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1 VÉTéran #7 : 1997 Le VÉTéran Société de conservation du patrimoine vétérinaire québécois Volume 7 : Automne-hiver 1997 LE CAMPUS DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE EN 1947 Il comprenait en fait quatre pavillons: le A, au sud de la bretelle, était le pavillon de l'administration; le D, le plus près de la voie ferrée, logeait les classes; le C, au sud de ce dernier, était le pavillon des laboratoires; le B était le plus vaste en forme de T et renfermait le laboratoire d'anatomie, les cliniques des petits et des grands animaux, un chenil, une écurie, une salle de radiologie, les pharmacies, le laboratoire clinique ainsi que des bureaux; en plus on trouvait la chaufferie (E) en face de l'administration et le laboratoire de recherches vétérinaires (F); une bergerie-porcherie (G) et deux remises (H et I), dont une en ciment était une ancienne salle de tir. « Quand on connaitra la cause des maladies, on pourra les guérir » : Hippocrate. « Le porc peut souvent avoir des grêlons au bas de la langue » : Aristote

vétérinaire québécois - fmv.umontreal.ca · Guy Lavallée Armand Tremblay T. Dukes Jean-Luc Laberge F. Archambault Mlle Ella Boulanger Mme J. Bourassa Jean-Paul Dorion Paul-Émile

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1 VÉTéran #7 : 1997

Le VÉTéran Société de conservation du patrimoine

vétérinaire québécois

Volume 7 : Automne-hiver 1997

LE CAMPUS DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE EN 1947

Il comprenait en fait quatre pavillons: le A, au sud de la bretelle, était le pavillon de l'administration; le D, le plus près de la voie ferrée, logeait les classes; le C, au sud de ce dernier, était le pavillon des laboratoires; le B était le plus vaste en forme de T et renfermait le laboratoire d'anatomie, les cliniques des petits et des grands animaux, un chenil, une écurie, une salle de radiologie, les pharmacies, le laboratoire clinique ainsi que des bureaux; en plus on trouvait la chaufferie (E) en face de l'administration et le laboratoire de recherches vétérinaires (F); une bergerie-porcherie (G) et deux remises (H et I), dont une en ciment était une ancienne salle de tir. « Quand on connaitra la cause des maladies, on pourra les guérir » : Hippocrate. « Le porc peut souvent avoir des grêlons au bas de la langue » : Aristote

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PRESENTATION Ce numéro du VÉTéran devait paraître à la fin de

l'année dernière. Les circonstances et surtout la décision de changer la facture du journal n'ont pas permis sa parution. Nous nous en excusons et nous nous reprenons avec ce numéro. La qualité de la présentation est peut-être amoindrie, mais nous suppléons par un contenu accru qui ne peut que soulever davantage l'intérêt. On ne peut se permettre de rouler en Cadillac quand on a que les moyens de se payer une Chevrolet. Vos commentaires seront très appréciés.

MOT DU PRÉSIDENT

Au cours de l'année, la Société s'est efforcée de continuer son action. Après trois ans d'efforts, elle est parvenue à faire nommer le docteur J.-Alphonse Couture au Temple de la renommée de l'agriculture du Québec. Lors de son brunch annuel, elle a voulu souligner que 1997 marquait le cinquantenaire de l'installation de l'École de médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe et elle a collaboré à la rencontre des générations, soirée organisée par la Faculté pour commémorer ce même événement. Le travail aux archives se continue par la poursuite de l'inventaire, la sélection et l'enregistrement du matériel. La réception de la part de la bibliothèque de la Faculté de quatre étagères et de leurs vingt rayons, va faciliter le rangement.

RAPPORT DU TRÉSORIER

L'encouragement que vous avez accordé à votre Société lui a permis de bien se tirer d'affaire. Les sources de revenus furent la cotisation des membres, les dons reçus, l’encouragement de trois compagnies pharmaceutiques pour des encarts dans ce numéro et les intérêts pour un dépôt à la Caisse populaire Dessaulles.

Les dépenses furent celles du fonctionnement: secrétariat, poste, paperasse, deux abonnements, le coulage de plaques de bronze pour le prix Victor et la participation de la Société à la nomination du Dr Couture au Temple de la renommée de l'agriculture du Québec.

MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE CONSERVATION DU PATRIMOINE VÉTÉRINAIRE QUÉBÉCOIS 1997 :

Jean-P. Morin Olivier Garon Claude Deslandes Mme S. Cousineau

Jean-B. Phaneuf Henri-P. Girouard André Saucier Daniel Barrette Roland Fillion Gilles Morin Jean Gauvin René Malo Serge Larivière Éphrem Jacques Russell Giguère Pierre Brisson Christiane Girard Michel Morin André Bohuon Jean-Marie Blais Gaston Boulay Philippe Demers Henri-Paul Gagnon Bertrand Labonté M. Lemaitre Claude Ménard Christiane Gagnon Jean Piérard Clément Trudeau Mme Andrée Trudeau Roland Gagnon Jean-Robert Théorêt Jean Flipo Marcel Bouvier Jean-Louis Forgues Jean G. Hébert Paul Cusson Léon Lanoix Guy Lavallée Armand Tremblay T. Dukes Jean-Luc Laberge F. Archambault Mlle Ella Boulanger Mme J. Bourassa Jean-Paul Dorion Paul-Émile Gauthier Mme L. de G. Gélinas Pierre Laporte Jean Mauffette Jean-Paul Sainte-Marie Jean Marie Dionne UN GRAND MERCI A TOUS LES BIENFAITEURS

Le conseil d'administration 1996 1997- Le voici

Jean-B. Phaneuf, v.p., Mme L-de-G Gélinas, dir, Clément Trudeau, prés., Jean Flipo, dir. et Olivier Garon, sec-trés.

Le VÉTéran est publié annuellement par la Société de conservation du patrimoine vétérinaire québécois à l'attention de ses membres. 3200 rue Sicotte, case postale 5000 Saint-Hyacinthe, Québec, J2S 7C6 Rédaction et mise en page: Jean-Baptiste Phaneuf Collaboration: Olivier Garon, Clément Trudeau et J. Flipo.

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BRUNCH DE LA S.C.P.V.Q.

Il s'est tenu dimanche le 4 mai 1997, à l'Auberge des Seigneurs de Saint-Hyacinthe, sous la présidence du docteur Clément Trudeau. Plus de cent-dix convives, vétérinaires et amis de la profession, y ont participé dans une atmosphère de chaude amitié et de souvenirs. Il faut noter la présence de quelques doyens de la profession vétérinaire, entre autres des docteurs Paul Archambault, 1933, de Sherbrooke; Jos Blanchet, 1936, de Ripon et Roland Fillion, 1938, de Saint-Hyacinthe

Comme 1997 marquait le cinquantenaire de l'installation de l’École de médecine vétérinaire à Saint Hyacinthe, la Société a voulu souligner cet anniversaire. Elle avait invité comme conférencier le docteur Jean-Baptiste Phaneuf. Celui-ci, dans un exposé illustré de diapositives, a rappelé les premières années de l'École à Saint-Hyacinthe, les baraques, l’équipe des professeurs, l’organisation du cours, la vie étudiante et les évènements qui ont marqué cette période.

Si la plupart des professeurs du début n'ont pu prendre part à ce brunch, il ne reste plus que le professeur Allard, bon nombre de leurs épouses se sont fait un plaisir de répondre à l'invitation de la Société, soit mesdames P. Choquette, Jos. Dufresne, L.-de-G. Gélinas, R. Pelletier et Jacques Saint-Georges. Madame Lemire n'a pu être présente. LE PRIX VICTOR AU DOCTEUR PHILIPPE DEMERS

La S.C.P.V.Q. profitait de son brunch annuel 1997 pour remettre son prix VICTOR au docteur Philippe Demers, membre de la première promotion de l'École à Saint-Hyacinthe. Le docteur Henri-Paul Girouard rappela la carrière du docteur Demers qui, selon une étude généalogique, a complètement dérogé de la voie tracée par ses ancêtres, des hommes de robe.

Le Dr Trudeau remet le prix Victor au Dr Demers

Originaire de Saint-Sébastien il fit ses études classiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe avant d'entreprendre son cours vétérinaire à l'École d'Oka. Diplômé en 1948, il se lançait d’abord en pratique des grands animaux, puis en pratique des animaux de compagnie.

Très vite il sentit le devoir de ses responsabilités sociales et s'impliqua dans son milieu comme président du club Richelieu, marguillier de sa paroisse et président de la fondation des scouts. Il ne tarda pas à s'intéresser à la politique municipale et en 1952, il était élu échevin de Shawinigan-Sud avant d'en devenir maire, fonction qu'il a occupée de 1955 à 1963. Aspirant à de plus vastes horizons, il était élu en 1966 à l'Assemblée nationale du Québec. C'est durant cette période qu'eurent lieu le passage de l’École à l'Université de Montréal et la création du Service des bureaux et laboratoires. En 1974, il accepta le poste d'assistant directeur de ce même service avant de devenir deux ans plus tard directeur par intérim du Service de l'hygiène vétérinaire. Puis au début des années 80, il est nommé directeur du Jardin zoologique du Québec. Dès 1974, il était choisi président de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec, poste qu'il combla durant deux termes. À partir de 1982, il fut membre du Comité de discipline du même ordre durant quelques neuf ans. Pour l'excellence de sa carrière, il recevait la médaille de Saint-Éloi en 1982.

