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JULIE BEAULIEU
VICTIMISATION PAR LES PAIRS LCOLE ETDPRESSION LADOLESCENCE : UNE TUDE
FRANCO-QUBCOISE
Thse prsente la Facult des tudes suprieures de lUniversit Laval
dans le cadre du programme de doctorat enpsychopdagogiepour lobtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.)
DPARTEMENT DTUDES SUR LENSEIGNEMENT ET LAPPRENTISSAGEFACULT DES SCIENCES DE LDUCATION
UNIVERSIT LAVALQUBEC
2007
Julie Beaulieu, 2007
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Rsum
La victimisation vcue en milieu scolaire engendre des consquences ngatives sur le
cheminement scolaire, la vie sociale et surtout, sur la sant psychologique des jeunes. Les
objectifs principaux de cette recherche ralise en France et au Qubec sont : (a) dvaluerla prvalence, la frquence et la nature de la victimisation par les pairs; (b) dvaluer la
prvalence et lintensit de la dpression chez les adolescents; et (c) de dterminer
limportance de la relation entre la victimisation par les pairs et la dpression chez les
adolescents. Lchantillon est compos de 356 lves (12-15 ans) de collges franais et de
360 lves (13-15 ans) dcoles secondaires qubcoises. Les participants ont rempli
lInventaire de dpression de Beck ainsi que les chelles Victimisation de gravit mineure
et Victimisation de gravit majeure du Questionnaire sur lenvironnement socioducatif.
Lanalyse des donnes montre que la victimisation par les pairs et la dpression sont
prsentes divers degrs chez les adolescents franais et qubcois et varient selon lge et
le sexe des lves. De plus, des analyses corrlationnelles indiquent que les lves victimes
de violence de la part de pairs lcole prsentent des niveaux plus levs de dpression
que les lves non victimes. Cette relation diffre selon le sexe et lge des lves, le
contexte culturel et le type de victimisation subi. De faon gnrale, la victimisation de type
verbal sest avre la plus fortement lie la dpression chez les adolescents. Ces rsultats
soulignent ainsi limportance de prter attention la violence manifeste entre lves,
particulirement aux actes de victimisation de gravit mineure.
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Abstract
Peer victimization in school has important negative impact on the mental health and the
academic achievement of many adolescents. The main objectives of this doctoral research
project are to: (a) evaluate the prevalence, frequency and type of peer victimization amongadolescents, (b) assess the prevalence and severity of depression among secondary school
students and (c) determine the importance of the relationship between victimization and
depression. Participants were 356 college students (age 12-15) from France and 360
secondary school students (age 13-15) from Quebec. They completed the Beck Depression
Inventory and two victimization scales from the Questionnaire sur l'environnement
socioducatif. Results show that both peer victimization and depression are important
realities in the life of French and Quebec students and that victims of peer violence are
more depressed than non-victims. Gender, age and type of victimization affect this
relationship. Verbal victimization appears to be more related to depression among
adolescents. Results support the importance of timely and preventive interventions
regarding violence in school and peer victimization in particular.
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Avant-Propos
Cette thse de doctorat marque la fin de mon cheminement universitaire. Neuf ans se sont
couls entre mes dbuts dans le monde de lenseignement suprieur et la fin de mon
cursus au troisime cycle. Lobtention de mon diplme de doctorat constitue une tape fortimportante menant la vie professionnelle. La ralisation de cette thse de doctorat est
profondment marque de collaborations prcieuses. Tout dabord, je tiens remercier
chaleureusement monsieur gide Royer, mon directeur de recherche. Dot dune grande
coute, monsieur Royer sest engag avec coeur dans mon projet de recherche en respectant
mes intrts professionnels et en moffrant des opportunits uniques lchelle nationale et
internationale. Il ma galement offert une chance inoue dacqurir une riche exprience
dans le domaine de lenseignement et de la recherche universitaires. Ds les premiers
instants, il a su maccorder son entire confiance contribuant ainsi une relation galitaire
base sur la communication et la coopration. Son humanisme, sa disponibilit et ses
comptences exceptionnelles tant sur le plan pdagogique que scientifique ont su me guider
de faon judicieuse travers mon projet dtudes doctorales et ma future carrire de
professeure-chercheuse. Mon parcours au doctorat demeurera une exprience et un
souvenir inoubliables. Mille mercis monsieur Royer, mille mercis gide!
Joffre galement de sincres remerciements madame Catherine Blaya, ma codirectrice dethse pour son professionnalisme et sa rigueur qui mont accompagne dans la ralisation
des tapes de cette recherche ainsi qu madame Claire Beaumont, membre du comit de
thse, qui, par ses judicieux conseils, sa riche exprience et son implication, a grandement
contribu ma russite. Je tiens aussi souligner lapport essentiel de monsieur ric
Frenette, membre du comit de thse et prlecteur. Son expertise dans le domaine de la
statistique, de la mesure et de lvaluation a su grandement me guider travers toutes les
subtilits que peuvent prsenter des analyses de donnes. Je prsente galement des
remerciements monsieur Pierre Potvin davoir accept dtre examinateur externe de la
thse.
Plusieurs personnes de mon entourage mont encourage, supporte et aide tout au long de
ce projet doctoral. Je remercie particulirement Nathalie Chabot, Marie-Hlne Hbert,
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Caroline Gault, Caroline Couture, Claire Kingston, Catherine Bourget, Genevive
Lamonde ainsi que toute lquipe dassistants de recherche de lObservatoire Europen de
la Violence Scolaire (Benjamin, Maxime, Alain, Benot, Louise, Anas, Laurence et
Vincent). Je tiens tmoigner toute mon affection et ma reconnaissance ma famille,
Jocelyn, Danielle, Sylvie, Donald, Lucina et Jeanne-DArc pour leurs encouragements, leur
soutien moral, leur patience et leur amour ainsi qu mon copain Dominic pour sa
tendresse, son rconfort, sa comprhension et sa prcieuse contribution.
Je tiens galement remercier tous les lves et les directions des collges franais et des
coles secondaires qubcoises pour leur participation au projet de recherche. La ralisation
de cette thse de doctorat a t rendue possible grce limportant support de mon
directeur de recherche monsieur gide Royer et de madame Catherine Blaya, ma
codirectrice de thse, du Centre de recherche et dintervention sur la russite scolaire
(CRIRES), du Centre de coopration interuniversitaire franco-qubcoise, du Fonds
Imasco, du Fond de soutien au doctorat de la Facult des sciences de lducation de
lUniversit Laval, du Fonds qubcois sur la socit et la culture (FQRSC), du Bureau
International de lUniversit Laval et de lhritage offert par mes parents de leur vivant.
La prsente thse de doctorat est constitue de trois articles scientifiques pour lesquels je
suis la premire auteure. Le premier article est intitul La victimisation par les pairs et ladpression ladolescence , le second, Relation entre la victimisation par les pairs
lcole et la dpression chez des adolescents franais et le troisime, Relation entre la
victimisation par les pairs lcole et la dpression chez des adolescents qubcois . Selon
la pratique habituelle, les membres du comit de thse apparaissent comme coauteurs des
trois articles scientifiques : monsieur gide Royer, directeur de recherche et professeur
lUniversit Laval, madame Catherine Blaya, codirectrice de thse et directrice de
lObservatoire Europen de la Violence Scolaire, madame Claire Beaumont, professeur
lUniversit de Sherbrooke et ric Frenette, professeur lUniversit Laval.
