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CONFERENZE E SEMINARI UNISIST: le nouveau systèrue mondial d'iuformation scientifique (*) ] F. AN- Cr.AU DE GAROlN Cmtrl' !Vational (l f la RP rl1 erche Scimtifiqu e et Eco/e Pratique des lfaulfs 1- . tudr.s. l'aris Je voudrais tout d' abord remcrcier Ics organisatc ur s de ce cyc le de conférenccs de me Jo nn cr l 'occasion de parler d' un sujet aussi pres ti gieux qu e l' l.iN ISIST (systèmc mondial d' information sc ientifìque). Le prcs tige v ic nt d'un e part des ambition s du projet, lc quel vise à la cons tituti on d' un sys me nwndial d' infurmation i nt eress ant l 'ensembl e des di sci plines scien- tifìques et techniques, et dans un second temp s Ics sc iences social e::; e t Ics huma nit(- :; . La seconde sou rce du presti gc de l 'u::-. ISIST tieDt à s on patronagc: le prnjet a été a dopt é CD 1972 par les go uve rnement s dcs E tat s Mc mb res des Nation s U ni cs, et il a re çu l'ap probation dcs unions scicntifi- qucs à l 'échelon le plus élcvé, puisqu'e nfi n c'es t Je Consci! Int crnati o nal des Uoions Scic ntifiques (l' • csu cn aoglai s) qui a pris cn 1965-1966 l'initiative de l 'étutle qui a c ondui t au pr ojet U:\" ISIS T. A ce patronnge de l' rcsv est V l) llu s' ajouter cnsuit c la colla boration de to ut c d 'o rg anis ations int emati o nal cs dans le doma ine des scicnces et ùcs techniqu cs, par excrnple Ja Fédé ration mondiale dcs sociétés d'ingéni c urs, et aussi dc;; assoc iations prQfess ivnoellcs dc bib li othéca ircs et de docurne ntali s tes, q ui tout es so nt entrées dan s le concert de l 'UN ISIS T. La fo rme officielle du proje t est pré sentée dans le rapport d' une Confé- rence int crgouve rn cmental e orga ni sée à l 'Unesco au mois d 'oct obre 1971, Co n fé ren ce aux tc rmcs de Jaquelle un e R éso lution fu t votée par l'enscmble des Etat s rcpr ésc ut és - à une excep ti ou près, je croi s, le Can ada s'é tant ab :.tcnu - r ecomman tl ant à I' Uncsco de créer l' infras truc ture de l'u.- ns r sT. Dcvant une telle multipli cité d'organi ;;ations concer nées, !es gove rn ement s, les uoio ns scientifiques, Ics associati ons professionnelles, oD pcut se de mander ce quc vcut dir e la coopératiun e ntr o tant dc part ies divcrses: quel co nt e nu conc ret cnte nd-t-il don ner à la coop ératio n int em at io nal e, à la (*) l.unf,: rcncc pr : l' Is tituto Supl' ri orc di Sanit à, Rome, le 21 mnrs 19i3. . l>m. / si . SuJ)U. Sanità (I Ui:l) 9. 33t

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CONFERENZE E SEMINARI

UNISIST: le nouveau systèrue mondial

d'iuformation scientifique (*)

] F.AN- Cr.AU DE GAROlN

Cmtrl' !Vational (l f la R Prl1 erche Scimtifique et Eco/e Pratique des lfaulfs 1-.tudr.s. l'aris

J e voudrais tout d ' abord remcrcier Ics organisatcurs de ce cycle de conférenccs de me J onncr l'occasion de pa rler d ' un sujet aussi prestigieux que l' l.iNISIST (systèmc mondial d ' information scientifìque). Le prcstige v icnt d'un e part des ambitions du proj et , lcquel v ise à la constitution d 'un système nwndial d ' infurmation interessant l'ensemble des disciplines scien­tifìq ues et techniques, et dans un second temps Ics sciences sociale::; e t Ics humanit(-:;. La seconde source du prestigc de l 'u::-. ISIST t ieDt à son patronagc: le prnjet a été adopté CD 1972 par les gouvernements dcs E tats Mcmbres des Nations Unics, et il a re çu ~galemeot l'approbation dcs unions scicntifi­qucs à l'échelon le p lus élcvé, puisqu'enfin c'est Je Consci! Intcrnational des Uoions Scicntifiques (l' •csu cn aoglais) qui a pris cn 1965-1966 l'initiative de l'étutle qui a condui t au projet U:\"ISIST.

A ce patronnge de l'rcsv est Vl) llu s'ajouter cnsuitc la collaboration de toutc esp~ce d'organisations intemationalcs dans le domaine des scicnces et ùcs techniqucs, par excrnple Ja F édération mondiale dcs socié tés d ' ingénicurs, et aussi dc;; associations prQfessivnoellcs dc bibliothécaircs et de docurnentalistes, qui toutes sont entrées dans le concert de l 'UN ISIST.

La forme officielle du projet est présentée dans le rapport d 'une Confé­rence intcrgouverncmentale organisée à l'Unesco au mois d 'octobre 1971, Con férence aux t crmcs de Jaquelle une R ésolution fu t votée par l'enscmble des Etats rcpréscutés - à une excep tiou près, j e crois, le Canada s' étant ab:.tcnu - recommantl ant à I' Uncsco de créer l'infrastructure de l'u.-nsrsT. Dcvant une telle multiplicité d'organi;;ations concernées, !es governements, les uoions scientifiques, Ics associations professionnelles, oD pcut se demander ce quc vcut dire la coopératiun entro tant dc part ies divcrses: quel contenu concret l ' u~ISIST cntend-t-il donner à la coopération intem ationale, à la

(*) l.unf,:rcncc t~nue pr: ~ l' Istituto Supl' riorc d i Sanità, Rome, le 21 mnrs 19i3.