On reconnait Mesdames Bourassa et R. Roy et les docteurs

Philippe Demers et Michel Morin

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IL Y A CINQUANTE ANS .... Ce texte est un résumé de la conférence illustrée donnée par

l’auteur lors du brunch annuel, le 4 mai 1997. Par le Dr Jean-Baptiste Phaneuf.

Au printemps de 1947 le gouvernement du Québec votait la loi de l'École de médecine vétérinaire de la province de Québec. L'endroit pour loger l'école était choisi: ce serait Saint-Hyacinthe, petite ville sur la rive gauche de la Yamaska, ville d'une vingtaine de milliers de population, dont près de quatorze cents à l'Hôtel-Dieu seulement. C'était également un carrefour de communication. Trois voies de chemin de fer s'y rencontraient : le Canadien national, le Canadien Pacifique et le train des Comtés Unis, dont il ne restait plus que la branche nord allant à Sorel. Trois routes traversaient la ville : celle de Sorel à Granby, celle de Marieville à Saint-Guillaume et la route 9 allant de Québec à Montréal dont le parachèvement était dépendant de la bonne volonté du premier ministre Maurice Duplessis. (Il n'était pas pressé, car c'était une voie libérale, dont le tracé était de T.-D Bouchard).

L’inauguration officielle de l'École s'est faite le 28 octobre 1947 par le Ministre de l'agriculture, l'honorable Laurent Barré. Il était accompagné de son sous-ministre, monsieur Simard et de ses collègues de l'Assemblée législative, les messieurs Ernest Chartier et Daniel Johnson. Dans son discours, l'honorable Barré rappela que deux ans plus tôt les PP. Trappistes lui avaient demandé de prendre la direction de l'École et de la transporter hors de la Trappe. Si Saint-Hyacinthe eut l'avantage d’être choisie c'est qu'il y avait là des baraques construites au début de la guerre (1940) pour le corps des Signaleurs de la marine canadienne sur un terrain du gouvernement et elles étaient délaissées depuis une couple d'années. Ces baraques pourraient être aménagées pour loger temporairement l'École de médecine vétérinaire. Le campus

Ces baraques étaient groupées le long de la voie ferrée du Canadien National. Elles étaient construites en bois, bon nombre sur pilotis, de forme rectangulaire au toit plat et leurs murs lambrissés de bardeaux d'amiante étaient percés de nombreuses fenêtres peintes en vert. Elles étaient distribuées le long d'un chemin qui s'étendait de la voie ferrée à la rue Dessaulles. Ce chemin était au milieu du terrain, large d'une quinzaine de pieds, il était soulevé d'une couple de pieds par rapport au sol environnant. Recouvert en grande partie d'asphalte, il était bordé à l'est par une rangée de poteaux d'éclairage. Ce chemin était la seule voie d'accès au campus de l'École et les élèves qui avaient à le parcourir quatre fois par jour avaient vite fait de le baptiser « Montée Saint-Éloi ». Les

grands vents du printemps, les pluies froides de l'automne et les rafales de neige poussée par des vents de l'ouest de l’hiver, que les étudiants rencontraient, témoignaient des difficultés à surmonter pour devenir un digne disciple de Saint Eloi, le patron des vétérinaires.

Le campus de l'École proprement dit comprenait quatre baraques qu'on désignait sous le nom de pavillons. Le pavillon A, le plus petit du groupe, était situé au sud de la bretelle qui allait de la montée Saint-Éloi au centre du camp des Signaleurs et à l'hôpital des Vétérans et il en était séparé par un fossé. Ce pavillon était le pavillon de l’administration et on y trouvait les bureaux des administrateurs : directeur de l'École, secrétaire, directeur des études et agent administratif, accompagnés de leur personnel de soutien. Quelques professeurs y avaient également leur bureau ainsi que les chargés de cours. En face de ce pavillon, de l'autre côté de la bretelle, se voyait la chaufferie dont la cheminée était en forme de pyramide tronquée. A l'aide d'un aqueduc aérien, la chaufferie fournissait l'eau chaude et la chaleur aux autres bâtiments du campus.