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mes parents et tous ces anges qui meregardent
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Table des matires
La victimisation par les pairs lcole et la dpression ladolescence : tat de la question6
1.1. La violence en milieu scolaire .........................................................................................6
1.1.1. Une notion difficile dfinir ................................................................................61.1.2. Prvalence.............................................................................................................81.1.3. Incivilits, indiscipline, harclement ou violence?.............................................15
1.2. La victimisation par les pairs : la violence telle que vcue par les victimes .................241.2.1. Dfinition............................................................................................................241.2.2. Les formes de victimisation lcole .................................................................251.2.3. Prvalence...........................................................................................................271.2.4. Les victimes ........................................................................................................341.2.5. La victimisation et le modle thorique de Bandura ..........................................37
1.3. La dpression ladolescence........................................................................................411.3.1. Dfinition............................................................................................................411.3.2. Prvalence...........................................................................................................461.3.3. La dpression ladolescence : une question dge et de genre?.......................491.3.4. Le modle cognitif de la dpression dAaron Beck............................................501.3.5. Les jeunes dpressifs lcole............................................................................53
1.4. La victimisation par les pairs lcole et la dpression ladolescence : tat desconnaissances............................................................................................................56
1.5. Objectifs de ltude........................................................................................................65
CHAPITRE 2 : PREMIER ARTICLE..................................................................................67La victimisation par les pairs et la dpression ladolescence.............................................67Rsum..................................................................................................................................67
CHAPITRE 3 : DEUXIME ARTICLE..............................................................................86Relation entre la victimisation par les pairs lcole et la dpression chez des adolescentsfranais..................................................................................................................................86Rsum..................................................................................................................................86
Mthodologie................................................................................................................94Rsultats........................................................................................................................97Discussion...................................................................................................................111Conclusion ..................................................................................................................117
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CHAPITRE 4 : TROISIME ARTICLE............................................................................119Relation entre la victimisation par les pairs lcole et la dpression chez des adolescentsqubcois ............................................................................................................................119Rsum................................................................................................................................119
Mthodologie..............................................................................................................128
Rsultats......................................................................................................................130Discussion...................................................................................................................147Conclusion ..................................................................................................................151
Objectifs de recherche et synthse des rsultats .................................................................152Limites de ltude ...............................................................................................................152Perspectives de recherche ...................................................................................................155Pistes dintervention ...........................................................................................................156
Annexe A : Formulaire de consentement parental France...............................................179Annexe B : Formulaire de consentement parental - Qubec ..............................................181Annexe C : Formulaire dassentiment des lves...............................................................184Annexe D : Cahier de questionnaires .................................................................................187
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Liste des tableaux
Tableau 1 : Incidents violents graves les plus frquemment signals par les lves dans lestablissements scolaires du dpartement de la Seine-Saint-Denis (1993-1994).............9
Tableau 2 : Incidents de violence recenss dans les tablissements scolaires de lAcadmiede Paris (1993-1994).....................................................................................................10
Tableau 3 : Lieux concerns par les incidents de violence recenss dans les tablissementsscolaires de lAcadmie de Paris (1993-1994) .............................................................10
Tableau 4: Les six degrs de la violence scolaire.................................................................16
Tableau 5 : Manifestations comportementales de la violence psychologique......................20
Tableau 6 : volution de la perception de la violence par les collgiens victimes de racket
......................................................................................................................................29
Tableau 7 : Nature des expriences de victimisation lcole.............................................32
Tableau 8 : Caractristiques des victimes de violence lcole...........................................35
Tableau 9 : Signes primaires dans lidentification des lves victimes de violence lcole......................................................................................................................................36
Tableau 10 : Signes secondaires dans lidentification des lves victimes de violence lcole............................................................................................................................36
Tableau 11 : Critres diagnostiques de lpisode dpressif majeur......................................43
Tableau 12 : tudes transversales portant sur la victimisation par les pairs et la dpressionchez les adolescents ......................................................................................................57
Tableau 13 : tudes portant sur la relation entre la victimisation par les pairs lcole et ladpression ladolescence............................................................................................59
Tableau 14 : tudes transversales portant sur la victimisation par les pairs et la dpressionchez les adolescents ......................................................................................................76
Tableau 15 : tudes portant sur la relation entre la victimisation par les pairs lcole et ladpression ladolescence............................................................................................78
Tableau 16 : Description des participants.............................................................................95
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Tableau 17 : Prvalence de la victimisation par les pairs selon la frquence des actes deviolence subis................................................................................................................98
Tableau 18 : Prvalence de la victimisation par les pairs selon la frquence des actes deviolence subis et le sexe..............................................................................................100
Tableau 19 : Prvalence de la victimisation par les pairs selon la frquence des actes deviolence subis et l'ge (%) ..........................................................................................102
Tableau 20 : Prvalence de la dpression selon les degrs dintensit des symptmesdpressifs et le sexe.....................................................................................................104
Tableau 21 : Prvalence de la dpression selon les degrs dintensit des symptmesdpressifs et lge........................................................................................................105
Tableau 22 : Corrlations entre les actes de violence subis et la dpression......................107
Tableau 23 : Corrlations entre les actes de violence subis et la dpression selon le sexe 108
Tableau 24 : Corrlations entre les actes de violence subis et la dpression selon lge ...110
Tableau 25 : Description des participants de ltude..........................................................128
Tableau 26 : Prvalence de la victimisation par les pairs selon la frquence et la gravit desactes de violence subis (%).........................................................................................131
Tableau 27 : Prvalence de la victimisation par les pairs selon la frquence et la gravit desactes de violence subis et selon le genre (%)..............................................................132
Tableau 28 : Prvalence de la victimisation par les pairs selon la frquence et la gravit desactes de violence subis et selon lge (%)...................................................................134
Tableau 29 : Prvalence de la dpression selon le degr dintensit des symptmesdpressifs et le sexe.....................................................................................................138
Tableau 30 : Prvalence de la dpression selon les degrs dintensit des symptmesdpressifs et lge........................................................................................................139
Tableau 31: Corrlations entre les actes de victimisation et la dpression .......................140
Tableau 32 : Corrlations entre les actes de victimisation et la dpression selon le sexe(garons : G; filles : F)................................................................................................141
Tableau 33 : Corrlations entre les actes de victimisation et la dpression selon lge .....143
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Introduction
Dawson pourquoi? (2006). Vers 12h40, le 13 septembre 2006, une fusillade sest
produite dans un collge du centre-ville de Montral faisant une victime innocente et
plusieurs blesss graves. Un tireur fou vient de semer la terreur dans un tablissementscolaire montralais. Lorsquun incident dune telle violence survient, tous se posent la
question incontournable pour laquelle les rponses se font rarissimes : pourquoi? Afin
dapaiser leur douleur, leur dsolation et leur dsarroi devant une tragdie aussi terrifiante,
les gens cherchent comprendre, expliquer la situation et saisir toute la souffrance
dissimule derrire un personnage qui, pendant une courte priode de sa vie, semble avoir
perdu le contact avec la ralit. Les consquences sont dramatiques, voire irrparables.
Dcrit dans les journaux comme un tre solitaire, renferm et repli dans son monde, ce
dsquilibr sest rfugi dans la violence pour tenter de donner un sens son existence.
Souffrant dun mal-tre viscral, il disait ne pas aimer la vie, les gens normaux ainsi que les
sportifs. Adoptant des attitudes de dgot et de haine envers la socit, il tenait les
enseignants responsables des nombreux actes de taxage et dintimidation dont il a t
victime au cours de son passage au secondaire. Il leur reprochait davoir ferm les yeux sur
ces gestes violents perptrs son endroit et de ne pas tre intervenus aux moments
opportuns. tant la cible de rejets rpts et dexclusion lcole secondaire, cet individuplutt sombre prouvait un profond malaise et se sentait un presque rien. En mal de
reconnaissance, il recherchait peut-tre dsesprment une forme de contrle sur son
environnement, pouvoir que certains de ses pairs et autres membres de la socit lui avaient
soutir petit petit depuis toutes ces annes. Il a cherch devenir puissant travers cette
action sanglante et poignante. Il a mme dclar dans son journal personnel que tuer
constituerait un soulagement sa souffrance. De part ses paroles Vous ne pourrez jamais
me comprendre. , nous pouvons constater que cet homme vivait un sentiment intense de
dsespoir et dincomprhension tant de la part de ses proches que de la socit en gnral.
Il a eu recours, en cette journe de septembre, la violence pour tenter dpancher sa
douleur en tirant bout portant en direction de personnes innocentes de la socit quil
considrait comme ses ennemis. Voyant ses victimes souffrir, il a probablement vcu,
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pendant un quelconque moment, une sensation dallgement et dapaisement. Cette priode
de rconfort ne fut que de courte dure puisquil sest inflig la mort quelques instants plus
tard. Le titre dun article publi la suite des vnements La mort pour avoir accs une
vie meilleure (Gravel, 2006) rsume bien la dtresse de cet homme et le moyen utilis
pour sen dlivrer.
Lampleur de ce drame nous force rflchir, en tant que socit et praticiens dans le
secteur de lducation, limpact de toutes les violences manifestes au quotidien dans les
coles primaires et secondaires sur la sant physique et psychologique de ceux qui en sont
victimes. Souvent laisss pour compte, ces enfants et adolescents victimiss se doivent de
recevoir tout lencadrement et le soutien ncessaires de la part des intervenants scolaires
pour traverser le plus sainement possible ces pisodes violents considrs comme des
preuves troublantes et bouleversantes. Les adultes qualifient trop souvent ces gestes
dagression comme de simples chicanes denfants, une forme de jeu. Pourtant, banaliser la
violence perptre entre lves dans les tablissements scolaires revient ne pas porter
assistance aux victimes qui souffrent en silence et octroyer, par le fait mme, un certain
pouvoir aux agresseurs. Lignorance des stratgies mettre en application dans de telles
situations, le manque de support financier et humain de la part des autorits scolaires et
politiques ainsi que la peur de sengager dans une srie de rencontres et dinterventions
quils croient davance peu efficaces, amnent ces adultes manifester de limmobilisme et
de lindiffrence envers cesjeux denfants. Souvent vcue rptition, la violence lcole
devient un srieux obstacle au dveloppement physique et psychologique de plusieurs
jeunes les empchant de jouir pleinement de lducation qui leur est offerte. Bien plus, elle
risque de compromettre leur adaptation personnelle et sociale. Lvnement de Dawson
rappelle ainsi limportance de la problmatique de la victimisation ladolescence.
La victimisation par les pairs suscite un intrt grandissant de la part des chercheurs et
praticiens dans le domaine de lducation. Frquemment observe dans les coles
secondaires, la victimisation par les pairs constitue une ralit laquelle les lves sont
confronts quotidiennement (Bowen et Desbiens, 2004). Au cours des dernires annes, le
nombre de victimes de violence lcole a diminu tandis que lintensit de la violence
perptre en milieu scolaire a augment, affectant ainsi plus durement les victimes
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(Debarbieux, Montoya, Blaya, Dagorn et Rubi, 2003; Lebailly, 2001; LeBlanc, 1999;
Solliciteur gnral du Canada, 1994). Les insultes, les menaces verbales et les agressions
physiques ne reprsentent que quelques exemples de gestes violents subis par les lves.
Les adolescents qui en sont victimes prouvent souvent des problmes dordre scolaire
(baisse du rendement scolaire, difficults dapprentissage, dcrochage), social (difficult
entrer en relation avec les autres, difficult tablir et maintenir des relations sociales
positives avec autrui, rejet par les pairs) et psychologique (solitude, faible estime de soi,
anxit, dpression, penses suicidaires). La victimisation par les pairs reprsente une
vritable menace pour la scurit motionnelle de plusieurs jeunes.
