Violence Depression

7/23/2019 Violence Depression

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Freud, la violence et la dépression

L’œdipe et le narcissisme

1



Table des matières

Introduction......................................................................................4

Première partie. Narcissisme, œdipe et violence................................8

1. La dépression et les états vraiment limites dans la clinique

psychanalytique contemporaine1.....................................................

Le modèle évoluti! dépressi!"limite............................................1#

$ypothèses métapsycholo%iques................................................1&

'ormes cliniques.........................................................................#1

Le traitement..............................................................................##

Pour conclure..............................................................................#(

#. L)ima%inaire primaire#...............................................................#*

Les théories de la communication..............................................#+

La critique métapsycholo%ique..................................................#8

u c-té des pulsions...................................................................(

/n instinct primiti! 0...................................................................(#

La pulsion !ondamentale 2.......................................................(4

Les hypothèses 3leiniennes........................................................(+

Les post!reudiens.......................................................................(8

ené 5irard................................................................................(

'reud et son propre 6dipe........................................................4

Les rites œdipiens......................................................................4#

7onclusions.................................................................................44

7onséquences pratiques.............................................................4*

(. La violence !ondamentale........................................................4

Le latent et son élaoration........................................................*

L9ima%inaire archa:que...............................................................**



L9instinct !ondamental.................................................................*8

L9épi%enèse.................................................................................+4

Les portes ouvertes....................................................................+

4. /n important inédit de 'reud14 ;ersicht der

<ertra%un%sneurosen 21*,...........................................................&(

eu=ième partie La métapsycholo%ie interro%ée..............................8(

1. Les pulsions dans la métapsycholo%ie d9au>ourd9hui1&.............84

?uelques mises au point.............................................................8+

La mort en métapsycholo%ie......................................................1

7omposantes et composés..........................................................(

@n matière de conclusions..........................................................8

#. 5énéalo%ie de la destructivité18..............................................11

Le primiti! et le secondarisé.....................................................11

Les diAérentes destructivités 2.............................................14

estructivité et autoconservation............................................18

Pro%ressives étapes de la destructivité....................................11

(. La notion de pulsion de mort pour le clinicien#&.....................11+

Les diAicultés méthodolo%iques...............................................118

L9impasse prolématique..........................................................1#

Les chan%ements de prolématique.........................................1##

Peut"Btre une ouverture 0.........................................................1#*

Calidation clinique des hypothèses...........................................1#8

4. Dpproche épistémolo%ique du soi dépressi!............................1(1

Le %énital et l9archa:que...........................................................1(#

La notion de soi 2..................................................................1((

@n deEF de la seconde topique.................................................1(*

/ne seconde première topique................................................1(+

Le soi dépressi!.........................................................................1(8

Gservation clinique.................................................................141

/ne instance essentielle...........................................................144

Hroisième partie. Le développement de la pensée !reudienne........14*

1. Psychanalyse et universalité interculturelle((........................14+

Le sens de l9universel che 'reud............................................1*1



Jlaorations et su%%estions.....................................................1*8

Les voies ouvertes....................................................................1+

#. La recherche clinique en psychanalyse1.................................1&

iAérents modèles de recherches............................................184

Prolématique et méthodolo%ie...............................................18+

/n e=emple de recherche.........................................................188

L9essentiel et le complémentaire..............................................11

iAérents modèles de !onctionnement.....................................1#

Kilio%raphie................................................................................1*



Introduction

Du cours des séminaires ou des colloques que >9anime asse

ré%ulièrement en 'rance ou F l9étran%er, eaucoup de collè%uesm9ont !ait part de leur désir de me voir présenter un recueil

!acilement utilisale de mes principau= travau= de manière F ouvrir

et éclairer davanta%e encore un déat sur diAérents ordres de

rée=ion envisa%eales de nos >ours en matière de clinique et de

théorie psychanalytiques.

Me suis reconnaissant au= Presses /niversitaires de 'rance d9avoir

accepté de pulier un ouvra%e répondant F cette demande, enreprenant des articles parus au cours de ces dernières années et

au=quels >9ai pensé nécessaire d9a>outer deu= chapitres inédits

résumant, pour l9essentiel, plusieurs de mes autres travau=.

Dprès un certain nomre d9années de pratique de l9analyse, >e me

suis senti insatis!ait de toute une partie du discours tenu sur notre

clinique quotidienne et sur les points de vue théoriques qui

entendent en e=pliquer les données. e plus, ce discours en %énéral

trop limitati! parce que trop répétiti! ne me semle pas répondre au=

diAérents niveau= d9investi%ation su%%érés par 'reud, et F tous les

développements qu9il nous a lui"mBme proposés, en ien des

directions.

Il ne s9a%it pas en eAet d9adresser des reproches F 'reud et ni au=

principau= auteurs qui l9ont suivi sous le préte=te qu9ils n9auraient

*



Introduction

pas d9emlée tout conEu d9une !aEon complète et dénitivement

élaorée. Gn ne peut tenir ri%ueur F Pasteur de n9avoir pas décrit les

causes de l9aller%ie O on ne saurait de mBme !aire %rie! F 'reud, ou F

ses successeurs immédiats, de ne pas nous avoir livré une théorie

achevée du développement et du !onctionnement aAecti! et

relationnel humain tout autant F l9état normal qu9F l9état

patholo%ique.

ais F notre époque il paraQt diAicile de nous limiter F des

attitudes dé!ensivement !ermées sur les seules données mises en

avant au déut de ce siècle, si nous ne voulons pas Btre ran%és parmi

ceu= que 'reud lui"mBme accusait de se contenter de !aire cuire

leurs petits pota%es sur le !eu de la psychanalyse 2).

iluer le pota%e dans un ot de rhétorique ou y a>outer quelques

in%rédients iolo%iques ou techniques ne permet pas un pro%rès des

idées, surtout devant la passivité et la docilité des apprentis

cuisiniers O si ien qu9F son tour la transmission des principes

essentiels risque de se voir pro%ressivement pervertie par

l9accentuation de la répétition des acquis et le ren!orcement de la

déné%ation des ouvertures induites F chaque instant dans l9œuvre de

'reud.

Il n9est pas question d9émettre des points de vue révolutionnaires

lors de chaque colloque ou dans chaque pulication mais

inversement on ne peut en!ermer la pensée !reudienne dans des

limites trop !acilement conventionnelles, ni momier 'reud sous les

andelettes de principes dé>F lar%ement vériés et analisés, sans

chercher F aller de l9avant dans les multiples voies ouvertes tout au

lon% des écrits !reudiens les plus classiques, voies qui n9ont pas

encore pu Btre suAisamment e=plorées.

Le modèle structurel imposé par le comple=e d96dipe 2,

incestueu= et %énital, doit sans conte=te se voir considéré comme

l9omé%a vers lequel tend normalement toute psycho%enèse. ais

après l9introduction en 114 des repères narcissiques du !ondement

+



Introduction

des relations au= autres et F soi"mBme, nous ne pouvons

indéniment !aire comme si 'reud n9avait pas mis en question du

mBme coup son idée première !aisant de la !orme limitée F la

conclusion du mythe qu9il con!éra F ce mBme comple=e d96dipe 2

l9alpha, c9est"F"dire le point de départ de toute psycho%enèse.

Il en est de mBme quand 'reud nous propose de travailler plus

avant sur l9hypothèse de l9étaya%e des pulsions se=uelles sur les

pulsions d9autoconservation O ou encore quand il nous montre que sa

théorie des pulsions ne peut que oiter en ne parvenant pas encore F

s9articuler de !aEon pertinente sur la rutalité ori%inaire dont il a si

souvent parlé O c9est"F"dire cette sorte de structure psychique

héréditaire, analo%ue F l9instinct des animau= qui constitue le noyau

de l9inconscient 2).

7e qu9une lon%ue pratique clinique m9incite F proposer F la

rée=ion entre analystes peut Btre e=primé en termes asse simples

qui devraient, de mon point de vue, correspondre F la mise en

représentation d9un manque F percevoir éprouvé par le

psychanalyste et dont il conviendrait d9éclairer et le champ et les

ori%ines.

/n préalale scientique asse asolu nous impose l9oli%ation

d9estimer que toute élaoration théorique ne peut >amais Btre

re%ardée comme complète ni dénitive. Rans remettre en question

l9essentiel des !ondements métapsycholo%iques !reudiens, il demeure

évident qu9après les découvertes de 114 sur l9importance des

!acteurs narcissiques nous avons encore eaucoup F dire sur le

chemin qui conduit au !onctionnement mental dont la seconde

topique entend rendre compte. Il en est de mBme pour envisa%er une

théorie des pulsions réunissant de !aEon pertinente et utilisale

cliniquement les éléments épars importants mis en avant par 'reud

et dont les essais d9aArontement synchronique F la liido n9ont

>amais pu Btre satis!aisants pour lui.

&



Introduction

Nous aurons une tSche plus !acile en proposant de reconnaQtre

l9impasse clinique oT nous conduit une utilisation trop étendue de la

notion de névrose 2 par les analystes, alors que 'reud entendait

sans aucun doute dans la seconde partie de son œuvre réserver ce

terme au= économies vraiment or%anisées sous le primat trian%ulaire

œdipien.

/ne lecture attentive des te=tes de ré!érence nous !orce F

reconnaQtre que 'reud avait par!aitement conscience des principales

lacunes élaoratives présentes dans certaines de ses recherches,

alors, qu9il nous oArait par ailleurs les repères nécessaires pour

poursuivie plus avant nos propres synthèses.

79est ainsi que >e me suis trouvé conduit, parallèlement F d9autres

auteurs, F proposer une réévaluation du potentiel structurant

Unormal ou patholo%iqueV résultant de la !aEon dont s9est mis en

place le narcissisme che tel ou tel su>et. a théorie des états"limites

et de la dépression en découle O mais aussi d9autres hypothèses

corrélatives touchant tant au modèle de !onctionnement ima%inaire

qu9F la psycho%enèse ori%inale dans telle ou telle structure de la

personnalité.

on propos sans doute le plus délicat porte sur mon souci de

montrer, dans une étude attachée F un mot F mot ri%oureu=, que

'reud avait lui"mBme si%nalé l9e=istence d9un instinct de ase

purement rutal commun F l9homme et au= animau= et qu9il avait

nettement pointé en mBme temps les radicales diAérences e=istant

entre cette violence instinctuelle d9une part et d9autre part la haine,

le sadisme ou l9a%ressivité. u mBme coup les hypothèses

psycho%énétiques réduites au= seuls derniers actes du mythe

d96dipe doivent se voir réaména%ées et on ne peut plus passer sous

silence les contradictions e=istant entre le !ait que 'reud ait

par!aitement mis en évidence l9aspect universel d9un mythe et le !ait

qu9il scotomisait ensuite le !ondement symolique asolument

8



Introduction

indissociale touchant au= conditions de la naissance du héros O en

particulier le premier oracle d9Dpollon et l9épisode du 7ithéron.

Par voie de conséquence il ne nous est plus possile de con!ondre

les !antasmes dits des ori%ines 2 Udont M. Laplanche et M."K. Pontalis

nous ont montré la nature secondaire et œdipienneV avec les

!antasmes vraiment primaires !ondateurs de l9inconscient primaire

selon les écrits métapsycholo%iques de 11* et dont 'reud s9est

employé, sous une !orme dé%uisée, F postuler l9e=istence dans ses

constructions ima%inaires portant sur une préhistoire

essentiellement violente, au re%istre de l9humanité, pour F la !ois

nous dire et nous masquer qu9il s9a%issait d9une préhistoire

individuelle, dont l9évocation plus directe lui posait vraiment de trop

sérieu= prolèmes sur le plan personnel.

Les hypothèses sur lesquelles >e propose de travailler ont donc

été, pour l9essentiel, mises en avant par 'reud lui"mBme. Me pense

que les craintes par!ois mani!estées F l9é%ard de telles hypothèses

tiennent davanta%e F la nature mBme des ones d9omre qu9elles

entendent e=plorer, c9est"F"dire les racines narcissiques des

!ondements de la violence, plut-t qu9F un éventuel manque de

solidité de leur ancra%e théorique au sein de la pensée !reudienne.

Gr ce %enre de rée=e dé!ensi! parait diAicile F >ustier étant donné

la multiplicité des ré!érences e=plicites %arantissant au

psychanalyste l9orthodo=ie d9une telle démarche e=ploratrice.

Me commencerai dans le présent recueil par rappeler de !aEon

volontairement asse élémentaire quelles ont été les assises

cliniques de mes rée=ions, du c-té de la dépression et des états"

limites. Me serai ensuite conduit F e=plorer du point de vue

métapsycholo%ique et psycho%énétique les aspects !ondateurs de

l9étape narcissique de toute psycho%enèse avec les aléas asse

particuliers qui en découlent. 7omme 'reud nous le rappelle F

diAérents moments, le mythe d96dipe est F la !ois %loal et

universel. Kien qu9il se soit plus spécialement consacré F l9étude des



Introduction

conits %urés dans les derniers actes du drame, 'reud n9a cessé de

se montrer tourmenté par les données symoliques concernant le

premier oracle d9Dpollon, qui met narcissiquement en %arde les deu=

parents contre la venue au monde d9un en!ant qui les menacera l9un

et l9autre O et 'reud s9est montré tourmenté aussi par l9évocation de

l9in!anticide %uré dans l9épisode du 7ithéron qu9il a nalement

laissé de coté avec tout le déut du mythe d96dipe.

Me passe rapidement en revue dans cet ouvra%e les articles

présentant les hypothèses qui m9ont semlé devoir découler d9une

étude attentive des étapes narcissiques inau%urant le chemin

symolique parcouru par 6dipe. Me terminerai, ce qui tiendra lieu de

conclusion, par une rée=ion portant sur les e=i%ences qu9un

analyste peut !ormuler en matière de recherche scientique.

Dprès une lon%ue !réquentation des chercheurs opérant dans des

secteurs de sciences humaines voisins de notre domaine, >e suis

persuadé que plus les années s9écoulent après l9impact éclatant du

messa%e !reudien ori%inal moins la psychanalyse risque F la lon%ue

de se voir prise au sérieu= si elle demeure limitée au= seuls aspects

techniques tout autapt que si elle dissout la ri%ueur de ses principes

dans un élitisme rhétorique. Il nous !aut radicalement ré%énérer le

cadre de nos hypothèses de travail.

Gn ne peut non plus se contenter d9a>outer ou de déplacer Ea et lF

une vir%ule F des te=tes devenus sacrés 2 O il nous !aut aussi

procéder F de constantes et ri%oureuses évaluations, de mBme qu9F

d9oli%atoires contestations 2 de type poppérien de certaines de

nos !ormulations anciennes visilement périmées. Pour demeurer

crédiles, les psychanalystes ne peuvent reculer indéniment le

temps d9évaluation et de mise F >our des hypothèses et mBme des

postulats envers lesquels il est de on ton de continuer F témoi%ner

d9un respect, ou plut-t d9une croyance dont G. Werner% a dénoncé,

au sein mBme de l9Dssociation psychanalytique internationale,

l9aspect reli%ieu= asse inattendu che un psychanalyste.

1



Introduction

La vie ou la mort de la psychanalyse dépendent non pas de nos

rillants discours mais de notre ri%ueur épistémolo%ique et de notre

lire volonté d9aller de l9avant dans les recherches en%a%ées par

'reud et portant sur l9ensemle du !onctionnement psychique

humain.

11



Première partie. Narcissisme, œdipe et

violence



1. La dépression et les états vraiment limites dans la

clinique psychanalytique contemporaine1

L9ensemle des prolèmes tournant autour de ce qu9on appelle

%loalement la dépression 2 pose de délicates questions au= psy"

chopatholo%ues de tous statuts.

Hout d9aord, en raison du nomre en constante au%mentation des

patients qui viennent consulter pour des sympt-mes dépressi!s de

modes divers O que ce soient des sympt-mes d9ordre mental, d9ordre

corporel ou d9ordre comportemental. @n raison aussi des distinctions

de plus en plus précises opérées entre des !ormes cliniques !ort

diAérentes de dépressions quant F leur conte=te structurel. @t en

raison enn des provocations au déplacement des vrais prolèmes

!onciers au=quels procèdent les patients déprimés, comme des

déplacements consécuti!s des réponses qui se voient induites che le

thérapeute quel que soit son re%istre ou sa technique d9intervention O

et le psychanalyste n9échappe pas F cette tentation entretenue par le

déprimé de s9en tenir F des modes d9e=pressions F la !ois très

ruyants et purement mani!estes de la souArance éprouvée O de

!aEon F laisser dans l9omre Ucomme on le voit par ailleurs dans la

elle indiAérence de l9hystérique 2V les moti!s réels de cette

souArance qu9il nous !aut pourtant connaQtre si nous prétendons

traiter le déprimé autrement qu9en pure sur!ace.

1(

http://var/www/apps/FreudLaViolenceEtLaDepression-JeanBERGERET.htm#bookmark3




1. La dépression et les états vraiment limites dans la clinique psychanalytique

contemporaine1

Pour le psychanalyste une diAiculté supplémentaire s9a>oute

encore au= trois diAicultés précédentes. 7ette diAiculté résulte de la

nécessité de poser un dia%nostic spécique et précis de chaque

variété clinique de dépression rencontrée.

ais si nous entendons adapter F chacune de ces variétés

cliniques une straté%ie thérapeutique eAiciente, car correctement

liée au= véritales prolèmes latents, un dia%nostic spécique de la

variété clinique dont il s9a%it ne pourra Btre asé ni sur une

description mBme ne des sympt-mes, ni sur une seule description

des comportements, ni sur les résultats immédiats ou passa%ers d9un

traitement envisa%é de !aEon trop %énérale.

Le dia%nostic précis de la variété clinique F traiter ne pourra Btre

étali par le psychanalyste qu9en !onction des repères méta"

psycholo%iques et psycho%énétiques dénis dans la li%ne de la

pensée !reudienne.

Le psychanalyste se voit ainsi contraint de reconnaQtre que dans

le plus %rand nomre des cas qui l9interro%ent par le moyen de la

dépression il ne s9a%it pas de simples sympt-mes dépressi!s

sura>outés F une économie !oncièrement névrotique. Il est certes

ien anal de rencontrer quelques mouvements dépressi!s plus ou

moins passa%ers au sein de toute or%anisation classiquement

réalisée sous le primat de l96dipe et du %énital. 7e sont lF des

modèles d9or%anisations au=quels les psychanalystes ont mani!esté

une particulière prédilection, ien reposante intellectuellement,

depuis les travau= incontournales de 'reud O mais ce %enre

d9or%anisation ne peut tout de mBme Btre considéré comme

recouvrant l9ensemle de la psychopatholo%ie.

Il ne s9a%it pas d9i%norer non plus la !réquence de sympt-mes

dépressi!s venant simplement colorer le mode d9e=pression d9une

or%anisation !oncièrement psychotique soit sous la !orme d9une

psychose maniaco"dépressive, soit sous la !orme d9une mélancolie

14




contemporaine1

dont 'reud a par!aitement éclairé les mécanismes inconscients

depuis 118.

Nous remarquons par contre que, dans un nomre sans cesse

croissant F l9heure actuelle de situations dépressives, le

psychanalyste s9aperEoit que, loin de constituer un sympt-me destiné

F e=primer une souArance d9ordre névrotique ou d9ordre

psychotique, le sympt-me dépressi! au contraire traduit en si%nes

visiles et provocateurs un modèle de !onctionnement particulier de

la personnalité O ce sont des su>ets !ra%iles narcissiquement, ayant

!ort mal inté%ré l9ima%inaire œdipien et limités par voie de

conséquence F un mode de relation d9o>et décrit par 'reud comme

d9ordre essentiellement anaclitique.

La véritale personnalité dépressive, c9est"F"dire celle qui dépasse

le cadre de la simple mani!estation dépressive d9ordre névrotique, et

qui n9entre pas non plus dans le cadre des mani!estations d9ordre

psychotique, s9est trouvée rarement évoquée par 'reud de !aEon

directe, mais c9est F propos de ce modèle de personnalité que ce sont

sans doute développés depuis 'reud, che les psychanalystes, le plus

%rand nomre de travau= ori%inau= !aisant considéralement

avancer nos rée=ions sur les avatars des constructions ima%inaires

n9ayant pas encore été soumises au primat or%anisationnel œdipien.

u mBme coup, tout en demeurant en droite li%ne dans l9a=e des

conceptions !reudiennes essentielles, les psychanalystes ont pu,

%rSce F tous ces travau=, eaucoup avancer dans la compréhension

de certaines hypothèses seulement éauchées dans l9œuvre mBme de

'reud.

Les premières recherches nous apportant d9intéressantes données

de ase sur les mécanismes dépressi!s ont été marquées par les

eAorts d9élar%issement de la théorie !reudienne proposés par W.

Draham, puis par . Wlein surtout. Gn a vu par la suite apparaQtre

pro%ressivement les prises de position d9@. Macoson, de P.

1*




contemporaine1

5reenacre, de @. Kirin%, de . 5reenson, et, ien sXr, de . Rpit.

@n 'rance de nouveau= courants de rée=ion ont été introduits par

de nomreu= auteurs et principalement par K. 5runer%er et P."7.

acamier, puis par K. Rchmit. 7es courants ont donné naissance Fde !éconds développements pour contester que toute économie

dépressive se voit d9emlée placée sous le primat de l96dipe et pour

mettre en évidence le r-le >oué par les déciences narcissiques, la

!ailesse du oi, l9importance >ouée par les instances idéales

archa:ques dans l9ensemle des mécanismes dépressi!s.

Keaucoup d9auteurs contemporains mettent l9accent maintenant

smY un modèle de psycho%enèse propre au= su>ets menacés de

dépression, en particulier sur un loca%e évoluti! précoce rendant le

potentiel ima%inaire œdipien encore peu acti! structurellement. /n

tel loca%e aAecti! résulterait du !aile de%ré d9eAicience des

stimulations liidinales ayant émané de l9environnement précoce.

L9écoute clinique nous montre en eAet que cette !ailesse de

l9incitation liidinale va s9allier F une intense pression e=ercée par

les idéalisations imposées de l9e=térieur qui demeurent e=térioriséesdans leurs ré!érences.

Nous nous trouvons donc ramenés, pour le %rand nomre des

patients dépressi!s qui nous consultent, dans le cadre de ce que,

depuis dé>F plusieurs décennies, nous appelons les états"limites 2.

Il est certain que tous les dépressi!s ne sont pas des états"limites O

par contre la mani!estation la plus !réquente et la plus évidente

rencontrée che les états"limites est d9ordre soit directement

dépressi!, soit d9allure antidépressive, ce qui correspond au mBme

sens pro!ond.

@n dehors d9une pratique clinique des états"limites au re%istre de

la psychopatholo%ie proprement dite et F partir de cette pratique

clinique nous avons aussi F nous intéresser F des désordres privés ou

collecti!s d9un re%istre plut-t sociopathique qui perturent toute une

1+




contemporaine1

partie de la vie de notre >eunesse et indisposent l9opinion pulique

ien davanta%e que le !ont les !ormes plus mentales de patholo%ie

dépressive.

Il s9a%it des comportements concernant les to=icomanies,

l9alcoolisme, les troules des conduites Uen particulier alimentairesV,

les violences a%ies, les délinquances systématisées et surtout des

suicides sur toutes leurs !ormes directes ou indirectes mani!estes ou

cachées.

Houtes ces variétés de diAicultés symptomatiques ou

comportementales tirent très e=ceptionnellement leur ori%ine d9un

conit névrotique. /n petit nomre d9entre elles Ules plus ruyantes

certesV répondent F des modèles de !onctionnement psychotique

lon%temps masqués par le rouillard du collecti! ou du

comportemental. ais le plus %rand nomre de ces désordres

aAecti!s et relationnels repose sur une économie F la !ois dépressive

et antidépressive de modèle limite 2, selon divers types

d9aména%ements

indispensale de chercher F ien comprendre ce que peut Btre un

modèle limite 2 de !onctionnement de la personnalité non

seulement du point de vue de la psychopatholo%ie, mais aussi du

point de vue de l9impact collecti! et social d9un tel !onctionnement,

qui sollicite souvent le psychanalyste et auquel celui"ci est en mesure

de répondre après une >uste évaluation de la situation aAective et

relationnelle.

Z économiques.

Il paraQt donc

Le modèle évolutif dépressif-limite

Le psychanalyste est asse ien in!ormé des diAérents modèles

économiques rencontrés en clinique quotidienne pour comprendre et

vérier dans sa pratique que la prédisposition F l9évolution de type

1&




contemporaine1

dépressi!"limite commence de !aEon asse précoce O de !aEon plus

précoce que les évolutions névrotiques puisqu9il s9a%it che l9état"

limite dépressi! de conits essentiellement narcissiques et

!Hpréœdipiens, c9est"F"dire principalement pré%énitau=. aisl9évolution de l9économie dépressive de type limite 2 déute

é%alement plus tardivement que les =ations typiquement

prépsychotiques de type schiophrénique ou parano:aque.

ans l9enquBte rétrospective qu9on peut mener che un adulte, on

a l9occasion de vérier que les dépressi!s"limites n9ont pas énécié

au cours de leur en!ance de parents pouvant constituer des ciles

identicatoires suAisantes pour permettre que l9or%anisation de la

personnalité s9eAectue selon un modèle plus solide, de type %énital,

trian%ulaire, et œdipien O mBme avec tous les conits potentiels qu9il

est Elassique de rencontrer che[Xn su>et de structure névrotique.

\]\"\^^

^ ) Les psychanalystes se rendent !acilement compte que l9en!ance

des su>ets dépressi!s"limites ne s9est pas déroulée dans un

environnement aussi to=ique, aussi persécuteur et aussi sadique que

l9environnement qui est reconnu comme !avorisant une évolution

pro%ressive orientée vers une or%anisation de type psychotique ais

le psychanalyste est F mBme de recorirraQtre que l9environnement

précoce des dépressi!s"limites n9a rien présenté de particulièrement

stimulant sur le terrain de la tendresse et de l9épanouissement de

l9ima%inaire œdipien.

e leur c-té, les psychanalystes d9en!ants se voient, de nos >ours,

interro%és souvent asse t-t F l9occasion de tel ou tel sympt-me

insolite ou atypique qui autre!ois aurait été né%li%é. 7eci en raison F

la !ois d9une heureuse évolution des esprits et en raison aussi du

développement des systèmes institutionnels de prévention.

Les psychanalystes d9en!ants ont acquis des connaissances et

énécient d9une e=périence qui leur permet de conrmer les

18




contemporaine1

ori%ines d9une évolution F allure dépressive et d9oserver de !aEon

asse directe par!ois les conditions interactionnelles initiales qui

vont >ouer un r-le essentiel dans le modèle de développement aAecti!

lacunaire en%a%é dans l9en!ance, conrmé au cours de ce qui auraitdX Btre l9adolescence et souvent perpétué ensuite F l9S%e adulte. 7es

psychanalystes détectent asse vite les diAérents r-les

complémentaires >oués par les environnements successi!s, F des

moments divers et concentriques e=erEant leur pression F des

distances diverses. Il ne s9a%it pas simplement des mères, ien sXr.

7es environnements ont proté%é l9en!ant contre une menace

psychotique, mais sans lui apporter toute!ois d9autre part les asesasse solides qui auraient été nécessaires pour lui permettre

d9élaorer un ima%inaire inté%rant la %énitalité et la trian%ulation

œdipienne dans une mesure suAisante pour atteindre l9état d9adulte

or%anisé selon l[mode névrotique V_ idéal tel qu9il se voit déni

par le psychanalyste. ^^

L9état"limite dépressi! supporte les conséquences d9une en!ance

au cours de laquelle il n9a rencontré dans ses environnementssuccessi!s et concentriques ni une e=citation trop !orte de ses

pulsions a%ressives ni une stimulation suAisante de la liido^pour

évoluer"` vers une or%anisation de la personnalité permettant

cPaccéder F un

plein épanouissement liidinal. Par contre, dans les

environnements qu9a rencontrés l9état"limite dépressi!, ce sont

surtout les actions de pare"e=citations et d9inhiition qui l9ont

emporté sur les stimulations pulsionnelles O tout autant en direction

des pulsions violentes, ce qui entraQne un risque dépressi!, qu9en

direction des poussées liidinales ce qui %énère é%alement la

morosité aAective rencontrée che tout su>et essentiellement

dépressi!.

1




contemporaine1

Le psychanalyste a l9occasion de constater par l9écoute du

discours actuel comme par l9écoute de l9anamnèse telle qu9elle nous

est rapportée que l9apparition d9une symptomatolo%ie de type limite"

dépressi! est asse souvent marquée de !aEon plus ou moins évidentesur une personnalité dé>F connue comme !ra%ilisée antérieurement

par un traumatisme aAecti! important mais ayant laissé par!ois peu

de souvenir.

7e traumatisme n9a pas pu se voir suAisamment né%ocié

mentalement et il a donné naissance par la suite, et tardivement

par!ois, F une soudaine poussée d9an%oisse !ort ien décrite dès

1** par M."D. 5endrot et P."7. acamier. Il s9a%it d9une an%oisse de

e[ voir aandonné, impuissant, ineAicace, devant des menaces dont

l9ori%ine se trouve pro>etée sur l9e=térieur mais qui partent, en réa"

lité, des contenus pulsionnels intérieurs au su>et, contenus

impossiles F inté%rer, F ré%uler et F médiatiser o>ectalement d9une

!aEon convenale.

ans son Abrégé de psychanalyse, 'reud si%nale qu9F c-té des

personnalités névrotiques et psychotiques il e=iste d9autres états

proches des névroses 2 mais qui ne peuvent parvenir F un mode

vraiment névrotique 2 d9or%anisation de la personnalité. Gn

retrouve les mBmes allusions F une situation limite"dépressive quand

'reud évoque les prolèmes évoluti!s particuliers qui conduisent au=

névroses actuelles ou au= névroses traumatiques.

Me n9ai cessé, depuis le déut de mes travau= sur la question en

1+, d9insister sur l9importance des éléments traumatiques qui se

voient repérales comme si%nant l9ori%ine des psycho%enèses de

modèle dépressi!"limite.

Pour un psychanalyste la dénition du traumatisme afecti est

simple. 'reud nous a clairement montré qu9il s9a%issait de la

Sll/.

r )

#




contemporaine1

con>onction d9un e=cès d9e=citations et d9une carence des

systèmes pare"e=citations a%issant F un moment de !ailesse

privilé%iée de 19évolution de la personnalité du su>et.

Le premier traumatisme aAecti! rencontré che les su>ets

dépressi!s de modèle limite se situe F un moment asse précoce pour

que le moi en cours de constitution n9ait pas pu encore se voir

or%anisé sous le primat de la %énitalisation trian%ulaire œdipienne.

Hout se passerait donc comme si ce premier traumatisme %eait les

choses >uste avant que l9élaoration œdipienne soit possile sur le

plan ima%inaire et symolique.

Nous serons donc très près de la position dépressive 2 qui

constitue un repère 3leinien de ase. ais du mBme coup on aurait

dépassé l9eAet relationnel parado=al enre%istré plus précocement

encore dans la position décrite comme schioparano:de 2 par .

Wlein et qui, elle, semle réservée F une psycho%enèse dé>F

préor%anisée selon une vectorisation psychotique.

Le loca%e évoluti! précoce enre%istré che les dépressi!s"limites

semle !avorisé F l9heure actuelle par un e=cès socioculturel de

provocations représentatives d9allure se=uelle, en réalité dé!ensives

pour les adultes mais reEues par l9en!ant comme vraiment se=uelles,

c9est"F"dire étran%es et étran%ères F son champ ima%inaire sur

l9instant, c9est"F"dire comme encore inassimilale F ce moment

pré%énital de leur maturation aAective et ima%inaire. @t l9évolution

dépressive serait !avorisée aussi par la sidération dont souArent les

milieu= !amiliau= contemporains en matière de pare"e=citation.,

M9ai montré que le résultat de ce premier traumatisme était

d9entrer d9emlée dans une période de con%élation aAective

particulière F l9évolution dépressive"limite etb>9ai proposé de dénir

cette sorte de limpidité aAective précoce comme constituant une

« pseudolatence » qui va recouvrir F la !ois ce qui aurait dX Btre la

période d9élaoration haituelle, puis la véritale latence et enn la

#1




contemporaine1

période d9élaoration dénitive constituée lo%iquement par

l9adolescence.

e telles évolutions dépressives de modèle limite ne présentent

pas tellement des crises d9adolescence 2 au sens oT on l9entend

en %énéral mais une impossiilité !onctionnelle d9entrer vraiment

M dans la situation F la !ois conictuelle et structurante représentée

par une adolescence authentique. )

7ette psycho%enèse ori%inale ouvre la voie au= évolutions ien

connues de tout le %roupe des états"limites. 7e sont soit la

dépression !ranche en cas de décompensation rutale d9une

pseudolatence plus ou moins prolon%ée, sous le coup d9un nouveau

traumatisme aAecti! important et plus ou moins tardi!, soit un

aména%ement dé!ensi! de dépressivité contre une décompensation

!ranchement dépressive O les modèles les plus courants d9eAorts de

consolidations que >9ai décrit orientent l9évolution soit en direction

des aména%ements dits caractériels 2, ce qui semle asse anal,

soit en direction des aména%ements pervers qu9on est porté F croire

se=uels 2 et dont les racines demeurent essentiellement

narcissiques. M9ai montré aussi F partir d9e=emples cliniques asse

courants comment les choses pouvaient encore évoluer après un

second traumatisme aAecti! eaucoup plus tardi! induisant un

passa%e du c-té névrotique Usurtout par l9intermédiaire des

processus phoiquesV ou du c-té psychotique Umélancolie ou

psychose maniaco"dépressive, mais pratiquement >amais

schiophrénie ou parano:aV.

L9état"limite dépressi! cherche F se coller aAectivement F l9autre

pour en recevoir protection. @n réalité ce colla%e 2 a pour !onction,

aussi, d9éviter l9aArontement avec l9o>et potentiel.

La situation de dépendance tempère d9autre part les prises de

conscience a%ressives.

##




contemporaine1

Les principau= sympt-mes aAichés par l9état"limite dépressi! sont,

pour l9essentiel, rattachales F l9ensemle des taleau= cliniques

concernant la dépressivité. /ne dépressivité en cours d9évolution

plus ou moins avancée en direction de la dépression !ranche.

?u9il rencontre 'état"limite au déut de son évolution, c9est"F"dire

dans une situation d9incertitude structurelle encore, ou ien en cours

d9évolution, c9est"F"dire F un stade oT l9an%oisse aAective et les

inhiitions commencent F le paralyser, ou ien encore F un stade oT

s9étalissent des complications encore plus sérieuses et plus

spéciées, le psychanalyste se trouve tou>ours con!ronté F des si%nes

asse évidents dé>F de la li%née dépressive.

Hrès vite apparaQt en eAet un sentiment de ne pas Btre F mBme de

!aire !ace F une situation conictuelle, F une épreuve, et F un eAort

ppdlon%é ou imprévu. L9estime de soi se voit donc tou>ours diminuée O

il s9a%it surtout che le dépressi!"limite de honte et pas tellement de

culpailité. La capacité créative est, par voie de conséquence,

sin%ulièrement atteinte. La morosité des pensées entrave peu F peu

tout désir et tout élan aussi ien amoureu= que simplement violent

qui irait dans le sens d9un nécessaire comat pour la vie.

L9état"limite dépressi! ne pense pas Btre en mesure de survivre

sans l9aide et sans l9appui matériel et moral des autres. 7eci peut

prendre l9allure d9une aide réclamée F des personna%es considérés

comme privilé%iés comme F des institutions ou des collectivités et

aussi d9une aide e=i%ée des pouvoirs pulics. /n sentiment d9une

dé!aillance parentale réelle ou ima%inaire conduit F réclamer

l9assistance F des représentations symoliques parentales qui sont

vécues comme plus puissantes d9aord, puis comme aussi

décevantes ensuite que les parents réels. \\`

7eu= qui sont conEus comme puissants au= re%istres social,

médical, administrati!, associati!, etc., sont vécus par le dépressi!

essentiel comme devant apporter un ren!ort indispensale,

#(




contemporaine1

immédiat, prolon%é et conséquent. Hout délai, toute restriction dans

la réponse Uet F plus !orte raison un re!usV déclenchent aussit-t un

sentiment de !rustration, voire d9aandon pouvant se prolon%er dans

une dépression !ranche ou accroQtre la dépression dans la mesure oTcelle"ci est dé>F installée.

Gn constate che le dépressi!"limite la crainte d9un échec qui lui

paraQt inéluctale. Gr, en re%ardant les choses de plus près, dans

certains cas, on détecte mBme un désir inconscient de cet échec,

désir corrélati! F la !ois F une surestimation des pouvoirs de $autre

et F un esoin de répéter les déceptions et les^ doléances

antérieures. 7es doléances ctnicernentHs)parents et

l9environnement précoce. ais de manière F ne pas trop condamner

ceu="ci, il ne convient pas que les nouveau= interlocuteurs s9avèrent

meilleurs dans leurs apports. 7ette sorte de manipulation sutile de

l9échec n9entraQne cependant pas che le dépressi!"limite un vécu

vraiment persécutoire. Il s9a%it d9une !orme de maintien de la

dépendance de l9autre et non pas d9un véritale sentiment d9Btre

livré F un partenaire sadique qu9il s9a%irait de !uir. Dutrement dit, onne saurait parler de masochisme, tout au plus d9autopunition mais

surtout de processus répétiti! >u%é protecteur. M[a répétition des

!rustrations en%endre peu F peu une sorte d9état de manque. 7et état

de manque qui concerne un o>et e=térieur doté de pouvoirs

ma%iques peut se déplacer de l9o>et relationnel privilé%ié sur une

cile accessoire dont le sens devient plus diAicile F cerner. Gn sait

que le dépressi!"limite est particulièrement prédisposé F desévolutions allant vers l9alcoolisme, comme vers toutes les !ormes de

pharmacodépendances O y compris ien sXr celles du taac et

surtout, la plus sutile, celle du médicament. Les %énéralistes ne

s9en rendent pas tou>ours compte.

#4




contemporaine1

Hypothèses métapsychologiques

La clinique psychanalytique de la dépression de modèle limite 2

repose sur les données tout F !ait classiques de la métapsycholo%ie

!reudienne, c9est"F"dire les trois points de vue classiques topique,

dynamique et économique au=quels le psychanalyste a F se ré!érer

de !aEon constante. Il n9y a rien F a>outer F de tels postulats, mais il

s9a%it seulement de les !aire travailler de !aEon diAérente et

complémentaire par rapport F l9usa%e qu9on en !ait haituellement.

Gn constate tout d9aord che le su>et dépressi!"limite une

impossiilité de !aire !onctionner un moi 2 qui correspondrait

vraiment au= dénitions !reudiennes O donc possédant des capacités

d9autonomies d9action et de synthèse de la personnalité, et aussi des

capacités de médiation entre l9univers pulsionnel naturel et un

surmoi correctement intériorisé secondairement, ainsi que des

capacités d9or%aniser des dé!enses F la !ois souples et eAicientes au

re%ard d9une correcte évaluation des réalités intérieures et

e=térieures du moment.

Gn sait que K. 5runer%er a parlé F ce propos d9une véritale

maladie du moi _Yet D. Meanneau d9un moi incapale 2. e telles

conceptions s9appliquent tout particulièrement F la clinique de la

dépression. Gn a donc douté depuis lon%temps che les

psychanalystes de la possiilité de dé>F parler vraiment du moi 2

che le su>et enclin F la dépression"limite. Les Dn%lo"Ra=ons

envisa%ent le !onctionnement d9une instance prémo:que qu9ils

dénomment le sel! 2 et qui semle ien correspondre F cet état

encore impar!ait de !onctionnement du moi. R. Leovici a d9ailleurs

parlé, il y a un certain nomre d9années, d9un soi 2 considéré

comme un précurseur narcissique du moi.

Gn a pu décrire che le su>et dépressi!"limite une opposition

pulsionnelle entre les tendances orientées vers les réalisations

liidinales et celles qui sont orientées vers la destructivité. Gn s9est

#*




contemporaine1

peu F peu demandé si, che le dépressi!"limite, il s9a%issait vraiment

d9une a%ressivité authentique induisant la présence d9un plaisir

trouvé dans l9attaque de l9autre. Il semle en eAet que le su>et

vraiment déprimé ne prenne aucun plaisir F attaquer l9autre et qu9ilse situe seulement en position dé!ensive mBme quand il est contraint

d9attaquer. ans ses attaques du monde e=térieur, le su>et dépressi!

demeure purement violent dans une =ation F l9instinct primiti! de

survie mis en évidence par 'reud dès sa première théorie des

pulsions. Gn ne pourrait pas parler che le dépressi! d9une véritale

lutte entre les tendances liidinales et les tendances violentes F

l9é%ard de l9o>et. La pression e=ercée par le su>et sur sesproductions ima%inaires concernerait ici de !aEon identique les deu=

%rands %roupes pulsionnels F la !ois dont il s9a%it de proté%er et

l9entoura%e et la personnalité du su>et elle"mBme.

Les conits principau= se situeraient donc che le su>et déprimé

de modèle limite 2 entre un univers pulsionnel encore mal

intériorisé et des instances idéales demeurant très e=tériorisées et

non inté%rées au sein d9un authentique surmoi. 'aute d9une mise enœuvre or%anisatrice suAisante de l9ima%inaire œdipien on ne

pourrait parler de culpailité véritale. 7e serait la honte éprouvée

devant le >u%ement des autres et le dé%oXt de soi"mBme !aute de

pouvoir atteindre les idéau= e=i%és par l9environnement puis par soi"

mBme qui domineraient dans le mouvement dépressi!.

Le >u%ement que l9état"limite conEoit comme porté sur lui"mBme

par les autres revBt la plus %rande importance. Les désirs d9idéau=

du dépressi!"limite s9avèrent démesurés et demeurés puérils. Le

dépressi!"limite éprouve de la honte de ne pouvoir atteindre les

idéau= qu9il s9est =é. Du lieu de le rendre lo%iquement modeste,

comme che tout un chacun, l9impossiilité d9atteindre un idéal trop

élevé, et surtout trop puéril entraQne che tous les états"limites un

#+




contemporaine1

mouvement dépressi! asse constant corrélati! F l9évidente !ra%ilité

narcissique sous">acente.

L9essentiel de l9économie limite 2 se voit marqué par une

patholo%ie du narcissisme sur laquelle de nomreu= auteurs ont

depuis lon%temps insisté.

M9ai insisté par ailleurs sur la !aile capacité de symolisation dont

!ont preuve les su>ets dépressi!s de modèle limite. La symolisation

nécessite en eAet un de%ré suAisant d9élaoration trian%ulaire,

œdipienne et %énitale reliant le symole F l9o>et en utilisant toutes

les possiilités de souplesse tirées d9une convenale inté%ration et

d9une suAisante élaoration des modèles œdipiens proposés par des

environnements précoces asse ons 2.

Nous connaissons d9autre part la relation étroite étalie par 'reud

entre hystérie et symolisation. Nous sommes donc ien loin d9une

telle pro=imité devant une évolution limite opérant sur !ond

dépressi!.

/ne contre"épreuve si%nicative se présente au cours d9une

analyse de su>et dépressi!"limite lorsqu9on voit au%menter la capacité

de symolisation du patient sous le couvert du trans!ert positi! lié au

potentiel de symolisation de l9analyste.

Il nous !aut reconnaQtre aussi les !ormes réactionnelles de la

patholo%ie limite dépressive. Il s9a%it de dépressivités masquées par

des réactions comportementales ou caractérielles antidépressives de

sur!ace prenant la !orme soit d9une a%itation Uet non d9une activité

vraiment positiveV, soit d9un per!ectionnisme, c9est"F"dire un esoin

d9Btre ien su, plut-t qu9un désir de vraiment ien !aire.

Gn note aussi par!ois des comportements sarcastiques plus ou

moins inspirés d9élan maniaque Uet n9ayant rien F voir avec ce qu9est

l9humour véritaleV.

Hout ceci peut conduire F un certain et pro%ressi! de%ré d9hy"

pomanie lon%temps tolérale et mBme e=ploitée socialement par!ois

#&




contemporaine1

avec des risques de virer de !aEon soudaine par!ois F la manie

!ranche.

M Os économies limités 2, avec leurs conséquences dépres"ont été

particulièrement étudiées F l9heure actuelle au= /nis par G.

Werner% qui a consacré plusieurs ouvra%es us classiques au=

orderlines 2. ais nous devons reconque les variétés de

orderlines 2 décrits par G. Werner% pondent F une patholo%ie

asse étendue qui re%roupe ce que classons haituellement parmi

des économies prépsychoti"Y vo, c9est"F"dire opérant des cliva%es

importants du champ ima"! %inaire avec des dénis dé>F accentués

d9une partie des réalités sans toute!ois procéder F la reconstruction

d9une néo"réalité délirante.

Les économies dépressives"limites telles que les dénissent

haituellement les psychanalystes européens, canadiens ou sud"

américains ont été éclairées de !aEon très positive par les recherches

que $. Wohut a consacrées F la patholo%ie du sel! 2 et F

f[Han%oisse de séparation.

Il devient de plus en plus évident pour les psychanalystes, qui y

reconnaissent une %rande partie de leurs patients, que les

or%anisations économiques de type limite 2 mani!estant une nette

tendance dépressive ne correspondent ni F des !ormes %raves de

névroses ni F des situations psychotiques lé%ères. Gn ne peut les

considérer non plus comme des termes possiles de passa%e entre

économies névrotiques et psychotiques. Il ne s9a%it surtout pas d9en

!aire une caté%orie !ourre"tout au= données imprécises.

L9état"limite F tendance dépressive répond F un mode tout F !ait

particulier d9or%anisation mentale asé non pas sur un dé!aut

!ondamental et précoce d9unication de la personnalité avec un

envahissement consécuti! par l9a%ressivité, en compromettant ainsi

asse sensilement le rapport au réel comme on le verrait che un

psychotique.

#8




contemporaine1

Il ne s9a%it pas non plus d9un échec ou d9un conit sérieu=

survenu en n de %énitalisation et de trian%ulation de l9ima%inaire

liidinal œdipien.

L9état"limite F tendance dépressive constitue de !aEon spécique

ses systèmes de pensée et de dé!enses autour de l9e=istence d9une

!aille narcissique rendant an%oissante et ineAicace la relation F

l9autre et ne permettant pas l9étalissement d9une véritale identité

tout autant structurelle que sociale.

Formes cliniques

Dprès m9Btre consacré peu F peu F des approches socialisées des

états"limites du point de la recherche, des soins ou de la prévention,

après avoir cherché F rééchir en clinicien sur le cadre asse lar%e

de ce qu9on appelle des sociopathies 2, il m9a semlé nécessaire de

dénir deu= !ormes cliniques distinctes ien que voisines de

dépressivité de modèle limite 2.

9un c-té on peut ran%er la variété asse classique entrant

vraiment dans le cadre de la psychopatholo%ie que nous avons été

nomreu= F décrire. 7ette variété correspond au= eAets d9un

traumatisme aAecti! ancien Upassé par!ois inaperEuV sur une très

!ra%ile or%anisation psychique encore très mal structurée.

9un autre c-té, on remarquerait une variété de dépressivité

limite 2 d9ordre plut-t psychosociolo%ique parce que plus

!onctionnelle 2 que patholo%ique, qui concernerait des su>ets

>eunes dont l9adolescence semle se poursuivre inlassalement sans

%rand accident vraiment patholo%ique mais sans %rande eAicience

relationnelle non plus. Il s9a%it de personnalités qui sont

pratiquement aussi !ra%iles que les précédentes mais qui n9ont pas

rencontré d9éléments traumatiques >usque"lF asse conséquents pour

les !aire entrer dans des mani!estations patholo%iques. @lles ont au

#




contemporaine1

contraire pu mettre en œuvre des supercheries caractérielles ou

comportementales leur permettant d9éviter la dépression mani!este.

Le propre de l9état"limite F tendance dépressive est pourtant de

constituer une caté%orie F la !ois par!aitement dénissale

économiquement mais essentiellement !ra%ile. 7omme l9ont !ort ien

décrit 5endrot et acamier, F propos de la crise d9an%oisse ai%u qui

inau%ure le plus souvent le parcours d9un état"limite, ce %enre d

économie se voit oli%ée d9entrer dans la patholo%ie après cette crise

d an%oisse ai%u, mais conserve le choi= du modèle d9e=pression

symptomatique qui va traduire son désarroi narcissique iden"

ticatoire et relationnel.

La prédisposition symptomatique la plus classique de cette variété

économique est la tendance F la dépression Usous toutes ses !ormesV.

7 est lF une des Coies haituelles de décompensation de %enre de

situation instale. ais il e=iste aussi des voies de solidication

destinées F maintenir autant que !aire se peut la personnalité

limite 2 dans un apparent !onctionnement normal. Nous

rencontrons ainsi des essais de stailisation dans la voie de carac"

téropathies diverses qu on a souvent appelées névroses de

caractère 2 par!ois mBme psychoses de caractère 2 ou

perversions de caractère 2. Hous ces termes sont par!aitement

impropres du point de vue structurel, cela s9entend. Ils sont surtout

destinés F rendre compte de l9importance du décit narcissique.

Gn a décrit aussi depuis lon%temps les possiilités de névroti"

sation tardive d une situation limite"dépressive, en particulier sous le

couvert d un traitement psychanalytique ien conduit. /ne telle

entrée dans la voie névrotique peut donner lieu F des épisodes

phoiques qui ne doivent pas mettre en question la poursuite de la

cure.

ais ce qu on redoute le plus c9est l9évolution possile en

direction d une désor%anisation plus poussée de la personnalité

(




contemporaine1

ouvrant la voie F une entrée dans le domaine psychotique. Il est

démontré cliniquement qu9une dépression"limite ne donnera >amais

le >our F une schiophrénie ni F une parano:a O les choses peuvent

évoluer plut-t du c-té de la psychose maniaco"dépres"sive ou de lamélancolie. @n contre"épreuve, on constate que dans les antécédents

d une psychose maniaco"dépressive ou d une mélancolie, le

psychanalyste ne relèvera aucun antécédent prépsychotique vrai

mais tou>ours un passé de modèle limite 2 plus ou moins instale,

avec des si%nes asse constants de la li%née dépressive.

Le traitement Le traitement des dépressi!s"limites découle du mode relationnel

asse particulier auquel >e viens de !aire allusion. Le psychanalyste

se voit donc menacé de tomer dans un certain nomre de piè%es.

Les deu= piè%es principau= étant celui de se déchar%er sur une

hospitalisation trop rapide et trop durale ou celui de solliciter d9un

médecin une médication trop intense et trop prolon%ée.

@n eAet se posera tou>ours pour un dépressi!"limite, le prolème

de la dépendance répondant F l9an%oisse dépressive et F l9an%oisse

de perte d9o>et.

Houte thérapeutique de ce %enre de situations passe donc par la

nécessité d9étalir un dia%nostic pertinent permettant d9accepter

analytiquement le patient, de l9aider F reprendre conance en lui"

mBme et non pas de se contenter de le materner de l9e=térieur, voire

de l9hospitaliser.

7ette !aEon de voir nous incite F ien nous %arder de réduire

davanta%e le !aile de%ré d9autonomisation que conserve encore le

dépressi!"limite mBme quand il implore une protection totale comme

si celle"ci était indispensale pour lui.

(1




contemporaine1

L9éventualité d9une cothérapie posant le prolème de

l9hospitalisation éventuelle ou l9utilisation des médications doit donc

se voir %érer avec prudence et sans précipitation.

Il s9a%it de manœuvrer entre ces deu= variétés d9écueils que sont

l9évolution dépressive éventuellement suicidaire et l9évolution

psychotique, toutes deu= possiles che le dépressi!"limite. Il en est

de mBme en ce qui concerne une prise en char%e de modèle trop

ri%oureusement psychanalytique d9emlée qui s9avérerait par!ois

trop précoce donc trop !rustrante narcissiquement et trop e=citante

liidinalement dans un premier temps pour ce %enre asse

particulier de patients tou>ours très !ra%iles narcissiquement.

ais on connaQt d9autre part la !acilité avec laquelle l9état"limite

devient pharmacodépendant.

Il e=iste toute une palette de techniques d9interventions possiles

F un niveau psychothérapique plus ou moins classiquement

psychanalytique. Le psychanalyste ne peut privilé%ier

systématiquement che toutes les !ormes de dépression"limite une

seule et mBme technique qu9il s9a%isse de c>>re type ou de

psychothérapie psychanalytique plus souple. U

Il y a lieu de déterminer un choi= technique en !onction de

l9intensité de la dépression et de l9an%oisse s9opposant F l9autonomie

et F un !onctionnement relationnel permettant l9analyse du trans!ert.

Il nous !aut savoir que le dépressi! essentiel est, d9une !aEon

%énérale, lon%temps aména%eale aAectivement en raison du !aile

de%ré de structuration dont il dispose. e cette carence relative

découle une sensiilité asse %rande F la plupart des aords

psychothérapiques.

Ri on ne peut limiter ces aords psychothérapiques F la cure type

psychanalytique surtout appliquée d9emlée, le psychanalyste sait

d9un autre c-té qu9une psychothérapie analytique ce n9est pas

n9importe quoi. 9autre part l9e=périence montre que quand il en

(#




contemporaine1

arrive au moment oT la cure type est possile, le dépressi!"limite se

présente souvent comme une ien meilleure indication

psychanalytique que la !ameuse hystérie dite classique 2.

Pour conclure

Nous rencontrons de plus en plus de patients au= tendances

dépressives entrant dans le cadre des états"limites.

/ne telle constatation paraQt >ustiée certes par suite de

meilleures connaissances théoriques et d9une plus %rande précision

dia%nostique O mais cela ne peut suAire comme e=plication valale.

@n eAet il e=iste trois !acteurs de risque essentiels qui >ouent sur la

constitution de tels états g ce sont les diAicultés identi!Qcatoiresb

secondaires, la pauvreté de l9élaoration ima%inaire et les carences R

de ré%ulation des pulsions. "M

7es trois !acteurs se voient particulièrement développés et

encoura%és dans les conte=tes environnementau= socioculturels,

socio"économiques et sociopolitiques de notre époque.

Nous suivons en @urope non seulement avec passivité mais en le

valorisant dan%ereusement le lent cheminement de désaAectivi"

sation, de démentalisation et de pseudo"rationalité qui marque

l9évolution des esprits outre"Dtlantique. La perversisation

caractérielle et relationnelle hautement déprimante mal%ré ses

eAorts antidépressi!s qui caractérise ce système de plus en plus

anal de non"pensée ne !avorise pas le développement d9économies

œdipiennes mais n9au%mente pas non plus le nomre des évolutions

nécessairement asse ori%inales pour Btre vraiment psychotiques.

7e système de non"pensée !acilite par contre l9immaturité

aAective et la sta%nation évolutive qui caractérisent le

!onctionnement limite 2 et la dépressivité qui s9en suit en

conduisant F un con!ormisme si%nant l9incapacité d9ori%inalité et

d9indépendance, mBme quand il s9a%it d9un pseudo"anticon!ormisme

((




contemporaine1

tapa%eur et de sur!ace ne représentant en réalité qu9un con!ormisme

né%ati! et pas davanta%e.