La bibliothèque

Le pavillon D était le plus proche de la voie ferrée dont il était séparé par une remise. Du chemin on y accédait par un court escalier et un palier. C'était le pavillon des classes, cinq en tout, qui étaient distribuées de chaque côté d'un corridor médian. Tout à fait au bout c'était la bibliothèque, riche de quelques revues vétérinaires d'actualité et surtout de nombreux volumes traitant de médecine et de médecine vétérinaire datant du début du siècle ou de la fin du siècle précédent. À Oka, les subsides ne permettaient pas de renouveler la bibliothèque. Au sud de ce pavillon D, le pavillon C lui était tout à fait semblable. Il logeait les divers laboratoires de chimie, de bactériologie, de parasitologie, de nutrition, de physique médicale et de pathologie. Le pavillon B était le plus vaste du campus. Il était en forme de T dont la barre horizontale était parallèle à la montée. La porte principale

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était quasi en face de la bretelle. Elle s'ouvrait dans la salle des étudiants qui était surmontée d'un dôme vitré. Cette salle était vaste, bordée de casiers sur deux murs et disposait de quelques bancs et d'une table de ping-pong. À droite de cette salle, on trouvait le grand laboratoire d'anatomie, à gauche, il y avait la clinique des petits animaux, avec ses salles d’examens et de chirurgie et le chenil.

Laboratoire d’anatomie

Du même côté et tout près, la salle de radiologie avec son appareil à rayons X, dont on était très fier. C'était le premier appareil de cette nature dont profitait l'École.

Clinique des petits animaux

Dans la base du T, on trouve la clinique des grands animaux avec sa table de chirurgie, son parc de réveil et son brancard de contention pour les chevaux. Dans le coin sud-est était la pharmacie d'usage quotidien alors que sur le mur ouest était la série de bureaux des professeurs; sur le mur nord, à plancher surélevé, se voyait le laboratoire clinique. L'hôpital-écurie était dans la partie sud-ouest de la barre du T et on y accédait par une porte placée tout près de celle de la clinique. Une grande cour extérieure couvrait la partie sud-ouest du terrain d'où on découvrait vers l'est la bergerie porcherie et une remise en ciment, une ancienne salle de tir. Au-delà de la montée était le

laboratoire de recherches vétérinaires et au loin, ce qui restait des baraques du camp des Signaleurs et l'Hôpital des vétérans.

Clinique des grands animaux

Les professeurs et le personnel de soutien Pour animer cette école, il fallait des professeurs.

Je me suis laissé dire que le choix des professeurs avait été l'objet d'une entente entre le gouvernement et le Collège des médecins vétérinaires. Chaque organisme avait préparé une liste de ses choix et lorsqu'un nom se rencontrait sur chacune des listes, il devenait un choix unanime et il était assuré de recevoir une offre d'engagement. Ce groupe des professeurs dits agrégés étaient peu nombreux, à peine une dizaine dont certains devaient assumer des responsabilités administratives. D'ailleurs en voici la liste dont vous pouvez identifier les figures sur la photo ci-jointe.

L’équipe des professeurs

Assis, de gauche à droite : les docteurs Jacques Saint-Georges, secrétaire et professeur d'histologie et de pathologie; Gustave Labelle, directeur et professeur de déontologie; Joseph Dufresne, directeur des études et professeur d'anatomie; Joseph-Désiré Nadeau, agent administratif et professeur de nutrition, de maladies de la

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nutrition, de pathologies ovine et porcine. Debout, dans le même ordre : le docteur Louis-de-Gonzague Gélinas, assistant en histologie, pathologie et à la clinique des petits animaux; le professeur A. Allard, professeur de chimie et de biochimie; les docteurs Gérard Lemire, professeur de pathologies canine et féline et chef de la clinique des petits animaux; Martin Trépanier, professeur de chirurgie et chef de la clinique des grands animaux; Philidore Choquette, professeur d'obstétrique et des maladies de la reproduction et René Pelletier, responsable de la clinique ambulatoire. À ce noyau initial, devaient se joindre, les deux années qui suivirent, les docteurs Lucien Cournoyer, professeur de physique médicale, et Jean Flipo, professeur de matières médicales et assistant à la clinique des petits animaux.

Laboratoire de bactériologie

Ce groupe de professeurs agrégés était appuyé

par une équipe de chargés de cours dont certains avaient la responsabilité de matières importantes. Il faut mentionner les docteurs Paul Villeneuve en physiologie, Paul Marois en bactériologie, Laurent Choquette, en parasitologie, Émile Poitras en pathologie interne et matières médicales et François Lévesque en pathologie externe. S'ajoutaient de nombreux agronomes comme Philippe Granger pour l’industrie animale et l'appréciation, la génétique, ainsi que les abbés Déry et Lanciault comme professeurs de philosophie, de mathématiques et de botanique. Le cours d'analyse des produits laitiers se donnait à l'École de laiterie. Pourquoi ce dernier cours? Je me suis souvent posé la question. Sans doute pour que le vétérinaire praticien isolé en province, puisse appliquer la technique dans une fabrique de son coin et en tirer quelques revenus d'appoint; comme jadis en Suède, les étudiants vétérinaires apprenaient la musique pour pouvoir plus tard toucher l'orgue ou diriger la chorale de leur communauté et ainsi

tirer des revenus supplémentaires, la pratique de l'art vétérinaire les faisant difficilement vivre.