Plac devant ce constat, il est primordial de porter une attention particulire au lien entre la
victimisation par les pairs et les problmes dadaptation psychosociale ladolescence pour
tenter de mieux comprendre linfluence de ces situations victimaires sur le dveloppement
psychologique des jeunes. La relation entre la victimisation par les pairs et la dpression
nous est apparue, dans cette perspective, comme un objet de recherche particulirement
intressant. Le nombre dadolescents victimes de violence lcole et dlves prsentant
des symptmes dpressifs diffre grandement dun pays lautre en raison notamment de la
diversit des approches utilises pour valuer ces problmatiques. Les carts entre le
Qubec et la France cet gard sont considrables. Sur le plan de la victimisation vcue
depuis le dbut de lanne scolaire, Cara et Sicot (1997) rapportent que 70 % de leur
chantillon dadolescents franais (11-15 ans) se disent victimes dau moins un acte de
violence de la part de pairs lcole tandis quau Qubec, Fortin (2002) rvle que 46,2 %
des lves de 13 ans et 25 % des lves de 16 ans ont vcu la mme situation. Sur le plan
de la dpression, Fahs, Chabaud, Dupla et Marcelli (1998) indiquent que 7 % des jeunes
franais gs de 12 20 ans participant ltude souffrent dun pisode dpressif majeur
tandis que Bergeron, Valla et Breton (1992) montrent que seulement 4,2% de leur
chantillon dlves qubcois gs de 6 14 ans prsentent une dpression majeure. Lesdiffrences observes ncessitent ainsi dexplorer davantage ces phnomnes et leur
interaction. Aucune recherche franaise ni qubcoise na dailleurs utilis les mmes
mesures auto-rvles dans les deux contextes pour valuer ces problmatiques
ladolescence.
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Cette tude franco-qubcoise poursuit trois objectifs : (a) valuer la prvalence, la
frquence et la nature de la victimisation par les pairs chez les adolescents; (b) valuer la
prvalence et lintensit de la dpression chez les adolescents; et (c) dterminer
limportance de la relation entre la victimisation par les pairs et la dpression chez les
adolescents. Dans un premier temps, la partie franaise de ltude a t mene dans le cadre
dune vaste enqute comparative internationale sur le dcrochage scolaire, les modes de vie
et les comportements des adolescents. Lchantillon retenu pour cette recherche comprend
356 adolescents et adolescentes gs entre 12 et 15 ans provenant de six collges publics de
la rgion du Sud-Ouest de la France. La partie qubcoise de ltude a, quant elle, t
ralise auprs de 360 adolescents et adolescentes gs entre 13 et 15 ans frquentant
quatre coles secondaires publiques. Des instruments de mesure ont t utiliss auprs des
adolescents franais et qubcois pour valuer la prvalence, la frquence et la nature de lavictimisation par les pairs (les chelles Victimisation de gravit mineureet Victimisation de
gravit majeure du Questionnaire sur lenvironnement socioducatif (QES; Janosz,
Georges et Parent, 1998) ainsi que la prvalence et lintensit des symptmes dpressifs
chez les adolescents (Inventaire de dpression de Beck, IDB; Beck, 1978, version
francophone de Bourque et Beaudette, 1982). Cette recherche propose donc dinnover en
valuant ces ralits dans des contextes culturels diffrents et en utilisant les mmes
mesures auto-rvles dans les deux pays.
Cette thse de doctorat est ralise selon une formule mixte incluant des chapitres rdigs
de manire classique et dautres sous forme darticles scientifiques qui seront soumis des
revues avec comit de lecture. tant donn que chacun des articles constitue un texte
indpendant qui sera soumis pour publication, le lecteur comprendra que certaines
rptitions sont invitables. La premire partie prsente une recension des crits portant sur
les connaissances actuelles de la victimisation par les pairs, la dpression ladolescence et
lassociation entre ces problmatiques. Une attention particulire est galement porte lasituation de ces phnomnes en France et au Qubec. La seconde partie comprend les trois
articles formant le corps de la thse. Le premier article se veut une synthse de ltat de la
question sur la victimisation par les pairs et la dpression ladolescence aborde en
premire partie. Il sera soumis laRevue des sciences de lducation. Le second article, qui
sera soumis auJournal International sur la Violence et lcole, prsente les rsultats dune
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tude corrlationnelle portant sur la relation entre la victimisation par les pairs et la
dpression auprs dadolescents franais. Le troisime article prsente les rsultats du volet
qubcois de cette recherche corrlationnelle. Bien que des redondances soient prsentes
dans cet article, ce dernier sera traduit en anglais pour fins de publication dans une revue
anglophone, soit Journal of School Violence. Les rsultats confirment lexistence des
problmes de victimisation par les pairs et de dpression chez les adolescents franais et
qubcois. Ils indiquent galement une relation positive entre la victimisation par les pairs
et la dpression chez lensemble des jeunes de ltude. Les corrlations obtenues dans les
deux pays sont relativement comparables aux quelques donnes cites dans des recherches
antrieures sur la question. Nanmoins, les rsultats de cette enqute montrent que la
victimisation par les pairs et la dpression ladolescence ne se dveloppent pas de la
mme manire selon le sexe des lves, leur ge et le contexte dans lequel ces jeunesvoluent. La troisime partie de la thse prsente une brve discussion de lensemble des
rsultats obtenus, une conclusion gnrale, des perspectives pour des recherches futures
ainsi que des pistes dintervention. Enfin, la quatrime partie comporte toutes les rfrences
consultes dans le cadre de cette thse ainsi que les annexes comprenant les questionnaires
et formulaires utiliss pour cette enqute.
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CHAPITRE 1
La victimisation par les pairs lcole et la dpression
ladolescence : tat de la question1.1. La violence en milieu scolaire
1.1.1. Une notion difficile dfinir
La violence en milieu scolaire demeure une problmatique difficile dfinir. La plupart des
individus associent la violence scolaire aux rares gestes dagression souvent qualifis de
spectaculaires. Largement diffuss travers les mdias, ces actes rfrent majoritairement
des crimes et des dlits commis contre la personne et/ou contre la proprit. Mais quen est-il vraiment du phnomne de la violence lcole? Doit-on se limiter ce qui est rapport
dans les mdias ou doit-on aller au-del du sensationnalisme?
Violence lcole, violence scolaire, violence entre lves, violence en milieu scolaire et
victimisation sont autant dexpressions employes indiffremment pour nommer le
problme de la violence dans les coles primaires et secondaires. Les termes utiliss dans
les crits scientifiques diffrent galement de manire importante : troubles du
comportement, brutalit, incivilits, harclement, dlinquance, agressivit, comportementantisocial, criminalit (Blaya, 2006; Bowen et Desbiens, 2004; Debarbieux, 2006;
Flannery, 1997).
Force est de constater quil nexiste actuellement aucune dfinition commune de la violence
lcole. Selon Vettenburg (1998), la difficult dfinir prcisment la violence en milieu
scolaire a incit la communaut scientifique opter pour une dfinition large de la violence.
De nature multidimensionnelle, la notion de violence scolairea historiquement t utilise
pour dcrire des comportements agressifs et violents observs lcole (Furlong et
Morrison, 2000). Plus rcemment, les concepts de victimisation, dagression, de
comportement antisocial, de perptration de la violence et dactivits criminelles ont t
intgrs la dfinition de la violence scolaire (American Psychological Association (APA),
1993; Flannery, 1997). La dfinition du comportement antisocial propose par Melero
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(n.d., cit dans Vettenburg, 1998) ainsi que la conceptualisation de la violence lcole
suggre par Martin (1994, cit dans Vettenburg, 1998, 1.2 Vers une dfinition de travail,
12) en sont des exemples. Les crits proposent dailleurs dutiliser la notion de
comportement antisocial comme dnominateur commun de certains comportements de
violence, tels que le chahut, lintimidation sexuelle et la violence. Le comportement
antisocial rfre ainsi, selon Melero (n.d., cit dans Vettenburg, 1998, 1.2 Vers une
dfinition de travail, 11), toute situation dbordant les limites dune discussion ou
dune confrontation dopinions et engendre une confrontation verbale ou physique entre
lves, professeur(s) et lve(s), professeur(s) et parents et mme entre professeurs. Cette
dfinition reprend par ailleurs le vol et la dgradation prmdits de la proprit
personnelle, de matriel scolaire ou dinfrastructures . Cette caractrisation du
comportement antisocial renvoie donc des situations au cours desquelles interagissentdiffrents acteurs du milieu scolaire selon un rapport de force.
Selon Martin (1994, cit dans Vettenburg, 1998, 1.2 Vers une dfinition de travail, 12),
La violence dans les coles est prsente dans toute situation o un membrede la communaut scolaire (professeur, tudiant, membre du personnelducatif, parent ou visiteur) fait lobjet dintimidations, de menaces oudune agression, ou lorsque ses biens personnels sont dlibrmentendommags par un autre membre de cette communaut ou le public dansles circonstances dcoulant de ses activits dans une cole.
Cet auteur aborde davantage la notion de violence scolaire du point de vue de la victime en
prcisant que les actions de violence sont diriges de manire intentionnelle envers autrui.
Par ailleurs, le Center for the Prevention of School Violence(2002, 2) dfinit la violence
scolaire comme tout comportement qui viole la mission ducative ou le climat de respect
d'une cole ou qui compromet l'intention de l'cole dtre exempte d'agression contre les
personnes ou la proprit, de drogues, darmes, de perturbations, et de dsordre . La
violence lcole rfre alors au non-respect des rgles scolaires et sociales rgulant lesinteractions entre les membres dune communaut et pouvant affecter le climat
dapprentissage dans lequel les lves voluent.
