34
1 UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UMR 7043 * « Cultures & Sociétés en Europe » Programme Eurasie(s) Stéphane de TAPIA Chargé de Recherche CNRS Chercheur Associé à l’Equipe MIGRINTER Télévision turque et nouveaux média : l’entrée de la Turquie dans le XXI° siècle Dans le sillage de la Révolution d’Atatürk. La transformation des Arts et des Lettres dans la Turquie Républicaine Colloque de Strasbourg Lundi 26 et mardi 27 octobre 1998 UMR 7043CNRS / Cultures & Sociétés en Europe CNRS * 23, rue du Lœss * F67037 STRASBOURG Cedex 02 Téléphone : (33) 3.88.10.60.90. * télécopie : (33) 3.88.41.74.40. * email : [email protected] http://www.misha1.ustrasbg.fr/UMR7043/index.htm Département d’Etudes Turques de l’Université Marc Bloch * 22, rue Descartes * F67084 STRASBOURG Cedex Téléphone : (33) 3.88.41.73.99 * Télécopie : (33) 3.88.41.74.40. * email : [email protected] strasbg.fr http://u2.ustrasbg.fr/turcologie UMR 6588CNRS / MIGRINTER + Univ. Poitiers et Bordeaux III * MSHS * 99, avenue du Recteur Pineau * F 86022 POITIERS cedex Téléphone secrétariat : (33) 5.49.45.46.40. * télécopie : (33) 5.49.45.46.45 * téléphone documentation : (33) 5.49.45.52.50. email : [email protected] * http://www.mshs.univpoitiers.fr/migrinter/index.htm Revue Européenne des Migrations Internationales (REMI) * MSHS * 99, avenue du Recteur Pineau * F86022 POITIERS cedex Téléphone rédaction : (33) 5.49.45.46.56. * télécopie : (33) 5.49.46.45. * email : [email protected]

UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

  • Upload
    others

  • View
    8

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

1

UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques

& CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UMR 7043 * « Cultures & Sociétés en Europe »

Programme Eurasie(s)

Stéphane de TAPIA Chargé de Recherche CNRS

Chercheur Associé à l’Equipe MIGRINTER

Télévision turque et nouveaux média : l’entrée de la Turquie dans le XXI° siècle

Dans le sillage de la Révolution d’Atatürk. La transformation des Arts et des Lettres dans la Turquie Républicaine

Colloque de Strasbourg Lundi 26 et mardi 27 octobre 1998

UMR 7043­CNRS / Cultures & Sociétés en Europe ­ CNRS * 23, rue du Lœss * F­67037 STRASBOURG Cedex 02 Téléphone : (33) 3.88.10.60.90. * télécopie : (33) 3.88.41.74.40. * e­mail : stephane.detapia@c­strasbourg.fr

http://www.misha1.u­strasbg.fr/UMR7043/index.htm ­­

Département d’Etudes Turques de l’Université Marc Bloch * 22, rue Descartes * F­67084 STRASBOURG Cedex Téléphone : (33) 3.88.41.73.99 * Télécopie : (33) 3.88.41.74.40. * e­mail : [email protected]­

strasbg.fr http://u2.u­strasbg.fr/turcologie

­­ UMR 6588­CNRS / MIGRINTER + Univ. Poitiers et Bordeaux III * MSHS * 99, avenue du Recteur Pineau * F­

86022 POITIERS cedex Téléphone secrétariat : (33) 5.49.45.46.40. * télécopie : (33) 5.49.45.46.45 * téléphone documentation : (33)

5.49.45.52.50. e­mail : [email protected]­poitiers.fr * http://www.mshs.univ­poitiers.fr/migrinter/index.htm

­­Revue Européenne des Migrations Internationales (REMI) * MSHS * 99, avenue du Recteur Pineau * F­86022 POITIERS cedex

Téléphone rédaction : (33) 5.49.45.46.56. * télécopie : (33) 5.49.46.45. * e­mail : [email protected]­poitiers.fr

Page 2: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

2

&&&

Il n’est pas dans mon propos de retracer ici l’histoire des médias ou même

simplement de la télévision turque à l’occasion de ce Colloque rassemblé pour

commémorer le 75° Anniversaire de la République de Turquie. Cette contribution ne

s’attache pas en détail à l’historique des premières années de la modernisation de la

Turquie dans le domaine des médias, et ce pour la simple raison que l’auteur n’est

aucunement qualifié pour le faire. N’étant pas spécialiste des médias, ni même de la

communication en tant que telle, ce n’est pas l’Histoire politique ou idéologique, mais

plus l’Histoire et la Géographie sociales de la population turque dans son ensemble qui

retiendra ici l’attention, les aspects à la fois matériels et immatériels –lorsqu’il s’agit du

transport d’ondes, qu’elles soient hertziennes ou autres­ de l’évolution de l’offre

d’information et de communications à la population turque, population qui se caractérise

en cette fin de siècle par une formidable ouverture dans tous les domaines et une

expansion démographique ­et de ce fait géographique notable­, aussi bien sur le

territoire national que sur des terrains nouveaux, par le biais de nombreuses

communautés turcophones installées à l’étranger, sur un champ migratoire très vaste. Le

secteur des communications a dû ainsi faire face à des défis nouveaux, à la fois desserte

du territoire national et desserte du champ migratoire, dans un contexte général dit de

globalisation ou de mondialisation. Avec environ 63 millions d’habitants pour l’an 2000, la

Turquie dont on sait les relativement bonnes performances en matière économique,

restera malgré tout, au moins pour les quelques années à venir, une puissance moyenne,

loin derrière les principaux pays européens (Allemagne, France, Grande­Bretagne…), a

fortiori derrière les géants américain et japonais.

Cependant, la Turquie, dans ce dernier quart de siècle, a réalisé d’énormes

progrès dans l’usage des technologies nouvelles, et ce, en particulier, dans le domaine

des communications (télévision, informatique, télématique, vidéocommunications). Il n’y

a pas là d’effet « baguette magique » et il est certain que les évolutions les plus récentes

dans ces domaines de l’information et des communications trouvent leurs racines dans

l’Histoire contemporaine, aussi bien de la fin de l’empire ottoman que des premières

années de la République.

Dans cette communication, il sera surtout question d’un média, la télévision, et

d’un aspect particulier, l’extrusion / intrusion –pour reprendre la terminologie de Jean­

Page 3: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

3

Paul Constantin (1994) 1 ­ de ce média vers les populations vivant hors du territoire turc,

populations turques émigrées à partir des années 1960, voire populations turcophones

ressortissantes d’autres Etats en cours de construction, les Républiques Turcophones

d’Asie Centrale, mais aussi minorités turques des Balkans, du Proche et du Moyen­Orient.

Extrusion –émission de messages originaires d’une entité politique et sociale

déterminée, la Turquie ­, si l’on se place du côté turc, intrusion –réception des mêmes

messages dans des entités étrangères, non­turques ­, si l’on se place dans la logique des

pays récepteurs. Pour bien se représenter les progrès en cours, il peut être utile de se

rappeler que la radio turque commence à émettre dans les années 1920, que la

télévision à l’usage du public n’apparaît qu’à la fin des années 1960, dans un contexte de

monopole et de contrôle par le pouvoir politique de l’information à usage interne, puis

dans celui de la Guerre Froide, alors qu’aujourd’hui fonctionnent des centaines de chaînes

les plus diverses, que l’on peut capter en Turquie, dans les Balkans, dans le Caucase et

en Asie Centrale, mais aussi dans presque tous les pays d’immigration relevant du champ

migratoire turc. En d’autres termes, les média turcs sont passés en peu de temps d’un

système très contrôlé par l’Etat à un système au contraire très ouvert qui pose question

sur la démocratisation du système politique et sur l’émergence d’une société civile.

L’étude de ce média spécifique, dans le cadre de l’exportation de messages,

d’images, turcs (culturels, politiques, idéologiques, religieux, linguistiques…) me semble

hautement révélatrice de capacités d’évolution, d’une société en pleine transformation

depuis les premières années de la République, aventure débutée il y a soixante­quinze

ans. Si l’émigration est bien révélatrice des tensions socioéconomiques que vit une

société, la capacité d’exporter des messages sera à son tour révélatrice du rayonnement

économique, culturel, politique, de cette société.

La radio turque, rappel rapide (1927­1964)

Selon le quotidien Cumhuriyet, la date de naissance de la radio en Turquie serait

le 5 mai 1927 2 . Une première société créée par la Banque du Travail (İş Bankası),

l’Agence Anatolie, deux députés et un ingénieur, la Société à Responsabilité Limitée du

Marché de la Téléphonie Sans Fil (Telsiz Telefon Pazar Ltd ou TTTAŞ) émet d’Istanbul

d’abord, puis un an après, d’Ankara. Malgré le soutien de l’État, les débuts seront

difficiles. Ainsi les émissions sont interrompues du 18 janvier au 10 juillet 1930, faute de

financement ; le siège et les studios de Radio Ankara déménagent de Babaharman

1 Jean­Paul Constantin : intrusion et extrusion satellitaire, communication au Colloque d’Antalya, les Nouvelles Technologies de la Communication, les Transformations Socioculturelles en Europe Méridionale, en Turquie et dans les Pays Voisins, 15­ 20/03/1994, non publiée. 2 Selon la presse de l’époque, les dates du 5 ou 6 sont retenues. La Fédération Mondiale de la Radio (Paris) retient le 4 mars 1927 comme date officielle de début des émissions turques (Yurt, Türkiye Genel, 1982­84 : 8988).

Page 4: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

4

(aujourd’hui Telsizler) à Ulus, puis à la Présidence de la République, de là à Cebeci, puis

de nouveau à Ulus (Ankara Palas) avec une annexe à Sıhhıye. Ce n’est qu’en 1937, dans

le cadre de la Loi 3222, que la radio publique prend forme avec son transfert aux PTT et

la construction d’un immeuble pourvu des installations adéquates à Ankara (l’actuel

immeuble d’Ankara Radyoevi, 9, bld Atatürk, Opera). En 1940, la radio se trouve

rattachée à la Direction de la Presse. Alors que la radio d’Istanbul réapparaît en 1949, la

Municipalité d’Izmir crée sa propre diffusion cette même année, radio qui se verra

rattachée à la radio publique en 1953. En 1961, les émetteurs d’Ankara, Istanbul, Izmir,

Adana, Antalya, Gaziantep, Kars et Van, permettent de couvrir la majeure partie du

territoire turc. En 1964, l’établissement public TRT prendra possession de ces émetteurs

auxquels se sont entre temps ajoutés Erzurum, Diyarbakır et Iskenderun.

