traite des Femmes et la Société des Nations. par M. LEGRAND-FALCO

2 Édition

Éditions de l'"Union Temporaire" 24, Quai d'Auteuil, Paris-16e

— 1932 —

La Réglementation de la Prostitution

Origines de la réglementation

Messieurs, La question de la prostitution préoccupe à

juste titre les esprits soucieux d'élever à un plan supérieur la valeur morale de la famille et celle de l'Etat. Environ un an, vous écoutiez un exposé sur son extension, ses causes et ses remèdes; permettez-moi aujourd'hui d'étudier avec vous le problème sous un aspect différent, et de vous le présenter avec un autre visage.

Certes, la prostitution est un mal social qui remonte à la plus haute antiquité, un mal qui fut de tous les temps et de tous les pays. Mais, si au cours des siècles écoulés les lois se bornaient à le réprimer par le moyen de châtiments d'une sévérité extrême, réservés presque tous d'ailleurs au seul sexe féminin, ce fut en France, et au siècle dernier seulement, qu'à ce mal les Pouvoirs Publics prétendirent apporter un remède, en le réglementant.

Lors d'une Conférence Internationale sur la répression de la Traite des Femmes en 1883 à La Haye, M. Emile de Laveleye, professeur à l'Uni- versité de Liége, donna quelques détails sur les

origines de la réglementation, introduite en France à la veille de la proclamation de l'Em- pire en 1802, et dont les premiers instigateurs furent Aulas, en 1762, et Restif de la Bretonne, en 1790.

« Ce système ne pouvait prendre naissance », dit le professeur de Laveleye, « qu'à une époque

troublée, alors que les droits de la dignité hu- maine et de la liberté individuelle étaient mé- connus et foulés aux pieds. L'histoire, en rela- tant les saturnales du vice en Asie Mineure, en Grèce, et en particulier dans la Rome impé- riale, nous montre des horreurs qui nous font frissonner. Mais jamais, ni à Rome, ni à Athènes, ni même à Corinthe, on ne vit l'Etat ouvrir au public des maisons de débauche. Juvénal peint Messaline se glissant dans ces lieux à la faveur de la nuit, Héliogabale lui- même ne s'en constituait cependant pas le patron, comme le font, aujourd'hui, nos auto- rités municipales et législatives en plein XIX siècle. »

L'éloquent orateur montra ensuite, dans un langage énergique, ce qu'a été la législation du vice, et ce qu'elle a produit chez les nations qui l'ont adoptée : « Partout elle est devenue la

source de profonds désordres moraux et phy- siques. D'une part, en détruisant le sentiment d'aversion que le vice doit inspirer, de l'autre,

humaine, contraire à la morale, contraire au droit, inefficace au point de vue de l'ordre et de la santé publics.

Quand en 1874, Joséphine Butler vint en France, elle vit Jules Simon, Jules Favre, Louis Blanc, Schœlcher, MM. de Coppet et de Pres- sensé. Elle fut en rapports avec M de Morsier, nièce de M. Ernest Naville, l'éminent correspon- dant de l'Institut; elle trouva des sympathies auprès de certains membres du Conseil muni- cipal, tels que le D Thulié, ancien président, Hérisson, de Lanessan, Sigismond Lacroix, Des- moulins. Elle eut pour alliés Yves Guyot, Maria Deraisme et M Avril de Sainte-Croix, qui consa- cre encore la plus grande part de sa vie à cette campagne. Une Commission d'enquête fut nommée, de regrettables faits furent dévoilés et avoués : cependant le système reste aussi fort et aussi redoutable qu'il le fut par le passé.

Jugé par la Société des Nations, rejeté et condamné par la plupart des Gouvernements étrangers qui l'ont appliqué, pouvons-nous espé- rer qu'un jour enfin, sur la France des Droits de l'Homme, règnera un peu plus de liberté, de jus- tice et d'égalité, et aussi un peu plus de bonté ?

Tant qu'il restera une seule créature soumise à un esclavage plus infamant que ne le fut jamais celui des noirs dans les temps passés, la voix des femmes s'élèvera, pour réclamer la fin d'une ins- titution qui déshonore l'Humanité.

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