Debarbieux (1996), lun des chefs de file europens sur la question de la violence lcole
conoit la violence scolaire comme une dsorganisation brutale ou continue dun systme
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personnel, collectif ou social se traduisant par une perte dintgrit qui peut tre physique,
psychique ou matrielle (p. 45). Il prcise que la violence est dpendante de lpoque, des
valeurs, des codes sociaux, juridiques et politiques ainsi que des fragilits personnelles des
victimes, ce qui explique la difficult den laborer une dfinition unique. Cet auteur utilise
plusieurs expressions pour la dsigner : incivilits, brutalit, brimades rptes et
harclements.
Au Qubec, la dfinition de la violence lcole propose par le Centre des services
sociaux de Qubec (1981) a t adopte par le Conseil suprieur de lducation (1984) et
par le ministre de lducation du Qubec (1988) et sera retenue dans le cadre de cette
thse titre de rfrence :
La violence se prsente comme lusage abusif dun pouvoir (physique,hirarchique, psychologique, moral, social) de faon ouverte ou camoufle,spontane ou dlibre, motive ou non, par un individu, un groupe ou unecollectivit, par des moyens (physiques, verbaux, psychologiques, moraux,sociaux) servant assurer la rponse un besoin ou un dsir et qui porteprjudice la personne dautrui (Roy et Boivin, 1988, p. 8).
Enfin, la violence scolaire renvoie de multiples conceptualisations labores selon le
contexte culturel, les normes sociales ainsi que les valeurs des individus, ce qui complexifie
lvaluation de sa prvalence, de sa frquence et de sa nature.
1.1.2. Prvalence
Les sources officielles sur la prvalence de la violence en milieu scolaire demeurent
relativement rares dans la majorit des pays francophones (Debarbieux, 2006; Funk, 2001;
Hbert, 2001). Gnralement ponctuels, non rpts et lacunaires, les recensements ne
permettent pas aux autorits scolaires de suivre lvolution du phnomne. Parmi les pays
de la Francophonie, un certain nombre de chercheurs se sont intresss au dveloppement
du problme de la violence dans les coles secondaires, plus particulirement dans lestablissements scolaires franais et qubcois.
La violence dans les tablissements scolaires franais : un portrait national
Depuis le dbut des annes 1990, la violence lcole constitue un thme central de
lactualit franaise. Bien que la violence dans les tablissements scolaires franais ne soit
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pas un phnomne rcent, lvolution de son intensit et de sa nature au cours des dernires
annes a incit la communaut scientifique explorer davantage cette problmatique
(Debarbieux, 2006). Pour llaboration dune politique de prvention et de remdiation, les
responsables des acadmies ont considr ncessaire de crer un recensement systmatique
des faits violents en milieu scolaire (Fotinos, 1995).
Le premier recensement officiel des incidents de violence dans les tablissements scolaires
franais a t effectu en 1993-1994. Il repose sur un tableau de bord acadmique, soit un
systme de comptage comprenant diverses informations sur les incidents violents perptrs
dans les milieux scolaires. Ces renseignements proviennent de fiches de liaison compltes,
de manire mensuelle ou trimestrielle, par les tablissements, lacadmie ou le dpartement.
titre dexemple, Fotinos (1995) rapporte des statistiques transmises par un dpartement
ainsi que par une acadmie.
La premire enqute a t ralise dans le dpartement de la Seine-Saint-Denis auprs de
293 000 lves (119 000 de lenseignement secondaire) frquentant 170 coles publiques
(103 collges). Les donnes recueillies lors de cette recherche rvlent que 241 incidents
graves ont t dnombrs. Les incidents violents graves qui ont t les plus frquemment
signals par les lves sont prsents au Tableau 1.
Tableau 1 : Incidents violents graves les plus frquemment signals par les lves dans lestablissements scolaires du dpartement de la Seine-Saint-Denis (1993-1994)
Incidents violents graves(N = 241)
Pourcentage des lves ayant signal desincidents violents graves
Agressions physiques 20%Dgradations 15,3%
Incendies 13,7%Menaces graves 12,9%
Agressions entre lves 12%
Vols 10,8%Agressions avec armes 8,3%Incursions dlments extrieurs 5,4%
Violences sexuelles 1,6%(Source : Fotinos, 1995, p. 10)
Le rapport Fotinos (1995) rapporte galement des donnes de lAcadmie de Paris
concernant 273 000 lves de lenseignement public dont 136 000 lves du secondaire.
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Quelque 215 incidents scolaires ont t recenss laide de fiches de liaison dont 75,5%
dans les collges, 15,5% dans les lyces professionnels et 9% dans les lyces
denseignement gnral et technique. La proportion des divers incidents de violence
enregistrs dans les tablissements scolaires de lAcadmie de Paris est prsente au
Tableau 2. Il est important de noter que certains incidents violents se cumulent dans plus
dune catgorie.
Tableau 2 : Incidents de violence recenss dans les tablissements scolaires de lAcadmiede Paris (1993-1994)
Incidents scolaires Pourcentage des incidents scolairesrecenss
Violence physique 58% (42,5% dans les collges)Violence verbale 35% (26% dans les collges)
Dgradations 16% (10,5% dans les collges)Vols 12% (6% dans les collges)
Racket 6% (4% dans les collges)(Source : Fotinos, 1995, p. 9)
Les personnes touches par ces faits violents taient majoritairement des lves (90,5%)
(Fotinos, 1995). De plus, ces incidents de violence ont t commis dans diffrents endroits
des milieux scolaires. Les principaux lieux concerns par ces incidents sont prsents au
Tableau 3.
Tableau 3 : Lieux concerns par les incidents de violence recenss dans les tablissementsscolaires de lAcadmie de Paris (1993-1994)
Lieux Pourcentage des lieux concerns par lesincidents scolaires
Salles de classe 30%Cours de rcration 20%
Devant ltablissement 14%Dans les couloirs 10%
Autres (toilettes, caftria, escaliers, etc.) 26%(Source : Fotinos, 1995, p. 9)
Ces deux enqutes furent les premires vritables tentatives de quantification du
phnomne de la violence dans les coles franaises. Il sagit de lune des rares sources de
donnes continues depuis 1993.
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Par ailleurs, afin de suivre de manire plus prcise lvolution de la situation dans les
tablissements scolaires, la France a introduit un recensement administratif obligatoire des
actes de violence. Lors de la rentre scolaire franaise en 2001-2002, le ministre de
l'ducation Nationale, de lEnseignement suprieur et de la Recherche a mis en place le
logiciel spcialis SIGNA visant le dnombrement exhaustif des faits graves de violence
survenant lcole et ses abords. Le recensement seffectue durant toute lanne scolaire,
par priode de deux mois, dans l'ensemble des collges et lyces publics ainsi que des
circonscriptions du premier degr. Ce logiciel enregistre les incidents graves, soit (1) ceux
dont la qualification pnale est vidente, (2) ceux qui font lobjet dun signalement, et (c)
ceux qui ont un retentissement important dans la communaut ducative (Houll et
Rondeau, 2002). Il dtermine quatre grandes catgories de faits violents : (a) les atteintes
la personne dautrui, (b) les atteintes aux biens, (c) les atteintes la scurit, et (d) lesautres atteintes (trafic et consommation de stupfiants). Il permet galement de recenser les
actes racistes et antismites (Blaya, 2006). Toutefois, Blaya (2006) qualifie ces donnes
dimparfaites, car elles se limitent aux faits graves ainsi quaux actes rapports par les
enseignants. Ainsi, les gestes de violence perptrs au quotidien dans les coles qui ne sont
pas officiellement dnoncs demeurent inconnus, sous-estimant par consquent, selon cette
chercheuse, la problmatique de la violence dans les milieux scolaires. Malgr quelles
soient incompltes, ces donnes transmettent des informations pertinentes sur la situation
des coles en France, voire sur la nature des faits, les lieux des infractions ainsi que les
auteurs et les victimes impliqus dans les dlits.
Lors de la premire anne de recensement des actes de violence dans les collges et lyces
franais laide du logiciel SIGNA (2001-2002), prs de 36 000 incidents ont t
enregistrs. Dans 80% des cas, les lves en taient les auteurs. Les atteintes autrui
reprsentaient, quant elles, le type dincidents le plus souvent rapport (58%). Selon les
donnes les plus rcentes du recensement de SIGNA (2004-2005), le nombre dinfractionsslve 80 000. Les lves en sont encore le plus souvent les auteurs (80%) et les atteintes
autrui les actes les plus frquemment dnombrs (61%) (Houll, 2002, 2005). Bien que
des statistiques officielles sur la violence dans les tablissements scolaires franais soient
disponibles, le portrait de ce phnomne a t jug, entre autres par Blaya (2006) et
Debarbieux (2006), comme incomplet. Ce dernier considre quil est plus profitable de
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croiser les donnes officielles aux autres types denqutes telles les enqutes de victimation
(Debarbieux, 2004).
