Fiche de lecture Biographie Roger Vitra est né le 17 novembre 1899 à Pinsac, dans le Lot. C’est un auteur en premier lieu reconnu dans le domaine de la littérature grâce à sa poésie. Suite à l’influence du symbolisme, c’est en 1919, qu’il écrira son premier recueil, La Faune noir. Entre 1925 et 1927, il rédige trois brillants recueils. (La Lanterne Noire, Cruauté de la Nuit et Humoristiques). L’œuvre à étudier : Victor ou les enfants au pouvoir (1927) fut écrite après 3 autres pièces de théâtre, Le Peintre (1922), Entrée Libre (1922) et Les Mystères de l’Amour (1924), toutes imprégnées du surréalisme. Vitrac est un homme fasciné par le travail d’Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu Roi. Dans la pièce Victor ou les enfants au pouvoir, l’auteur transcrit des souvenirs personnels. On dit de la pièce, et malgré l’incompréhension du public de l’époque, qu’elle est considérée comme le chef-d’œuvre du Surréalisme. Ainsi c’est la pièce maîtresse des œuvres de Vitrac. Puis en 1928, il est exclu définitivement du groupe des surréalistes il continuera à écrire des pièces jusqu'à sa mort le 22 janvier 1952 à Paris. Représentation globale Victor ou les enfants au pouvoir, rédigé en 1927, tient pour protagoniste, un enfant de neuf ans, mesurant un mètre quatre-vingt. C’est un personnage qui n’a donc pas d’équivalent dans le monde réel. C’est avec le théâtre surréaliste que nait une nouvelle forme d’illusion, là où le spectateur à le sentiment que le spectacle qui se joue n’est qu’un gros canular. Résumé Victor ou les enfants au pouvoir est une pièce constituée de trois actes. Les Paumelles s’apprêtent à fêter l’anniversaire de leur fils Victor, alors âgé de 9 ans. La pièce commence avant l’arrivée des invités, les Magneau et leur petite fille Esther, et le Général Etienne Lonségur. L’histoire est celle d’un adultère révélé au grand jour par l’enfant ; Victor. L’atmosphère, des plus lourdes, laisse tout de même, dans la première moitié de la pièce, jaillir des scènes burlesques. Ainsi bâtie sur le modèle de la farce, la pièce met en scène les mauvais tours de Victor. Ce personnage de l’enfant, malin, doté d’une « terrible intelligence » mène le jeu. Au début du 1er acte, il prend un malin plaisir à terrifier la bonne, Lili, avant s’en prendre (scène 4) à sa petite camarade, Esther, qu’il accuse de la bêtise qu’il vient, lui, de commettre. Dans la scène 3 de l’acte 1, Victor fait pour la première fois allusion à la relation que son père, M. Paumele, entretient avec Magneau. C’est une scène incompréhensible pour les autres personnages mais parfaitement claire pour les amants concernés. C’est alors que tout s’enchaîne rapidement ; c’est à travers les deux enfants imitant la scène d’une visite de Charles Paumelle chez Thérèse Magneau que la vérité éclate. On assiste ici à une scène de théâtre dans le théâtre. C’est à l’acte 2 que l’adultère est complètement mis à nu. On y apprend même qu’Esther n’est pas le fruit de l’union des Magneau, mais celui des deux amants. Cette annonce est aperçue par Victor qui s’en amuse presque. On note aussi que tous les personnages sont sous tension, sauf Victor qui lui, jouit de la réussite des ses tours, parfaitement organisés. A la fin de cet acte, Mme Paumelle tentera de demander des explications, en vain. L’acte 3 est un acte dramatique, où la mort s’enracine. C’est entre une scène de ménage bruyante et violente des Paumelle, la fugue d’Esther, la lettre d’adieu d’Antoine qui se pend, déclarant avoir toujours su qu’Esther était la fille de Charles et non la sienne, que Victor, de douleur, s’évanouit dans les bras de sa mère. Avant de mourir, il déclare à ses parents, qu’il « meurt de la mort ». Ses parents se suicideront à la suite, au pied du lit de leur enfant. Victor et les enfants au

pourvoir est une « farce tragique ». Mise en relation avec le thème Victor ou les enfants au pouvoir est une pièce de Vitrac faisant preuve de subtilité. Ainsi, pour reprendre le thème de génération et à première vue, on peut définir au sein de la pièce deux générations : Parent / Enfants. Et lorsque la lecture de la pièce avance, on se demande si ce rôle de l’enfant précoce et trop hardi pour son jeune âge ne peut pas remettre en cause le thème des générations. En effet, le personnage de Victor nous est présenté plus lucide et plus réceptif que ceux des adultes. On dit que chaque génération a ses codes, son temps. Mais peut-on considérer le personnage de Victor comme ne faisant partie que d’une seule génération ? L’histoire nous dit que l’enfant est la source d’une révélation alors insoupçonnée des grands. C’est un personnage grandissant trop vite. Il n’aura pas eu une enfance ordinaire. On dit que l’enfance est sans pitié et au travers du protagoniste Victor, tout est accentué. Sa réflexion déjà mure, il se permet de dire tout haut ce que les autres font en secret. C’est un grand personnage adulte, mais qui devant tous garde le rôle de l’enfant. On remarquera au final que le prénom de Victor correspond tout à fait au personnage puisqu’il signifie victoire.