La radio turque est une radio publique, liée à État, formellement depuis 1937,

mais de fait depuis le départ lorsque l’on se rappelle les personnalités des fondateurs

(Celal Bayar, Mahmut Soydan, Cemal Hüsnü Taray, Fatih R. Atay et Sedat Nuri İleri). Les

missions que se réservent la radio sont l’information –politique évidemment, mais aussi

économique ou éducative, avec les campagnes d’alphabétisation des adultes avec le

nouvel alphabet latin (Millet Mektepleri) en 1928­1929­, la diffusion de la culture turque

et occidentale (place importante laissée à la musique classique européenne), musique,

théâtre…

La Loi 3222 de 1937 établit un monopole étatique (İnhisar) qui précise que toute

installation ou émission radiophonique, sur territoire turc, à partir de navires ou aéronefs

turcs, sont soumises à contrôle et autorisation du ministère de l’Information (Nafia

Vekâleti). Seuls les établissements scolaires et universitaires peuvent, sur autorisations

des ministères de l’Education (Maarif Vekâleti) et de l’Information, installer et diffuser

des ondes radiophoniques.

De fait, nous rappelle Aysel Aziz (1971), ce monopole –repris par la Constitution

de 1961, art. 121 et art. 35 de la Loi 359 relative à la création de l’Établissement

Public TRT­ n’est pas aussi strict ; un certain nombre de radios locales, liées

généralement au secteur public (ministères, universités, entreprises nationalisées…)

fonctionnent en Turquie et préfigurent ce que sera le développement des radios

indépendantes bien plus tard. Il s’agit souvent de résultantes d’équilibres politiques

passagers. En 1971, date de publication de l’article, la Turquie compte une vingtaine

de radios autonomes ­ si elles dépendent des émetteurs de TRT­ ou indépendantes,

car possédant leur propre émetteur. Ces radios locales se subdivisent comme suit :

• stations exploitées par des établissements publics (hors TRT),

Page 5: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

5

• stations exploitées par les Forces Armées,

• stations exploitées par des établissements relevant du ministère de l’Education

Nationale,

• stations exploitées par les Universités,

• stations exploitées par des administrations étrangères.

La première catégorie comprend les radios suivantes :

• Meteorolojinin Sesi Radyosu [la Voix de la Météo], Ankara, fondée en 1961

• Türkiye Polis Radyosu [Radio Police de Turquie], avec trois émetteurs à Ankara,

Istanbul, Izmir, datant de 1954 à 1965,

• EKİ – Ereğli Kömür İşletmeleri Eğitim Radyosu [Radio Educative des

Charbonnages d’Ereğli], Zonguldak, apparue en 1966 (sans autorisation !).

La seconde catégorie comprend deux canaux radio, émettant d’Ankara­Mamak et

Ankara­Ahlatlıbel : Ankara Mamak Ordu Radyosu (1960) [Radio de l’Armée – Station

de Mamak]et Havacıların Sesi Radyosu (1966) [la Voix des Aviateurs].

Les radios relevant de l’Éducation Nationale sont le plus souvent destinées à des

objectifs pédagogiques. Dotées de petits émetteurs à court rayon d’action, elles

permettent la formation de techniciens qualifiés dans des Lycées techniques, des Écoles

Normales d’Instituteurs ou des écoles de journalisme.

Les radios universitaires participent de la même logique ; İTÜ (Université Technique

d’Istanbul) est à l’origine d’une station radio (1946) et de la première télévision

expérimentale de Turquie, dès 1952. L’Université d’Istanbul (Faculté des Sciences) crée

également une radio éducative en 1951. Plus tard, apparaîtront d’autres canaux

universitaires (KTÜ­Trabzon en 1965, ODTÜ­Ankara en 1969, Eskişehir İTİA en 1971, à

l’origine de l’actuelle Faculté de Télé­enseignement qui émet sur satellite via les réseaux

TRT).

Les radios étrangères émettant sur le sol turc sont en fait les radios publiques des

Forces Armées américaines des bases de l’OTAN situées à İncirlik, Pirinçlik et

Karamürsel ; elles émettent en anglais à l’usage des militaires américains et de leurs

familles. Là où elles peuvent être captées, elles ont néanmoins un rôle non négligeable

pour l’ouverture aux informations et aux cultures étrangères. Leur existence a souvent

posé problème aux autorités turques qui ont obtenu la fermeture des émetteurs de

Samsun, Trabzon et Çiğli. İncirlik possédait même une télévision en circuit local.

Page 6: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

6

La télévision turque, bref historique (1952­1998)

Comme le font remarquer plusieurs acteurs de l’évolution de ce média en Turquie

(Gülizar 1995, Öngören 1982), si la date retenue généralement pour l’apparition de la

télévision turque est 1968, les premières émissions remontent à 1952, année où un

professeur de l’Université Technique d’Istanbul, Mustafa Santur, avec quelques collègues,

lance une expérience de télévision. Le rayon d’action de cette télévision n’est alors que

de trente à quarante km ; les émissions restent limitées à une heure le vendredi soir. Les

pouvoirs publics sont absents de l’opération, mais l’expérience durera en fait jusqu’au 13

mars 1970, date à laquelle les incidents entre étudiants et forces de l’ordre mettent fin

aux émissions universitaires. Elle reprendra deux ans plus tard, mais avec un contenu

plus étroitement éducatif (Aziz 1971, Öngören 1982).

C’est la constitution de 1961, par l’Article 121 voté le 24 janvier 1963 par

l’Assemblé Nationale, qui instaure le monopole étatique de la Radio­Télévision Turque

(Türkiye Radyo­Televizyon, TRT). TRT naît officiellement le 2 janvier 1964 et

rassemble les radios créées entre 1927 et 1949. Plusieurs facteurs concourent à la

naissance d’une télévision turque, l’intérêt des sociétés étrangères, privées ou publiques,

pour le marché turc, avec les présences néerlandaise (Philips), britannique (BBC) et

allemande qui offrent stages de formation et matériels, l’émigration vers l’Europe qui

commence à faire venir des téléviseurs achetés dans les pays d’immigration, l’ouverture

globale à l’étranger qui poussent les citadins à acheter des téléviseurs pour suivre les

programmes étrangers ou les étrangers résidant en Turquie qui offrent leurs téléviseurs à

leurs amis turcs en partant ! Au départ, les zones couvertes par les émissions télévisées

sont minimes ; elles ne dépassent pas quelques dizaines de km² autour d’Ankara, İzmir

ou İstanbul.

Le Paysage Audiovisuel turc (PAT)

* La télévision turque aujourd’hui, sous bénéfice d’inventaire

Une journée d’étude organisée par l’AFEMOTI (1995), un Colloque tenu à Antalya

(1994), le suivi de l’actualité des chaînes de télévisions diffusées par satellites (TDS) à

l’aide de la presse spécialisée, en particulier TéléSatellite, ou même sur Internet, auront

permis de prendre la mesure des évolutions intervenues depuis les années 1985­1990.

Les chiffres communément admis en 1995 pour les fréquences radio et télévision

disponibles en Turquie étaient de 664 pour les radios nationales et locales (1010 en

fonction à la même date !), publiques ou privées, de 272 pour les télévisions nationales

Page 7: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

7

ou locales (620 en fonction !), publiques (TRT) et privées. Cette inflation se trouvait

d’autant plus remarquable que le monopole étatique appartenant à TRT n’était

officiellement abrogé par un amendement constitutionnel que le 8 juillet 1992 (Loi du 24

avril 1994). Au total, avant la reprise en main par le Haut Conseil de la Radio­Télévision

(Radyo­Televizyon Üst Kurulu, RTÜK), au moins 2 000 stations de radio et 700

chaînes de télévision auront été créées en Turquie en très peu de temps 3 . Pour des

raisons à la fois juridiques et techniques –la répartition des fréquences sur le territoire

national­, il fallait bien édicter des règles de bonne conduite et de saine gestion.

_ chaînes nationales publiques

Entre 1964, date de sa création et 1994, date de la disparition légale du

monopole, TRT a sensiblement évolué. De la première émission publique expérimentale

en 1968 à l’offre de téléenseignement diffusée en Europe par satellite, en passant par la

généralisation de la couleur et l’émission de programmes vers l’Europe immigrée ou

l’Asie centrale turcophone (TRT 5, programme Avrasya 4 ), on peut ainsi mesurer le

chemin parcouru par Établissement Public.

Sans entrer dans les détails techniques ou même politiques, au demeurant assez

classiques dès lors que l’on examine l’historique des télévisions publiques qui voient le

poids affirmé des autorités de tutelle sur l’information, la programmation, les

personnalités des présidents… –l’ORTF française en serait un autre exemple­, on

rappellera simplement les dates suivantes :

• le 15 septembre 1986, apparition d’une seconde chaîne de télévision publique (TRT

2),

• le 2 octobre 1989, création d’une troisième et quatrième chaînes télévisées (TRT 3 et

GAP­TV), premier programme à vocation régionale, dans le cadre du grand

programme d’aménagement du Sud­est anatolien (une trentaine d’ouvrages

hydroélectriques et hydrauliques destinés à l’irrigation de centaines de milliers

d’hectares, travaux connexes d’aménagement : communications, industrialisation…),

• le 29 février 1990, mise en service de TRT 5 ou TRT Int, diffusant par satellite à

l’usage des émigrés d’Europe, des Turcophones d’Eurasie des programmes

sélectionnés sur les télévisions nationales turques.

3 Précisions données par Turan Gökaltay, journaliste parisien, lors d’une Table Ronde organisée par l’AFEMOTI (12/06/1995) : L’audiovisuel turc ; petit croquis pour un bref état des lieux, non publié. Voir le compte­rendu de Nicolas Monceau dans les CEMOTI en bibliographie. 4 Avrasya / Eurasie, nom du programme de TRT 5, s’inscrit dans toute une série de raisons sociales apparues durant les années 1990 principalement. Sont à vocation « eurasiatiques » des sociétés de transports routiers de marchandises et passagers, un car­ferry (rendu célèbre par une prise d’otages), des revues dont la très officielle Eurasian Studies de TIKA, des agences de voyages ou de location. Quelques ouvrages revendiquent la vocation eurasiatique de la Turquie dans des domaines divers. Affaire à suivre…

Page 8: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

8

Chaînes nationales privées

Les chaînes privées peuvent être considérées comme nationales lorsqu’elles visent

à la couverture totale du territoire turc, soit par le biais de relais hertziens, ce qui induit

une collaboration avec TRT, les PTT, puis Türk Telekom, soit par le moyen de la TDS, ce

qui implique la location d’un canal satellite. Dans ce cas, techniquement plus souple et

finalement assez peu onéreux, les possibilités sont multiples ; Türksat, Eutelsat, Intelsat,

sont les partenaires les plus fréquents, mais des télévisions à messages islamistes ont pu

passer par des prestataires russes (STV Samanyolu sur Gorizont­Statsionar en 1994 par

exemple).