L9épidémie, asse !oudroyante, de personnalités multiples qui !ait

rava%e en ce moment au= @tats"/nis et qui %a%ne dé>F le 7anada se

répandra sous peu en @urope. 7ette épidémie se situe en liaison

directe avec les dé!aillances de structuration de la personnalité que

nous rencontrons >ustement dans toutes les variétés cliniques

d9états"limites %raves F tendance dépressive.

Dlors, de ces !ormes de patholo%ie, les psychanalystes

d9au>ourd9hui et de demain n9auront pas ni de parler...

(4



. L!imaginaire primaire

epuis sa pulication, >e n9ai >amais cessé de lire et de relire la

remarquale étude dans laquelle M. Laplanche et M."K. Pontalis ontproposé une interprétation, au>ourd9hui asse haituellement

admise, de la notion !reudienne de !antasme ori%inaire(.

79est en homma%e d9aord F ce travail auquel >e me suis

constamment ré!éré depuis des années, dans mes cours comme dans

mes séminaires ou mes écrits, que >9ai rédi%é cet article O c9est de ce

travail qu9il m9a été possile de partir pour !ormuler les hypothèses

que >e présente ici, et qui sont %roupées autour du concept deviolence ondamentale.

La première partie de mon développement m9a paru nécessiter un

rappel des positions de M. Laplanche et M."K. Pontalis O ils me

pardonneront, >9en suis certain, d9avoir plus spécialement accentué

certains des points de leur très riche démarche par rapport F

d9autres données au=quelles ils sont, >e le sais, particulièrement

attachés.

ans leur étude de 1+4, M. Laplanche et M."K. Pontalis mettent en

évidence les hésitations rencontrées par 'reud pour privilé%ier, F

l9ori%ine des !antasmes ori%inaires, soit des scènes réelle"

ment vécues U neurotica 2, théorie de la séductionV, soit des

traces d9ori%ine phylo%énétique, soit des reconstitutions ima%inaires

rétroactives. Ils ont montré l9importance accordée par 'reud au=

(*







#. L)ima%inaire primaire#

retours en arrière Uco:t réel des parents supposé F nouveau en 114

dans l9$omme au= loups, alors que la neurotica était aandonnée

depuis di="sept ansV et aussi au principe des deu= temps nécessaire F

toute élaoration ima%inaire U ur!c"phantasieren de Mun%, théorie

des !antasmes rétroacti!s re>etés en 18& et sur lesquels 'reud

revient vin%t ans plus tardV. @ntre ces deu= périodes avait été émise

l9hypothèse de l#inconscient primaire U11*V comprenant des

contenus acquis phylo%énétiquement et constituant de véritales

noyau$ de l#inconscient.

La notion de !antasme ori%inaire entendrait donc rendre compte

de la con>onction du esoin de retrouver le roc de l9événement d9une

part, et d9autre part de la nécessité de !onder la structure du

!antasme sur autre chose que le seul événement. Il e=isterait donc F

la ase de tout !antasme ori%inaire un en%de&' qui transcenderait F

la !ois le vécu individuel et l9ima%inaire lui"mBme.

M. Laplanche et M."K. Pontalis considèrent le !antasme ori%inaire

comme constitué en deu= temps g un premier temps qui ne serait ni

une scène vécue ni une perception directe, mais la prise en compte

par l9en!ant d9un désir parental et du !antasme qui supporte ce

désir O il résulterait de cette con>onction une sorte de corps

étran%er 2 inassimilale par l9en!ant, constituant un élément qui se

verrait en quelque sorte e=clu de l9intérieur. /n véritale noyau

symbolique%présymbolique s9isolerait ainsi au sein des !ormations

mentales du su>et. ans un second temps, un tel noyau serait repris

après coup par le su>et et vraiment symolisé alors par lui"mBme. Gn

pourrait considérer qu9il e=iste une antériorité du si%niant par

rapport F l9eAicacité du si%nié.

Il e=isterait donc une préstructure, inaccessile directement au

su>et et échappant F ses initiatives conscientes, constituant l9aspect

héréditaire transmis par le !antasme parental.

(+




Les théories de la communication

Les données récentes acquises au cours des recherches eAectuées

dans le cadre des théories de la co>nmunication, en particulier les

travau= de Macques 7osnier4, ont mis en avant le principe de(épigen)se interactionnelle dont l9importance apparaQt avec évidence

dans mon propos.

Relon ce principe, il ne saurait Btre question de tout !aire venir de

l9e=térieur dans la constitution de l9ima%inaire. L9en!ant ne peut Btre

considéré F sa naissance comme une simple tabula rasa, ainsi qu9on

a pu le croire pendant tout un temps.

Les oservations portant sur les tout premiers échan%es eAectuésentre la mère et l9en!ant montrent qu9il e=iste, dès la naissance, un

>eu réciproque con!rontant des éléments structurau= internes innés F

des modèles e=térieurs environnementau=.

Gn pourrait mettre ainsi en évidence une certaine compétence

relationnelle innée du nourrisson rendant celui"ci capale de

percevoir asse précocement des in!ormations émises par

l9entoura%e. 7ette perception provoquerait che le nourrisson uncertain nomre d9activités psychiques, elles"mBmes captées et

interprétées par la mère, qui y répond F son tour, provoquant ainsi

des réponses nouvelles de la part du nourrisson et ainsi de suite.

Il semle que cette conception %énétique puisse Btre appliquée F

l9élaoration !antasmatique qui nous intéresse ici.

Nous nous retrouvons asse près ainsi des préconceptions

e$pectatives non saturées décrites par Kion* comme possédant un

caractère inné et pouvant se développer de diAérentes !aEons par la

suite.

Les !antasmes ori%inaires opéreraient ainsi comme donnant un

sens, une valeur opératoire, F des éléments structurau= primiti!s de

l9ordre de ce que M. Laplanche et M."K. Pontalis considèrent comme le

présymolique.

(&








7es éléments structurau= primiti!s apportés %énétiquement par

l9en!ant vont pouvoir prendre un sens quand ils seront amorcés,

rendus eAicients et opératoires par la rencontre avec des modèles

parentau= Umaternels en particulierV avec lesquels ils s9articulent.

Dutrement dit, des éléments structurau= présymoliques innés et

des modèles e=térieurs adéquats vont inter!érer pour donner

naissance F des structures mentales nouvelles, en particulier F des

élaorations !antasmatiques de plus en plus élaorées et de plus en

plus secondarisées, F partir de structures primitives prée=istantes et

en direction de structures nouvelles de plus en plus comple=es.

7ette conception met en évidence le r-le >oué par l9entoura%e et

la mère en particulier, dans l9interprétation du désir du nourrisson,

dans l9anticipation de ce désir et dans l9étalissement simultané d9un

pare"e=citations suAisant, ce dont ne serait nullement capale la

mère du psychotique.

L9ensemle aoutirait F la constitution d9une activité

!antasmatique primaire autonome et précoce dont nous chercherons

plus loin F préciser la véritale nature. M. Laplanche et M."K. Pontalis ont rappelé les deu= sens possiles

de l9e=pression antasmes originaires g le sens de !antasmes portant

sur les ori%ines de l9individu d9une part, et le sens de !antasmes

présents dès l9ori%ine de l9individu d9autre part.

'reud a utilisé ces deu= sens. Le premier sens ne !ait aucun

doute. M. Laplanche et M."K. Pontalis ont montré que les !antasmes

ori%inaires, tels qu9on les envisa%e haituellement, %urent desscènes représentant les ori%ines du su>et g la sc)ne primitive

correspond F l9ori%ine proprement dite du su>et, la scène de la

séduction correspond F l9ori%ine de la se=ualité et l9évocation de la

castration correspond F l9ori%ine de la diAérence entre les se=es.

Par contre, la discussion demeure plus comple=e, et ainsi plus

ouverte, en ce qui concerne le deu=ième sens de l9e=pression, c9est"F"

(8




dire les !antasmes ori%inaires entendus comme présents dès l9ori%ine

de l9individu. Gn peut se demander en eAet si ces trois

!antasmes ori%inaires classiques sont vraiment les seuls Uet les

véritalesV premiers !antasmes. Il est possile de poser d9ailleurs la

question autrement g quelle serait la nature des !antasmes vraiment

présents F l9ori%ine de l9individu 0 f

Pour savoir qui si%ne la mise en scène première. M. Laplanche et M."

K. Pontalis proposent au psychanalyste d9interro%er le philosophe.

Personnellement, >e me mée d9un tel chan%ement de

prolématique, car ce chan%ement risque de ne pas répondre

seulement F un souci de pluridisciplinarité O il peut par!oiscorrespondre F une !aEon de ré%resser en direction de modes de

pensée plus ou moins ma%iques qui nous ont tou>ours tentés, en

particulier ceu= d9entre nous qui ont accompli autre!ois un détour

par la prolématique philosophique avant de rencontrer les

possiilités et d9ouverture et de liaison oAertes par le mode de

pensée psychanalytique.

Il me semle souhaitale et possile de demeurer dèles F uneméthodolo%ie strictement psychanalytique, et en particulier F une

démarche métapsycholo%ique, au niveau de la recherche qui nous

intéresse.

La critique métapsychologique

Pour appliquer au= trois !antasmes ori%inaires classiques la

méthode critique utilisée par 'reud lui"mBme F l9occasion de l9étudedes souvenirs écrans, du roman !amilial et des théories se=uelles

in!antiles, il nous !aut tout d9aord tenir compte des deu= temps

d9élaoration de toute représentativité ima%inaire.

ans Les souvenirs écrans 2 U18V, 'reud nous dit que le

!antasme ne co:ncide pas complètement avec la scène d9en!ance, que

le !antasme ne !ait que s9étayer sur cette dernière, 'reud montre que

les tout premiers souvenirs concernent des peurs, des hontes, des

(




traumatismes réprimés et déplacés par la suite et que les scènes

évoquées se seraient déroulées ien ultérieurement, qu9elles

n9auraient été rattachées F la prime en!ance que secondairement.

ans Le roman !amilial 2 U1V, 'reud précise que le pre"

mier temps de tout roman !amilial apparaQt comme ase=uel et que

le temps %énital survient comme secondaire seulement et plus tardi!.

ans Les théories se=uelles in!antiles 2 U18V, 'reud nous

montre qu9F l9ori%ine des hypothèses in!antiles sur la se=ualité cette

se=ualité se voit réduite F un aspect phallique marqué par une

violence, un esoin de dominer l9o>et par la !orce.

Les !antasmes ori%inaires classiques se sont constitués en deu=temps et comme apparentés F ce que 'reud envisa%e F propos de

l9après"coup et décrit sous la !orme de roman !amilial, de souvenirs"

écrans, et de théories se=uelles in!antiles.

Il est lo%ique de considérer les !antasmes ori%inaires classiques

comme des !antasmes seulement secondaires, constitués plus

tardivement qu9F la période dont ils prétendent rendre compte.

Ils apparaQtraient donc F la !ois comme de vrais souvenirs etcomme des souvenirs"écrans, de mBme que la théorie se=uelle

!reudienne en %énéral demeure très pertinente, très opératoire et en

mBme temps très dé!ensive contre tout ce qui a pu e=ister avant

l9élaoration de la prolématique œdipienne.

D partir de l9hypothèse de l9épi%enèse interactionnelle, nous avons

été amenés F supposer qu9il e=isterait des inscriptions

présymoliques innées. Bme si une inscription présymolique

œdipienne e=iste dans l9équation %énétique que porte en lui le

nouveau"né Uet ceci ne !ait aucun douteV, cette inscription

présymolique spéciquement œdipienne ne paraQt

!onctionnellement dynamisée que plus tardivement, c9est"F"dire au

moment oT M. Laplanche et M."K. Pontalis situent l9ori%ine des

!antasmes ori%inaires classiques UF la

4




r période d9acmé de l9auto"érotismeV ou ien au moment aussi qui

est décrit par . Kraunschjei% et . 'ain Umoment oT la mère

redevient l9amanteV. Il resterait F déterminer les corrélations

pouvant e=ister entre ces deu= temps !ondamentau= de la

constitution du re%istre ima%inaire œdipien.

Les trois !antasmes ori%inaires classiques sont trois !antasmes

œdipiens et %énitau=. Pour 'reud, il e=iste une relation étroite entre

la prolématique œdipienne et les !antasmes ori%inaires.

M. Laplanche et M."K. Pontalis ont montré que l9aspect struc"

turel du comple=e d96dipe ne s9est trouvé dé%a%é par 'reud

qu9asse tardivement U Le moi et le Ea 2, 1#(V et limité au trian%lepère"mère"en!ant et que la perspective de l9anthropolo%ie structurale

laisse supposer c ne constituait qu *une des

modalités pouvant !onder

relationnels. Il pourrait

donc e=ister d#autres modèles et d#autres éléments structurau=supposant des échan%es relationnels plus archa:ques et plus

%énérau= communs F toute l9humanité.

D partir de ces considérations, il me semle possile de

développer plus avant les hypothèses que >9avais dé>F présentées au

su>et de l9économie des états"limites 2.

La théorisation proposée par 'reud F propos de la %énitalité ne

paraQt pas contestale et place F >uste titre le mode d9or%anisationeAectué sous le primat de l96dipe au sommet de la hiérarchisation

des diAérents modes de !onctionnements mentau= humains, mais on

peut concevoir qu9il e=isterait d9autres !ormes de structures

d9échan%es plus primitives, au sens des +réconceptualisations, des

+réstructures de Kion, des +réormes de D>uria%uerra, sur lesquelles

pourraient s9étayer le mode d9or%anisation %énitale, comme n9a cessé

de l9envisa%er 'reud lui"mBme dès la première édition des rois

41




essais U1*V quand il décrit des pulsions se=uelles s9étayant sur ce

qu9il appelle alors les pulsions d9autoconservation 2.

"u c#té des pulsions

'reud n9a cessé F propos de la réalité psychique de rapprocher les

notions de !antasme et de pulsion dans la mesure mBme oT les

pulsions tendent F la réalisation d9un désir inconscient et oT les

!antasmes constituent pour 'reud l9e=pression la plus valale du

désir inconscient.

M. Lacan a insisté sur le !ait que le désir naissait de l9écart e=istant

entre le esoin Uvisant l9o>et réel et s9en satis!aisantV et la >

demande Uadressée F un o>et réel, mais non capital, puisque l9es"

vsentiel demeure la demande de l9amour F recevoir de l9o>etV. Le

Udésir inconscient dont le !antasme représente l9e=pression n9est

- réductile ni au esoin ni F la demande O il n9est pas spécique">

ment une relation F un o>et réel, mais une relation au !antasme

I qui met en scène l9o>et et le su>et dans tous les aléas de leur

dia"llectique amoureuse.La pulsion apparaQt donc, au !ond des choses, comme ne tirant

pas seulement sa source d9e=citations corporelles O elle s9articule

essentiellement sur les !antasmes les plus pro!onds.

7omme l9ont !ait remarquer M. Laplanche et M."K. Pontalis, 'reud

!ait dépendre le >eu pulsionnel des structures !antasmatiques qui le

précèdent.

Gr la théorie !reudienne des pulsions demeure très clairement

centrée sur la notion de liido, tandis que d9un autre c-té elle !ait

preuve d9un certain ottement, F travers les époques, dans le choi=

des anta%onistes supposés s9employer F s9opposer F la liido O avant

l9article sur le narcissisme 2, il s9a%it des pulsions d9auto"

conservation O avec l9article sur le narcissisme 2, il s9a%it des

pulsions du moi U'reud avoue lui"mBme eAectuer alors un certain

4#




rapprochement avec les vues de Mun%V O et enn en 1#, dans Du"

delF du principe de plaisir 2, 'reud oppose pulsions de vie et

pulsions de mort O mais il n9est plus certain que nous restions alors

e=clusivement sur un re%istre réellement métapsycholo%ique.

Les variations constatées dans l9évolution de la théorie !reudienne

des pulsions cherchent donc F rendre compte de !aEon

essentiellement synchronique d9une dynamique soumise F une

certaine diachronie. 'reud s9est surtout intéressé F la simultanéité

des oppositions plut-t qu9F la succession des mises en >eu

pulsionnelles et des !antasmes qui sous"tendent ces mises en >eu.

9autre part, en allemand comme en !ranEais, on distin%ue les

termes de pulsion 2 et d9 instinct 2 g pour 'reud, dans la

continuité de son œuvre, la seule pulsion vraiment constante c9est la

liido.

'reud se demande par contre ce qui che l9homme pourrait

correspondre F l9instinct des animau=. Il décrit F la n de son article

sur #inconscient 2 U11*V une structure atavique constituant un

noyau de l9inconscient sur lequel viendra s9a>outer tout le

développement in!antile. ans les trois derniers para%raphes,

a>outés en 118, F son oservation de l9$omme au= loups, 'reud

propose l9hypothèse d9une préscience qui a%irait che l9en!ant de

!aEon analo%ue au savoir instincti! si étendu rencontré che les

animau=. 7e patrimoine instincti! de l9homme représenterait le

noyau de l9inconscient, une sorte d9activité mentale primitive

destinée F Btre détr-née et recouverte par laiuite par la liido.

R9il s9a%it d9Btre détr-né et recouvert par la liido, il ne pourrait

donc Btre dé>F question de pulsion liidinale.

'reud a>oute, dans ce mBme passa%e, que de divers c-tés on a

émis des idées semlales, et supposé l9e=istence d9un !acteur

héréditaire, phylo%énétiquement constitué, de la vie psychique.

'reud considère pour sa part que ce !acteur n9est admissile qu9F

partir du moment oT l9ordre des instances a été respecté et lorsque

4(




le psychanalyste, après Btre remonté F travers les stratications

successives de ce qui a été individuellement acquis, rencontre enn

les vesti%es de ce dont l9homme a pu hériter.

7e seraient donc ien les !antasmes ori%inaires qui

correspondraient che l9homme F l9instinct des animau= et non les

pulsions telles que 'reud les a dénies par ailleurs.

Gn peut donc se demander quelle serait la nature de ces !ameu=

!antasmes dits originaires, du point de vue auquel nous sommes

parvenus, en suivant 'reud pas F pas, F les considérer maintenant,

puisqu9il apparaQt qu9ils ne sauraient plus Btre de structure

trian%ulaire, %énitale et œdipienne.

$n instinct primitif %

ans plusieurs de ses œuvres Ul9édition de 1* des rois essais,

la « +rédisposition ' la névrose obsessionnelle » en 11(, « es

pulsions et leur destin » en 11*, l9édition de 11* des rois essais,

et « Au%del' du principe de plaisir » en 1#V, 'reud soulève

l9hypothèse de l9e=istence d9une pulsion asse particulière qu9ilappelle le em0chtigungstrieb et qui apparaQt comme n9étant pas

très précisé quant F sa nature propre O c9est peut"Btre F cause de ce

manque de clarté métapsycholo%ique qu9il a !allu attendre par

e=emple 1+ pour voir proposer par K. 5runer%er la traduction en

!ranEais du sustanti! composé !reudien par l9e=pression pulsion

d#emprise utilisé depuis.

7ette entité pulsionnelle 2 ori%inale est décrite par 'reudcomme de re%istre non se$uel et comme réunie secondairement

seulement F la se=ualité O il s9a%irait du seul élément représentant

che l9en!ant une véritale cruauté originaire.

ès la lettre F 'liess du # septemre 18& Ucelle oT il est

question F la !ois de la neurotica et de éeccaV, 'reud si%nale

l9e=istence, che le tout >eune en!ant, de !antaisies hostiles au=

44




parents sans s9étendre encore eaucoup sur la nature de cette

hostilité qu9on ne sent toute!ois pas comme articulée sur la se=ualité.

ans la Science des r1ves, F c-té des souhaits œdipiens de mort

du père, 'reud distin%ue des sentiments violents tendant F

l9élimination des !rères et des sœurs O il parle de rBves F répétitions

Uest"ce que ce sont les siens 0 s9a%it"il de Mulius 0V au cours desquels

apparaissent de >eunes concurrents qui ont des ailes, s9envolent et

disparaissent tout comme les petits an%es de l9icono%raphie touchant

F la mort des en!ants.

ans l9édition des rois essais de 1*, 'reud parle de cette

cruauté in!antile rapportée F la pulsion d9emprise Udonc F des

!antasmes très précocesV et qui n9aurait pas F son ori%ine pour ut

de !aire souArir l9o>et O elle se contenterait de ne pas tenir compte

de l9e=istence propre de cet o>et, donc de sa survie ou de sa mort.

/ne telle pulsion 2 est présentée comme indépendante de la

se=ualité, mais 'reud suppose que se créerait par la suite une sorte

d9anastomose entre cette pulsion 2 et la pulsion se=uelle, et que

cette anastomose s9eAectuerait topiquement très près du point

d9émer%ence de l9une et l9autre de ces deu= composantes.

@n 1, 'reud ré!ute dans « e petit 2ans » l9hypothèse d9Ddler

concernant un instinct d9a%ression O il n9e=iste pas d9autre pulsion

réellement autonome, dans l9esprit de 'reud, en dehors de la liido

et des pulsions du moi. 'reud admet cependant l9e=istence d9une

composante violente primitive des pulsions qu9il reconnaQt F l9œuvre

F l9occasion de la scène primitive décrite par le petit $ans, de mBme

qu9il la rencontrera comme

a%issant é%alement plus tard dans la scène primitive décrite par

l9$omme au= loups. 3

L9article sur « a prédisposition ' la névrose obsessionnelle »

U11(V amène 'reud F envisa%er ce qui se passe au niveau des

relations pré%énitales et F décrire un désir acti! lié a un esoin de

possession de l9o>et sans intervention de !acteurs érotiques, alors

4*




que le sadisme n9est conEu par 'reud que comme lié F l9érotisme.

Nous constatons F ce moment de son œuvre que 'reud se situe asse

près de l9opinion émise par k. Rte3el F propos de l9e=istence d9une

!orme d9attaque de l9o>et qui précéderait la relation o>ec"tale de

type %énital.

ans le très important article sur « es pulsions et leur destin »

U11*V, il est question d9une violence dominatrice 4 5eber60ltigung7

dont l9émer%ence se situerait F une période antérieure au sadisme,

qui serait destinée F dominer l9o>et sans que son ut ori%inaire

envisa%e l9éventuel prolème d9une souArance de l9o>et. Nous nous

trouverions en !ace d9une attitude très diAérente de l#agressivité, qui

a pris l9importance que l9on sait dans le développement de la théorie

psychanalytique en représentant une disposition o>ec"tale parallèle

F la liido qui tiendrait, elle, le plus %rand compte du sort réservé F

l9o>et.

La violence dominatrice serait, ien sXr, encore eaucoup plus

éloi%née de la !ameuse pulsion de mort dont il sera question cinq

années plus tard.

'reud estime qu9au stade préliminaire de la violence dominatrice

on ne peut pas vraiment distin%uer encore la haine et l9amour, que ce

n9est que plus tardivement et avec la mise en place de l9or%anisation

%énitale que l9amour pourra se situer comme opposé F la haine.

ans ce mBme article, 'reud déclare que la haine tire sa source

des pulsions d9autoconservation, et que cette haine n9apparaQt

qu9après l9instauration possile d9une relation %énitale et au momentoT celle"ci se voit interrompue.

Il est donc possile de considérer dé>F ici que ces pulsions

d9autoconservation servent d9étaya%e F la liido Ucomme cela sera

envisa%é plus tardV et qu9il e=isterait F l9ori%ine une source

dynamique primitive unique liée au= phénomènes décrits F propos

des pulsions d9emprise et concernant des antasmes primitis sous"

>acents d9un type asse particulier.

4+




ans « 8n bat un enant 2 U11V, 'reud remarque que les

distinctions opérées plus tardivement entre les diAérentes sortes de

pulsions ont tendance F s9estomper quand on remonte vers l9ori%ine

de ces pulsions. @n ré!érence F la sorcière de Kanquo, il rappelle g

Non pas clairement se=uel, non pas sadique en soi, mais cependant

de la sustance dont tous deu= naQtront plus tard. 2

Gr tout nous permet de supposer que nous nous trouvons F cet

instant ori%inel asse loin des notions de réunion, '*intrication ou de

usion, plus tardives des pulsions dé>F diAérenciées. D ce stade, il

s9a%irait plut-t de pulsions émer%eant dans un état encore asse

indiAérencié.

ans « Au%del' du principe de plaisir » U1#V, oT il est pour la

première !ois question d9une pulsion de mort comprise comme

eaucoup plus liée F la compulsion de répétition qu9F la simple

a%ressivité, les notions de pulsion d9emprise et de !antasme

d9emprise sont repris dans l9évocation d9un !antasme de maQtrise

concernant l9o>et se=uel O et 'reud dénit ce !antasme comme

dénué de tout désir d9anéantissement et comme placé nalement au

service de la liido.

La & pulsion fondamentale '

Les travau= de I. $endric3 + reprennent l9étude de la pulsion

d#emprise en s9interro%eant sur ses ori%ines O il s9a%irait d9une

pulsion innée destinée F !aciliter l9adaptation du su>et et F aména%er

au prot de ce su>et un plaisir primaire dans la relation F

l9environnement. 7ette pulsion serait d9ori%ine héréditaire et

iolo%ique O elle pousserait le su>et F l9action, mais on ne lui

reconnaQtrait ni un statut se=uel ni un statut a%ressi!. 7e sont

seulement les prolon%ements de cette pulsion qui donneraient

naissance au sadisme, une !ois opérée la >onction avec la liido.

79est cette violence dominatrice archa:que que >e propose

d9appeler violence ondamentale, car elle me paraQt reposer sur un

4&






!antasme primiti! posant simplement la question essentielle F la

survie de l9individu g L9autre ou moi 0 2 Lui ou moi 0 2 Rurvivre

ou mourir 0 2 Rurvivre au risque de tuer l9autre 0 2 sans toute!ois

avoir l9intention première et spécique de détruire cet autre ni

mBme simplement de viser l9o>et en tant que tel, c9est"F"dire comme

pouvant avoir une e=istence F prendre en considération

indépendamment du su>et.

Il s9a%it donc d9une relation narcissique primaire oT se

développerait un instinct de survie, c9est"F"dire un instinct de vie, en

rapport avec les pulsions d9autoconservation décrites par 'reud.

@n 1#+, dans -nhibition, sympt9me et angoisse, 'reud met en

évidence che l9en!ant une représentation !antasmatique précoce du

dan%er o>ectai et vital pour le su>et, en mBme temps qu9il parle

d9une nécessaire préparation de nature con%énitale F la dé!ense

contre le dan%er e=térieur Udonc parentalV, dé!ense qu9on rencontre

comme très nettement développée che les animau=.

Me pense que nous sommes F ce moment très près de ce que 'reud

a décrit F deu= reprises U11* et 118V F propos de l9instinct desanimau=, et nous pouvons concevoir F sa suite qu9il s9a%it lF du

temps d9émer%ence des authentiques !antasmes les plus primiti!s.

'reud estime que ces !antasmes innés seraient les prototypes de

toutes les représentations ima%inaires ultérieures se ré!érant F un

dan%er couru par le su>et.

@t 'reud conclut son travail en constatant que l9aAect d9an%oisse

retrouve ainsi l9importance iolo%ique qui lui revient.Nous ne pouvons manquer de considérer les rapprochements

e=istant entre cette !aEon de voir et les positions e=primées par Mun%

dans es métamorphoses de l#0me et ses symboles U1#&V F propos

de la représentation !antasmatique archa:que d9une divinité marquée

F la !ois par la !écondité et la violence, d9un dieu en mBme temps

créateur et destructeur, qui draine lui"mBme sa propre violence

UKéhémoth ou Léviathan dans e ivre de :ob7.

48




L9homme ne saurait échapper F un doule !antasme oT il >oue le

r-le de victime et de sacricateur F la !ois.

ans les reli%ions récentes, le !antasme de la toute"puissance

maternelle a cédé le pas au !antasme de toute"puissance paternelle

Uavec les retours violents que l9on connaQt quand la société présente

des secteurs de dissolution des élaorations !antasmatiques

secondaires dé!ensives laorieusement acquises au cours des S%es

dits de civilisation 2V.

ans des reli%ions d9apparition relativement récente 2 on

remarque, du c-té de l9Dncien Hestament un père représenté

directement sous l9aspect violent Usacrice d9Draham g c9est ieu

qui a esoin de san%V, et, du c-té du Nouveau Hestament, une

déné%ation dé!ensive Ule père n9est qu9aAectueu=, le san% est versé

par la volonté de l9hommeV. 7he les pa:ens 2, l9animal remplace

très souvent le su>et humain tout autant que le dieu ou la déesse O

mais au !ond de tous les mythes e=iste tou>ours un !antasme violent

contre lequel la lutte s9avère vaine.

La violence !ondamentale ne peut Btre comattue 2, comme lecroient nécessaire les masses an%oissées Upar leur propre violence

non inté%réeV ou les pouvoirs pulics sous la pression de l9opinion.

Ron seul destin heureu= est de pouvoir mettre son dynamisme

primiti! au service de l9élaoration liidinale, source d9o">ectalité et

de créativité, rendant l9homme capale de rencontrer et de

supporter un lé%itime onheur.

ais l9ami%u:té constatée dans les utilisations !aites des!antasmes violents !ondamentau= tire sa source du >eu réciproque

des perceptions et des pro>ections eAectuées dans les mises en

scènes réalisées au sein de la relation o>ectale de l9adulte.

@n dehors et au"delF de sa valeur opératoire intrinsèque Ul9amour

est tou>ours créati! sau! quand il se trouve loqué dans la pure

répétitionV, l9amour chrétien 2 est utilisé aussi pour con>urer le

!antasme violent !ondamental qu9il ne convient pas de laisser

4




apparaQtre. Gn pourrait mBme a>outer avec le risque de choquer ien

des %ens que le !antasme œdipien la:que et !reudien 2, en dehors

de son incontestale vérité historique et !onctionnelle, sert aussi F

con>urer le !antasme violent !ondamental sous">acent que

'reud n9a >amais pu aorder autrement que par petites touches

éparses. 7es éléments !ra%mentaires, il nous est possile de les

rapprocher en nous demandant comment il se !ait que l9homme de la

indung n9a >amais réussi F opérer une telle liaison O qui se serait

avérée cependant e=trBmement productrice en éclairant d9un >our

nouveau et complémentaire toute une partie, encore ien oscure,

du champ des recherches psychanalytiques.

Il semle que nous devrions prendre %arde de ne pas devenir, au

nom comien respectale de l9@ros, des prBtres trop !anatiques

d9une trop inquiétante antiviolence !ondamentale 2.

Les hypothèses (leiniennes

W. Draham, dans son article sur #araignée » U1##V, a été

certainement le premier F insister sur les !antasmes violentsprimaires e=istant entre une mère et son en!ant. ais c9est surtout

en 1#4 dans son histoire du développement de la libido qu9il

rattache la tendance au plaisir de domination F la !ameuse étape

préamivalente oT le ut n9est pas de lesser l9o>et ni de le

détruire, mais essentiellement d9incorporer cet o>et et de l9utiliser F

son seul prot. W. Draham pense que si les satis!actions du stade de

succion ne sont pas suAisantes, elles sont recherchées

compensatoirement dans un accroissement des investissements

développés au moment du stade de morsure. Les !antasmes de cette

étape sont des !antasmes de peur, et de violence consécutive, non

pas de culpailité O cette dernière disposition n9apparaQt qu9avec la

se=ualisation.

Pour . Wlein les !antasmes violents ont l9importance qu9on

connaQt. Ils sont considérés comme très précoces et se voient décrits

*




comme orientés vers le sein maternel. Il s9a%it non pas de détruire

vraiment ce sein, mais de le vider F son prot O l9an%oisse ressentie

correspond F un !antasme de violence.

ans le ;éveloppement précoce de la conscience che l#enant

U1((V, les !antasmes violents du tout >eune en!ant sont envisa%és

sous la !orme d9une peur d9Btre dévoré, dépecé, déchiré ou ien

entouré, poursuivi par des personna%es menaEants. Hout ceci ne

si%nerait aucune évolution patholo%ique au= yeu= de . Wlein, mais

constituerait une composante normale de la vie psychique in!antile.

Il en serait de mBme pour les mythes, les contes de !ée, la vie

ima%inaire de l9en!ant en %énéral oT l9on rencontre tou>ours des

représentations terriantes des parents.

ais c9est sa propre violence aussi que l9en!ant pro>ette sur les

parents et sur l9e=térieur en %énéral. L9an%oisse ressentie devant la

partie de la violence qui n9est pas né%ociée, qui ne se voit pas

inté%rée dans l9évolution liidinale, peut pousser F détruire

!antasma"tiquement l9o>et en donnant naissance F des tendances

ultérieures asociales ou criminelles che certains adultes. Du cours des psychothérapies d9en!ants, dès que la liidinisa"tion

intè%re la violence, on voit les tendances constructives apparaQtre et

l9en!ant commence F réparer les dé%Sts ima%inaires causés F l9o>et.

. Wlein estime que le noyau violent primiti! ne disparaQt >amais O ou

ien il s9inté%re F la liido pour lui con!érer sa !orce, ou ien il

intè%re pour son compte la liido donnant naissance ainsi F

l9a%ressivité et au sadisme vrai.Il y aurait lieu de développer, F propos d9une étude des aléas de la

violence !ondamentale, ce que . Wlein décèle dans les relations

mèreYls décrites dans #8restie. La notion mBme d9$uris peut

paraQtre se situer très près de ce que >e dénomme ici violence

!ondamentale 2.

P. $eimann, dans ses notes sur la théorie des pulsions de vie et

des pulsions de mort <;éveloppement de la psychanalyse, 1*#V,

*1




précise que les pulsions d9autoconservation ne s9opposent pas au=

pulsions se=uelles O les pulsions !ondamentales apparaissent comme

!usionnées F l9ori%ine et cette !usion primitive entraQne le dynamisme

qui en résulte du c-té des pulsions de vie.

Les théories 3leiniennes se rapprochent donc de la troisième

théorie !reudienne de l9an%oisse g l9an%oisse primitive Uil s9a%it d9un

!antasmeV proviendrait directement des pulsions violentes primitives.

Les !antasmes de !rustration correspondraient F une non"inté%ration

liidinale, ce qui au%menterait l9an%oisse et l9a%ressi"

vité O les !antasmes de %ratication au contraire correspondraient

F une onne inté%ration liidinale et conduiraient F une diminution

de l9an%oisse et de l9a%ressivité. 3

ès le déut de la vie psychique, les relations au= o>ets se

présentent comme F la !ois liidinales et destructrices et, en

réciproque, l9attitude de l9o>et implique des attitudes de mBme

nature. Les premières ones éro%ènes apparaissent comme >ouant le

r-le de source de !antasmes F la !ois liidinau= et cruels. Les

pulsions primaires serviraient ainsi deu= maQtres en mBme temps gl9amour et la destruction.

P. $eimann conclut sur l9e=istence certaine d9une a%ressivité 2

innée. Il y aurait certainement lieu de discuter l9e=actitude d9une

dénomination aussi précise et aussi secondarisée pour dési%ner un

élément dynamique encore très primiti!.

Les postfreudiens

ans son étude sur la névrose de base, @. Ker%ler dénit sept

!ormes possiles d9an%oisse de violence suie en rapport avec des

!antasmes de violence F !aire suir g mourir de !aim, Btre dévoré,

Btre empoisonné, étouAé, coupé en morceau=, vidé, chStré.

Les !ormes cliniques décrites sur le plan mani!este semlent

moins importantes que la constatation d9un tel contenu ima%inaire

violent précoce. 79est F une capacité innée d9avoir peur que @. Mones

*#




se ré!ère en 1(* dans a psychanalyse et les instincts, il en !ait une

sorte de troisième pulsion primaire. Gn pourrait distin%uer une

partie narcissique qui serait placée F la ase des pulsions se=uelles

et se situerait non loin des pulsions d9autoconservation, alors que

certaines pulsions dites a%ressives 2 n9impliqueraient pas

nécessairement la haine ou l9animosité.

L9auteur montre que pour 'reud une certaine tendance violente

est considérée comme innée et indépendante de l9évolution

pulsionnelle, et @. Mones précise qu9il s9a%it d9une tendance ne

comportant aucune intention de lesser.

Gn pourrait multiplier les ré!érences F une violence diAérente de

l9a%ressivité et F la constance de la source primaire violente des

!antasmes et prenant ensuite la direction soit de la tendresse, soit de

l9a%ressivité.

M. Lacan avait dé>F étudié en 148 la su>ectivité de la notion

d9a%ressivité.

. iat3ine, au 7on%rès de ilan en 1++, a traité des rapports

entre a%ressivité et !antasme dans le sens d9une continuité des!antasmes d9a%ression avec l9a%ressivité tout autant qu9avec la liido,

mais il montre aussi que certaines composantes violentes

apparaQtraient comme e=clusivement au service du narcissisme et de

la liido et non pas de la destruction de l9o>et O . iat3ine

considère comme d9une mBme nature les !antasmes inconscients

mettant en scène une a%ression e=ercée sur l9o>et et la peur d9Btre

a%ressé. L9a%ressivité, l9a%ression et la liido apparaissent pourl9auteur comme situées sur le mBme a=e dynamique.

ans un travail commun <+sychanalyse d#au=ourd#hui en 1*+V, M.

de D>uria%uerra, . iat3ine et 5. Kadaracco montrent qu9on ne peut

se passer ni de la notion de pulsion de mort, ni de la notion de

pulsion innée. Les réactions a%ressives 2 ne sont oservales qu9F

un certain niveau de maturation, et dans son rapport de ilan, .

iat3ine place l9ori%ine de l9a%ressivité in!antile dans la con>onction

*(




de !antasmes a%ressi!s che l9en!ant avec les réactions su>ectives

des adultes, ce qui détermine des conséquences décisives pour

l9en!ant.

7ette position a été !ormulée é%alement dans le rapport de ome

U1*4V présenté par R. Leovici et . iat3ine O il y est !ait allusion

au= conséquences de la non"inté%ration des !antasmes primiti!s che

le tout >eune en!ant pour ce qui va se produire au niveau de

l9érotisation secondaire.

Notons enn la position de N. Perotti et R. Ciderman, parlant

d9une a%ressivité primaire dont l9ori%ine remonterait F un !antasme

antérieur F toute e=périence relationnelle.

Il nous !aut souli%ner dans une li%ne de rée=ion quelque peu

diAérente l9ouvra%e de . 5irard consacré F la violence et F ses

essais de né%ociations au niveau du sacré.

)ené *irard

. 5irard a procédé F une lecture personnelle de 'reud qui heurte

les psychanalystes tout autant qu9elle surprend par sa supercialité Fcertains moments et par!ois mBme par son parti pris che un auteur

!aisant haituellement preuve d9une %rande ri%ueur et n9ayant pas

coutume de s9aventurer sans précaution sur les terrains qu9il connaQt

mal.

Il !aut cependant, pour ne pas se laisser entraQner aussi dans une

réaction de sectarisme, que les psychanalystes reconnaissent que .

5irard a mis l9accent sur quelques points incertains Uou considéréscomme trop assurés 2, ce qui revient au mBmeV de la théorie

psychanalytique. Pour . 5irard, l9an%oisse de castration est liée F

une peur de la vérité des désirs qui recouvre la peur essentielle des

humains située F un niveau eaucoup plus pro!ond et que les mythes

ont cherché F dissimuler de !aEon constante F travers les diverses

civilisations O il s9a%it d9une peur de la violence.

*4




La se=ualité apparaQt donc comme en continuité directe avec la

violence dont elle représenterait F la !ois un masque et, par ce

masque, une première révélation.

Nous avons vu comien 'reud lui"mBme avait pressenti cette

capacité de !ondement dynamique de la liido représentée par un

instinct primiti! violent. . 5irard prend l9e=emple de otem et

tabou, de >o?se et le monothéisme, ou plus directement de l9instinct

de mort pour montrer le chemin inachevé parcouru par 'reud en

direction de la révélation du contenu d9un re!oulé primaire antérieur

au re!oulé secondaire et se=uel.

M9ai rappelé plus haut dans le mBme sens, l9idée !ormulée par

'reud d9un noyau de l#inconscient qui me paraQt aller >ustement dans

ce sens.

. 5irard estime que le su>et qui a le mieu= réussi son @dipe,

mBme s9il persiste des conits internes F ce niveau, est celui qui est

parvenu de la !aEon la plus complète possile F l9escamota%e du

re!oulé violent primaire.

Nous nous trouvons ici, il me semle, très près de positions3leiniennes asse classiques.

Freud et son propre Œdipe

Il pourra semler très impertinent F eaucoup de tenter de poser

F propos de 'reud lui"mBme la question soulevée par . 5irard sur la

!onction d9escamota%e réalisée par le comple=e d96dipe F l9é%ard de

la violence primitive O il ne paraQt cependant pas qu9une telle voiedans la recherche soit F e=clure sous le préte=te apparent et dé!ensi!

de porter atteinte F la %loire indiscutale du %énie !reudien. ais il

se trouve >ustement que les scotomisations curieusement imposées

sur toute une partie de la io%raphie et de la correspondance de

'reud sont de nature F nuire F une meilleure compréhension de

certaines positions !reudiennes. Gn s9étonne ensuite que certains se

**




voient conduits F >ouer au détective ou F laisser aller trop lirement

leur ima%ination en cherchant lo%iquement F comler des vides.

L9e=traordinaire capacité intellectuelle de 'reud a trouvé dans

l9étude de la liido matière F un prodi%ieu= développement créateur,

mais Uce qui se situe au centre de notre proposV ce) développement

créateur en utilisant, en inté%rant, en métaoli"sant au sein du vécu

%énital l9éner%ie violente !ondamentale plus indiAérenciée, plus

rutale, représente aussi, en soi, une remarquale dé!ense contre la

prise de conscience de ce qui précède le %énital dans la constitution

des premiers !antasmes du tout >eune en!ant.

Kien que nos capacités de connaQtre une partie importante de la

vie de 'reud Uet les successi!s conte=tes plus précis dans lesquels

cette vie s9est dérouléeV soient F tout >amais perdues, il nous est

possile de nous ré!érer F quelques repères cités par ses io%raphes

ou par ceu= qui se sont employés F procéder F une lecture attentive

de passa%es de son œuvre pouvant présenter un caractère

autoio%raphique, . Dnieu en particulier, et aussi D. de i>olla.

Gn a mis en évidence la né%ation de la violence de la relation de'reud F son père, la possiilité de l9e=istence d9une troisième épouse

de ce père Uéecca, répudiée 0 suicidée 0V dont le prénom est

>ustement cité dans la lettre F 'liess oT il est question de la

neurotica. Gn a parlé d9une possile naissance de 'reud avant les

délais ienséants suivant le maria%e de ses parents O on a parlé d9une

éventuelle !alsication d9état civil, de !antasmes de non"désir

parental Upourquoi pas de !antasmes d9avortement 0V. ?n a !ait état

de violences 2 vécues au sein de sa propre !amille Uoncle

emprisonné, hérédités physiques 0V et surtout de la mort du !rère

puQné, Mulius UF l9S%e de 8 mois, 'reud avait alors 1 moisV.

ans la lettre & du ( octore 18&, 'reud évoque F propos de la

mort de Mulius une >alousie, des souhaits de mort, la culpailité qui

en résulte et risque de ne plus le quitter. Il opère vin%t ans plus tard

une déné%ation de cette position aAective dans le « Souvenir

*+




d#enance de oethe » U11&V g 5n enant de quine mois, dit"il, ne

connaBt pas la =alousie. 2

ais, dans cette mBme lettre &, il rese=ualise cette mort de

Mulius en citant le !ait qu9F deu= ans et demi il aurait vu sa mère nue O

ceci va dans le sens de mon hypothèse de l9utilisation dé!ensive

possile de la se=ualisation. La violence est récupérée positivement,

ce qui est utile, mais du mBme coup on ne peut plus en retrouver la

trace, l9ori%ine propre.

7ette lettre & commence aussi par un re>et du r-le paternel acti!

et par une mise en avant du r-le >oué par la servante catholique. Le

retour du re!oulé pourrait Btre perEu dans l9épisode du chapeau du

père. 'reud pouvait sutilement allier la par!aite connaissance >uive

d9une violence divine directement représentale Ule sacrice

d9DrahamV et la dé!ense réalisée par l9e=clusivité de 19 « amour

divin » dans les représentations chrétiennes Ule retournement du

sens con!éré F l9ima%e de la croi= et au materdolorisme marialV.

Il semle ien que le prolème de la violence !ondamentale

concerne >ustement des !antasmes d9in!anticide qui se trouvent F la[racine du mythe d96dipe. Gr, comme l9a montré . Dnieu,

Rophocle a dé>F réduit le mythe d96dipe et 'reud a encore réduit le

rapport qu9en avait réalisé Rophocle.

Les rites +dipiens

. elcourt& puis . Dnieu8 ont analysé un certain nomre des

thèmes de la lé%ende d96dipe et des rites au=quels ilscorrespondent.

/n premier rite concerne l9in!anticide évoqué sur le 7ithéron,

sous la !orme moins coupale de l9e=position du nouveau"né, soit

parce qu9il est diAorme, soit parce qu9il s9a%it d9un Stard, soit parce

qu9il est considéré par sa mère comme non désiré ou comme un

mauvais o>et.

*&








Gn voit tout de suite apparaQtre une analo%ie possile avec le

!antasme primaire !reudien.

/n autre rite évoque le comat avec la sphin%e. 7. Lévi"Rtrauss

avait dé>F reconnu l9ima%e de la mère phallique représentée par la

sphin%e. Gn peut, d9une !aEon plus %énérale, y voir aussi le

personna%e phallique menaEant encore indiAérencié Upère ou mèreV,

non encore déterminé se=uellement.

. Dnieu montre que ces rites, comme les mythes qu9ils

représentent, correspondent au= !antasmes !ondamentau= de l9Btre

humain. /n tiers de la mytholo%ie %recque tourne é%alement autour

du mythe d96dipe, mythe de la violence con>ointement F celui de

l9inceste, !antasmé comme celui du ls sur le père, du père sur

l9en!ant, de la mère sur l9en!ant. Les %réco"latins ont transmis ces

mythes au= chrétiens qui en ont réalisé une élaoration dé!ensive

4l#amour divin7 alors que les >udéo"orientau= U7onstantinopleV repris

en cela par l9Islam ont conservé une vision de !ace eaucoup plus

représentale de la « violence divine ».

ans les mythes %recs proto"œdipiens, l9en!ant de la !auteUcomme 'reud 0V est F la !ois un monstre F éliminer et un héros

triomphant Uc!. l9article sur 5oetheV. Le doule désir e=istant che

l9en!ant Uinceste et parricideV serait induit !antasmatiquement par

des !antasmes de violence Uhaine et amour F la !oisV des parents F

son é%ard.

7eci nous ramène dans le cadre de l9hypothèse étholo%ique de

l9épi%enèse interactionnelle citée plus haut.La:os est supposé avoir connu antérieurement des amour[

coupales Uparce que violentesV O on ne sait pas très ien lesquelles O

ni Rophocle ni 'reud ne s9étendent F ce su>et. URerait"ce la !aute 2

de Maco 'reud 0V La:os ne doit plus avoir d9en!ants, il trans%resse la

loi, épouse une !emme eaucoup plus >eune Ucomme Maco 'reud 0V

et a un ls d9elle qui est 6dipe URi%mund 'reud 0V. L9un des deu= doit

*8




mourir g le ls Uc9est Mulius qui aurait payé 0V ou le père Upendant

l9auto"analyseV.

R. Leclaire a montré que le !antasme mettant en scène la mort de

l9en!ant apparaissait comme vraiment insupportale au conscient,

car il supporte la représentation du plus secret et du plus pro!ond de

nos vœu=. L9horreur liée F l9idée du parricide serait dé>F plus

!amilière, car eaucoup plus secondarisée.

Le droit F la représentation !antasmatique du parricide est

reconnue U'reudV, celui de mettre en pièces la mère é%alement U.

WleinV, ien qu9un certain nomre de précautions s9avèrent

nécessaires. ais tuer l9en!ant est eaucoup plus diAicile F

représenter O il s9a%it pourtant d9un désir prBté F ieu Usacrice

d9Dra"ham O !uite en @%ypte au moment du massacre des « Saints

-nnocents » pour Btre tout de mBme tué ensuite, mais en tant que ls

adulte, mBme s9il n9a touché se=uellement F aucune ima%e

maternelle directe ou indirecteV.

Pour R. Leclaire, le !antasme on tue un enant est le plus primiti!

des !antasmes. 8n bat un enant ou ien on séduit un enantdemeurent des !antaisies acceptales Uelles sont secondaires, et

l9a%ressivité s9y colore de se=ualité comme >e l9ai montré plus hautV.

D part les représentations rapportées au su>et de 5illes de ais et de

ses émules, cette !antaisie inconsciente n9apparaQt comme !antasme

représentale Uc9est"F"dire pour R. Leclaire comme structure de

désirV qu9au cours du travail psychanalytique.

79est en eAet F ce niveau que toute pratique clinique asse lon%uenous amène F déusquer ce !antasme et nous oli%e F dénon"

cer les déné%ations opérées par tant d9analystes qui se dé!endent

contre sa reconnaissance sous le couvert valorisant et lé%itime de la

mise au premier ran% de la %énitalisation œdipienne. Gn a souvent

montré que dans on bat un enant, on ne sait >amais ien quel en!ant

doit Btre attu et qui est sensé attre l9en!ant. iAérents niveau= ne

*




sont pas F con!ondre parmi les cle!s et les entrées diverses qu9il est

possile d9envisa%er.

R. Leclaire pense qu9il s9a%it de tuer principalement la

représentation du représentant du narcissisme primaire O c9est"F"dire

de l9en!ant tout"puissant, de l9en!ant triomphant et de l9en!ant

terriant en mBme temps O autrement dit d9une représentation du

désir de la mère, réinvesti par l9en!ant comme %urant F la !ois un

corps étran%er en lui et comme un noyau de sa propre personnalité.

ans son article de 114 sur le narcissisme 2, 'reud présente

une représentation très proche de ce que . Kraunschjei% et .

'ain envisa%ent sous le terme de narcissisme primitivement

secondaire g l9en!ant aura une vie meilleure que celle qu9ont connue

ses parents 42is ma=esty the baby7 O l9accomplissement des rBves et

des désirs des parents Uil sera un %rand homme, mieu= que le père,

mais surtout comme le père aurait voulu Btre O il prendra la place du

père O épousera une princesse, mieu= que la mère, mais surtout

comme la mère aurait voulu BtreV correspond F ce qu9on appelle

l#amour primaire des parents pour leur en!ant et qui ne serait en

réalité rien d9autre que leur propre narcissisme primiti! en train de

renaQtre sous ces représentations, le mieu= que 2... masquant

hailement ce qui est le plus important, c9est"F"dire le comme.

ais il s9a%it, en mBme temps, de ce que ne pourront pas

supporter les parents sous la !orme d9un rival capale aussi de

réaliser ce vœu sous leurs yeu= et F l9e=térieur d9eu="mBmes, tout

autant que ce que ne pourra supporter l9en!ant, c9est"F"dire que son

nar"cissisme primaire qu9il voudrait ien F lui apparaisse comme le

narcissisme de l9autre.

7e processus qui se trouve F la ase de nomre de conits plus i

ou moins importants de la sphère économique névrotique se voit

sin%ulièrement modié dans les économies dépressives et surtout [

psychotiques du !ait d9une altération plus ou moins étendue de la

distinction moiYnon"moi.

+




e mBme, quand, en plus, dans le cas de 'reud, comme dans le

cas cité par R. Leclaire, il e=iste une mort réelle d9un !rère, F la place

de la mort du su>et, le !antasme primiti! ne peut plus s9élao"rer

aussi !acilement et diAérents autres mécanismes de dé!ense du oi

doivent entrer en >eu.

ans le cas de 'reud en particulier, la né%ation des !antasmes de

violence !ondamentale, le surinvestissement de l9importance de

l9amour de soi Unarcissisme primitivement secondaireV et le

surinvestissement du narcissisme secondaire conduisent F une

e=clusivité pulsionnelle et !antasmatique de la liido O celle des

autres et celle de soi"mBme...

,onclusions

/n certain nomre de conclusions, tout du moins provisoires,

semlent pouvoir Btre tirées des rée=ions que >e viens de

présenter g

1 Y Les !antasmes ori%inaires classiques Uscène primitive,

séduction, castrationV correspondent F un après"coup, F un deu=ièmetemps, %énitalisé, F une reconstruction secondaire peu diAérente du

roman !amilial ainsi qu9F des !antasmes, comme l9ont montré M.

Laplanche et M."K. Pontalis, touchant au= ori%ines de l9individu.

#Y11 e=isterait des !antasmes primaires plus anciens nés de

l9articulation d9éléments structurau= héréditaires avec des modèles

ima%inaires apportés par l9adulte, la mère en particulier, pour

amorcer, !éconder, les éléments structurau= innés de l9en!ant etpermettre, par voie de conséquence, l9élaoration des tout premiers

!antasmes.

( Y 7es éléments structurau= héréditaires seraient porteurs

d9inscriptions présymoliques non encore amorcées, non encore

eAicientes, non encore opératoires tant que ces inscriptions n9ont

pas rencontré de modèles ima%inaires adéquats proposés par

l9environnement.

+1




C Y 7es premiers éléments structurau= amorcés en !antasmes

par les modèles ima%inaires e=térieurs concerneraient des

représentations mettant en scène une domination de l9o>et par la

violence aussi ien du c-té des parents que du c-té de l9en!ant, ce

qui donnerait naissance F une poussée instinctuelle de violence qui

se mani!esterait sans haine ni amour et sans mBme tenir encore un

%rand compte de l9ori%inalité de l9o>et.

* Y ans un deu=ième temps, dès que le statut de l9o>et se

précise et s9individualise se=uellement, les inscriptions symoliques

œdipiennes innées contenues, elles aussi, dans les éléments

structurau= de l9en!ant, se verraient F leur tour amorcées en

antasmes Ddipiens ouvrant la voie F la mise en >eu de la liido

%énitale authentique qui reprendrait F son compte dans des

conditions ima%inaires positives la violence ondamentale primitive

dans une optique, F partir de ce moment"lF, %énitale et o>ectale.

ais F cette époque un autre mouvement contradictoire

demeurerait possile et coe=istant g une partie plus ou moins

importante de la violence primitive pourrait reprendre F son compte

des !ra%ments plus ou moins importants de liido suAisamment

élaorés pour donner naissance F de plus ou moins %randes

quantités d9a%ressivité proprement dite, de sadisme, ou de

masochisme, selon les cas.

,onséquences pratiques

Les conséquences théoriques et cliniques de telles hypothèses

paraissent nomreuses g

al @n partant de la notion de l9épi%enèse interactionnelle en deu=

temps, il paraQt possile de mieu= cerner la part des ases

!ondamentalement reEues et des manques environnementau=

constatés au cours de l9évolution dite « normale » Uc9est"F"dire

névrotique, œdipienne et trian%ulaireV et, en contrepoint, comment

se situent les autres modes de structuration de la personnalité.

