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REVUE DE PRESSE 38 AMC pratique n°218 mai 2013 © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés J.-J. Monsuez survenue de ce critère composite (tableau 1). Savarese G, Costanzo P, Cleland JGF, et al. A meta-analysis reporting effects of angio- tensin-converting enzyme inhibitors and angiotensin receptor blockers in patients with heart failure. J Am Coll Cardiol 2013;61:131-42. Chirurgie Le développement actuel de la chirur- gie bariatrique, à la faveur de ses résultats sur la réduction pondérale des obèses, a un impact sur les compli- cations cardiovasculaires auxquelles ils sont exposés. La perte de poids obtenue par la chirurgie, qu’il s’agisse de procédures de réduction gastrique seule ou couplée à un montage entraî- nant une malabsorption partielle (diversion bilio-pancréatique ou bypass gastrique avec anse en Y de Roux), est supérieure à celle des inter- ventions hygiéno-diététiques. Dans une méta-analyse récente portant sur 22 094 patients, une réduction 50 % de l’excès pondéral est observée chez 47,5 % des obèses traités par réduc- tion gastrique, 61 % après bypass gastrique et 71,1 % après chirurgie combinant les deux techniques. Les indications de la chirurgie sont mieux codifiées et proposées lorsque les mesures diététiques associées à une reprise d’activité physique ont échoué : IMC 40 kg/m² ; 35 < IMC < 39 kg/m² avec diabète, HTA ou apnée du sommeil ; diabète mal équi- libré avec 30 < IMC < 35 kg/m². Les malades doivent avoir un risque 1,68) ou de remplacement valvulaire aortique (HR par allèle : 1,54). Thanassoulis G, Campbell CY, Owens DS, et al. Genetic associations with valvular calcification and aortic stenosis. N Engl J Med 2013;368:503-12. Risque cardiovasculaire IEC et ARA-II Le bénéfice du traitement par les inhibiteurs de l’enzyme de conver- sion (IEC) des patients à haut risque cardiovasculaire mais indemnes d’in- suffisance cardiaque a principale- ment été montré par les études HOPE (Heart outcomes prevention trial), PROGRESS (Perindopril protection againstrecurrent stroke study) et EUROPA (European trial on reduction of cardiac events with perindopril in stable coronary artery disease), mais jusqu’à présent, aucune méta-analyse d’envergure n’avait rassemblé les données de tous les essais cliniques randomisés ayant évalué les IEC et les inhibiteurs des récepteurs de l’angio- tensine-II (ARA-II) chez les malades sans insuffisance cardiaque. Un travail coopératif italien et anglais a analysé 26 essais randomisés ayant comparé IEC ou ARA-II au placebo sur un total de 108 212 malades indemnes d’in- suffisance cardiaque. Le critère composite retenu associe mortalité toute cause, apparition d’une insuffi- sance cardiaque (IC) ou d’un diabète. Comparativement au placébo, les IEC et les ARA-II réduisent tous deux la Valvulopathies : calcifications valvulaires et Lp(a) Les calcifications valvulaires aortiques, souvent considérées bénignes et liées à l’âge, progressent et conduisent à la sténose aortique. Elles sont asso- ciées à une mortalité accrue. Les calci- fications annulaires mitrales, elles aussi souvent considérées banales, sont associées à une morbi-mortalité majorée de 50 %. Une participation génétique à la survenue de sténose aortique ou de calcifications valvu- laires a été avancée, mais jusqu’à présent aucune association avec une mutation ou un polymorphisme génétique particulier n’a été reconnu. Une très importante étude géné- tique internationale a exploré le génome de cohortes de sujets atteints de calcifications valvulaires aortiques (6 942 patients) et mitrales (3 795 patients), authentifiées par tomodensitométrie. L’étude prélimi- naire, partie de la cohorte CHARGE (Cohorts for heart and aging research in genome epidemiology), compre- nant les données de sujets de l’étude de Framingham, de celle de Reykjavik (AGES-RS) et de la cohorte MESA (Multi-ethnic study of atherosclerosis) a été complétée par l’adjonction des données européennes (cohorte alle- mande Heinz-Nixdorf, suédoise MDCS, Malmö diet and cancer study, danoise City heart study, CCHS, multi-ethnique nord-américaine MESA), pour obtenir un effectif aussi considérable sur lequel 50 000 polymorphismes mono- nucléotidiques (SNP) ont été recher- chés sur 2 000 gènes cardiovasculaires candidats. Un seul polymorphisme mononucléotidique, atteignant le locus du gène de la lipoprotéine A, Lp(a), est associé à la présence de calci- fications valvulaires, et retrouvé dans toutes les ethnies. Les taux plasma- tiques de Lp(a), eux-mêmes prédits par le génotype, sont corrélés à la présence de sténose (HR par allèle : Tableau 1. Méta-analyse de 26 études comparant IEC ou ARA-II au placebo (108 212 patients). IEC vs placebo (HR) ARA-II vs placebo (HR) Mortalité, IC, diabète apparu 0,830 0,920 IDM 0,811 0,900 AVC 0,796 0,900 Mortalité toute cause 0,908 1,03 Apparition IC 0,789 0,900 Apparition diabète 0,851 0,855

Valvulopathies : calcifications valvulaires et Lp(a)

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REVUE DE PRESSE

38

AMC pratique � n°218 � mai 2013© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

J.-J. Monsuez

survenue de ce critère composite (tableau 1).