Les chaînes turques ont la particularité d’être liées à de grands groupes présents à

la fois dans le secteur financier et les média, presse écrite en particulier. Ceci leur donne

deux avantages :

­ une bonne assise financière dès le départ, toutes choses égales par ailleurs,

permettant un passage immédiat sur TDS,

­ une collusion immédiate et naturelle avec des quotidiens connus pour leurs idées

et leurs colorations politiques, quotidiens qui font la promotion de la chaîne et

chaînes qui font la publicité du quotidien !

Ainsi, il est de notoriété publique que Cem Uzan contrôle ou contrôlait Star et Kral

TV, qu’Erol Aksoy est actionnaire de Ciné 5 et Show TV (où il retrouve Erol Simavi,

propriétaire du groupe Hürriyet), que Kanal D était liée par le groupe Doğuş Holding au

quotidien Milliyet, que Star, Kanal 6 ou İnterStar ont connu l’action décisive d’Ahmet

Özal, fils du Président Özal, qu’ATV appartient à Dinç Bilgin (quotidien Sabah), HBB à

Bilge Has, que Samanyolu est proche du quotidien islamiste Zaman, et TGRT appartient à

İhlâs Holding, comme le quotidien Türkiye. Ce constat fait par Turan Gökaltay au

Colloque AFEMOTI (1995) était déjà clairement exposé dans l’hebdomadaire Cumhuriyet

Hafta n° 43 de 1993. La difficulté est surtout de suivre les péripéties juridico­financières

de tous ces groupes, à la fois industriels, médiatiques et souvent politiques !

Cet état de fait a cependant une conséquence très importante dans la vie

politique, sociale et culturelle turque : celle de l’apparition et de l’affermissement d’une

véritable liberté d’information –renforcée par le choix éventuel de télévisions étrangères,

sur le câble ou sur la parabole­, et d’une totale pluralité d’expression. Le discours officiel,

contrôlé par l’État, existe toujours (TRT), le discours proche du pouvoir en place –qui

peut différer du discours étatique­ aussi, grâce aux média proches des partis ; il n’est

pas rare que la censure essaie de s’établir, en particulier avec le RTÜK ou le MGK (Millî

Page 9: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

9

Güvenlik Konseyi : Conseil de Sécurité Nationale) 5 et surtout sur des sujets tabous (la

question kurde ou le rôle et la personnalité d’Atatürk), mais la multiplicité des

expressions réellement présentes dans les média (presse écrite et audiovisuelle) aura

changé bien des choses.

La progression observée depuis les années 1980 est immense. La liberté

d’expression n’est certes pas totale, mais de ce point de vue, la Turquie est bien plus

proche des États Unis ou de l’Europe occidentale que de n’importe lequel de ses voisins.

Entre journaliste en Turquie reste toutefois un métier à haut risque. Les associations

telles que Reporters sans Frontières ou Amnesty International dénoncent sans cesse les

disparitions de journalistes tandis que les télévisions sont habituées à être interdites

d’émission pour des périodes en général courtes (un à quelques jours) par le RTÜK et

que de nombreux journaux, en particulier pro­kurdes, connaissent des procès en

cascade. Cependant, il existe bel et bien en Turquie un marché de l’information et des

loisirs audiovisuels. On a pu voir à la télévision aussi bien des plaidoyers pour

l’intégrisme que des interviews d’Abdullah Öcalan, ancien dirigeant du PKK. Les

téléspectateurs ont pris l’habitude de suivre des émissions qui vont du voyeurisme au

reportage de qualité sur des sujets aussi nouveaux (et difficiles pour les Turcs peu

habitués à ce type d’information publique) que le SIDA, la prostitution, la drogue, les

enfants des rues. Coexistent sur les ondes artistes et présentatrices court vêtues,

militantes islamistes vêtues à la mode tesettür, émissions à la gloire d’Atatürk et

apologies de la civilisation islamique. Les discours et les arguments sont souvent délivrés

sans précautions à un public friand de sensations fortes, et à cet égard, la télévision

rappelle sans conteste la presse turque. Mais on se rappelle une première émission sur le

procès et l’exécution d’Adnan Menderes qui tint en haleine pendant de longues heures

toute la Turquie, avec reprises de documents inédits de l’époque, témoignages directs

des acteurs et débat ouvert (programme 32.Gün de Mehmet Ali Birand débuté en

novembre 1985 sur TRT, puis repris avec l’animateur sur une chaîne privée). Le premier

débat public en direct a rassemblé le 17 avril 1989 Turgut Özal, Erdal İnönü et Süleyman

Demirel. Une première tentative de table ronde avait déjà réuni en 1983, Turgut Sunalp,

Turgut Özal, Necdet Calp et Hüsamettin Çelebi, mais en différé pendant sept journées de

transmission. En Turquie, ce type de programme représentait dès lors une avancée

considérable sur le chemin de la liberté d’information.

5 Le MGK ou Conseil de la Sécurité Nationale est un organe constitutionnel imposé par la Constitution élaborée à la suite du Coup d’état du Général Kenan Evren (1980). Composé des Chefs d’Etat­Major et de quelques personnalités civiles, il a pour objectif de maintenir la vie politique turque dans la voie balisée par cette nouvelle Constitution. L’Armée se trouve de ce fait en position de constante vigilance face à l’évolution politique. Elle a ainsi beaucoup influé sur le départ de Necmettin Erbakan du gouvernement et l’interdiction du Refah Partisi.

Page 10: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

10

Dans le foisonnement des initiatives privées, il est difficile de suivre en détail

l’évolution du paysage audiovisuel turc (PAT). A titre d’exemple, on se bornera à donner

une rapide description des programmes d’une journée, le 24 novembre 1998, tel que

reproduit par le quotidien Cumhuriyet (édition turque) :

­ TRT diffuse six programmes sur cinq chaînes : TRT 1 à TRT 5, soient cinq chaînes

généralistes comprenant le programme international Avrasya, le programme régional

GAP­TV, le programme éducatif diffusé en Turquie et un temps en Europe par

l’Université Anadolu d’Eskişehir et le ministère de l’Education Nationale.

­ Les chaînes privées nationales sont au nombre de 14 : Show TV, Kanal 6, Ciné 5,

NTV, Number One (en turc dans le texte !), Kanal E, A­TV, TGRT, CTV, Kanal D,

İnterStar, HBB, Flash TV, 9. Kanal. Seules CTV, Kanal E et 9. Kanal n’apparaissent

pas sur les tableaux de TéléSatellite en diffusion européenne.

On relèvera sur cette page une brève concernant les changements de direction sur

Kanal E, un éditorial de Mahmut T. Öngören, ancien Président de TRT, et le programme

radio de … Radyo Cumhuriyet ; le quotidien sérieux de Turquie, que l’on compare assez

souvent au Monde, n’a pas résisté à la mode ambiante !

Chaînes locales

Ces chaînes locales, fort nombreuses, se sont développées en marge du contrôle des

pouvoirs publics. Elles ont souvent maille à partir avec le RTÜK dont l’une des missions

est bien de surveiller les discours qui peuvent sembler, ou sont, anticonstitutionnels, liés

de près ou de loin, à tort ou à raison, à la propagande autonomiste ou indépendantiste

kurde, aux discours islamistes et antikémalistes, antilaïques, voire antirépublicains. Ainsi,

alors que le secteur associatif se trouve toujours suspecté de divulguer des idées

socialistes ou collectivistes, ce sont les municipalités qui se sont mises sur le devant de la

scène, créant radios et télévisions locales.

• La radiophonie aujourd’hui, capitaux privés et radios locales

La radiophonie a suivi très exactement le modèle de la télévision privée, avec laquelle

les liens sont d’ailleurs nombreux. Chaque télévision, chaque journal, de Türkiye (Huzur

FM sur satellite)à Cumhuriyet (Cumhuriyet FM), de nombreuses municipalités, certains

services publics –déjà présents sur les ondes comme, on l’a vu, la Police ou la Météo

nationale­ ont créé une radio nouvelle. On compte en 1995 au moins 2 000 radios et il en

naît de nouvelles chaque semaine. Le RTÜK a fort à faire pour faire respecter, ne serait­

ce que la diffusion sur des canaux répartis de façon à ce que ces radios locales soient

audibles sans être brouillées par les voisines ! La boulimie de communication anatolienne

Page 11: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

11

donne quelques « success­stories made in Turkey » (chômeur, appariteur, préposé au

thé de telle ou telle administration locale qui trouve sa vocation dans la communication

et devient un personnage respecté et … riche, histoires complaisamment rapportées par

la presse ou la télévision. Derrière chaque radio de diffusion nationale, vite relayée par le

satellite vers l’Europe –opération qui coûte finalement moins cher que de se doter d’un

réseau hertzien, même sur support PTT­ se profile le holding déjà engagé dans la presse

écrite et l’industrie. Rumeli Holding, Doğan Medya, İhlâs Holding, pour ne citer qu’eux

(supplément du Monde du 12.11.1998) sont présents sur tous les fronts, sans oublier la

presse écrite qui semble bien se porter selon la même source puisque 27 journaux

nationaux et 400 locaux sont recensés en 1997. Ce modèle d’intégration média­banque­

industrie­services se retrouve de fait dans les villes émergentes d’Anatolie, Konya,

Kayseri, voire Yozgat ou Malatya, où se multiplient les holdings comme YİBİTAŞ et

YİMPAŞ, parfois surnommés les « Tigres d’Anatolie » (Anadolu Kaplanları).

L’intrusion de la télévision étrangère en Turquie

Si la Turquie médiatique s’ouvre, il serait sans doute utile de faire la part de la

réception ­de l’intrusion sur les ondes turques­ des télévisions étrangères. Si les

antennes paraboliques se vendent facilement, c’est aussi pour capter des chaînes

étrangères et les PTT ont pour leur part fait un effort non négligeable pour équiper les

grandes villes de réseaux câblés. Le tableau ci­dessous donne un état des programmes

disponibles sur le câble à Ankara en 1995 :

L'offre télévisée à Ankara, année 1995

Dénominatio n

Horaires Programme s

Langue Origine Observatio n

Kanal D 6h30/3h généraliste Turc privée İnterStar 7h/5h généraliste Turc privée Show TV 7h/3h généraliste Turc privée A­TV 6h/3h généraliste Turc privée TRT 1/TV 1 24h/24h généraliste Turc publique TRT 2/TV2 10h/2h généraliste Turc publique HBB 24h/24h généraliste Turc privée TGRT 6h/3h généraliste

+ Turc privée connot.

relig. Kanal 6 7h/4h généraliste Turc privée TRT 3/TV3 17h/24h culturelle Turc publique TRT 4/TV4 15h/23h régionale Turc publique

Page 12: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

12

TRT 5/Int 7h/24h Avrasya Turc publique internation al

Kanal 7 6h/2h religieux Turc privée Flash TV 8h/2h généraliste Turc privée Samanyolu 7h/24h religieux Turc privée Ciné 5 7h/3h cinéma Turc privée Number One 24h/24h musique Turc privée Kral TV 24h/24h musique Turc privée RTL 24h/24h généraliste Allemand Luxembour

g Sat 1 24h/24h généraliste Allemand Allemagne Eurosport 8h30/2h sports Internation

al France

MTV 24h/24h musique Anglais privée Pro 7 24h/24h généraliste Allemand Allemagne NBC 24h/24h information Anglais USA TV 5 24h/24h généraliste Français France Mesaj * religieux Turc privée locale ? CNN * 24h/24h information Anglais USA disponibles BBC * 24h/24h généraliste Anglais Gr.