+#




b - Gn éviterait ainsi de penser le « prégénital » comme une

simple ré%ression opérée F partir du %énital, de considérer la

dépression comme un simple re!oulement %énital et la psychose

comme un cas encore particulier UmBme très %raveV de situations

rattachales économiquement au modèle névrotique.

cl II serait possile de rendre compte en s9appuyant sur de telles

hypothèses des prolèmes économiques posés par un certain nomre

de phoies, en particulier les phoies d9impulsion d9in!anticide

survenant che des mères nullement psychotiques Uet correspondant

proalement F des !antasmes présents che toutes les mèresV O on

pourrait comprendre é%alement ainsi certains replis autistiques ou

certains manques de pression Uou certaines surpressionsV de

l9économie narcissique, par e=emple nomre d9anore=ies de l9en!ant

ou de l9adulte et de to=icomanies O on pourrait aussi se pencher sur

le r-le >oué par les !antasmes primiti!s de matricide et d9in!anticide

dans la passion collective et non o>ective rencontrée F propos de la

to=icomanie, F propos des prolèmes touchant F la >eunesse ou F la

violence en %énéral. Gn pourrait s9interro%er tout particulièrement

sur le r-le >oué par le réveil des !antasmes primiti!s inconscients

d9in!anticide et de matricide dans les campa%nes au=quelles nous

venons d9assister, soit en !aveur, soit en dé!aveur de l9interruption

volontaire de %rossesse.

d Y Peut"Btre pourrions"nous é%alement comprendre dans la

.mBme écoute de quelles lacunes environnementales Uplut-t que de

ré%ressions 2 purement internesV peuvent souArir une si %rande

masse de non"structurés contemporains, !aute de modèles

ima%inaires parentau= suAisants pour rendre opératoires leurs

éléments structurau= présymoliques œdipiens, les seuls éléments

structurau= présymoliques violents se trouvant notalement

dynamisés dans l9élaoration ima%inaire, sans récupération possile

par une élaoration de nature liidinale.

+(




Peut"Btre aussi que certaines reli%ions ont pris davanta%e en

compte ces !antasmes violents !ondamentau=. Le sacrice d9Dra"

ham, le meurtre d9Del, par e=emple, ne sont F concevoir ni comme

une histoire vraie, ni comme une pseudo"histoire. 7es deu= récits

renvoient F une antériorité représentative qui prend un sens en

dépassant la simple historicité.

Il ne s9a%it ni de parler de meurtre réel ou mBme de tentative de

meurtre réel, ni de parler d9une %uration de meurtre ou

d9événements envisa%és de !aEon mentale, mais d9évoquer au

contraire une véritale mise en scène !antasmatique primaire qui

représenterait avant tout la poussée violente !ondamentale F laquelle

participe notre propre violence événementielle.

@n acceptant la conception d9une représentation !antasmatique

primaire Uau moins partielleV d9un ieu de violence dans une certaine

culture, peut"Btre se voit"on, dans cette culture, plus enclins F

devenir psychanalystes, alors que d9autres arran%ements culturels

ont davanta%e élaoré cette peur des !antasmes primiti!s violents

dans une sulimation ne laissant persister que l9ima%e apparente

d9un ieu de onté Uqui ne tue nalement que son propre en!ant tel

l9o%re de la !ale et encore ici, quand il est devenu adulteV.

Le « péché originel » lui"mBme ne serait"il pas, comme 'reud l9a

laissé supposer F un moment de son œuvre, une !aEon collective de

se ré!érer au !antasme primaire de violence d9asse haile !aEon 0

Gn accuse la >eunesse actuelle de violence et d9a%ressivité 2. Gn

croit pouvoir se déculpailiser et se proté%er en préconisant Uavecna:veté ou perdieV de lutter contre la violence.

@n !ait, on parle de sympt-mes traduisant tout simplement la

précarité de l9épi%enèse interactionnelle dont ont disposé tant de nos

contemporains. Les modèles ima%inaires !amiliau= proposés au=

éléments structurau= innés latents che l9en!ant ne sont plus

capales d9assumer leur doule r-le de pare"e=citations d9une part

+4




contre les !antasmes trop violents et de promoteurs d9autre part

d9élaorations liidinales attrayantes.

La violence latente primaire non inté%rée dans l9élan liidinal, non

né%ociée dans l9ima%inaire, apparaQt comme un élément trau"

matique précoce inutilisale autrement qu9en tant qu9an%oisse de

violence d9une part ou d9autre part en tant que comportement

directement violent.

L9en!ant perEoit cette carence de l9adulte F lui proposer des

modèles identicatoires adéquats F partir de ses éléments

structurau= ori%inau=, comme un désintérBt F son é%ard et une

impossiilité de réussir lui"mBme une inté%ration correcte de la

violence !ondamentale.

7omment s9étonner ensuite d9une évolution allant vers les

comportements directement violents les plus destructeurs et les plus

autodestructeurs 0

La ra%e, la !olie ou le désespoir constituent des impasses

dramatiques de l9impossiilité de né%ocier de !aEon créative une des

choses des plus naturelles et des plus naturellement utilisales au=ori%ines du psychisme humain g la violence.

+*



. La violence fondamentale

idier Dnieu termine son étude sur l9interprétation

psychanalytique du mythe d96dipe en conrmant la position!reudienne qui situe le comple=e d96dipe comme marque, F travers

l9éduca"`tion et la culture, de la maQtrise du symole, mais en

constatant par contre que la reconnaissance de l9ensemle des

!antasmes œdipiens a été souvent asse malaisée pour 'reud. 7ette

reconnaissance demeure chose diAicile pour les patients, tout autant

que pour les ethnolo%ues ou les historiens des reli%ions, et elle pose

encore de sérieu= prolèmes au= psychanalystes eu="mBmes, dansleur pratique comme dans leurs recherches.

Nul ne peut le contester, la mise en scène, en ima%es et en mots

réalisée par Rophocle, est celle qui a connu le plus éclatant succès

c9est celle qui représente la !orme la plus complète du drame, donc F

la !ois la plus véridique et la plus acceptale par tout ce qu9elle dit,

par les associations les plus pro!ondes qu9elle nous propose, mais

aussi par la !aEon haile dont elle le dit, c9est"F"dire sans e=i%er denous une reconnaissance consciente complète des représentations

archa:ques qui s9y trouvent évoquées et réélaorées F un niveau et

dans un déplacement tolérales.

Les auteurs de a nuit, le =our ont montré dans leur

rapprochement entre le rBve et la tra%édie %recque que l9oracle >oue,

++





(. La violence !ondamentale

dans cette dernière, le r-le assi%né par 'reud F la pensée latente

dans la %enèse du rBve.

?ue découvre"t"on dans le drame de Rophocle 0 ?ue tout s9est

>oué au point de départ, sur le 7ithéron. Gr, cet épisode du 7ithé"ron

n9est présenté que voilé et revécu dans un discret ash"ac3 rendant

cette scène évocale. Les terriles vérités n9apparaissent peu F peu

que dans la mesure oT la demi"teinte permet de ne pas trop insister

sur la particulière cruauté, ien plus %Bnante que la représentation

incestueuse, des !antasmes primiti!s Uauthentiques ceu="ciV F

nouveau réveillés.

Le latent et son éla/oration

'reud ne semle pas avoir pu réaliser, du moins dans le contenu

mani!este de ses élaorations théoriques, un compromis aussi

heureu= permettant certaines évocations !ondamentales, et nous

verrons plus loin que R. 'erenci a remarqué cette lacune.

Pourtant l9évocation des trois variétés de r1ves typiques telle

qu9elle est présentée par 'reud dans la Science des r1ves résumepar!aitement l9histoire d96dipe g le rBve de nudité évoque

l9e=position sur le 7ithéron, donc l9in!anticide O le rBve de mort des

Btres chers évoque le parenticide et le !ratricide O le rBve d9e=amen

évoque enn le savoir %énital Uinceste et castrationV qui correspond F

la deu=ième épreuve F laquelle est soumis l96dipe, au deu=ième

oracle, au deu=ième temps de l96dipe, et aussi F la deu=ième mort

de la mère"sphin=.

79est donc dans le chapitre C de la Science des r1ves et F ce

moment seulement de l9ensemle de son œuvre, que 'reud nous

e=pose les diAérentes phases de la tra%édie de Rophocle d9une !aEon

e=trBmement dèle F la totalité de la véritale histoire de tous les

enants du monde » résumée dans le mythe d96dipe.

@n 1 en eAet 'reud décrit, sans erreur ni omission, comment

Rophocle concevait les ori%ines ima%inaires du drame œdipien, c9est"

+&




F"dire l9e=istence d9un doule !antasme constituant la condition

nécessaire et suAisante F la mise en route de la machine in!ernale

placée au cœur du drame g d9un c-té le !antasme traduisant

l9intention d96dipe de tuer ses parents et de l9autre c-té le !antasme

traduisant la tentation des parents de mettre 6dipe F mort.

Me dis sans omission, car 'reud nous montre qu9il s9a%it ien F la

!ois d9une intention prBtée F 6dipe d9éliminer ses deu$ parents et

d9une tentation émanant des deu$ parents de mettre 6dipe hors

d9état de leur nuire en le !aisant conduire sur le 7ithéron pour y Btre

tué Uvers 11&4, rapportant les aveu= du er%erV.

Me dis sans erreur, car 'reud ne procède nullement dans ce te=te

au= !allacieu= déplacements des termes ou des scènes si souvent

constatés par la suite Uet che 'reud lui"mBmeV et consistant d9une

part F prBter, dé>F dès ce stade, des intentions incestueuses F 6dipe

et d9autre part F !aire apparaQtre Laios, seul, comme parent menacé

et menaEant.

Kien plus, dans ce passa%e de la Science des r1ves, 'reud nous

précise que le drame de Rophocle se présente U>e citeV comme unerévélation pro%ressive et adroitement mesurée tout F !ait

comparale F une psychanalyse 2.

ais, dès 1+, dans son article sur les personnages mis en sc)ne

au thé0tre Uarticle qui a connu le sort asse curieu= que l9on sait lié

au= phoies du petit $ansV, 'reud opère une sin%ulière répression de

ce qu9il venait d9apercevoir. Gn le voit dése=ualiser d9une part les

éléments qu9il avait entrevus comme étant F l9ori%ine du ritesacriciel et d9autre part il aandonne curieusement la richesse

symolique du personna%e d96dipe pour s9intéresser F D>a=, F

Philoctète et surtout F $amlet dont il nous dit que le conit pro!ond

est tellement caché qu9il a dX se contenter de le deviner. @t pourtant

'reud si%nale que dans tout drame classique il ne !aut pas que la

notion qui tente de devenir consciente soit clairement appelée par

son nom, tout en étant !acilement reconnaissale 2.

+8




79est donc au décrypta%e de la mise en scène de Rophocle,

comme on le !erait pour un rBve, que >e m9intéresserai au>ourd9hui en

essayant d9aord de rétalir l9ordre lo%ique des diAérentes situations

qui y sont évoquées dans l9après"coup, et en tentant de déchiArer le

contenu latent des messa%es !ondamentau= qui y sont émis.

Le drame d96dipe se divise en plusieurs épisodes g

e premier épisode concerne la naissance d96dipe F Hhèes et

l9oracle initial sur lequel >e reviendrai dans un instant Le destin

d96dipe comme celui de tous les en!ants du monde est d9emlée

monstrueu=.

e deu$i)me épisode est la conséquence de l9oracle initial. Noussommes sur le 7ithéron g 6dipe doit Btre tué pour éviter de tuer ses

parents. ais, comme de ons an%es %ardiens, les petits er%ers

veillent... Ils sont peut"Btre rutau= mais non pas a%ressi!s.

e troisi)me épisode, les mises en scène du drame sont

trans!ormées en pensées latentes, sous la !orme d9un roman

!amilial 2 destiné F déplacer, F éviter, F cliver la situation !amiliale en

se =ant sur le contenu mani!este de la relation au= deu= parentsadopti!s, idéau= et royau=, avec lesquels il n9est point question de

violence. Reule la tendresse peut avoir alors lire cours.

e quatri)me épisode éclate dans un ciel devenu aussi serein,

comme le coup de tonnerre qui introduit suitement le quatrième

mouvement de la symphonie pastorale g c9est l9apostrophe de

l9ivro%ne dénonEant l9inanité du roman !amilial et oli%eant 6dipe,

par l9intermédiaire du deu=ième oracle, F opérer les prises encompte ima%inaires que 'reud nous a décrites comme correspondant

F l9entrée dans le !ameu= comple=e.

79est la première !ois, dans l9enchaQnement conEu par Rophocle,

qu9il est vraiment question de tuer le père pour épouser la mère.

e cinqui)me épisode évoque le !antasme parricide eAectué au

carre!our U- comien !émininV des trois routes. Il y a lieu de voir dans

+




ce !antasme parricide la réalisation des deu= oracles F la !ois g tuer le

père rival sur le plan du narcissisme primitivement secondaire, tout

autant que tuer le père %énital et rival en tant qu9épou= de la mère.

e si$i)me épisode touche au plus innommale des !antasmes, le

!antasme de matricide O c9est pourquoi non seulement on ne

rencontre >amais ce !antasme évoqué che 'reud, mais mBme che

Rophocle, son évocation est construite en le clivant en deu=

!ractions. ans ce si=ième épisode oT Ucomme >e l9ai montré au

7on%rès de Lyon en 1&1V 6dipe s9attaque F l9ima%e !éline"!émi"nine

et phallique de la mère g la sphin%e qui pose F 6dipe des questions

sur les liens e=istant entre eu= deu= O l9en>eu des réponses est la

mort de l9un ou de l9autre. Il s9a%it donc de la première moitié de

l9évocation du matricide O l9autre moitié de la vérité F ce su>et se

situant F la n du drame dans l9épisode pseudo"suicidaire de Mocaste

que >9évoquerai par la suite.

7et irreprésentale !antasme du matricide demeure d9ailleurs le

plus souvent innommé dans le lan%a%e mani!este puisque encore F

l9heure actuelle, dans la presse, sous le titre un ls tue sa mère 2

on lit haituellement dans le premier sous"titre le parricide a été

arrBté 2...

e septi)me épisode ne pose aucun prolème de représentativité,

c9est le maria%e et la royauté F Hhèes. ais encore !aut"il

remarquer que nous avons l9haitude par Rophocle, c9est"F"dire 1

DI no# HPDNN# 2 par 6dipe"oi 2 alors qu9il ne s9a%it pas

d9une royauté correspondant au terme %rec de KDRI"L@R et que

l9attriut HPDNNGR1 prend ici une tournure tout F la !ois ironique

et tra%ique puisqu9il est destiné F traduire l9idée d9une toute"

puissance aAirmée comme asolue du héros au moment oT

>ustement celui"ci semle perdre tout pouvoir sur le plan mani!este.

Il paraQtrait plus opportun, si ce lan%a%e latent n9eArayait pas

autant les humains, de traduire le titre du drame par @dipe le tout%

puissant en nous rapprochant de la représentation !ameuse du his

&






ma=esty the baby puisque au pri= de la scotomisation et d9un

deu=ième annissement de sa patrie 6dipe aura pu réaliser le

meurtre de ses deu= parents tout en conservant la vie et une %loire

qui, via 7olonne et l9amour de ses lles, le conduira nalement F

re>oindre les dieu=...

e huiti)me épisode est le seul F se trouver directement vécu

dans la pièce de Rophocle O il s9a%it de la peste et de ses

conséquences O c9est l9anamnèse du passi! occulté, l9analyse du

contenu latent du rBve, la levée du re!oulement O les représentations

liérées ne portent pas seulement sur le %énital, mais sur toute la

violence aussi, violence sur laquelle le %énital s9était

psycho%énétiquement étayé.

Au dernier et di$i)me épisode, dans une de ces mani!estations

%éniales de lucidité dont il s9est montré maintes !ois capale, le

mythe nous décrit une réaction que ne désavoueraient point les

psychosomaticiens contemporains puisque, !aute de pouvoir

maintenir le re!oulement psychique, pour lutter contre son désir de

voir, 6dipe s9aveu%le physiquement.

?uant au neuvi)me épisode, la deu=ième partie du meurtre de

Mocaste, c9est"F"dire du matricide, camoué en suicide, n9y a pas !ait

de doute pour un certain nomre d9auteurs qui ont mis l9accent sur

la !aEon très haile dont Rophocle a condensé la violence et l9amour

dans une évocation voilée du dernier rapport rutal et mortel entre

l9en!ant et la mère, c9est"F"dire dans la !aEon dont 6dipe en!once,

l9épée en avant, les portes de Mocaste Uvers 1#+1V.

Il me !aut insister sur un vers qui me semle essentiel pour

comprendre le contenu latent de l9ima%inaire œdipien O il s9a%it du

vers 11&+ qui a retenu dé>F plusieurs !ois l9attention des e=é"%ètes

Wlevs:v vtv =oTE H@=-v=œE E*/ oyoE, ce qui se traduit, mot F mot,

par g Dvoir l9intention de tuer, lui, les parents, telle était la

sentence. 2

&1




L9importance et l9intérBt de ce vers se situent dans son double

sens possile. Gr nous savons que nous rencontrons un doule sens

possile dans tous les oracles, comme dans tous les rBves...

Rans vouloir développer un pédant cours de %rammaire %recque

ancienne, il me semle nécessaire de ien écouter, F travers son

si%niant, ce que cet oracle veut nous dire F plusieurs niveau= g

1 Y Il s9a%it d9une proposition in!mitive comportant un doule

accusati! O il est donc impossile de déterminer qui est le su>et et qui

constitue le complément d9o>et direct puisque l9un et l9autre se

trouvent déclinésSH accusati! O il s9a%it tout autant potentiellement

pour l9en!ant de tuer ses parents que pour les parents de tuer

l9en!ant. Les spécialistes sont !ormels sur ce point que >e ne !ais que

reprendre11.

# Y M9a>oute personnellement qu9il s9a%it d9un inniti! !utur,

correspondant en %rec F la !ois F l9inniti! absolu et au !utur

d#intention. Il s9a%it donc d9une mise en action universelle et

concernant l9ima%inaire comme dans le !antasme primaire et comme

dans le rBve typique.Gr nous savons ce que 'reud nous a appris sur les rBves typiques,

en particulier sur les rBves concernant la mort des parents.

( Y L9oracle initial ne !ait encore aucune allusion, ni directe ni

indirecte, F l9inceste. Reul le second oracle, celui du quatrième

épisode survenu au moment oT 6dipe sort de sa latence F 7orinthe,

implique l9inéluctailité de l9inceste.

4 Y L9oracle initial ne porte que sur l#intention et sur la violence.Il n9y est question ni d9amour ni de haine, mais de la simple loi du

survivre primaire g c9est lui ou eu=, eu= ou lui.

* Y L9oracle initial porte sur la violence e=ercée par les deu$

parents F la !ois. Du vers 11&( le er%er témoi%ne des intentions

inanticides de Mocaste, alors que >usque"lF on ne connaissait, selon

&#






les dires de Mocaste, que l9intention de Laios de se déarrasser

d96dipe.

7he Rophocle l9in!anticide décidé par le père est mis d9aord en

avant O la violence !ondamentale in!anticide est reprise en compte

par la rivalité %énitale et paraQt, pour la censure du conscient et du

pulic, plus tolérale en cela O mais che Rophocle l9in!anticide

d9ori%ine maternelle est tout de mBme très clairement, quoique

tardivement, évoqué O après avoir tenté de !aire porter toute la

responsailité au père, Mocaste est elle"mBme dénoncée par le

serviteur auquel elle a personnellement ordonné la mise F mort

d96dipe.

'reud n9a pu aller >usque"lF dans les prises en compte qui l9ont

conduit F ses élaorations. Pourtant dans les Ftudes sur l#hystérie il

!ait par deu= !ois allusion au= !antasmes in!anticides de @mmy von

N... et dans la Science des r1ves il nous avoue avoir entendu dire par

une mère Uon peut se demander laquelle 0V qu9elle avait souhaité

vivement la mort de son en!ant, dans un moment, dit"il, de %rande

tristesse 2, de mBme que Rophocle !ait dire F 6dipe, F propos de sa

mère et au moment oT il apprend la chose g La pauvre !emme 2

+ Y L9oracle initial porte sur la violence e=ercée sur les deu$

parents. ans le drame de Rophocle le matricide est tout autant

évoqué que masqué. Le matricide n9est >amais envisa%é par 'reud. Il

s9a%it vraiment de la plus ine=primale des pensées latentes. 7omme

6dipe, le spectateur ou 'reud doit ne rien voir F ce propos. La

scotomisation physique, remplaEant la scotomisation psychique, est

essentielle en cette aAaire.

@n s9appuyant, comme . Dnieu, sur les recherches de .

elcourt, D. 5reen rappelle dans 5n Dil en trop que la mise en scène

matricide appartient au= inscriptions lé%endaires les plus

archa:ques, mais que cette représentation y occupe une place tout F

!ait F part, ien occultée et ne se reliant F aucun rituel visile.

&(




La !ormidale ami%u:té !ondamentale vécue entre les parents et

l9en!ant, dès les premiers moments de la conception ima%inaire de ce

dernier, est prise en compte F un certain niveau par les auteurs

3leiniens, de mBme que les sociolo%ues contemporains ou les

pédopsychiatres commencent F contester l9e=istence des dou=

paradis !antasmés sous le couvert des notions d9 instinct maternel 2

ou d9 instinct lial 2.

Le prolème essentiel ne me paraQt pas pour le psychanalyste de

nier l9e=istence d9éventuels instincts maternels ou lials, mais de

voir, d9une part, F partir de quoi de tels instincts 2 seraient

constitués et de rechercher, d9autre part, s9il n9e=iste pas d9autres

!ormes de relations eaucoup plus primitives étalies et dans les)

deu= sens entre les deu= parents et l9en!ant, F partir de la !orme la

plus archa:que de l9instinct de survie en%endrant automatiquement

le !antasme de l9éventualité de la mort de l9autre comme condition de

sa propre survie.

Il nous !aut préciser enn que ce qui intéresse avant tout le

psychanalyste demeure le statut de l9en!ant ima%inaire ou du parent

ima%inaire et non le statut que revBt l9en!ant ou le parent pour le

sociolo%ue, le >uriste, l9accoucheur ou le pédiatre.

7e serait donc au tout déut de la vie de l9en!ant ima%inaire, puis

de l9ima%inaire de l9en!ant, qu9on trouverait pro!ondément intriqués,

dans un univers dynamique de violence !ondamentale et parmi les

ases multi!ocales du départ évoluti! individuel décrites par P. arty,

les deu= a=es qui se diAérencieront en pulsions anta%onistes tout au

lon% des e=périences relationnelles ultérieures, e=périences qui

devront permettre les pro%ressives inté%rations che l9en!ant des

inscriptions structurales de la li%née liidinale qu9il apporte avec lui

dès la naissance et que seul l9environnement est F mBme de

!Qailiser.

&4




L0imaginaire archaque

Gn peut supposer que des dé!enses trop !ortes e=istant F

rencontre du rappel d9événements réels d9un passé mal connu ont pu

conduire 'reud, F propos de la notion d9instinct de mort, F undéplacement en direction de la prolématique philosophique, donc F

une impasse sur le plan de la prolématique strictement

psychanalytique.

M. Laplanche et M."K. Pontalis, F la n de leur précieuse étude sur la

nature des !antasmes dits ori%inaires 2 aoutissent é%alement F

une impasse O après avoir montré très clairement qu9en n de

compte les trois !antasmes dits ori%inaires 2, classiques et %énitau=Uséduction, scène primitive et castrationV ne correspondent qu9F des

!antasmes destinés F rendre compte des ori%ines de l9Btre humain,

ces auteurs terminent leur article sur un appel F l9aide adressé F la

philosophie pour aller plus loin encore, en direction de ce qu9ils

pressentent comme pouvant constituer des !antasmes réellement

primiti!s et d9un tout autre ordre.

?uand il ne se contente plus d9une con!rontation ou derecherches, mais quand il espère utiliser de !aEon plus ou moins

directe une méthodolo%ie qui n9est plus la sienne, le psychanalyste

ne peut que conrmer son échec méthodolo%ique propre.

/ne véritale transdisciplinarité scientique repose sur un

dialo%ue et sur une con!rontation des travau= et non sur leur

>u=taposition, encore moins sur une simple transposition en lan%a%es

diAérents.

@n tant que psychanalystes, devant un loca%e dans notre

recherche, notre prolématique spécique nous oli%e F émettre

l9hypothèse d9une résistance aAective du chercheur plut-t que

d9accepter d9emlée l9idée d9une seule insuAisance de notre

méthodolo%ie.

&*




Gr il me paraQt possile, en nous en tenant F une méthodolo%ie

ri%oureusement psychanalytique, et en nous appuyant sur les

conclusions de M. Laplanche et M."K. Pontalis, d9avancer un peu plus

loin, en amont dans la psycho%enèse, du c-té des !ormations

ima%inaires les plus primitives.

ans son article sur Le roman !amilial 2 U1V, 'reud précise

que le premier temps du roman !amilial est un temps ase$uel et que

le temps %énital ne survient que secondairement et de !aEon plus

tardive.

ans son travail sur Les théories se=uelles in!antiles 2 U18V

'reud nous montre qu9F l9ori%ine des mises en scène se=uelles

in!antiles la se=ualité elle"mBme se trouve réduite F des aspects

purement phalliques marqués par la violence et le esoin de dominer

l9o>et par la !orce.

Il ne saurait Btre question de contester la théorisation !reudienne

concernant le r-le de la %énitalisation ni la place accordée, F >uste

titre, par 'reud F la se=ualité in!antile quand il considère le mode

d9or%anisation eAectué sous le primat de l96dipe comme situé ausommet de la hiérarchisation des diAérents et successi!s de%rés

d9élaoration du !onctionnement mental humain.

ais il paraQt intéressant de chercher F vérier ou F inrmer

l9hypothèse proposant l9e=istence d9autres structures plus primitives

Uau sens des +réstructures de Kion, des +réormes d9D>uria%uerra ou

des +réconceptions de L. 5riner% ou ien des représentations

primitives liées au= -nstincts ondamentau$ de P. arty, structuressur lesquelles pourrait s9étayer le ittod[d9or%anisation %énitale,

comme n9a cessé de l9envisa%er 'reud lui"mBme dès la première

édition des rois essais U1*V, quand il décrit les pulsions se=uelles

comme s9appuyant sur ce qu9il appelle alors des « pulsions

d#autoconservation », c9est"F"dire des pulsions liées essentiellement F

la lutte pour la vie, donc F une !orme !ondamentale de violence

n9incluant ni amour ni haine. Gr le parenticide ou l9in!anticide

&+




ori%inaires apparaissent comme dépouillés de l9une ou de l9autre de

ces deu= composantes, avant d9Btre inté%rés et recolorés par

l9économie liidinale introduisant la !antasmatique orale puis la

!antasmatique anale, puis les !antasmes d9inceste, de rivalité

œdipienne et de castration, tout ceci introduisant la prolématique

sadique et a%ressive.

ans son article peu cité sur La %uerre et la mort 2 U11*V

'reud précise certains thèmes présentés dans otem et tabou

portant sur une tentation naturelle de tuer, présente che tous les

individus au= ori%ines de l9inconscient. 'reud nous montre que ce

qu9il appelle l#homme primiti » Uc9est"F"dire l9inconscient primaireV

n9éprouve pas le moindre scrupule ni la moindre hésitation F

causer la mort 2, que celui"ci tue volontiers et le plus

naturellement du monde 2. 'reud pense que la « aute primitive »

chère au= secondarisations reli%ieuses tirerait son ori%ine de cette

inscription inconsciente.

ais 'reud s9arrBte au seul parricide en tant que meurtre

primiti!. evons"nous le suivre dans cette limitation 0 Ne pourrions"

nous remonter plus loin encore dans la psycho%enèse 0

Les !antasmes %énitau= dits ori%inaires 2 ordonnent un sens,

une valeur opératoire F des éléments structurau$ primiti!s innés de

l9ordre du présymbolique Uselon l9appellation de M. Laplanche et M."K.

PontalisV apportés %énétiquement par l9en!ant et qui vont se voir

amorcés, rendus eAicients, sur le re%istre %énital dans la rencontre

avec des mod)les parentau=.

Kion, en particulier, parle de « préconceptions e$pectatives » non

saturées, ayant un caractère inné et pouvant se développer par la

suite de diverses !aEons.

Il est intéressant d9ailleurs de comparer de tels concepts

psycho%énétiques avec les travau= eAectués par des étholo%istes

comme L. Prieto F 5enève ou M. 7osnier F Lyon, ce dernier parlant de

(épigen)se interactionnelle et de structures nouvelles résultant du

&&




>eu réciproque des éléments structurau= internes et des modèles

e=térieurs, F partir des structures prée=istantes et en direction de

structures de plus en plus comple=es.

Gn connaQt le r-le de la mère dans l9interprétation des premiers

éléments structurau= de désir du tout petit en!ant, dans

l9anticipation de ce désir et dans l9étalissement simultané d9un

pare"e=citations suAisant.

Gn sait que la mère du !utur psychotique ne sera pas capale

d9assumer correctement un tel r-le.

Les pédopsychiatres ont décrit quels torrents de violence peuvent

Btre déversés tant-t par la mère F l9é%ard de l9en!ant, tant-t parl9en!ant F l9é%ard de la mère. Gn sait que la plupart des mères ou des

en!ants ne sont tout de mBme pas des psychotiques ou des pervers.

)Gn se rend compte de plus en plus clairement au contraire que

n9importe quelle mère peut voir se réactiver en elle, de !aEon

consciente ou non, des représentations violentes et in!anticides

archa:ques les g rendant incapales de >ouer un quelconque r-le de

pare"e=citation O il e=iste en écho che certains en!ants une é%ale violence matricide non maQtrisée et automatiquement attisée par le

manque de pare"e=citations et de liidinisation inté%rative d9ori%ine

maternelle.

L9ensemle de ces mouvements constituerait une activité

!antasmatique primaire, autonome et précoce qui se traduirait de

part et d9autre par les !antasmes d9in!anticide et de matricide sco"

tomisés en suite dans les situations relationnelles normales, mais!aciles F déceler par e=emple autre!ois, avant les pro%rès de l9osté"

tricie moderne, dans la représentation rationalisée consciente g Gaut%

il sauver la m)re ou l#enant H ou réveillée encore F l9heure actuelle

dans les éclats asolument irrationnels rencontrés che les

e=trémistes des deu= camps F propos des lois destinées F lé%itimer

et F ré%lementer l9interruption volontaire de %rossesse.

&8




Il n9est point possile, comme on nous le propose le plus souvent,

de nous contenter d9e=pliquer la !ormation de tels !antasmes par des

>eu= comple=es de ré%ressions ou de contre"investisse"ments

œdipiens, aussi précoces et aussi sutils soient"ils.

Il paraQt nécessaire, pour !aire le tour des diAérents aspects

économiques impliqués dans la discussion de mon hypothèse, de

consacrer la dernière partie de l9interro%ation que >e propose F une

rapide rée=ion sur la position réciproque des éléments de la

dynamique de ase et des !ormations !antasmatiques primitives.

L0instinct fondamental

La théorie !reudienne des pulsions a tou>ours été très clairement

centrée sur la notion de liido O cette théorie sous ses énoncés

successi!s a cherché F !aire preuve de cohérence dans le choi= des

couples pulsionnels anta%onistes proposés, mais il y a lieu de

reconnaQtre par contre qu9une certaine incertitude s9est mani!estée F

travers les diAérentes époques de l9élaoration, dans le choi= par

'reud des anta%onistes de la liido.

Me n9entre pas ici dans les détails que nous connaissons, mais il est

!acile de s9apercevoir que les variations de la théorie !reudienne des

pulsions sont destinées F essayer de rendre compte de !aEon

essentiellement synchronique d9une dynamique pulsionnelle soumise

F un incontestale mouvement diachronique.

'reud s9est eaucoup plus intéressé pour des raisons sans doute

épistémolo%iques F diAérentes simultanéités d9opposition qu9F lasuccession des mises en >eu pulsionnelles et des modes

!antasmatiques qui y correspondent.

/n accord tacite semlait Btre acquis che eaucoup de

psychanalystes pour considérer que, dans l9optique !reudienne, la

pulsion constituait le point de départ de la !ormation !antasmatique.

@n n de compte, l9ori%ine de la pulsion se situerait donc du coté

iolo%ique.

&




ais n9est"ce pas encore lF une !aEon de nous retrouver sur le

7ithéron et de nous déarrasser de l9en!ant en direction d9une autre

discipline et d9une autre prolématique, dès qu9il soulève trop de

diAicultés 0... et nalement d9an%oisses... nous commenEons F

entrevoir pourquoi...

Pour demeurer dans l9écoute psychanalytique, il nous !aut

reconnaQtre que 'reud considère la pulsion comme ne pouvant >ouer

qu9F partir de structures !antasmatiques prée=istantes et R. Isaacs

U1*#V1# insiste sur la totale réversiilité des r-les attriués au su>et

et F l9o>et par rapport F l9action violente présente dans toute mise

en scène !antasmatique primitive, tout comme nous l9avons vu plus

haut F l9occasion du vers 11&+ de l96dipe de Rophocle Ucelui du

doule accusati!V. R. Isaacs s9arrBte au !antasme dévoré / 1tre

dévoré, mais il est évident que les choses sont plus claires encore en

parlant de tuer /1tre tuer, autrement dit dans la réversiilité des

!antasmes parenticidesYin!anticides.

9autre part, en allemand comme en !ranEais, on distin%ue la

pulsion de l9instinct, et pour 'reud la seule véritale pulsion aAirmée

de !aEon constante d9un out F l9autre de son œuvre, c9est la libido.

9ailleurs en 114, dans son article sur le « Iarcissisme », le

dualisme pulsionnel apparaQt comme provisoirement remis en

question et 'reud semle prBt F re>oindre pour un temps 7. M. Mun% et

son concept de pulsion unique.

ais en 11* 'reud se demande F nouveau ce qui distin%ue

instinct et pulsion et ce qu9il peut e=ister che l9homme comme

structure !ondamentale, F eAicience dynamique élémentaire et qui

correspondrait F l#instinct tel qu9il est rencontré che les animau=.

D la n du chapitre CI de « #inconscient 2, 'reud parle de

!ormations psychiques héritées, constituant le noyau de l9inconscient

auquel viendra s9a>outer les nomreu= éléments re!oulés au cours du

développement in!antile. @t dans les trois derniers para%raphes,

a>outés en 118 F l9oservation de « #homme au$ loups », 'reud

8






émet l9hypothèse d9une véritale préscience a%issant de !aEon

analo%ue au savoir instincti! et si étendu rencontré che les animau=.

Il s9a%irait d9une sorte d9activité mentale primitive destinée F Btre

détr9née et recouverte par la suite. @t 'reud conseille alors de ne

recourir F l9hypothèse iolo%ique qu9après avoir vraiment épuisé

toutes les e=plications psycholo%iques.

Ra%e précaution simplement, ou ien aveu de la prise de

conscience d9une résistance sur le chemin de sa vérité ori%inaire 0

?uoi qu9il en soit, pour 'reud ce seraient donc des !ormations

ima%inaires archa:ques qui correspondraient che l9homme F

l9instinct des animau= et non les pulsions 2 telles qu9il les a dénies

par ailleurs sous cette appellation.

e quelle nature seraient donc les !ormations !antasmatiques les

plus primitives puisque 'reud vient de nous dire que ces !ormations

étaient par la suite détr9nées et recouvertes par les structures

!antasmatiques %énitales 0 Il ne saurait ainsi Btre question qu9elles

procèdent d9emlée d9une mBme essence.

ans les rois essais U1*V, dans « la prédisposition ' la névroseobsessionnelle 2 U11(V, dans Les pulsions et leur destin 2 U11*V,

dans la nouvelle édition de 11* des rois essais, ainsi que dans

« Au%del' du principe de plaisir » U1#V, 'reud suppose l9e=istence

d9une pulsion particulière, le em0chtigungstrieb, que K.

5runer%er a proposé en 1* de traduire sous les termes de

Pulsion d9emprise 2 en montrant qu9il s9a%issait d9une position

!ondamentale 2 qu9il reliait F la relation o>ectale anale et quicorrespondait F un ut ori%inal en soi O le !aisceau %énital inté%rerait

plus tard cette tendance quitte F la modier une !ois l9inté%ration

achevée.

Gn peut se demander d9ailleurs s9il ne s9a%irait pas davanta%e

d9un « instinct » Uau sens animal du terme, donc lié F une !ormation

ima%inaire primaireV plut-t que d9une véritale pulsion, puisque

cette pulsion 2 est décrite comme non se=uelle, comme réunie

81




secondairement seulement F la se=ualité, et comme élément d9une

certaine « cruauté originaire » rencontrée che le tout >eune en!ant,

de mBme que che l9animal.

ès 18&, 'reud parle dé>F de cette « cruauté originaire » diri%ée

vers les deu$ parents, puis il l9a !aite dériver vers les !rères.

@n 1*, 'reud reparle de cette cruauté primitive rapportée F la

pulsion d9emprise et qui n9aurait pas ori%inellement pour ut la

souArance d9autrui, mais simplement n9en tiendrait pas compte et

serait tout F !ait indépendante de la se=ualité.

?uand il s9oppose F #instinct inné d#agression d9Ddler en 1,

'reud soutient U$ans, 1V qu9il n9e=iste pas d9autre pulsionautonome que la liido ou les pulsions du moi, mais qu9on peut

concevoir une composante violente primitive comme étant F l9ori%ine

des pulsions ainsi dénies.

La mBme proposition est !aite en 11* F propos d9une violence

dominatrice antérieure au sadisme, diAérente de l9a%ressivité et dont

le ut ori%inaire n9est point de !aire souArir l9o>et O 'reud précise

qu9F ce stade du développement ima%inaire on ne peut vraimentdistin%uer ni amour ni haine et que ce n9est que plus tardivement,

avec l9or%anisation %énitale, que la haine est devenue l9anta%oniste

de l9amour.

79est en 11* é%alement, dans l9article dé>F cité sur « a guerre

et la mort 2, que 'reud évoque une évolution de l9ima%inaire humain

se produisant sous l9inuence de l9environnement et F partir

d9éléments rutau= archa:ques Uqu9il dénomme soit riebregun%gen,c9est"F"dire « mouvements pulsionnels », soit primitive regun%gen,

c9est"F"dire « agitation primitive »7. 7ette évolution s9eAectue en

direction de comportements de tendresse Uavec tous leurs aléasV

sans que les éléments instinctuels rutau= !ondamentau= ne

disparaissent complètement. 'reud nous e=plique que ces éléments

!ondamentau= ne sont « ni bons ni mauvais » mais que lo%iquement

ils se voient orientés peu F peu vers « d#autres buts et d#autres

8#




domaines » que ceu= de la violence dont ils sont partis, %rSce F

l#ad=onction d#éléments érotiques qui les trans!orment peu F peu en

capacité d9aimer et d9Btre aimé.

@n 11 4« 8n bat un enant »7 'reud estime que les distinctions

ultérieurement opérées entre les orientations pulsionnelles tendent F

se !ondre quand on se rapproche de leur source et qu9alors on ne

reconnaQt ces orientations pulsionnelles ni comme se=uelles ni

comme sadiques, mais comme relevant d9une mBme sustance dont

ces deu= vectorisations naQtront plus tard.

@n 1#+ 4-SA7 'reud décrit une représentation !antasmatique

précoce d9un dan%er o>ectai mettant en question la vie du su>et et

constituant une sorte de dé!ense con%énitale contre le dan%er

e=térieur Udonc parental 0V si nettement développé che les animau=.

7ette !ormation ima%inaire innée serait le prototype de toutes les

représentations !antasmatiques ultérieures impliquant un dan%er

pour le su>et.

é>F en 1##, W. Draham 4*araignée7 avait insisté sur les

!antasmatisations primaires violentes e=istant entre la mère etl9en!ant. @n 1#4 42istoire du développement de la libido7 il décrit sa

première étape préambivalente comme liée F un ut d9attaque de

l9o>et et F des représentations !antasmatiques de violence et de

peur.

Les auteurs 3leiniens ont repris l9étude des !antasmes violents

très précoces et décrit les peurs du tout >eune en!ant d9Btre la

victime de représentations parentales terriantes, et ces auteursmettent en évidence la propre violence de l9en!ant pro>eté sur les

parents F cette période O ils montrent que la violence non né%ociée,

non inté%rée dans la poussée liidinale peut conduire F des attitudes

envisa%eant la destruction de l9o>et et se poursuivant che l9adulte

dans des tendances criminelles ou asociales. Pour . Wlein, le noyau

violent primiti! ne disparaQt >amais O ou ien il s9inté%re F la liido

pour lui con!érer sa puissance, ou ien il intè%re une partie de la

8(




liido lire pour donner naissance F l9a%ressivité et au sadisme

véritale.

@. Mones !ait de parallèles constatations en 1(* 4a psychanalyse

et les instincts7 en parlant de certaines pulsions 2 violentes

Uimproprement appelées a%ressivesV qui n9impliqueraient ni haine ni

animosité.

ais ce sont surtout les travau= de I. $endric3 U14#"14(V qui

ont développé le plus lar%ement le concept !reudien d9une pulsion

d9emprise comprise comme innée, ase=uelle, non a%ressive, ne

devenant sadique qu9une !ois se=ualisée, liée F une ori%ine

héréditaire poussant F l9action pour des raisons vitales.

Il serait sans aucun doute intéressant de poursuivre plus avant

cette recherche et de déterminer qu9elles peuvent Btre les

diAérentes composantes de ce que 'reud a décrit F propos de la

pulsion d9emprise 2, de préciser en particulier au sein de cette

pulsion d9emprise 2 Uqui apparaQt comme asse polymorpheV quelle

est la part des représentations ima%inaires concernant de toute

évidence une relation liidinale et o>ectale dé>F asse élaorée neserait"ce que dans le sens de l9analité comme l9a !ort ien décrit K.

5runer%er et la part au contraire des représentations qui se

rattachent F ce que . Kraunschjei% et . 'ain1( ont déni en tant

que narcissisme primitivement secondaire, ce qui nous intéressait

tout particulièrement ici puisque ce « narcissisme primitivement

secondaire » correspondrait F une !ormation ima%inaire représentant

un investissement du oi qui résulterait F la !ois de la mise en action

de moyens spéciques environnementau= Uc9est"F"dire de modèles

proposés par les parentsV et de la satis!action accordée au= instincts

de conservation Uc9est"F"dire F des éléments structurau= innésV le ut

étant de !aire cesser cet état de détresse initiale lié au dilemme g

« *autre ou moi H »

La violence !ondamentale s9appuie en eAet F son ori%ine sur des

mises en scène tout F !ait précoces telles que « l#autre ou soi 2 0 « lui

84






ou moi » H « Survivre ou mourir » H « Survivre au risque de devoir

tuer l#autre », sans intention nette de détruire spéciquement cet

autre. Nous nous trouverions donc plut-t dans le domaine d9un

instinct de survie, donc très près de ce que 'reud a décrit

successivement comme « pulsion d#autoconservation » et « instinct

de vie ».

Gn ne rencontre, tout au lon% de l9œuvre de 'reud, aucune

opposition F cette !aEon de voir, mais au contraire nous découvrons,

au l de nomreu= te=tes, des allusions F l9e=istence de cette !orme

de structure ima%inaire précoce.

Pourquoi 'reud n9est"il pas allé plus loin, soit pour aAiner une

telle hypothèse, soit pour l9inrmer 0

Il paraQtrait prétentieu= de vouloir e=pliquer ce manque tout

spécialement par telle ou telle diAiculté personnelle de 'reud, alors

que nous connaissons si impar!aitement certains recoins importants

de sa io%raphie et que les ruits les plus divers courent, sans avoir

pu !aire l9o>et d9une vérication admise par tous.

R. Leclaire nous a rappelé que le !antasme de la mort de l9en!antest vraiment insupportale en tant que traduisant la mise en scène

d9un des plus secrets et des ply pro!onds de nos vœu= O l9horreur

attachée au parricide serait ien moins %Bnante par la suite, car

eaucoup plus secondarisée. « 8n tue un enant » peut apparaQtre

comme le plus ori%inaire des !antasmes estime R. Leclaire, car il

s9a%it d9éliminer la représentation de l9en!ant tout"puissant

autrement dit @dipe le tyran » Udit « @dipe%Joi »7, c9est"F"dire ledésir de la mère réinvesti par l9en!ant F la !ois comme corps étran%er

en lui et comme noyau de son Btre.

Le !antasme de matricide se situe, F mon sens, en articulation

étroite avec le !antasme d9in!anticide ainsi conEu O il apparaQt comme

tout aussi primaire et comme encore ien davanta%e irreprésentale.

Gn peut se demander é%alement quels sont les rapports de ce que

>9appelle « violence ondamentale » avec l9éner%ie pulsionnelle

8*




dése=ualisée décrite par $. $artmann et qui, elle aussi, ne connote

ni haine ni amour. '. Pasche a !ait une étude critique asse

ri%oureuse de la pensée de $. $artmann et a rapproché le concept

préconisé par cet auteur du comportement instinctuel animal.

u point de vue métapsycholo%ique, >e me sens donc très près des

positions de $. $artmann. Par contre >e me trouve au= antipodes de

telles positions du point de vue %énétique puisque $. $artmann se

situe dans une optique synchronique et considère son entité

éner%étique comme un aléa, comme une sorte d9aoutissement

privilé%ié de la liido, alors que, pour moi, la violence

!ondamentale 2 constituerait au contraire une ase instinctuelle

primitive d9étaya%e de la pulsion liidinale.

Me me trouverai, par contre, plus près de ce que '. Pasche, si >e l9ai

ien compris, considère comme une sorte d#« instinct de l#instinct »

et que >9appellerais volontiers un « instinct de la pulsion ».

Gn s9est montré, en %énéral, asse sévère dans la critique des

travau= de . 5irard.

Kien sXr, . 5irard a développé F l9é%ard des théories !reudiennesun certain nomre de reproches au=quels il ne nous est pas possile

de souscrire, mais cet auteur semle avoir néanmoins mis en

évidence quelques points importants en montrant que l9an%oisse de

castration recouvre, en plus de ce que nous en disons

haituellement, la peur essentielle des humains que les mythes ont

tou>ours cherché F dissimuler, c9est"F"dire la représentation de la

violence !ondamentale O pour lui, la se=ualité se situe en continuitélo%ique de la violence primitive dont elle constitue aussi un masque

en mBme temps qu9une !orme de révélation O otem et tabou, >o?se

et le monothéisme, tout autant que le concept d#instinct de mort,

correspondraient che 'reud F l9évocation d9une étape vers le retour

d9un re!oulé primaire antérieur au re!oulé se=uel O le su>et ayant

correctement atteint son 6dipe, mBme s9il e=iste des conits F ce

niveau, serait donc celui qui a pu réaliser au sein de l#économie

8+




génitale triangulaire l9inté%ration des données essentiellement

violentes de son re!oulé primaire.

L0épigenèse

ans son étude du mythe d96dipe R. 'erenci U114V cite une

lettre U181(V de Rchopenhauer F 5oethe oT le coura%e d9aller

>usqu9au out des prolèmes est proposé comme critère de toute

méthodolo%ie scientique et Rchopenhauer présente comme e=emple

de cette démarche >ustement l96dipe de Rophocle. 6dipe tente

d9élucider son terrile destin, mBme lorsqu9il devine que la réponse

ne lui réservera qu9horreur et épouvante.

>ais la plupart d#entre nous, a>oute Rchopenhauer, portent en

leur cDur une :ocaste suppliant @dipe, pour l#amour des dieu$, de

ne pas s #enquérir plus avant K et nous lui cédons. 2

Il n9est pas e=clu que 'erenci puisse adresser é%alement ce

reproche F 'reud, quand il a>oute, deu= pa%es plus loin, qu9un

« homme de science » empBché de reconnaQtre les penchants F la

!ois de tendresse et de violence qui sur%issent en lui F l9é%ard de sesparents ne voudra, ni ne pourra \ du !ait de la nécessité de

re!ouler ces penchants \ vérier avec une impartialité scientique

l9e=actitude des actes, travau= et pensées des personna%es investis

d9une autorité rappelant l9autorité paternelle 2.

Il va mBme, en identiant d9une !aEon plus évidente encore

'reud F Rchopenhauer, >usqu9F déclarer que g « e déchifrage du

contenu émotionnel et intellectuel complet dissimulé dans le te$te dumythe d#@dipe dépassait les possibilités m1me d#un Schopenhauer,

si lucide par ailleurs. »

Pour aller plus loin encore, serait"il trop osé de se demander si

cette diAiculté F prendre en compte la mise en scène ima%inaire de

la violence !ondamentale sous la !orme de l9in!anticide et

l9impossiilité de se représenter les !antasmes de matricide n9ont pas

été pour quelque chose dans les diAicultés rencontrées par 'reud F

8&




propos de la se=ualité !éminine en %énéral et de l96dipe !éminin en

particulier.

'reud, comme tant d9e=é%ètes de la tra%édie %recque, n9a pas

cherché F analyser le r-le primordial archa:que et latent >oué par

Mocaste.

Du niveau mani!este e=primé dans le discours littéraire haituel, il

est étonnant en eAet de voir le nomre de traductions ine=actes du

drame de Rophocle, amenuisant systématiquement le r-le de Mocaste.

Rophocle met en avant, comme dans un !antasme ou comme dans

un rBve œdipien, un contenu mani!este parricide et incestueu= alors

que le contenu latent apparaQt ici comme d9ordre matriarcal et que lepersonna%e le plus eAicient du drame demeure la mère Uau 7ithéron,

au rocher de la Rphin%e, comme dans la couche royaleV. Dutrement

dit la mère in!anticide est tuée par l9en!ant, tout autant que la mère

aimante et aimée.

Du vers 8, 6dipe déclare que tant que sa mère vivra il ne

pourra connaQtre que l9an%oisse O cette an%oisse doit Btre prise, elle

aussi, dans le doule sens d9autoconservation, donc de violence vitale réciproque, tout autant que d9amour et d9inceste.

La représentation de « la m)re morte » cela peut aller très loin

dans le sens latent de la prolématique développée F cette mBme

triune il y a quelques mois par D. 5reen, et il semle diAicile de

séparer cette représentation des représentations touchant F la mort

de l9en!ant.

Pour illustrer mon propos, >e désirerais évoquer un re! e=empleclinique et, parmi mes choi= possiles, >e me suis nalement porté

sur l9oservation dont nous avons discuté au cours d9un colloque

psychanalytique.

La patiente est une mère de trois en!ants ayant présenté lors de

chaque %rossesse un épisode du type appelé F tort « psychose

puerpérale » et elle a dX Btre hospitalisée pour une symptomatolo%ie

88




dépressive. 7ette patiente est tout F !ait incapale de parler de son

passé, c9est comme si elle n9avait aucun vécu F ce su>et.

Pendant qu9elle se trouve en clinique survient un %rave accident

d9automoile au cours duquel le mari est sérieusement lessé et les

trois en!ants sont tués.

Le mari doit Btre lui"mBme hospitalisé et c9est la patiente qui,

accompa%née de deu= inrmières, va procéder F la reconnaissance

des corps des en!ants. Les deu= inrmières considèrent que cette

scène a été insoutenale F leurs yeu=.

ans les semaines qui suivent, la malade apparaQt comme très

apaisée et s9emploie F tricoter des chandails pour ses en!antscependant que, dès qu9il est rétali de ses lessures et sort de

l9h-pital, le mari se suicide.

Kien entendu, on peut analyser les divers épisodes très

éprouvants qui viennent d9Btre rapportés en termes classiques de

deuil, de perte d9o>et, de culpailité œdipienne, de castration ou

d9auto"punition, de répétitions de conits œdipiens parentau=, ou

ien de cliva%es ou d9identication pro>ective, ou ien aussi F partirdes concepts de morcellement, de pulsion de mort, de sadisme, de

masochisme, de reconstruction délirante, etc., selon les écoles dont

nous pensons devoir nous réclamer et surtout selon les moments de

la cure.

Ducun de ces points de vue ne me paraQt contestale. ais >e ne

vois pas comment nous pourrions !aire sortir cette patiente de sa

compulsion de répétition, c9est"F"dire de sa mort, sans reprendre Fson point de départ le loca%e de son ima%inaire, le dé!aut de liaison

du symolique au réel F travers l9ima%inaire et l9incapacité d9étayer

sur une violence !ondamentale Uqui n9a rien d9e=ceptionnel ni de

moride, sinon son dé!aut d9inté%rationV une dynamique liidinale

vraiment or%anisatrice d9une relation o>ec"tale œdipienne avec tous

ses inévitales conits spéciques.

8




?uel que soit le re%istre des paroles que le thérapeute sera enclin

F choisir, il ne pourra échapper Us9il veut Btre utileV F l9émission d9une

musique in!ra"verale permettant F la patiente d9esquisser peu F peu

la représentation d9un personna%e >ouant d#abord le r-le de pare"

e=citations contre les déordements de ses instincts violents

indiAérenciés, avant de lui permettre d9incorporer pro%ressivement

les !antasmes meurtriers les plus primiti!s dans la lente mise enn en

activité ima%inaire, %rSce au >eu trans!éro " contre"trans!érentiel, des

inscriptions symoliques œdipiennes e=istant dans l9équation

%énétique de tout Btre humain.

7e sur quoi la patiente, le mari ou les inrmières ont uté, et sur

quoi le psychanalyste risque de uter, c9est ien en eAet le loca%e

ima%inaire opéré sur une donnée violente archa:que nécessitant,

comme seule chance de survie, la mort de l9autre, sans culpailité et

sans haine, donc en toute impunité et sans limitation opérée par

l9amivalence aAective. La psychose puerpérale, la réaction

dépressive, le doule passa%e F l9acte du mari peuvent Btre mis sur

le compte de cette induction violente de mBme que ce qui a paru

comme insoutenale au= inrmières ce !ut surtout la nature du

re%ard in!anticide décelé par elles che la mère Uet ressenti en elles

aussiV F la mor%ue O nous connaissons tous, d9autre part, le sens qui

était donné, avant les lois actuelles concernant I9iv%, au= ai%uilles F

tricoter...

7omment !aire sortir de son en!er Usans aucune inté%ration

surmo:que possileV cette patiente en ne se ré!érant qu9F l9inceste et

F la castration 0 Ri nous voulons nous rapporter ici F une histoire

na:ve mais eAiciente, rappelons"nous en nous"mBmes plut-t que la

seule n du drame d96dipe, l9histoire du petit poucet 2 oT les lles

de l9o%re sont tuées par le père selon une sutile et eAicace

machination maternelle qui, ien sXr, n9apparaQt point clairement

dans le récit mani!este.




evant des situations comme celles que >e viens d9évoquer,

chacun de nous Ula patiente, le mari, les inrmières, le thérapeute,

nous"mBmes iciV nous nous sentons con!rontés au= éléments mal

inté%rés de notre propre violence !ondamentale.