Les tudes de Debarbieux et son quipe ont dailleurs permis de suivre lvolution des faits
de violence dans les milieux scolaires en France. Ces enqutes visent essentiellement recueillir les perceptions des lves et des membres du personnel des coles lmentaires,
des collges et des lyces des diffrentes dimensions de la violence repre dans leur
tablissement scolaire (Debarbieux, 1996; Debarbieux et al., 2003). Le Questionnaire sur
la vie scolaire(Debarbieux, 1998) constitue linstrument de mesure utilis dans le cadre de
ces recherches pour tudier les principaux indicateurs de la violence scolaire, soit ceux
associs la victimation et aux dlits (menaces, vols, coups, racisme, insultes), au climat
scolaire (relations entre lves et entre lves et adultes de lcole, relations entre adultes,
clart, frquence et justice des punitions, lieux frquents, aims et dtests) ainsi quau
sentiment dinscurit (violence et agressivit perues, perception du quartier environnant).
Cet outil permet galement de mesurer le climat global de lcole. Deux recherches menes
par Debarbieux et son quipe ont t retenues dans cette recension pour expliquer la
situation des coles franaises en regard de la violence.
Au cours de lanne scolaire 1994-1995, Debarbieux a effectu une premire tude portant
sur la perception de la violence scolaire auprs de 14 316 lves de 89 tablissements detous types sociaux du primaire, du collge et du lyce (Debarbieux et al., 2003). Il constate
que 88% des lves de lchantillon rvlent la prsence de violence dans leur
tablissement scolaire. Plus prcisment, 18% des lves estiment que la violence est trs
prsente (normment et beaucoup) dans leur cole. Les rsultats de cette enqute montrent
galement que 63% des lves de collges considrent les bagarres comme tant la forme
de violence la plus frquente dans leur cole, 9% la violence verbale et 6% le racket
(Debarbieux, 1996; Debarbieux, Garnier, Montoya et Tichit, 1999). Cette recherche fournit
ainsi des donnes sur la prvalence et la nature de la violence dans les coles franaises et
vient suppler aux carences des statistiques dites officielles.
Dans le cadre dune seconde tude sur la perception de la violence scolaire ralise en 2003
auprs de 6 615 lves (3 871 lves de collges), lauteur observe que 92,3% des
collgiens rapportent la prsence de violence dans leur cole. Plus spcifiquement, 21,2%
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socio-ducatif des jeunes. Ces derniers devaient remplir le Questionnaire sur
lenvironnement socio-ducatif (QES) permettant dvaluer plusieurs aspects du vcu des
jeunes dont la violence manifeste entre pairs. Les rsultats de cette recherche rvlent que
les actes de violence de gravit mineure (insultes et menaces verbales, les petits vols, les
mdisances, etc.) reprsentent le type de violence le plus frquemment rpandu dans les
tablissements denseignement secondaire. Les problmes de violence de gravit majeure
(agressions physiques ou armes, menaces physiques, taxage/extorsion) demeurent
toutefois relativement rares tant au primaire quau secondaire. Plus prcisment, une
proportion de 59% des adolescents peroivent des insultes entre les lves presqu tous les
jours ou plusieurs fois par semaine. Quant aux menaces formules envers des lves, 12%
de lchantillon les peroivent presque chaque jour et 14% plusieurs fois par semaine.
Enfin, environ 12% des lves considrent que les bagarres lcole sont presquequotidiennes ou surviennent plusieurs fois par semaine (Janosz, Bouthillier, Blanger,
Bowen et Archambault, 2003). Cette tude a ainsi permis, au cours des dernires annes, de
recueillir des donnes sur les perceptions des lves de la violence dans leur cole et de
tracer un portrait gnral de lampleur de ce phnomne dans les tablissements scolaires
qubcois.
De plus, le ministre de la Scurit publique du Qubec a men une tude spcifique sur le
taxage (voir dfinition p. 22-23) auprs de 16 660 adolescents qubcois gs de 12 17
ans. Les rsultats montrent que 61,9% des lves sont affects1 par le taxage et que la
moiti de lensemble des participants tmoignent de leur crainte den tre victimes. Prs du
quart des lves a, pour sa part, t tmoin de gestes de taxage (14% ont t tmoins dactes
de taxage une fois, 6,5% de deux cinq fois et 2,5% six fois ou plus) tandis que 6% ont
dj tent de faire ou ont fait du taxage. Cette recherche ne fournit nanmoins que peu
dinformations sur les autres formes de violence perptres entre les lves (Cousineau,
Gagnon et Bouchard, 2002).
Finalement, les quelques tudes qubcoises disponibles ont souvent t ralises dans le
cadre de recherches gouvernementales ciblant des objectifs plus larges (Fortin, 2002;
1Ce taux comprend les jeunes qui, sans avoir t directement impliqus dans des expriences de taxage entant que victimes, tmoins ou auteurs, ont tout de mme dclar avoir peur d'tre taxs.
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Ministre de la Sant et des Services Sociaux, 1991). Par exemple, lEnqute sociale et de
sant auprs des enfants et des adolescents qubcois (Fortin, 2002) a permis, entre autres,
dexaminer les expriences de victimisation des jeunes en milieu scolaire sans pour autant
fournir des informations globales sur le problme de la violence dans les coles
qubcoises.
1.1.3. Incivilits, indiscipline, harclement ou violence?
Les lves manifestent des comportements de violence de nature diffrente et dintensit
plus leve quauparavant (Debarbieux et al., 1999; Lebailly, 2001; LeBlanc, 1999;
Solliciteur gnral du Canada, 1994). La violence entre lves prend ainsi plusieurs formes.
Incivilits, incidents mineurs, violences verbales, agressions physiques, harclements et
menaces sont autant de comportements auxquels la notion de violence scolaire peut tre
attribue (Blaya, 2006). Ce champ de recherche ne possde actuellement aucun consensus
conceptuel prcis concernant les divers types de violence scolaire. Il nest donc pas
surprenant de constater quil existe une confusion des termes pour la dcrire.
Selon Dupquier (1999, p. 8), la violence ne se confond pas avec lagressivit, mais avec
ses manifestations . Il identifie quatre principales formes de violence scolaire : (a) les
violences contre les biens individuels (vol, racket), (b) les violences contre la proprit
collective (vandalisme, incendies volontaires), (c) les violences verbales ou morales contre
les individus (lves, membres du personnel), et (d) les violences physiques ayant entran
ou non une incapacit du travail. Cet auteur prcise que la violence en milieu scolaire
volue en intensit, sans expliquer clairement le rationnel de cette gradation. Il distingue
ainsi diffrents degrs de violence prsents lcole (voir Tableau 4).
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Tableau 4: Les six degrs de la violence scolaire
Degrs Comportements de violence1 Trouble en classe : faire rire, saper lautorit de lenseignant.2 Bagarres entre lves.
3 Absentisme systmatique, racket.4 Insolence, provocation.5 Vandalisme (allant des graffitis lincendie volontaire)6 Violence physique contre les biens et les personnes des enseignants et
du personnel dencadrement.(Source : Dupquier, 1999, p. 9)
Lorrain (2003) propose, quant lui, une typologie des comportements de violence
manifests dans le monde scolaire : (a) les violences morales (incivilit, indiscipline,
harclement, violence psychologique), (b) physiques (vol, racket, bizutage, suicide,
maltraitance), et (c) sociales (violence dans les transports scolaires, vandalisme,conduites risque, comportements suicidaires).
Les typologies dveloppes par ces auteurs rendent compte de la multiplicit des formes
que peut prendre la violence dans les milieux scolaires. Dans le cadre de cette thse de
doctorat, nous avons retenu certaines manifestations de la violence lcole qui, bien
quelles ne constituent pas des catgories mutuellement exclusives, seront dcrites de
manire plus dtaille : les incivilits, les microviolences, lindiscipline, le harclement, la
violence psychologique, la violence verbale, la violence physique et le taxage/racket.
Incivilits
Bien que les mdias mettent davantage laccent sur les violences scolaires les plus dures et
les plus brutales, lcole est plus souvent le cadre de petites infractions que dactions
pnalement qualifiables (Blaya, 2006). Difficilement quantifiables, les incivilits
reprsentent la forme de violence dominante en milieu scolaire (Debarbieux, 1996). Selon
Roch (1993), les incivilits sexpriment sous forme anodine sans blesser physiquementautrui, telles limpolitesse et la violence verbale. Il rvle quelles ne peuvent tre
considres ni comme des dlits, ni comme des crimes. La plupart des spcialistes
sentendent pour dfinir les incivilits par des atteintes quotidiennes au droit de chacun de
voir sa personne respecte : paroles blessantes, grossirets diverses, bousculades,
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mentale, ltat de personne gracie) (Commission canadienne des droits de la personne,
2004, 1). La discrimination constitue ainsi une atteinte aux droits de llve qui en est
victime.
Violence verbale
Qui plus est, la violence verbale consiste menacer, blesser ou dire des mchancets
quelquun (Gendarmerie royale du Canada, 2003a). Ce type de violence sexprime
spcifiquement par des bavardages, des cris, des injures ainsi que des propos impolis et
vexatoires (Casanova, 2000). Elle peut galement se manifester sous forme doutrages,
dharclement, de menaces, de calomnies, de taquineries et de mdisances (Pain, 1997).
Lune des formes de violence verbale les plus populaires auprs des jeunes est linjure. Elle
se dfinit comme toute expression outrageante, terme de mpris ou invective qui ne
renferme limputation daucun fait (Ministre de lducation Nationale, de la Recherche
et de la Technologie, 1998, p. 16). Les insultes sont frquentes et considres, selon Moser
(1987), comme un lment dclencheur de la violence plus brutale. Une insulte appelle en
effet souvent lagression ractionnelle de la part de la victime. Pour la majorit des
jeunes, les propos injurieux dun pair font rarement partie de leur propre dfinition de la
violence. tant donn le ct ludique que possdent les injures pour les jeunes, ces derniers
valueraient leur gravit de manire plus nuance (Debarbieux, 1996). Le ton avec lequelsont prononcs les mots serait dailleurs davantage significatif pour la victime de ces
injures que linsulte elle-mme.