Savarese G, Costanzo P, Cleland JGF, et al.

A meta-analysis reporting effects of angio-

tensin-converting enzyme inhibitors and

angiotensin receptor blockers in patients

with heart failure. J Am Coll Cardiol

2013;61:131-42.

ChirurgieLe développement actuel de la chirur-gie bariatrique, à la faveur de ses résultats sur la réduction pondérale des obèses, a un impact sur les compli-cations cardiovasculaires auxquelles ils sont exposés. La perte de poids obtenue par la chirurgie, qu’il s’agisse de procédures de réduction gastrique seule ou couplée à un montage entraî-nant une malabsorption partielle (diversion bilio-pancréatique ou bypass gastrique avec anse en Y de Roux), est supérieure à celle des inter-ventions hygiéno-diététiques. Dans une méta-analyse récente portant sur 22 094 patients, une réduction ≥ 50 % de l’excès pondéral est observée chez 47,5 % des obèses traités par réduc-tion gastrique, 61 % après bypass gastrique et 71,1 % après chirurgie combinant les deux techniques.Les indications de la chirurgie sont mieux codifiées et proposées lorsque les mesures diététiques associées à une reprise d’activité physique ont échoué : IMC ≥ 40 kg/m² ; 35 < IMC < 39 kg/m² avec diabète, HTA ou apnée du sommeil ; diabète mal équi-libré avec 30 < IMC < 35 kg/m². Les malades doivent avoir un risque

1,68) ou de remplacement valvulaire aortique (HR par allèle : 1,54).

Thanassoulis G, Campbell CY, Owens DS,

et al. Genetic associations with valvular

calcification and aortic stenosis. N Engl J

Med 2013;368:503-12.

Risque cardiovasculaire

IEC et ARA-II

Le bénéfice du traitement par les inhibiteurs de l’enzyme de conver-sion (IEC) des patients à haut risque cardiovasculaire mais indemnes d’in-suffisance cardiaque a principale-ment été montré par les études HOPE (Heart outcomes prevention trial), PROGRESS (Perindopril protection againstrecurrent stroke study) et EUROPA (European trial on reduction of cardiac events with perindopril in stable coronary artery disease), mais jusqu’à présent, aucune méta-analyse d’envergure n’avait rassemblé les données de tous les essais cliniques randomisés ayant évalué les IEC et les inhibiteurs des récepteurs de l’angio-tensine-II (ARA-II) chez les malades sans insuffisance cardiaque. Un travail coopératif italien et anglais a analysé 26 essais randomisés ayant comparé IEC ou ARA-II au placebo sur un total de 108 212 malades indemnes d’in-suffisance cardiaque. Le critère composite retenu associe mortalité toute cause, apparition d’une insuffi-sance cardiaque (IC) ou d’un diabète. Comparativement au placébo, les IEC et les ARA-II réduisent tous deux la

Valvulopathies : calcifications valvulaires et Lp(a)

Les calcifications valvulaires aortiques, souvent considérées bénignes et liées à l’âge, progressent et conduisent à la sténose aortique. Elles sont asso-ciées à une mortalité accrue. Les calci-fications annulaires mitrales, elles aussi souvent considérées banales, sont associées à une morbi-mortalité majorée de 50 %. Une participation génétique à la survenue de sténose aortique ou de calcifications valvu-laires a été avancée, mais jusqu’à présent aucune association avec une mutation ou un polymorphisme génétique particulier n’a été reconnu.Une très importante étude géné-tique internationale a exploré le génome de cohortes de sujets atteints de calcifications valvulaires aortiques (6 942 patients) et mitrales (3 795 patients), authentifiées par tomodensitométrie. L’étude prélimi-naire, partie de la cohorte CHARGE (Cohorts for heart and aging research in genome epidemiology), compre-nant les données de sujets de l’étude de Framingham, de celle de Reykjavik (AGES-RS) et de la cohorte MESA (Multi-ethnic study of atherosclerosis) a été complétée par l’adjonction des données européennes (cohorte alle-mande Heinz-Nixdorf, suédoise MDCS, Malmö diet and cancer study, danoise City heart study, CCHS, multi-ethnique nord-américaine MESA), pour obtenir un effectif aussi considérable sur lequel 50 000 polymorphismes mono-nucléotidiques (SNP) ont été recher-chés sur 2 000 gènes cardiovasculaires candidats. Un seul polymorphisme mononucléotidique, atteignant le locus du gène de la lipoprotéine A, Lp(a), est associé à la présence de calci-fications valvulaires, et retrouvé dans toutes les ethnies. Les taux plasma-tiques de Lp(a), eux-mêmes prédits par le génotype, sont corrélés à la présence de sténose (HR par allèle :

Tableau 1. Méta-analyse de 26 études comparant IEC ou ARA-II au placebo (108 212 patients).

IEC vs placebo(HR)

ARA-II vs placebo(HR)

Mortalité, IC, diabète apparu 0,830 0,920IDM 0,811 0,900AVC 0,796 0,900Mortalité toute cause 0,908 1,03Apparition IC 0,789 0,900Apparition diabète 0,851 0,855