Nous n9avons survécu Uet survivrons quelque temps encoreV non

pour avoir tué nos parents, nos en!ants ou nos !rères, mais

seulement selon nos capacités d9inté%ration, dans l9élan positi! de la

relation amoureuse, de la puissance de notre violence première.

Notre r-le en tant que psychanalystes, de catalyseur de

l9inté%ration des triebregungen Utout comme notre r-le d9accoucheur

des dystocies de l9ima%inaire liidinal et œdipienV ne peut Btre tenu

que dans la mesure oT nous aurons mis d#abord au >our en nous"

mBmes nos propres diAicultés et nos propres ratées inté%ratives

primitives.

Plut-t que de procéder F de vaines pro>ections en en%a%eant des

procès F 'reud, nous avons certainement intérBt F revenir F la

position de modestie e=primée par 'erenci g étant donné qu9un

homme tel que 'reud n9y est pas parvenu, comment arriverons"nousF une meilleure élaoration intérieure F nous"mBmes de la position

!éminine, si nous éludons les diAicultés d9inté%ration des !antasmes

archa:ques d9in!anticide et de matricide 0

D partir de tout ce qui vient d9Btre évoqué, il me semle possile

de soutenir l9hypothèse qu9il e=isterait des !ormations

!antasmatiques inconscientes eaucoup plus archa:ques que les

!antasmes classiquement dits ori%inaires 2. 7es !ormations seraientnées de la con>onction opérée très précocement entre des éléments

structurau= héréditaires et des modèles ima%inaires proposés par

l9adulte, la mère en particulier, pour amorcer et !éconder ces

éléments structurau= du su>et, et permettre ainsi l9élaoration des

tout premiers !antasmes.

7es éléments structurau= innés Umis en évidence par le !ait que le

nouveau"né apparaQt comme doué de certaines compétences et ne

1




peut Btre considéré comme une tabula rasa7 seraient porteurs

d#inscriptions présymboliques non encore amorcées, non encore

eAicientes, non encore opératoires.

Les premiers éléments structurau=, amorcés en !antasmes par les

modèles ima%inaires maternels, concerneraient des représentations

mettant en scène une domination de l9o>et par la violence, aussi

ien du c-té parental que du c-té in!antile, ce qui donnerait

naissance F une poussée instinctuelle de violence, dénuée tout

autant d9amour que de haine, sans mBme tenir encore un %rand

compte des souArances éventuelles d9un o>et spéciquement

investi.

Les premières !ormations !antasmatiques comporteraient tout

autant des mises en scène de parenticide que d9in!anticide et de

matricide, tout autant que de parricide.

ans un deu=ième temps, les inscriptions présya:Kliques

œdipiennes, é%alement innées et contenues, elles auSsi, dans les

éléments structurau= avec lesquels arrive l9en!ant, se verraient F

leur tour amorcées en !antasmes œdipiens ouvrant la voie au=élaora"tions %énitales authentiques qui inté%reraient lo%iquement le

dynamisme de la violence !ondamentale dans une optique F la !ois

liidinale et o>ectale.

Rinon, le mouvement inverse se produirait et c9est la violence qui

reprendrait F son compte des !ra%ments épars de liido pour donner

lieu F des élaorations ima%inaires d9a%ressivité, de sadisme ou de

masochisme. Kien sXr, en pratique, les deu= mouvements coe=istenttou>ours, mais diAérents cas de %ure Uplus ou moins patholo%iquesV

peuvent se rencontrer selon les rapports de !orces e=istant entre les

investissements en présence, et le choi= de ce qui va constituer,

comme le montre P. arty, la chaQne centrale évolutive de la

personnalité.

Les conséquences théoriques et cliniques de telles hypothèses

paraissent importantes.

#




@lles mettent en %arde contre une simplication asse F la mode

qui consiste F penser ce qu9on appelle le « prégénital » en termes de

pure ré%ression F partir du %énital ou en termes d96dipe né%ati! ou

de contre"6dipe, ce qui demeure valale en clinique, mais ne peut

cependant nous !aire occulter, du point de vue de la rée=ion

théorique, l9ordre chronolo%ique réel de mise en eAicience des

successives couches d9élaorations ima%inaires.

e telles hypothèses permettraient sans doute de rendre compte,

dans une optique économique nouvelle, de certains mouvements

dépressi!s, tout autant que de nomre d9or%anisations psychotiques,

en particulier de certains replis autistiques précoces O elles

permettraient aussi de rendre compte de certains mouvements

phoiques Uen particulier les phoies d9impulsions d9in!anti"eide

survenant de !aEon visile che des mères e=emptes de tout

mécanisme psychotique et proalement présentes dans

l9inconscient de toutes les mèresV O elles permettraient enn de

mieu= comprendre certains manques ou certains e=cès de pression

de la violence !ondamentale rencontrés dans les troules

comportementau= O par e=emple che les anore=iques Uen!ants ou

adultesV ou che les to=icomanes.

@n partant du schéma de l9épi%enèse interactionnelle, il parait

possile de cerner d9une !aEon plus dynamique la part revenant au=

ases !ondamentalement reEues et au= manques environnementau=

au cours de l9évolution relationnelle de l9en!ant. Peut"Btre pourrions"

nous mieu= comprendre ainsi de quelles lacunes dans les inductions

environnementales, plut-t que de véritales ré%ressions, peuvent

souArir une si %rande masse de non"structu"rés contemporains O ils

manquent de modèles ima%inaires parentau= suAisants pour rendre

opératoires les éléments structurau= symoliques œdipiens qu9ils

possèdent cependant O seuls les éléments structurau= violents se

trouvent envahir leur ima%inaire, sans récupération possile au sein

d9une élaoration sous le primat du liidinal.

(




Les portes ouvertes

Il serait sans doute possile de rechercher é%alement qu9elle est

la part >ouée par la violence !ondamentale individuelle non inté%rée

Uet au contraire directement réactivée sans médiation liidinaleVautrement dit la part >ouée par la dialectique élémentaire du lui ou

moi 2, F l9occasion des %randes crises collectives constituées par les

%uerres, les révolutions, les luttes entre classes sociales ou entre

ethnies, les aArontements entre %énérations ou Upourquoi pas aussiV

entre diAérences anatomiques entre les se=es non %énitalement

inté%rées.

Il ne s9a%it point pour moi de méconnaQtre l9importance de l9étapeœdipienne classique dans la constitution dénitive che l9adolescent

de la dynamique ima%inaire, mais de contester le monopole de la

prolématique %énitale au cours de cette élaoration et de montrer

les diAicultés que nous rencontrons, tel le héros de Rophocle, pour

inté%rer des données encore préamivalentes et !ondamentalement

violentes qui constituent les toutes premières !ormations

!antasmatiques du petit en!ant et do>vent se voir reprises au cours del9élaoration ima%inaire liidinale de type classique, dans une

!antasmatique tour F tour orale, anale, phallique et %énitale.

Le principe de la cure type correspond tout F !ait F mes

hypothèses puisque le ut de cette cure c9est, par le iais de

l9analyse du trans!ert, et d9un incessant e=amen de conscience 2 au

niveau du contre"trans!ert, d9autoriser une meilleure

œdipi!:cation 2 secondaire Udonc %énitaleV dans le sens de ce quenous a montré R. Leovici au 7on%rès de Paris de 1&,

œdipi!:cation qui inté%rerait le contenu rutal de l96dipe primaire,

celui du 7ithéron, c9est"F"dire celui sur lequel >9ai cherché F attirer

tout particulièrement l9attention ici.

@n conclusion de mes principales remarques, et ien que

l9a%ressivité ne puisse constituer une pulsion, il m9a paru possile de

préciser quatre niveau= de diAérence entre la notion d*agressivité

4




telle que la conEoit la théorie psychanalytique et la notion de

Liolence ondamentale telle que >9en soutiens l9hypothèse g

Hout d9aord, l9a%ressivité vise F nuire F l9o>et, éventuellement F

le détruire, alors que la violence !ondamentale s9intéresse avant tout

au su>et, F sa conservation. Le sort de l9o>et apparaQt comme très

secondaire, tant qu9il s9a%it d9une prolématique purement violente.

Gn sait d9autre part que l9a%ressivité est envisa%ée dans ses aléas

d9union et de désunion avec la liido, c9est"F"dire selon les de%rés de

réussite de l9amivalence aAective, alors que la violence

!ondamentale ne prend pas encore en compte l9amivalence O la

violence ne connote ni amour ni haine O elle se situe comme

préamivalente.

Nous devons considérer par ailleurs que pour 'reud, F partir de

1#, l9a%ressivité Usous ses diAérentes !ormesV est sensée découler

de la pulsion de mort. Par contre, il demeure évident que la violence

!ondamentale se rattacherait au contraire au= instincts de vie.

Gn sait enn que l9a%ressivité ne peut Btre saisie, selon 'reud,

que dans son union F la se=ualité donc dans un sens synchronique etsyntone, alors que la violence !ondamentale s9envisa%e comme

assurant Udans un sens diachroniqueV un étaya%e dynamique au

prot de la se=ualité.

Nous pourrions peut"Btre dire que la notion de violence

!ondamentale 2 se situerait très près de ce que nomre d9auteurs

an%lo"sa=ons dési%nent sous le terme d9aggressiveness, par rapport

au sustanti! agressivity qui concernerait au contraire le !ait dechercher F nuire F l9o>et.

ais il est évident que 'reud n9a utilisé qu9un seul terme

agression » et, en plus, quand dans Les pulsions et leur destin 2

U11*V il distin%ue une certaine « haine » qui ne serait point

l9anta%oniste de l9amour mais résulterait simplement de la lutte du

oi pour sa conservation et son aAirmation, l9emploi du terme

« haine » dans ce propos ne vient pas simplier ma tSche. ais

*




devons"nous, comme s9il s9a%issait d9aAirmer une constatation de

nature reli%ieuse, de nous attacher F dé!endre le mot F mot des

écrits !reudiens considérés comme sacrés 2 ou ien plut-t d9en

entendre le l directeur F travers d9inévitales hésitations et de ien

compréhensiles contours 0

D partir de !antasmes primaires oT il n9est encore question que de

vie et de mort et qui évoquent pour moi le traumatisme de la

naissance au sens oT G. an3 et surtout 'reud 4-SA7 l9ont évoqué, >9ai

situé l9émer%ence instinctuelle première Uau sens de l9instinct

animal, selon 'reud lui"mBmeV dans ce que >9appelle la « violence

ondamentale ».

Il ne me semle pas sans conséquences techniques de déterminer

Uou nonV ce qui peut correspondre dans la trame ima%inaire %énitale

F des lancs 2, F des manques d9inté%ration symolique d9une part

ou au contraire F des nœuds de conictualisation intrinsèque d9autre

part.

Les éléments sur lesquels nous avons F !aire porter nos

interprétations en vue de l9élaoration ne nous permettrontd9échapper F la simple répétition que si nous !aisons >udicieusement

la part des choses. Il ne me semle pas possile d9analyser les

données sur lesquelles repose la poussée violente !ondamentale non

résolue, en niant l9e=istence des !antasmes encore acti!s sur lesquels

elle se !onde et en les réduisant F des eAets de contre"

investissements liidinau= O il me semle utile, dans un

premier4enips, d9en prendre acte et de rechercher surtout F quelles

carences des modèles %énitau= environnementau= Ueaucoup plus

qu9au= seuls conits dé>F vraiment internalisés et vraiment

trian%ulairesV succèdent les diAicultés inté%ratives précoces mises

ainsi en évidence.

Il me semle que c9est comme cela seulement que nous

parviendrons F déloquer les éléments structurau= œdipiens latents

et insa"turés e=istant !orcément dans le présymolique individuel de

+




certains patients et F rendre ces patients capales d9utiliser, au cours

de l9analyse, des modèles plus eAicients d9épi%enèse qu9ils

découvriront peu F peu dans la relation trans!éro " contre"

trans!érentielle.

Il paraQt diAicile de rendre compte de la %enèse de la position

!éminine Udans l9un et l9autre se=eV et de l96dipe !éminin, en scoto"

misant l9ima%inaire violent, primiti!, universel portant sur les

représentations de l9in!anticide et du matricide.

ais il y aurait lieu d9épilo%uer d9une !aEon plus %énérale en se

reportant F #avenir d#une illusion pour rapprocher d9une part la

sécurité appréciée par les analystes dans l9e=altation de l9idée d9une

liido primaire !ondamentalement onne 2 par rapport F un

anta%oniste Umoins ien préciséV !ondamentalement mauvais 2 et

d9autre part la réassurance recherchée dans la notion d9amour

d9essence divine au sein des reli%ions >udéo"chrétiennes par rapport

F un anta%oniste de nature d9emlée satanique.

Nos !orces instinctuelles violentes premières ne se préoccupent ni

d9Btre « bonnes » ni d9Btre « mauvaises ». @lles appartiennent F ceque 'reud considère comme l9inconscient primaire insensile au=

allers et retours du re!oulement UsecondaireV. Les seules traces que

nous en conservions évoquent un dan%er radical pour la vie du su>et

et des autres. @t nous y a>outons notre culpailité secondaire

érotisée.

Dlors nous cherchons un o>et secondaire UœdipienV pour

personnaliser F l9e=térieur l9ori%ine de cette violence inadmissile...un diale 2 en quelque sorte.

éduire le drame ima%inaire vécu par tous les en!ants du

monde 2 au= seules représentations incontestales mais secondari"

sées de parricide, d9inceste et de castration, risque de constituer une

illusion entretenue au sein de la reli%ion psychanalytique avec des

inconvénients certains pour l9e=tension d9une clinique et d9une

&




thérapeutique qui apparaissent comme encore loin d9avoir dit tout ce

qu9il lui appartient de dire.

8



2. $n important inédit de Freud 12 & 3/ersicht der

4/ertragungsneurosen '15 6

lise 5rurich"Rimitis s9employait en 18( F rassemler les lettres

échan%ées entre R. 'reud et R. 'erenci. @n dépouillant F cette n

des documents qui avaient été conés autre!ois F . Kalint par R.

'erenci, I. 5rurich"Rimitis découvrit une enveloppe postée de

Cienne et adressée en recommandé 2 F R. 'erenci O cette

enveloppe contenait une douaine de !euillets pliés en deu= et écrits

sur les deu= !aces. Il s9a%issait d9une découverte vraiment inattendue

puisque le verso du dernier !euillet portait un messa%e de 'reud endate du #8 >uillet 11* et annonEant F R. 'erenci qu9il lui conait ici

l9éauche du douième chapitre de son prochain ouvra%e consacré F

la >étapsychologie.

'reud précise dans ces quelques li%nes qu9il interrompt son

travail sur deu= autres su>ets g le Monscient » et la « Iévrose

d#angoisse ». La phrase suivante termine la lettre en avouant F R.

'erenci que Utout celaV lui donne la colique...

Les doue !euillets sont écrits en caractères %othiques de la main

mBme de 'reud. 7elui"ci déclare F R. 'erenci qu9il s9a%it d9un

manuscrit rectié par rapport F une éauche antérieure O ce travail

aurait d9ailleurs été dé>F repris sous la !orme d9un te=te rédi%é de

!aEon complète et dénitive, conservé par l9auteur. Le te=te déniti!

Ucelui qui aurait donc dX Btre remis F l9éditeurV suit, dit 'reud, le







4. /n important inédit de 'reud14 ;ersicht der <ertra%un%sneurosen 21*,

manuscrit de l9éauche adressée F R. 'erenci phrase par

phrase 2 O autrement dit, 'reud a simplement rectié, dans la

dernière rédaction, les nomreuses aréviations émaillant l9éauche

retrouvée par I. 5rurich"Rimitis.

Nous rencontrons dès les premières li%nes de cette éauche des

prolèmes de traduction diAiciles F contourner g certes, l9édition

!ranEaise présente l9avanta%e de reproduire le te=te du manuscrit

allemand et tous ceu= qui le pourront auront intérBt F se ré!érer F ce

document ori%inal. 7omme c9est le cas dans toute traduction, la

version !ranEaise peut se voir contestée sur des choi= de termes qui,

pour un analyste, ont un potentiel évocateur ou associati! non

né%li%eale O mais on éprouve un souci d9un autre ordre F propos du

te=te proposé en !ranEais, dans la mesure oT il ne pouvait pas s9a%ir

ici de la simple traduction de l9éauche ori%inale découverte en

18( O la traduction !ranEaise s9est trouvée en eAet devant la

nécessité de passer par une version préalale du travail de 'reud,

version étalie en 18* en allemand par I. 5rurich"Rimitis, ceci en

raison des nomreuses aréviations que comportait un manuscrit

rendant ce te=te diAicilement puliale tel quel.

M."K. Pontalis a pris soin d9avertir le lecteur de cette diAiculté O les

a>outs sont indiqués entre crochets et de nomreuses notes

s9emploient F >ustier le choi= de termes qui pourraient apparaQtre

comme contestales. 7ependant toutes ces préoccupations, très

louales du point de vue de l9édition, ne peuvent éviter le risque

d9orienter la compréhension du te=te de 'reud dans une direction

plut-t que dans une autre O il ne paraQt pas sans dan%er pour la

!aculté associative du lecteur de remplacer une aréviation, et

surtout un lanc, par tel ou tel terme. M. Rtrachey ne s9est

heureusement pas trouvé placé dans cette délicate situation, mais

nous connaissons pourtant les diAicultés qu9il a rencontrées pour

allier la méthodolo%ie ri%oureuse du traducteur F la méthodolo%ie

plus ouverte du commentateur, tout au lon% de la Standard Fdition.

1




Le commentaire ilio%raphique peut prendre certaines liertés,

en particulier celle de chercher F décoder en termes d9usa%e

contemporain une e=pression employée par 'reud F tel ou tel

moment de son œuvre, dans un sens que n9aurait point conservé

cette e=pression F notre époque. 7ette nécessité apparaQtra dans

l9étude de la seconde partie du manuscrit, comme nous le verrons

plus loin. Le commentateur revendique le droit F l9interprétation,

dans le sens qui lui paraQt !ondé O il accepte du mBme coup la

contestation de son point de vue propre. ais il est plus délicat pour

le traducteur d9assumer lui"mBme de telles responsailités. Le

lecteur est en mesure de se dé!endre asse clairement devant les

positions prises par le commentateur et aAirmées comme hypothèses

par ce dernier O il est lo%ique de considérer par contre que le

traducteur s9en tient strictement au te=te de l9auteur et il est lo%ique

de lui !aire conance en ce sens. Le r-le du traducteur n9a donc pas

été !acile dans le cas présent.

Nbersicht der !bertragunsneurosen déute par un re!

préamule destiné F préciser le ut de ce douième article de la

>étapsychologie, c9est"F"dire tenter de déterminer ce qui sépare les

névroses de trans!ert Uce que nous considérons de nos >ours, comme

les seules véritales névroses 2V des autres modèles de patholo%ie

mentale1+.

Les trois premiers !euillets de l9article Usoit si= pa%es en toutV sont

divisés en cinq para%raphes classés de « a » F « e » et consacrés au=

aspects diAérentiels de l9action du re!oulement, du contre"

investissement, de la !ormation sustitutive et du sympt-me, de la

!onction se=uelle, et enn de la ré%ression dans les trois !ormes de

névroses considérées comme typiques et dénommées F l9époque g

hystérie d9an%oisse 2, hystérie de conversion 2 et névrose

osessionnelle 2.

a7 e reoulement est considéré comme le résultat de la censure

opérant entre Inconscient et Préconscient dans les névroses

11






classiques, mais 'reud évoque le cas particulier de certaines

situations osessionnelles Usans doute moins névrotiques

structurellementV oT le re!oulement résulte de la censure séparant

conscient et préconscient O de mBme que sont si%nalées des entités

économiques Usans doute psychotiquesV oT le re!oulement cède le

pas au cliva%e. Les phoies sont décrites de leur c-té comme !aisant

surtout intervenir l9inhiition de l9aAect désa%réale avec une !uite

et un déplacement de la représentation. Reule l9hystérie de

conversion utilise pleinement et avec succès les avanta%es du

re!oulement.

b7 e contre%investissement manque dans ce que 'reud

dénomme hystérie d9an%oisse 2, et ne paraQt pas constituer une

caté%orie économique simple ni univoque. Il semle que nous nous

trouvions plut-t placés ici devant l9évocation d9états ai%us d9an%oisse

décrits par M."D. 5endrot et P."7. acamier et qui représentent des

situations encore indiAérenciées, de statut pré"névrotico"

psychotico"psychosomatiques 2 et entrant dans le cadre de eaucoup

d9états"limites. 'reud rapproche les mécanismes osessionnels de

ces situations oT l9an%oisse se voit encore mal diAérenciée,

cependant que la réussite du mécanisme hystérique est F nouveau

si%nalée.

c7 a ormation substitutive et la ormation de sympt9me

conrment le succès, dans le !onctionnement hystérique, de la !aEon

de traiter le retour du re!oulé O ceci ne se passe pas aussi !acilement

dans les modèles osessionnels de personnalité.

d7 e rapport avec la onction se$uelle !ait apparaQtre le r-le des

pulsions du moi dans le conit F c-té des pulsions liidinales. 7e

point de vue apparaQt comme asse clair dans les mécanismes de

type hystérique Uc9est"F"dire purement névrotiquesV, mais 'reud

oppose F ce modèle ce qui se produit dans les mécanismes

osessionnels oT le processus liidinal et le re!oulement >ouent un

moindre r-le et ce qui se produit aussi dans L9hystérie d9an%oisse 2

1#




en !aisant ré!érence au !utur chapitre I de la >étapsychologie

Uchapitre demeuré >usque"lF inconnuV O dans ces situations purement

an%oissantes, la pulsion se=uelle serait simplement tenue F l9écart,

comme impossile F Btre prise en compte et impossile aussi F se

voir traitée avec eAicacité par les mécanismes de dé!ense

classiquement névrotiques. Nous retrouvons lF une description de

l9économie décrite par les analystes contemporains des deu=

continents sous la dénomination de narcissique"limite 2.

e7 a régression conduit 'reud F prendre en compte un autre

modèle d9or%anisation dé!ensive de la personnalité, dénommé

hystérie 2 d9an%oisse. 'reud insiste sur la précocité de l9apparition

de tels aména%ements économiques, de mBme qu9il décrit comme de

nature nettement pulsionnelle la ré%ression oservée dans les

situations osessionnelles, cette !orme de ré%ression lui apparaissant

comme en rapport avec une incapacité d9articulation et d9inté%ration

de versants aAecti!s !oncièrement amivalents.

D la n du verso du troisième !euillet apparaQt un développement

marqué « », sans autre sous"titre, et destiné F discuter de la =ation

et de la prédisposition F tel ou tel type de choi= névrotique 2 Uc9est"

F"dire, en !ait, F telle ou telle !orme de personnalitéV. 7e

développement asse lon% cherche F déterminer comment se sont

passées les choses du point de vue de la psycho%enèse, mais il

semle que 'reud se sente un peu %Bné pour conduire plus avant

cette démarche et qu9une sorte de dérapa%e se produise asse vite

en direction d9hypothèses qui se voudraient d9ordre phylo%éné"tique

sans toute!ois nous convaincre tout F !ait de l9asence de prise de

conscience che 'reud des raisons de ce curieu= chan%ement de

prolématique. Il semle asse évident que 'reud, accentuant ici une

tendance pro>ective dé>F inau%urée, mais dans des conditions plus

comple=es, F propos de otem et tabou et utilisant les acquis de sa

récente étude sur le « Iarcissisme 2, se sente plus F l9aise pour

renvoyer sur la préhistoire de l9humanité les constatations d9ordre

1(




onto%énique que ses analyses Uet son auto"analyseV ont mis en

évidence au re%istre violent pré%énital. 9autre part 'reud n9a pas

encore, en 11*, dénoncé 2 l9illusion consistant F pro>eter sur un

passé 2 métaphysique Uou anthropolo%iqueV les vécus an=ieu= de la

première en!ance. 'reud hésite pour dénir une articulation

diachronique entre ses deu= %roupes pulsionnels capale de réduire

l9impasse de laquelle n9est >amais sortie la théorie des pulsions,

limitée F une opposition synchronique entre la liido et un autre 2

dynamisme O celui"ci chan%eant de dénomination avec les époques

sans permettre une conclusion con!orme F l9e=périence clinique Uou

intimeV de 'reud.

Il est admis que l9usa%e asse lar%e du terme de névrose 2 che

'reud ne se limite pas F l9évocation des situations cliniques que nous

considérons de nos >ours comme névrotiques 2 O les névroses

authentiques sont or%anisées sous le primat du %énital et dans le

cadre d9une prolématique ima%inaire trian%ulaire et œdipienne O

c9est ce que 'reud dénomme névroses de trans!ert 2. Pour 'reud

en 11*, les névroses 2, prises dans un sens %énéral,

correspondent pratiquement F l9ensemle de la patholo%ie mentale

e=plicale au re%istre psycholo%ique et non pas au re%istre

neurolo%ique et or%anique O les névroses narcissiques 2 sont de

toute évidence des psychoses. L9importance de la notion de

névrose 2, au sens propre, était essentielle pour 'reud O toute son

œuvre reposait sur ce postulat indispensale et lar%ement vérié. La

névrose 2 véritale correspond donc au cadre de l9onto%enèse

œdipienne avec le présupposé %énital que cela implique O au moment

oT les prolèmes des rapports entre pré%énital et %énital ne peuvent

plus Btre e=pliqués par le seul principe de l9après"coup 2, 'reud

appelle F l9aide le principe F la !ois sérieu= et éva"cuateur de la

phylo%enèse. Gn peut donc proposer de décoder, ici du moins,

préhistoire de l9humanité 2 en g déut de l9histoire individuelle 2,

c9est"F"dire ce qui a été vécu avant que l9élaoration ima%inaire

14




œdipienne ne soit encore parvenue F s9étayer solidement sur le

dynamisme instinctuel primiti! et F inté%rer ce dernier O 'reud a

souvent évoqué par la suite cette nécessité, mais sans nous !ournir

tou>ours toutes les précisions nécessaires.

'reud nous rosse dans les !euillets suivants un schéma

d9ensemle des conditions d9apparition des principales entités

cliniques rencontrées en psychopatholo%ie. 7e schéma apparaQt

comme tout F !ait inattendu, car on ne le retrouve nulle part dans

l9œuvre de 'reud et, d9autre part, il correspond en ien des points

au= hypothèses avancées de nos >ours du c-té de la nosolo%ie. 'reud

indique l9ordre chronolo%ique d9apparition des états d9an%oisse, des

névroses de trans!ert Uavec une place F part réservée F la névrose

osessionnelleV et des principales psychoses g schiophrénie et

parano:a O mais 'reud n9entend pas se contenter d9une description

clinique O il cherche F déterminer, selon un ordre inverse de celui des

moments d9apparition des sympt-mes, les moments oT se produit la

=ation dans chacune des diAérentes !ormes d9or%anisation

économique et psychodynamique de la personnalité.

'reud va mBme >usqu9F nous laisser entendre au recto de son +e

!euillet qu9une symptomatolo%ie hystérique ou osessionnelle

précoce peut correspondre F un état prépsychotique évoluant vers

une psychose !ranche par la suite, alors que la démarche inverse lui

semle impossile.

Il serait trop !acile de sourire F la lecture du passa%e oT 'reud

nous propose avec le plus %rand sérieu= l9ima%e d9une e=istence

préhistorique dans un monde capale de satis!aire F tous les esoins,

sans ré!érence F la réalité de l9état !œtal, ou ien aussi quand il nous

propose l9ima%e d9une époque %laciaire 2 de dénuement sans

ré!érence au= an%oissantes conditions de survie, inévitales après la

naissance, quand l9en!ant commence F assumer ses pro%ressives

e=périences d9autonomisation.

1*




La névrose 2 Uc9est"F"dire, ici pour 'reud, l9ensemle de la

patholo%ie purement mentaleV est présentée comme tirant ses

diversités des diAérents modes d9articulation pouvant se voir réalisés

entre les deu= prolématiques que 'reud dési%ne sous une !orme

sustantivée Uavec la ma>uscule allemandeV d9 Dncien 2 et de

Nouveau 2 Ucomme les deu= HestamentsV O ces deu= appellations

semlant correspondre au= deu= li%nées économiques décrites par la

suite par K. 5runer%er g la li%née narcissique, pré%énitale, d9une

part UNarcissisme " idéal du moi"lessure narcissique " honte "

an%oisse de perte d9o>et " dépressionV et la li%née %énitale d9autre

part U6dipe " surmoi " conit %énital " culpailité "an%oisse de

castration " sympt-me névrotiqueV. La nosolo%ie psychanalytique

peut en eAet Btre comprise comme répondant au= diAérentes !ormes

possiles d9articulation de la prolématique liidinale sur la

prolématique narcissique O 'reud l9envisa%e clairement ici en 11*.

Les derniers !euillets de Nbersicht der !bertragunsneurosen

passent en revue si= hypothèses concernant les aléas du passa%e de

l9économie pré%énitale U%laciaire, patriarcale, !orcément violenteV F

l9économie liidinale Usociale, civilisée, éventuellement a%ressiveV.

La première hypothèse évoque l9an%oisse de la réalité menaEante

et annonce dé>F, au"delF mBme de la pensée de W. Draham, l9idée de

la phrase 3leinienne persécutoire précoce. La seconde hypothèse

touche F la relation F la mère narcissique donc F l9idée 3leinienne

é%alement d9un moment anaclitique et dépressi!. L9hypothèse

suivante concerne le passa%e de la violence F l9a%ressivité sous le

couvert des pro%rès des activités intellectuelles et du lan%a%e,

pro%rès liés pour 'reud F la !onction paternelle O 79est dans ce climat

qu9apparaQt la menace de castration d9oT découle l9hypothèse de

l9homose=ualité dé!ensive entre !rères, dont l9élaoration échoue

dans les cas évoluant vers la parano:a. La dernière hypothèse émise

dans ce !euillet est é%alement asse %éniale O elle envisa%e

l9apparition de la mélancolie et de la psychose maniaco"dépressive,

1+




d9une !aEon plus %énérale encore que deuil et mélancolie 2, c9est"F"

dire comme résultant non pas de processus d9ordre psychotiques

dé>F =és mais d9une dé!aite plus tardive des dé!enses

antidépressives, évoluant secondairement seulement vers la

psychotisation.

/n résumé de l9article occupe les deu= derniers !euillets O 'reud y

tire la conclusion que les névroses authentiques s9or%anisent en

réaction F une phrase dépressive U le dénuement de l9époque

%laciaire 2V, alors que les psychoses s9or%anisent au stade plus

primiti! de la violence U la répression e=ercée par le père 2 au

re%istre narcissique et non encore %énitalV. 'reud distin%ue donc ici

une étape de rivalité pour le simple droit F la vie Uétape

patriarcale 2V.

Les hésitations que 'reud reconnaQt F ce moment de sa rée=ion

portent sur le r-le imparti F la diAérenciation se=uelle au niveau de

l9une et l9autre de telles étapes. Il s9interro%e sur le destin des !rères

aQnés castrés UPhilippe et @mmanuel 0V par rapport au sort privilé%ié

du plus >eune ls URi%mund 0V qui, lui au contraire, pourrait devenir

père. ?uant au destin de la !emme, celui"ci nous est caché par une

oscurité spéciale 2 U!euillet 11V. @t 'reud termine son douième et

dernier !euillet sur sa certitude de n9avoir réalisé dans cet article

qu9une toute première étape 4Anang7 dans la compréhension des

!acteurs considérés ici comme d9ordre phy"lo%énétique.

La lecture de ce te=te asse étonnant ne peut manquer d9évoquer

un certain nomre de rée=ions qu9il n9est pas possile de

développer lon%uement ni mBme d9énoncer dans leur totalité dans le

cadre d9un article F visée avant tout ilio%raphique. Limitons"nous

donc F quelques remarques dans ce premier temps destiné F si%naler

un article d9importance dans l9œuvre de 'reud, tout autant par les

hypothèses que cet article ren!erme que par le re!oulement de ces

hypothèses opéré aussit-t par 'reud en en re!usant la pulication g

1&




1 Y Le titre du manuscrit ne rend compte que d9une partie du

contenu du travail O ce !ait n9est pas rare che 'reud. La plus %rande

partie de l9article est consacrée en eAet F une étude comparative des

diAérentes !ormes de psycho%enèse rencontrées en

psychopatholo%ie ien au"delF des seules névroses de trans!ert. Gr

'reud avait envisa%é, F un certain moment, de donner le mBme titre

F l9ensemle des doue articles qui devaient composer l9ouvra%e de

>étapsychologie. 7eci montre l9importance accordée par 'reud, en

11*, F sa vision asse prophétique de l9ensemle des

psycho%enèses O d9autre part du terme d9!bersicht dérive !bersicht%

"eit Ula presytieV ce qui évoque une nécessité de prendre un certain

recul par rapport F l9o>et visé, F partir d9un certain S%e U'reud avait

alors * ansV, pour mieu= cerner l9essentiel de cet o>et.

Le sous"titre de Lerbereitung dési%ne un état préparatoire, une

éauche, l9état actuel d9avancement d9une œuvre Ude peinture,

sculpture ou littératureV non encore achevée, mais dont les li%nes

directrices se voient dé>F clairement représentées.

7ette vue d9ensemle demeurée inachevée, et laissée de c-té

Umais >amais reniéeV, revBt donc un intérBt tout particulier dans

notre eAort de compréhension de l9évolution de la pensée de 'reud

et des arrières intimes qu9il rencontra pour développer certaines

hypothèses par!aitement entrevues.

# Y Le manuscrit qui vient d9Btre retrouvé met en évidence la

par!aite connaissance que 'reud avait des repères diAérentiels

e=istant, tant du point de vue économique que du point de vue

psycho%énétique, entre les principales entités nosolo%iques

rencontrées en psychopatholo%ie g Névroses narcissiques 2

UPsychosesV, situations osessionnelles Uqui ne peuvent Btre réduites

au cas de la névrose 2 osessionnelle O avec les particularités

rappelées par D. 5reen en 1+4 F propos de ces %enres de

personnalitésV, hystérie sous tous ses aspects Uen dénitive seule

!orme pure et réussie de névrose de trans!ert 2V, situations

18




précoces et instales d9an%oisse essentielle, avec une prise en

char%e tout F !ait prémonitoire des déciences du oi appelées

actuellement personnalités narcissiques 2 par les auteurs an%lo"

sa=ons et correspondant au= états"limites 2 des auteurs européens

Uet non au= orderline américains, qui sont en réalité souvent des

prépsychotiquesV.

( Y L9évidence des similitudes de ce manuscrit avec otem et tabou

ne doivent pas nous !aire oulier une diAérence asse radicale

e=istant entre les deu= te=tes. Du 7on%rès de keimar, en 111,

'reud annonEait en préparant otem et tabou qu9une %rande

quantité de choses ouillonnait dans UsaV tBte 2. @n 11# il annonce

le te=te F venir comme son plus important, son meilleur et son

dernier travail 2 O mais en >uin 11( il reconnaQt qu9il a été contraint

intérieurement F introduire dans son ouvra%e quelques passa%es

léniants 2. Du moment oT il termine la pré!ace de otem et tabou,

en septemre 11(, il a dé>F rédi%é un plan complet de son article

sur le Narcissisme.

7e travail sur le Narcissisme marque donc l9étape qui sépare

otem et tabou, de l9article qui nous intéresse ici. ans l9ouvra%e de

11(, comme dans l9article de 11*, 'reud ne peut opérer un déni de

sa connaissance et clinique et personnelle de la violence primitive

liée F l9instinct de survie. ans otem et tabou il cherche F e=pliquer

cette violence relationnelle entre adultes et en!ants par la rivalité

%énitale œdipienne. ais il n9est pas satis!ait par ce %lissement

>ouant un r-le léniant 2 Udit"il lui"mBmeV, F cet éta%e

psycho%énétique, alors que cette prolématique lui est tellement

utile pour comprendre des conits plus tardi!s. Il travaille alors sur

le Narcissisme 2 et cette recherche en !aisant entrevoir l9hypothèse

d9une prolématique antérieure F la prolématique %énitale aoutit

lo%iquement au pro>et du douième chapitre de la >étapsychologie.

ans ce travail la violence primitive se verra aordée sans aucune

réérence ' l#@dipe. Le terme n9est >amais utilisé. 7omme l9a !ait

1




remarquer 5. arcourt, dans le premier travail proposé en 'rance

sur le manuscrit de 11*), il ne sera plus possile de ré!uter les

hypothèses émises F propos d9un premier temps, non encore %énital

et de pure violence narcissique, inau%urant l9ensemle de

l9ima%inaire œdipien g tuer le père ou Btre tué par lui, pour une

simple question de survie et non encore en raison d9une rivalité

%énitale. 7ette hypothèse est clairement e=primée par 'reud dans un

te=te actuellement en notre possession et que nous ne pouvons plus

i%norer.

4 Y ans la mesure oT il a été mis en sommeil ce te=te de 11*

n9a pu énécier d9une reprise ni d9une re!onte par 'reud après la

démonstration de 1#& sur le r-le de l9illusion dans la pro>ection

rassurante sur un passé phylo%énétique de constructions ima%inaires

destinées F annuler les séquelles aAectives laissées che l9adulte par

les an%oisses les plus primitives de la toute petite en!ance.

Il nous appartient F nous qui possédons actuellement les deu=

te=tes d9opérer cette liaison avec les mécanismes décrits par 'reud

dans #avenir d#une illusion. Nous serons davanta%e F mBme de

comprendre alors F la !ois ce qu9a voulu nous dire 'reud sous le

couvert de son esoin de proposer des supposés anthropolo%iques

qui sortaient de la prolématique psychanalytique et pourquoi il n9a

pas été satis!ait de ce %lissement méthodolo%ique. La réponse se

trouve dans le te=te de 1#&.

* Y Nous ne pouvons donc plus méconnaQtre la connaissance par

'reud de l9e=istence de deu= %énérations de conits œdipiens g celui

d96dipe au 7ithéron et celui d96dipe après sa latence F

1. 5. arcourt, La !ace violente de l96dipe 2 U7ommunication

au= CIIIe Mournées occitanes de Psychanalyse, Kordeau=, 18+V. Paru

dans +sychanalyse ' l#5niversité, 1, t. 1*, n *8.

7orinthe O il nous !aut, en plus, envisa%er les articulations

possiles, heureuses ou diAiciles, entre ces deu= %énérations de

11




conit O et ceci éclaire l9ensemle de notre rée=ion

psycho%énétique.

+ Y Nous ne pouvons plus méconnaQtre non plus la doule

polarité des préoccupations !reudiennes, celles qui étaient du ressort

de la métapsycholo%ie et qui nous ont tou>ours été évidentes, mais

aussi celles qui apparaissent ici comme de l9ordre de la

psycho%enèse, et dont nous avons si souvent cherché F éviter la prise

en compte.

& Y /ne lacune 2 demeure cependant évidente au milieu de

l9ensemle des hypothèses avec lesquelles s9aAronte 'reud en 11*.

Kien qu9il ne soit plus réduit F une rivalité se=uelle, le comat

san%lant entre %énérations se voit encore présenté comme se

limitant au= pères et au= ls. Gr la rivalité narcissique concerne tout

autant les mères que les pères, et les lles que les ls. /n nomre

asse restreint certes, mais tout F !ait évident de mythes antiques

s9emploient F étendre au continent noir 2 !éminin ces mBmes

prolématiques an%oissées de survie, avec les réactions dé!ensives

éventuellement meurtrières Umais >amais sadiquesV qui en découlent.

8Y11 resterait, en plus, F nous interro%er sur les raisons qui ont pu

conduire 'reud F aandonner le pro>et de pulication de cet article

tout F !ait e=ceptionnel Uau sens étymolo%ique du termeV.

9autres travau= de 'reud nous sont restés inconnus. @n

particulier des travau= portant é%alement sur la >étapsychologie.

7onservons"nous quelques chances d9en retrouver la trace un >our 0

Nbersicht der !bertragunsneurosen se présente comme letroisième travail de 'reud non pulié mais retrouvé par la suite. Le

premier travail non pulié puis retrouvé est L9esquisse d9une

psycholo%ie scientique 2 O il y est eaucoup question de savoir

comment pourrait se voir ré%lé, che un Btre humain, le sort de

l9e=citation 2. Le second travail avait été coné au père du petit

$ans et n9a été pulié qu9en an%lais tout d9aord Uet sous une !orme

e=pur%éeV en 14#. Rous le préte=te d9étudier comment sont

111




présentés les personna%es psychopathiques sur la scène 2, 'reud

constate qu9il ne !aut pas e=pliciter trop directement au pulic les

mani!estations de la violence humaine. L9article de 11* se présente

comme le troisième retour posthume d9un essai F la !ois de

compréhension et d9évacuation Upar le %lissement sur la préhistoire

collective et par la non"pulication d9autre partV des rée=ions de

'reud F propos d9une notion qu9il ne pouvait ni aorder très

clairement ni présenter trop clairement non plus F ses semlales g

la violence ori%inelle avec ses diAérents eAets possiles sur les

conditions d9élaoration du narcissisme primiti! en direction d9une

prolématique ima%inaire de modèle hystérique.

Il me paraQt intéressant de remarquer, comme l9a !ait . 'ain, la

diAérence d9attitude mani!estée par 'reud F l9é%ard de te=tes qu9il a

lui"mBme détruits parce qu9il les considérait comme sans intérBt et

de te=tes qu9il a simplement mis en latence 2 en les conant pour

tout un temps F d9autres, comme s9il était conscient F la !ois de leur

pertinence et de leur trop %rande précocité vis"F"vis de l9état

d9avancement d9une élaoration théorique qu9il n9entendait énoncer

qu9avec ri%ueur, étaya%e et pro%ressivité.

11#



"eu7ième partie La métapsychologie

interrogée



1. Les pulsions dans la métapsychologie

d0au8ourd0hui 19

Il peut paraQtre F première vue asse curieu= de voir posé souvent

asse clairement le prolème d9une éventuelle remise en question de

la métapsycholo%ie !reudienne, alors qu9on semle se soucier

eaucoup moins par contre d9une remise F >our et au clair tout F !ait

indispensale de notre !aEon de concevoir la psycho%enèse.

Nous nous employons en eAet, depuis les ori%ines du mouvement

psychanalytique, et F partir des horions %éo%raphiques ou

conceptuels les plus divers, qui F mieu= dénir, qui F commenter, qui

F compléter, qui F par!aire, qui F prolon%er, quelques"uns F

interro%er, un petit nomre F contester les hypothèses métapsy"

cholo%iques !reudiennes. Gr, d9un autre c-té, un voile pudique

semle >eté sur ce qui continue F %urer comme la !orme d9un

ien"penser 2 évoluti!, demeuré pour l9essentiel con!orme au=

conceptions psychanalytiques du déut du siècle.

Pourtant, ce qui représente l9essentiel de la rée=ion

psychanalytique doit tou>ours partir de l9e=amen de la situation

clinique, e=amen nécessitant lui"mBme Uet avec une certaine

constance et avec un certain acharnementV une étude ri%oureuse et

sans a priori conventionnel de ce qui constitue une historicité F

travers les propres détours et surtout dans les propres répétitions de

celle"ci.

114





1. Les pulsions dans la métapsycholo%ie d9au>ourd9hui1&

7ette !aEon de procéder demeure utile mBme dans les situations

oT l9historicité revBt l9aspect Uparado=al en apparence seulementV de

la !ameuse reconstruction après coup 2. /n tel concept apparaQt

comme tout F !ait valale, mais on s9en est servi par!ois pour se

dé!endre contre l9importance de !acteurs historiques réels trop

inquiétants qui sont présents dans toute histoire. Il en est ainsi tout

autant dans l9histoire personnelle de 'reud Uaussi édulcorée ait"elle

été par la suiteV que dans celle de nomre de ses successeurs O et

ceu="ci ont tendance en plus F s9identier F 'reud, avec tous les

systèmes déné%ati!s et toutes les idéalisations que l9on sait.

/n re%ard porté sur notre conception actuelle de la

métapsycholo%ie déouche oli%atoirement sur un vaste tour

d9horion sur notre pratique, sur notre !aEon de vivre et d9interpréter

la situation psychanalytique. /ne telle rée=ion, mal%ré tout ce qui a

été déclaré, sur un ton souvent trop péremptoire pour ne pas

paraQtre dé!ensi!, ne peut !aire astraction du point de vue

%énétique. Rans la prise en compte du point de vue %énétique, toute

élaoration théorique ne peut en eAet apparaQtre que comme

oiteuse.

Houte attitude vraiment psychanalytique conduit F penser que le

si%ne est tou>ours respectale et doit Btre pris en compte, F

condition seulement de ne pas con!ondre le re%istre du si%ne avec le

re%istre pro!ond de sa causalité et F condition de se limiter dans

l9e=amen du mani!este F la recherche d9une voie d9accès au latent,

parmi d9autres e=ploitations possiles. Pourquoi donc ne pas

accepter d9entrer dans le >eu qui nous est sans cesse proposé parla

clinique 0 Pourquoi ne pas accepter ainsi de discuter très

sérieusement de la métapsycholo%ie, quitte F nous retrouver ensuite

devant l9évidence d9une remise F >our et d9une remise en cause de

nos points de vue les plus traditionnels portant sur la psycho%enèse 0

Pour ne pas rester trop en sur!ace, >9entrerai plus directement en

rée=ion sur un secteur des plus importants de la métapsycholo%ie g

11*




la théorie des pulsions. 7e secteur implique des positions préalales

dé>F asse précises tant sur le re%istre de l9économie que sur les

re%istres de la topique et de la dynamique O il restera F déterminer

ensuite ce qui peut résulter de telles rée=ions comme conséquences

F tirer du point de vue de la psycho%enèse.

/n 7olloque de l9Dssociation psychanalytique de 'rance posait la

question g La pulsion pourquoi !aire 0 2 Les positions e=primées

remettaient en cause ien des points considérés >usqu9F nos >ours

comme constituant les ases de la dénition des pulsions che

'reud. Pour M. Laplanche le prolème de l9ori%ine de la pulsion serait

F réévaluer dans une optique tout F !ait diAérente, celle de l9o>et"

source de la pulsion O cet o>et"source se verrait pro%ressivement

constitué F partir des stimulations e=ercées de !aEon permanente et,

de l9intérieur du su>et, par les représentations de choses re!oulées.

. kidl-cher se demande si une métapsycholo%ie des actes mentau=

ne suAirait pas F rendre compte de l9or%anisation et des nalités des

pro%rammes d9action, sans avoir esoin d9utiliser la notion de

pulsion. . Dnieu pour sa part tient F maintenir l9usa%e du concept

de pulsion et >ustie cette nécessité par des raisons opératoires

d9ordre clinique et thérapeutique davanta%e que d9ordre

métapsycholo%ique, en accordant une %rande importance au moi

corporel comme F son enveloppe psychique. e diAérents c-tés on

semle contester Upar!ois avec moins de nuances que nos collè%ues

de I9ap!V les points de vue successivement a>outés les uns au= autres,

F partir des positions !reudiennes en matière de pulsions 2, sans

tenir compte du l directeur constant présent dans la pensée de

'reud. 7ette multiplicité des pulsions 2 e=ploitées dans tous les

sens n9est sans doute pas étran%ère F un récent esoin de

nettoya%e 2 de l9état auquel est arrivée la théorie des pulsions O il

serait !Scheu= cependant de >eter l9en!ant avec l9eau du ain 2 et

d9aandonner du mBme coup ce qui constitue l9essentiel de la

dynamique !reudienne.

11+




:uelques mises au point

Il est ien anal de rappeler que 'reud considérait une théorie

des pulsions comme essentielle F la compréhension de la situation

analytique et de rappeler en mBme temps que 'reud ne s9est trouvésatis!ait d9aucune des conceptions successives qu9il a lui"mBme

proposées en matière pulsionnelle.

Les citations possiles aondent en la matière F ces deu=

niveau= O elles %urent en liminaire de tous les développements

portant sur les théories !reudiennes des pulsions. 7ontentons"nous

d9une ré!érence F un passa%e de >a vie et la psychanalyse U1#*V g

Ducun esoin ne se !ait sentir en psycholo%ie de !aEon pluspressante que celui d9une doctrine des instincts asse lar%e pour

qu9on puisse sur elle continuer F Stir. ais nous n9avons rien de

semlale, la psychanalyse doit s9eAorcer, F tStons, d9en acquérir

une. 2

7ette position de 'reud constitue pour nous un encoura%ement F

la recherche O la date de cet écrit et les termes employés par 'reud

nous montrent toutes les incertitudes qui demeuraient encore dansson esprit UmBme après le vira%e opéré en 1# en direction de

l9hypothèse de la pulsion de mortV tout autant qu9une invitation F

dépasser cette position, encore insatis!aisante.

Rommes"nous allés eaucoup plus loin par la suite 0 /ne étude

asse panoramique, et asse attentive au= oscillations de 'reud et F

la nature de son souci épistémolo%ique, ne semle pas avoir été

proposée O on a vu se multiplier par contre le nomre des pulsions 2 prises en compte de !aEon séparée et souvent conEues

comme opérant au mBme niveau O après nous Btre trouvés en

présence des pulsions classiques Upulsion se=uelle, pulsion

d9autoconservation, pulsion du moi, pulsion de vie et pulsion de

mortV, nous voyons s9a>outer F cette liste dé>F !ort lon%ue les notions

de pulsion partielle et pulsion totale, ce qui n9a>oute pas vraiment de

nouvelles pulsions 2 en soi O mais nous assistons par ailleurs F la

11&




naissance des concepts de pulsion d9emprise 2 et de pulsion

d9a%ression 2 dont on discutait d9ailleurs dé>F autour de 'reud, mais

sans que ces notions aient connu alors le statut tout F !ait oAiciel qui

semle leur avoir été concédé depuis quelques années, comme si ces

notions allaient de soi, sans qu9une rée=ion asse conséquente ait

pu déterminer la nécessité d9une telle multiplication. Me me limite

d9ailleurs F énumérer ici les appellations les plus courantes.

Hout se passerait, somme toute, comme si, devant l9insatis!action

éprouvée pour dénir des données théoriquement simples et claires

et !onctionnellement réalistes en matière d9économie pulsionnelle, il

était possile d9éviter une remise en question plus pro!onde, portant

sur les raisons mBmes de l9insatis!action ainsi éprouvée et comme s9il

était possile d9échapper F l9an%oisse ressentie F la pensée de lever

des ami%u:tés, en recouvrant un édice conceptuel incertain d9une

oriture de dénominations nouvelles.

Proposer des dénitions simples et claires dans le domaine de la

métapsycholo%ie, et mettre en avant des hypothèses simples et

claires, n9implique nullement pour autant la réduction de prolèmes

comple=es F des !ra%mentations simplistes tout autant dé!ensives

que la multiplication des complications lan%a%ières. Parler en termes

simples et clairs, tout en respectant les multiples aspects et les

diAérents niveau= des !acteurs entrant en >eu dans tout phénomène

psychique, nécessite autant de prudence méthodolo%ique que de

lierté aAective vis"F"vis du phénomène étudié.

Ri ce dernier procès est diAicile F !aire F autrui sans mériter soi"

mBme, F un moment ou F un autre, l9accusation de !atuité, la

prudence méthodolo%ique par contre peut se reconnaQtre F un

certain nomre de précautions dont la liste ne peut Btre limitée mais

dont les principales touchent F l9évidence dans le domaine pulsionnel

en particulier. Gn peut se sentir %Bné d9avoir F les rappeler.

La première précaution nécessaire F une clarication de la

théorie des pulsions consiste F ne pas con!ondre les niveau=

118




d9élaoration au=quels est parvenue Uou nonV la recherche des uts

pulsionnels O il e=iste des uts tout F !ait élémentaires et

irréductiles, =és F une unicité du modèle relationnel F l9o>et O

c9est le cas de tout le %roupe des poussées ran%ées haituellement

sous l9appellation de pulsions d9autoconservation 2 O mais ce n9est

pas certainement le cas de ce qu9on dési%ne souvent sous le terme

de pulsion d9a%ression 2, car une telle élaoration de toute

évidence secondarisée du ut pulsionnel implique le concours de

plusieurs composantes téléolo%iques g le ut de nuire F l9o>et et le

ut d9un tirer en mBme temps une satis!action d9ordre liidinal. Il est

donc tout F !ait impossile de mettre sur un mBme plan d9opposition

dialectique, F une étape qui serait synchronique, une pulsion

élémentaire et une pulsion secondarisée, amivalente, contenant

dé>F une partie de l9autre terme d9opposition, c9est"F"dire de la

première pulsion Uqui demeure, elle, élémentaireV.

ans un tel ordre de précision, il est nécessaire de réserver une

place tout F !ait particulière F la pulsion se=uelle g en eAet la pulsion

se=uelle peut Btre considérée comme élémentaire c9est"F"dire comme

correspondant F une unicité de ut, mais on ne peut toute!ois

re%arder la pulsion se=uelle comme première chronolo%iquement

puisqu9elle n9entre en activité qu9après étaya%e sur les instincts

d9autoconservation O il ne s9a%it lF ni d9une contradiction, ni d9un

parado=e. @n matière de pulsions comme en matière de !antasmes

archa:ques, il y a lieu de ne point con!ondre ce qui touche au=

représentations !antasmatiques des ori%ines certes et ce qui se

présente par ailleurs comme réellement primiti!. La pulsion se=uelle

e=iste potentiellement dès la naissance O elle est donc ori%inaire 2

en cela, mais elle ne devient eAiciente qu9un peu plus tardivement,

après avoir commencé F inté%rer les dynamismes primiti!s 2 dé>F

acti!s au niveau des instincts d9autoconservation. La pulsion se=uelle

est donc, si l9on veut, primitive 2 dans son e=istence mais

seulement secondaire 2 chronolo%iquement dans sa mise en

11




œuvre. 7ette distinction est !ort importante pour comprendre la

conictualisation d9ordre diachronique et non pas syn"chronique

e=istant entre ces deu= dynamismes instinctuels ori%inaires et

élémentaires g pulsion se=uelle d9une part et instincts

d9autoconservations d9autre part.

/ne seconde précaution indispensale F une clarication de

l9approche de la théorie des pulsions implique l9intérBt de distin%uer

la !aEon dont est traité l9o>et au sein du mode relationnel utilisé. Gn

ne peut en eAet pas opposer F un niveau synchronique des pulsions

supposant une relation d9o>et contemporaine de l9étape narcissique

Upulsions dites d9autoconservation 2 ou pulsions dites du moi 2V

avec des pulsions correspondant F un moment oT le primat

relationnel s9est étali sous l9inuence du modèle ima%inaire %énital.

Gn pourrait en dire tout autant de la dialectique portant sur

l9opposition étalie F partir des diAérentes sources pulsionnelles.

7omment en eAet apparaQtrait"il possile d9opposer de !aEon syn"

chronique une poussée prenant sa source sur une one éro%ène

%énitale et une poussée correspondant F un esoin e=primé soit au

niveau d9un or%ane de nature vitale ou ien F une représentation

ima%inaire e=primant un dan%er vital, ces deu= sources pulsionnelles

traduisant en termes d9économie et de dynamique mentale des

esoins d9ordre essentiellement narcissique.