Violence physique
En ce qui concerne la violence physique, elle regroupe toutes les infractions qui portent
atteinte directement lintgrit physique dune personne (Service de police de la Ville
de Montral, 2005, 1). La Gendarmerie royale du Canada (2003a) dfinit, quant elle, les
agressions physiques comme tant des blessures infliges une personne en utilisant la
force physique. Elles se prsentent sous la forme de svices corporels ou dune contrainte
physique dans le but de contrler lautre (Association fminine dducation et daction
sociale, 2003). Le fait de pousser, dempoigner, de bousculer, dtrangler ou de gifler un
autre jeune, de le frapper coups de poing, coups de pied ou avec un objet, dutiliser une
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arme contre lui ou de len menacer reprsentent quelques-unes des manifestations de
violence physique (Totten, 1997).
Considr comme une forme de violence physique, le bizutage constitue un acte pouvant
tre perptr en milieu scolaire. En France, le bizutage reprsente un dlit clairement punipar la loi. Le Code pnal franais dcrit le bizutage par un ensemble dactes humiliants ou
dgradants en milieu scolaire (Livre II, titre II, Chapitre V, Section 3 bis, Article 225-16-
1, Ministre de lducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie, 1998). Dans
larticle 14 de la loi adopte le 17 juin 1988 par le ministre de lducation Nationale
(Ministre de lducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie, 1998, p. 17), le
bizutage se dfinit comme tant hors les cas de violences, de menaces ou datteintes
sexuelles, le fait pour une personne, damener autrui, contre son gr ou non, subir ou
commettre des actes humiliants ou dgradants lors de manifestations ou de runions lies
aux milieux scolaires ou socio-ducatifs .
Taxage/racket
Le termetaxagereprsente un mot propre la langue parle qubcoise (Cousineau et al.,
2002). Apparu dans les annes 1990, ce qubcisme constitue la francisation du mot racket
qui signifie dans la culture franaise extorsion de fonds, de valeurs ou dun bien
quelconque, ou bien de vol avec violence (Ministre de lducation Nationale, de la
Recherche et de la Technologie, 1998, p. 23). Lextorsion est le fait dobtenir par
violence, menace de violences ou contraintes, soit une signature, un engagement ou une
renonciation, soit la rvlation dun secret, la remise de fonds, de valeurs ou dun bien
quelconque (art. 312-1, Dufour-Gompers, 1992). Concrtement, le racket correspond
une rcupration rapide de biens de consommation. Il consiste en une succession dactions
plus ou moins brutales et de menaces. Lorrain (2003) considre le racket dans une relation
agresseur-victime se manifestant par la dvalorisation dautrui, la domination de lautre,par des menaces sourdes, sur des plus faibles (p. 30). Le racketteur teste dabord la
rsistance de la victime en la forant effectuer un prt. Il influence sa victime en
prtextant quil lui rendra lemprunt une prochaine fois. Ensuite, le racket se transforme
sous forme de jeu collectif ayant pour but de provoquer lautre. Les menaces verbales
entrent rapidement dans cette suite de squences. la suite de quelques changes verbaux,
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le racketteur passe lacte en procdant la dpouille organise. La dernire squence
consiste choisir un lve qui deviendra le bouc missaire, cest--dire quil sera rejet,
frapp et vol rptition. Le racket consiste en une lente pression psychologique exerce
sur llve, lenfermant dans un engrenage.
Au Qubec, le taxage est considr comme un acte criminel. En vertu du Code criminel
canadien (Gouvernement du Canada, 1985), le taxage consiste en un vol qualifi avec
menace dextorsion ou dintimidation. Il en propose la dfinition suivante :
Commet un vol qualifi quiconque, selon le cas : (a) vole et, pour extorquerla chose vole ou empcher ou matriser toute rsistance au vol, emploie laviolence ou des menaces de violence contre une personne ou des biens; (b)vole quelquun et, au moment o il vole, ou immdiatement avant ou aprs,blesse, bat ou frappe cette personne ou se porte des actes de violence
contre elle; (c) se livre des voies de fait sur une personne avec lintentionde la voler; (d) vole une personne alors qu'il est muni d'une arme offensiveou d'une imitation d'une telle arme (art. 343, Code criminel canadien,Gouvernement du Canada, 1985).
De plus, le Code criminel canadien (Gouvernement du Canada, 1985) dfinit lextorsion
comme suit : commet une extorsion quiconque, sans justification ou excuse raisonnable et
avec l'intention d'obtenir quelque chose, par menaces, accusations ou violence, induit ou
tente d'induire une personne, que ce soit ou non la personne menace ou accuse, ou celle
contre qui la violence est exerce, accomplir ou faire accomplir quelque chose (art.346, Code criminel canadien, Gouvernement du Canada, 1985).
Il sagit de prendre quelque chose un lve contre sa volont en utilisant la menace,
lintimidation ou la force physique (Cousineau et al., 2002). En regard des dfinitions
proposes, Frchette et Leblanc (1987) identifient deux formes de vol qui sapparentent au
taxage. Le but premier de ces comportements dlictueux consiste sapproprier des biens
au moyen dactions coercitives diriges directement vers la victime. La premire forme de
vol se caractrise par le recours des moyens physiques par ladolescent pour atteindre sonobjectif. La seconde forme est marque, quant elle, par une pression psychologique
(menaces et intimidation) exerce par ladolescent sur sa victime. Il y a taxage lorsquun
jeune ou une bande de jeunes vole les biens ou largent dun autre jeune, linsulte ou le
mprise, le menace ou le frappe, ou loblige poser des gestes quil ne veut pas faire
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(Gendarmerie royale du Canada, 2003b). Forme grave dintimidation, le taxage est un
phnomne complexe produisant ainsi des impacts rels sur les victimes (Cousineau et al.,
2002).
Les conceptualisations de la violence scolaire diffrent considrablement, caractrisantainsi les intrts, les domaines dexpertise et la discipline des auteurs. Aucune dfinition
universelle de la violence lcole na jusqu prsent t formule. Toutefois, les
statistiques sur la prvalence montrent limportance du phnomne dans les coles
secondaires et la ncessit dexaminer plus prcisment certaines facettes, particulirement
le vcu des victimes.
1.2. La victimisation par les pairs : la violence telle que vcuepar les victimes
1.2.1. Dfinition
La victimisation constitue une exprience relativement frquente chez les enfants et les
adolescents dge scolaire (Lagerspetz, Bjorkqvist et Peltonen, 1988; Rigby et Slee, 1991;
Slee, 1995; Withney et Smith, 1993). Le concept de victimisation par les pairs rfre tout
comportement manifest par une personne envers autrui risquant de causer du tort physique
ou psychologique (Curtis et OHagan, 2003). Vernberg, Jacobs et Hershberger (1999)dfinissent, pour leur part, cette notion comme tant des actions perptres par un ou
plusieurs jeunes (auteurs) dans lintention dinfliger des blessures ou souffrances physiques
ou psychologiques un autre jeune (victime). De manire encore plus prcise, Rigby
(1997) caractrise la victimisation par un patron de comportements agressifs dirigs, de
faon discrte et rpte, envers une autre personne au statut plus faible.
Chercheur renomm sur la relation entre agresseur et victime, Olweus conduit des tudes
depuis plus de 20 ans dans ce domaine. Spcialiste incontest des problmes de
harclements et de victimisation, il propose une dfinition gnrale de la victimisation par
les pairs largement utilise dans les crits. Il suggre quun lve est victime de violences
ou de victimisation lorsquil est expos, [de manire rptitive], des actions ngatives de
la part de lun ou plusieurs autres lves (Olweus, 1999a, p. 20). Les comportements sont
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considrs comme tant des actes ngatifs lorsquune personne tente ou parvient porter
prjudice ou infliger une souffrance autrui avec intention (Olweus, 1999a, p. 20). Ils
renvoient toute tentative intentionnelle de blesser ou dinfliger un malaise une autre
personne en recourant la violence physique ou des mots blessants, en la rejetant
volontairement ou en rpandant de fausses rumeurs son sujet. Il ne sagit pas de gestes
bnins commis isolment envers lun ou lautre des lves. Le harclement est
dlibrment dirig vers la victime.
Par ailleurs, plusieurs termes sont employs indiffremment dans la littrature pour
signifier toute exprience vcue par des enfants et des adolescents tant la cible dactions
agressives de la part dautres jeunes. Ainsi, les enfants et adolescents victimes dagressions
de la part de pairs sont dcrits comme tant harcels (bullied) (Olweus, 1993; Withney et
Smith, 1993), victimiss (Crick et Grotpeter, 1996; Perry, Kusel et Perry, 1988) ou rejets
(Vernberg, 1990). La variabilit des concepts utiliss pour dcrire la problmatique de la
victimisation par les pairs complexifie ainsi la comparaison des enqutes.
En somme, la victimisation par les pairs rfre essentiellement un comportement :
(a) agressif ou intentionnel dans le but de blesser autrui, (b) manifest de manire rpte et
long terme, et (c) survenant lors de relations interpersonnelles o rgne un dsquilibre du
pouvoir entre agresseur et victime (Olweus, 1993; Olweus, 1999b; Perry, Willard et Perry,1990). Cependant, la comprhension conceptuelle de la victimisation par les pairs ne peut
tre complte sans une description plus prcise de ses formes.