Bretagne hors magaz.

Source : Teleskop 12.08.1995, magazine TV Hürriyet Les horaires sont donnés à titre indicatif, selon magazine Teleskop pour août 95 * nouvelles transmissions en cours d'instruction en 1995

RTÜK, la Haute Autorité turque de l’Audiovisuel

RTÜK est au Paysage Audiovisuel Turc ce que la Haute Autorité de l’Audiovisuel

est en France au PAF. Créé en 1983 par la Loi 2954 sous le nom de RTYK (Radyo­

Televizyon Yüksek Kurulu), cet organisme avait pour objectifs de superviser la totalité

des émissions radio et télévisées produites en Turquie, de choisir le Président de TRT

ainsi que la composition du Conseil d’Administration de l’Établissement en liaison avec le

Conseil des Ministres, de définir les plans de développement de l’audiovisuel (en laissant

par ailleurs place à l’émergence éventuelle de télévisions privées) et de fixer des règles

de conduite de la production audiovisuelle. Taner Dedeoğlu (1991) rappelle que ce

premier Haut Conseil est né sous les auspices du MGK et que la première grande affaire

qu’il a eu à régler est celle de l’apparition, a priori en toute illégalité, de la première

chaîne privée, dite alors Magic Box. Les premiers essais d’émission vers la Turquie

avaient été effectués à partir d’une antenne située à Chypre, puis en louant un

transpondeur à partir de Londres, avant de passer par l’Allemagne. Les premiers

incidents juridiques apparurent à propos de la retransmission du championnat turc de

football, puis d’une émission appelée Hodri Meydan qui déclencha des polémiques vives

Page 13: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

13

aux quelles participèrent de nombreux politiciens et non des moindres (Turgut Özal,

Süleyman Demirel, Erdal İnönü). Un arrêt de la Cour Constitutionnelle remarqua que

Magic Box (Star 1) était illégale, contraire au monopole, mais que les PTT devaient lui

fournir les moyens de diffuser en Turquie ! Le monopole tombait de facto.

Pour se faire respecter et plus encore pour faire respecter un véritable code de

déontologie, le RTÜK a fort à faire. Généralement critiqué pour son fonctionnement, sa

composition jugée toujours trop proche du pouvoir en place, cette Haute Autorité fait

figure de censeur peu indépendant. En 1993, 80 télévisions privées et 700 radios locales

ont été déclarées illégales… pour non­conformité avec la Constitution. En 1994, c’est la

Constitution qui a été amendée : les télévisions et radios condamnées au silence sont

vite réapparues. Les effets les plus sensibles de l’activité du RTÜK sont sans doute les

interdictions d’émettre qui touchent souvent, généralement pour une très courte période

(une journée), télévisions et radios privées. De toute évidence, les médias turcs sont

toujours à la recherche d’un équilibre entre liberté d’expression et forces politiques en

présence, d’une réelle déontologie entre différents rapports de force idéologiques et pour

résumer à la recherche d’une véritable société civile.

Emigration et télévision, l’extrusion turque

Les précurseurs de l’extrusion

Ankara Radyosu en 1938 disposait de deux émetteurs de 120 kW à usage

intérieur et de 20 kW à usage international. C’est la guerre de Corée qui pousse en 1950

le gouvernement turc à se doter d’un émetteur international de 100 kW, construit à

Çakırlar. Pour la première fois, la Turquie diffusait en turc loin de son territoire national.

Les précurseurs des programmes destinés à l’étranger sont mis en place entre 1950

(avec la station de Çakırlar) et 1964, avec la Voix de Chypre. Dès le premier abord, la

dimension politique des émissions destinées à l’extérieur est évidente : la Corée intègre

un corps expéditionnaire turc conséquent et Chypre devenue indépendante compte une

minorité turque relativement importante (18 % de la population) en situation de conflit

avec la majorité grecque.

• Kıbrıs Sesi Radyosu [Radio La Voix de Chypre] commence à émettre le 9

septembre 1964. En 1966, une conférence est organisée entre TRT et le Quartier

Général des Forces Armées qui deviendra de fait responsable de la diffusion le

28.10.1968. KSR est reprise par TSR (Türkiye’nin Sesi Radyosu) le 27 août 1974 à la

suite de l’opération militaire de Chypre Nord du gouvernement Ecevit, mais les

Page 14: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

14

programmes KSR ne disparaîtront que le 28 juin 1978, après quatorze années de

fonctionnement. (TRT : Dün’den Bugün’e…).

• Türkiye’nin Sesi Radyosu [la Voix de la Turquie], mise en service le 4 février 1967,

a comme toutes les radios de même type (Radio France International, Voice of

America, Radio Liberty, Radio Free Europe, Deutsche Welle, Voix d’Israël…) une

dimension culturelle et politique évidente. Il s’agit de faire passer les messages des

pouvoirs publics, informations politiques et culturelles, dans un sens favorable à la

Turquie. TSR émet en 1995 en allemand, anglais, français, arabe, hongrois, roumain,

serbo­croate, albanais, bulgare, grec, russe, azéri, ourdou, persan et chinois, soient

quinze langues. Les émissions en turc sont diffusées vers l’Europe occidentale et les

Balkans, le nord­est de l’Amérique, le Moyen­Orient et l’Afrique du Nord, l’Asie

orientale et du sud­est. De fait, ce sont aussi bien les pays d’immigration que les

pays de résidence des minorités turcophones qui sont ciblés. Une fréquence est

réservée à Radio­Tourisme qui émet en différentes langues occidentales à partir de

l’émetteur d’Antalya­Lara.

Médias et émigration ; du journal à la télédiffusion satellitaire

Avec le déclenchement de la migration internationale turque vers l’Allemagne,

entre 1958 et 1961, date du premier accord bilatéral, une ère nouvelle s’ouvre. Les

commentaires des sociologues, des premiers mémoires sur l’immigration turque en

Europe, laissent entrevoir une population désinformée, sans relation avec la Turquie,

coupée du monde extérieur par une barrière linguistique quasi infranchissable, en bref

aussi isolée de la société d’accueil que de la société d’origine. Partout, en critiquant

souvent violemment les autorités turques nationales ou consulaires sur un mode connu

en Turquie (Devlet Baba ne yapıyor ? : que fait le Père­Etat ?), le secteur associatif va

multiplier les initiatives (brochures, dépliants, bulletins d’information, permanences,

émissions de radios locales en turc, cours de langues des pays d’accueil) pour sortir les

immigrés turcs de cet isolement.

Paradoxalement, mais ce paradoxe n’est qu’apparent, les populations turques

immigrées sont aujourd’hui probablement les plus informées de toutes. Elles disposent

d’une dizaine de quotidiens, de quatre hebdomadaires, d’une quinzaine de télévisions

diffusées par satellites, d’une vingtaine de radios FM satellitaires, sans compter presse

politique et associative, journaux d’annonces, radios locales et télévisions câblées (ZfTS

1994).

Les tout premiers quotidiens présents en Allemagne apparaissent dès la fin des

années 1960 (Tercüman, Akşam, Sabah, Meydan, Güneş). Aujourd’hui coexistent

Page 15: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

15

quotidiens de toutes opinions, hebdomadaires, presse sportive, journaux d’annonces,

depuis les titres pro­kurdes (Özgür Gündem) jusqu’aux titres islamistes (Zaman, Millî

Gazete, sur abonnements principalement). Il existe aussi une presse née de

l’immigration en Allemagne (Avrupa, Türkiyem, Sesimiz / Unsere Stimme) peu présente

en France (Sayfa) au­delà des journaux d’annonces (Papağan, Divan, Posta, pour ce

dernier avec un effort sur la rédaction d’articles sur le contexte français).

Dès 1971, le quotidien conservateur Tercüman imprime et diffuse à partir de

l’Allemagne, mettant en place un réseau de correspondants européens. Il sera suivi en

1972 par Hürriyet et Milliyet, puis en 1974 par Günaydın (Zentrum für Türkeistudien

1994 : 451­455). Suivant les modes et les équilibres politiques internes à l’immigration

turque, ces quotidiens ont des tirages fluctuants ; il n’en reste pas moins que cette

presse destinée à l’émigration, adaptée aux besoins des expatriés (petites annonces,

publicités, pages Europe, informations sur le champ migratoire et le contexte européen…)

devient disponible dans toute l’Europe par les canaux habituels de diffusion. A

Stockholm, La Rochelle, Berlin, Aoste, Vienne, Zürich ou Londres, se procurer la presse

turcophone est facile.

En 1998­99, mais cela reste à confirmer, il semblerait que la presse écrite se soit

relativement effacée devant la progression de l’audiovisuel et des vidéocommunications.

En quatre décennies, l’immigration turque aura au moins connue trois périodes de

développement des médias, imbriquées par suite des avancées technologiques

accélérées que connaît cette activité :

• une période presse écrite, née à la fin des années 1960,

• une période vidéo avec la multiplication des magnétoscopes familiaux et de l’offre

commerciale,

• une période télédiffusion par satellite,

• une nouvelle ère liée à la découverte d’Internet et des réseaux Web.

a) La période presse, si elle semble battue en brèche, n’a pas encore disparue des

kiosques. Les journaux sont encore souvent lus dans les cafés turcs. Certains de ces

titres sont déjà présents depuis une trentaine d’années.

b) La période vidéo a connu de beaux jours dans les années 1980 et 1990. Le Centre

d’Études Turques d’Essen estime que 75 % des ménages turcs d’Allemagne sont

équipés de magnétoscopes contre 30 % des ménages allemands. Environ 6 000 titres

turcs étaient disponibles sur le marché allemand en 1991, dont 600 titres à

connotation religieuse. Le seul Land de Rhénanie du Nord­Westphalie comptait

environ 300 points de distribution, dont un tiers de vidéoclubs. Cette période s’est

Page 16: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

16

vue renforcée avec un nouveau gadget, le caméscope familial, très utilisé pendant les

séjours en Turquie et les rassemblements de la vie sociale immigrée (düğünler :

noces, fiançailles, circoncisions, fêtes associatives…).

c) La période satellitaire a débuté en 1987­1988, avec à la fois le passage de TRT à la

technologie de la TDS –TRT 5 commence à émettre en février 1990­ et l’apparition de

télévisions pirates.

d) La période Internet / Web ne fait que commencer : on y découvre pêle­mêle les sites

des ministères turcs du Tourisme ou des Affaires Etrangères, des Foyers de l’Idéal

(Ülkü Ocakları) plus connus sous la dénomination de Loups Gris, des Alévis d’Europe,

de certaines associations turques des Pays­Bas, d’Allemagne, depuis peu de France,

de la diaspora turco­tatare universitaire d’Amérique du Nord… Cela ne fait que

commencer et si les immigrés de la première génération n’ont de fait que peu de

chances de se servir de ce média, leurs enfants sont déjà bien « branchés », ne serait

ce que comme animateurs dans les centres socioculturels.