Et que dire du personnel de soutien? Il faut rappeler qu'au début ils n'étaient pas nombreux: deux secrétaires, les demoiselles Daigneault; un comptable, monsieur Camille Madore; un bibliothécaire, monsieur Rodolphe Borduas; des laborantins, messieurs Trudeau et Yvon Paris; et à la clinique des grands animaux, deux palefreniers, messieurs Auger et Bousquet.

Le cours et son programme

L'installation de l'École à Saint-Hyacinthe entraîna la révision du cours et des programmes. Le cours était de cinq ans, quatre années d'études vétérinaires et une année préparatoire, la pré-vétérinaire où l'on insistait sur la physique, la chimie et la biologie. L'année scolaire se divisait en deux périodes, de septembre au 23 décembre et du 7 janvier au début de mai. Les semaines étaient chargées par 35 heures de cours, du lundi au vendredi de neuf heures à midi et de deux heures à six heures. La majorité des cours étaient théoriques, des cours magistraux; mais la plupart étaient appuyés de travaux pratiques. La clinique était réservée aux étudiants de troisième et quatrième année.

Hôpital-écurie des chevaux de trait

Chaque matin ils y faisaient un stage de dix heures à midi, soit en clinique des grands ou des petits animaux soit au laboratoire clinique. La clinique ambulatoire était réservée aux finissants qui, par groupes, y étaient de garde 24 heures par jour.

Les étudiants d'aujourd'hui seraient fort heureux des avantages des étudiants d'alors pour leurs études: l'inscription était 5,00$. Ce n'était pas davantage pour les frais de scolarité qui étaient également de 5.00$ pour l'année. On chargeait 1,00$ pour un casier. Les laboratoires coûtaient plus cher, c’était pour défrayer les pots cassés. L'Association des étudiants coûtait 10,00$. Le parchemin de doctorat se payait 15.00$.

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La vie étudiante Il y avait une différence fort grande entre la vie

étudiante à Oka et celle à Saint-Hyacinthe. À Oka, c'était la vie de pensionnat avec ses règlements, un horaire pour la journée entière, mais rien de çà à Saint-Hyacinthe. Il fallait d'abord se loger, trouver une chambre. C'était facile, car les Maskoutains étaient habitués à louer une chambre, même à fournir chambre et pension à des étudiants. Il y avait aussi ceux de l'École de laiterie et ceux de l'institut de textile. La plupart prenaient chambre et pension dans une famille. Certaines familles, comme celle de madame Couture de la rue Lafontaine, acceptaient plusieurs étudiants qui formaient de véritables nouvelles familles. Il y avait les appartements Giard au bout de la rue Sicotte, une ancienne baraque à deux étages, réservée autrefois aux officiers de la marine et qu'on avait transportée du nord au sud de la rue Sicotte, alors était bordée du côté nord par une haute clôture de bois. Deux par deux, plusieurs étudiants y ont loué des appartements pour la durée de leur cours.

L’initiation des nouveaux en septembre 1948

Dès leur arrivée à Saint-Hyacinthe, les étudiants en médecine vétérinaire, voulurent faire sentir leur présence par l'organisation d'une initiation des nouveaux. Si la simplicité avait été la norme la première année; les années suivantes, la cérémonie prit plus d'ampleur. Elle débutait par une procession qui s'organisait sur la montée Saint-Éloi, pour suivre les rues Dessaulles, Tellier et Girouard. Les nouveaux, bien en vue, aboutissaient au kiosque Ringuet en face du parc Dessaulles et c'est là qu’ils subissaient le sort qui leur était réservé. Cette cérémonie annuelle attirait un grand nombre de Maskoutains et Maskoutaines. Parfois, l'initiation avait son octave et se poursuivait quelques jours sur la place du Marché où les étudiants étaient en butte à des démonstrations de lavage et d’exploits sportifs.