. l>m. / si . SuJ)U. Sanità ( IUi:l) 9. :1~:1 33t

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coopération interdisciplinaire au ssi, pour éviter dc restcr dans Jc domaine dcs voeux pieux? J e voudrais essayer de montrer Ics précautions que le:. promoteurs de l' UNISIST ont voulu prendre pour ne pas tomber ici dans 1<·~ piègcs du verbalismc.

Mais voyons pour commenccr le premicr point, à savoir l'universa lité du projet: d'abord , qu'est-ce qu' un système mondial d'information scientifique. puisqu'enfin t el est le sou s-titre de l'u"'JSIST. Et plus généralement, qu'est­ce qu' un système d 'information scicntifique? .Te nl' vous ferai pas l'injurc de définir ce que c'est un systèmc d ' information; mai~> pour Ics b csoins dc mon exposé, j 'adopterai une définition très large, et un peu ad hoc. "Cn sy­stème d ' information est un ensemble de trois composants: d ' une part le;, sources d 'information, au sens la rgc, en sccond lieu Ics utilisatcurs ou usa­gers dc cettc information, et en troisième licu Jes moyens au sens le plus large du mot, là au ssi, qui servent à m cttre en rapport les sourccs et Jes usagers de l'information.

Quelques mots d'abord sur /es sources d'informatilm. J c n 'entrerai pas dans l' analysc détaillée de ce que sont les diverses sources d 'information dans Ics sciences et les techniques. Nous comprendrons du moins sous ce t erme, en premicr lieu, Ics données brutes d 'ob servation , cellcs sur lesquelle~S travaillent Ics cl1erchcurs scientifiqucs (données instrumentales, par cxemplc, rnesures etc.). Nous comprcndron s aussi les t extes scientifiques, c'est-à-dire les documents scientifiqucs où ces données sont présentées, commentées, interprétécs; e t nous comprendrons enfin la litérature dite secondairc, c'est­à-dire celle où l'on parle de la litérature primaire. Si je propose cettc accep­tion large, c'est pour mettre chacun à l'aise: il ne s'agit pas ici dc présenter une définition strict e de ce qui dist ingue Ics « données », l es « documents »

l ' « information ». L'ensemble de tout ceci sera considér(- pour nos besoins comme constituant les sources d 'information dont s'occupc l'uNIS JST. Par conséquent, si vous n•us posez dcs qucstions sur la différcnce, par cxcmple, entre la documentation et l'information, je vous demanderai de les ouhlier au rnoins pcndant une heurc.

La seconde partic d'un syst~me d 'information, C«' sont ses usagers. Le mot, ici, encore, doit étre compri s dans un scns très largc: Ics utilisateur5 que l' UNISIST a co v ue ne sont p as sculement ]es chercheurs scientifiqucs ou Ics ingcnieurs. Il a été soulign1~ avec l.1eaucoup de force que l' information scien­tifìque avait d'autres usagers, d'autres utilisateurs, par excmple Ics admini­strateurs de services publics où l'on « consomme» de l'information scientifique, p ar exemple aussi Ics gestionnaires d 'cntrepriRes industrielles, qui ellcs auss i con somment de l'infonnation , ou c ncore Ics grands systèmes d 'enseignement etc. Tous ces groupes sont des utilisateurs potenticls ou actucls de l 'iuforma­tion; l'UNISJST ne s'intércsse donc pas seulcment à la consommation par des cherchcurs des sources d 'information très larges que j'ai indiquécs.

A1111. lsl. SIIJJU. Sanità (1973) 9, 323-334

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GAllO IN 325

Eofin, troisième partie: Ics moyens, qui )<t' rvcnt à mcttrc en rapport Ics sources d 'information et les usagers . Là encore, il faut comprendre le mot dans un scns très vaste; il s'agit aussi bien de moyens matériels que de moycns immatéricls, j'cntcnds par là intellectuels, ùonc aussi bien Ics macbines, l'équipcmcnt d' un coté, quc les rnrthodes ou Ics procédé;; dc l' autre. De m ernf!, il s'agit aussi bien des moycn )< dits traditionnels ou convcntionnels, que dcs moyens dits modernes; et lorsque l'on parlc dc moycns modernes, il ne s'agit pas seulemcnt de calculatcurs éléctron iques ou dc satcllitcs de cornmunica­t io n, mais aussi dc moyt•ns d ' ordre con<'eptuel, comme par excmplc l'emploi .le langages analytiques raffini~:;, le développcment d'institutions nouvcUes tlans le domainc de l' information et c. Bref, tout ceci montre que l' u~I IST •· ~t vraiment d ' une ambition très vaste puisquc l'on s'occupc rle sources de t nute sorte, cl'utili;;at curs dc toute catégorie, et 1le moyens cl e toute cspèce.