L’offre télévisée en Europe

En cette fin d’année 1998, un rapide relevé des tableaux édités par TéléSatellite,

relevé qui peut être fait mensuellement et que nous faisons de temps en temps (voir

tableaux en annexes), nous donne les résultats suivants :

• Türksat 1C diffuse 19 chaînes télévisées et 22 programmes FM, dont une chaîne

chypriote appelée Bayrak TV,

• DFS Kopernikus 1FM3 diffuse Kanal D et A­TV 2, version européenne d’A­TV à usage

des immigrés,

• Eutelsat 2F3 diffuse Eylik TV et Eylik FM,

• Eutelsat 2F1 diffuse à la fois TRT 5, TRT FM et Med TV, soit sur le même satellite le

discours officiel turc et ce qu’on pourrait qualifier de discours officiel kurde !

• Eutelsat 2F2 diffuse 5 télévisions et 4 radios FM, dont les programmes TGRT,

• Orion 1 diffuse Med TV en kurde.

Certaines chaînes sont diffusées sur plusieurs satellites, comme Med TV qui a beaucoup

changé de satellites ( !) 6 , d’autres ont adapté leurs programmes pour le public immigré ;

c’est le cas d’A­TV. Mais on remarque à la lecture d’autres numéros de la revue que TRT

n’a laissé sur TDS que la chaîne 5 (TRT Int) et que cette chaîne diffusée par Eutelsat

n’est apparue sur Türksat que récemment.

6 A la suite de l’arrestation d’Abdullah Öcalan et d’une campagne antiturque virulente, les autorités britanniques ont préféré, après mise en garde, suspendre les émissions de Med TV dont l’émetteur se trouvait en Angleterre (mars 1999).

Page 17: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

17

Cette offre est de plus en plus disponible en Europe, non seulement parce qu’elle

est en hausse absolue avec de nouvelles chaînes, mais aussi parce que les moyens

techniques se démocratisent : les antennes nécessaires deviennent plus petites (80 cm à

90 cm pour la plupart), plus pratiques et moins chères. La question en suspens est dans

toute l’Europe celle de la réception dans les domiciles des habitats collectifs, publics ou

privés.

Câble ou parabole ?

Autant la possession par les autochtones, dits parfois de souche ( !), de

magnétoscopes, de caméscopes, d’antennes paraboliques, d’ordinateurs reliés à Internet,

est synonyme de modernité –il s’agit bien d’être branché au propre comme au figuré­,

autant la possession de ces mêmes outils de communication par les familles immigrées

apparaît suspecte aux yeux des décideurs comme des gestionnaires des dites

populations, municipalités, établissements publics, bailleurs de logements… En d’autres

termes, Do not Watch TGRT (or TRT), CNN is Good for You ! ! ! Toute télévision

« musulmane », qu’elle soit d’origine maghrébine, turque, iranienne ou arabe (de

l’Egypte aux Pays du Golfe) est par définition suspecte de propagande islamique,

islamiste, nationaliste, et pour le moins suspecte de freiner l’insertion ou l’intégration des

populations immigrées.

Il n’y a pas qu’en Algérie ou en Iran que la parabole est dite « paradiabolique » ou

diabolisée, sans que l’on vérifie sérieusement le contenu des programmes. L’une des

parades trouvées par les autorités des pays d’accueil (Allemagne, Belgique par exemple,

la France se trouvant très en retard sur cette question) est la mise à disposition des

familles de réseaux câblés diffusant l’une ou l’autre télévision étrangère jugée plus

neutre. C’est ainsi que TRT 5 est souvent la seule chaîne turque diffusée en Allemagne ou

en Belgique, ou une chaîne égyptienne choisie pour des Algériens ou des Marocains qui

auraient préféré des programmes venus de leur propre pays et non des variétés ou du

cinéma égyptien ! Aux côtés de chaînes anglaises, allemandes, espagnoles, italiennes,

portugaises, …

Ceci ne va pas sans créer de problèmes, vite soulignés :

• l’antenne parabolique permet de capter les chaînes turques (ou arabes, ou

espagnoles, ou asiatiques…) et autorise le choix de l’usager ; le câble impose un

choix limité de chaînes selon le domaine linguistique concerné, pour les Turcs, TRT

presque systématiquement.

Page 18: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

18

• L’antenne parabolique est un investissement familial, mobile, de moins en moins cher

à performance technique égale ; le câble demande un investissement collectif bien

supérieur et impose le paiement régulier d’un abonnement.

• Il y a donc à la fois deux questions, l’une économique, réseau câblé ayant beaucoup

de mal à s’imposer et souvent déficitaire, l’autre politique, le droit à l’information et

aux loisirs dans la langue de son choix. La première question semble être un faux

débat, car les opérateurs sont bien souvent les mêmes ! La seconde est plus

polémique, à ce jour non tranchée, mais elle aura alimenté presse, débats

municipaux et électoraux et juridictions civiles. Dans toute l’Europe, cependant, l’idée

que l’information est un droit constitutionnel, international et communautaire semble

prévaloir de plus en plus. La discussion se porte de plus en plus sur le plan technique.

Il devient en tous cas difficile de justifier une interdiction de réception des télévisions

turcophones ou arabophones lorsque des chaînes francophones, anglophones ou

germanophones sont­elles aussi diffusées par satellites et reprises sur le câble à

Istanbul, Ankara ou Kayseri.

Le tableau ci­dessous, composé à partir des ouvrages édités par Claire Frachon et

Marion Vargaftig (1993 et 1995) donne une idée des premières expériences tentées sur

le câble en Europe, à l’usage des populations turcophones. Il semble bien –des travaux

sont en cours à Berlin­ que cette offre soit au moins pour l’Allemagne en train de

considérablement évoluer.

Les télévisions locales turcophones d'Europe Dénomination Localisation Système Programme

s Diffusion

TD1 : Türkisch Deutsch 1 Berlin câble Généraliste 160000 ATT : Avrupa Türk

Televizyonu Berlin câble Information

Piratage BTT : Berlin Türkiyem TV Berlin câble séries, clips

Cartoons TFD : Türkisches Fernsehen Berlin Câble Religieuse

in Deutschland AMGT ATR/Videotron : Anadolu Londres Câble Généraliste

Radio Television Migranten TV Amsterdam Câble Information

" Den Haag Immigrés " Rotterdam " Utrecht

Les chaînes transcrites en italiques sont créées par des Turcs en Europe Source : Frachon et Vargaftig (1993 et 1995)

Page 19: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

19

La télévision et l’Eurasie turque : l’exercice de la turcophonie

Avec la mise à disposition de programmes télévisés, publics et privés, à la fois vers les

pays du champ migratoire et les républiques turcophones d’Asie Centrale, du Caucase, ou

par voisinage des Turcophones d’Iran (Azéris en particulier), venus renforcer les

programmes radiophoniques, avec les nouvelles libertés de circulation acquises grâce à

l’ouverture de nouveaux postes frontaliers, avec les flux touristiques, marchands,

culturels, nouvellement créés, la Turquie a débuté une nouvelle approche de ce qui

pourrait être une turcophonie apparentée à l’exercice de la francophonie. Cette démarche

relève autant de l’économique que la culture, de la politique internationale que d’enjeux

idéologiques internes.

Les instruments de cette politique ont vite clairement été identifiés par les

observateurs français (cf. revue de presse : le Monde, Le Monde Diplomatique,

Libération, La Croix…). Cette offensive de la langue turque, pour reprendre un titre

d’article 7 , s’appuie sur l’opération Türksat et sur la création d’un Établissement Public

rattaché au ministère des Affaires Étrangères, TİKA.

TİKA, Agence de Coopération et de Développement Turque, a non seulement

favorisé la réception d’Avrasya en Asie turcophone –en faisant livrer des stations TVRO

(Television Receiving Only – station de réception et non d’émission) à Almaty, Bakou,

Tashkent, Bishkek­, mais aussi en motivant colloques et congrès sur la diffusion de la

langue turque, la création d’un turc « standard », en éditant ouvrages, dictionnaires,

revues, colloques. En réalité, TIKA et Türksat, pour être les plus connus, ne sont pas les

seuls outils de coopération.

TÜRKSOY, Agence de Coopération Culturelle dépendant du ministère de la

Culture, rassemble Turquie, Azerbaïdjan, Kirghizie, Turkménistan, Kazakhstan,

Ouzbékistan, Chypre­Nord, Tatarie et Bachkirie, pour favoriser publications, expositions,

festivals et commémorations, entre les pays membres. L’objectif de Türksoy, plus discret

que TIKA, est bien de faciliter la circulation des différentes manifestations des cultures

turcophones. Des éditions de l’épopée kirghize (Manas), des anthologies poétiques, des

festivals de danses et traditions populaires ont ainsi été organisés en Turquie, en Asie

centrale ou à Paris (Expolangues’96). Türksoy bénéficie en fait du soutien et du savoir­

faire de TİKA (Bülbüloğlu 1996).

7 Ankara, l’offensive de la langue, article de Sylvain Montecayo, La Croix, 21.12.1991

Page 20: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

20

TSR, TRT 5, TİKA et Türksoy, ne sont pas les seuls instruments de cette politique.

Le secteur privé s’est également intéressé à ce nouveau marché culturel. On citera

simplement, sans les détailler, les tentatives, parfois réussies, parfois ratées, du

quotidien Zaman, des chaînes TGRT, Kanal 6, Samanyolu, de nombreuses fondations

privées à discours religieux comme Marmara et Hakyol liés aux Nurcu et aux

Nakshibendîs (Bilici 1992, Avşar 1996). Le média, journaux, revues, télévisions, tiennent

une place importante.

A ceci, s’ajoutent d’autres opérations comme la création d’une Agence de Presse

turcophone, l’Union des Écrivains du Monde Turc, l’Organisation de l’Éducation et de la

Culture du Monde Turc (Avşar 1996). Il est évidemment bien trop tôt pour faire un bilan

des actions engagées, qui vont du don de dictionnaires et de machines à écrire à la

diffusion de programmes télévisés, en passant par une présence économique active

(Bâtiment­Travaux Publics, transporteurs, commerçants…) et les échanges universitaires.

Parties de rien ou presque, les relations –matérialisées par les lignes THY en Asie

centrale, Russie, Caucase, Balkans­ sont aujourd’hui quotidiennes. L’un des résultats les

plus sensibles de ces nouvelles relations est probablement le passage officiel rapide des

alphabets azéri, ouzbek et turkmène aux caractères latins.