Collation des diplômes à la salle académique du séminaire

La remise des premiers diplômes à Saint-Hyacinthe donna lieu à une cérémonie faste qui eut lieu dans les locaux du Patro Saint-Vincent-de-Paul. La cérémonie, présidée par le recteur de l'Université de Montréal et par l'honorable Laurent Barré, était rehaussée par la présence des autorités locales, religieuses et civiles, et par celle de nombreux parents et des amis des diplômés. Les années qui suivirent, la cérémonie eut lieu avec le même faste à la salle académique du Séminaire.

L'École avait son équipe de hockey et faisait partie de la ligue des étudiants qui groupait en plus de l'équipe de l'École, celles de l'institut de textile, de l'Académie Girouard et une équipe de Saint-Pie. Chaque semestre avait sa rencontre sociale, sa danse. Au début de l'année, c'était la soirée des nouveaux, au second semestre, c'était le « barn dance » qui se tenait à la mi-carême. Ces soirées avaient lieu la plupart du temps à Douville, à la salle Wilfrid, et les responsables savaient leur donner beaucoup d'ambiance.

Il faut rappeler, que la présence de ces étudiants en milieu maskoutain, étudiants venant des différentes

Quelques-unes des Maskoutaines parties au bras d’un

vétérinaire

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régions du Québec et en proie souvent à la solitude, constituait pour les jeunes Maskoutaines un terrain de chasse à ne pas dédaigner et vice versa. C'est sans doute ce qui explique le nombre de Maskoutaines qu'on retrouve aujourd'hui au bras d'un vétérinaire.

Vers une nouvelle école L'Association américaine des médecins

vétérinaires, qui jette un regard sur l'enseignement vétérinaire à travers I'Amérique du nord, trouvait que l'école vétérinaire au Québec languissait et était en train de s'embourber. Aussi, en 1951, elle retira la reconnaissance de l’école. Cette décision fut quasi un acte souhaité par les autorités locales de l'École, qui y virent un coup de pouce pour amorcer la construction d'un bâtiment neuf. Elles ne s'étaient pas trompées, puisque la même année le gouvernement mettait en branle la construction de l'édifice qui est aujourd'hui qualifié de pavillon principal du campus.

Ce nouvel édifice allait devenir, pour les dix

IL Y A AUSSI CINQUANTE ANS : UN LABORATOIRE DE VÉTÉRINAIRES

En même temps qu'il inaugurait l'établissement

de l'École de médecine vétérinaire à Saint Hyacinthe, l'honorable Laurent Barré annonçait avec beaucoup d'enthousiasme la création d'un laboratoire de recherches vétérinaires. Ce laboratoire répondait au désir des autorités d'avoir des moyens de reconnaitre et d'étudier les nouvelles maladies animales.

Ce laboratoire était logé dans une baraque en blocs de ciment, installation toute modeste au milieu du campus de l'École. Il était animé par un personnel peu nombreux. Les premières années, il comptait en plus du directeur, le docteur Paul Genest, le docteur Roland Fillion, une secrétaire et une laborantine.

Inauguré à l'automne de 1953, cet édifice était une vaste construction en pierre de taille de trois étages avec sous-sols. Son hall d'entrée était frappant par sa sobriété. Si l'administration trouva dans ce bâtiment espace et confort, les étudiants profitèrent de classes vastes et bien éclairées, de laboratoires adaptés, répondant aux besoins : chimie, bactériologie, parasitologie, d'une bibliothèque richement meublée, d'un auditorium et d'une salle de récréation adéquate.

années à venir, le site de choix pour les organismes régionaux et provinciaux désireux de tenir leur réunion annuelle ou leur congrès à Saint-Hyacinthe. C'est ainsi que l'Alliance française, durant de nombreuses années, y tînt régulièrement ses réunions semestrielles. De nombreux organismes comme l'Association des fonctionnaires provinciaux, celle des thanatologues ou des manufacturiers de moulée et bien d'autres, choisirent l’École pour leur congrès annuel.

IL Y A SOIXANTE ANS : LE SERVICE DE LA SANTÉ DES ANIMAUX

C'est en effet en 1937, que fut fondé le Service de

la santé des animaux au Ministère de l'Agriculture de Québec. Le but était de travailler au contrôle des maladies animales importantes au Québec et de répondre aux éleveurs aux prises avec des problèmes graves. Son premier directeur fut le docteur J.-Maxime Veilleux, professeur à l'École vétérinaire d'Oka depuis quelques années.

Un premier bureau fut ouvert à Québec. II fut suivi de la création dans l'édifice de l'Agriculture, d'un laboratoire vétérinaire sous la direction du docteur Ferdinand Trudel. Un second bureau vit le jour à Montréal dont le directeur fut le docteur Antonio Pratte.