Comment maintenant passer de cette divcrsité volontairc à un syst l'mc <Hl Ju moins à une sy;; t ématisation un peu plu s unitairc? La prcmit'-re ùée déhattue au début du projet é tait quc l'on pouvait cnvisagcr la constitution d'un Centrc mondial d' information Rcicntifique crui rcgroupcrait l'ensernble tles trois cumpoc;ant;; ci-dcssus. Un tcl centre ra ssemblcrait d ' abord le.;; sour­ccs, c'est à Jirc toute la tlocumentation et toute l'information disponible, rassemblc rait eusuite !es moycns de traitcr cctte ùocunwntatiun, t•t rasscm· lllerait cnfin Ics utilisatcurs dans la m csure où Ics usagcrs seraient invités it s'adresscr prél'ércnticllcmcnt à ce Ceotrc mtmtlial unique pour lrouver les résponscs à lcurs recherchcs, bibliographies ou a utrcs. C'est une très vicille idél', que vous avcz certainemeot renrootréc dans la litérature relative à l' infnrmation scientifique. D ' une ccrta inr manière, on pcut dire quc la Biblio· t hèquc d'Aiexandric é tait le prototype de ce centrc mondial d'information, puisqu 'on souhait ai t avoir là l 'cnsemblc dc la littérature connue, scientiliquc ou autre. Cu rieusement, celle itlée qui parait aujourd' bui largcment utopique a t•neorc é t é expriméc très réccmmcnt, au Congrès d 'information ~cientifìquc tle 1958, il y a do ne sculcmcnt quinze ans, à W u;;hington: d eu x autcurs, \L Boquet et )>1. Chambcrlin, ont proposé t rès ,.;érieusement , indt-perHlamment l' un dc l'autre, la cnnstitution d ' un Centre mondial tl ' inforrnation scientifìque, Cl'ntrc uniquc où <>eraient ra!',.cmblés Ics quelqtws :lO.OOO pr riodiques (sclon lt•s t•stimations de l't-po11uc), Ics qudques millions d 'études ,;cicntifìques qui parai;.;~t· nt chaque annt!e, sou:. fo rme d'articles, dr rapporl~, de livres etl' . .Je pa,.;,.;c bil'l1 sur sur cc ~cnre de projet o;, qui n'nnt d(-jà qu'un intt-re t histo· riquc; trì•s vite, Ics promotcurs tle l'UXlSIST ont t~Carté ces spéculations : le YOJume dc rinformHIÌon était de\·cnu tcl t{U'i) parai,.;-,ait CXCIII fJU e l'on puÌSSC ra :<:< t>mhlt•r la lotalité dc cctte t-norme Jitérature tlans un Ct·ntre uniquc, pour des raisons t;romomii{Ucs, tcr hniqucs, et pcut· etrc aus,.,i politiques. t)n :<c référait a in,.. i Ìl uue notion quantitative, tl la « cri~e tle l"iuformation ~cit·ntifìque» commi' on l' appelle ~<o uvent , ou (•nf·or e ;'t l' t•xp losion dc l'iufor-

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mation ~cicntifìqu e en visagéc sous 1'an~le quantitatif' esseuticll elll cnt. J e m· reprend:-. pas cet al"pect des cho,:cs, parcc qu'il est frécrucrnm cnt expo;H; Ja0 ,

la litt-raturc sp écialist-t• oì1 l'on trouve dcpuis di x ou quinzc ans nombrc d 'étudc's apocal yptiqul',; !'Ur la crisi' de rinformation l'Cicutificru c dans cc scns. Je voudrai,.; m 'attachcr p lutòt à l ' aspcct quali tatif dt• ccttt• cri~''• ù

mc·s yeux plu;., important et moius souvcnt trait~.

Si l 'on r cgarde r évolutivn des syst èmes d ' information 8Cicntifìq uc, cc qui frappe C!>l le caract(·re non-coordonné pour ne pas dire désorJunué, du pro­grès des institutionl', des m éthodes et des t echniques dc traitcmcnt dc la documen tati on ou de l' information. On a vu naltre au cours dcs sièclcs passé,, et hcaucoup plus Licn sùr au cours du siècle pn~,:cnt, un!' multitudc d·insti­tutions, dc t cch uiqucs, dc procéd és qui se sont dévclopp~s dc façon indé­p endantc dan,: un ~rand nomhrc dc pays, dans un gramluomhre de domaincs. dans un grand nontbrc dc disciplincs scicnti fiqu cs; dc sorte <]Ile lorsqu 'o n cssayc dc dn•sscr un tablcau dt> l ' inforrnation srientifìque dan . .; le mon,le, excrcicc auqucl j'ai dù roe liv rer, 0 11 est obligé dc donne r autant dc tableaux qu'il y a dc critères de découpage. J e m'cxpliquc: il faut d 'abord drl'sst'r dcs tahlcaux par di.sciplines, parcc qu 'il cxi~tc daus chaquc discipline (quel quc soit la m anière dont on découpc le champ dc la rcchcrchc scicntifique cn disciplines) une grande multi tud <• dc centrcs de docurnentation et dc biblio­thi'qucs n és dc façon ind~pcndante et extrémem ent peu coordonn<~s Ics un <> par rapport aux autrc;;. C'el"t uuc obs!'rvation qui n 't>tonnera pcr,.,onne, mais elle cn rcstc pas m oim; f- tonnantc, dans la mesure où il p eu l paraitrc anormal que dcpuis cenl ans .-i pc u d c mesure~ aicnt ét é prises p our harmoniscr r action d e,., cntrcprises documcntaif(·s travaill:mt dans Ics m em es di~ciplincs.

On disait CII 1966, qua11d 1\;tude dc l" ll~ ls lST é tait à se;; déiJLJt~, qu.il y a\·ait CII chimic par cxempl<· au m oins une douzaint' dc ~rands (e t on insi­stait. sur le mol « ~rao ds») ~cn·iccs d 'information scicntiliquc, c·cst-à-dire dcs Sf'rv irc;:; d ' information impvrtant,;, tous à v iséc- univcr.-elk, et lou;; tra­vaillant dc façon !"éparée. La m~mc obscrvation ~lait fa ite rn php.iquc, ou dans n 'imporle quelle discipline; et lorsqn'on passuit au domainc tt•eh11iquc. ce n'ét a it plu!' pur d izaint' qu c l'on compt.ait Ics servicc,; important:;, mai~ quclclucfois par plusieurs dizaine,:, ou centaincs.