Les Nouvelles Technologies d’Information et de Communication (NTIC)

Si la télévision est sans doute le média moderne le plus spectaculaire, par son

entrée dans tous les foyers, même les plus modestes, le plus visible, par la densité des

forêts d’antennes hertziennes, puis paraboliques sur les toits, mais aussi dans le paysage

par la construction de stations d’émission et de réception (Çamlıca, Emirler), de relais sur

des montagnes apparemment très isolées, les NTIC sont en Turquie de plus en plus

présentes dans le quotidien de la population, qu’il s’agisse des cartes bancaires, des

téléphones cellulaires (GSM : Global System for Mobile Communication), des connexions

au réseau web d’Internet, voire des systèmes de repérage et de suivi des véhicules

routiers (GPS : Global Positioning System) dont s’équipent des sociétés de transports

internationaux routiers (TIR), à partir d’un système de téléphonie et de localisation

satellitaire, Euteltracs. En 1993, des discussions portaient sur l’emploi du réseau

Inmarsat 3 pour le système GPS des transporteurs routiers (PTT 1992­1993).

Les rapports d’activité des PTT permettent de se faire une idée rapide des progrès

en cours. En 1994­1995, les PTT offraient les services suivants :

• 235 443 connexions réalisées (abonnements) pour la télévision câblée à Ankara,

İstanbul, İzmir, Antalya, Bursa, Adana, Konya, İzmit, Kayseri, Gaziantep,

Page 21: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

21

• 110 400 installations de téléphone mobile sur véhicules,

• 125 000 lignes d’appel (type « alphapage », « tattoo »…dans le cas de la France)

• 81 276 téléphones GSM,

• 6 072 connexions TURPAK, système de transferts de données,

• 5 000 connexions TÜRKEP (courrier électronique, en relation avec 56 pays)…

Les services plus classiques, téléphonie, télex, fax… étaient à la même date

proposés à 12 305 760 abonnés, avec automatisation à 99,6% et modernisation

importante (digitalisation pour 7 694 000 lignes).

Les télécommunications turques entre 1983 et 1990

Type d'appareil Nombre d'appareils habilités

Radio HF/58B 267 Radio terrestre VHF 12538 Radio maritime VHF 17814 Radio terrestre UHF 10941

Commutateur VHF/UHF 600 Téléphone sans câble 2245 Téléphone mobile 48569

Paging / "Alphapage" 29062 Radars divers 798

Radar maritime de croisière

154

Emetteurs radio / TV 363 "Citizen Band" 176864 LNB Satellite 67366

Antennes paraboliques 115270 Source : ministère des Communications, Ankara, 1991, p.198.

Avec l’apparition de consortiums privés dans le domaine des télécommunications

(Türkcell, Telsim), la privatisation partielle des PTT –la presse a longtemps discouru sur

la privatisation du T du Téléphone­ qui a permis l’émergence en Turquie comme ailleurs

en Europe d’une société Türk Telekom A.Ş., les progrès enregistrés ont été des plus

rapides en matière de téléphonie filaire et GSM, de connexions informatiques (e­mail et

Internet). Il suffit pour s’en rendre compte d’interroger les annuaires Internet turcs où se

retrouvent Universités, Entreprises, Municipalités, Presse et Institutions nombreuses.

Le supplément du Monde cité précédemment (12.11.1998) confirme le tournant

pris avec la privatisation partielle de Türk Telekom et l’ouverture aux capitaux privés :

Page 22: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

22

­ Türkcell associée à Ericsson va construire de nouvelles stations­relais GSM, de

nouvelles centrales et des bureaux d’accueil du public ; la société compte 1 750 000

usagers,

­ Telsim, associée à Nokia et Motorola se propose d’intégrer sept nouvelles stations

GSM et compte 780 000 abonnés,

­ plusieurs consortiums privés se lancent dans la concurrence : Doğuş, Doğan et

Sabancı associés à Telefonica Intercontinental (Espagne), Koç / SBC, Pagephone de

Hayyam Garipoğlu, associé à France Télécom, ce qui ne clôt pas le dossier, tant s’en

faut.

Enfin, il convient de souligner l’activité de plusieurs sociétés turques –toujours

associées à des groupes internationaux puissants (Alcatel, Northern Telecom, Siemens…)

dans le Caucase (Azerbaïdjan, Géorgie), en Asie centrale (républiques turcophones) dans

la production de matériels téléphoniques, l’installation de réseaux de fibres optiques, les

transmissions radio, télévision, téléphone, informatique et télématique (PTT Dergisi,

quotidiens turcs, supplément du Monde).

Conclusion

Signataire des Accords sur l’Union Douanière, la Turquie apparaît souvent comme

le parent pauvre de l’OCDE, parfois même comme la pièce rapportée d’une famille qui ne

sait comment se débarrasser ou au contraire intégrer l’étrangère avec qui il faut pourtant

vivre. La Turquie en Europe n’est cependant pas une vue de l’esprit ; c’est, avant tout –

mais ce n’est pas la seule : il faudrait adjoindre les effets du commerce extérieur, de

l’exportation culturelle, littérature traduite ou cinéma­ la présence active de presque trois

millions d’hommes, de femmes et d’enfants, travailleurs salariés ou indépendants,

consommateurs et usagers de biens et services produits en Europe occidentale, mais

aussi en Turquie. Avec les développements récents des technologies d’échanges,

transports, communications, les liaisons entre les deux espaces sont quotidiennes et

denses. Elles ressortent des géographies des transports, du commerce, du tourisme,

international, comme du quotidien des nombreuses familles installées, quels que soient

leurs bagages culturels, éducatifs, et leurs trajectoires ou leurs histoires de vie.

L’intrusion des médias turcs en Europe, dès lors qu’ils acquièrent une certaine visibilité –

en particulier par le biais de la soucoupe (çanak)­ est vécue comme une agression par les

autochtones, qui ne se privent pourtant pas de regarder la télévision française ou

allemande lorsqu’ils résident à l’étranger ! L’une des questions posées est bien celle de la

légitimité des exportations culturelles des uns face à celle des autres, au­delà des

Page 23: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

23

inévitables critiques sur la qualité culturelle ou éducative des programmes. Pourquoi ce

qui est présenté comme rayonnement culturel par les uns devrait devenir danger pour la

sécurité intérieure des mêmes parce qu’émis par les autres ?

Le pari de cette fin de siècle est celui d’une transparence totale des accès à

l’information et aux productions éducatives et culturelles. Aux prises avec quelques

grands problèmes politiques internes (retour de l’islam politique, question kurde,

démocratisation et Droits de l’Homme, construction d’une société civile…) ainsi que

quelques grandes interrogations géostratégiques (différend gréco­turc, opposition entre

Azéris et Arméniens, instabilité du Caucase, du Moyen­Orient…), la Turquie actuelle a

opté pour la privatisation, la déréglementation, l’ouverture à l’étranger (du tourisme

international au capital étranger). Les résultats sont impressionnants : tout le secteur

des médias s’est emballé ! Les résistances à ce nouveau climat de libéralisme

économique débouchant sur un libéralisme politique tout aussi nouveau sont fortes et

proviennent tout autant d’une opinion publique mal préparée à débattre sur des sujets

encore interdits hier que des milieux réputés conservateurs en matière politique et

sociale. Rien n’est encore définitivement joué, mais les progrès accomplis en Turquie

sont d’ores et déjà considérables.

Bibliographie sélective

­ Korkmaz ALEMDAR et Reşit KAYA (1993), Radyo Televizyonda Yeni Düzen,

Türkiye Odalar ve Borsalar Birliği, Ankara, 98 p.

­ Korkmaz ALEMDAR et Reşit KAYA (1994), Les transformations en Turquie entre 1980

et 1990 et les médias, in J. THOBIE et S. KANCAL, Industrialisation,

Communication et Rapports Sociaux, Varia Turcica 20, L’Harmattan, Paris, 111­

124

­ Sinan AMIKLIOĞLU (1989), Türkiye'de Telekomünikasyonun Bugünü ve Yarını

[Présent et Avenir de la Télécommunication en Turquie], contribution au Colloque

d'Eskişehir organisé par le GDR 832/CNRS, 28 p., non publié.

­ J.P. AUZEILL (1994), Les immigrés et l’audiovisuel, recensement des études,

Rapport ministère des Affaires Sociales, de la santé et de la Ville, Paris, 47 p.

­ J.P. AUZEILL (1994), Etude de faisabilité d’une enquête auprès des immigrés

sur leur comportement audiovisuel et leurs attentes, Rapport ministère des

Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville, Paris, 34 p.

­ B. Zahir AVŞAR (1996), Communication Between the Turkish Republics, Eurasian

Studies, 1, 101­113

Page 24: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

24

­ Aysel AZİZ (1971), Yurdumuzda TRT Dışındaki Yayın Durumu, AÜSBFD ­ Ankara

Üniversitesi Siyasal Bilgiler Fakültesi Dergisi, 26, 4, 113­138

­ Aysel AZİZ (1972), Yeni TRT Yasası, AÜSBFD, 27, 4, 101­134

­ Ali BANUAZIZI and Myron WEINER (1994), The New Geopolitics of Central Asia,

I.B. Tauris, London, New York, 288 p.

­ Henry BAKIS (1984), Géographie des Télécommunications, PUF, Que Sais­je ?,

2152, 128 p.

­ Henry BAKIS (1995), Quartiers défavorisés et télécommunications, Annales de

Géographie 585/586, 455­474

­ Faruk BİLİCİ (1992), Acteurs de développement des relations entre la Turquie et le

monde turc : les vakıf, CEMOTI, (14), 17­30.

­ Leïla BOUACHERA (1995), L’offre de programmes télévisuels diffusés par

satellite à destination des populations étrangères, Rapport ministère des

Affaires Sociales, de la santé et de la Ville, Paris, 71 p.

­ Polad BÜLBÜLOĞLU (1996), Cultural Cooperation in the Turkic World, Eurasian

Studies, 3, 45­47

­ Mohammed CHAABAOUI (1989), Dossier : la consommation médiatique des

Maghrébins, Migrations Société, 1, 4, 23­40

­ Taner DEDEOĞLU (1991), Anılarla Televizyon, Milliyet 126, İstanbul, 176 p.

­ Claire FRACHON et Marion VARGAFTIG, Ed. (1993), Télévisions d’Europe et

Immigration, INA, Association Dialogue entre les Cultures, 304 p.

­ Claire FRACHON et Marion VARGAFTIG, Ed. (1995), European Television :

Immigrants and Ethnic Minority, John Libbey & C° Ltd, Council of Europe, INA,

320 p.

­ José FRECHES (1990), La télévision par Câble, PUF, Que Sais­je ?, 2152, 128 p.