Gn m9o>ectera sans doute ce que depuis lon%temps on a cherché

F montrer l9impossiilité de séparer radicalement l9économie

narcissique de l9économie liidinale. Ri on se limite F cette

aAirmation sans apporter des précisions essentielles, on risque

d9opérer une simplication qui loin de se montrer éclairante apparaQt

au contraire comme réductrice. Gn peut parler en eAet de la réelle

continuité entre les investissements narcissiques et liidinau= mais il

semle impossile de prendre en compte, au re%istre de la théorie

tout autant qu9au re%istre de la clinique, une dialectique de nature

synchronique entre les investissements narcissiques et les

1#




investissements o>ectau=. Les conits comme les passa%es e=istant

entre les premiers et les seconds modes d9investissement demeurent

tou>ours de l9ordre des rapports diachroniques et non pas de l9ordre

des rapports synchroniques. Il s9a%it d9une dialectique mettant en >eu

deu= niveau= %loau= de poussées, deu= étapes d9élaoration

pulsionnelle, deu= %énérations !ort diAérentes %énétiquement de

dynamismes, aussi ien en ce qui concerne le mode de

représentation o>ectale qu9en ce qui concerne la coloration des

aAects.

Les conséquences de ces diAérentes mises en %arde vont

déoucher sur l9oli%ation d9aAiner et de clarier notre

terminolo%ie g lence et F s9étayer en mBme temps sur les !orces

primitives d9autoconservation. 7ette position conceptuelle a été celle

que 'reud a e=primée d9une !aEon permanente tout au lon% de son

œuvre. 7omment utiliser alors le terme de pulsion 2 pour dési%ner

les !orces les plus primitives d9autoconservation 0 Il serait sans doute

pré!érale d9adopter la position proposée par 'reud en particulier F

la n du chapitre CI de son travail sur L9inconscient 2 U11*V ainsi

qu9F la n de l9oservation de L9$omme au= loups 2, et de

s9attacher F ne dénir que comme instincts 2 les poussées

élémentaires d9ordre narcissique primaire reposant sur une

nécessité de sauver la vie, le moi, l9autonomie relationnelle et

déouchant nalement sur les capacités d9identité primaire.

Hout épanouissement de la pulsion 2 implique un étaya%e sur 19

instinct 2 et suppose du mBme coup qu9F l9étape ima%inaire

instinctuelle primitive l9an%oisse d9anéantissement aura pu Btre

suAisamment maQtrisée pour que l9inté%ration de 19 instinct 2 au

sein de la pulsion 2 se voit réalisée.

#Y11 semle nécessaire de ne créer des termes nouveau= que

pour dési%ner des notions vraiment nouvelles. 7ette proposition peut

paraQtre superue O il s9a%it d9éviter de somrer dans une con!usion

des lan%a%es, comme au sommet de la tour de Kael, ce qui ne

1#1




!avorise nullement l9écoute d9une lan%ue !ondamentale 2 au sens

oT l9entendait 'reud dans le cas Rchreer.

Par contre, dans le mBme souci de ne pas tomer dans l9aus des

néolo%ismes, nous devons !aire !ace F une tentation plus sutile g

celle de multiplier non plus les caté%ories elles"mBmes, mais

simplement les sous"caté%ories spéciques. /ne telle démarche peut

se lé%itimer scientiquement, mais F la condition préalale de mettre

en évidence dans nos dénitions qu9il s9a%it ien de sous"caté%ories

diAérentes et non pas des caté%ories %loales et élémentaires

proprement dites dont le nomre demeure tout F !ait restreint.

éduire les variétés de caté%ories de dynamismes instinctuels ou

pulsionnels et en préciser la nature, le niveau élaorati! et

relationnel, comme les sources ou les uts, découle d9un souci de

clarté O cette attitude ne serait réductrice que si elle éliminait toute

possiilité de cloisonnement et de continuité, ne serait"ce qu9en

!onction des étapes du développement, F des niveau= diAérents, au

sein des caté%ories principales O mais il semlerait tout aussi !Scheu=

de ne pas dénir les diAérences de niveau caté%oriel, car con!ondre

le niveau d9un %roupe pulsionnel avec le niveau d9un de ses propres

sous"%roupes ou avec le niveau d9un sous"%roupe appartenant F un

autre %roupe pulsionnel d9ensemle nous ramènerait au dan%er de

con!usion.

Il serait sans doute lo%ique de rassemler dans le mBme %roupe

%énéral des instincts de conservation reposant sur un primat

narcissique, des constructions ima%inaires susidiaires comme les

instincts du moi 2 ou mBme, ce qu9on entend sous la dénomination

d9 instinct d9emprise 2, pour une onne part du moins du champ

considéré comme couvert par l9ensemle de ce concept.

Les diAicultés semlent eaucoup moins sérieuses du c-té du

%roupe des pulsions se=uelles F condition seulement de ne pas

considérer comme des caté%ories élémentaires les simples aléas de

la liido ou ses mélan%es comple=es résultant d9une carence inté"

1##




%rative au moment de l9étaya%e sur les instincts de conservation, ces

instincts demeurant de nature seulement violente et non pas dé>F de

nature a%ressive 2.

( Y /ne clarication de la théorie des pulsions devient alors

nécessaire pour mettre en valeur les aspects économiques et

dynamiques !ondamentau= qui constituent la ase de toute la

métapsycholo%ie et éviter F celle"ci de ne constituer qu9un discours

de plus autour de la situation analytique.

/ne clarication de la théorie des pulsions passe oli%atoirement

par la mise en question de notions qui sont demeurées relativement

imprécises, du temps de 'reud comme che la plupart des auteurs

qui se sont répartis dans les diAérentes tendances post!reudiennes.

Il s9a%it de se demander ici si les termes de pulsion a%ressive 2, de

pulsion de destruction 2 et mBme de pulsion de mort 2 ou de

pulsion de vie 2 peuvent Btre utilisés sans de %rands dan%ers de

con!usion, non seulement sur le niveau d9e=ercice des phénomènes

dont on entend ainsi rendre compte, mais de con!usion portant aussi

sur la nature mBme U pulsionnelle 2 ou nonV de tels phénomènes.

La mort en métapsychologie

Les dénominations qui viennent d9Btre évoquées sont liées au

postulat de l9e=istence d9une pulsion de mort 2. La notion elle"

mBme de pulsion de vie 2 peut semler corrélative, dans la

dernière théorie !reudienne, des pulsions, du r-le imparti F la

pulsion 2 de mort. 7ette dualité n9apporte rien de très nouveau par

rapport au= r-les antérieurement impartis d9une !aEon séparée au=

pulsions de conservation d9une part et au= pulsions se=uelles de

l9autre. La pulsion de destruction 2 est dénie d9autre part comme

la partie de la pulsion de mort 2 qui se tourne vers l9e=térieur en

passant par les dynamismes physiques O quant F la notion de

pulsion a%ressive 2, 'reud s9estime très satis!ait en 1(( d9en

1#(




accepter enn l9hypothèse comme résultant d9une diAérenciation des

uts de la pulsion de mort 2.

Nous sommes donc conduits F e=aminer F quoi peut correspondre

cette très épineuse notion de pulsion de mort 2, et F discuter mBme

son statut de pulsion 2, avant de pouvoir conclure au ien"!ondé

des pulsions 2 qui n9en constitueraient que des dérivés.

La notion de pulsion de mort 2 a pris dans la n de l9œuvre de

'reud une importance telle que ce dynamisme a été par!ois présenté

par certains auteurs comme le plus !ondamental de tous les

mécanismes pulsionnels. Pourtant les dénitions que 'reud nous a

données de la pulsion de mort 2 ont souvent varié O il s9a%it tant-t

d9un statut pulsionnel con!éré au= tendances a%ressives, tant-t d9une

conséquence du principe de Nirvana, d9un souci de retour F l9état

éro, tant-t encore d9une !orme de mani!estation de la compulsion de

répétition, tant-t enn d9un élément de déliaison.

Gn notera tout de suite que la dernière théorie !reudienne des

pulsions apparaQt comme hésitante, puisqu9il est nécessaire d9en

donner autant de >ustications diAérentes et, en de nomreu= points,contradictoires.

La ré!érence au principe de Nirvana semle a priori !ort curieuse

et plut-t que d9entrer dans une prolématique qui n9est pas la n-tre

pour discuter du ien"!ondé ou non de telle ou telle partie du

raisonnement développé autour de cette hypothèse, contentons"nous

de reconnaQtre que nous ne nous trouvons plus, F ce propos du

moins, dans le cadre strict de la métapsycholo%ie et que nous venonsde mettre un pied dans le domaine de la métaphysique. 'reud s9était

!ait !ort %rSce F une méthodolo%ie ri%oureusement psychanalytique,

de transposer en termes métapsycho"lo%iques des parties de plus en

plus conséquentes des domaines >usque"lF considérés comme d9ordre

métaphysique. 7omment ne pas Btre surpris de constater ici une

démarche orientée en sens inverse 0 9une !aEon %énérale, ceu= des

psychanalystes qui opèrent des %lissements en direction du re%istre

1#4




de la philosophie ne sont pas reconnus comme très compétents par

les spécialistes de cette discipline. Les prolématiques et les

méthodolo%ies en >eu demeurent !ort diAérentes.

/ne autre conception de la pulsion de mort 2 touche F la

!onction déso>ectalisante présentée par D. 5reen en opposition F la

!onction o>ectalisante 2 de la pulsion de vie, !ondatrice de la

relation d9o>et et située ainsi très près de l9instinct violent primiti!

dont >e n9ai cessé par ailleurs de postuler l9e=istence.

/ne !aEon haituelle de se représenter la pulsion de mort

apparaQt comme très proche de la notion de compulsion de

répétition O cette conception demeure dans le cadre de la

métapsycholo%ie mal%ré sa pro=imité apparente Uaaisser les

tensionsV avec le principe de Nirvana, mais il s9a%it ici d9un eAort de

retour au semlale et F l9archa:que, ce qui nous rapproche F ien

des points de vue des mécanismes en >eu dans le comportement

pervers. Le caractère !oncier de la compulsion de répétition étant

centré sur un mode de !onctionnement de l9ima%inaire assurant la

conservation, on voit mal comment il pourrait s9a%ir d9une

prolématique entrant métapsycholo%iquement dans le %roupe des

pulsions de mort 2. 9autre part si le terme !ranEais de

compulsion 2 est composé F partir du vocale pulsion 2 un

rapprochement n9e=iste nullement en lan%ue allemande O la pulsion

4rieb7 n9a rien F voir avec la compulsion 4O6ang7. Le terme de

O6ang, traduit en !ranEais par compulsion 2 F partir du mot

composé aile"mand Piederholungs6ang employé par 'reud,

implique le !ait d9Btre contraint, oli%é, entraQné de !orce vers une

attitude g c9est F partir du sustanti! O6ang que 'reud a créé le

terme de O6angs%neurose qu9il a lui"mBme traduit en !ranEais dès

18+ soit par névrose d9osessions 2 soit par névrose des

osessions 2). Nous sommes placés ici dans le domaine de

l9oli%ation de statut dé!ensi! et non pas dans le domaine des

dynamismes pulsionnels destinés F la satis!action du désir. Nous

1#*




restons ien dans le re%istre métapsycholo%ique, mais F ce re%istre

nous n9entrons nullement dans le compartiment des pulsions.

/ne autre conception de la pulsion de mort 2 che 'reud se

ré!ère F l9opposition e=istant entre les mécanismes assurant la

liaison Uet qui découleraient des pulsions de vie 2V et les

mécanismes opérant la déliaison correspondant F la pulsion de

mort 2. Gn peut remarquer d9aord F ce propos qu9il semle plus

con!orme F la tradition spéciquement psychanalytique de s9en tenir

au r-le antérieurement imparti F la liido en matière de liaison.

9autre part, si l9opposition liaisonYdéliaison demeure eAectivement

du re%istre métapsycholo%ique, cette dialectique ne se présente pas

pour autant comme d9ordre pulsionnel et on ne voit pas très ien la

nécessité F ce niveau de !aire intervenir une soudaine pulsion de

mort 2.

La dernière conception de la pulsion de mort 2 que

>9envisa%erai, au milieu des variations de 'reud F ce propos, touche

au prolème !ort important et pas tou>ours très clair de l9a%ressivité.

Gn continue en eAet F eaucoup parler en termes de pulsion

a%ressive 2 en se ré!érant ou non au= relations que 'reud avait

cherché F étalir entre sa pulsion de mort 2 et a%ressivité. Il me

paraQt donc nécessaire de consacrer ici un développement tout

particulier au= caractéristiques de l9a%ressivité telles qu9elles

résultent d9un e=amen attenti! des précisions dont nous disposons

pour mieu= cerner cette notion.

,omposantes et composés

'reud n9a cessé d9accorder F l9a%ressivité une %rande importance

au cours de ses élaorations théoriques. Il hésite eaucoup F

considérer l9a%ressivité comme une pulsion 2 spécique et il

montre que l9a%ressivité ne peut Btre re%ardée comme une !orme

né%ative de dynamisme liidinal O il lui est diAicile de choisir entre le

sens a%ressi! ou simplement autoconservateur F donner au

1#+




em'chtigungstrieb Upulsion d9empriseV dont il parle pour la

première !ois dans l9édition de 1* des rois essais. Par contre dans

la dernière théorie des pulsions il identie l9a%ressivité F la partie de

la pulsion 2 de mort qui se trouve tournée vers l9e=térieur, avant de

l9inclure dans la vectorisation masochique primaire.

Me ne peu= reprendre ici tous les développements que >9ai

présentés par ailleurs et destinés F soutenir l9hypothèse d9un instinct

violent !ondamental re%roupant en %ros les diAérentes sous"caté"

%ories de pulsions d9autoconservation dont 'reud a parlé, de !aEon

dé>F plus comple=e que la simple autoconservation proprement dite,

F l9occasion de ses dénitions des pulsions 2 du moi et du

em'chtigungstrieb. 7es notions concernent de toute évidence des

composantes multiples O pour rendre plus clair l9ensemle des

théories des pulsions F partir des successives positions !reudiennes

et pour opérer aussi une synthèse de ces positions, il m9a paru

nécessaire g

dites pulsions au cours de l9histoire du vécu relationnel che le

su>et O

4 Y de déterminer deu= variétés élémentaires de dynamismes

entrant dans notre propos g d9une part un instinct de ase dont

'reud a parlé F plusieurs reprises et commun F l9homme et au=

animau=, que >9appelle la violence !ondamentale 2, et d9autre part

une véritale pulsion, au sens plénier oT l9entend 'reud, la pulsion

se=uelle O

* Y de suivre 'reud dans ses développements des diAérentessous"

caté%ories d9union et de désunion de ces deu= dynamismes, c9est"

F"dire dans la prolématique et tous les aléas de l9étaya%e de la

pulsion se=uelle sur la violence !ondamentale, c9est"F"dire un instinct

naturel et primaire d9autoconservation.

1#&




L9évolution complètement hystérique 2, qui constitue le modèle

psycho%énétique d9évolution le plus réussi au sens structurel et non

moride du terme hystérique 2, correspondrait F un étaya%e

par!ait Udonc idéal et asymptotiqueV de la pulsion se=uelle sur la

violence, et d9inté%ration de cette violence F des ns purement

créatrices relationnellement au service de la liido.

La pulsion se=uelle aurait, dans cette situation purement

hypothétique, réussi F récupérer toute la violence. ais on

comprend qu9une telle per!ection s9avère irréalisale O une partie de

la violence n9est >amais complètement inté%rée par la liido et cette

partie de l9instinct violent récupère F son prot peu ou prou de

pulsion liidinale encore lire pour donner naissance F l9a%ressivité,

au sadisme, au masochisme.

ans des situations e=trBmes, on aoutit F des solutions

Unullement hypothétiques celles"ciV oT c9est la violence qui devient

or%anisatrice de l9ensemle de la personnalité et non plus

l9ima%inaire %énital O il s9a%it ici en particulier de l9univers

psychotique. ans les situations dépressives"limites enn, le moi ne

parvient ni F l9une ni F l9autre de ces deu= solutions inté%ratives et

nous constatons un simple ottement, plus ou moins ien contenu et

plus ou moins masqué par les inhiitions et l9anaclitisme, entre un

primat de la violence et un primat du %énital, sans conclusion.

@n conséquence de ces quelques hypothèses, il résulte que rien

n9est chan%é F la théorie !reudienne la plus réussie en matière de

pulsion Uc9est"F"dire du c-té des pulsions se=uellesV, sinon que la

liido n9aurait peut"Btre pas d9éner%ie propre et que ce n9est point en

minimiser l9importance que se =er seulement sur son aspect

vectorial, téléolo%ique, en considérant par contre que toute l9éner%ie

dont dispose la liido viendrait de l9instinct !ondamental donc du

plus ou moins %rand de%ré d9eAicience de l9opération d9étaya%e et

d9inté%ration réalisé par la liido F partir de l9instinct violent

!ondamental.

1#8




Par contre mes hypothèses nécessitent une distinction très nette

entre les notions de violence et d9a%ressivité. Me ne pense pas que

mes propositions se présentent comme réductrices ou comme

révolutionnaires O elles prétendent seulement ran%er dans des

caté%ories mieu= dénies un certain nomre des données présentées

dans un certain désordre >usque"lF, au sein des développements

métapsycholo%iques.

on premier niveau de distinction concernera le mode de la

relation o>ectale g dans l9optique !reudienne, l9a%ressivité vise un

o>et au statut antérieurement déni che le su>et et spécié

se=uellement, alors que 'reud nous a montré par ailleurs l9e=istence

d9une situation que >e dési%ne comme une violence !ondamentale 2

et qui correspond F des opérations d9ordre seulement identicatoire

primaire, c9est"F"dire narcissique. L9o>et demeure, F cette étape, =é

F un statut encore purement e=térieur, son sort ne revBt au= yeu= du

su>et qu9une importance très secondaire. L9o>et ne connaQt pas

encore un statut d9autre su>et 2.

on deu=ième niveau de distinction concerne le ut du

dynamisme en cause g l9a%ressivité vise spéciquement F nuire F

l9o>et, F le détruire ou pour le moins F le !aire souArir, F l9atteindre

né%ativement d9une !aEon ou d9une autre cependant que la violence

instinctuelle !ondamentale ne s9intéresse qu9au= uts du su>et lui"

mBme, F ses propres intérBts immédiats, c9est"F"dire F sa simple

survie. Le sort réservé F l9o>et demeure, comme >e l9ai dit,

indiAérent au su>et O que l9o>et souAre, qu9il soit mBme mis F mort

n9entre pas en compte dans les uts de l9univers ima%inaire

purement violent.

on troisième niveau de distinction portera sur les !acteurs

économiques liés F la notion d9amivalence g l9a%ressivité est conEue

par 'reud comme découlant de l9échec des opérations d9union et de

désunion, c9est"F"dire d9étaya%e et de désétaya%e entre tendances

tendres et tendances hostiles. Il s9a%it donc essentiellement des aléas

1#




de l9amivalence aAective, c9est"F"dire de la capacité ou non de vivre

l9indispensale amivalence aAective elle"mBme. L9instinct violent

!ondamental au contraire ne connote aucune nuance amivalente O

elle demeure du cadre préamivalent décrit par W. Draham et du

cadre aussi des véritales !antasmes primiti!s violents au=quels >9ai

consacré plusieurs études et qui n9ont rien F voir avec ce qu9on

appelle haituellement !antasmes ori%inaires 2 O ces !antasmes

souvent mentionnés dans les travau= très classiques concernent un

ordre se=uel et secondarisé O ils résultent d9un après"coup

reconstructi! F !ondement œdipien. Il e=iste d9autres !ormations

ima%inaires, vraiment primitives celles"ci, oT il n9est question que

d9autoconservation, c9est"F"dire d9une prolématique du l9autre ou

moi 2, lui ou moi 2, moi ou rien 2. Nous sommes donc très près

du lan%a%e de ase que l9Btre humain a coné F l9ordinateur le soin

de %érer F sa place « éro ou un » O il n9e=iste que l9une ou l9autre de

ces positions radicales O aucun de%ré d9amivalence, de nuances, de

mi=ité, de comple=ité n9est envisa%eale. Les authentiques

!ormations !antasmatiques primaires !onctionnent ainsi.

on quatrième niveau de distinction sera d9ordre dynamique g

'reud ran%e l9a%ressivité dans le cadre des pulsions de mort et de

destruction, de retour F l9état éro du c-té du su>et. L9instinct violent

!ondamental serait au contraire de l9ordre des instincts de vie tels

qu9ils étaient conEus par 'reud, F partir des instincts

d9autoconservation. @ntre 11 et 1#, cette violence ne serait

donc nullement incluse dans la théorie du %roupe des pulsions de

mort développée après 1#. L9instinct violent !ondamental serait

présent dans l9équation %énétique avec laquelle tout nouveau"né

arrive au monde O cet instinct serait rendu opératoire dès la

naissance par interaction avec les mBmes données violentes tou>ours

présentes ien que re!oulées dans l9ima%inaire environnemental O

l9adulte ne voit >amais sans quelque inquiétude arriver au monde un

élément rival narcissiquement, très vite investi secondairement par

1(




les relations de tendresse, mais perEu de !aEon primitive comme un

concurrent et comme un éliminateur potentiel. L9instinct violent

demeure de statut tout F !ait élémentaire et primiti! O il correspond F

des mouvements narcissiques primaires. /n tel instinct se voit de

toute évidence réactivé dans les divers moments d9opposition avec

des environnements concentriques qui se vivent comme menacés O la

période de l9adolescence ne constitue qu9un des moments les plus

typiques de ce %enre d9opposition, après le moment de la naissance O

la période œdipienne concerne é%alement cette opposition, F c-té

des aspects %énitau=.

on cinquième niveau de distinction portera sur la nature des

conits en cause g l9a%ressivité, en eAet, ne peut Btre saisie dans

l9œuvre de 'reud que dans son articulation avec la se=ualité au sein

de mouvements F la !ois anta%onistes et synchrones entre les !orces

de haine et les !orces d9amour. La violence instinctuelle constitue un

pur instinct de survie et elle ne conserve avec la liido qu9une !orme

d9anta%onisme qui ne saurait Btre synchrone O ses rapports

demeurent d9ordre purement diachronique dans le cadre de

l9étaya%e et de l9inté%ration. ans la dialectique entre instinct violent

et pulsion se=uelle, il s9a%it d9une prolématique éventuellement

conictuelle certes, mais ne portant que sur des oppositions mettant

en >eu deu= étapes chronolo%iquement diAérentes de conits, c9est"F"

dire deu= %roupes de conits O ou, si l9on pré!ère, on pourrait dire

qu9il s9a%it d9un conit entre %énérations Ude conitsV, la première

%énération implique des conits d9essence narcissique primaire, la

seconde %énération comporte des conits d9essence %énitale. u

point de vue dynamique on peut considérer que, si la solution

d9étaya%e et d9inté%ration l9emporte sur l9opposition entre ces

%énérations de conits, l9éner%ie violente !ondamentale viendra

ren!orcer le courant liidinal en y prenant un sens o>ectai nouveau

positi! et créati! relationnellement.

1(1




on si=ième et dernier niveau de distinction est tiré de l9e=amen

diAérentiel des diverses situations rencontrées en clinique g

L9a%ressivité est perEue en eAet F partir du vécu de nos patients

comme le résultat de la récupération au prot de la violence ins"

tinctuelle !ondamentale des éléments liidinau= épars mal or%anisés

entre eu= et du mBme coup nullement or%anisateurs sous le primat

de l96dipe et de la liido, alors que le sort positi! lo%iquement

réservé F la violence archa:que naturelle est de réussir F s9inté%rer

au sein de la prolématique liidinale F laquelle elle doit apporter,

dans le cadre de l9étaya%e, son éner%ie initiale, primitivement mal

diAérenciée. La %loalité de l9opération apparaQt comme s9eAectuant

en tant que résultat de l9eAicience de l9ima%inaire %énital et œdipien

qui réalise ainsi le primat or%anisationnel ien décrit tout au lon% de

l9œuvre de 'reud. Nous devons rester, ien sXr, très attachés F cette

position conceptuelle capitale.

e ce lon% développement il ne saurait donc résulter une

opposition directe entre a%ressivité et instinct violent O les deu=

termes ne se situent pas au mBme niveau économique puisque

l9a%ressivité ne saurait constituer ici une quelconque pulsion

élémentaire mais qu9elle représente dé>F un composé, un compromis

pulsionnel 2 dans les cas les plus anau=, et le si%ne d9un échec

dans les cas oT l9ima%inaire liidinal ne parvient pas F assurer le

primat de l9or%anisation de l9ensemle de la personnalité.

La seule opposition dialectique entre dynamismes élémentaires,

diAérents par leur niveau Umais équivalents dans leur élé"mentarité

ori%inelleV, concerne les rapports e=istant entre les deu= étapes de

conictualisations intrinsèques. 79est"F"dire de la mise en >eu de

l9instinct violent !ondamental d9une part et des conits nés de la mise

en >eu de la pulsion se=uelle d9autre part. 7eci autorise toutes les

situations sous"caté%orielles haituellement décrites, mais impose

une hiérarchie au sein de la prolématique pulsionnelle, tant du

point de vue de la primauté du de%ré de puissance e=ercée sur

1(#




l9ensemle de l9or%anisation de la personnalité par tel %roupe

pulsionnel, que du point de vue de la primauté d9apparition de cette

supériorité au cours de l9évolution aAective du su>et.

Il ne semle pas qu9on puisse !aire l9économie d9une révision

allant dans le sens d9une clarication, ni d9un plus %rand ri%orisme

dans la classication des pulsions, en particulier en déterminant le

décala%e caté%oriel e=istant entre instinct 2 et pulsion 2.

Il me paraQt encore moins possile, au sein d9une nécessaire

révision de notre métapsycholo%ie, de nous passer de ce qu9on

appelle une théorie des pulsions 2, c9est"F"dire d9une théorie des

dynamismes élémentaires et des composés qui en dérivent.

;n matière de conclusions

M9ai cherché F e=primer dans ce travail mon étonnement devant le

!aile de%ré d9insatis!action mani!esté, >usqu9F ces dernières années,

en !ace des oscurités, des hésitations, des contradictions, et des

nomreu= %lissements concernant ce qu9on considère comme la

théorie !reudienne des pulsions. D partir de notions de ase solidement ancrées avec une certaine

permanence dans l9œuvre de 'reud, il m9a paru nécessaire de

pointer F quel niveau on pouvait tenter de repérer la diAiculté

éprouvée pour clarier cette partie importante de la

métapsycholo%ie et se trouver ainsi plus F l9aise avec l9ensemle de

la théorie psychanalytique.

Il me semle en eAet indispensale de reconnaQtre, F travers tousles contours rencontrés dans les descriptions des divers dynamismes

psychiques, deu= composantes de ase d9oT vont éclore

pro%ressivement des composés qui ne peuvent Btre considérés que

comme des sous"caté%ories mi=tes au re%istre dynamique.

7es composantes de ase, l9instinct violent !ondamental d9une

part et la pulsion se=uelle d9autre part, ne sauraient Btre considérées

comme réductiles F un couple de !orces entrant en action

1((




anta%oniste de !aEon synchronique O leurs caractères diAérentiels

apparaissent, dans l9œuvre mBme de 'reud, comme d9une nature

eaucoup plus compliquée.

L9instinct violent !ondamental et la pulsion se=uelle

appartiendraient tous deu= F l9équation %énétique individuelle mais

ils n9y %ureraient qu9en potentialité symolique au moment de la

naissance O leur eAicience ima%inaire ne serait rendue opératoire

que dans le cadre d9une pro%ressive interaction avec l9ima%inaire

environnemental. L9instinct violent apparaQtrait comme entrant

immédiatement en activité O il n9a rien de commun avec l9a%ressivité

mais correspond F un élan narcissique primaire visant seulement la

survie du su>et. 79est sur cet instinct que va s9étayer peu F peu la

pulsion liidinale en inté%rant ce dynamisme primiti! et en lui

con!érant une o>ectailité créatrice de nature F satis!aire les

diAérents ordres de désirs.

/ne telle évolution constitue le modèle structurel hystérique 2,

donc névrotique 2, œdipien 2, %énital 2 et trian%ulaire 2 O

l9ensemle de la personnalité s9y voit or%anisé selon le primat du

%énital et de l9ima%inaire œdipien. ais ce modèle n9est >amais

par!ait et les composantes violentes mal inté%rées chercheront F

attirer F elles, dans le mouvement inverse, des !ra%ments lires de

liido pour les or%aniser en a%ressivité, sadisme, ou masochisme. Du

pire, c9est la violence qui assume le primat or%a"nisationnel O nous

entrons alors dans d9autres prolématiques, en particulier dans une

prolématique psychotique. L9état"limite dépressi! hésite entre les

deu= courants or%anisationnels possiles, sans choi= déniti! encore.

M9ai entendu limiter ma mise en question de la métapsycholo%ie F

la dynamique pulsionnelle. ais il résulte de cette mise en question

ponctuelle la mise en question éventuelle aussi d9autres parties de la

métapsycholo%ie O ceci dépasse oli%atoirement le cadre purement

métapsycholo%ique oT nous demeurons nalement asse F l9aise

étant donné la solidité des ases cliniques >ustiant les hypothèses

1(4




essentielles sur lesquelles reste !ondée notre métapsycholo%ie. Nous

risquons de nous inquiéter eaucoup plus devant la nécessité non

pas d9aména%er, de compliquer ou d9étendre nos conceptions de la

psycho%enèse, mais de réviser radicalement nos !aEons trop

con!ortales de nous représenter les premiers moments ima%inaires

au sein de la !ameuse relation mère"en!ant 2 O cette sorte

d9icono%raphie, avanta%euse en apparence, semle en réalité très

restrictive, pour la !emme en particulier.

Il nous !aut accepter de relire Rophocle sans scotomisation.

Rophocle nous a montré très clairement comment déutait 19

6dipe 2. 'reud a !ort hailement séparé ce qui pouvait Btre

manipulé F un niveau d9an%oisse et d9élaoration somme toute

maQtrisale, de ce qu9il ne nous UluiV !allait pas reconnaQtre en

matière de psycho%enèse, parce que nous UluiV paraissant trop

an=io%ène.

ais depuis un quart de siècle les données socioculturelles ont

chan%é et la réussite de l9or%anisation de l9ima%inaire sous le primat

du %énital est"elle aussi !réquente qu9autre!ois 0 79est F la clinique

qu9il revient de nous éclairer. 79est elle qui, en n de compte,

interro%e la théorie et la contraint, devant de nouvelles !ormes plus

primitives d9an%oisses courantes privées et collectives, F ne pas

demeurer trop paresseuse.

1(*



. *énéalogie de la destructivité1<

Il me semle utile de remarquer que 'reud parle le plus souvent

de odestriebe Upulsions de mortV au pluriel, alors qu9il ne s9a%it d9unautre c-té que d9un sin%ulier Se$ualtrieb Upulsion se=uelleV ou

ibido. L9emploi de ce pluriel peut Btre compris de diAérentes

!aEons O en eAet, ou ien 'reud veut dire qu9il e=isterait plusieurs

!ormes de pulsions conduisant F la mort, F la destruction, ou ien il

pourrait s9a%ir d9un simple pluriel %énérique connotant une

imprécision dans la pensée de 'reud, après 1#, et sans que

l9auteur ait eu, au cours des dernières années de sa vie, la possiilitéde mieu= dénir un concept qu9il considérait comme essentiel, sans

parvenir F en préciser l9unicité et la spécicité F l9occasion d9un

choi= opéré parmi les diAérentes dénitions successives qu9il a

données de ce concept.

Me chercherai F e=plorer l9une et l9autre de ces deu= hypothèses

en m9intéressant au= !ormations ima%inaires rencontrées en clinique

dans le cadre d9une tendance F la destructivité 2 et enm9interro%eant sur la %énéalo%ie, c9est"F"dire F la !ois sur les ori%ines

et sur les alliances !ort comple=es d9une telle orientation

!antasmatique.

1(+





#. 5énéalo%ie de la destructivité18

Le primitif et le secondarisé

@n prenant un certain recul par rapport F l9ensemle de la

!ormulation et de l9évolution de la théorie !reudienne, en oservant

comment réa%issent actuellement tous ceu= qui, psychanalystes ounon, se ré!èrent au= principau= concepts !reudiens pour comprendre

comment !onctionne le système mental humain Upatholo%ique ou

nonV, on ne saurait nier l9évidence d9un accord asse %énéral autour

de la notion de liido telle qu9ils se la représentent les uns et les

autres, mais il !aut ien reconnaQtre par contre qu9F propos de la

notion de pulsions de mort Uet de tout ce qui s9y rattacheV les avis

diver%ent sensilement quant au sens précis F attriuer F ce conceptet il !aut reconnaQtre aussi qu9il s9a%it mBme du champ théorique le

plus haituellement contesté dans l9œuvre de 'reud.

Il y a donc lieu de chercher F comprendre quelle importance

opératoire a pu avoir pour 'reud le postulat d9un %roupe de

pulsions de mort 2.

Rur le re%istre topique c9est l9importance de l9Inconscient et les

diAérentes !onctions du oi qui ont constitué la ase des élaora"tions !reudiennes O sur le re%istre économique ce sont les notions de

résistance et de liaison qui ont dominé F partir des écrits de 'reud la

compréhension des constructions ima%inaires O il est évident que sur

le re%istre dynamique la %rande découverte !reudienne demeure le

concept de liido.

D ce propos, 'reud n9a >amais varié de position, qu9il s9a%isse des

sources, des uts ou des o>ets de la pulsion se=uelle, après avoirprécisé une !ois pour toutes les choses dans sa lettre F 'liess de >uin

184. Les diAérentes réévaluations portant par la suite sur la

prépondérance des aspects qualitati!s ou quantitati!s de la liido, en

particulier après la !ormulation de l9hypothèse de l9e=istence de

pulsions de mort 2, n9ont apporté aucune modication notale dans

l9idée que 'reud se !ait de sa 2 liido, demeurée son en!ant

conceptuel ma>eur et privilé%ié.

1(&




ais, pour étayer et développer l9étude de ce concept capital,

'reud s9est trouvé conduit, dans un souci épistémolo%ique !acile F

comprendre dans les conditions d9alors, F chercher F se représenter

une dialectique des relations de cette liido avec d9autres éléments

d9un conit dont il avait F rendre compte F partir des oservations

cliniques opérées sur les autres et sur lui"mBme. 'reud a donc été

tout naturellement conduit F envisa%er des anta%onistes de la liido

et il a successivement décrit comme anta%onistes de la liido tout

d9aord le %roupe des ebenstriebe Upulsions de vie, encore un

pluriel, donc encore une certaine imprécisionV, puis le %roupe des

-chtriebe Upulsions du oi, tou>ours au plurielV, enn le %roupe des

!ameuses odestriebe, encore au pluriel.

7ette succession d9anta%onistes diAérents et tou>ours énoncés

%loalement au pluriel marque une incontestale hésitation che

'reud dans la détermination de !orces opposées F une liido, unique,

clairement dénie et stale dans l9ensemle des travau=

successivement puliés.

M9ai développé par ailleurs9 le point de vue selon lequel la diAiculté

rencontrée par 'reud pour décrire le conit entre la liido et les

!orces qui lui sont anta%onistes n9était peut"Btre pas F comprendre

en termes d9opposition synchronique entre deu= pulsions ou deu=

%roupes de pulsions évoluant en mBme temps dans une vectorisation

diamétralement opposée mais en essayant de reprendre quelques

hypothèses !reudiennes peu développées >usque"lF et se rapportant F

un anta%onisme au contraire de nature diachronique entre la

vectorisation liidinale, d9une part Ucorrespondant F la mise en

action ima%inaire secondarisée d9inscriptions symoliques %énitales,

o>ectales, trian%ulaires, c9est"F"dire œdipiennes 2 au sens courant

mais restricti!, F mon avis, du termeV, et la vectorisation violente tout

F !ait primitive, d9autre part, qui apparaQt comme eAiciente dans

l9ima%inaire antérieurement F la prolématique %énitale, en partant

d9inscriptions symoliques purement narcissiques primaires et

1(8




duelles g l9autre ou moi 0 moi ou rien 0 éro ou un 0 sans capacité

d9amour, mais surtout sans capacité de haine non plus.

Hout se >ouerait donc F l9occasion du conit primordial dans une

lutte non pas entre deu= pulsions parallèles représentant plus ou

moins le ien 2 et le mal 2 Uvieil en%ramme >udéo"chrétienV1

mais entre deu= niveau=, l9un primaire et l9autre secondaire,

d9élaoration ima%inaire pour savoir qui va l9emporter pour e=ercer

son primat sur l9autre. Gn retrouve dans ce schéma l9importance

accordée au= notions !reudiennes de processus primaire 2 et

processus secondaire 2 utilisées avec toutes les conséquences que

comportent les aspects psychodynamiques de ces notions g d9un c-té

la liido assurant la liaison, la créativité, l9eAicience du mouvement

de satis!action du désir, alors que la violence ne comporte que

d9élémentaires réactions instinctuelles immédiates et peu

contr-lales destinées F assurer la simple survie devant

l9hallucination massive et primitive d9un dan%er vital pour le oi

représenté par tout ce qui est non"oi O car F ce re%istre primiti!

l9en!ant ne peut se !aire une idée encore asse nette d9un o>et et

encore moins d9un sentiment U!Xt"il de haineV F l9é%ard d9un e=térieur

apparaissant comme o>ectalement très mal déni ien que

nettement perEu comme menaEant du point de vue le plus

essentiellement vital.

/ne première !orme de destructivité 2 pourrait donc Btre

conEue comme un potentiel violent primiti! constituant un instinct et

non pas dé>F une véritale pulsion 2 au sens oT 'reud comprend la

liido. @t 'reud lui"mBme a parlé F plusieurs reprises de l9e=istence

d9un tel instinct, comme nous allons le voir par la suite.

Il nous !aut ien reconnaQtre, sans nous sentir mis en accusation

pour autant, que nous, psychanalystes, n9avons >usque"lF porté

intérBt qu9F la prolématique œdipienne et que nous n9avons

prétendu rendre compte que du modèle de conictualisation dit

œdipien 2. Nous l9avons !ait avec eAicience mais peu nomreu=

1(






sont ceu= d9entre nous qui se sont très o>ectivement et très

volontairement penchés sur d9autres modèles de conictualisation O

nous avons ien sXr tous rencontré ces autres modèles conictuels

mais nous avons ien souvent procédé F leur écoute trop

e=clusivement F travers les eAets dé!ormateurs du ltre œdipien U>e

devrais écrire g F travers les eAets du philtre 2 œdipienV. 7ertains

de nos prédécesseurs, et non des moindres, ont mBme réussi très

rillamment F nous proposer des raisonnements très e=acts et très

ri%oureu= F partir de %ures cliniques incontestalement !aussées

puisque réduites F une prolématique œdipienne présente en elles,

certes, mais sous le primat duquel elles ne sont pas or%anisées. Nous

en avons tiré de sérieu= prots pour enrichir nos connaissances des

prolématiques névrotiques au sens strict du terme O nous avons

eaucoup appris sur le mode de destructivité 2 vraiment œdipien

sous"entendu dans le troisième oracle d9Dpollon au sein du mythe

théain g Il tuera son père pour épouser sa mère. 2 ais nous

continuons F mal connaQtre comment l9ima%inaire individuel est

conduit F prendre en compte d9autres !ormes symoliques et

universelles de destructivité. 7omment cela se passe"t"il en eAet

quand ce n9est pas Uou plus simplement pas encoreV l9amour, la

liaison, la créativité, Po>ectalité trian%ulée qui dominent

l9or%anisation de l9ensemle constitué par les diAérents niveau= du

!onctionnement aAecti! et relationnel 0 Dutrement dit, dans un

nomre asse considérale des cas qui nous sont proposés, ou ien

qui ne nous sont plus proposés O de nos >ours, en eAet, ces patients

ont pris l9haitude de s9adresser F des %ens qui leur promettent de

plus éner%iques quoique !allacieuses voies d9aord, mais qui ont pu

énécier d9une certaine crédiilité du !ait qu9ils n9entendent pas

!aire avouer F leurs interlocuteurs une systématique oédience

or%anisatrice œdipienne.

14




Les di=érentes & destructivités '

Le terme de destructivité 2 n9est pas couramment employé dans

la littérature psychanalytique O l9hypothèse d9une destrudo

synchroniquement opposée F la liido n9a >amais rencontré l9accorddes psychanalystes O nous retomerions ainsi dans la diAiculté

conceptuelle dé>F si%nalée.

Il y a cependant lieu de remarquer que 'reud a évoqué, F

plusieurs moments de son œuvre, la possiilité de concevoir un ;es%

tru"tionstrieb Uc9est"F"dire une pulsion de destructionV. 7e terme

n9apparaQt sous la plume de 'reud qu9après la mise en avant du

concept de pulsion de mort 2 et son sens spécique n9est >amaistrès clairement distin%ué de ce concept dé>F asse ami%u de

pulsions de mort 2. ans Le moi et le Ea 2, la tendance F la

destruction est présentée comme une simple mani!estation des

instincts de mort et plus particulièrement une mani!estation tournée

vers l9e=térieur et mettant en >eu tout autant le re%istre corporel que

le re%istre comportemental. Nous constatons du mBme coup que le

re%istre de la représentation mentale internalisée se voitcomplémentairement désinvesti dans le propos de 'reud, au moins

pour une onne part, puisque tout ce qui se trouve e=tériorisé, et

traduit en termes somatiques ou comportementau= ne peut que

correspondre F des quanta éner%étiques retirés au travail de mises

en scènes ima%inaires.

ans la ICe de ses Iouvelles Monérences consacrée F l9an%oisse

et la vie instinctuelle, 'reud nous trace le destin de son ;estru"%tionstrieb comme marqué par trois étapes g dans une première étape,

il s9a%it d9attaquer le monde e=térieur O dans une seconde étape,

cette pulsion se heurterait F des ostacles U réels 2 dit 'reudV et se

retournerait en attitudes d9autodestruction O une troisième étape

apparaQt alors comme nécessaire g Hout se passe, dit 'reud, comme

si nous étions contraints, pour éviter notre propre destruction, de

détruire %ens et choses. 2

141




79est donc un schéma de l9évolution du ;estru"tionstrieb que

nous propose ici 'reud et ce schéma demeure purement descripti!

puisque, mis F part la >ustication dé!ensive et très simpliste du

passa%e de la seconde F la troisième étape, on ne peut pas dire qu9il

s9a%isse d9une e=plication d9ordre vraiment psycho%énétique.

Hrès près du ;estru"tionstrieb, puisque comme lui tourné vers

l9e=térieur et vers l9action corporelle ou comportementale, se situe

(Aggressionstrieb Upulsion d9a%ressionV dont 'reud a parlé

lon%temps avant d9envisa%er toutes les autres entités plus ou moins

liées F l9idée de destruction. ès 1, en eAet, F propos du cas du

petit $ans, 'reud conteste l9hypothèse émise par Ddler concernant

l9e=istence d9un instinct spécial d9a%ression qui pourrait Btre ran%é

F c-té des instincts de conservation et se=uel et de plain"pied avec

eu= 2. eu= anta%onistes instinctuels suAisent F 'reud, la liido et

son contre"pied du moment.

ais nous voyons 'reud chan%er d9idée par la suite, quand

>ustement il aura esoin de modier les anta%onismes O un seul

anta%oniste synchronique lui suAit F la !ois. @t dans une note a>outée

en 1#( au mBme cas du petit $ans, il reconnaQt que, lui aussi, a été

conduit depuis F poser l9e=istence d9un Aggressions%trieb, ien qu9il

prenne la précaution de dire qu9il ne s9a%it pas de

l9 Aggressionsbetrieb décrit par Ddler et qu9il considère cette

nouvelle pulsion comme identique au ;estru"tionstrieb ou mBme au=

odestriebe. 'reud prend soin de préciser qu9il situe l9opposition

entre cette pulsion et la pulsion liidinale dans la polarité connue

entre l9amour et la haine 2.

Le terme de connue 2 ne peut pas s9adresser F une théorisa"tion

des nouveau= anta%onismes pulsionnels qui remonte F peine F trois

ans et a remplacé, seulement depuis peu, les !ormulations

épistémolo%iques anciennes. 7ette polarité ne revBt"elle pas plut-t

un caractère plus symoliquement reconnu 2 dans la

prolématique de l9opposition entre le ien 2 et le mal 2

14#




entendue e=posée autre!ois F 'reier% tant par la li%née parentale

héra:que que par la Nannia catholique 0 7omme l9a si ien montré

'reud, F propos du petit $ans encore, l9amivalence des sentiments

éprouvés F l9é%ard du père trouve une issue possile dans le cliva%e

de l9o>et g ne pouvant e=primer une colère éventuelle contre ieu, il

est économique de se créer l9ima%e d9un diale 2. Maco devient

tout on 2, si Philippe est déclaré tout mauvais 2.

a proposition tend F dénier toute valeur psycho%énétique

primaire au= !ormations, pour moi essentiellement secondarisées,

que sont tout autant ( Aggressionstrieb que ( Aggressionsbetrieb et

qui, par voie de conséquence, ne peuvent constituer de véritales

pulsions, puisque, comme 'reud le précise lui"mBme, l9a%ressivité

comporte dé>F l9utilisation de composantes liidinales et résulte

d9une intrication de pulsions et non d9une source io"aAective unique

et primitive dénissant une authentique pulsion. Gn ne peut ien sXr

éviter de chercher F préciser les choses en ce qui concerne les

!ameu= odestriebe contestés depuis 1# par tant de

psychanalystes.

@n eAet, cette notion est apparue comme d9une nécessité tout F

!ait relative au milieu de la théorie !reudienne des pulsions. 'reud

lui"mBme reconnaQt n9avoir >amais pu >ustier scientiEquement son

concept mais avoue qu9avec le temps cette idée s9est imposée F lui

avec une telle !orce qu9il ne pouvait plus penser autrement U Im

Lau!e der eit haen sie eine solche acht <er mich %ejonnen,

dass ich nicht mehr anders den3en Wann 2V). 7e qui n9apparaQt pas

comme une démonstration clinique. 9ailleurs, 'reud lui"mBme

reconnaQt qu9il est diAicile de maintenir cette dernière !aEon de

concevoir le dualisme pulsionnel U Ro hFtten jir es schjer, an der

dualistischen %rundanschauun% !estuhalten 2V#, il nous dit que sa

conception est purement théorique et en cela ne saurait rester en

dehors des o>ections théoriques qu9on pourrait lui opposer U Rie

auch %e%en theoretische @injendun%en nicht voll %esichert ist 2V#1.

14(








@t en 1#+, dans -nhibition, sympt9me et angoisse, c9est"F"dire ien

après sa !ormulation de 1#, 'reud n9insiste plus eaucoup sur la

dernière !orme de dualisme pulsionnel décrite dans Du"delF du

principe de plaisir 2.

9autre part, 'reud a donné plusieurs dénitions successives de

ses odestriebe O une telle multiplication des dénitions Uet dans des

sens !ort diAérentsV peut é%alement Btre considérée comme un si%ne

d9incertitude dans l9esprit de 'reud.

Le premier sens évoque un retour F l9état antérieur U @in Hrie

der die <c33ehr u einem !r<heren ustand anstret 2V##. 7et état

antérieur 2 connote l9anor%anique, le repos asolu, c9est"F"dire le

nirvana 2 O nous nous diri%eons donc peu F peu loin du

psycholo%ique en direction du iolo%ique d9aord, puis plus

nettement en direction du philosophique, en n de compte. Nous ne

pouvons soutenir une discussion sur ces terrains voisins certes mais

tout de mBme étran%ers au champ strictement psychanalytique.

Le second sens possile touche au Piederholungs6ang, c9est"F"

dire F la compulsion de répétition O nous revenons ainsi dans undomaine clairement psycholo%ique et l9utilisation de la notion de

pulsion de mort au sein d9une telle prolématique apparaQt comme

tout F !ait con!orme au reste de la théorie psychanalytique. ais il ne

s9a%it plus dès lors d9insister sur l9aspect a%ressi! des pulsions de

mort. La mXre répétition va F l9encontre de la créativité, de la

liaison#( et de la vie O nous demeurons ici sur un terrain F la !ois

clinique et théorique qu9il est lo%ique de prendre en compte.

ais 'reud a le plus souvent employé le terme de odes%triebe

dans le sens d9une pulsion a%ressive en articulation avec les

diAérentes représentations successives qu9il s9est !ait du sadisme et

du masochisme U acht im Reelenleen, die jir nach ihren ielen

D%ressions oder estru3tionstrie heissen und von dem

urspr<n%lichen Hodestrie der eleten aterie alei"ten 2V#4.

'reud considère que les sentiments de haine surviennent avant les

144










sentiments d9amour U er $ass ist als elation um G>e3t Slter als

die Liee 2V#*, ce qui contredit totalement l9opinion haituelle et

constante de 'reud selon laquelle la haine contenant une partie de

pulsion libidinale ne saurait Btre lo%iquement comprise que comme

secondaire F l9amour O il y aurait donc, pour 'reud, deu= !ormes de

haine 2 O c9est la première !orme, encore peu o>ectale, que

>9appelle personnellement violence 2. 9ailleurs, dans le mBme

temps, 'reud précisait que la relation pro!onde d9hostilité tirait son

ori%ine pro!onde de la lutte pour la vie U an 3ann ehaupten, dass

die richti%en Corilder !<r $assrelation nicht aus dem Re=ualleen,

sondern aus dem in%en des Ichs um seine @rhaltun% und

Kehauptun% stammen 2V).

Nous nous voyons donc conduits F rechercher comment

s9articulent %énéalo%iquement dans l9esprit de 'reud les pulsions

d9autoconservation et les activités ima%inaires liées F un pouvoir

destructeur.

"estructivité et autoconservation

Il peut Btre asse surprenant, F première vue, de constater que les

premières, puis les secondes des pulsions anta%onistes de la liido

que 'reud nous a proposées, tout d9aord, avant de coner ce r-le

au= pulsions de mort, c9est"F"dire les pulsions d9autoconservation 2

puis les pulsions du moi 2, se trouvent représenter de !ait, par la

suite, des mouvements opposés >ustement au= pulsions de mort elles"

mBmes.

Il me semle que ce parado=e n9a pas été souvent remarqué O

mais nous savons qu9un parado=e ne constitue une contradiction que

sur le re%istre mani!este et nous devons donc rechercher sur le

re%istre latent le sens pro!ond F donner F toute trop apparente

contradiction.

ans le cas présent, il est possile de se demander si 'reud n9a

pas senti très t-t au cours de son élaoration théorique que le

14*






dualisme pulsionnel compris comme >ouant seulement entre

dynamismes synchroniquement opposés ne parvenait pas F rendre

compte avec asse d9eAicience de l9articulation qu9il a tou>ours

aAirmé e=ister entre la liido et les poussées instinctuelles violentes.

Gn peut en eAet émettre l9hypothèse qu9une des plus importantes

positions de 'reud en matière de dynamique pulsionnelle correspond

F l9idée de (étayage de la liido sur la violence primitive O or cette

théorie de l9étaya%e, si spécique de la pensée !reudienne en

diAérents re%istres, et entrant dans le cadre du concept capital de

liaison 4indung7, ne s9est pas trouvée eaucoup développée dans le

domaine des pulsions O l9accent a été mis par la suite, aussi ien che

'reud que che ses successeurs, essentiellement sur l9opposition

entre les deu= %roupes de pulsions dont les uts apparaissent comme

contradictoires, ce qui a !ait passer au second plan la conception de

l9étaya%e dont l9énorme avanta%e demeure cependant sur le terrain

clinique d9e=pliquer de nomreuses situations incompréhensiles

dans l9optique du simple dualisme pulsionnel d9anta%onistes situés F

un niveau synchrone. Rur le terrain théorique, d9autre part, l9idée de

l9étaya%e de la pulsion liidinale sur l9instinct violent évite de tomer

dans la dialectique philosophique, et mBme morale, du ien 2 et du

mal 2, du on 2 et du mauvais 2 O ces constructions

dichotomiques dé!ensives et secondaires sont utiles F l9en!ant, F un

certain moment, pour !aire !ace F la diAiculté d9inté%ration de

l9amivalence aAective naturelle O mais l9adulte se doit de dépasser

le cliva%e simplicateur plaEant ces deu= dynamismes sur le mBme

niveau d9eAicience, de prolématique et d9apparition dans la vie

psychique.

Les Selbsterhaltungstriebe dans les premières conceptions de

'reud sont opposées collectivement Uen tant que liées au= %randes

!onctions somatiques de vieV F la pulsion se=uelle. Gn peut se

demander si le terme de Selbsterhaltungsinstin"t ne serait pas

davanta%e propre F dénir ce dynamisme primiti!. L9autoconservation

14+




en eAet a pour ut essentiel d9assurer la survie du su>et sans tenir

encore compte d9un désir 2 Ucorrélati! F l9idée de satis!action 2V

et sans tenir encore véritalement compte de la notion d9o>et

comme un autre su>et possile auquel il s9a%irait de !aire mal en y

prenant plaisir Ucas de la haineV. Le statut vraiment o>ectai 2 ne

>oue pas encore O il s9a%it simplement de survivre au risque de

détruire l9autre, sans que ce soit le ut vraiment poursuivi.

La notion de -chtriebe dérive de la conception précédente. Les

pulsions du moi servent pratiquement F dési%ner les pulsions d9au"

toconservation après la prise en compte de la seconde topique. Gn

peut se demander d9ailleurs s9il s9a%it, dans l9opposition entre

pulsions se=uelles et pulsions du moi, d9une seconde 2 théorie des

pulsions au sens d9une nouveauté conceptuelle O il semle plut-t que

l9instance dé!ensive de la personnalité soit ici dési%née F la place du

ut de la dé!ense en question comme cela était le cas dans la

précédente !ormulation.

ais la notion d9un %roupe des -chtriebe permet toute!ois une

transition entre la première et la troisième théorie des pulsions O

'reud s9intéresse en eAet F la distinction e=istant entre le

narcissisme Uinvestissement du moi par la liidoV et un autre état mal

déni 4-chinteresse7 correspondant F un investissement au contraire

par le %roupe des -chtriebe lui"mBme O ces pulsions du moi étaient

considérées avant tout comme destinées F la conservation du su>et et

non de l9espèce O c9est dé>F la question de la vie et de la mort qui

commence F s9opposer de plus en plus clairement en !ace de la

doule notion de plaisir et de conservation de l9espèce. La

conservation de l9espèce est liée au plaisir et au= rapports aAecti!s

entre les humains O l9autoconservation ne prend en compte que la

survie individuelle et implique la nécessité d9une destructivité

élémentaire sans aucune coloration aAective interpersonnelle.

a conception d9un instinct primiti! dénommé Liolence

ondamentale entend reprendre et développer l9hypothèse

14&




!reudienne d9un em'chtigungstrieb O notion ori%inale traduite en

!ranEais par K. 5runer%er sous les termes de pulsion d9emprise 2.