S i l'on prend d ' autre part un d 1:coupagc non plu s p ar domaint' ou p :n d iscipline, mais par pays, on ahoutit ~~la mcme oh~en·ation. Il cxistc plu ~icur, centres nationaux d ' information scie nt.ifìqu c qui tous ont des vi, ées s(•mhl n­blcl', c'est à din· counir l'cns<•mblc dc la Iiué rature mondiale ou du moin:< la plus grande partic pos;.ihlc dc la litl ératurc scientifìque m ondiale; <'l il est paradoxal, jt· rl-pèt e. que daus la seconde moitié du vingtième sit·dc on voi t encore drs pays distin cts invc:;tir d es somm<·s N dc,; mo~ cn,.: ~t-nérale ­

m ent considérahle;; pour une tachc qui est la m cm(' quc <·cii <• d ' un pa ys

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votsw. J 'en citerai deux excmples concrets. L'organisme soviétique fondé sous le nom de VINITI est une admirable organisation qui traite chaque année une littérature considérable et dont vous connaissez certainement les pro· duits; en France, le Centre de documentation du Centre national de la recher­che scientifìque lui aussi traite une documentation considérable, et on con­state des recouvrements, des duplications tout-à-fait évidentes entre les deux activités. Or, fort peu de mesures ont encore été prises pour réduire le nombre de ces duplications et de ces recouvrements. Si l'on prend main­tenant un troisième critère, non plus disciplinaire, n.on plus national, mais linguistique, OD aboutit à la merne observation. Le fait de changer de système linguistique, c'est-à-dire de passer par example d'un univers francophone à un universers anglophone ou russophone, conduit à créer des systèmes d 'in· formation distincts, alors m eme qu' il s'agit toujours de la meme matière scientifìque. L e fait que celle-ci soit cxprimée ici dans une langue, ailleurs dans une autre langue, n e ùevrait pas logiqucment revetir cette importance sur le pian institutionnel.

C'est au fond de ce genre de coustatation assez simple que l'UNISIST est parti ; et c'es t à propos de cette diversité que l'uNISIST a posé deux prin­cipcs ùirecteurs, qu'il faut bien avoir à l'esprit, je crois, pour comprendre la philosophie du projet. Le premier c'est que si cette dispersion, si cette diversité avait des raisons historiques tout à fai t légitimes, il n'en fallait pas m oins essaycr d'co réduire les inconvénients et au prcmier chef l'incon­vénient le plus coiìteux, à savoir la duplieation dcs taches dont jc parlais, lorsquc Ics m emes documents sont soumis dans des centres différents à des opérations docmnentaircs idcntiques: signalement, résumé, indexation, etc. Brcf, le premier principe est dc défìoir des politiques de partage des tllches (l'expression aoglaise est peut-ètre plus parlante que l'exprcssion française: « iofo rmation sharing»). Cctte « infonnation sharing policy » de l'UN ISIST est , j e crois, un dcs fondements csscntiels de l 'cntreprise: il s'agit, dans le cadre cle l' UNISIST, de développer des politiqucs de partage des taches à l'échelon mondial en matièrc de traitement d 'information scientifìque. C'est, je crois, le point le plus important.

Le second principe est que si l'on rcnoncc à la fiction d'un centre mondial unique, autrerncnt dit, si l'on renonce à détruire l'organisation ou l'inorga· nisation existante pour la rcmplacer par une b eUe construction unitaire, il faut trouver une autre m aoière d 'harmoniser Ics etforts de chacun; cctte solution, c'est l' interconnection entre les systèmes cxistants.

Que veut dire ici l'« ioterconnection»? EssentieUement, deux choses, tout d'abord daos le cadre d ' une politique de partage des tàches, par exemple par aires linguistiques, où ccrtains centrcs s'occupent de la littérature scien­tifique en langue indienne tandis quc d 'autrcs s'occupent de la littérature en langue arabe, l' interconnection veut dire que les produits de la ehaine

Ann. l sl. Suptr. Saniltl (1973) t , 323- 33'

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arabe pourront etrc acccssihlt:s par la chaiuc hiudouc, et rcclproqu cmcnt. Ccci suppo!'c un certain nombre dc mesures pratiques, tcclmiques, dont uou;: d irons un mot tout à l'heure; et c'est une premihe manièrc de conccvoir l' interconncction entre deux systèmcs d 'information. Une deuxième ruanièrc, plus sophistiquéc, consiste à faire cn sorte quc les produits d ' un certain sy­stème d'information, par exemple des résurnés, par exemple des list.es indc­xées, soient acceptables à l'entrée d ' un autre sy tème d'information. Puurquoi cette ré-insertion dans un autre système? Parce que, étant donné la diversité des populatious ù' utilisatcurs il peut arriver que la manière dont un doeu­ment est traité dans un certain sy stème, pour une certaine population d ' utili­sateurs, ne soit pas adéquate pour une autre population et qu'il faille par conséqucnt« retraitcr» ce m èmc document. Ce qu'on appclle eu anglais d'un vilain mot, le« re-packaging» dc l' information, le ré-emhallage si vous voulez. Le premier emballage n'est p as adéquat, on veut ré·emballcr; mais pour ré-emballer, on ne rctourne pas aux documents bruts, on repart du produit déjà élaboré d ' un autre systèmc. Par exemple, on prend les résumés produits par une certaine claaine, et on les fait entrer dans une autrc chainc docu­mentair<' plus fine qui ajoute à C<'S résum(~S une indexation.

Une implication très impor tante de cettc politique d 'interconnect ion est quc l'on renoncc à boulcverser, voire meme à changer, à court terme au moills, les structures actuelles de l'information scientifìquc.