­ Şeref GÖZÜBÜYÜK (1969), Türkiye­Radyo­Televizyon Kurumu, AÜSBFD, 24, 1, 51­

70

­ Gérard GROC (1994), L’évolution de la presse écrite turque au cours de la décennie

1980, CEMOTI, 11, 89­118

­ Jülide GÜLIZAR (1995), TRT Meydan Savaşı, Ümit, Ankara, 183 p.

­ A.G. HARGREAVES (1993), Télévision et intégration : la politique audiovisuelle du

FAS, Migrations Société, 11­12, 30, 7­21

­ A.G. HARGREAVES (1992), L’immigration au prisme de la télévision en France et en

Grande­Bretagne, Migrations Société, 4, 21, 19­29

­ Selçuk İSKENDER (1983), Medien und Organisation. Interkulturelle Medien und

Organisationen und ihr Betrag zur Integration der Türkischen Minderheit,

Express, Berlin, 112 p.

Page 25: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

25

­ G. KIZILOCAK, C. AKKAYA et G. KAYA­SMAJGERT (1991), Konsum von Videofilm

der Türkischen Wohnbevölkerung unter besonderer Berücksichtigung von

Videofilmen mit Islamischen­fundamentalischem Inhalt, Essen, Zentrum für

Türkeistudien, 122 p. [Abridged Version for ZfTS Aktuell, Essen 1991, 15 p.]

­ Migrations et Pastorale (1995), Paraboles et Satellites. Entre ici et là­bas… menace

ou chance ?, n° spécial 257 de septembre­octobre 1995

­ Nicolas MONCEAU (1995), Le paysage audiovisuel turc (Activités de l’AFEMOTI),

CEMOTI, 20, 382­398

­ Erol MÜTERCIMLER (1993), 21. Yüzyılın Eşiğinde Uluslararası Sistem ve Türkiye

­ Türk Cumhuriyetleri İ lişkiler Modeli : Inceleme­Araştırma [Le système

économique au seuil du 21° siècle et le modèle des relations Turquie / Républiques

Turques : Recherches], Anahtar Kitapları, İstanbul, 413 s.

­ Mahmut Tali ÖNGÖREN (1972), Televizyona Açılan pencere, Ankara Gazeteciler

Cemiyeti, 110 p.

­ Mahmut Tali ÖNGÖREN (1982), Türkiye’de Televizyon’la İlgili Çeşitli Tarihler, İ letişim

– AİTİA, 4, 267­296

­ Mahmut Tali ÖNGÖREN (1981), Türkiye’de Renkli Televizyon, İ letişim – AİTİA, 2,

135­172

­ Mahmut Tali ÖNGÖREN (1978), Örnekolay : TRT, AÜSBFD, 33, ½, 105­132

­ Antonio PEROTTI (1991), Dossier : Présence et représentation de l’immigration et des

minorités ethniques à la télévision française, Migrations Société, 3, 18, 39­55

­ TC POSTA İŞLETMESİ G.M. (1990 à 1996), PTT İstatistikleri, Ankara

­ PTT Faaliyet Raporu (1989­1995), Activities Reports (1989 to 1995), Ankara

­ PTT Dergisi [Revue des PTT], revue mensuelle des PTT turques, Ankara

­ Anne RAULIN (1990), La consommation médiatique des Asiatiques, Migrations

Société, 2, 8, 17­28

­ Haluk ŞAHİN and Asu AKSOY (1993), Global Media and Cultural Identity in Turkey,

Journal of Communications, 43, 2, 31­41

­ Bilâl ŞİMŞİR (1993), Türkiye ile Türk Cumhuriyetleri Arasında Anlaşmalar,

1990­1992, [Accords entre la Turquie et les Républiques Turques], T.O.B.B. Ankara,

2 cilt.

­ Stéphane de TAPIA (1998), La communication et l’intrusion satellitaire dans le champ

migratoire turc, Hommes et Migrations (Immigrés de Turquie), 1212, 102­110

­ Stéphane de TAPIA (1997), Télécommunication et télédiffusion satellitaire des pays

musulmans. Une approche du cas turc : état des lieux et implications, Journées de

Schauinsland, 13­14/12/1996, le Message de l’Image / Die Botschaft der Bilder,

Textes rassemblées par B. HEYBERGER, 20 p., non publié

Page 26: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

26

­ Stéphane de TAPIA (1996), Logistique de l’émigration ou logistique d’une diaspora ?

Les réseaux turcs d’Europe, in G. PREVELAKIS (Dir.), Les Réseaux des Diasporas,

L’Harmattan – KYKEM, Paris – Nicosie, 287­304

­ Stéphane de TAPIA (1996), Echanges, transports et communications : circulation et

champs migratoires turcs, Revue Européenne des Migrations Internationales,

12, 2, 45­72

­ Stéphane de TAPIA (1995), Türksat et les républiques turcophones de l’ex­URSS,

CEMOTI, 20 (Médias d’Iran et d’Asie Centrale, CR de la table Ronde AFEMOTI sur le

Paysage Audiovisuel Turc), 399­413

­ Stéphane de TAPIA (1994), Les Postes et Télécommunications et l’émigration,

communication au Colloque d’Antalya, 15­20/03/1994, Les nouvelles technologies de

la communication, les transformations socio­culturelles en Europe Méridionale, en

Turquie et dans les pays voisins, non publié

­ Alain TARRIUS et Lamia MISSAOUI (1995), Structures d’usages des

télécommunications chez les entrepreneurs circulants, Rapport de recherche

France Télécom / CNET / DRH, 87 p.

­ TELE Satellite, les Nouvelles Télécommunications, Montreuil

­ TİKA (Türk İşbirliği ve Kalkınma Ajansı), Eurasian Studies, Eurasian File et Rapports

par pays, Ankara (§ communications, accords bilatéraux, informations diverses sur le

sujet), 1994, Azerbaycan, Kazakistan, K¢rg¢zistan, Özbekistan, Türkmenistan, Ülke

Raporları, Ankara, éditions revues et réactualisées

­ TRT / TÜRKIYE RADYO­TELEVIZYON (), Dün’den Bugün’e Radyo­Televizyon

(1927­1990), Ankara, TRT, 112 p.

­ René WALLSTEIN (1992), les Vidéocommunications, PUF, Que Sais­je ?, 2475, 128

p.

­ ZENTRUM FÜR TÜRKEISTUDIEN (1994), Ausländer in der Bundesrepublik

Deutschlands : Ein Handbuch, Studien und Arbeiten 10, Leske + Budrich, Opladen,

528 p.

­ ZENTRUM FÜR TÜRKEISTUDIEN (1992), Die Türkischen Programme in Berliner

Kabelfernsehen zw ischen Integration und Medialer Isolation, Essen, Working

Papers 8, 18 p.

­ ZENTRUM FÜR TÜRKEISTUDIEN (1991), Zum Integrationspotential der

Türkischen Tagespresse in der Bundesrepublik Deutschlands (Ergebnisse

einer quantitativen und qualitativen Inhaltsanalyse türkischer

Tageszeitungen), Studien und Arbeiten 7, Leske + Budrich, Opladen, 80 p.

­ ZENTRUM FÜR TÜRKEISTUDIEN (1991), Videokonsum der türkischen

Wohnbevölkerung in NRW unter besonderer Berücksichtigung islamisch­

Page 27: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

27

fundamentalisch Videos, Essen (Abridged version of survey in ZfTS Aktuell, 1991,

15 p.)

­ ZENTRUM FÜR TÜRKEISTUDIEN (1988), Die Türkische Presse in der

Bundesrepublik Deutschland und ihr Einfluss auf die Integration Türken

(Standpunkte und Analysen), Bonn, 71 p.

b) Revue de Presse :

­ La mosaïque iranienne menacée, Kıvanç Galip Över, Nokta (traduction dans

Courrier International n° 240, 8 juin 1995

­ Ankara, l'offensive de la langue, Sylvain Montecayo, La Croix, 21.12.1991

­ TRT Türkîleri kucaklıyor, Cumhuriyet, 11.03.1992

­ Türkiye Uzayda Çağı Yakalıyor, Tayfun İşbilen, Cumhuriyet Hafta, n° 37, Eylül 1994

­ Le costume trop large du pôle turc, Marc Semo, Libération, 03.01.1994

­ Türkistan ve TRT, Mehmet Şevket Eygii, Millî Gazete, 29.04.1992

­ Kazakistan Devlet Baş’ından Türkiye'ye : Uzayda İşbirliği Teklifi, Millî Gazete,

03.05.1992

­ La Turquie dans le Grand Jeu, Alain Gresh, Le Monde Diplomatique, avril 1992

­ Raz­de­marée télévisuel sur le continent asiatique, Philippe le Corre, Le Monde

Diplomatique, Janvier 1994

­ PTT'nin Orta Asya Çıkarması. Haberleşme ve TV Yayınları, PTT Dergisi, (115),

Haziran 1992

­ Türk Cumhuriyetlerinde Telekomünikasyon İmkanları, Cenğiz Anık, PTT Dergisi,

(128), Temmuz 1993

­ Türksat Uzay Yolculuğuna çıkıyor ..., Bekir Öztoprak, PTT Dergisi, (134), Ocak

1994

­ Türksat artık Uzayda, PTT Dergisi, (141), Ağustos 1994

­ Türk Telekomünikasyonunun Dış Yatırımları, Abdullah Gündüz, PTT Dergisi (141),

A¸ustos 1994

­ TRT 1' deki Açık Oturum ve Türkistan Seferi, A. Baki Dökme, Tercüman, 29.04.1992

­ TRT Türk Dünyasını kucaklıyor, Ali Budak, Tercüman, 08.04.1992

­ Türksat ve Türk Kültür Birliği, Nevzat Yalçıntaş, Türkiye, 31.01.92

­ TRT'nin Asya Yayınları ve Dil Birliği, Ayhan Songar, Türkiye, 08.05.1992

­ Turkey pushing Eastward... by Satellite, Blaine Harden, Washington Post,

22.03.1992. (traduction dans Courrier International n°75, 09.04.1992)

­ Propagande sans frontières : l’intox par satellite, c’est encore mieux !, The

Economist, (traduction dans Courrier International n° 81, 21 mai 1992

Page 28: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

28

­ Türk TIR'larına Iran Engeli : Kazakistan'a mal götüren Türk TIR'ları 20 gün gecikmeli

olarak yola devam ettiler, Zaman, 16.04.1992

­ TRT Yetkilileri : Ortak Dil Kullanmak Zorundayız, Zaman, 13.05.1993

­ Le Monde, supplément du 12.11.1998 réalisé par Interfrance Media : le téléphone

portable soulève l’enthousiasme (p. 21), A la une de la presse écrite (p. 23)