Il ne s9a%it pas pour moi d9en%a%er un déat sur la traduction du mot

composé allemand utilisé par 'reud O >e propose d9avancer un peu

plus loin dans la rée=ion en cherchant F développer, F préciser, F

mieu= comprendre les principales !onctions que 'reud reconnaissait

F son em'chtigungstrieb.

'reud en parle comme d9une sorte de cruauté innée che

l9en!ant O il décrit son ut comme sans pitié ni sadisme et comme ne

tenant simplement aucun compte de la souArance imposée F autrui O

le ut de ce dynamisme est de proté%er le su>et par suite de la

maQtrise qu9il !aut e=ercer sur l9autre O la destruction de l9o>et ne

constitue qu9un avatar et non le ut de ce dynamisme alors que le

ut de la pulsion de mort demeure la destruction de l9o>et, ou

par!ois mBme celle du su>et lui"mBme.

9autre part, 'reud ne cesse d9insister, F propos de ce dynamisme

particulier, sur la ase archa:que qu9il constitue, en vue d9un étaya%e

réalisé sur lui par la pulsion liidinale.

7omme il s9a%it d9un dynamisme très primiti!, sans amour ni

haine, sans %rande o>ectalité et seulement destiné F neutraliser

l9autre par la !orce, on peut, comme nous l9avons vu F propos des

pulsions 2 d9autoconservation, se demander s9il ne s9a%it pas plut-t

d9un instinct 2 Ucomme 'reud en a parlé dans ses écrits méta"

psycholo%iques ou F la n de L9$omme au= loups 2V plut-t que

d9une pulsion 2 au sens !reudien, eaucoup plus élaoré, du terme.

Progressives étapes de la destructivité

e toutes les remarques qui viennent d9Btre !aites F propos des

diverses positions prises par 'reud en !ace des prolèmes posés par

la destructivité telle qu9on la rencontre en clinique F diAérents

moments de la psycho%enèse et sous des !ormes asse variées, il me

semle possile, parallèlement au= travau= réalisés par les étholo"

148




%istes, d9esquisser une sorte de parcours historique individuel

concernant l9ori%ine et le développement pro%ressi! du esoin de

détruire sous ses !ormes spéciques successivement rencontrées

che l9Btre humain.

/ne telle hypothèse historique ne peut Btre envisa%ée en dehors,

d9une part, du postulat de l9e=istence d9inscriptions symoliques

universelles et en dehors, d9autre part, du postulat de l9interaction

pro%ressive des deu= ima%inaires en présence g l9ima%inaire de

l9en!ant d9un c-té, l9ima%inaire de l9environnement de l9autre c-té, ce

dernier ima%inaire étant d9aord représenté par l9ima%inaire

parental, en particulier par l9ima%inaire maternel.

Le nouveau"né naQtrait avec un équipement d9inscriptions

symoliques asse complet, de nature phylo%énique et universelle,

portant tout autant sur des inscriptions violentes que sur des

inscriptions %énitales œdipiennes, sous la !orme des contenus

pré!antasmatiques que M. Laplanche et M."K. Pontalis ont très ien

décrits.

e telles inscriptions symoliques demeurent inactives,ineAicientes, inopérantes tant qu9elles n9ont pas pu Btre l9o>et de

sollicitations, d9e=citations, de mise en éveil de la part de

l9ima%inaire environnemental.

ans un premier temps, ce sont les inscriptions violentes

ori%inaires qui se trouveraient les premières rendues actives par

l9ima%inaire maternel et environnemental. Dinsi prendraient

naissance les premières !ormations ima%inaires de l9en!ant O cesactivités ima%inaires encore imprécises seraient tout de suite

perEues par l9ima%inaire maternel qui réa%irait F son tour en

renvoyant d9autres inductions sur l9ima%inaire naissant de l9en!ant O

de nouveau= modèles opératoires viendraient ainsi F apparaQtre qui

seraient perEus par la mère O puis la mère renverrait F l9en!ant des

inductions nouvelles, qui, F leur tour, etc.

14




7ette interaction précoce entre ima%inaires n9apparaQtrait tout

d9aord que sous une !orme violente, c9est"F"dire sans amour, ni

haine O il ne s9a%irait que d9une prolématique de survie, comme s9il

n9y avait pas de place au soleil pour deu= su>ets g il s9a%it de la loi

élémentaire du lui ou moi 2, moi ou rien 2, autrement dit du

lan%a%e in!ormatique dans sa rutalité g éro ou un 2. /n tel

rapprochement ne semle pas !ortuit. 7e n9est que dans un deu=ième

temps que les inscriptions symoliques se=uelles, trian%ulaires,

œdipiennes pourraient se voir pro%ressivement rendues actives,

selon le mBme processus interactionnel. ais dans un premier temps

nous n9aurions aAaire qu9F une prolématique violente, nullement

sadique, nullement a%ressive, mais seulement destinée F assumer

l9autoconservation, la survie.

e tels !antasmes seraient tout aussi présents du c-té de l9en!ant

que du c-té de la mère. Gr les psychanalystes eu="mBmes

apparaissent comme %Bnés pour rendre compte de ces premiers

moments violents O peut"Btre parce qu9ils ne distin%uent pas tou>ours

la diAérence e=istant entre violence et a%ressivité mais sans doute,

en plus, parce qu9ils participent eu= aussi F cette !orme de

déné%ation pudique des !antasmes in!anticides e=istant che toute

mère O or ces !antasmes in!anticides ne sont nullement réservés au=

seuls pères, par la suite Uau moment de l96dipeV, et F l9é%ard de leur

seule pro%éniture mSle.

Le mythe d96dipe, en particulier dans la version très ien

reconstruite par Rophocle, comporte une mention tout F !ait claire de

la doule violence, F la !ois in!anticide et parenticide, e=istant en

particulier entre la mère et l9en!ant g en eAet, l9histoire d96dipe

comporte trois oracles successi!s rendus par Dpollon O seul le dernier

oracle dit qu96dipe tuera son père pour épouser sa mère O le

premier oracle n9a rien de %énital, il ne concerne qu9un dilemme

élémentaire g ou ien les parents devront tuer préventivement leur

en!ant ou ien c9est l9en!ant qui, lui, tuera et son père et sa m)re QR.

1*






9ailleurs Rophocle nous apprend Usi nous acceptons de l9entendreV

que c9est Mocaste elle"mBme qui a livré 6dipe au serviteur du palais

pour que celui"ci laisse périr préventivement l9en!ant sur le mont

7ithéron.

La mBme prolématique ima%inaire violente se rencontre dans les

échappées ima%inaires non contr-lées si !réquentes che les >eunes

accouchées ayant peur de tuer leur en!ant au cours des épisodes le

plus souvent énins, dénommés UF tortV psychoses 2 puerpérales.

La mBme prolématique se trouvait réactivée F l9occasion des

drames !réquents de l9ostétricie ancienne O quand on posait le

dilemme mani!este g ?ui !audrait"il sauver, la mère ou l9en!ant 0 2

on réveillait la vieille an%oisse re!oulée g ?ui !aut"il tuer, la mère ou

l9en!ant 0 2

Gn peut évoquer é%alement F ce propos le climat passionné et peu

o>ecti! qui a entouré, il y a quelques années, les déats tournant

autour du prolème très réel et très sérieu= en soi de l9interruption

volontaire de %rossesse.

@n allant un peu plus loin encore sur le re%istre de la rée=ionpsychanalytique, F quelle représentation asse mièvre ne réduit"on

pas la !emme si on la limite F une ima%e d9@pinal de onne mère

e=clusive 2, ne connaissant que 19 instinct maternel 2 et n9ayant, en

dehors du cas de maladies mentales présumées %raves, aucunement

F s9aAronter, elle aussi, tout comme le père, avec une dynamique

instinctuelle violente comportant un !antasme in!anticide tout F !ait

naturel et tout F !ait universel 0 @t sans avoir F courir les mBmesrisques de mort en retour 0

Pour terminer sur une rée=ion psychopatholo%ique, en !onction

des hypothèses qui viennent d9Btre évoquées, il serait possile

d9envisa%er trois variétés de violences diAérenciées par le de%ré

d9élaoration ima%inaire atteinte dans l9évolution %énéalo%ique de la

li%née violente g

1*1




1 Y ans la situation la plus souvent évoquée dans la cure

psychanalytique, c9est"F"dire dans le cas des personnalités

structurées selon le modèle névrotique et œdipien, on peut concevoir

que la violence naturelle primitive s9est vue, pour sa plus %rande part

du moins, inté%rée au sein de la prolématique liidinale F laquelle

elle apporte sa dynamique puissante utilisée, F partir du moment oT

s9est réalisée cette élaoration œdipienne, dans une vectorisation

nettement créatrice.

?uand la violence réapparaQt ensuite au sein de telles

personnalités, il ne s9a%it plus de violence primitive mais

d9a%ressivité UoT amour et violence sont mBlésV dans le cadre d9une

conictualisation trian%ulaire et %énitale.

Il semle inutile d9insister sur une telle prolématique F laquelle

la littérature psychanalytique s9intéresse presque e=clusivement.

Le sadisme et le masochisme, au sens courant des deu= termes Uet

quand il ne s9a%it pas de leurs statuts décrits comme primaires 2

en rapport avec l9hypothèse d9une pulsion de mortV, ne constituent

que des !ormes de destructivité et d9a%ressivité %énita"lisées si%nantla ré%ression et l9échec partiel devant la prise en compte du conit

œdipien. La destructivité apparaQt ici avant tout comme castratrice.

# Y ans la situation F laquelle la psychiatrie a le plus souvent F

!aire !ace, c9est"F"dire dans le cas oT il s9a%it d9une structure de la

personnalité constituée selon le modèle psychotique, nous nous

trouvons devant une vectorisation inversée par rapport F la situation

précédente.Kien entendu, les structures psychotiques ont rencontré

l9ima%inaire œdipien, mais celui"ci ne s9est pas trouvé en position

d9or"

%anisateur de l9ensemle de la personnalité sous son primat

trian%ulaire et %énital. Les inscriptions symoliques œdipiennes

n9on pu donner naissance, dans le cas des structures psychotiques,

qu9F 1 des noyau= ima%inaires œdipiens très ponctualisés, très isolés

1*#




et Y peu opératoires O on peut concevoir que, pour l9essentiel, c9est

sous> le primat de la violence archa:que que s9est constitué

l9ensemle de la personnalité O la liido s9est vue mise au service de

la violence, !aute d9un pouvoir or%anisateur propre suAisant en

raison de la !ailesse de l9interaction avec les ima%inaires

environnementau= sur le re%istre authentiquement liidinal.

La !orme de destructivité représentée ici concerne la mise en

pièces, le morcellement, l9anéantissement de l9autre et non la simple

castration Uélimination de la rivalité %énitaleV. Nous nous trouvons n

apparence très près de la violence !ondamentale mais la destructi"

>vité psychotique demeure tout de mBme du re%istre F la !ois a%ressi!

et érotisé. Il s9a%it d9une dialectique au sein de laquelle opèrent en

mBme temps l9amour et la haine O le prolème est en lui"mBme, du

point de vue %énéalo%ique, eaucoup plus élaoré qu9au niveau oT

n9entre en>eu qu9une violence véritalement primitive.

Le masochisme et le sadisme prennent donc, par voie de

conséquence, une importance toute particulière dans de telles

structures, et il y aurait certainement intérBt F envisa%er, F partir de

ces ases conceptuelles, un dialo%ue nouveau entre psychanalystes

et psychiatres, dialo%ue qui serait centré tout autant sur une

%énéalo%ie particulière de la violence que sur une étude du mode

concomitant de ré%ression liidinale spécique de tels états, avec

toutes les implications relationnelles révélées sur le re%istre

mani!este par la clinique psychiatrique.

(Y11 e=iste, en plus, une troisième situation, e=trBmement

!réquente F l9heure actuelle, oT les su>ets se voient de plus en plus

sollicités sur le re%istre comportemental et violent et de moins en

moins aidés dans la mise en activité de leur ima%inaire œdipien,

%énital et trian%ulaire.

Il s9a%it de la situation directement dépressive, sans eAicience

structurante ni du c-té névrotique, ni du c-té psychotique. Gn

assiste alors F une !orme d9équilire !ra%ile et instale entre les

1*(




!orces liidinales et les dynamismes purement violents Uet non pas

a%ressi!sV. Ni la violence ne parvient F dominer, ni la liido ne se voit

en mesure d9e=ercer son primat or%anisationnel. Il s9a%it donc sur le

plan dynamique d9une épuisante opération d9annulation de toute

velléité de prédominance d9une prolématique sur l9autre. Le su>et

est nalement réduit F un non"choi=, F une impuissance ima%inaire

!aisant non seulement le lit des sta%nations psycho%énétiques

particulières F la dépression mais préparant éventuellement aussi F

toutes les tentations d9aména%ements de la situation dans des

directions tout autant caractérielles Uet comportementalesV que

perverses ou psychosomatiques, ce qu9il convient aussi de ne >amais

perdre de vue.

ans ce %enre de pseudo"équilires, la destructivité se voit pour

une onne part retournée sur un o>et diAicile F internaliser O cet

o>et risque de se voir con!ondu avec le su>et lui"mBme sans véritale

internalisation O nous pouvons ainsi e=pliquer l9aspect

particulièrement suicidaire de ce %enre de patholo%ie sans qu9il

s9a%isse pour autant ni de sadisme vrai, ni surtout de véritale

masochisme O l9alliance entre les pulsions, mBme sous le mode

ré%ressi!, ne se révèle pas réalisale au re%istre ima%inaire.

La destructivité apparaQtrait donc comme une des conséquences

possiles de l9a%ressivité. Gr pour 'reud l9a%ressivité implique une

alliance des dynamismes violents et des dynamismes liidinau=.

Ri 'reud a par!aitement développé la %énéalo%ie de la li%née

liidinale, il ne s9est pas attaché F proposer une vue d9ensemle

aussi claire en ce qui concerne la %énéalo%ie de la violence, depuis le

!ameu= instinct animal 2 dont il a F plusieurs reprises parlé

>usqu9au= mani!estations raAinées de l9a%ressivité sur lesquelles il a

cherché F s9étendre plus lon%uement le plus souvent F propos des

aléas du sadisme ou du masochisme.

Me pense que, %rSce au= relais apportés par toutes les

conséquences de l9hypothèse d9un em'chtigungstrieb, hypothèses

1*4




sur lesquelles nous aurions sans aucun doute intérBt F développer

plus lar%ement nos rée=ions, il nous serait possile de retrouver les

chaQnons manquants dans la li%née, %énéalo%ique destructive, en

particulier au niveau des premiers chaQnons de cette li%née

spécique.

Il ne nous serait que plus aisé ainsi d9envisa%er par la suite les

articulations comple=es de cette li%née destructrice avec la li%née

liidinale, c9est"F"dire avec la créativité.

Les conséquences pratiques d9une telle rée=ion me paraissent

e=trBmement importantes, du point de vue clinique et du point de

vue de la cure, comme du point de vue des compléments inévitales

qu9il devient nécessaire d9apporter F nos vues théoriques haituelles,

non pas parce que ces théories s9avèrent ine=actes en soi, mais parce

qu9elles risquent cependant d9apparaQtre comme trop restrictives du

point de vue psychodynamique.

9autre part, les conséquences pratiques de la rée=ion que >e

propose ne peuvent se limiter au cadre de la psychopatholo%ie. Ri les

comportements destructeurs peuvent Btre considérés comme dessi%nes d9échec de l9inté%ration au sein de l9ima%inaire adulte Uc9est"F"

dire or%anisé sous le primat liidinalV d9un instinct primiti! violent

naturel et universel, les hypothèses que >e propose doivent nous

orienter, sur le plan individuel ou collecti!, vers des préoccupations

prophylactiques nouvelles. ans cette perspective en eAet, il devient

illusoire de se contenter d9une simple préoccupation répressive ou

mBme curative, comme si toute violence était d9emlée du c-té d9un

mal 2 de nature soit sociale, soit patholo%ique.

Les violences directement a%ies F travers le monde actuel

inquiètent F >uste titre nos contemporains. ais nous ne pourrons

résoudre ces échecs de l9inté%ration pulsionnelle par la seule !orce

policière ou médicale. Nous sommes conduits F nous poser des

questions !ort an%oissantes et qui nous concernent tous sur les

1**




raisons de l9incapacité de tant d9hommes de notre temps d9or%aniser

des personnalités oT domine la vectorisation liidinale et créatrice.

Il me semle que les psychanalystes auraient eaucoup F dire sur

ces raisons. La %énéalo%ie œdipienne est ien connue mais la

structure névrotique tend F devenir un mode d9or%anisation réservé

de nos >ours F un nomre de plus en plus réduit de su>ets. Nous ne

pouvons pas nous taire et !aire comme si nous ne savions pas

pourquoi.

1*+



. La notion de pulsion de mort pour le clinicien9

@n suivant attentivement le mot F mot du te=te très concis que

'reud avait rédi%é en 1## pour ( Fncyclopédie allemande de a=arcuse, nous nous rendons compte que la !onction thérapeutique

de la psychanalyse apparaQt comme seconde par rapport F sa

!onction épistémolo%ique O la !onction thérapeutique se voit d9ailleurs

insérée, selon l9ordre proposé dans cet article, entre les aspects

restricti!s et e=tensi!s d9une !onction épistémolo%ique conEue comme

essentielle par 'reud en ces années vin%t oT s9est vue développée

l9hypothèse qu9une véritale pulsion de mort 2 serait présente dansl9ima%inaire de tous les humains.

Pendant tout un temps, dont les prolon%ements sont encore ien

vivants actuellement dans les écrits ou le discours, les analystes en

renom se parta%eaient, par!ois avec asse de vi%ueur, entre

dé!enseurs ou détracteurs de l9hypothèse de l9e=istence d9une

pulsion de mort O cette opposition apparaissait par!ois comme une

croyance 2 qu9on aurait pu qualier de reli%ieuse 2 O nous noussentions asse proches du !ameu= dilemme repris par Dra%on g

7elui qui croyait au ciel et celui qui n9y croyait pas... 2

Gn conEoit sans peine qu9un déat placé par!ois au re%istre de la

croyance n9ait pas passionné les cliniciens, c9est"F"dire les plus

nomreu= et les moins spéculati!s des analystes. Me voudrais montrer

que ce déat concerne cependant ces derniers plus qu9eu="mBmes ne

1*&





(. La notion de pulsion de mort pour le clinicien#&

s9en rendent souvent compte. @n admettant en eAet qu9il soit

possile de conclure qu9une pulsion de mort 2, au sens oT nous

l9entendons %énéralement, n9e=iste pas, il resterait encore nécessaire

Upour ne pas laisser un lanc tout F !ait inconcevale au cœur du

système de pensée !reudienV de comprendre, en clinicien, quelle

serait la donnée constante au sein du psychisme humain, et

décelale par le clinicien, dont 'reud aurait cherché F nous si%naler

l9e=istence sous la dénomination de pulsion de mort 2.

Gn serait tenté de ran%er l9hypothèse de l9e=istence d9une pulsion

de mort, telle que la conEoit nalement 'reud, davanta%e du c-té des

rée=ions qui !eront tou>ours positivement communiquer

métapsycholo%ie et métaphysique que parmi les concepts que nous

estimons indispensales F notre écoute clinique. 7ependant nous ne

pouvons relé%uer aucune des su%%estions de 'reud parmi les

accessoires sans rapport avec l9ensemle des !ondements de la

pensée de cet auteur au cours d9un lon% cheminement dont certains

aspects ne nous apparaissent pas tou>ours comme très clairs

au>ourd9hui encore. Le système de pensée !reudien ne saurait Btre

découpé en tranches utiles ou inutiles, e=actes ou ine=actes. ais le

clinicien conserve le droit d9interro%er la théorie quand il ne

reconnaQt plus dans celle"ci le souci de demeurer dans une

prolématique qu9on lui a présentée comme destinée F éclairer et F

>ustier ses pratiques.

79est en eAet ce que nous rappelle la dénition contenue dans

l9article de ( Fncyclopédie allemande. ais cet article insiste

é%alement sur l9aspect pro%ressi! et non clos des recherches 4eine

Jeihe von psychologischen Finsichten7 qui doivent déoucher sur

une discipline scientique nouvelle 2, la psychanalyse, destinée F

mettre F la disposition du clinicien de meilleures connaissances de

ase du !onctionnement psychique humain.

al%ré le caractère souvent asse arupt que lui prBtent ses

io%raphes, 'reud reconnaQt volontiers que les voies qu9il a ouvertes

1*8




ne sont ni simples ni dénitivement tracées. ans l9article de (

Fncyclopédie allemande, il montre que les élaorations théoriques

avancent peu F peu 2 et se complètent pro%ressivement.

'reud nous a donné de nomreu= e=emples d9hésitations qui ne

nous ont pas particulièrement inquiétés, F propos de la théorie de

l9an%oisse, F propos des instances topiques, F propos de la théorie du

narcissisme et de l9auto"érotisme, F propos de la théorie de la

séduction, comme en matière de conception de la position !éminine.

Nous n9avons >amais pris, sur tous ces su>ets importants, les choses

aussi au tra%ique que nous sommes enclins F le !aire F propos de

l9hypothèse de la pulsion de mort.

Il semle que 'reud, en chan%eant peut"Btre de terrain, a éveillé

d9autres intérBts et d9autres passions que celles qui se voient

haituellement traitées au re%istre des classiques analyses des

mouvements trans!éro " contre"trans!érentiels. Il semle que, dès

188#, 'reud avait annoncé son intérBt pour un tel ordre de

préoccupations. Il s9en est par!ois dé!endu par la suite O mais il n9a

peut"Btre pas été possile F 'reud, pour plusieurs ordres de raisons,

de poursuivre, de remodeler, de mieu= recentrer dans un cadre

strictement métapsycholo%ique, ses rée=ions sur la vie et sur la

mort.

es situations ima%inaires mettant en scène la mort de l9autre, ou

celle du su>et, dans des conditions plus ou moins dramatiques,

apparaissent F tout moment dans une cure. ?uand il s9eAorce de

comprendre le sens pro!ond de ce qu9il oserve dans les

constructions !antasmatiques de son patient, le clinicien utilise les

oppositions inévitales et ien codiées métapsycholo%iquement

entre investissements !antasmatiques narcissiques et o>ectau=,

entre esoin de survivre et désir se=uel. Les %roupes pulsionnels

qu9il sent ainsi s9aAronter apparaissent au clinicien comme

appartenant d9un c-té F un esoin ima%inaire tou>ours violent

d9étalir et de conserver l9inté%rité narcissique du su>et et d9un autre

1*




c-té un esoin de satis!aire les pulsions se=uelles sans compromettre

les esoins narcissiques et si possile, au contraire, en utilisant et en

récon!ortant le narcissisme de vie au service de la liido, dans une

perspective F la !ois a%réale et créatrice.

Le clinicien n9éprouve pas le esoin de se ré!érer F une

dissertation philosophique sur la vie et la mort, aussi intéressante et

aussi >ustiée que soit par ailleurs une telle dissertation sur des

re%istres e=térieurs F la clinique.

Les di>cultés méthodologiques

Il est certain que 'reud a cherché F procéder F une écoute tout F

!ait psychanalytique de !aits cliniques qui lui ont paru en rapport

avec l9e=istence d9une éventuelle pulsion de mort che l9Btre humain.

?u9il s9a%isse de constructions ima%inaires ou de comportements

induisant la destruction de l9autre, ou ien qu9il s9a%isse de

constructions ima%inaires ou de comportements ou de mani!estations

somatiques induisant l9autodestruction, 'reud ne pouvait laisser sans

réponse les questions posées par l9ori%ine des dynamismes qui sous"tendent de telles attitudes O des !aits cliniques s9imposaient, il

convenait donc, pour en comprendre l9e=plication dynamique et

économique, d9appliquer la méthodolo%ie psychanalytique F leur

approche.

7ette approche des !ondements cliniques de ce qui va conduire

'reud F l9hypothèse d9une pulsion de mort a déuté ien avant 1#.

ès les Ftudes sur l#hystérie 'reud se voit con!ronté F des penséesdestructrices ou autodestructrices che ses patients et en 184 il

avoue, avec une simplicité étonnante, comien il se trouve hanté par

le !antasme de sa mort prochaine, !antasme lié F l9idée de la mort de

son père. Les !ormations réactionnelles qui >oueront un r-le aussi

évident dans l9élaoration du concept de pulsion de mort 2 ne sont

pas encore analysales.

1+




Les e=emples de prise en considération de poussées hétéro" ou

autodestructrices présentes dans l9ima%inaire des patients en

analyse aondent dans toute l9œuvre de 'reud de 1 F 1#. Il

convient de remarquer comien 'reud s9est élevé en 18 contre la

proposition de D. Ddler de reconnaQtre l9e=istence d9une pulsion

d9a%ression 2 qui se présenterait comme opposée F la pulsion

se=uelle. 79est pourtant F la mBme époque que 'reud analysait le

petit $ans, et, en 1#, il reprenait une partie des idées de D. Ddler

en les puriant méthodolo%iquement pour les inclure F l9intérieur de

son hypothèse de pulsion de mort, comme vectorisation o>ectale de

cette pulsion.

ans son approche du concept de pulsion de mort, tant qu9il s9en

est tenu F une prolématique ri%oureusement psychanalytique,

'reud devait tenir compte du !ait qu9il s9était heurté F deu=

principales diAicultés méthodolo%iques g d9une part situer les

diAérents niveau= oT peut >ouer ce qu9on appelle d9une !aEon par!ois

trop rapide et surtout trop %loale 19 a%ressivité 2 et d9autre part,

au nom de la théorie du conit, dénir de !aEon asse précise des

dynamismes opposales dialectiquement F la liido.

ans un premier temps, en 18, c9est la première de ces

diAicultés qui s9est mani!estée. Du nom de la pureté de la théorie de

la liido, 'reud ne pouvait accepter d9opposer liido et a%ressivité de

plain"pied 2 comme il dit. 'reud a par!aitement saisi, dans son

approche méthodolo%ique alors ri%oureuse du !antasme a%ressi!, que

ce dernier contient une part de satis!action, donc de liido O il s9a%it

donc ien d9un mélan%e de liido et d9autre chose 2 Uqu9il n9est pas

possile encore de dénirV, et nullement d9une pulsion essentielle et

ori%inale. 9ailleurs, pour 'reud, F cette époque, il n9e=iste

pratiquement qu9un seul dynamisme énéciant d9un droit

permanent au statut de pulsion g il s9a%it de la pulsion liidinale.

La seconde diAiculté apparaQt au cours des années qui vont

précéder Du"delF du principe de plaisir 2 Urédi%é en %rande partie

1+1




en 11V O 'reud va s9eAorcer de conserver une méthodolo%ie

vraiment psychanalytique, c9est"F"dire centrée sur les !ondements du

!onctionnement ima%inaire latent capales d9e=pliquer l9ori%ine

historique inconsciente de nos constatations cliniques se rapportant

F un désir de mort visant les autres ou soi"mBme. /n souci

essentiellement épistémolo%ique et dialectique semle venir inéchir

le cours de la pensée !reudienne. Il paraQt nécessaire avant tout de

compléter l9étude du %roupe des pulsions se=uelles en postulant un

autre %roupe pulsionnel qui lui serait opposé d9une part, et dans des

conditions d9opposition qui se situeraient dans un ordre

synchronique par rapport au= pulsions se=uelles.

Gn a pu et on pourra eaucoup épilo%uer sur les conditions qui

ont conduit 'reud F s9attacher avec autant de !ermeté, F la n de son

œuvre, F l9hypothèse d9une pulsion de mort, opposée

synchroniquement au= pulsions de vie.

Nous voyons actuellement un nomre sans cesse croissant

d9auteurs mettre en avant des !acteurs de réalité conte=tuelle pour

e=pliquer le %lissement théorique de 'reud en 1#. Il est évident

que ceu= des io%raphes de 'reud qui n9ont pas été liés F lui par une

particulière amitié ou une notale dépendance ont sin%ulièrement

contesté au cours des dernières décennies les eAorts déployés par

'reud ou ses !amiliers pour %ommer de sérieu= !aits de réalité qu9il

est tou>ours possile de rattacher F eaucoup d9idées !reudiennes. Il

est très !acile dans cette voie de concevoir l9hypothèse de la pulsion

de mort comme liée par e=emple au cancer de 'reud ou F la mort de

sa lle Rophie, parmi d9autres rapports au réel.

Me n9utiliserai pas ces ar%uments au cours de la présente rée=ion,

non parce qu9ils seraient né%li%eales ou inopportuns mais parce que

la méthodolo%ie psychanalytique ouvre d9autres raisonnements plus

spéciques. Me m9attacherai surtout F comprendre le cheminement

de la pensée de 'reud, en !onction de ce qu9il nous a lui"mBme révélé

et avoué quant au !ond de ses aAinités prolématiques.

1+#




7eci nous permettra peut"Btre de mieu= comprendre le ton pris

par les querelles entre ceu= qui se sentent portés F croire 2 ou F

ne pas croire 2 F l9e=istence d9une pulsion de mort 2.

L0impasse pro/lématique

Kien que peu satis!ait comme le déclarent certains auteurs

contemporains se réclamant de l9analyse, par ce qu9on dénomme,

avec ironie par!ois, le terre F terre clinique 2, 'reud n9en

demeurait pas moins un très n clinicien. Ron propos n9était pas de

séduire, ni d9escamoter les réalités cliniques %Bnantes.

'reud s9était asse rapidement rendu compte que sa pertinente

conceptualisation des dynamismes se=uels ne pouvait e=pliquer

l9ensemle du champ pulsionnel humain, en particulier dans la partie

la plus archa:que de ce champ, située très près des pulsions

animales, comme il l9a si%nalé F plusieurs reprises de !aEon très

précise, ce qu9on oulie souvent.

$ paraissait essentiel pour 'reud de dénir un dynamisme naturel

et inné diAérent du dynamisme se=uel et s9opposant F celui"ci.9une !aEon %énérale, on conEoit que le conit 2 se retrouve

toutes les !ois oT deu= composantes psychiques entrent en

opposition. Les e=emples classiques des conits survenant entre le

conscient et l9inconscient, le Ea et le surmoi, un désir et une dé!ense,

les deu= p-les de toute se=ualité, ou entre les diAérentes positions

vécues au sein du comple=e nucléaire œdipien, impliquent tous une

conictualisation d9ordre synchronique. Il s9a%it d9un aArontemententre deu= parties du psychisme qui ont évolué %énétiquement dans

des conditions parallèles et qui entrent en opposition synchronique.

'reud va s9en%a%er avec le mBme présupposé au cours de sa

recherche d9un anta%oniste F opposer au= dynamismes se=uels. Les

hypothèses d9un %roupe de pulsions d9 autoconservation 2 puis d9un

%roupe de pulsions du moi 2 n9imposent pourtant pas l9idée d9un

synchronisme des éléments entrant en conit. Gr 'reud, pour des

1+(




raisons sans doute tout autant cliniques que théoriques, ne se sent

pas satis!ait de ces premières hypothèses qui lui semlent rendre

incomplètement compte de la nature véritale du conit rencontré

par les %roupes des pulsions se=uelles F un re%istre économique

pro!ond.

Du lieu de poursuivre dans le cadre d9une méthodolo%ie qui est

vraiment celle qu9il a créée et en cherchant F aAiner cette

méthodolo%ie, F propos par e=emple du concept capital pourtant

d9autoconservation, si proche de ses conceptions concernant le

narcissisme, 'reud va chan%er suitement de prolématique.

7e chan%ement de terrain au= conséquences importantes pour le

développement de la pensée !reudienne n9a été que rarement

remarqué par les psychanalystes par la suite O 'reud s9est sans doute

trouvé motivé aussi par le souvenir de l9échec d9une tentative

inau%urée avec une relative maladresse par D. Ddler et visant F

opposer le %roupe des pulsions se=uelles F une pulsion a%ressive 2.

Dutant l9utilisation du terme a%ressivité 2 apparaQt comme

courante dans les descriptions cliniques portant sur un re%istremani!este asse anal, autant il demeure certain que tout ce que

nous dési%nons par !acilité de lan%a%e comme étant des

mani!estations a%ressives 2 ne peut correspondre F un !ondement

économique latent pouvant se réclamer d9une dénition ri%oureuse

de P a%ressivité 2 du point de vue métapsycholo%ique.

Gn ne peut appeler a%ressivité 2 n9importe quelle disposition

désa%réale pour les autres ou pour soi"mBme. L9a%ressivitéauthentique e=i%e trois conditions g

1 Y Le but de l9a%ressivité est de chercher F porter atteinte F

autrui

ou F soi"mBme. /ne opération seulement destinée F se dé!endre

soi"mBme ne peut Btre considérée comme a%ressive mBme si elle

devient secondairement Uet accidentellement somme touteV

meurtrière pour autrui.

1+4




# Y #ob=et de l9a%ressivité est tou>ours déEni, identié, pour des

raisons conictuelles précises, et le plus souvent œdipiennes,

donc érotiques. Lorsque au contraire un pré>udice, mBme %rave, est

causé F l9e=térieur au cours d9une opération de pure

autoconservation, c9est le ut de cette opération qui compte en soi et

nullement l9identité du personna%e vécu comme menaEant. Nous ne

sommes pas encore dans le cadre d9un conit d9amivalence

o>ectale, le non"moi ne constituant pas encore un o>et 2 au sens

relationnel du terme.

( Y Le mode de satis!action de l9a%ressivité implique une part de

plaisir dans la pensée ou dans l9action diri%ée vers l9o>et déniqu9il s9a%it d9attaquer. Il n9e=iste aucun plaisir F malmener quiconque

si notre attitude n9a pour ut que de dé!endre notre propre inté%rité

narcissique.

7ette ri%ueur nécessaire dans l9emploi du terme d9 a%ressivité 2,

en particulier l9oli%atoire présence d9une érotisation au sein de

toute opération a%ressive, n9a pas permis F 'reud de reconnaQtre

dans l9a%ressivité un dynamisme suAisamment premier etsuAisamment monolithique ni suAisamment synchrone dans ses

ori%ines pour constituer un anta%onisme valalement opposale au

%roupe des pulsions se=uelles.

Les changements de pro/lématique

@t pourtant le esoin de dénir une !orce opposée F l9érotisme

demeurait présent che 'reud, et ce esoin semlait assepréoccupant. 7ette !orce innée pouvant constituer sur le re%istre

théorique une e=plication de tel vécu !antasmatique très précoce

paraissait inquiéter 'reud du point de vue conceptuel.

Les pulsions d9 autoconservation 2 ou du moi 2 n9étaient sans

doute pas asse né%atives 2 et P a%ressivité 2 se trouvant trop

liidinalisée, trop secondarisée, quelle solution rechercher 0

1+*




Dprès son approche très déterminante F ce propos des !antaisies

de L9$omme au= loups 2, 'reud se trouvait dans une impasse

élaorative qui avait sans doute contriué F son erreur de dia%nostic

et Pavait conduit F soi%ner ce patient comme s9il s9a%issait d9un

névrosé.

Il est évident que 'reud n9était pas satis!ait de l9échec de ses

eAorts pour dépasser le cadre d9une économie purement %énitale et

rendre compte des !antasmes violents primiti!s dont il si%nalait lui"

mBme l9e=istence dans le para%raphe qu9il a ra>outé, avant de livrer

le te=te F l9éditeur, F la n de son étude.

@t c9est peu de temps après qu9en voulant maintenir coXte que

coXte sa méthodolo%ie e=plicative, asée F >uste titre sur le souci

d9e=pliquer le psychique par le psychique, il allait chan%er de

prolématique, sans voir Ucar il revenait F ses premières amoursV

qu9il plaEait l9e=plication psychique 2 sur un autre terrain que celui

de la métapsycholo%ie.

M. Laplanche et M."K. Pontalis avaient rencontré une diAiculté du

mBme ordre, quand F la n de leur remarquale article sur les!antasmes ori%inaires ils avaient déclaré !or!ait en émettant des

hypothèses complémentaires. ais ces auteurs en avaient été

conscients et avaient clairement e=plicité leur esoin de chan%er de

prolématique. M. Laplanche et M."K. Pontalis, en eAet, ont très

rillamment démontré que les !antasmes qu9on appelle

haituellement les !antasmes primiti!s 2 Uscène primitive,

séduction, castrationV demeuraient d9apparition relativement tardive

et n9avaient été conEus que pour tenter secondairement de donner

une e=plication ima%inaire plausile au= questions que chaque

individu se pose quant F ses ori%ines. ais après cette

démonstration très ne et très proante, M. Laplanche et M."K. Pontalis

ont été conduits F supposer qu9il pouvait cependant e=ister d9autres

!antasmes, vraiment plus primiti!s. Ils ont alors déclaré que lF

s9arrBtait la tSche revenant au psychanalyste et qu9il !allait passer

1++




maintenant le relais au philosophe. Ils n9ont pas >u%é pré!érale soit

d9attendre une autre inspiration dans la voie de leur recherche

précédente si heureuse, soit d9attendre les recherches d9autres

collè%ues dans cette mBme voie O ils ont aandonné la tSche au=

chercheurs opérant dans le cadre d9une autre prolématique.

'reud n9a pas procédé autrement en 11 en se lanEant dans

l9aventure ouverte par l9hypothèse d9une pulsion de mort 2, mais il

a !ait preuve sans doute de eaucoup d9hésitations F ce moment

devant la tentation d9aandonner la métapsycholo%ie pour une

tentative de liaison avec la métaphysique F laquelle il avait >ustement

proposé autre!ois de renoncer avec la conviction que l9on sait.

@n 1#*, 'reud reconnaQt qu9il avait tendance F s9éloi%ner de

l9oservation clinique mais il tient F insister sur le !ait d9avoir

soigneusement évité de 4s#7approcher de la philosophie proprement

dite. 7ependant il cite Nietsche et Rchopenhauer#8 O pouvons"nous

nous estimer satis!aits par une telle déné%ation 0 La dé!ense

semlait moins nécessaire dans le passé lointain de 'reud quand,

dans une lettre pleine de simplicité et de prémonition F la !ois, il

écrivait F artha, en 188# g La philosophie que >e me suis tou>ours

représentée comme le ut et le re!u%e de ma vieillesse, m9attire

chaque >our davanta%e, autant que toutes les autres aAaires

humaines réunies, et que toute cause F laquelle >e me dévouerais. 2

Gn ne saurait Btre plus clair ni plus précis.

. de 9/an a montré comien l9inuence de 'liess avait >oué

sur les thèmes repris F propos de la pulsion de mort, conEue comme

un essai de métaiolo%ie 2 comportant une perspective

cosmolo%ique de l9évolution des or%anismes vivants.

'reud d9un out F l9autre de ses écrits a cherché F inté%rer le

point de vue clinique dans l9ensemle des aAaires humaines 2 dont

il parle en 188#, c9est"F"dire dans une perspective F visée vraiment

anthropolo%ique et vraiment philosophique O ceci n9a rien pour lui

d9un savoir astrait mais n9otient statut scientique qu9en se =ant

1+&






une prolématique spécique dans la !aEon dont il va rechercher

comment les humains conduisent leur vie ima%inaire, élaorent leurs

pensées, envisa%ent leurs relations aAectives.

Le souci de 'reud, dans une optique qui va d9Dristote F escartes,

c9est de comprendre la nature des contenus inconscients pro>etés sur

des prolèmes de l9e=istence et des ori%ines, et, dans une optique qui

va de escartes F Want, c9est de comprendre, en plus, comment

l9homme en arrive F mettre en action ses relations au= autres et F

lui"mBme en !onction et de sa structure pro!onde et des !ormations

ima%inaires qui l9a%itent intérieurement, en !onction aussi des vécus

tirés de son histoire propre et de celle de sa collectivité. La

philosophie 2 pour 'reud est science rationnelle et science de la

relation, non pas pure spéculation O il s9a%it d9un eAort d9e=plication

cohérente des composantes d9une réalité intérieure commandant

tout l9univers relationnel humain et conditionnée en mBme temps en

partie par cet univers.

Dprès s9Btre penché pendant plus de vin%t ans sur les applications

de la philosophie au= connaissances scientiques, et en particulier

psycholo%iques de son temps, au= moteurs pro!onds des relations

aAectives interhumaines, 'reud en est revenu autour des années

vin%t au ut 2 et au re!u%e 2 qu9il envisa%eait dé>F en 188#, c9est"

F"dire F une philosophie plus première ne pouvant éviter de prendre

en compte le statut métaphysique de la mort 2.

7omment concilier les prolèmes philosophiques posés par la

représentation qu9on peut se !aire de la mort avec la théorie des

pulsions 0 7e n9était pas chose !acile. Gn comprend les hésitations de

'reud et ses diAérentes !aEons d9aorder une telle con>uration g

automatique, demeure, en %rande partie du moins, dans le cadre

de la métapsycholo%ie. @n cela elle intéresse et interro%e le

psychanalyste, sans sérieuse restriction. ais une compulsion 2 ne

constitue pas une pulsion 2.

# Y L9hypothèse d9une pulsion de mort comprise comme principe

1+8




de déliaison Uet pour D. 5reen# de déso>ectalisation 2

conduisant F un narcissisme né%ati! 2V demeure é%alement dans le

cadre de la métapsycholo%ie, mais nous ouvre dé>F plus lar%ement

des horions philosophiques.

( Y L9hypothèse, par contre, d9une tendance F la réduction des

ten

sions vers un point éro 2 nous oli%e F !ranchir de !aEon

eaucoup plus décisive les !rontières séparant philosophie et

psycholo%ie scientique, métaphysique et métapsycholo%ie.

Peut-?tre une ouverture %

'reud percevait !ort ien che ses patients l9e=istence d9une !orce

pulsionnelle naturelle, innée, diAérente des pulsions se=uelles.

@n théoricien ri%oureu= il ne pouvait se contenter de dénir cette

!orce comme réductile F la simple a%ressivité 2 O nous avons vu

pourquoi.

Pour répondre F cette doule e=i%ence, 'reud a lon%uement

tourné, avec des allusions répétées, autour d9une hypothèse qu9il n9apas cru devoir retenir par la suite g celle d9une rutalité primitive 2

de l9Btre humain, analo%ue F l9instinct de survie commun F tous les

animau=. Pourquoi 'reud a"t"il dévié sa recherche sur ce dynamisme

de vie en direction d9une autre prolématique 0

Il nous !aut procéder F cette étude avec ri%ueur et commencer

par ce qui ne constitue ni une hypothèse ni mBme un postulat mais

une évidence g le mythe d96dipe Uselon la tradition et selon

RophocleV auquel 'reud ne cesse de se ré!érer comprend de !aEon

indéniale une première partie, centrée autour du premier oracle

d9Dpollon qui déclare qu9il n9y a pas place au soleil pour les parents

et les en!ants F la !ois O que les parents devront mettre F mort leur

en!ant s*ils veulent survivre, ou bien que l#enant devra tuer ses deu$

parents s#il veut survivreT. L9accent est mis sur le !antasme de

1+








survie dont l9in!anticide ou le parenticide ne sont considérés que

comme une conséquence.

D cette première évidence s9en a>oute une seconde g 'reud

connaissait par!aitement l9ensemle du mythe d96dipe. Il avait vu

@dipe%Joi représenté F Paris, F la 7omédie"'ranEaise, et il avait lu

ien des !ois ce te=te avant et après cette représentation.

Pourquoi 'reud a"t"il passé sous silence la première partie d9un

mythe aussi essentiel pour sa théorie, en particulier le premier

oracle d9Dpollon et la scène du 7ithéron 0 Gr cette scène nous

montre sans ami%u:té que c9est la mère, Mocaste, qui désire mettre F

mort son en!ant g nous n9en sommes pas encore F la punition e=ercée

par le père pour des moti!s de rivalité se=uelle.

'reud, comme nous allons le voir, a !ait de nomreuses allusions F

cette violence primitive e=primée dans la première partie du mythe

d96dipe mais il n9a pas été en mesure d9élaorer de !aEon plus

complète une théorie pulsionnelle diachronique étalissant deu=

niveau= de dynamismes pouvant soit s9allier soit s9opposer g un

niveau a"se=uel primiti! qu9il avait seulement pressenti et un niveause=uel secondaire qu9il a rillamment conceptualisé. L9hypothèse que

>e propose et chercherai F vérier suppose que devant la diAiculté

pour tout en!ant, pour tout humain de se représenter les !antasmes

les plus primiti!s, comme M. Laplanche et M."K. Pontalis, comme

eaucoup d9analystes, 'reud aurait été conduit F un %lissement

prolématique destiné F maintenir ine=primé de !aEon directe ce qui

paraQt le plus diAicilement représentale pour tout Btre humain.

'reud avait par ailleurs par!aitement envisa%é l9aspect dia"

chronique de l9opposition de la violence par rapport au= pulsions

se=uelles quand il cherchait en 18 F dénir un anta%oniste qu9il

déclarait ne pas concevoir comme de plain"pied 2 avec le %roupe

des pulsions se=uelles.

Il m9a semlé !ort instructi! de suivre pas F pas les

développements de 'reud se rapportant F une certaine cruauté 2

1&




naturelle che l9en!ant, qui ne serait pas de l9a%ressivité mais une

pure violence, de reprendre ce qu9il a décrit comme constituant un

instinct animal 2 de ase, une sorte de violence qu9on pourrait

retrouver che l9Btre humain dans un ut purement dé!ensi! et non

pas a%ressi!, et de me ré!érer surtout F son hypothèse de l9e=istence

d9une pulsion d9emprise 2 4emachtigungstrieb7.

Il m9a paru important é%alement de chercher F rapprocher cette

notion de Pulsion d9emprise 2 du %roupe des Pulsions

d9autoconservation 2 que 'reud a tout d9aord opposé au= pulsions

se=uelles sans avoir >amais aandonné réellement cette hypothèse.

'reud en eAet n9a cessé de rappeler que les pulsions se=uelles

apparaissaient comme devant nécessairement, dans leur destin

heureu= et producti!, réaliser un étaya%e sur les Pulsions

d9autoconservation 2 dénommées par la suite Pulsions du moi 2,

sans que le sens de cette hypothèse ait réellement chan%é. L9idée de

ce %roupe pulsionnel essentiellement dé!ensi! n9a >amais été

aandonnée par 'reud par la suite.

L9hypothèse de l9e=istence d9une pulsion d9emprise 2 opposée

au= pulsions se=uelles résultait des positions prises par 'reud en

1* dans la première édition des rois essais oT il était question

d9une cruauté ori%inaire de l9en!ant 2. 7ette !orme de violence

naturelle n9aurait pour 'reud rien F voir avec le sadisme ou la haine O

elle viserait seulement, comme les pulsions d9autoconservation ou les

pulsions du moi, F une préservation narcissique du su>et devant les

menaces vécues comme venant d9un e=térieur encore mal

personnalisé. @n 11(, 'reud montre que la tendance F la violence et

F la cruauté demeure essentiellement conservatrice et constitue une

des ases ultérieures du sadisme mais ne peut Btre assimilée au

sadisme qu9elle précède. 'reud conrme cette position dans l9article

de 11* sur les pulsions en montrant comment la se=ualité s9allie F

la cruauté primitive pour donner naissance au= attitudes a%ressives

de statut vraiment sadique. Dvant une telle alliance, et avant cette

1&1




articulation d9étaya%e de pulsions se=uelles sur la violence ori%inelle,

il ne peut e=ister ni sadisme, ni haine, ni a%ressivité, ni masochisme.

79est ien ce que nous constatons dans notre clinique quotidienne.

@n 11*, F l9occasion d9une nouvelle élaoration d9un passa%e des

rois essais, 'reud nous montre l9ori%ine de nature iolo%ique et

somatique Usomme toute animale 2V de la pulsion d9emprise 2 O il

dé!endra F nouveau cette position au moment de terminer ses

manuscrits de L9inconscient 2 et de L9$omme au= loups 2 O c9est

comme si, F la n de tels développements, il tenait F nous si%naler

qu9il n9avait pas été encore en mesure de dénir asse clairement F

son sens la nature des liaisons et des articulations e=istant entre le

%roupe des pulsions se=uelles et un dynamisme qui lui serait

vraiment anta%oniste.

e nomreu= auteurs Uen particulier I. $endric3 au= @tats"/nisV

ont montré comien il avait été re%rettale que les psychanalystes

aient né%li%é cet intérBt porté par 'reud au= mécanismes très

élémentaires de survie et F leurs conséquences réactionnelles

!acilement décelales dans les e=i%ences de domination dé!ensive

au=quelles 'reud !ait des allusions répétées toutes les !ois oT il

évoque, sous cette dénomination ou sous une autre, la notion de

Pulsion d9emprise 2. Le statut a"se=uel 2 de ce dynamisme est

sans doute passé eaucoup trop inaperEu en raison de l9omre que

lui a portée, dans toute l9œuvre de 'reud, l9importance accordée au=

mécanismes appartenant F la prolématique eaucoup plus élaorée

du désir et du plaisir, c9est"F"dire F l9e=clusivité de la seconde étape

Use=uelleV du mythe d96dipe.

@alidation clinique des hypothèses

L9hypothèse d9une rutalité 2 présente spontanément che tout

petit en!ant a été souvent évoquée par 'reud O le terme de

violence 2 semlerait étymolo%iquement et !onctionnellement

pré!érale. Il pourrait s9a%ir, dans l9idée initiale de 'reud, d9une

1&#




véritale pulsion de vie, non pas systématiquement opposée au=

pulsions se=uelles mais le plus souvent articulée avec elles.

ans les situations les plus heureuses, les deu= dynamismes

conver%eraient, les dynamismes se=uels s9étayant sur les !orces

d9autoconservation et inté%rant F leur prot le dynamisme violent

autoconservateur plus primiti! et moins élaoré. ans les conditions

de nature F !reiner cette inté%ration, en particulier sous l9action des

inhiitions, nous nous trouvons devant une situation clinique d9allure

dépressive. D un de%ré de plus, c9est la violence qui va chercher F

inté%rer F son prot tout ce qu9elle pourra comme !ra%ments de la

liido et le mélan%e résultant sera de statut a%ressi!, comme 'reud

nous en a tout F !ait convaincu.

Le clinicien constate, au l de ses oservations, les traces laissées

par cette cruauté naturelle che l9en!ant 2 décrite par 'reud, qui

ne serait ni se=uelle ni mBme encore véritalement a%ressive, ni

encore très personnalisée et conserverait un ut essentiellement

autoconservateur O nous pourrions appeler plus simplement

violence 2 un tel dynamisme naturel puisque étymolo%iquement

violence vient de ios Ula vieV. Le clinicien constate comien une

évolution aAective heureuse nécessite l9inté%ration du dynamisme

violent ori%inel au sein du courant liidinal pour que le second donne

un sens au premier et que le premier apporte sa !orce au second O le

clinicien constate aussi que, quand un conit survient entre se=ualité

et autoconservation, ceci n9a rien d9une opposition synchronique,

puisque les deu= dynamismes qui l9aArontent conservent une

position diachronique, le plus archa:que étant le dynamisme violent

et le plus élaoré le %roupe des pulsions se=uelles comme l9illustre

par!aitement l9ensemle du mythe d96dipe avec ses deu= étapes

si%nicatives. Nous nous trouvons donc devant une !orme nouvelle

de représentations du conit entre les %énérations 2, autrement dit

entre deu= %énérations de conits.

1&(




ais le clinicien peut aller plus loin encore dans sa démarche

démonstrative sans quitter le terrain solide de la méthodolo%ie la

plus authentiquement psychanalytique O en particulier en étudiant les

comportements déné%ati!s de 'reud par rapport au= découvertes

qu9il avait !aites tournant autour d9un %roupe pulsionnel violent

clairement inclus dans le mythe d96dipe pris dans sa totalité. Il

e=iste deu= e=emples connus et si%nicati!s d9une déné%ation de cet

ordre g

La première déné%ation opérée par 'reud concernait un article

écrit en 1+, donc peu après la première édition des rois essais et

intitulé Psychopatische Personnen au! der K<hne 2U. Il y est

nettement question de la violence et en particulier de la diAiculté

que les humains 2 Udonc 'reudV éprouvent pour se représenter la

violence. 7et article n9a >amais été pulié comme si l9action Uet

l9inhiition de l9actionV continuait la seule e=pression possile et

aussit-t annulée de la pensée. ais 'reud n9a pas détruit pour

autant ce manuscrit qui lui semlait sans doute !ort pertinent et il l9a

coné F a= 5ra!, le père du Petit $ans 2 O a= 5ra! a attendu

14# pour rendre pulic ce manuscrit dont on continue F parler

asse peu... ce qui vérie le mouvement déné%ati! de son idée

directrice.

La seconde opération déné%ative apparaQt comme tout F !ait

parallèle. @lle concerne un te=te de 11*, c9est"F"dire contemporain

de l9article sur Les pulsions et leur destin 2 et conEu pour Btre

incorporé au recueil de >étapsychologie. Le manuscrit porte le titre

de ;ersicht der ;ertra%un%sneurosen 2(#. 7e travail revBt une

doule importance, car il y est question d9une violence naturelle F

l9homme opposant l9adulte et les >eunes dans une sorte de comat

pour la vie O mais d9autre part, comme 'reud nous l9avait annoncé

dans l9article, dont >e parlais plus haut, cette violence est trop

diAicilement représentale O 'reud utilise donc ici la métaphore de

!aits qui sont décrits comme appartenant F la préhistoire de

1&4








l9humanité pour F la !ois illustrer et dénier ce qui se passe, en

réalité, au niveau de la préhistoire de l9individu, c9est"F"dire dans

toute psycho%enèse oT l9ima%inaire violent précède l9ima%inaire

%énital avant de se voir inté%ré Uplus ou moins !acilementV au sein de

ce dernier courant.

7e document n9a >amais été pulié par 'reud mais il n9a pas été

détruit non plus, 'reud l9a remis F R. 'erenci et c9est par hasard que

le manuscrit a été retrouvé et rendu pulic en 184 par lise

5rurich"Rimitis O 'reud ne crai%nait plus d9Btre tué par ses en!ants

ni de les mettre F mort, mais le !antasme violent n9a pu Btre élaoré

et les analystes continuent F i%norer un des sens essentiels de cet

écrit.

'reud insiste dans ce te=te sur l9aspect spéculati! qu9il entend

donner F son raisonnement. Il parle de !antaisies scientiques 2

pour ien montrer la relativité préconsciente attachée F son propos.

@n eAet la métaphore emprunte ici une prolématique

anthropolo%ique asse clairement utilisée pour opérer un

déplacement, un %lissement devant une prise en compte

métapsycholo%i"quement trop an%oissante sans doute pour 'reud.

Nous connaissons en eAet la précarité de l9élaoration pré%énitale

au cours de l9auto"analyse prolon%ée de 'reud, l9apport de W.

Draham ayant été malheureusement trop re!.

7inq ans après la rédaction de l9Nbersicht nous verrons le

%lissement prolématique s9accentuer et dépasser la li%ne de

dé!ense métaphorique O nous passons F la rationalisation O il s9a%it de

l9hypothèse d9une pulsion de mort 2.