Si l'on défìnit une politique de partage ù'information entre des organisuaes existants - partagc des tàchcs, partage des produits - si l'on définit des mécanismes d'interconnection entre les systèmcs qu' ils emploient, c'est en cffct que l'on n ' a pas l'intention dc changer l' organisation de ces système's. C'est là que réside la différence fondamentale entre la philosophie prcmière quc j'évoquais, celle du centrc mondial uniquc, très radicale, et celte philosophie plutòt réformiste de l'UNJSIST où l'on veut plutot ajust<'r, harmoniscr , coordonner, mais sans Louleverser Ics institutions établies - ceci essentieUemcnt pour deux raisons, qui ont été très longuement débattucs au cours des séanccs dc travail sur l'UNISIST. Une raison pratique d'abord: c'est quc le boulcversement au nom de la rationalité impliquerait des actions politiques très hardics dont tout le monde s'accorde à reconnaitrc qu'ellcs sont actuellement à peu près impossibles. Mais aussi une raison de principe qui me parait quant à moi tout à fait bonne, tout à fait fondée: c'est que cettc diversité que l'on renoncc à réduire, au moins pas dans l'immédiat, doit obéir elle-meme à certaines raisons, doit avoir au fond une certaine rationalité, memc si l'on ne aperçoit pas toujours clairement la justificatiou de cet apparent désordre.

En d'autres tcrmes, s'il est vrai que les organisations actuelles semblent désordonuées, s'il est vrai qu'elles sont le produit d 'une histoire contingente, pcu concertée, elles n'eu peuvent pas moills avoir leur raison d ' ètre, de sorte

.Ann. I sl. Su}Jt r. Sani tà (l9i3) l . 323- 33'

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CARD IN 329

que l'on renoncera pour le moment à en modifier le dessin, pour se contenter , d 'une manière que certains jugeront peut-etre trop timide, de coordonner, d 'harmoniser, de régulariser le fonctionnernent du réseau diffus qu'clles constituent.

Et j'en arrivc à cette notion de réseau que j e viens d'évoquer pour la première fois, et qui est au fond la solution dc substitution proposée par l'UNISIST pour faire suite aux projets de Ccntres mondiaux. L'uNISIST s'est en e ffet défini comrne un« réseau d ' information», e t précisément un réseau international d 'information scieutifique fondé ur une coopération volontaire entre les services d ' information présents et futurs; l ' on accepte les institu­tions actuelles, pour préconiser seulement une coopération volontaire entre :;ervices préscnts ou futurs. Autrement dit, dans cette définition est clai­rcment posé le principe de l'intégration dans un réseau mondial, par une démarche progressive, de l'cnsemble des scrvices cxistants, quel que ~:~oit

la diversité des statuts, des fonctions, dcs comp étcnces de chacun. Voilà donc pour l'universalité de l'UNISIST, m on premier point. J e sup­

pose, et mème j 'cilpère, que dans vos esprits v ient déjà de poindre une que­stion, une grosse quc~tioo, très critique, qui est cellc-r i: au fond, cette argu­mentation n'aboutit cllc-pas à un concept crcu x, que l'on connait bien, celui de la coordination internationale? On cn parle beaucoup, dans les orga­nisations internationales cn particulier, mais que l contenu, quelle s ubstance donne-t-on dans I'U:-JISIST à ce conccpt jusqu' ici. bien vague?

Dans la seconde partie de cct exposé, jc voudrais vous rnontrer non pas que le projet UNTSlST est à cct égard admirablement positif, mais qu' au moins certaines dispositions ont été prises pour quc de la construc tion ver­bale on redescendc sur terre, et que l'on défì nisse des mesurcs concrètes et non pas simplcmcnt des visées de principes, dcs rncsurcs concrètes dcstinées à donner un contenu à cette notion de coordina tion internationale.

Une manière de le fa ire serait simplement de vous lire les vingt-et-une rccommandations techniques de l' U:-JISIST; ce sera it un peu ennuyeux, cn tout cas pour moi qui Ics connais par coeur. Je proposerais plutot une démar­che un pcu plus raisonnée qui est la suivante: rcpartant de l'idée d ' une inter­conncction cntrc systèmes, et de cette autre iclée d ' un partage des tachcs clocumentaircs, quclles sont au fond les implicatious techniques et politiiJUCS de ces deux principcs? Autrement dit, je m'eff Jrcerai Je résumer la m anière dont, eu tirant Ics implications de ces clcux principes, on ab outit à cles recom­manclations concrè tes.

Ces implications <~ont p our moi dc trois ordres, fondamen t alement: le plus immédiat, le plus évident, c'est l'ordre techrtiqt,e. Il est clair que si l 'on veut interconnccter cles systèmes de traitcm cnt d 'information, Ics p re­mières mesurcs tl prenJrc sont des mesurcs d'ordre tcchnique. L'exemple le plus simple, le plus clair, est cclui de la normalisation. Prenons le cas