1.2.2. Les formes de victimisation lcole
La victimisation par les pairs prend diverses formes selon le degr de svrit ou le
caractre direct de lagression pour la victime (Kochenderfer et Ladd, 1996). Dans le cadre
dune mta-analyse portant sur la victimisation et ladaptation psychosociale, Hawker et
Boulton (2000) ont identifi cinq principaux types de victimisation : (a) indirecte, (b)
relationnelle, (c) physique, (d) verbale et (e) non spcifie.
Tout dabord, la victimisation indirecte renvoie des actions subies par la victime ayant
pour but de lisoler, de lexclure ou de la rejeter (Olweus, 1994), et ce, par lentremise
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dune tierce personne (Hawker et Boulton, 2000). Elle rfre des gestes de violence subis
dans le but de causer du tort en manipulant ou en contrlant les relations sociales dautrui
(Lagerspetz et al., 1988; Olweus, 1994). La propagation de remarques dsobligeantes sur
une personne, lexclusion sociale et lentretien de liens damiti avec une autre personne
comme forme de vengeance reprsentent quelques exemples concrets de situations de
victimisation indirecte (Bjorkqvist, Lagerspetz et Kaukiainen, 1992; Bjorkqvist, Osterman
et Kaukiainen, 1992; Crick et Grotpeter, 1996). Cette forme de victimisation peut
galement tre appele victimisation rputationnelle lorsque des torts sont causs
spcifiquement la rputation dautrui (Prinstein, Boergers et Vernberg, 2001).
La victimisation relationnelle apparat, quant elle, lorsquune victime subit directement
des torts de la part dun agresseur via des prjudices (ou menace de prjudices) sur le plan
des relations sociales (Crick et Nelson, 2002). Plus prcisment, le fait dexclure
intentionnellement un individu du groupe, de lui mentionner que les autres le dtesteront
moins quil ne fasse ce que lagresseur lui ordonne et duser de reprsailles dans le but de
lisoler du groupe social constituent des circonstances impliquant la victimisation
relationnelle (Crick, Casas et Ku, 1999; Crick et Grotpeter, 1996). Certains auteurs
ntablissent aucune distinction entre la victimisation indirecte et la victimisation
relationnelle (Kennedy, 2006). Toutefois, Crick, Nelson, Morales, Cullerton-Sen, Casas et
Hickman (2001) prcisent que contrairement la victimisation indirecte, la victimisation
relationnelle implique tant des agressions perptres directement quindirectement envers la
victime.
La troisime forme de victimisation, la victimisation physique, rfre des attaques
physiques ou dintimidation diriges ouvertement envers la victime, telles gifler, donner
des coups de poing ou des coups de pied, lancer des objets, pousser, bousculer, pincer,
voler ou prendre sans permission des objets appartenant autrui (Crick et Nelson, 2002;
Olweus, 1994; Paquette et Underwood, 1999). Effrayer ou menacer physiquement un pair
constituent galement des comportements lis la victimisation physique (Prinstein et al.,
2001).
La victimisation verbale se caractrise, pour sa part, par des agressions verbales directes se
produisant lors de situations de face--face (Rivers et Smith, 1994). Les menaces, les
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railleries verbales, les moqueries, les taquineries, les sobriquets et le fait de traiter la
victime de toutes sortes de noms sont considrs comme tant des situations de
victimisation verbale (Olweus, 1994; Perry et al., 1988).
Quant la victimisation non spcifie propose par Hawker et Boulton (2000), elle renvoie la notion utilise dans les tudes pour valuer la problmatique de la victimisation dans
son ensemble. Elle ne dsigne aucune exprience particulire de victimisation et rfre
toutes formes de victimisation subie.
Enfin, dautres chercheurs ont suggr leur propre typologie des formes de victimisation en
distinguant seulement la victimisation physique et verbale (Perry et al., 1988), la
victimisation directe et indirecte (Olweus, 1994), la victimisation physique et sociale
(Paquette et Underwood, 1999) ou la victimisation physique et relationnelle (Crick et al.,
1999). Encore ici, lutilisation de systmes diffrents de classification des types de
victimisation par les pairs rend les comparaisons entre les tudes difficiles.
1.2.3. Prvalence
Les donnes sur la prvalence de la victimisation par les pairs sont trs variables, et ce, en
raison de lhtrognit des chantillons (lenfance, le dbut de ladolescence et la fin de
ladolescence), de la diversit des rpondants (les enseignants, les lves, les pairs), du typede violence subie ainsi que de la pluralit des significations et des mthodes dvaluation
du concept de victimisation utilises dans les crits. Cette situation complique la
comparabilit des rsultats ainsi que lvaluation de lampleur de la problmatique auprs
des adolescents.
Globalement, les recherches portant sur la victimisation par les pairs en milieu scolaire
rapportent des taux variant entre 10% et 20% dlves identifis comme tant des victimes
rptition de violence lcole (Batsche et Knoff, 1994; Harachi, Catalano et Hawkins,
1999; Karatzias, Power et Swanson, 2002; Kochenderfer et Ladd, 1996; Nolin, Davies et
Chandler, 1996; Olweus, 1993; Perry et al., 1988; Rigby, 1997; Smith et al., 1999; Smith,
Shu et Madsen, 2001). Nanmoins, la prvalence relative la victimisation occasionnelle
(victime au moins une reprise, victime quelques fois) est significativement plus leve
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(Coleman et Byrd, 2003; Juvonen et Graham, 2001; Lecocq et al., 2003; Sullivan, Farrell et
Kliewer, 2006). Des recherches portant sur la victimisation par les pairs ont t menes
spcifiquement dans des coles qubcoises et franaises. Les principales enqutes
ralises dans ces deux systmes ducatifs sont prsentes dans les sections suivantes.
La victimisation par les pairs dans les tablissements scolaires franais
Tel que dj soulign, Debarbieux et toute son quipe ont men, depuis les dix dernires
annes, des recherches portant sur la victimisation par les pairs dans maints tablissements
scolaires franais, soit les coles primaires, les collges ainsi que les lyces. La majorit des
donnes recueillies auprs de ces milliers dlves sont dcrites dans un rapport rsumant
les principaux rsultats et conclusions des tudes de 1994-1995, 1998-1999, 2000 et 2003
(Debarbieux et al., 2003). Il est important de prciser que ces tudes ont t effectues en
utilisant le mme instrument de mesure, permettant ainsi dtablir certaines comparaisons
entre les rsultats.
Cette srie denqutes a dbut au milieu des annes 1990 auprs dun chantillon de
14 000 lves provenant dtablissements scolaires de tous types sociaux. Les collgiens de
cet chantillon rapportent avoir t racketts dans 9,2% des cas (Debarbieux et al., 2003).
Une seconde enqute a t effectue au cours de lanne 1998-1999 auprs de 7 282 lves
de collges et de lyces professionnels frquentant uniquement des tablissements
catgoriss sensibles2. Le nombre de victimes de racket dans ces collges dits sensibles est
demeur quasi identique la premire anne denqute (1994-1995), soit environ 9%. Sur
le plan de la violence physique, ltude de 1998-1999 rvle quun lve sur quatre
mentionne avoir t frapp lcole. De plus, 75% des lves disent avoir t insults, 25%
avoir subi des insultes racistes et 50% avoir t vols (Debarbieux, et al., 1999). Toutefois,
il est difficile dtablir des comparaisons avec les autres annes denqute en raison de la
composition de lchantillon, soit des tablissements scolaires considrs comme sensibles.Cette recherche est dailleurs plutt utilise pour analyser le dveloppement de la violence
spcifique dans ce type dtablissement. Lintrt de suivre lvolution du phnomne de la
2Les zones urbaines sensibles sont dfinies par lINSEE (n.d.., 1) comme des territoires infra-urbains dfinispar les pouvoirs publics pour tre la cible prioritaire de la politique de la ville, en fonction desconsidrations locales lies aux difficults que connaissent les habitants de ces territoires.
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violence scolaire travers le temps a pouss ce chercheur raliser, durant lanne scolaire
1999-2000, une troisime enqute de victimation. Debarbieux et ses collaborateurs (2003)
prcisent que 6,1% des 1098 lves de collges interviews dclarent avoir t victimes de
racket, soit une baisse significative par rapport la premire recherche en 1994-1995.
Cependant, les auteurs ne fournissent aucune explication cette baisse significative.
Enfin, un peu plus de 3 800 collgiens ont particip ltude de 2003. Plus de 72% des
collgiens se disent victimes dinsultes lcole, 45,1% de vol, 23,9% de coups, 16,1% de
racisme et 6,1% de racket. Selon Debarbieux et al. (2003), le nombre de victimes a
tendance diminuer de manire trs sensible selon lge des rpondants. En effet, la
proportion dlves se disant victimes de racket lcole a diminu entre 1995 et 2003 de
manire statistiquement significative passant de 9,2% 6,1%. De plus, les rsultats
montrent une diffrence de genre dans lexprience victimaire. Au collge, les garons sont
considrablement plus nombreux mentionner avoir t frapps lcole que les filles
(30% versus 19%). Un nombre galement plus lev de garons que de filles subissent
plusieurs types de victimisations (18% contre 10%). Cependant, cette diffrence de genre
ne se dessine pas au niveau du racket savoir quune proportion semblable de filles et de
garons dclarent avoir t racketts (Debarbieux, et al., 2003).
la lumire des rsultats obtenus travers ces enqutes, Debarbieux et al. (2003)mentionnent que la victimisation semble avoir chang de nature et dintensit avec les
annes. Ils affirment que lon peut trs bien avoir moins de victimes mais plus de
violence car les victimes sont plus durement touches . Les lves de lchantillon de
2003 vivent une violence perue comme tant plus forte quen 1995, surtout pour les
victimes de racket (voir Tableau 6).