Le clinicien se voit conduit F mani!ester F l9é%ard de l9hypothèse

d9une pulsion de mort une attitude semlale F celle qu9e=primait

'reud en tant que psychanalyste dans #avenir d#une illusion g

l9hypothèse de l9e=istence d9une Pulsion de mort ne constituerait pas

une erreur en soi mais cette hypothèse se situerait dans une

1&*




prolématique qui ne saurait Btre transposée telle quelle dans le

domaine de la réalité clinique propre au psychanalyste.

7e %lissement prolématique de 'reud entraQne deu=

conséquences g il semle d9une part illusoire de procéder nous"

mBmes au %lissement inverse en ramenant dans notre champ de

rée=ion une donnée qui n9a rien de métapsycholo%ique. Il est

évident d9autre part que continuer F parler en termes de pulsion de

mort 2 nous empBche de chercher F mieu= élaorer tout ce que

'reud avait mis sur le chantier en matière de dynamismes violents et

autoconservateurs indispensales F l9étaya%e liidinal. Ri nous

pensons que la violence en tant que notion métapsycholo%ique n9a

pas pour ut la mort comme le constate le clinicien, mais le maintien

d9un narcissisme primiti! de vie qui se sent menacé, comme cela

apparaQt avec évidence dans la lecture de l9ensemle du mythe

d96dipe, il semle que des voies nouvelles se verront ouvertes en

direction d9autres interprétations de la clinique, selon une

méthodolo%ie qui sera vraiment la n-tre.

1&+



2. Approche épistémologique du soi dépressif

Gn peut considérer que le plein épanouissement de la théorie

!reudienne concernant le !onctionnement psychique humain a étéatteint F partir de la dénition des principes de la seconde topique.

Le postulat de trois instances F la !ois toutes trois !ondamentales et

articulées entre elles, tout autant du point de vue métapsycholo"

%ique que du point de vue psycho%énétique, semle n9avoir >amais

été remis en question, mBme che les auteurs les moins en%a%és

dans la voie authentiquement psychanalytique.

7ependant il est apparu F de nomreu= auteurs qu9au re%istre del9e=plication du !onctionnement psychique, les notions de Ea, de moi

et de surmoi ne pouvaient suAire F rendre compte de toutes les

prolématiques économiques rencontrées en clinique quotidienne et

la notion supplémentaire de soi 2 a été proposée de plusieurs c-tés

dans des sens qui n9apparaissent pas identiques mais dont le point

commun demeure un essai de comler quelques lacunes ressenties

dans l9énoncé de la seconde topique.

7et essai de complément de la seconde topique par le postulat

d9un soi 2 situé en position d9antériorité et de diAérence dans la

li%née psycho%énétique qui doit aoutir F la constitution du moi ne

peut que se voir rapproché de la !aEon dont on a peu F peu utilisé la

notion d9idéal du moi comme antériorité et diAérence dans la li%née

psycho%énétique qui doit conduire F l9étalissement du surmoi.

1&&



4. Dpproche épistémolo%ique du soi dépressi!

Peut"on conclure des successi!s travau= sur le soi ou sur l9idéal du

moi que la seconde topique serait incomplète et qu9elle devrait

comprendre cinq instances 0 7et aord épistémolo%ique me

paraQtrait F la !ois simplicateur et trompeur.

u point de vue méthodolo%ique, nous nous trouvons uter sur

deu= écueils ien classiques toutes les !ois oT se présente la

nécessité de modier, mBme très ponctuellement, une position

d9école g les dérapa%es peuvent survenir soit dans le sens d9un

en!ermement sur une compulsion ri%oureusement répétitive des

seules positions e=primées dans le passé, soit dans le sens d9une

révision imprudente remettant en question les positions essentielles

d9une théorie qu9on prétend dé!endre.

Les travau= concernant l9idéal du moi sont demeurés prudents,

trop prudents mBme par!ois O par contre, certains travau= proposant

l9hypothèse d9un soi 2 risquent de mettre en question une partie de

la conception !reudienne du !onctionnement psychique en contestant

l9universalité de la notion de moi 2.

Le génital et l0archaque

Pourquoi cette diAérence, alors que les deu= notions de soi et

d9idéal du moi semlent, ainsi que >e vais essayer de le montrer, se

situer dans une prolématique asse identique 0 Gn se verrait trop

rapidement enclin F répondre que la notion d9idéal du moi a été

développée par 'reud lui"mBme alors que la notion de soi n9apparaQt

que d9un usa%e métapsycholo%ique plus récent, non univoque et

encore incertain.

Les raisons pro!ondes de certaines hésitations dans l9approche

théorique du soi sont F rechercher, >e crois, dans une autre direction.

Il semle en eAet que le %énitalocentrisme asse e=clusi! de 'reud,

et en cela proalement dé!ensi!, donc pouvant Btre perturateur du

point de vue épistémolo%ique, s9accorde moins ien avec la

représentation d9un soi conEu comme précurseur du moi et non

1&8




identiale F lui par sa nature propre qu9avec la conception d9un

narcissisme doté par 'reud d9une coloration mal%ré tout

liidinale 2, ramenant ainsi au %énitalocentrisme.

Gn ne pourra >amais sortir d9une telle diAiculté épistémolo"%ique

sans opérer une distinction entre primat du %énital et e=clusivité du

%énital. Le primat du %énital implique que l9ensemle de la

personnalité parvient F une maturation structurelle telle que

l9ima%inaire a inté%ré les diAérents niveau= de !onctionnements

archa:ques au sein d9une prolématique dont le modèle relationnel

conserve une orientation essentiellement %énitale. 7ette position

!reudienne très classique sur le re%istre psychodynamique et

%énétique correspond du point de vue topique F une des !onctions

principales du moi, la !onction de synthèse.

Il ne saurait Btre question pour un psychanalyste de ne pas

adhérer F une telle conception du sommet %énital de l9évolution

aAective de l9Btre humain, c9est"F"dire de la réussite possile du moi

dans cette voie. Gn se trouve alors en !ace d9une structure mentale

de statut %énital, œdipien et névrotique 2 Uau sens non

patholo%ique du termeV. Les aléas !Scheu= éventuels d9une telle

structure, corrélati!s F des ones de !ailesse du moi en !ace de

!acteurs événementiels trop conséquents donnent naissance F des

maladies névrotiques, incidents morides certes, mais qui ne sortent

pas de la prolématique %énitale, œdipienne et trian%ulaire.

ais une question doit alors se poser g toutes les personnalités

que nous rencontrons dans la vie F l9état normal 2, tout autant qu9F

l9état patholo%ique en clinique, sont"elles de statut mental

oli%atoirement %énital, œdipien, trian%ulaire et névrotique 0 La

réponse est de toute évidence né%ative. Houtes les personnalités

rencontrées autour de nous, mBme en dehors des états

psychopatholo%iques, n9ont pas atteint !orcément le statut

névrotique et %énital. Dutrement dit l9évolution aAective n9est pas

tou>ours parvenue F un sommet structurel oT le moi aurait pu

1&




réaliser une synthèse des attitudes F prendre vis"F"vis de tous les

apports instinctuels et relationnels antérieurs, sous le primat du

%énital. Il n9est pas possile d9adhérer F des hypothèses plaEant le

%énital comme primat oli%atoire de toute évolution aAective

humaine.

Gn en arrive donc F douter de l9oli%atoire réussite che tout

humain de la constitution d9un moi 2 au sens oT 'reud l9entend au

sein de la seconde hypothèse topique. e nos >ours, cette seconde

topique est, trop rapidement peut"Btre, devenue un postulat qui

serait applicale F n9importe quelle situation individuelle. Nous

pouvons donc nous demander du mBme coup si la seconde topique,

tout F !ait opératoire pour rendre compte des !onctionnements

mentau= normau= 2 ou patholo%iques de modèle %énital et

œdipien, peut se voir appliquée aussi !acilement et d9une !aEon aussi

%énérale F n9importe quelle !orme de structure de la personnalité.

79est ce que diAérents auteurs et diAérentes écoles ont depuis

lon%temps mis en question O les conséquences de ces rée=ions ont

déouché sur des hypothèses diverses. La notion de soi découle de

ce %enre de recherche en direction d9une métapsycholo%ie prudente

et réaliste.

La notion de & soi '

$. $artmann a été l9un de ceu= qui ont le plus contriué F

distin%uer les deu= notions de moi et de soi, en considérant le soi

comme une %loalité psychodynamique F partir de laquelle le moi

s9élaore de mBme que dans une simultanée reconnaissance des

réalités héréditaires et conte=tuelles. Les travau= de @. @ri3son ont

mis l9accent sur l9épi%enèse de l9identité en insistant sur les

conditions d9apparition d9un soi 2 au cours de la première en!ance,

sous le couvert d9une volonté d9autonomie narcissique. La nécessité

du passa%e par un stade de distinction pro%ressive de la mère est

ien décrite par . ahler comme prélude F la constitution du moi.

18




e son coté, @. Macoson, s9appuyant sur une %rande e=périence

clinique, dénit la notion de soi par rapport au= mouvements du

narcissisme secondaire et du masochisme secondaire en montrant

l9échec de 'reud dans ses conceptualisations topiques en rapport

avec l9économie narcissique d9une part et l9inuence du monde

o>ectai d9autre part.

Parmi les auteurs contemporains, $. Wohut s9est taillé une place

de choi= dans l9étude du soi. Il montre l9importance de l9utilisation

précoce de l9o>et au service du soi, véritale structure F son sens,

possédant en propre et de !aEon durale une éner%ie ins"tinctuelle

spécique O mais la nature de cette structure serait pour $. Wohut

essentiellement topique, sans représenter toute!ois une instance de

mBme statut que le Ea, le moi ou le surmoi. Il s9a%it donc de

compléter nos rée=ions sur l9économie du narcissisme et la variété

de dynamisme instinctuel qui se trouve investie narcissi"quement.

Les investissements o>ectau= archa:ques ne constituent pas que des

ostacles au développement aAecti! de l9en!ant O ils se présentent

aussi comme utiles F l9ensemle de l9or%anisation psychique avec ses

lo%iques cheminements liidinau=.

$. Wohut s9emploie F étudier les situations cliniques oT cet

investissement o>ectai archa:que s9accompa%ne d9une %rande

cohésion du soi empBchant ces su>ets de voir leur soi se désinté%rer

dans la voie psychotique, mais sans parvenir F élaorer un moi

authentiquement œdipien.

@n !ait tous ces auteurs ont en commun la liaison réalisée entre

les concepts de soi et de narcissisme. @. Macoson en arrive F entrer

de !aEon directe dans les prolèmes économiques mani!estés sous un

couvert dépressi!, alors que $. Wohut s9attache F décrire l9ensemle

de situations oT la dépression ne constitue pas la seule e=pression

symptomatique, mais dont les !ondements économiques sont les

mBmes que ceu= que nous rencontrons dans la dépression non

névrotique.

181




$. Wohut distin%ue de telles patholo%ies de celles que les auteurs

an%lo"sa=ons, en particulier G. Werner%, dési%nent sous le terme de

orderlines 2 O cette caté%orie en eAet comprend aussi des su>ets

qu9en @urope on considère comme des prépsychotiques, donc comme

ayant dé>F une relation o>ectale de mode psychoti"sant sans que les

dénis soient asse conséquents pour introduire des !ormations

ima%inaires délirantes. 7ependant les dénitions de $. Wohut

cadrent tout F !ait F ce que la plupart des auteurs européens

dénomment états"limites 2, ces états ne comprenant en aucun cas

ni des prépsychotiques, ni des !ailement 2 psychotiques, mais se

ré!érant seulement F ce que $. Wohut considère comme une

patholo%ie du narcissisme.

L9essentiel des travau= actuels sur la notion de soi tournent donc,

avec des nuances diverses, autour de l9économie du narcissisme et

de la %enèse du narcissisme sur les aléas de cette %enèse d9une part

et de l9évolution de la relation o>ectale qui, partant du cadre

narcissique, doit lo%iquement s9élaorer dans le sens %énital,

trian%ulaire et œdipien sans y parvenir F tout coup.

;n deBC de la seconde topique

La seconde topique diAère très notalement de la première

topique qu9elle n9a >amais eu pour ut de remplacer dans l9esprit de

'reud O et il n9est venu F l9idée de personne d9opposer première et

seconde topique tant leurs champs de conceptualisation théorique

tout autant que d9application clinique apparaissent comme

diAérents.

7ependant on a moins remarqué une autre diAérence essentielle

entre les niveau= opératoires des deu= topiques g la première topique

représente une !ormulation de diAérents niveau= de !onctionnement

du système mental humain qui conserve une valeur universelle O

cette distinction entre conscient, préconscient et inconscient

demeure tout aussi valale pour les su>ets de structure névrotique

18#




que pour les su>ets de structure psychotique ou que pour ceu= qui en

sont restés F un compromis dépressi!.

Gn ne peut considérer par contre que la seconde topique quant F

elle puisse atteindre la valeur d9un postulat universel. 7onsidérons

d9aord ce prolème par son aspect le plus évident g le surmoi pour

'reud est l9héritier du comple=e d96dipe O il s9a%it d9une instance

intériorisée, personnalisée, qui découle de la résolution et du déclin

de l96dipe. Kien entendu il peut e=ister dans toute structure

œdipienne des maladies 2 du surmoi, mais le surmoi du mBme coup

demeure opératoire au niveau du conit. Par

contre si l9évolution aAective du su>et n9est pas parvenue F opérer

une or%anisation de l9ensemle de la personnalité sous le primat de

la prolématique instinctuelle %énitale, de la relation d9o>et %énitale

et de l9ima%inaire %énital, comment pourrait"on parler dé>F de

surmoi 2. Kien sXr, certaines écoles ont envisa%é un surmoi

précoce 2 ou des précurseurs du surmoi 2, mais ceci ne saurait

conrmer l9e=istence d9un véritale surmoi dé>F F l9œuvre. La

seconde topique, pour ces raisons, ne pouvait donc pas prétendre F

un statut universel.

Le mBme raisonnement est moins évident en ce qui concerne le

moi 2 tel qu9il est conEu dans la seconde topique. a rée=ion sera

tout de mBme du mBme ordre et suivra la mBme démarche que celle

qui vient d9Btre utilisée pour le surmoi.

La dénition !reudienne du moi postule qu9une telle instance

= pour se voir prise en compte soit réellement parvenue F remplirun certain nomre de !onctions. Le moi est conEu par 'reud comme

un médiateur entre la réalité e=térieure et le surmoi O ceci suppose

donc la constitution d9un surmoi dé>F réalisée. Le moi en tant que

!acteur de coordination dé!ensive de la personnalité est spécialement

char%é d9utiliser le re!oulement pour tenir écartées les

représentations an=io%ènes O or le re!oulement, ien qu9on puisse le

rencontrer comme plus ou moins acti! dans n9importe quelle

18(




situation structurelle, demeure cependant pour 'reud asse

spécique des personnalités névrotiques, car il est décrit comme

portant pour l9essentiel sur des représentations %énitales. /ne des

!onctions ma>eures du moi consiste en sa capacité de synthèse et de

liaison des émer%ences pulsionnelles de diAérents de%rés et de

diAérentes étapes O cette synthèse et cette liaison doivent Btre

eAectuées par le moi sous le primat du %énital O il s9a%it donc d9une

e=i%ence de statut névrotique dénitivement satis!aite F partir de la

résolution heureuse de la crise d9adolescence. Le moi enn doit >ouer

un r-le capital dans l9élaoration des identications les plus

dénitives, c9est"F"dire les identications secondaires donc se=uelles,

en permettant l9intro>ection d9une ima%o o>ectale ien investie

érotiquement par le Ea.

Les cliniciens qui rencontrent des situations pratiques oT il

n9e=iste pas che le su>et d9instance qui soit parvenue F un tel

statut F l9intérieur de la personnalité du patient sont en droit

d9interro%er la théorie en réclamant la dénition d9une instance

topique moins élaorée, moins eAicace, plus impar!aite encore car

eaucoup moins spéciée %énitalement que le moi !reudien de la

seconde topique.

/ne insatis!action de cette nature a conduit un certain nomre

d9auteurs F postuler le concept de soi 2 qui prée=isterait au moi

Ucorrélati! de l9accès au primat du %énitalV sans représenter un

simple précurseur dans la seule li%née du surmoi, car ce soi 2

aurait en propre d9autres systèmes de ré!érences principales

autrement dit un primat diAérent.

$ne seconde première topique

Il semle utile de remarquer que 'reud n9est pas d9un seul coup

parvenu F l9élaoration de sa seconde topique O il lui a !allu passer

par diAérentes étapes et la complète dénition du surmoi a marqué

184




l9apo%ée conceptuel de cette seconde topique, en attriuant un r-le

de plus en plus spécique au moi.

Il est classique de considérer que la seconde topique est née dans

le travail de 1#( Le moi et le Ea 2, mais on peut remarquer que

dans ce titre la notion de surmoi n9apparaQt pas encore ien que le

terme soit présent, dans le te=te lui"mBme, pour la première !ois. @n

1#(, le r-le du surmoi n9est pas encore totalement déni. Il ne le

sera que par la suite au !ur et F mesure que la seconde topique se

verra spéciée dans le sens essentiellement névrotique.

D propos du te=te de 1#(, il nous !aut étudier, en psychanalystes,

les raisons d9une erreur 2 commise dans la première traduction

!ranEaise de as Ich und das @s 2. Fs !ut en eAet traduit non par

Ea 2 comme il aurait été correct de le !aire, mBme F cette époque,

mais par soi 2. Il est permis d9interpréter cette erreur 2 comme

une sorte d9acte manqué devant la perception par le traducteur

d9une incertitude de 'reud sur le sens pro!ond et déniti! qu9il

entendait donner au moi de sa seconde topique par rapport F un Ea

qui en%loait plus ou moins encore des !onctions dont il serait épuré

lorsque la notion de surmoi se verrait mieu= précisée g ko @s jar,

soll Ich jerden. 2

D partir du moment oT, surtout après 1(#, la seconde topique

!reudienne prend un sens essentiellement névrotique sous le primat

de l9économie %énitale, ce n9est point l9ancienne première

topique 2 Uconscient"préconscient"inconscientV qui sera en mesure de

rendre compte du point de vue dialectique de ce qui se passe avant

que la seconde topique parvienne Uquand elle y parvientV F or%aniser

dynamiquement et économiquement l9ensemle de la personnalité

sous le primat du %énital.

Nous pouvons considérer que la première topique !reudienne

constitue une !aEon de classer les instances dans un re%istre

permanent depuis la naissance >usqu9F la mort selon des sudivisions

18*




très parallèles et qui restent parallèles pendant toute la vie mal%ré

tous les ponts utilisés Uou évitésV entre ces niveau= diAérents.

La seconde topique correspond au contraire F un découpa%e plus

%énétique de la personnalité, plus évoluti!, se situant au sommet de

l9évolution aAective, c9est"F"dire au niveau d9une %énitalité ayant

terminé son action inté%rative des étapes précédentes.

v 7ette écoute de la seconde topique nécessite donc l9hypothèse

d9une autre !orme de première topique capale d9évoquer ce qui

%énétiquement se passe avant que soit étalie la primauté du %énital,

r-le que ne peut remplir la première topique classique, qu9il n9est

nullement nécessaire de remettre en cause, ien sXr, puisqu9elle

s9applique de !aEon permanente F toutes les phases évolutives de

psychisme humain.

L9hypothèse de la nécessité de concevoir une nouvelle Uet

deu=ièmeV première 2 topique en rapport dialectique avec la

seconde topique nous conduit naturellement F situer cette seconde

première topique dans l9optique du primat du narcissisme par

opposition au primat du %énital, propre F la seconde topique!reudienne. Y 7ette seconde première topique comporterait donc

d9aord ien sXr le Ea d9oT tout est nalement tiré, selon l9opinion la

plus constante che 'reud, par étapes successives au sein d9une

épi%e"nèse triutaire de l9environnement et des vécus relationnels du

su>et. D la place du surmoi encore non asse élaoré on placerait

lo%iquement l9idéal du moi, c9est"F"dire l9instance narcissique qui

constitue le souassement du surmoi dans un sens qui n9est

d9ailleurs pas entièrement homolo%ue.

esterait F remplacer ici le moi 2 par une instance psychique

plus archa:que mais qui ne serait pas totalement homolo%ue. Il

semle que le concept de soi 2 s9inté%re tout naturellement F cette

place, compte tenu du plus petit commun multiple des !acteurs que

les diAérents auteurs ayant utilisé ce terme ont mis en avant comme

en>eu dans le soi et spéciques de son !onctionnement.

18+




Le soi dépressif

Ri on admet cette hypothèse, c9est"F"dire la nécessité conceptuelle

d9utiliser la notion de soi dans un sens narcissique, comme l9ont !ait

eaucoup d9auteurs, nous nous trouvons du mBme coup devant lareprésentation d9une instance"charnière, pouvant évoluer, se

diAérencier et se modier, soit dans le sens du moi névrotique, soit

dans le sens du moi 2 psychotique, mais qui pourrait aussi

demeu"fier =ée F un état seulement aména%é de soi 2 dépressi!.

/n lon% prélude nous aura été nécessaire pour parvenir F ces

dernières propositions. Du out de notre rée=ion préliminaire nous

pourrons estimer que seul le moi névrotique correspond au moi 2!reudien de la seconde topique. M9estime que nous sommes é%alement

autorisés F parler d9un moi psychotique 2, car il s9a%it dans ce cas

d9une véritale structure spécique de la personnalité, très

diAérente certes de la !aEon dont se structure une personnalité

névrotique"%énitale mais tout aussi solidement constituée après

l9adolescence, quand cette période de réor%anisation a rempli sa

!onction structurante. Le moi psychotique ne correspondrait pas,ien sXr, au moi de la seconde topique mais il serait tout aussi solide

et tout aussi eAicace. Me ne m9étendrai pas davanta%e sur ce re%istre

dans le présent travail.

Le soi dépressi! nous occupera maintenant plus spécialement, une

!ois située la place qui lui serait attriuée au sein de la

métapsycholo%ie dont 'reud nous a laissé l9usa%e O en cela 'reud

nous a donné aussi le droit de prolon%er et de développer samétapsycholo%ie un peu plus avant qu9il n9avait eu le temps de le

!aire.

ès 1#(, 7."5. Mun% émettait des doutes sur le !ait que le moi

puisse Btre considéré comme e=istant d9emlée sous la !orme

opératoire très nole et très eAicace que 'reud décrivait dans ses

oservations de névroses de l9adulte. 7."5. Mun% estimait que la

personnalité dénitive se constituait par étapes, et le concept de

18&




soi 2 paraissait dé>F répondre F une prolématique idéalisante

Udonc narcissiqueV en%loant un ensemle de !acteurs %loau= dont

le moi se diAérenciait. 7ette !aEon de voir était en partie reprise en

1#+ par k. ac ou%all qui s9appuyait é%alement sur les travau= de

@. M. Wemp! postulant certaines conditions pro%ressives nécessaires F

la constitution du moi proprement dit.

Il ne saurait Btre question de citer tous les travau= consacrés au

soi dépressi! dans la littérature psychanalytique de la période

post!reudienne. Les positions de $. $artmann, @. Wriss et .

Loejenstein nous ont eaucoup apporté F ce propos cependant que

les écrits 3leiniens ont souvent mis en question l9utilisation trop

ausivement mature du terme de moi 2. ais ce sont surtout @.

Macoson et $. Wohut qui ont poussé le plus loin l9étude du soi

dépressi!.

Pour @. Macoson la notion de soi demeure encore mal précisée,

car 'reud n9a pas réussi F relier de !aEon complète le concept de

narcissisme F ses hypothèses structurales concernant l9écono"!r:iie

névrotique. Le système du moi concerne l9investissement liidinal et

son dérapa%e, l9investissement a%ressi!, lui"mBme impré"I%né de

liidinisation alors que le système du soi se limite F [investissement

de type narcissique secondaire. La constitution du moi implique que

soit positivement élaorée l9étape préalale du soi O les

représentations de statut narcissique du soi doivent selon @.

Macoson Btre pro%ressivement investies d9éner%ie liidinale >ppur

atteindre un niveau relationnel concevant un o>et d9amour O iEet

o>et d9amour devient un o>et de haine si c9est la relation

a%ressive F l9o>et qui utilise la liidinisation, la liido ne pouvant

plus s9investir alors de !aEon plus directe.

@. Macoson accorde une %rande importance F ce qu9elle appelle le

soi physique 2 F c-té du soi psychique 2 plus haituellement pris

en compte par les auteurs. 7e soi physique 2 revBt une particulière

importance dans la dépression oT la perte de l9estime de soi et

188




l9autodéni%rement se mani!estent souvent par des réactions

somatiques traduisant le décit du narcissisme corporel. Ri pour @.

Macoson le dépressi! n9aandonne >amais !ondamentalement une

onne ima%e du soi mBme dans les conduites suicidaires, les

possiilités de %ratication du soi apparaissent comme très limitées O

toute déception o>ectale vient ren!orcer un sentiment de colère

pro!onde F l9é%ard d9un o>et nalement tout autant déni%ré que le

soi. Les o>ets demeurent F ce stade encore surévalués avec des

capacités de !aire parvenir, par un amour sans

Ulimite, le soi narcissique !rustré et avide du su>et au statut de moi

capale d9investir un véritale o>et d9amour O comme aucun o>et

n9est spontanément F mBme de répondre F de telles e=i%ences, ce

sont de nouvelles déceptions et de nouveau= déni%rements qui

surviennent et @. Macoson a présenté des oservations tout F !ait

éloquentes F ce propos.

^ La position de $. Wohut ien qu9e=primée de !aEon !ort

diAérente n9est pas très éloi%née de celle de @. Macoson sur ien des

points. Wohut pour sa part ne conEoit pas le soi comme une instance

ayant le mBme statut que les trois instances de la seconde lopique O

mes hypothèses personnelles vont dans le mBme sens. f Wohut estime

que le soi serait un contenu mais non un constituant U structurel de

l9appareil mental O ceci semle certain si nous réservons le statut

d9appareil mental 2 au modèle vraiment élaoré selon la

prolématique ima%inaire %énitale.

. Pour $. Wohut la patholo%ie dépressive concerne principale"

!ment les dé!aillances du soi en rapport avec un mode d9investisse"

>ment très archa:que des o>ets demeurés F un statut relationnel de

Umodèle essentiellement narcissique. 7es o>ets ne peuvent pas se

voir investis liidinalement par un moi suAisamment constitué. Le

mode d9investissement de ces o>ets demeure spécieu= g ou ien

l9o>et reste très partiel ou ien il s9a%it au contraire d9un

surinvestissement O peu importe, car le narcissisme n9y trouve pas

18




pleinement son compte et les o>ets conservent tou>ours une radicale

e=tériorité O il n9est pas possile au= o>ets de se voir inté%rés

liidinalement comme cela devait Btre la !onction lo%ique du moi, ce

qui prive secondairement l9ensemle de la personnalité Uc9est"F"dire

le soi plus ce qui devrait Btre le moiV d9un apport suAisant

d9investissement.

L9ima%e parentale trop idéalisée tend F se reproduire dans ce que

l9auteur dénomme le trans!ert idéalisant 2, reposant sur un soi

%randiose 2. La conduite de la cure consiste F chercher F moiliser

et cette représentation idéalisée de l9o>et et ce soi %randiose, sous

le couvert d9un trans!ert en miroir rassurant le narcissisme.

$. Wohut met en évidence le cliva%e dit vertical 2 qui sépare

che le dépressi! ce qui constitue une sorte de moi encore précaire

d9un secteur oT opère le soi %randiose hérité du esoin narcissique

trop e=clusi! de la mère O F ce cliva%e vertical se sura>oute un cliva%e

classique Udit ici horiontal 2 7 opéré par le re!oulement entre le moi

et les re>ets énoncés par la mère O ceu="ci ne peuvent pas Btre

assimilés au= interdits œdipiens parentau= portant sur les désirs

incestueu= de l9en!ant. Le principal eAort thérapeutique devra, pour

$. Wohut, porter sur le cliva%e vertical, c9est"F"dire sur la nécessité

de réduire d9aord ce qui empBche le moi de se Y ren!orcer en

s9appuyant sur un soi devenu plus réaliste. La honte laissera la place

F la culpailité dans la mesure oT un surmoi plus intériorisé pourra

se constituer, nous ramenant ainsi F la seconde topique. Le r-le

spécique du soi n9est pas terminé pour autant, en particulier au

niveau de la sel! estime, F partir du moment oT le narcissisme a pu

se restaurer dans des propositions appréciales.

D/servation clinique

@tienne a (# ans, il est venu me consulter sur les conseils d9un

ami médecin, car il ne réussit pas F pro%resser dans sa carrière ni F

1




en entreprendre une autre ni F s9entendre avec son épouse, ni F se

séparer d9elle.

@tienne est employé dans une société commerciale importante oT

il est entré il y a une diaine d9années environ, au retour d9un service

militaire qu9il n9a pas achevé, car il a été ré!ormé F la suite d9un

accident survenu sur un champ de manœuvre O il avait reEu quelques

éclats de %renade d9e=ercice dans les >ames O les dé%Sts avaient été

minimes O cependant l9impact traumatique de cet incident avait

eaucoup marqué @tienne. L9hospitalisation n9avait pas été très

lon%ue, mais au retour F la vie civile, @tienne s9était senti

physiquement et psychiquement amoindri O d9autant plus que son

père venait de quitter sa mère après son départ F l9armée et que sa

mère qui avait déména%é et qui demeurait dans un tout petit

appartement maintenant ne pouvait %uère le reprendre che elle.

@tienne vient lo%er alors pendant quelques temps che sa sœur

aQnée, mariée depuis quelques années F un homme eaucoup plus

S%é qu9elle et qui venait de énécier d9une retraite anticipée, ce qui

avait conduit le couple F prendre la %estion d9une petite lirairie O

%rSce au= relations de sa sœur, il trouva un premier emploi che un

transporteur. Il prépara un e=amen d9entrée dans l9administration

mais ce !ut un échec, et après s9Btre présenté sans succès pour

répondre F des oAres d9emploi diverses, c9est nalement dans une

entreprise de menuiserie industrielle qu9il se =a O il était employé au

ureau des achats, son court passa%e au service des ventes ayant

posé trop de diAicultés avec la clientèle en raison de son manque de

dynamisme. ans ce ureau il vé%était et n9envisa%eait aucun

avancement, mais il ne se sentait pas en mesure de risquer sa

chance ailleurs, mal%ré les pressions e=ercées sur lui en ce sens par

son épouse et sa sœur.

@tienne avait épousé une !emme de deu= ans son aQnée, divorcée

et ayant dé>F un en!ant, qu9il avait rencontrée che son !rère O elle

était la cousine de l9épouse de celui"ci. Le couple avait eu deu=

11




en!ants, deu= lles dont la santé paraissait !ra%ile. Les pédiatres

étaient F tout moment consultés. L9épouse d9@tienne occupait un

poste de secrétaire F mi"temps che un vieil avocat. Les ressources

du ména%e n9étaient pas très %randes. @tienne et son épouse

menaient une e=istence asse terne et asse isolée. Les relations

con>u%ales paraissaient ien maussades.

L9en!ance d9@tienne n9avait pas été marquée par eaucoup

d9ori%inalité. La scolarité avait été interrompue par une succession

d9incidents de santé divers tout autant di%esti!s que pulmonaires,

sans particulière %ravité mais semlant avoir eaucoup traQné et

avoir motivé de nomreu= retraits de l9école puis du collè%e. eu=

classes !urent redoulées et un accalauréat technique enn otenu,

@tienne prépara un cap commercial qu9il n9acheva pas avant de

partir au service militaire et qu9il n9a pas cherché F terminer après

son retour F la vie civile.

Les parents d9@tienne tenaient une petite dro%uerie dans un %ros

our%. @tienne décrit ce ma%asin comme asse somre et asse

sordide O la clientèle locale se serait pro%ressivement portée vers

deu= concurrents plus acti!s et plus modernes installés

successivement dans le mBme our%. Pendant qu9@tienne était

militaire, le père a quitté la mère pour aller vivre avec une veuve

qu9il !réquentait dé>F depuis plusieurs années O le ma%asin avait

perdu toute valeur O il !ut cédé F une auto"école.

@tienne a tou>ours vécu son père comme étant ailleurs 2 g le

samedi et le dimanche au >eu de oules 2, le lundi che ses

!ournisseurs F la ville et le reste de la semaine dans son dép-t F

procéder F d9éternels ran%ements, d9éternels inventaires. Il se tenait

rarement au ma%asin oT les en!ants aidaient leur mère O on le voyait

plus rarement encore dans la %rande pièce commune oT vivait la

!amille, dans le prolon%ement du ma%asin. ?uant F ce qui pouvait se

passer dans la chamre des parents, au premier éta%e, @tienne

déclare qu9il n9en avait >amais eu la moindre idée O il ne s9en était

1#




nullement préoccupé, il occupait pourtant une chamre voisine oT il

était sans cesse l9o>et de la surveillance maternelle.

La >eunesse d9@tienne s9est déroulée de !aEon très insipide sur le

re%istre pulsionnel. La se=ualité n9était >amais évoquée dans sa

!amille, on n9éprouvait mBme pas le esoin de la réprouver O elle se

trouvait apparemment asente de la prolématique ima%inaire

!amiliale. La violence au contraire !aisait très peur O on en parlait

souvent F propos de tous les événements !Scheu= survenus dans le

pays ou cités par la presse ou la radio O la violence était vivement

condamnée dans le discours des parents. u mBme coup, @tienne

vivait sans aucun droit F l9a%ressivité ni ien sXr F la se=ualité.

Ron e=istence était insipide et son !onctionnement ima%inaire

apparaissait comme des plus ternes et des plus carencés.

La seule solution possile pour lui ouvrait sur la voie dépressive.

Rous le couvert d9une immaturité aAective évidente, il n9avait mBme

pas pu élaorer les !antasmes plus ou moins désordonnés mais

pulsionnellement très char%és, qui caractérisent une véritale crise

d9adolescence.Gn se trouvait tellement loin d9un système conictuel pouvant

inclure les p-les de la seconde topique, et en particulier le surmoi,

qu9il était diAicile de parler vraiment d9un moi 2 pouvant se voir

!èn action dans la personnalité d9@tienne. Les mouvements identi"

catoires n9étaient demeurés eAicaces qu9au niveau de l9identité

primaire O l9essentiel de la personnalité se réduisait F une dé!ense de

l9ima%e de soi, dé!ense !arouche, silencieuse e=térieurement, maistrès tendue intérieurement.

79est ce qui a été mis en évidence dans la cure oT la violence

est Yvite apparue, derrière la morosité dépressive. /n mouvement

d9al"

- lure maniaque se mani!esta dès que !urent remis en cause les

liens de Y dépendance passive au narcissisme maternel. Gn vit alors

se préciser la colère F l9é%ard de l9ineAicacité narcissique paternelle

1(




tout autant qu9F l9é%ard du trop d9eAicacité de la récupération, par le

narcissisme de la mère, de ce qui aurait dX Btre le narcissisme

propre de fM9en!ant O ceci sous le re%ard tout F !ait indiAérent d9un

père qui évitait toute relation. La plénitude du soi d9@tienne n9ayant

pu se réaliser, il ne pouvait atteindre l9autonomie d9un moi eAicient.

L9analyse !ut lon%ue, délicate, prudente. Il n9était pas question

d9émettre trop précocement des hypothèses %énitales. /n premier

temps de la cure !ut consacré F permettre au patient d9apaiser

l9aspect mé%alomaniaque liéré asse t-t pour la prise en char%e

relationnelle, sous un an%le tout F !ait nouveau pour @tienne. ès

que le patient a été en mesure de prendre une distance suAisante

par rapport F ses !antasmes de vampirisation narcissique par la

mère, un soi un peu plus autonome parvint F se dé%a%er et on vit se

déloquer pro%ressivement un ima%inaire très polyvalent sur le

re%istre pulsionnel et o>ectai. D partir de cette palette associative,

enn plus lar%e, @tienne parvint F or%aniser un !ondement mental

pro%ressivement con!orme au= instances de la seconde topique et F

chan%er, par voie de conséquence, les conditions et le sens mBme de

sa vie aAective. @tienne m9avait investi pendant tout un temps de

!aEon aussi e=clusive et aussi idéalisée qu9on aurait pu, F tort,

considérer qu9il s9a%issait d9un parano:aque. Le moindre si%ne

d9e=istence autonome Uretard, asence, mani!estation pulique F

laquelle >e me trouvais associé par mes !onctions universitaires, etc.V

était vécu par le patient comme un manquement %rave de

conséquence pour lui F l9oli%ation de me montrer con!orme F l9idéal

qu9il se !aisait de mon dévouement F sa personne et de mon intérBt

pour sa souArance et ses manques.

Peu F peu >9ai pu interpréter le sens pro!ond de ce trans!ert et la

répétition ainsi réalisée de la !aEon dont la mère et lui s9étaient

sentis prisonniers l9un de l9autre, de !aEon tout F !ait réciproque. La

détente !ut très lente F se mani!ester. La conance en l9o>et

e=térieur que >e représentais ne !ut >amais complète. ais

14




pro%ressivement @tienne améliora sensilement sa situation

pro!essionnelle en devenant le représentant de son entreprise dans

un dép-t situé dans un autre lieu de la ré%ion.

Me n9ai >amais su e=actement comme il avait pu convaincre son

épouse d9entreprendre une psychothérapie, mais il semle que son

r-le ait été déterminant dans une décision qui trans!orma

secondairement le climat !amilial.

/ne telle évolution n9aurait pas été possile sans avoir lon%ue"`

ment travaillé dans la cure sur l9hypothèse d9une =ation dépressive

F un soi narcissique incomplet et F des représentations peu investies

o>ectalement, =ation et non pas ré%ression, rendant ineAicace

toute ré!érence anticipée F la seconde topique.

$ne instance essentielle

Il ne saurait Btre question de réduire le modèle théorique que les

analystes contemporains se !ont du soi 2 au modèle dépressi!

illustré par mon e=emple clinique. 7ependant l9hypothèse d9une

instance traduisant le de%ré de pro%ression de la personnalité endirection du moi, et avant que ce stade ne soit atteint, semle

indispensale.

Le soi ne peut pas Btre compris comme un simple précurseur du

moi, une sorte de moi en réduction ou en incomplétude. Le soi n9est

pas un moi lacunaire ou simplement encore imprécis. La notion

mBme de soi implique une capacité positive du soi diAérente de celle

du moi. Le champ d9action du soi serait F la !ois o>ectalement moinsélaoré mais relationnellement plus vaste, que celui du moi, moins

précis mais plus étendu, de coloration f plus narcissique que

%énitale O d9oT l9importance des idéalisations, des irréalisations, des

diAicultés d9inté%ration d9un o>et d9amour mais d9un potentiel

évoluti! encore asse vier%e de conits vraiment mo:ques.

Reul le soi dépressi! peut Btre considéré comme lacunaire,

incomplet, inachevé mais en temps que soi 2. Le soi dépressi!

1*




conserve en li%rane la multiplicité des amitions et des possiilités

narcissiques du soi normal, mais ses carences intrinsèques

l9empBchent de constituer une ase narcissique asse solide pour

assurer les indispensales !ondations du moi.

?u9il s9a%isse du r-le ou des !onctions du soi normal 2 ou du soi

dépressi!, parler en termes de moi incomplet 2 ou lacunaire 2 ou

immature 2 ne semle pas pouvoir rendre compte Ud9un point de

vue théorique indispensale F l9aord clinique et F l9aord

thérapeutiqueV d9une instance essentielle dans le processus

identicatoire, instance très spécique qui d9une part n9appartient

pas encore F la dialectique propre F la seconde topique et qui d9autre

part couvre encore des potentiels archa:ques asse lar%es parmi

lesquels le moi devra choisir avant de s9en%a%er dans un rapproché

o>ectai délimité par le modèle trian%ulaire œdipien.

1+



Eroisième partie. Le développement de la

pensée freudienne



1. Psychanalyse et universalité interculturelle

La culture c9est ce qui reste quand on a tout oulié. 2

@douard $erriot.

La phrase demeurée célère prononcée par !eu notre %rand maire

lyonnais, idéolo%iquement et pro!essionnellement dé!enseur

convaincu des ien!aits é%alisateurs de la culture, peut Btre

entendue par un psychanalyste comme pleine d9ami%u:té, donc

comme ouvrant dé>F un premier niveau de dialo%ue.

Du re%istre mani!este, l9accès F une universalité de on aloi serait

perEu comme succédant au re!oulement des données archa:ques

ori%inales. ais au re%istre latent le psychanalyste est porté F

estimer que, pour parvenir F une élaoration transculturelle positive

du retour du re!oulé, il apparaQtrait nécessaire, ne serait"ce que pour

Btre en mesure d9en re!ouler les représentations les plus %Bnantes,

de posséder préalalement une idée solidement ancrée de la valeur

de notre culture particulière d9ori%ine.

Pour demeurer dans notre domaine, il est !acile de constater tout

d9aord que les %roupes d9analystes qui semlent les plus !éconds

seraient parvenus, F partir d9ori%ines culturelles diversiées mais

clairement dénies, F valoriser des uts, des o>ets, des

investissements étalis en commun et F les rendre communicales

au= autres.

18





1. Psychanalyse et universalité interculturelle((

7ette !aEon de voir paraQt aller dans le sens des travau= des

adeptes de la néoténie culturelle qui insistent sur l9importance du

re!oulement pulsionnel imposé par toute culture, comme 'reud

l9avait dé>F supposé, mais tout en reconnaissant les capacités très

positives de %estion du retour du re!oulé oAertes par les situations

oT une inté%ration, et non pas une déné%ation culturelle, a pu se

réaliser au sein d9un re%roupement humain, ne !ut"il qu9idéolo%ique.

es ensemles culturels !ort dynamiques ont pu se constituer

ainsi en divers endroits du monde F partir d9ori%ines pluricultu"relles

inté%rées et ceci pendant tout le temps oT cette inté%ration s9est

trouvée F mBme d9utiliser, pour le ien de l9ensemle, les inévitales

retours de re!oulés distincts.

'reud avait lui"mBme si%nalé le sentiment d9étran%eté

!amilière 2 entourant le moment mutati! qui permet non pas

d9oulier 2 mais d9inté%rer une culture d9ori%ine F un ensemle

culturel plus conséquent. Hout se passe, nous dit 'reud, en 1#,

comme si le phénomène se déroulait en dehors mBme des choi=

volontaires et des prises de conscience des humains. 9oT l9aspect

d9heimlich%"eit de l9ensemle du mouvement lié au développement,

c9est"F"dire F la vie comme F la mort des cultures O l9ouli se trouvant

ran%é plut-t du c-té de la survie que de la mort d9une culture.

L9e=emple de la psychanalyse peut très ien illustrer aussi les

avanta%es et les risques rencontrés dans ce doule courant de

re!oulement microculturel et d9utilisation créative du re!oulé dans un

mouvement réinté%rati! plus vaste et devenu commun, mais sans

cesse menacé de se !ra%menter F nouveau selon des li%nes de cliva%e

ne correspondant pas !orcément au= soudures antérieures. @t

l9e=emple de 'reud lui"mBme semle des plus démonstrati!s pour

permettre d9ouvrir un premier re%istre de discussion, surtout F un

moment oT, un peu partout dans le monde, mBme dans les

communautés qui revendiquent le leadership de la meilleure

inté%ration des diversités, un trialisme ré%ressi! risque de

1




constituer une plaie F nouveau ouverte entre individualités

culturelles !ra%iles se vivant comme menacées et ne pouvant se

constituer un ima%inaire identicatoire de départ asse solide pour

que les diAérences n9aient pas F Btre mises sans cesse et

dé!ensivement en avant, !aute de pouvoir concevoir l9intérBt d9une

participation des messa%es lo%iques de l9inconscient primaire F un

ensemle présent et réaliste plus vaste et plus eAicient.

'reud n9a sans doute pu se trouver F l9ori%ine de la psychanalyse,

donc de la !aEon vraiment universelle d9entendre le !onctionnement

du psychisme humain, qu9F partir de l9élaoration de pensées

latentes émanant du re!oulement d9une pluralité d9identités

culturelles, mBme si certaines de ces identités ne reposent que sur

des réalités purement !antasmatiques mais ne pouvant Btre e=clus

pour autant de mouvements identicatoires eAecti!s. @t d9un autre

c-té 'reud semle avoir été %Bné pour aller >usqu9au out de la

connaissance des successi!s niveau= opératoires traversés par ses

élaorations comme par toute onto%enèse, en raison de la diAiculté

pour lui de traiter de !aEon convenale certains retours d9un re!oulé

portant sur des particularités culturelles dont certaines ont dé>F été

asse compliquées F vivre et asse mal inté%rées du temps de sa

toute petite en!ance. 9après 'reud lui"mBme, l9identité >uive ne

paraQtrait pas la seule sur laquelle il conviendrait de s9arrBter pour

comprendre les aspirations comme les hésitations de 'reud en

direction d9une universalité transculturelle O il y a cependant lieu de

considérer que cette identité >uive, pro!ondément ancrée, a >oué un

r-le essentiel dans le destin universel de la psychanalyse.

Gn ne peut ni né%li%er ni minimiser l9importance des spécicités

culturelles sur le développement des systèmes de pensée, mBme

quand il s9a%it, au sein de cultures voisines, de diAérences

relativement modestes. ans un souci d9universalité interculturelle,

le plus important n9est sans doute pas de prétendre i%norer la part

revenant F ces diAérences, et de ne pas tenir compte de la !onction

#




dé!ensive et adaptative F la !ois >ouée par les ori%inalités locales ou

historiques rencontrées. @n partant de cet aspect !onctionnel de la

culture, on pourra considérer que les positions collectives F émettre

devront se montrer capales d9inté%rer, au sein de l9ensemle du

système de pensée qu9on entend développer, les variantes culturelles

rencontrées en mettant en évidence leurs plus %rands communs

diviseurs. Il nous !aut, de plus, demeurer asse vi%ilants et o>ecti!s

pour nous tenir prBt F réévaluer de !aEon permanente ces

hypothèses inté%ratives successivement avancées dans la mesure oT

les éléments qu9il s9a%it d9inté%rer peuvent soit avoir varié selon

l9idée qu9on s9en !ait et qu9on dé!orme oli%atoirement avec le temps,

soit avoir été incomplètement perEus o>ectivement au départ de la

rée=ion commune.

/n tel principe s9applique F la psychanalyse comme au= autres

sciences de l9homme au sein desquelles de nomreu= déats

internationau= ont nalement situé la place de la psychanalyse elle"

mBme.

@n se contentant de considérer de l9e=térieur le succès, le

développement et les conséquences pratiques des principes émis par

'reud de 188+ F 1(, eaucoup d9entre nous estiment pouvoir

conclure que la psychanalyse a trouvé un écho vraiment universel, ce

qui ne serait le propre d9autres disciplines scientiques qui

s9intéressent, de !aEon plus se%mentaire, au= données

anthropolo%iques modernes O la psychanalyse est perEue comme

apportant des éléments de réponse qui ne sauraient Btre !ormulés

autrement au= questions que l9homme s9est sans cesse posé sur lui"

mBme au cours des siècles et sous toutes les latitudes. ais en

considérant de l9intérieur maintenant ce qui se passe du c-té des

psychanalystes, il ne semle pas certain que l9ensemle de ceu="ci

aient conservé l9osession !reudienne de chercher F vérier, chaque

>our avec davanta%e de ri%ueur, si les réponses données hier ne

#1




peuvent pas se voir encore complétées et éventuellement contestées

en tant que positions dénitives.

/ne pensée qui se veut a priori universelle perd eaucoup de ses

chances de devenir >ustement vraiment universelle si elle commence

dès le départ F se déclarer comme telle sans estimer nécessaire de

remettre en question de !aEon permanente les hypothèses mBmes sur

lesquelles elle entend !onder sa prétention F l9universalité.

/ne pensée nouvellement révélée 2 n9a valeur de révélation que

dans le conte=te culturel momentané oT celle"ci a été émise. Les

révélations 2 scientiques e=istent, mais, tout comme celle de

7hristophe 7olom, chaque révélation soulève aussit-t davanta%e de

prolèmes nouveau= que le seul prolème qu9elle s9était proposée de

résoudre au départ.

Il y a lieu, d9autre part, de se méer d9une conception trop na:ve

car trop asolue de l9universalité.

/ne représentation qui se veut universelle du !onctionnement

individuel et collecti! des humains ne peut !aire l9économie de la

prise en compte des !acteurs micro" et macroculturels diAérentielsdu moment.

Ri une hiérarchisation des individus ou des cultures entrave tout

développement universel de l9approche anthropolo%ique, le souci de

reconnaQtre la réalité des diAérences de !onctionnement demeure un

préalale nécessaire pour chercher F atteindre une vue d9ensemle

du !onctionnement humain. Le statut d9é%alité entre les humains n9a

de sens, F tous les re%istres oT la question se pose, que dans lareconnaissance en mBme temps des inévitales diAérences. D

commencer par la diAérenciation entre les se=es, on ne peut

concevoir les Btres humains comme étant de valeur é%ale qu9F partir

du moment oT nous les aurons reconnus comme en mBme temps

diAérents.

La pensée !reudienne ne pourrait paraQtre universelle si nous

l9entendions comme considérant qu9il n9e=iste qu9un seul modèle

##




humain, d9Btres humains, la diAérence se limitant du !ait d9Btre

pourvus ou non d9avanta%es phalliques. @n eAet nous serions en

train d9entretenir ainsi, collectivement, et sans mBme le reconnaQtre,

une con!usion métonymo"métaphorique %rave de conséquences

théoriques et cliniques entre la représentation du phallus et celle du

pénis.

La pensée de 'reud nous permet d9atteindre une compréhension

vraiment universelle quand nous parvenons F rétalir les pièces d9un

pule disséminés F travers de nomreu= écrits et nous permettant

de considérer la !emme et l9homme comme soumis au= mBmes

constantes pulsionnelles, économiques et topiques, au= mBmes

esoins ori%inaires de complétude narcissique"phallique O F condition

de ne pas con!ondre la symolique phallique commune avec la réalité

du pénis masculin O la diAérenciation se=uelle n9intervenant qu9F

partir d9une ase narcissique préalale identique et permettant au

désir de se mani!ester sous des aspects symoliques tout F !ait

complémentaires F partir d9or%anes spéciques, ien réels, et ien

distincts O mais rien ne peut nous porter spontanément F estimer que

les or%anes spéciques masculins aient acquis Uen dehors des contre"

investissements antidépressi!s machistesV un statut iolo%ique et une

représentation potentielle symolique supérieure au lot ori%inal

!éminin.

Ri nous voulons entendre les théorisations !reudiennes dans un

sens de plus en plus universel, en !onction des diAérences comme

des variations culturelles, nous aurions intérBt, ainsi que nous l9a !ort

clairement montré M. Laplanche, F revisiter certaines !ormulations

e=plicites de 'reud dans une triple perspective g prolématique,

historique et critique.

Notre prolématique nous incite, derrière toute !ormulation

actuellement admise, F rechercher sans cesse de nouveau= niveau=

de compréhension et d9interprétation.

#(




L9histoire du développement de la pensée psychanalytique d9autre

part ne peut se réduire F une sorte de mille"!euille chronolo%ique

dont le stade actuel de présentation constituerait la !orme idéale et

dénitive de synthèse.

/ne nécessaire critique enn ne doit pas nous permettre de

con!ondre dans la multitude des écrits !reudiens ce qui apparaQt

comme primordial et ce qui s9avère secondaire.

Notre prolématique propre, notre prise en compte de l9histoire

et l9e=ercice critique auquel nous avons été entraQnés ont F s9allier

pour dé%a%er le primordial qui demeure vraiment o>ectai et

universel d9un secondaire risquant d9avoir été inéchi che 'reud

par une !aEon trop personnellement dé!ensive Uet en cela

heureusement humaineV de réécrire des déoires d9ordre narcissique

du passé sous des préte=tes théoriques qu9il nous appartient de

repasser au pei%ne n.

Il nous !aut considérer aussi que le développement de la pensée

de 'reud ne peut Btre considéré comme linéaire. 7e développement

suit inévitalement le layrinthe imposé F tout homme par despro%rès et des ré%ressions, des re!oulements et des retours du

re!oulé, des prises de conscience et des déplacements ou des

pro>ections, mécanismes si ien décrits en tout premier lieu par

'reud lui"mBme.

La pensée !reudienne s9avère vraiment universelle quand elle

nous montre comment d9un individu F un autre, comment d9une

culture F une autre, F partir de composantes ima%inaires communesF toute l9humanité, s9articulent, selon les conte=tes du moment, les

mouvements adaptati!s et ré%ulati!s qui or%anisent non seulement un

équilire nécessaire et tou>ours provisoire entre les investissements

narcissiques et les investissements o>ectau=, mais surtout une

inté%ration des investissements narcissiques Udonc d9aord violentsV

au sein des investissements o>ectau= Udonc essentiellement

liidinau=V.

#4




@n psychanalyse comme dans toute discipline scientique, il

e=iste de vrais déats de nature F élar%ir et F appro!ondir les points

de vue et de !au= déats destinés F >ustier l9immuailité d9ensemle

des hypothèses sur lesquelles !onctionne un %roupe !ermé, quitte F

chan%er EF et lF une vir%ule. Les vrais déats sont perEus comme

menaEant la quiétude des %roupes trop con!ortalement installés.

Le sens de l0universel che Freud

Ri nous nous ré!érons au te=te ori%inal(4 de *avenir d#une

illusion, nous voyons 'reud considérer la culture comme ce qui

distin%ue l9homme de l9animal, ce qui conduit l9auteur F ne pas

désirer séparer la notion de civilisation de celle de culture. @t en

11( dé>F, en conclusion de otem et tabou, 'reud rapprochait

l9histoire des diAérentes cultures de l9évolution de leurs réalisations

artistiques, sociales, morales et reli%ieuses.

Gn sait avec quelle insistance 'reud a saisi >ustement tout

préte=te artistique, social, moral et surtout reli%ieu= pour montrer

que la psychanalyse pouvait entendre et e=pliquer l9ensemle des

si%nes, des modes de pensée et des comportements qui se voient

ran%és sous ces aspects mani!estes certes diAérents, mais asse

voisins quant F leurs racines et dans leurs esoins d9e=pression, de

mBme qu9e=pliquer aussi le sens des eAorts de maQtrise et de

ré%ulation de l9économie aAective, individuelle ou collective, utilisés

au sein de toute culture.

7omme s9est employé F le montrer avec eaucoup de précision P.

icoeur, l9universalité culturelle de la psychanalyse découle de

l9acharnement dont 'reud a !ait preuve pour développer une

méthodolo%ie d9inspiration heuristique. Il s9a%issait pour 'reud de

trouver des rè%les e=plicatives communes F toute l9humanité en ce

qui concerne la %enèse de l9aAectivité d9une part et les modes

d9activité d9autre part des éléments qui contriuent F la ré%ulation

comme F la perturation éventuelle du !onctionnement mental des

#*






hommes. La psycho%enèse s9e=plique pour 'reud par le r-le

primordial et universel >oué par la se=ualité in!antile O et les aléas du

!onctionnement mental apparaissent comme dépendants des

diAérents repères, é%alement universels, proposés par la

métapsycholo%ie !reudienne. 79est autour du modèle œdipien Uque

'reud entend retrouver dans toutes les culturesV et autour aussi de

l9an%oisse de castration et du re!oulement Uqui découlent de cet

6dipe universelV que l9on voit s9articuler la démarche e=plicative

!reudienne.