Alllt. / st. StLJ! f r. Sanità (1973) 9. a23-334

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J:ltl COXFt; REXZE E SEIIIli'iAIII

bypothétique d'un système documentaire qui produit par cxemplc des résu­més indexéi', c'est-à-dire des résumés auxquel!S sont associés des dcscripteurs, et Otl 1'on enrcgistre ccs « rcprésentations» sur bandcs magnétiqucs (un !mpport parmi d ' autres: l 'argumcntation vaudrait au ssi Lien s'il s'ugis!Sait d'un iichicr traditionncl); cl imaginons que cc systèmc soit visé par une politique d 'échangc et par conséqucnt d'interconnection avcc J ' autrcs S) stèmes opérant dans une autre aire linguistique, voirc au ssi dans un do­maine voisin mais non pas totalcmcnt identique. li faut d ' abord quc l'on s'cntende sur la forme dcs cnregistrements sur bande. Pour que les banJc;; puissent etrc échangées, il faut cn effet qu'clles préscntcnl une structure compatiblc. 11 va clone falloir fixer dei; s tructurcs d 'cnregistrcment harmoni­sécs, harmonisrcs ne voulant pus dire néccssairemcnt identiques. Si l'on remonll' maintenant vers les opérations intellcctuellcs antérieures à l'cnregi­strcment, on peut etrc conduit à harmnniscr aussi la m anièrc dont k s docu­m<'nb ont ét é indexés, cl par conséquent ù harmoni,;cr le thésaurus, Ics lisli'S de descripteurs, voirc les principes de rédaction des résurnés aux-mcmes. Brcf, ce so n t cles mesures dc cc genrc qu ' il faut promouvoir, pour que l es sy:;tèmrs d ' information puisticnt échangcr lcurs produit;; dans l' un ou l ' autre d cs dcux scns que j'ai indiqués toul Ìt l ' heurc.

Yous me direz que cc gcnre de mesurc n 'est pas nouvclle, ('t que d cs organismes internationaux s'occupcnt déjà dc la normali,.ation docu:ncntairc dan;;; cc sens; c'est vrai. Le poinl de v ue de l'l1NISIST a ét é en 1'occ urren re qu'il importait d'acc1~ lerer un proccssus en cour,, eu réunissant plus s .luvcnl un plu s grand nombrc dl' gens autour d c ccs suj cts (et c'est t'C qui a dt~jà é té fait), d <' manièrc à arrivcr plus vite à une ccrtaine harmonisation d es prod­durcs s uivies dans le monde cntier et da ns dcs dom:ti nes différcnts cn matièrc de dcscription Libliograpbiquc, de résurm~:;, de lauga~c d'iodexatiun, J e struC'­ture d'cnregistremcnt s ur bande.;;, dc code:> et formai;; d 'cnrcgis tn:mcnt, et<·. T el e~t l'objet cles cinq premières recommandation; dc l 'u~ JS IST; jc n'rn Jonne pas le détail. D ' une manière un peu plus novutrice, on peul aus.;i ima­giner non seulement l'harmonisation cles procédurcs existantes nnis aussi l 'invention de démarches nouvelles, pour faciliter le transfert dc l'inforrnation scientifìquc. J 'cn donnerai deux exemplcs. Le premicr concerne },• remplacc­ment éventuel de la littérature scientifìquc, dans cert a ins domainea, par des banques dc données où les faits seraient enrcgistrés s ur calcula t eurs (au moins pour ce qu'on connait aujourd' hui: on pcut irnaginer dans cinfJuantc ans ù'nutrcs m oyen'i quc les calculatcurs) et rendus arcessible.,, par d<'s r éseaux dc télccomrnunications, à des populations moudiales d 'utili!>atcurs peut-etre pcu nombrcux mais très dispcrsés. Cettc not.ion de banqu<'s dc don· nées n'est pas non plus une notion oouvclle; ce qui est nouvcau, peut etr<', c'est l'idée beaucoup agitée à l' uNJSIST quc Ics centrcs d'évaluation dc données (Data Evaluation Centres) pouvaicot etre une des solutions de remplacemcnt

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CARD IN 331

des publications scientifiques, là où celles-ci visiblement commencent à donner des signes de faiblesse, devant l'immensité des données à imprimer, devant le cout de ces impressiona, devant le temps aussi qu'exige la fabrication de t elles publications.

L'UNISIST a émis le voeu {recommandations 9 et 10) que l'on fasse des études plus intensives qu'on ne les a faites jusqu' ici sur l'utilité, ou peut­etre l'inutilité, de ces institutions nouvelles que sont les centres d'évaluat ion de données d'une part, et ceux qu'on appelle en anglais aussi les « information analysis centres», les centres d' analyse d'information, qui sont au fond pour la littérature scientifique l'équivalent des centres de données pour les données brutes. L'expression est peut- ctre un peu elliptique: un centre d 'analyse d' in­formation est une institution dont le but est de dispenser les chercheurs d'avoir à lire la totalité de la littérature primaire dans un domaine donné, ce qui devient de plus en plus difficile, au profit de la lecture de certains produits secondaires ou t ernaires, comme on voudra, issus de ces centres d' analyse d' information, et qui sont à la fois des présentations de résultats et des présentations de synthèse. J e n 'en dis pas plus sur les mesures d'ordre technique, faute de temps, et je passe à des mesures d'un autre ordre, qu e j ' appellerai prof essionnel.

Il est clair que les exigences techniques de l'interconnection entre systè­mes, ou les exigen ces techniques de la définition d' une politique de partage d' information, sont tellcs que les producteurs, consommateurs et« traiteurs » d' informations scientifiques doivent avoir dans ce domaine une formation dc plus en plus poussée. Un second groupe de recommandatioos de l'UNISIST s'adresse à cet aspect des choses, e t préconisc des programmes de promotioo professionneUe, destioés à faciliter la boone marche des réseaux mondiaux d' information visés par l'UNISIST. On a b esoin dans cette perspective, en effet , de productcurs, de consommateurs et de traiteurs « avertis », avertis est peut-etre un meilleur t erme que formés. « Avertis» veut dire informés de l'existence des techniques v oulues et de leurs implicatioos. Ces programmes s'adressent d'abord aux chercheurs et ce n' est pas un paradoxe, les documen­talistcs au sens t radit ionnel n 'ctant pas seuls en cause.