Tableau 6 : volution de la perception de la violence par les collgiens victimes de racket
normment Beaucoup Moyennement Un peu Pas du toutRacketts
19957,8% 20,3% 23,9% 39,7% 8,4%
Racketts2003
19,8% 23,7% 25,9% 27,6% 3,0%
(Source : Debarbieux et al., 2003, p. 55)
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Ces rsultats indiquent que 28,1% des victimes de racket en 1995 percevaient la violence
comme tant trs prsente (normment et beaucoup) dans leur tablissement scolaire en
comparaison 43,5% en 2003. Les perceptions des lves de la violence dans leur cole
tendent tre plus ngatives ces dernires annes quen 1995.
Cara et Sicot (1997) ont effectu, pour leur part, une enqute de victimation visant
valuer la violence en milieu scolaire du point de vue privilgi quest celui de la victime.
Mene auprs de 2 855 lves de collges de Doubs, cette recherche rapporte que prs de
70% des collgiens ont t victimes dau moins un acte de violence depuis le dbut de
lanne scolaire. Plus de la moiti des lves se disent victimes dun manque de respect de
la part de leurs camarades. Les rsultats obtenus indiquent galement que 27,7% des lves
se dclarent victimes de dommage envers leurs biens, 23,7% de vols, 15,8% de chantage,
15,6% de coups, 9,7% de racisme et 4,3% de racket. De plus, cette tude montre que la
victimisation varie selon lge et le sexe. La victimisation rptition serait vcue plus
frquemment par les garons ainsi que par les adolescents plus jeunes, soit ceux gs de 12
et 13 ans. Ainsi, le dbut du secondaire semble tre une priode plus propice la
victimisation lcole. Enfin, les lves prcisent que les situations de victimisation se
produisent majoritairement sur la cour de rcration, dans les escaliers et les corridors.
Cependant, le racket seffectue dans 69% des cas lextrieur de ltablissement, soit dans
lentre du collge ou sur le chemin de lcole.
Finalement, Blaya (2001) a ralis une recherche portant sur le climat scolaire, le sentiment
dinscurit et la victimisation auprs de 3 000 lves franais gs entre 11 et 18 ans. Les
rsultats rvlent que la violence verbale reprsente la forme de victimisation la plus
souvent rapporte par les lves. De fait, une proportion de 76,1% des lves dclare avoir
t victimes dinsultes durant lanne scolaire. Le vol est galement mentionn dans une
large proportion, soit dans 50,7% des cas. Du ct de la violence physique, 25,6% des
lves rapportent avoir t frapps. Concernant le racket, les rsultats obtenus sont plus
faibles que ceux mentionns prcdemment, atteignant 7,6%. La victimisation par les pairs
dans les collges franais est donc une problmatique importante selon cette chercheuse.
Un lve sur deux soutient en effet avoir subi une forme ou lautre de violence dans son
cole au cours de la dernire anne scolaire.
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La victimisation par les pairs dans les tablissements scolaires qubcois
Au Qubec, lEnqute sociale et de sant auprs des enfants et des adolescents qubcois
mene par lInstitut de la statistique du Qubec en 1999 a permis, entre autres, dexaminer
les expriences de victimisation par les pairs en milieu scolaire (Fortin, 2002). Les lves
devaient indiquer sur une chelle en trois points la frquence des situations de victimisation
vcues depuis le mois de septembre. Les rsultats de cette recherche dmontrent que la
victimisation par les pairs (tre victime dun acte de violence verbale ou physique) lcole
varie selon lge et le sexe. Ainsi, 46,2% des lves gs de 13 ans et 25% de ceux gs de
16 ans dclarent avoir t victimes dau moins un acte de violence lcole. Les jeunes de
13 ans se disent victimes dun acte de violence dans 27% des cas et de trois actes de
violence et plus dans 7,8% des cas. Ces proportions diminuent chez les lves de 16 ans
pour atteindre respectivement 18% et 2,5%. De plus, des diffrences de genre ont tobserves relativement au phnomne de victimisation tant auprs des jeunes gs de 13
ans que de 16 ans. En effet, 53,3% des garons et 38,9% des filles de 13 ans ont t
victimes dau moins un incident de violence depuis le dbut de lanne scolaire en
comparaison 30,9% des garons et 19,1% des filles de 16 ans. La nature des expriences
de victimisation lcole varie galement selon le sexe et lge des lves (voir Tableau 7).
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Tableau7:Naturedesexpriencesdevictimisationl
cole
13ans
16ans
Exprie
ncesdevictimisation
Garons
Filles
Sexes
runis
Garons
Filles
Sexes
runis
Sefairecrierdesnomsoudesinjures
Souvent
9,2%
4,7%*
7,0%
2,2%**
1,9%**
2,1%*
Quelquefois
39,5%
30,8%
35,2%
22,5%
14,8%
18,6%
Jamais
51,3%
64,6%
57,8%
75,2%
83,3%
79,3%
Sefairemenacerdesefairefrapperoudefairedtruire
cequiluiappartient
Souvent
2,9%**
0,8%**
1,9%**
0,8%**
0,5%**
0,7%**
Quelquefois
12,7%
6,3%*
9,6%
5,5%*
2,7%**
4,1%*
Jamais
84,3%
93,0%
88,6%
93,6%
96,8%
95,2%
Sefairefrapperoupousserviolemment
Souvent
3,4%**
0,9%**
2,2%*
0,4%**
0,3%**
0,3%**
Quelquefois
18,5%
7,9%
13,0%
5,1%*
2,9%**
4,0%*
Jamais
78,1%
91,2%
85,0%
94,6%
96,8%
95,7%
Sefaireoffrirdelarg
entpourfairedeschosesdfendues
(voler,menaceroubattrequelquun)
Souvent
0,9%**
0,0%
0,5%**
1,2%**
0,0%
0,6%**
Quelquefois
2,9%**
0,9%**
1,9%*
4,0%*
1,0%**
2,5%*
Jamais
96,2%
99,1%
98,0%
94,8%
99,0%
96,9%
Subirdesattouchementssexuelsnonvoulus
Souvent
0,2%**
0,0%
0,1%**
0,5%**
0,3%**
0,4%**
Quelquefois
1,6%**
1,8%**
1,7%**
0,8%**
2,6%**
1,7%*
Jamais
98,2%
98,2%
98,3%
98,7%
97,1%
97,9%
*
Coefficientdevariationentre15%et25%;interprteravecprudence.
**Coefficientdevariationsuprieur25%;estimationimprcisefournietitreindicatifseulement.
(Source:Fortin,2002,p.459)
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Les expriences de victimisation les plus souvent mentionnes par les victimes dans le
cadre de cette tude sont : (a)se faire crier des noms ou des injures, (b)se faire menacer de
se faire frapper ou de se faire dtruire ses biens, et (c) se faire frapper ou pousser
violemment. Se faire crier des noms ou des injuresressort comme tant lacte de violence le
plus souvent cit de manire gnrale par les lves. Les noncs Se faire offrir de largent
pour faire des choses dfendues (voler, menacer ou battre quelquun) et Subir des
attouchements sexuels non voulus ne sont que trs peu dclars par les lves. Selon les
rsultats de cette enqute, les garons se disent plus souvent victimes de violence lcole
que les filles, et ce, peu importe lacte de violence commis leur gard. De plus, les
adolescents plus jeunes (13 ans) semblent galement plus souvent victimiss lcole que
leurs camarades de 16 ans, indpendamment du type de comportement de violence.
Cette tude a galement permis de recueillir des donnes relatives au taxage. Ainsi, les
adolescents de 13 ans se disent victimes de taxage dans 2,3% des cas comparativement
1,3% chez les jeunes de 16 ans. Encore une fois, les adolescents (13 ans : 3,6%; 16 ans :
2,3%) affirment tre plus souvent victimes de taxage que les adolescentes (13 ans : 0,9%;
16 ans : 0,3%).
Le ministre de la Scurit publique du Qubec a pour sa part ralis une recherche sur le
taxage en milieu scolaire auprs de 16 660 lves dcoles primaires et secondaires duQubec (Cousineau et al., 2002). Les rsultats indiquent que 11% dentre eux sont victimes
de taxage et que parmi eux, 75% ont t la cible dun taxeur une seule fois et 0,9% six fois
et plus. Le fait dtre victime de taxage semble tre une problmatique davantage
masculine. En effet, 6 victimes de taxage sur 10 sont des garons. Chez les filles, le taxage
diminue avec lge. Prs de 8% des filles de secondaire 1 3 ont t victimes de taxage
lcole comparativement 4,6% pour les filles de secondaire 4 et 5. Du ct des garons,
cette tendance na pas t observe; le fait dtre victime de taxage tend demeurer
relativement stable travers les cycles scolaires pour les adolescents. Environ 10,7% des
garons de secondaire 1 3 et 11,8% de secondaire 4 et 5 auront t victimes.
Finalement, selon la plus rcente recherche qubcoise denvergure sur la violence scolaire,
soit lEnqute sur la violence dans les coles publiques qubcoises (VEQ/tude sur
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lenvironnement socio-ducatif des coles qubcoises), la victimisation par les pairs
reprsente une ralit bien relle laquelle les milieux scolaires doivent faire face. Il est
inquitant de constater que la prvalence de la victimisation par les pairs au secondaire
(victime au moins une fois dun acte de violence lcole) slve 50% p