Réponses aux questions de la page 9 :

1. Montreal Veterinary College. 2. Montréal et Duncan MacEachran. 3. Joseph Alphonse Couture. 4. École Vétérinaire française de Montréal,

Université Laval de Montréal. 5. Dr Gustave Labelle.

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LES FONDS D'ARCHIVES DE LA SOCIÉTÉ

Ils ont débuté, il y de nombreuses années, alors que de vieux instruments vétérinaires, des volumes, des documents étaient remis à l'École. Ils étaient placés dans un appartement à la cave. Cet amas de choses souvent hétéroclites a été ajouté aux photos prises au début de l'installation de l'École à Saint-Hyacinthe, alors qu'elle était sous la responsabilité du Ministère de l'Agriculture. Le photographe du gouvernement était mis à profit et il tirait de nombreuses copies de ses clichés. Ces photos furent conservées incognito dans un classeur au fond d'un corridor du premier étage jusqu'à ce que la Société, nouvellement fondée, décide de s'en occuper. Le photographe acceptait en même temps de s'occuper des vieilles revues et des vieux volumes de médecine et de médecine vétérinaire que la bibliothèque désirait éliminer faute de place.

Depuis, la Société a accepté des dons de vétérinaires retirés ou décédés, comportant des volumes, des notes de cours, des rapports, des objets, des photos, etc. Elle s'emploie à les enregistrer et à les classer de façon à pouvoir les retrouver facilement. Un même travail reste à faire avec de nombreux volumes anciens venant de la bibliothèque.

Voici une liste des fonds d'archives : nom de leur donateur dont l'enregistrement a pu être complété au cours de la présente année :

Alarie, G. 8 volumes Brault, Mastaï 4 cours de 1915 Leveillé, Camille Notes de cours 1924 en 2 volumes Breton, Édouard ses diplômes Morin, Gilles Conférences sur la vie étudiante en 1960 Morin, Jean-P. Cours, revues brochures. Nadeau, J.-D. 13 volumes, brochures, notes de cours. Choquette, Phil. 30 volumes, brochures d'information Pagé, Grégoire Album, lettres, journaux. Cousineau, Guy 9 volumes et tirages à part Pelletier, André Dictionnaire en 8 volumes. Dufresne, Joseph 3 volumes. Phaneuf, Louis-P Photos, notes de cours et rapports. Garon, Olivier notes de cours 1950 Picard, Marcel Sept cahiers de cours 1936 et photos Gélinas, L.-de-G. Annuaires de l'école et des photos. Simard, Benjamin Sept volumes. Jacques, Éphrem Encyclopédie Cadéac 60 volumes. Tétreault, Paul Deux volumes. Julien, Camille Documents, conférences Trudel, Henri Quinze volumes Labelle, Gustave Huit volumes. Turgeon, Denis Cinq volumes. Lagacé, André des notes de cours Veilleux, René Des notes de cours 1950 Lanoix, Léon des photos Lemire, Gérard 5 volumes Fillion, Roland photos diverses Blanchet, Jos. Monographie sur la mammite à Streptocoque de la vache laitière, rédigée par Dr Rosell. Phaneuf, Jean-B. Notes historiques, notes de cours et 36 volumes

VOUS SAVEZ ? 1- Quelle fut la première école vétérinaire au Bas-Canada?

2- Où fut-elle fondée et quel fut son fondateur?

3- Qui a fondé l’École vétérinaire de Québec et en quelle année?

4- Victor-Théodule Daubigny a fondé une école vétérinaire à Montréal en 1886. Quel en était le nom et à quelle université

était-elle affiliée?

5- Quel fut le premier directeur de l’École vétérinaire à Saint-Hyacinthe?

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Invitation

• Prochain brunch de la S.C.P.V.Q. à l'endroit habituel, dimanche, le 2 mai 1999.

• Vous délaissez la pratique? Vous faites un grand ménage? Vous trouvez de vieux volumes, des notes de cours, des instruments, des objets qui peuvent intéresser le patrimoine? Pourquoi ne pas les offrir à la Société?

À LA RENCONTRE DES GÉNÉRATIONS 1947-1997

Tel fut le thème que la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal a choisi pour la soirée organisée afin de souligner le cinquantenaire de l'établissement de l'école vétérinaire à Saint-Hyacinthe.

Pour cette occasion, elle avait invité les vétérinaires qui étaient étudiants à l’École au cours des années 1947, 1948, 1949, 1950 et 1951 et les professeurs de l'École de médecine vétérinaire, ainsi que les étudiants et étudiantes qui seront diplômés en 1998.