L' UNISIST a clairement posé l' cxigence d' une participation des chcrcheurs au travail de l'information , dans la mesure où l'oo ne peut plus s' en remettre à des bibliothécaires ou à des documentalistcs, aussi savants soient-ils, pour traiter une littérature de plus en plus spécialisée à un niveau de profondeur de plus en plus exigcant. Lcs chercheurs cux-memes doivent collaborer à ces t ravaux; il faut donc les informer de ce que sont les techniques du traite· rnent documentaire et aussi leur apprendre à en consommer les produits: rar il existe auj ourd'hui de beaux systèmes d'information scientifique en av ance sur la consommation, en ce sens qu'ils n'ont pas de clients. J'en connais des cxemples admirables dans la discipline qui est la mienne, où l' absence d'uti·

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332 CONFt: RENZI:: l:: S EMI"\ARI

lisateurs n'est pas due à un défaut de cooception du systèml', ni aux insufli­sances intellcctuelles des u t ilisateurs potentiels, mais sirnplt•ment à un man ­quc d ' information. Quaut à la formation du « traitcur», c'est-il-dire dt• ... documcutalistcs, Libliothécair<•s et « information scientist s» cornme on le ... appellent aujourd'hui, sa néc<'s,;it lo va de soi et je passc rapidemcnt pour souligncr sculement un point. C'est que, daos le cadre dc l 'étudc u~ rsrsT

comme dans l1eaucoup d ' autres étudcs du meme gcn rc , Ics observatcurs onr

été frappés moins par l' inadéquation des prograrnmes de format io n dans ti' l ou t el contexte que par leur extraordìnaìre dìsparité. Daus ccrta ios pays, et pas sculement Ics pays snus-developpés au sens éconornique, o n observc que le:. programrnes dc formation deme urcnt archarques; non p as faule de hom: esprits capaLlcs d 'eu formulcr dc mcillcurs, mai:; parcc qu' au fond personn<' n'est vraimcnt saìsi du problèmc.

Un souci de I'UI'iiSlST est dc faire en sorte que les inalitutious respon­sables, gouverncmentales ou profcssionnelles, soicnt au moins seusiblcs au problème, et sachcnt qu'un ccrtain niveau dc formation du persoonel « traitcur» d'information est indispensahle si l'on veut tirer profit dc l'in­tégratiou que propose l'uNISIST.

Ceci m 'amène tout naturellem ent à la troisièmc et dcrnière catégoric d es implications dc mcs deux principes, sur le pian politiquc ou institutiorwel. J c viens de dire qu'un souci de l'UNlSIST était d ' attirer l'attcntion dcs io­stances compétentes, et en particulier des instanccs gouvernementalcs, sur d es prohlrm es commc cclui de la formation nécessa irc aux chcrcheurs et au x traiteurs ù 'information p our tircr parli dcs systèmes rnudcrnes d'infor­mation.

Il cxist e bcaucoup d ' autrcs exigences politiques et iustitutionnelles quc l'éducat ioo, en matière dc communication scientifique: ellcs font l'obje t d ' uu troisièmc groupe de rccomrnandations dans le programmc dc l' uNIS!ST (15-20). J e donocrai t rois c"emples el trois seulemcnt. On attirc tuut d ' abord l'attcn­tion sur le fait qur la créatioo ou le dévcloppcment d' agcnces nationales d'infnr­mation scientifiquc est un moyeu prouablement commode d ' accélérer k progrès des moeurs et le p rogrès des technique:> en matièrc d ' informatioo. U ne dcs rccomrnandations dc l'uNISIST, très spécifiqucmeot adressée aux gouverucments, préconise la créatmon d·agcnces nationales là où celles-ci n 'exist ent pas, compétentcs cn rnatièrc d ' information scicntifique. Ccs agcoces nationales auraient à leur chargc de définir une politique nationalc ou intcr· uationale dans cc domaine, politique qui devrait avoir logiqucment pout· contenu l'application dc l'enscmblc des recommaodations dc l'uNISJST, ou t oute autre recommandatioo de cct ordrc qui pourrait étre ajoutée par la suitc. II est cluir en cffct quc la plupart de ces recommandations supposcnt un organismc rcsponsable pour l'cxécution. Au moins dans Ics pays europ éens (la chose est moius sftrc aux Etats-Unis), et en tout cas en Europe, il est

A nn. ! st. S•1111 r . Sa11 i lu ( 19i3) 9, 3t3- 33l

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C ARDI N 333

clair que jusqu'ici ce sont toujours les gouver nem ents qui ont assuré pour l' essentiel le financement des différentes mesures de développcment voulues - éducation , réscaux de télécommunication, pr ogrammes d' investissement d'ordinateurs, etc. - et non pas dcs organisations privées. La recomman­dation en question (no. 15) t irc la conclusion logique de cette const atation: c'est que les E tats auraient profit à crécr, lorsqu'clles n' existent pas, des agences nationales ch argées de promouvoir une politique de développement des moycns d 'informat ion scient ifique en accord avec d'autres pays.

Une autre fonction de ces agences gouvcm ementales est la suppression dc ce quc n ous a vons appelé Ics « barrières » à la circulation de l'informat ion. Barrières juridiques dans bcaucoup de cas: vous connaissez Ics innombrables discussions sur le « copyright» en matièrc dc p roduction scientifìque. Mais barrières aussi d'ordre administ ratif, barrières douanières, b arrières écono­miques, telles q ue Ics chances d'accès à l'information ne sont pas les m emes sclon que l'on appartient à tel ou tel pays, à tel ou tel type de société.

Un des voeux de l' uNISI T est que Ics gouver nements prenoen t certaines mesures pour atténuer l' effet de ces b arrières de tous ordres à la libre circu­la tion dc l' info rmation.