Annexes

A) Chronologie de l’histoire de la télévision turque

• 26 avril 1927 : première émission radiodiffusée à Ankara et Istanbul, la

Turquie compte 2000 récepteurs

• 1937 : Ankara Radyosu est rattachée aux PTT

• 19 novembre 1949 : inauguration d’Istanbul Radyosu, la même année Izmir Radyosu

entre en service

• 9 juillet 1952 : première émission de télévision en Turquie diffusée par ITÜ,

Istanbul Teknik Üniversitesi

• 2 janvier 1964 : création de TRT : Türkiye Radyo Televizyon

• 19­22 juin 1964 : participation de TRT à la conférence de Vienne ; European

Broadcasting Union

• 9 septembre 1964 : émission de Kıbrıs Sesi Radyosu

• 13 juin 1966 : premiers essais de télévision de TRT

• 4 février 1967 : création du département des émissions vers l’étranger de Radio

Ankara, Türkiye’nin Sesi Radyosu

• 31 janvier 1968 : première émission de télévision de TRT – Ankara

• 26 août 1972 : TRT entre à Eurovision

• 30 décembre 1972 : entrée en service de l’émetteur de Çamlıca / Istanbul

• 24 mai 1974 : TRT émet 7 jours sur 7 ; les taux de couverture atteignent 28 % du

territoire et 55 % de la population

• 7 juillet 1978 : entrée en service de l’émetteur de Çakırlar / Ankara

• 19 juin 1981 : Türkiye’nin Sesi émet en Albanais, Hongrois, Serbo­Croate, Chinois et

Russe

• 31 décembre 1981 : début des émissions en couleur

• 1 juillet 1982 : Türkiye’nin Sesi émet en Turc vers l’Amérique du Nord et l’Australie

• 22 mars 1984 : entrée de la Turquie dans l’organisation INTELSAT

• 1 juillet 1984 : les émissions sont toutes en couleur ; la Turquie compte 6 023 000

postes de radio et 8 116 000 téléviseurs

• 15 septembre 1986 : TRT­2, seconde chaîne de télévision

Page 29: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

29

• novembre 1986 : débuts des deux premières télévisions câblées turcophones à

Berlin ; Berlin Türkiyem Televizyonu BTT et Avrupa Türk Televisyonu ATT

• 1 février 1987 : début des transmissions satellitaires pour TRT­1 et TRT­2

• 26 décembre 1988 : essais de transmission de télévisions étrangères par câble à

Çankaya

• 2 octobre 1989 : TRT­3 et GAP­TV, nouvelles chaînes de télévision

• 10 janvier 1990 : début des émissions en télétexte sur TRT « Telegün »

• 29 février 1990 : début de TRT­5, appelée aussi TRT­INTernational, via le

satellite EUTELSAT­1F4, puis passage à EUTELSAT 2F1

• 1990 : STAR 1, première télévision privée turque, commence ses émissions à partir

du sol allemand, en contrevenant à la Loi sur le monopole de la diffusion

• 1 avril 1992 : création du programme Avrasya vers l’Asie Centrale

• 9 juin 1992 : apparition des premières radios privées en Turquie

• avril 1993 : TGRT du groupe Ihlâs Holding émet vers l’Allemagne par Eutelsat 2F3

• 8 juillet 1993 : abrogation du monopole de TRT par un amendement constitutionnel

• 22 janvier 1994 : échec du lancement du satellite Türksat 1A, Ariane explose à six

minutes de vol

• 11 août 1994 : lancement réussi du satellite Türksat 1B

• 24 avril 1995 : naissance de Türk Telekom A.S.

• 1996 : lancement réussi du satellite Türksat 1C

• 1999 : lancement prévu de Türksat 2A par Eurasiasat, société mixte composée de

Türk Telekom A.S. et Aérospatiale

B) Tableaux statistiques

Les Satellites en bandes C et KU en 1994 Satellite Fréquence

GHz Programme TV Programme radio Observation(s)

Gorizont 22 /

3,875 STV Samanyolu privée : islamiste

Statsionar 12 Intelsat 604

10,992 TRT TV4 publique

Intelsat 604

11,136 TRT TV3 publique

Intelsat 604

11,65 TRT TV1 publique

Page 30: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

30

Intelsat 604

11,65 Radyo Ankara publique

Intelsat 604

11,685 TRT TV2 GAP publique régionale

Intelsat 604

11,685 Rad. Diyarbakir publique

Intelsat 604

11,685 Holiday Radyo publique usage touristes

Eutelsat 2F3

11,062 Feed TGRT liaison technique

Eutelsat 2F3

11,095 TGRT privée : islam/nationaliste

Eutelsat 2F3

11,617 HBB privée : généraliste

Eutelsat 2F3

11,617 N°1 FM privée

Eutelsat 2F1

11,181 TRT Int/Avrasya

publique internationale

Eutelsat 2F2

10,987 A­TV privée : généraliste

Eutelsat 2F2

11,08 Ciné 5 cryptée / cinéma

Eutelsat 2F2

11,575 Show TV privée : généraliste

Eutelsat 2F2

Show Radyo privée

Eutelsat 2F2

11,617 Tele On privée : musicale

Eutelsat 2F2

Metro FM privée

Eutelsat 2F2

Super FM privée

Eutelsat 2F4

11,613 Kanal 6 privée : généraliste

Eutelsat 2F4

Kanal Market privée : télé­achat

Eutelsat 2F4

11,575 Kanal D privée : généraliste

Source : Télé Satellite, mars 1994, pp.92 ­ 105

Page 31: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

31

Réception Satellite (Télévision et Radio) Turcophone en Europe (1996)

Satellite Fréquence GHz

Programme TV

Programme Radio

Groupe turc Particularité( s)

Horaires

Türksat 1B 10,97 A­TV Internation

al

Medya Grup / Bilgin

24h/24h

Türksat 1B 10,97 Radyo Spor 24h/24h Türksat 1B 11,012 Kanal 7 Yibitas Holding ? religieuse 6h/1h Türksat 1B 11,012 Marmara FM 24h/24h Türksat 1B 11,012 Morales FM 24h/24h Türksat 1B 11,012 Tartuz FM 24h/24h Türksat 1B 11,012 Best FM 24h/24h Türksat 1B 11,145 Euro Show Hürriyet+Sabah+A

ksoy émigration 7h30/1h

30 Türksat 1B 11,145 Show Radyo Hürriyet+Sabah+A

ksoy 24h/24h

Türksat 1B 11,145 Klas FM Hürriyet+Sabah+A ksoy

24h/24h

Türksat 1B 11,18 Euro D Dogus / Milliyet émigration 6h/1h Türksat 1B 11,18 Radyo D Dogus / Milliyet 6h/1h Eutelsat 2F3

11,062 (Feed turc) (son turc) liaison technique

Ponctuel

Eutelsat 2F2

10,987 A­TV Medya Grup / Bilgin

7h30/0h 30

Eutelsat 2F2 10,987 Kiss FM 24h/24h Eutelsat 2F2 10,987 Yeni Radyo 24h/24h Eutelsat 2F2 10,987 Radyo Spor 24h/24h Eutelsat 2F2 11,015 Satel 2 Sabah Holding doublage

CNN 24h/24h

Eutelsat 2F2 11,061 (Feed TGRT)

Ihlas Holding liaison technique

Ponctuel

Eutelsat 2F2 11,095 TGRT Ihlas Holding 6h/24h Eutelsat 2F2 11,095 TGRT FM

Huzur Ihlas Holding 6h/24h

Eutelsat 2F2 11,095 Akra FM Ihlas Holding 6h/24h Eutelsat 2F2 11,617 Interstar Rumeli Holding /

Uzan 6h/2h

Eutelsat 2F2 11,617 Metro FM 6h/2h Eutelsat 2F2 11,617 Kral FM 6h/2h Eutelsat 2F2 11,617 Super FM 6h/2h Eutelsat 2F2 11,631 Kral TV Cem Uzan musicale 24h/24h Eutelsat 2F3

12,599 Number 1 TV

musicale 24h/24h

Eutelsat 2F1

11,181 TRT 1 Etat 24h/24h

Eutelsat 2F1 TRT 2 Etat GAP TV 5h/23h Eutelsat 2F1 TRT 3 Etat 6h/23h Eutelsat 2F1 TRT 4 Etat téléenseigne

ment 6h/23h

Eutelsat 2F1 11,181 TRT 5/TRT Etat Avrasya 24h/24h

Page 32: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

32

Int Eutelsat 2F1 11,181 Türkiye'nin

Sesi Etat international

e 24h/24h

en attente oct 1996

MED TV Assoc. kurde kurdophone

Eutelsat 2F2

Ciné 5 Aksoy cinéma cryptée

Eutelsat 2F3

12,599 HBB Has Bilgi Birikim

DFS Kopernikus

1FM3

12,524 A­TV internationa

l

autre satellite

DFS Kopernikus 1FM3

12,524 Euro D autre satellite

DFS Kopernikus 1FM3

12,524 Euro Show autre satellite

Source : Télé Satellite Hors Série "Compil'96", octobre 1996 Source : Turan et Sandra Gökaltay, Séminaire international AFEMOTI 12.06.1995

Page 33: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

33

Télévisions et radios turques transmises par satellite (février 1998) Satellite Type Programmes TV Programmes FM Observations

Türksat 1C Bande KU A­TV TV privée généraliste Kiss FM

Yeni Radyo Radyo Spor

CINE 5 TV privée cinéma Radyo 5 N° One FM

Show TV Show Radyo Radyo Pop FM Klas FM

Radyo 2019 HBB TV privée généraliste

HBB FM Kanal 7 TV pr. Génér. Islamiste

Marmara FM Moral FM Akra FM Tatlises FM Best FM

TRT International

TV publique internationale

(Avrasya) Kanal D

Radyo D Süper Sport TV thématique sports Maxi TV TV privée PTT turcs Bouquet numérique turc

Eutelsat 2F1

Bande KU TRT International

TV publique internationale

TRT FM "La Voix de la Turquie" (Türkiye'nin

Sesi) Eutelsat 2F2

Bande KU Med TV TV kurde

NTV TV thématique information

aussi sur Türksat 1C Feeds TGRT liaison technique TGRT TV pr. génér.

nation/islam TGRT FM Huzur

Interstar TV privée généraliste Metro FM Kral FM Super FM

Türksat 1C MPEG2/ N° One TV MCPC clair Enerji FM

Pop Net/Hit Net Radyo Klas N° One FM

Genç TV

Page 34: UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département …turcologie.u-strasbg.fr/tapia-makale4.pdf · UNIVERSITE MARC BLOCH – STRASBOURG Département d’Etudes Turques & CENTRE NATIONAL

34

Metropolis FM Türksat 1C MPEG2/ Prima TV

SCPC clair Mesaj TV Internat

TV privée islamiste

Flash TV Sun TV Eko TV

Eutelsat 2F3

Eylik TV

Eylik FM Eutelsat 2F2

Olay TV

Kral TV aussi en bande KU Orion 1 Med TV avant sur Intelsat 603

Note : Nickelodeon Turkey a disparu sur Türksat 1C (chaîne thématique cinéma) Source : Magazine Télésatellite n° 99, février 1998, pp. 68­80