Le docteur Philippe Demers à l’écoute d’une étudiante

Le vice-recteur à l'administration de

l'Université de Montréal, monsieur P. Moltinari, a souligné le rayonnement de la Faculté. De même, le doyen Dr Raymond Roy a fait le portrait de l'enseignement vétérinaire au Québec, surtout depuis 50 ans. Les docteurs Diane Blais et André Vrins, tous deux professeurs, ont souligné les transformations de l'enseignement vétérinaire au cours des trente dernières années. Le docteur Philippe Demers, du groupe des premiers diplômés à

Saint- Hyacinthe, avec l'humour qu'on lui connait, a rappelé les premières années de l'École en soulignant le souvenir de ses professeurs. Le docteur Paul Desrosiers a ravivé dans les mémoires les turbulences des étudiants des années 1965 et l'accueil des premières étudiantes à l'école. Deux finissantes de l'année, Marie-P. Tremblay et Myriam De Carufel ont fait ressortir les difficultés des études actuelles, en mentionnant cependant les avantages que Saint-Hyacinthe leur accorde en leur permettant de profiter de ses facilités sportives. Elles ont souligné la prépondérance actuelle de la gent féminine.

Échange de souvenirs d’il y a 50 ans : les docteurs

Baril, Sainte-Marie et Demers.

Ce fut une rencontre intéressante entre les anciens et les nouveaux. Ces derniers étaient heureux de connaître comment se déroulait la vie étudiante, il y a cinquante ans. Rencontre des plus chaleureuse aussi que celle de confrères qui ne s'étaient pas vus depuis nombre d'années et qui, après s'être reconnus, étaient fort heureux de se rappeler des souvenirs.

11 VÉTéran #7 : 1997

LE DOCTEUR JOSEPH-ALPHONSE COUTURE AU TEMPLE DE LA RENOMMÉE DE L’AGRICULTURE DU QUÉBEC.

Joseph-Alphonse Couture était originaire de

Saint-Anselme de Dorchester. Tout jeune encore, de

retour de Rome comme zouave, il s’inscrit au

Montreal Veterinary College dont il reçoit son

diplôme. Il enseigne à la section française du même

collège avant d’être nommé, en 1879, surintendant

de la Station de quarantaine pour animaux de Lévis,

où il fait des comparaisons intéressantes entre les

bovins canadiens et les bovins d’importation.

Dévoilement de la photo du Dr J.-A. Couture. On reconnait

M. Dupont des éleveurs de chevaux canadiens et le Dr Olivier Garon de la SCPVQ

Son Traité sur l’élevage et les maladies des

animaux paru en 1882, aborde les questions de santé

et de génétique et constitue une première au

Québec. Autre première, en 1885, il fonde l’École de

médecine vétérinaire de Québec qui

malheureusement n’a survécu que quelques années.

Principal artisan de l’ouverture des livres

généalogiques des vaches et des chevaux canadiens

en 1886 et 1889, on le nomme secrétaire à vie de la

Société des éleveurs de la province de Québec, lors

du congrès de fondation en 1895. Il fut l’âme

dirigeante de cette première association. Il consacra

de nombreuses années à la recherche et à la

sélection du vrai type représentatif du cheval

canadien afin d’améliorer la race.

Tour à tour professeur, journaliste,

conférencier, propagandiste et auteur scientifique J.-

A. Couture a beaucoup accompli pour le

développement d’une agriculture progressive au

Québec. Le travail de tous les instants qu’il a mené

pour le progrès de l’agriculture fut toujours porté par

un fort sentiment national. Pour lui, préserver

l’intégrité du cheptel canadien, c’était aussi lutter

pour préserver l’identité nationale québécoise.

Joseph-Alphonse Couture mérite bien

davantage que la part que lui a laissée jusqu’à

présent l’histoire.

12 VÉTéran #7 : 1997

LE CAMPUS DE L’ÉCOLE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC EN 1954

Vue aérienne du campus de l'École de médecine vétérinaire. Cette photo est typique de l'esprit du directeur du temps,

le docteur Labelle. Si l'édifice principal qui vient d'être terminé est bien en vue, les baraques en arrière-plan ne font pas partie du campus proprement dit.

Trouvailles d’archives

Voici la médaille remise à l’étudiant ayant obtenu la

meilleure note chez les étudiants de la première

promotion du Collège vétérinaire de Montréal, la

section française du Montreal Veterinary College. Elle

fut accordée à Victor-Théodule Daubigny en 1879.

Cette médaille provenait de la Chambre d'agriculture

du Bas-Canada, créée en 1852.

GRAND MERCI Aux compagnies pharmaceutiques qui, par leur commandite, ont permis la publication de ce numéro du VÉTéran, soit :

le CDMV, la cie PFIZER, santé animale et RHÔNE-MÉRIEUX Canada, Inc.