Evoquant Ics bar rières économiques, e t prcnant comme exemple Ics pays dits en v oie de développement, je term inera i en disaot qu' au nombre dc ces recommandations polit ico-insti tutionnelles figurent deux recomman­dations impor t antcs, ou du moins qui ont acquis une grande importance au cours des deux dernièrcs annèes; ce sont cclles qui conccm ent l' assistance aux pays en voie de développcment . Lors dc la Conférence int ergouverne­mcntale de 1971 évoquéc au début dc cct exposé, des discussions souvent passion nées se sont t cnues sur le thème de l' insuffisance du programme U~IS IST eu la matière.

Les rep résentants de ces pays présents a la conférence ont cstimé que l'UNISIST n 'avait pas accordé une attention suffisantc à la disparité des chances d'accès à l'inform ation, selon que le hasard de la naissance fait que l'on vient sur terre au milieu dc l'Afrique ou au contrairc au milieu de l'Amérique du Nord.

Je ne trahis pas un secret en indiquant q u'au nombre des 22 recomman­ùations de l'UNISIST, les recomrnandations priori taires n e sont pas les recom­man dations techuiques, ni meme les recomman dations polit iqucs au sens large, mais les dcux recommandations intéressant l'assis tance aux pays en voie de développement. Il s'agit co premier lieu de prendrc dcs mesures v isant à la restauration d' un certain équilibre cntre pays dévcloppés e t pays en voie de dévcloppement , comme par exemple eu reprenant l'idée déjà avancée par le Conseil économique et social je crois il y a une dizainc cl' années, de crécr un réscau spécialisé dc t ransfert de l' information technique v crs les pays eu voie de développemcnt .

.11111 . 1.<1. Sn]lr r. Sanilù (11!73) 9. :;23- 334

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CON FEIIE='IZE .1; ~EMINA III

En sccoudc priorité vienncnt cnsuitc Ics m csures t cchniques dout j c parla is, c'est-à-dirc l' adoptiou aussi rapide que possiblc des normes qui pcrmettront d 'interconnectcr !es grands :;ystèmes d 'information. Suivent cn troisiì-me priorité l es mcsurcs d 'ordrc poli t iquc, e t notammcnt ccii es qui conccrnent la prornotion d'uu partage intcrnational des tflchr~ sou vent impossible sans l'accord cles gouvernements. Si cel-l e dernièrc catégorie de ruesurcs risquc de ne pa!l voir le jour de si t ut , je n 'eu rcste pas moins optimistc sur l'a venir de l'ur>ISIST. et j t' voudrais, l'n guio::f' dP conrlu sion , vous donncr Ics raisons de ce t optimism c.

C'est cn prcmier licu, commr j 'espèrc l' avoir m ontré, la démar('he très pragmatiquc du projet. Au f1md , l 'UN ISIST n 'est pas une id1!c ncuvc, c'est plul!Jt ]a rationalisation de tout un ensemhlc dr courants, de t cudan cc.s qui étaient déjà à l'ocuvre au cours dcs quinze ou vingt dernières annécs, et qne }'t;NISIST essaye d'h armoni~cr, de conccrter d ane; un cadre institutionncl commun. Cc pragmatisme est pour moi une des rai;;on s de croirc au succès de l'UNJSJST. La seconde raison, c'est la lég<-rc té relative de la « hurcau­er:.~tie» prévuc: on pouvait craindre, et bcau co up de gens l'avair nt craint trùs cxplicitement, qu'on n e soit entrainé par lt• mou vemcnt habitucl de Parkinson à créer sous l'étiqucttc d e }'t;NISIST un <' vaste armée d 'cxperts, dc secrétaircs, dc techniciens, etc. Il n'en a ri t·n été, et l' on aboutit actut'l­lemcnl à une organisation très modeste compost-c d' un secrétaria t d ' une di­zaine dc p cr:>onucs et d ' un comité exécutif de d ix huit m emb res qui est en quelquc sorte le con sei l du Dircctcur général dc l'Un esco en la m a ti•' n•.

Pragmatisme d ' un cflté, légèrcté de la burcau cratic de l 'autrc, font que jusqu' ici uu moins n ous n' avous pas dc raisons Ile craindrc q ue l'cnt rcpri;;e ne soit dl-vorl-c par sa propre logiqu e. Cct optirn i"mC pcut scmblcr cxag1~ ré, dans la mcsurc Ott l'ctxiSIST a s uscité h eaucoup dc sccpticisme. ~Iai.; trè,:. franchcrncnt. jc dirai que !'i l<' Rrepticismc est d" ord rc technique, il mc parait absolument infondt~ : j e ne voi., aucune raison dc ne pus croirc à l'UNJSISl' sur le p l an t(•chuiquc où cc projt•t ~·est placr.. Toutcs Ics mcsurc;,, tous Ics mé­canisrnc:; propos(-;; sont, jc r('pètc, une sorte dc ra tionalisation d ' un mouvc­mcnt qui pré-cxi f< tait à l' Ui'I ISIST e t dont <>n vcut simplcnwnt harmoni;;er et accélérer le cours. Si cepentlant l e scepticismc por te sur les aspccts p oli­tiques de l'entrcprise, j 'a\'ouc <JlH' sur cc pian l' avenir est moins certa in. Ce sont là bicn siìr ùcs opinion;. to utes pcr,onnclles, mais lcur fo ndement eertain crncnt ne vous échappcut pa". Disons seulcmcnt quc cc qui est ici cn cause n 'est nutre, une fois dc plu,;, que le décalage entre le progrè,:; tlcs t~chni­qucs, dan, la !Hiriété à laqueUc nous app arten ons, et le rc tard t rès affi igeant des rnocurs p olitiquf's dc cettt' mcme société .

• f !lll. 1~1. Supr r. Srt llil li (IOi:l) 9, 3~:) 331