'reud était certain de s9Btre en%a%é sur le chemin de la

découverte des motivations de la vie et de la souArance de

l9ensemle des humains O il déclare en 1( que la psychanalyse a

ouvert les voies conduisant F la connaissance de l9évolution et de la

patholo%ie décelales dans les diAérentes sociétés, car chaque

culture, selon les hypothèses !reudiennes, se voit soumise pour une

certaine part au= mBmes principes que ceu= qui rè%lent l9évolution

adaptative ou les aléas morides d9une individualité. 'reud ne

propose pas des conclusions toutes prBtes ni e=haustives constituant

une réponse détaillée F toutes les questions que soulèvent les

diAérences culturelles en relation avec les aléas de parcours

historique ori%inau= O mais, ainsi qu9il l9a !ait en rendant caduque

l9idée d9un cloisonnement ien classique étali par les anciens

psychiatres entre le normal 2 et le patholo%ique 2 au re%istre

individuel, 'reud propose de rééchir de !aEon %loale sur le sens

que peuvent prendre, pour un psychanalyste, l9histoire d9une culture

et les motivations pro!ondes des événements qui y ont été

collectivement vécus, en ré!érence au postulat central œdipien et

au= conséquences de ce %enre d9inscription ima%inaire, tout F !ait

universelle, sur les principau= mouvements relationnels constatés F

tel ou tel moment critique au sein d9un ensemle culturel donné.

7e esoin de %loalité dans l9approche des principau=

phénomènes culturels de tous lieu= et de toutes époques permet F

#+




'reud d9éviter deu= écueils g celui d9une part de prendre pour ar%ent

comptant au re%istre latent qui est son champ de préoccupation, les

données mani!estes et !ra%mentaires des diAérentes sciences

humaines et le dan%er d9autre part de vouloir tout e=pliquer dans

une démarche dont le point de départ et le développement du

raisonnement resteraient !ermés sur les seuls points de vue

psychanalytiques, sans considérer le !ondement élaorati! des

données spéciques proposées par les disciplines de voisina%e. Les

synthèses envisa%ées par 'reud peuvent sans doute Btre >u%ées

comme plus ou moins heureuses par!ois, en !onction de la limitation

du champ des connaissances de l9époque et en !onction aussi du

choi= des auteurs de ré!érence.

Il n9en reste pas moins certain qu9un désir d9aord %loal de

l9ensemle des phénomènes culturels e=iste che 'reud et que celui"

ci n9entend ni donner des leEons F telle ou telle discipline, ni

>u=taposer les données recueillies auprès de disciplines distinctes

opérant F des niveau= diAérents et dont les champs ne sont pas

proprement de son ressort, mBme si cette tentation demeure

présente che tout scientique.

'reud, dans un dessein d9universalité historique et %éo%raphique,

cherche F comprendre le l directeur commun F l9évolution et au=

crises de l9ensemle des cultures et, en mBme temps, dans un

dessein d9universalité scientique, 'reud se =e pour tSche

d9inté%rer dans son propre raisonnement les données recueillies

auprès d9autres sciences pour parvenir F pénétrer de l9intérieur le

phénomène culturel dans la totalité de ses dimensions g !acteurs de

réalité e=térieure et données !antasmatiques F la !ois, avec toutes les

oscillations !onctionnelles adaptatives ou patholo%iques qu9un souci

de ré!érence F l9économique, au psychodynamique et au topique

suppose che un psychanalyste.

9une telle démarche, F ut e=plicati!, entreprise F l9intérieur

mBme d9un ensemle culturel, découle que la psychanalyse, dans son

#&




universalité interprétative, constitue un apport incontournale F la

prise en considération d9une culture O non pas F c-té d9autres

techniques d9approche spéciques mais en cherchant F inté%rer les

autres données d9oservation dans une interro%ation plus pro!onde

pour creuser et étendre le sens des synthèses particulières sous"

>acentes que la psychanalyse elle"mBme propose au re%istre des

!acteurs de causalité.

'reud puise des éléments mani!estes épars, dont il va chercher F

déterminer et le sens latent et le lien sous">acent, tant du c-té de

l9art ou de l9histoire que du c-té de la société elle"mBme, en insistant

sur les aspects morau= et reli%ieu= O tout du moins tels que les

humains les vivent. L9étude des lé%endes, de l9or%anisation sociale

des peuples, du culte des ancBtres et des morts en %énéral, les

modèles de soins donnés au= en!ants, tout autant que la %uration

artistique ou l9e=pression littéraire seront F mBme de !ournir F 'reud

des ases de rée=ion dans sa recherche d9un inconscient culturel

qui prendrait ici ou lF une !orme particulière tout en oéissant au=

lois communes or%anisant l9ima%inaire des collectivités. 7eci se

passerait de la mBme !aEon que l9ima%inaire individuel s9or%anise

autour du modèle œdipien qui prend valeur symolique centrale avec

toutes les an%oisses, les re!oulements, les déplacements, les

déné%ations, les rationalisations, les pro>ections et les compromis

que comporte un eAort ré%ulati! destiné F réduire l9an%oisse et, si

possile, autoriser un de%ré non né%li%eale de satis!action du désir.

La personnalité de 'reud présentait des particularités, réelles ou

!antasmatiques, qui doivent Btre considérées en loc comme ayant

>oué un r-le essentiel et positi! dans l9élaoration des premières

recherches psychanalytiques et leurs mises en applications aussi

ien théoriques que cliniques.

Gn retient des rBves ja%nériens de 'reud que ses ancBtres se

seraient =és très t-t sur les ords d9un hin qui, dé>F F cette

époque, avait vocation de lien interculturel, et 'reud tirerait ce

#8




rensei%nement d9une inscription retrouvée dans l9é%lise d9une petite

ville de la vallée qui !ait communiquer l9Dutriche et l9Italie F cheval

sur deu= passés, dans une ré%ion oT coe=istent culture latine et

culture %ermanique, sous le couvert unicateur de l9@%lise dite

universelle 2 demeurée très puissante localement au sein de l9une

et l9autre de ces ori%inalités culturelles.

$. et . Cermorel ont mis en évidence avec eaucoup de

pertinence les rapports de la pensée !reudienne avec la culture

allemande, en particulier le romantisme %ermanique, lui"mBme en

relation étroite F (Au"larung comme au courant du Sturm und

;rang, avec F la !ois toutes les diAérences et les amivalences que

cela suppose et sur lesquelles les auteurs ont !ort heureusement

insisté. 'reud s9est tou>ours senti enclin F e=ploiter positivement et

en pro!ondeur les situations semlant diAiciles F clarier en sur!ace O

ceci sans doute en raison de l9importance qu9il accorde au= modèles

de la pensée scientique du Ie siècle. Gn sait comien le Neel 2

%ermanique a ren!orcé che 'reud l9intérBt associati! porté au= rBves

F un re%istre symolique asse universel, en mBme temps que la

pensée scientique de l9époque le poussait F prendre en compte leur

e=plication pulsionnelle systématique en direction du Sturm.

Kien que l9étude de la psycho%enèse n9ait pas eu très onne

réputation che eaucoup de psychanalystes, 'reud n9a cessé de

tourner un re%ard asse passionné vers tout ce qui lui semlait du

re%istre ori%inaire 2 ou d9un niveau primiti! 2 ou primaire 2.

e nomreu= auteurs se sont penchés sur la comple=ité de

l9identité ima%inaire de 'reud qui rappelait sans cesse son

appartenance F l9universalité du peuple >ui! implanté un peu partout

dans le monde et !acilement adaptale F des conditions culturelles

!ort diverses sans y perdre pour autant ses propres ré!érences iden"

ticatoires primaires. ais cette reconnaissance de l9ori%ine d9une

ouverture naturelle au dialo%ue avec les cultures rencontrées était

rapidement suivie d9une déclaration de re>et d9une !oi de nature

#




homolo%ue O est"ce simplement, comme il l9a déclaré lui"mBme, pour

que la métaphysique cède le pas F la métapsycholo%ie 0

'reud tenait F s9aAirmer comme non reli%ieu= mais il !aisait

preuve par contre d9une véritale attirance pour l9étude des

phénomènes reli%ieu=, phénomènes qu9il déclarait en 1#&

constituer l9élément le plus important F repérer et F interpréter

quand on procède F l9inventaire des données caractérisant les

cultures.

Ri nous considérons non seulement le nomre, mais surtout la

dispersion interculturelle des matériels de nature reli%ieuse utilisés

par 'reud tout au lon% de son œuvre, >usqu9au moment mBme de sa

mort, on ne peut qu9Btre !rappés par l9importance que 'reud accorde

F la symolique reli%ieuse au sein de toute culture, et au"delF des

diAérences culturelles. Le taleau de Léonard nous renvoie au

monde >ui! traditionnel en inau%urant en mBme temps le monde

chrétien. Les célères statuettes du ureau de 'reud évoquent la

période !étichiste et totémique de l9humanité, tout en marquant les

traces de l9évolution symolique reli%ieuse de nomreu= peuples.

L9e=emple le plus e=plicite de ce chassé"croisé réalisé entre les

!ra%mentations de sur!ace proposées dans les représentations de

modèle reli%ieu= et la continuité interculturelle, qui constitue pour

'reud F la !ois un l directeur et une sorte d9acte de !oi, se retrouve

dans la passion mani!estée de tant de !aEons et dans une telle

permanence F l9é%ard de la sculpture de ichel"Dn%e.

Il s9a%it de o:se, certes, auquel 'reud s9est si souvent identié

en tant que venu d9ailleurs pour proposer au peuple héreu les lois

ré%issant les rapports des humains F la puissance universelle. o:se

réunit l9antique culture é%yptienne, F travers la !orce d9e=pression

du >uda:sme, au monde chrétien occidental au nom duquel la statue

se dresse en conservant dans sa are 2 la trace du pape %rand

ré!ormateur que !ut Mules II et ceci dans l9édice évoquant le

!ondateur de l9@%lise universelle 2, Ran Pietro in vincoli 2. 7es

#1




liens 2 peuvent Btre entendus aussi ien en italien qu9en latin ou

qu9en !ranEais ou en allemand UF propos de la !ameuse Kindun%

!reudienneV dans le sens mani!este de la privation de lierté

d9e=pression U'reud pouvait"il tout dire 0 Hout se dire 0 sur tout ce

qu9il savaitV tout autant qu9Btre entendus aussi dans le sens latent et

métaphorique de la continuité et de l9aoutissement des successives

cultures venues F la !ois s9épanouir et se ri%idier dans la ville

éternelle, char%ée pour 'reud d9un potentiel évocateur si%nant en

mBme temps le désir et l9an%oisse qui lui en avaient interdit pendant

si lon%temps l9accès.

'reud comprend eaucoup de choses, F un niveau variale

oscillant entre un conscient, demeuré heureusement F une

dimension humaine des mieu= or%anisée, et un préconscient tout F

!ait %énial pour notre plus %rand énéce. 'reud nous dit tout, sur ce

qu9il a perEu O mBme ce qui n9est pas encore asse complètement

élaoré che lui au re%istre conscient. Par respect F la !ois de la

vérité et de ses propres systèmes de dé!ense, il ne peut tout dire O il

ne peut se dire tout F la !ois, sur le mBme thème symolique et sous

une !orme clairement représentale dans l9unité. Il nous !aut donc

chercher, F ce su>et comme sur tant d9autres, le si%ne de

l9universalité interculturelle de 'reud, en des moments diAérents de

son œuvre, sous des !ormes diAérentes de représentations, y compris

dans tout ce qui che lui se voit remarqualement e=primé dans

l9apparent non"dit d9un dit au mot F mot duquel il ne convient pas de

nous arrBter, si nous désirons en entendre davanta%e encore.

al%ré l9évidente universalité de pensée évoquée autour de la

sculpture de ichel"Dn%e Uuniversalité de culture, universalité du

révélateur reli%ieu= de la cultureV allant de l9@%ypte F ome tout

autour de la éditerranée orientale en passant par la Palestine se

trouve omise l9étape %recque de cette évolution et de cette

tra>ectoire culturelle. Pourtant 'reud ne peut Btre suspecté d9avoir

né%li%é cet apport é%alement !ondateur. Il a multiplié les allusions au

#11




r-le >oué par Paul de Harse dans le passa%e du monde >ui! au monde

latin F travers la métaolisation culturelle hellénique O la place

e=ceptionnelle accordée en particulier F la symolique œdipienne n9a

point esoin d9Btre rappelée. @t >9ai pu montrer par ailleurs comment

la valeur symolique du mont 7ithéron U!orclos de citation trop

sinistreV s9était vue déplacée sur la ma>esté troule de l9Dcropole ce

qui avait déclenché du mBme coup che 'reud un instant de

déréalisation.

Il nous !aut essayer de comprendre cette interruption dans le lien

associati! 4in vincoli7 constatée devant la statue hautement

symolique. Il convient pour cela de rapprocher che 'reud la

scotomisation de l9épisode du mont 7ithéron, !ondamentale dans le

mythe d96dipe, de son déplacement sur la représentation aussit-t

troulante de l9Dcropole qui déclenche une déréalisation puisque,

comme 'reud nous l9a lui"mBme appris, nous sommes en mesure de

re!ouler une représentation mais nullement un aAect. 'reud sentait

oscurément que le sens con!éré par le mythe au 7ithéron demeurait

universellement incontournale. Il nous !aut reconnaQtre

l9importance pour l9universalité de la psychanalyse de ce retour du

re!oulé !reudien.

7omme les chrétiens qui le savent, mais qui l9oulient souvent, le

chemin qui va de Mérusalem F ome passe oli%atoirement par la

5rèce et sa culture. e Hrieste, 'reud ne pouvait aller F ome

qu9après Btre passé, sans l9avoir clairement décidé, par Dthènes.

Gn connaQt aussi l9importance unicatrice pour 'reud de l9Dr"

temis d9@phèe placée au centre des rencontres entre Kaylone, le

monde %rec, Mérusalem et le monde latin, y compris dans son

évolution chrétienne et mariale la plus traditionnelle.

Gn commet sans doute une erreur en parlant dans un raccourci

trop sommaire de civilisation >udéo"chrétienne 2. Gr, pour un

psychanalyste tout ouli a un sens. Les chrétiens !ont rarement

allusion au= étapes é%yptienne et %recque sur le parcours qui les

#1#




relie au monothéisme mosa:que. 'reud par contre n9a omis aucune

des ré!érences ori%inelles essentielles du point de vue d9un

sentiment d9universalité culturelle F laquelle il reste =é. ais il ne

relie pas tou>ours tous les re%istres F la !ois les uns au= autres.

La culture %ermanique l9a sans doute aidé dans cette lar%eur de

vue, culture toute orientée 2 vers le assin méditerranéen oriental.

L9 orientation 2 des monuments et des musées de Kerlin e=priment

cette tendance. @t ce n9est sans doute pas un hasard si c9est, de nos

>ours Uet une !ois de plusV, une école théolo%ique allemande quelque

peu turulente qui indispose ome avec ce rappel des racines

é%yptiennes et %recques du christianisme primiti! et les

conséquences que cela comporte au re%istre des re>etons du re!oulé

F traiter.

Le souci de conserver F la psychanalyse une visée

anthropolo%ique vraiment universelle se mani!este dans la ré!érence

F la situation œdipienne dont 'reud n9a cessé de chercher F vérier

qu9il s9a%issait d9une activité de pensée reconnaissale, sous des

aspects ori%inau= diversiés, au cœur de toutes les civilisations et F

travers des diAérents modèles évoluti!s de celles"ci. Les travau= des

successives %énérations de psychanalystes n9ont conduit aucun

auteur F mettre en doute l9hypothèse !reudienne de départ.

Il en est de mBme de l9ensemle des propositions !reudiennes tant

au re%istre de la psycho%enèse qu9F celui de la métapsycholo%ie O

personne ne semle contester la portée universelle de telles

propositions. Kien au contraire O il s9a%irait plut-t d9aller plus loin

encore dans les mBmes voies.

Pour conserver cette li%ne de pensée dans une orthodo=ie aussi

ri%oureuse que lé%itime F ses yeu=, il était lo%ique que 'reud

s9emploie F mettre en place des dispositions institutionnelles

pro%ressivement structurées et F visée universelle.

Dutrement dit g après avoir suivi point par point dans la vision

qu9il se !ait de l9évolution de la pensée universelle le mBme tra>et

#1(




interculturel et %éo%raphique que celui que le catholicisme a été

amené F eAectuer, après avoir rBvé pendant des heures entières, au

cours de chacun de ses voya%es F ome, devant la statue d9un o:se

papié, 'reud s9est vu contraint, F Raint"Pierre"Du="Liens, de se lier

les mains et de lier les mains de ses disciples pour assurer la

transmission des lires liaisons associatives qui constituent l9essence

mBme de départ de la psychanalyse. Pour conserver l9orthodo=ie tout

autant que pour assurer la transmission et le développement du

messa%e prophétique, 'reud a dX !onder lui aussi une @%lise

universelle 2 qui, certes, n9emprunte pas les mBmes voies, mais est

conduite F étalir son propre réseau sur des voies institutionnelles

asse parallèles Ucardinau=, synodes, conciles, lé%ats ponticau=,

ordres cloQtrés, etc.V.

Le prolème le plus sérieu= n9a >amais été de savoir si 'reud

pouvait Btre considéré comme croyant 2 ou non O s9il avait pu Btre

aptisé, ou non par Nannia. Le prolème le plus sérieu= demeure le

!ait que, tout seul, et au cours d9une seule vie, 'reud a eAectué dans

le parcours rée=i! de sa propre pensée le mBme tra>et qui a conduit

nos cultures, F travers tant de siècles, du polythéisme primiti! au=

!ormes qui se veulent les plus élaorées du monothéisme et ceci loin

de tout souci oecuménique car sans prétention d9ordre théolo%ique.

Du terme d9un tel parcours oT certains éléments !ormels d9arrivée

asse similaires et certains éléments latents d9arrivée nettement

incompatiles coe=istaient avec une mBme amition de part et

d9autre F l9universel Uen %rec g Vatholi"os7 de l9écoute et de

l9interprétation, il était tout F !ait lo%ique que les relations

spontanées entre psychanalyse et catholicisme apparaissent, du

point de vue mani!este, comme plus conictuelles qu9amoureuses.

Gla/orations et suggestions

Il semle qu9une partie importante seulement de la disposition de

pensée vraiment universelle de 'reud ait eu la possiilité de se

#14




mani!ester sous une !orme dé>F élaorée alors qu9une autre partie de

cette mBme disposition F l9écoute de l9universel humain ne nous

serait parvenue que sous la !orme de su%%estions dispersées F

travers la totalité d9une œuvre de toute !aEon très riche, mBme sous

des aspects plus ou moins !ra%mentaires, témoi%nant de l9importance

des pensées demeurées latentes.

Il nous revient donc la tSche de rapprocher et de comprendre ces

diAérentes évocations éparses et de les !aire travailler en association

entre elles pour participer plus %loalement encore F l9élan vraiment

universel de la pensée !reudienne.

@n nous appuyant sur les données qui viennent d9Btre rappelées

plus haut, et après avoir tenu F en aAirmer l9indiscutale préalale,

nous aurons donc F ouvrir maintenant un véritale déat F partir des

positions de ceu= qui se veulent avant tout conservateurs du mot F

mot !reudien et F partir aussi des positions de ceu= qui désirent voir

pro%resser leurs connaissances, sur les mBmes ases et dans les

mBmes a=es, et selon les principes !ondateurs de notre démarche. Il

s9a%it de savoir si les analystes peuvent se contenter de vérier que

le système de pensée auquel ils sont tentés de s9arrBter est

intrinsèquement cohérent, qu9il ne comporte aucune contradiction

interne importante et qu9en conséquence nous pouvons passivement

continuer F lui !aire conance, ou ien de savoir si, comme dans

toute autre discipline scientique, nous allons nous eAorcer d9aller

de l9avant O autrement dit il s9a%it de savoir si F partir de données

reconnues comme pertinentes et ayant, de ce !ait, otenu le statut de

postulats, nous nous permettrons de mettre F l9épreuve des

hypothèses nouvelles demeurant dans le cadre de la prolématique

et de la méthodolo%ie spéciques de notre discipline.

7eci nous conduit, ien sXr, F nous demander si la psychanalyse,

telle que nous l9avons classiquement conEue >usque"lF, telle que nous

pensons devoir la pratiquer et telle que nous entendons la

transmettre, peut demeurer aussi universelle dans certaines de ses

#1*




!ormulations actuelles que nous serions enclins de l9aAirmer en toute

certitude, pour ne pas dire en toute quiétude.

'reud a !ondé son opinion quant F l9universalité de la

psychanalyse sur un certain nomre de données, qui se trouvent

d9ailleurs plus ou moins articulées entre elles et re%roupées autour

du postulat central œdipien O tel que 'reud conEoit celui"ci du moins.

7ette interdépendance des éléments devant servir F la

démonstration ne peut que ren!orcer la certitude de l9e=istence

d9une cohérence interne et apparente du système envisa%é O mais un

chercheur pointilleu= pourrait voir dans cette opération une

tendance F dériver vers le plaidoyer pro domo eaucoup plus qu9un

souci vraiment serein de vérication de l9o>ectivité de l9ensemle

d9un système vis"F"vis de propositions plus lar%es parce que plus

ouvertes.

Il ne semle %uère envisa%eale d9otenir une reconnaissance du

statut et de l9universalité de la psychanalyse en tant que science

humaine particulière sans accepter de !ormuler des dénitions

eaucoup plus nettes de notre prolématique et de notre

méthodolo%ie propres et sans accepter aussi de procéder F une

évaluation plus ri%oureuse de nos hypothèses de ase F partir de

con!rontations critiques se déroulant F travers les diAérentes

cultures oT nous opérons.

ais les eAorts déployés en ce sens tant dans le %roupe de

recherches constitué F Paris en 188 que dans les con%rès

européens ou internationau= qui se sont déroulés depuis $amour%

nous montrent qu9une telle prise en char%e n9est pas !acile, ni mBme

peut"Btre tou>ours souhaitée.

D propos des données utilisées par 'reud dans ses eAorts de

démonstration de l9universalité potentielle de la psychanalyse, >e

m9arrBterai plus particulièrement sur deu= variétés de

raisonnements ien connues, car elles reviennent ré%ulièrement, et

#1+




sans eaucoup pro%resser en élaorations complémentaires, tout au

lon% des écrits !reudiens.

Pour 'reud, les si%nes divers et durales que nous ont laissés les

diAérentes cultures F travers les représentations dont nous

disposons, du point de vue de la littérature, de l9art, de l9or%anisation

sociale, de la morale et surtout de la reli%ion, concourent F ren!orcer

notre idée que le postulat !reudien du primat or%anisationnel

œdipien conEu comme d9emlée trian%ulaire et %énital est vraiment

universel et s9adapte F tous les !aits de culture un peu partout dans

le monde.

9autre part, ce que 'reud estime connaQtre de la préhistoire de

l9humanité conrmerait la précédente hypothèse en montrant que

dès l9ori%ine de l9humanité, il en aurait été collectivement ainsi.

7ommenEons par rééchir sur cette dernière proposition qui

apparaQt sans doute comme la plus !ra%ile, ne serait"ce que parce

que c9est la plus statique et la plus répétitive au l des écrits

!reudiens, tout du moins, nous allons le voir, en ce qui concerne les

te=tes puliés du vivant de 'reud. Nous aorderons ensuite l9e=amende l9hypothèse !reudienne paraissant la plus %rave de conséquences

pour nous tous.

Il !audrait Btre demeuré avec le modèle de !oi en l9analyse

correspondant F celle de l9en!ant qui croit devoir croire, an de ne

pas Btre re>eté par son %roupe !amilial ou culturel, que @ve est

historiquement sortie d9une c-te d9Ddam, pour accepter

l9authenticité des allé%ories !reudiennes proposées en matièred9e=plication de la préhistoire de l9humanité.

Il semlerait que les évocations préhistoriques de 'reud seraient

plut-t F entendre comme de véritales contes de !ée reconstruits F

partir de souvenirs que 'reud voudrait pouvoir inté%rer dans une

élaoration dé>F œdipienne sans avoir F passer par leur

interprétation spécique préalale, interprétation qui n9aurait rien

#1&




encore d9œdipien 2 donc de %énital au sens restricti! donné par

'reud F l9évocation du mythe antique.

@tant donné la !réquence et l9aspect répétiti! de ce %enre de

reconstructions asse illusoire F partir d9une préhistoire personnelle

par!aitement présente dans la pensée de 'reud F un niveau

préconscient, F l9occasion du retour de certains re!oulés, mais

diAicile F reconnaQtre dans ses caractéristiques propres, nous

pouvons !aire conance F 'reud quand il nous invite F considérer le

conte de !ée comme asé sur des éléments importants constituti!s

des pensées latentes F partir desquelles peut se construire

éventuellement un rBve. Gr la !antaisie préconsciente, dans la

mesure oT elle s9or%anise et cherche F se >ustier rationnellement,

sans y parvenir complètement, accède en %rande partie F la !onction

du rBve g dire les choses en lan%a%e codé, sans l9avoir dit clairement,

mais tout en l9ayant e=primé.

79est sans doute F partir du te=te sur les névroses de trans!ert 2

demeuré i%noré >usqu9en 18( que nous pouvons le mieu= illustrer

les pas en avant et en arrière successivement eAectués par 'reud au

su>et des données universelles qui marqueraient le déut du

!onctionnement de l9aAectivité humaine, envisa%ées sous l9an%le

métaphorique de la phylo%enèse. Notons F ce propos, l9importance

des te=tes Ucomme L9@squisse 2 ou celui qui traite des personna%es

de théStreV que 'reud s9est ien %ardé de pulier de son vivant, car

si le préconscient lucide de 'reud en a dicté l9écriture, la seconde

censure aurait interdit encore l9accès au= prises en compte plus

conscientes et plus opératoires.

Le te=te de 11* qui était destiné F constituer le douième

chapitre de l9ouvra%e sur la >étapsychologie apparaQt comme tout

autant capital par les hypothèses qu9il e=prime que par le souci de

son auteur de ne pas !aire connaQtre encore des hypothèses qui lui

posaient des prolèmes d9en!ance n9ayant pu se voir élaorés. 'reud

rappelle souvent la phrase de 5oethe g Il y a des vérités qu9il ne

#18




convient pas de révéler au= petits en!ants. 2 Gn peut supposer sans

%rand risque d9erreur que le petit en!ant auquel ici il s9a%it de ne pas

révéler la nature de la violence primitive c9est ien 'reud lui"mBme.

'reud avait aussi rencontré d9autre part asse de diAicultés en lui"

mBme comme auprès de ses contemporains avec l9annonce de

l9importance >ouée par la se=ualité in!antile, sans courir le risque de

mettre au clair devant les autres et devant lui"mBme l9autre vérité

clamée par la totalité du mythe d96dipe g c9est la violence, qui >oue

instinctuellement un r-le important dans les tout premiers rapports

vécus entre l9adulte et le éé 2, tel qu9on s9en préoccupe enn de

nos >ours comme distinct de l9en!ant 2, sous l9impulsion de certains

psychanalystes attachés F conduire des recherches sans concessions

préalales F une scotomisation routinière eaucoup moins e=i%eante.

L9écrit de 'reud de 11* demeuré si lon%temps caché porte la

trace évidente du travail contemporain consacré F l9économie

narcissique primaire en laissant entrevoir les conséquences

dynamiques et topiques d9une véritale étape narcissique envisa%ée

au sein, et surtout au tout déut, de l9onto%enèse universelle. u

point de vue des instances on ne peut dire que le oi 2 de la

seconde topique soit dé>F authentiquement constitué et du point de

vue dynamique ce travail nous montre, sous le couvert tou>ours d9un

conte de !ée phylo%énétique, qu9un instinct violent, conEu comme

d9ori%ine très naturelle et nullement a%ressive encore, précède de

peu la liido dans son action or%anisatrice de la personnalité.

Il est tout F !ait e=ceptionnel, surtout en 11*, de pouvoir

constater que 'reud dans cet article Upouvait"il Btre diAusé F cause

de cela 0V aorde le thème de la violence instinctuelle primitive sans

aucune réérence ' un @dipe dé>F en activité. Le terme d96dipe

n9est mBme >amais utilisé ici. 7e te=te n9a pu Btre repris ni réélaoré

par 'reud ou ses successeurs mBme après le travail de 1#& sur le

r-le de l9illusion dans les pro>ections rassurantes portant sur un

passé phylo%énétique, tenu ainsi F onne distance, de données

#1




ima%inaires trop an%oissantes encore che un adulte pour accepter

qu9il puisse s9a%ir d9éviter le retour des conditions relationnelles

dramatiques telles qu9elles ont été vécues par le éé.

7ependant, comme l9a !ait remarquer . 'ain, le !ait qu9un tel

te=te ait été seulement mis en latence et non pas détruit Uainsi que

'reud l9avait !ait pour des écrits nettement désavouésV prouve que le

%énie !reudien était vraiment universel, mais que che tout homme la

censure étalie entre préconscient et conscient demeure tou>ours

redoutale.

Les hommes, dit 'reud en 1(, ont tou>ours su qu9ils avaient eu

aAaire F un père primiti! menaEant et qu9ils ont dX le tuer Upour

demeurer, eu=, en vieV. ais dans ses travau= demeurés classiques

Utout comme on le note dans les travau= é%alement classiques de ses

successeursV, 'reud hésite F reconnaQtre le sens dé!ensi! de l9illusion

attachée au= pro>ections !aisant de l9homme primiti! un méchant 2

pour des raisons qui seraient dé>F de l9ordre de la rivalité %énitale.

?uand 'reud, F propos de la phylo%enèse, parle de menace pour

la vie du ls, il s9a%it dé>F de rivalité œdipienne O et quand il évoquele meurtre du père il s9a%it dé>F et encore de rivalité œdipienne. Il

s9a%it donc de violence dé>F érotisée c9est"F"dire d9a%ressivité et non

de simple violence narcissique dictée par le lé%itime instinct de

survie comme celui qui suAit F e=pliquer le meurtre de La:os par

6dipe en retour de l9échec de la situation inversement vécue sur le

7ithéron. 7es deu= évocations demeurent indissolulement associées

dans l9inscription ima%inaire archa:que de l9humanité et demeurent

é%alement prBtes F se réveiller F tout propos F travers le monde sous

!orme de !antasme de lutte pour la vie, sans avoir esoin d9un

supplément d9érotisation a%ressive ou œdipienne.

Pourtant 'reud n9a cessé d9émailler son œuvre, en particulier dès

son inédit de 11*, d9évocations de l9instinct violent de survie non

érotisé. 7e sont lF des pièces demeurées éparpillées d9un pule que

##




nous avons intérBt F rassemler et F articuler avec l9ensemle de

notre théorie pour la rendre encore davanta%e universelle.

Notons é%alement que, comme eaucoup de ses contemporains,

'reud hésite F parler du matricide tout autant que de l9in!anticide, ce

qui le passionnait pourtant du temps oT il travaillait F la RalpBtrière.

La clinique nous montre la !réquence des !antasmes d9in!anticide

che les >eunes mères Ucomme che leurs en!ants ensuiteV lorsque les

neu! mois !atidiques n9ont pas séparé la date du maria%e du moment

de la naissance de l9en!ant. 'reud aurait"il cherché F dénier certaines

représentations mBme purement ima%inaires trop péniles et

pourtant, semle"t"il, asse universelles 0 Gn cherche F e=pliquer

ien vite et de !aEon seulement rationnelle les incertitudes liées F la

rédaction de l9état civil de 'reier% et on passe sous silence le !ait

que 'reud ait re!usé de se rendre au= osèques de sa mère, dont il

se demandait s9il aurait le temps, de son vivant F lui, de la voir périr.

@t c9est F propos d9un e=amen de conscience portant, en

apparence, sur un su>et très voisin mais en rapport direct avec le

roman !amilial et ses diAicultés d9élaoration, que 'reud avoue avoir

été amené F aller eaucoup plus loin que ce qu9il entendait dire dans

ses hypothèses premières portant sur la séduction, hypothèses qu9il

ne considère pas comme !ausses mais qu9il estime avoir été

incomplètement e=primées.

Gn ne saurait accuser 'reud d9avoir omis de si%naler l9importance

économique du narcissisme O il n9y a ni erreur ni ouli F ce propos.

ais on demeure en droit de penser que ce que 'reud reconnaQt Btre

incomplet dans ses !ormulations concernerait l9aspect diachro"nique

préalale de l9étape narcissique. Gr 'reud n9a >amais pu admettre de

se préoccuper des conséquences possiles d9une vision diachronique

de la psycho%enèse et de la psychodynamique.

M. 7osnier nous a heureusement rappelé le alancement continu

e=istant che tout humain entre les investissements narcissiques et

o>ectau=. La clinique quotidienne conrme lar%ement ce point de

##1




vue O mais la clinique quotidienne nous invite é%alement F compléter,

dans une vision plus universelle encore, cette amivalence !oncière

humaine en considérant qu9avant que s9étalisse le alancement

l9étape !ondatrice première était d9ordre narcissique et violente,

%uidée par les instincts de vie, sur lesquels vont s9étayer dès que

possile les instincts amoureu=, cet étaya%e n9étant >amais par!ait,

>amais complet, >amais déniti! O d9oT les alancements incessants

que le clinicien constate.

L9élaoration par 'reud d9un roman !amilial, sous la !orme

classique qu9il a lui"mBme décrite, semle avoir été perturée par la

coe=istence précoce de deu= ciles réelles, Maco et Philippe,

suAisamment attractives pour entraver le développement des

haituels !antasmes contre"œdipiens et de leurs déplacements, au

moins partiel, sur des ciles plus illusoires. 7ette élaoration semle

avoir été perturée é%alement par la su%%estion simultanée de deu=

représentations diAérentes du parent lointain idéalisé, l9une de ses

représentations correspondant F l9ima%e de la divinité proposée par

Maco et sa Kile et l9autre F l9ima%e de la divinité proposée par

Nannia et l9é%lise paroissiale de 'reier%.

Le ou entretenu par cette ami%u:té identicatoire asse

primaire a sans doute entraQné che 'reud une lacune dans la

constitution de l9ima%inaire de l9étape narcissique, lacune aussit-t

comlée par un surinvestissement compensatoire des constructions

théoriques dé>F %énitalisées. Les contes de !ée phylo%énétiques

œdipiens viendraient donc remplacer et masquer F la !ois les conits

narcissiques précoces trop cruellement éprouvés F l9échelon intime

et, pour plus de sécurité dans la dé!ense déné%atoire, on aAirme que

tous les hommes de tous les temps auraient commencé leur vie

sociale selon un modèle relationnel d9emlée trian%ulé et %énitalisé.

Il est d9autre part asse curieu= de voir 'reud choisir un modèle

de père primiti! 2 supposé incarner par anticipation le se=e

masculin, ainsi qu9on le voit représenté dans l9icono%raphie

###




chrétienne traditionnelle, alors que l9ensei%nement ilique tel qu9il

est présenté dans la Horah se re!use non seulement F une %uration

anthropomorphique, mais suppose que ne peuvent Btre prises en

compte ni les représentations trop précises d9un père 2 ori%inel

dé>F masculinisé, ni celles d9une %rande déesse 2 dont la toute"

puissance se verrait primitivement liée F la !éminité. Pour cette

tradition la divinité primitive, détenant l9autorité asolue, ne pourrait

Btre que la toute"puissance du père et de la mère F la !ois, c9est"F"

dire un potentiel asolu encore se=uellement indiAérencié. Ra

caractéristique principale demeurant de l9ordre de la puissance

phallique et non du %énital. D ce propos, tout particulièrement, les

traces mnésiques des propos de Nannia ont sans doute >oué un r-le

important dans les mises en latence conduisant plus tard au conte de

!ée ori%inel que l9on connaQt.

La représentation d9une divinité phallique non encore se=uée se

retrouve pourtant dans ce que nous connaissons d9un %rand nomre

de situations reli%ieuses primitives.

7omment la pensée psychanalytique pourrait"elle prétendre F un

statut anthropolo%ique entendu de !aEon vraiment pro!onde par

l9humanité et ainsi vraiment universelle, sans chercher F aller plus

en arrière que la limitation trian%ulaire et %énitale dite

œdipienne 2 qu9elle s9est >usque"lF imposée 0

/n premier déat F ce su>et paraQt inévitale entre ceu= qui s9en

tiennent F l9avis mani!este traditionnel de 'reud et ceu= qui estiment

que le sens latent contenu dans les propos de 'reud lui"mBme doit

nous permettre d9aller eaucoup plus loin en direction d9un univers

ima%inaire véritalement Uet non pas secondairement ni

pro>ectivementV archa:que.

/n second déat pourrait donc Btre envisa%é ici O il concernerait

la mise en question de l9universalité potentielle du comple=e

d96dipe, tout du moins dans la version réduite proposée par 'reud

##(




et non plus quant F la totalité de l9histoire de l9humanité, mais

maintenant quant F la totalité de l9histoire de l9individu.

Pour 'reud le comple=e d96dipe 2 représente une e=plication

universelle de ce qui se passe tout au lon% d9une onto%enèse. Le

comple=e d96dipe constituerait F la !ois l9alpha et l9omé%a de tout

processus or%anisationnel.

Il est évident que l9ensemle des travau= !reudiens a lar%ement

démontré que la situation trian%ulaire œdipienne correspondait F

l9omé%a, autrement dit F l9achèvement Utout du moins idéalV de

l9élaoration relationnelle universelle. Les travau= des analystes qui

se sont succédé depuis 'reud n9ont pu que conrmer cette !aEon de

voir qui ne peut Btre contestée.

Par contre, il semle qu9un certain ou entoure encore les

conditions topiques, économiques et dynamiques correspondant F

l9alpha du !onctionnement relationnel repérale au déut de toute

onto%enèse.

Gn ne peut nier l9importance dans les recherches développées F

ce propos des travau= qui ont e=ploré la préhistoire narcissiqued9une psycho%enèse, ceu= des auteurs an%lo"sa=ons ien connus et

les travau=, en 'rance, de K. 5runer%er, tout autant que les travau=

conduits par les analystes d9en!ants, en particulier F la suite de .

Wlein, et les diAérentes recherches conduites sous l9impulsion de R.

Leovici sur le éé, comme par ceu= qui s9intéressent au= retours

ima%inaires constatés au moment de l9adolescence. Notons aussi

l9éclaira%e apporté au 7on%rès d9$elsin3i par . Lau!er sur la réalitédiachronique individuelle d9une authentique économie pré%énitale

qui n9aurait rien F voir avec l9escamota%e haituel et dé!ensi! de

cette période cruciale de l9évolution aAective sous les préte=tes de

reconstruction 2 ou de ré%ression 2, F partir d9un %énital

!antasmatiquement considéré comme d9emlée omniprésent et

omnipuissant dès l9ori%ine des processus relationnels et ima%inaires.

##4




Gn ne saurait omettre les ré!érences au= recherches ouvertes sur

les économies psychosomatiques d9une part et sur les !ondements

d9autre part des évolutions structurelles qui se déroulent selon un

modèle psychotique avec toutes les !ormes cliniques que cela

suppose.

Gn voit cependant eaucoup d9analystes attenti!s et insatis!aits

mais qui ne désirent pas se voir accuser de déviationnisme tirer

comme sur une peau de cha%rin, d9un c-té sur la théorie analytique,

de l9autre c-té sur les données de la réalité clinique pour tenter de

comler un vide que nous reconnaissons pour la plupart mais dont

nous ne parlons que !ort rarement entre nous.

Il semle pourtant que ce vide relati! dans la !aEon de prendre en

considération les conditions particulières dans lesquelles se déroule

l9alpha de toute psycho%enèse découle en li%ne directe du choi=

déliéré opéré par 'reud parmi les nomreu= éléments

métaphoriques et symoliques qui constituent la richesse du mythe

d96dipe dans son ensemle. 'reud a totalement scotomisé la

première partie du mythe, pourtant si dèlement e=posée dans la

version de Rophocle F laquelle nous nous ré!érons tous tacitement.

@t nous nous trouvons donc placés devant un parado=e tout F !ait

remarquale, dont chacun a conscience et dont ien peu désirent

parler g 'reud nous a dit que le drame d96dipe constitue un modèle

universel d9histoire de l9individu. @n dé!endant tou>ours la mBme

idée, il me semle que le préconscient !reudien avait par!aitement

senti que le terme d9 universel 2 devait s9entendre ici dans

l9universalité >ustement de ses sens O c9est dire qu9il s9appliquerait F

tous les humains, certes, mais que ce serait é%alement la totalité du

mythe, qui constituerait vraiment son universalité puisqu9on

rencontre dans les diAérentes étapes e=posées dans ce mythe des

modèles correspondant au= diAérentes étapes inéluctales du

développement et de chaque individu et de chaque culture.

##*




Dutrement dit c9est parce que nous n9aurions pas pris 'reud au

mot, c9est parce que 'reud n9aurait pas pu se prendre lui"mBme au

mot, que le terme d9 universel 2 serait demeuré conné F son sens

d9étendue %éo%raphique et conEu comme ne s9appliquant de !aEon

universelle qu9F partir de la période de mise en interaction des

inscriptions %énétiques se=ualisées, cependant qu9était laissé dans

l9omre, ou du moins dans la pénomre, le sens plénier du mythe, du

point de vue de la diachronie de la psycho%enèse de départ.

Les premiers actes du drame antique mettent cependant en

évidence des vérités tout F !ait universelles et qui devraient tenir une

plus %rande place dans la totalité du cadre de la théorie et de la

clinique psychanalytiques. Le premier acte !ait état de la

représentation ima%inaire interactionnelle et épi%énétique !ondatrice

de ce qui va se passer et s9élaorer ensuite entre l9adulte et le éé.

Dpollon rappelle au= !uturs parents, Lalos et Mocaste(*, que les

premiers contacts aAecti!s étalis entre en!ant et parents sont

automatiquement dominés par les mani!estations de l9instinct naturel

de survie présent dans les deu= parties prenantes de la relation qui

s9inau%ure. Il n9y aurait dans le !antasme de l9époque, pas de place

pour deu= au soleil g l9en!ant et l9adulte. 7ette an%oisse serait

réciproque et elle concernerait tout autant la mère que le père, du

c-té des parents, et tout autant la lle que le ls, du c-té des

en!ants.

Dyant trans%ressé la recommandation anticonceptionnelle

d9Dpollon, c9est la mère elle"mBme qui va procéder F l9in!anticide

protecteur non par haine ou a%ressivité certes F l9é%ard d96dipe,

mais par simple nécessité dictée par l9an%oisse de ne pouvoir résister

au= mani!estations rutales de l9instinct de conservation de l9en!ant,

instinct dont 'reud a montré le r-le spécique dans une première

théorie des pulsions >amais démentie par la suite, puisque 'reud est

mBme venu s9y raccrocher plus tardivement quand il ne savait plus

e=actement en !ace de quel anta%oniste inséparale et

##+






incontournale situer son hypothétique pulsion 2 dite de mort 2,

concept, comme le montre très >ustement M."'. aain, qui demeure

une des notions les plus discutées de la théorie analytique.

6dipe aurait donc dX Btre tué préventivement sur le mont

7ithéron. 79est lF le destin !antasmatique potentiel universel de tous

les en!ants du monde O !antasme tout aussi présent dans l9ima%inaire

parental que dans l9équation %énétique du nouveau"né que le

complément d9o>et direct de l9ima%inaire !amilial va rendre

rapidement acti!.

Gr comme un deus e= machina 2 sauvera 6dipe Ucomme somme

toute eaucoup d9autres en!ants sans pouvoir eAacer les !antasmes

primiti!sV, l9oracle sera tout de mBme accompli Umais l9e=écuteur en

sera maintenant l9en!antV au= derniers actes du drame puisque

6dipe tuera son père Upour un simple moti! narcissique, d9ailleurs,

un re!us de priorité 2 F un carre!our, car il ne connaQt pas encore

l9autre raison conictuelle certaineV puis il tuera ensuite sa mère

Udeu= !oisV, la mère phallique sous la !orme de la sphin%e d9aord et

la mère %énitale ensuite dans la chamre de celle"ci lors de la scène

ultime au !au= sens superciel de laquelle nous adhérons ien

na:vement.

Il n9y a certes rien F o>ecter au souci psychanalytique de montrer

l9universalité et l9importance or%anisatrice Ud9un point de vue

téléolo%iqueV des derniers actes du drame d96dipe. ais comment

prétendre F une véritale universalité au niveau de la théorie

psychanalytique tout autant qu9au re%istre des applications cliniques

de cette théorie en opérant une déné%ation des stades narcis"siques"

phalliques initiau= nécessairement opératoires au sein de toute

psycho%enèse 0

R9il désire demeurer dans une écoute vraiment universelle des

cultures comme des individus, le psychanalyste peut"il considérer

que toute culture de mBme que tout individu doivent se situer

d9emlée, et de !aEon permanente, sous le primat or%anisationnel de

##&




pulsions dé>F vraiment liidinales, de modèles ima%inaires dé>F

trian%ulaires et sous la pression aussi d9une responsailité d9ordre

réellement et dé>F mo:que et surmo:que 0

Il y aurait ien d9autres déats F ouvrir permettant de rééchir

sur la portée universelle de la psychanalyse, ou ses limites actuelles

encore, en ré!érence F l9histoire des cultures comme F l9histoire des

individus. Le ut de cette rée=ion n9est point de traiter de tous ces

déats éventuels mais de chercher F convaincre les analystes qu9il y

a matière F déat vraiment pro!ond sur diAérents points de doctrine

qu9on redoute de soumettre F un eAort collecti! de réévaluation.

7e qui demeure vraiment interculturel et vraiment universel dans

la démarche psychanalytique ne se situe pas seulement du coté des

ases métapsycholo%iques essentielles ien codiées et clairement

e=primées par 'reud, mais surtout dans la !aEon dont, F partir de

telles ases Upeu nomreuses d9ailleurs mais capitalesV, 'reud et ses

successeurs ont été amenés F !aire travailler des hypothèses qui ne

sauraient avoir automatiquement valeur de postulat. 7es hypothèses

nous permettent surtout d9ouvrir et d9élar%ir un déat de nature F

nous éclairer peu F peu sur les sinuosités %énétiques et

ré%ularisatrices présentes dans l9histoire du développement de tout

!onctionnement psychique.

/n e=emple tout F !ait démonstrati! F ce propos me semle

constitué par le déat inau%uré en 1# Uet qui ne peut Btre

envisa%é, par son essence mBme, que comme sans issue possileV

autour de la !oi pour les uns, et de l9incapacité de croire pour les

autres, en l9e=istence d9une pulsion de mort 2.

Il serait sans doute possile de re!user a priori ce déat en raison

de chevauchements évidents ici, avec des prolématiques

philosophiques ou iolo%iques qui ne sont pas Uou qui ne devraient

pas BtreV les n-tres.

Nous pourrions recevoir aussi l9hypothèse de la pulsion de mort

comme étant en relation plus ou moins directe avec le !ondement

##8




ima%inaire culturel inducteur de nomreuses lé%endes %ermaniques

UF commencer par le roi des aulnes 2 et l9évocation de la mort de

l9en!antV tout autant qu9en relation aussi avec les diAérentes

représentations macares de l9icono%raphie latino"chrétienne dont

l9enclos paroissial de 'reier% était richement pourvu.

Hout ceci ne saurait nous détourner d9un souci de rechercher ce

qui constitue le propre de la démarche analytique, c9est"F"dire le

souci de comprendre Uau"delF du !ait de croire ou non F la pulsion de

mortV F quoi peut correspondre dans l9ima%inaire universel le esoin

d9e=plication et les moyens particuliers dé!ensivement utilisés dans

les comportements ou les représentations associés F l9idée de la mort

Uet de !aEon plus %énérale encore F l9idée du ien et du mal tou>ours

présente derrièreV au sein des %rands courants de pensée repérales

dans les civilisations les plus diverses.

La mBme enquBte pourrait Btre poursuivie par les psychanalyses

sur la !aEon dont s9or%anisent aussi du c-té de la philosophie ou de la

iolo%ie des !aEons de penser !ort variées en apparence mais dont

l9universalité apparaQt dans les eAorts dé!ensi!s et adaptati!s

déployés par les uns et par les autres pour vaincre, ne serait"ce

qu9en cherchant F l9e=pliquer, une an%oisse de mort tout F !ait

primitive et tout F !ait universelle.

7omprendre ce que veulent dire les autres et comment ils veulent

le dire F propos de ce qu9il y a de commun che les humains, sans

avoir F entrer implicitement dans un déat dont la prolématique

intrinsèque nous est étran%ère, telle est la tSche du psychanalyste.

compris ien sXr, en essayant de comprendre ce que cherche F dire

éventuellement lui"mBme un psychanalyste quand il lui arrive de

s9aventurer dans une prolématique qui n9est plus la sienne.

##




Les voies ouvertes

D. 5reen nous a rappelé qu9il e=istait actuellement une crise

évidente dans notre !aEon d9envisa%er la théorie psychanalytique. Il

constate que se voit révolu le temps oT la ré!érence F l9œuvre de'reud constituait le repère théorique unique, censé pouvoir

répondre F toutes les interro%ations de la clinique universelle. ais

nous constatons par contre qu9il ne suAit pas de laisser de c-té la

ré!érence F 'reud pour dire des choses nouvelles et cliniquement

utilisales.

e récentes pensées, asse monolithiques pour l9essentiel, n9ont

pas proposé des réponses eaucoup plus polyvalentes que certainespositions !reudiennes de départ. e nouvelles !amilles !ermées sur

des initiés, se sont constituées, rassurant ces initiés, n9apportant pas

de réponses >u%ées comme suAisamment universelles par les autres.

La tSche du psychanalyste, nous dit D. 5reen, est de penser

l9impensale. Notre tSche semle surtout de chercher F penser et F

e=primer l9encore impensé, tant au re%istre de la théorie qu9au

re%istre de la pratique clinique et F !aciliter la prise de conscience del9impensé dans nos !onctions péda%o%iques.

Il paraQt ien diAicile de pratiquer une psychanalyse d9impact

vraiment universel avec comme seul repère pulsionnel le dynamisme

liidinal avec ses anta%onistes synchroniques qui n9en sont que le

reet en né%ati! Ucomme le diale 2 qui n9e=isterait que comme

dépendance né%ative purement opératoire de la représentation

qu9on cherche F se !aire de la divinitéV.

Prétendre d9autre part aser notre e=ercice quotidien sur la cure

type d9économies authentiquement névrotiques ne procède pas

tou>ours du respect des repères dénis par 'reud en matière

d9or%anisation mentale !ondée sur le primat du %énital et la relation

trian%ulaire. 7ette tendance F devoir reconnaQtre partout des

névroses 2 !rise l9inconséquence quand il s9a%it d9oli%er un

#(




analyste en !ormation F ne solliciter une supervision qu9F partir de ce

qu9on considère comme une névrose classique 2. @n eAet ou ien

nous serons conduits de part et d9autre F avoir l9impression qu9il

nous !audra tricher ce qui ne semle pas heureu= O ou ien le

candidat pourra attendre !ort lon%temps pour se voir accepté F une

n de cursus devenue aléatoire, ce qui peut eAectivement constituer

une !orme sutile de limitation des naissances dans la carrière

analytique.

Gn ne peut se prétendre psychanalyste sans avoir éprouvé

personnellement ce qu9était une cure type ni sans avoir acquis la

!ormation permettant de conduire soi"mBme des cures types.

ais un psychanalyste devrait d9autre part se sentir autorisé F

conduire des cures types dans certaines situations patholo%iques qui

ne s9avèrent pas spéciquement névrotiques au moment oT nous les

aordons, sans se sentir tenté soit de re!user leur prise en char%e,

soit de les qualier ausivement de névroses 2.

Les psychanalystes auraient"ils si peu conance en l9universalité

pro!onde de la pensée !reudienne qu9ils redouteraient de réévaluercertaines hypothèses et craindraient de tirer les conséquences de

ces réévaluations 0 Duraient"ils si peu de !oi en leur science propre

qu9ils auraient peur de voir s9écrouler un édice qu9il serait

simplement nécessaire de dépoussiérer sans rien détruire de ses

!ondations essentielles 0 e dépoussiérer surtout certaines des

!ormulations trop routinières nous empBchant d9aller plus loin et plus

au cœur des vrais prolèmes des hommes de notre temps.

Il ne saurait Btre question certes de contester les repères asse

nets que 'reud a étalis en matière d9économie névrotique O il ne

saurait Btre question non plus de modier le cadre et les principes de

la cure type. ais un éclaira%e plus complet semle s9imposer O il

devrait porter sur l9ensemle de nos connaissances théoriques,

eaucoup moins limitées que nous avons coutume de le supposer. /n

éclaira%e plus complet devrait porter aussi sur l9ensemle des

#(1




capacités cliniques et techniques d9un praticien qui demeure

psychanalyste, mBme quand il ne pratique pas toute la >ournée, et

avec tous les patients, des cures types 2. /ne révision de cette

nature redonnerait une incontestale vi%ueur F ien des

!onctionnements individuels ou collecti!s quelques peu essoués en

!ace de réalités qui demeurent tout de mBme F notre portée. Nous

sommes en eAet capales de soi%ner de !aEon adéquate un nomre

asse conséquent de %ens qui souArent de ien autre chose que d9un

conit vraiment névrotique et il nous !audrait le dire plus clairement.

@n demeurant très ri%oureu= sur les postulats analytiques

principau=, sur les principes essentiels de !ormation et sans

adultérer en rien la technique propre de la cure type, ce ne serait ni

trahir ni déchoir que d9accepter de réviser certaines hypothèses qui

doivent la persistance de leur immoilité eaucoup plus F la

compulsion de répétition, F la crainte de sortir de notre r-le ou de

nous voir désavoués par nos pairs eaucoup plus qu9F une rée=ion

constante et attentive conduite de concert entre nous. Notre

!ormation reste F par!aire sans cesse et une réévaluation

permanente de nos raccourcis de pensée, ien cachés derrière les

prouesses rhétoriques dont nous avons l9haitude, semle s9imposer.

e telles attitudes devraient aller de soi pour des psychanalystes.

7omme nous le rappelle M. 7osnier, la !étichisation de la théorie

demeure pour ceu= qui n9investissent pas asse la clinique une

protection contre une éventuelle atteinte de la cohérence du oi.

Les identications narcissiques F un maQtre sécurisent certes, mais le

esoin d9appartenance F une !amille !ermée ne rend point créati!.

@t M. 7osnier a ien raison de montrer que seule l9anticipation

d9un plaisir F !onctionner plus lirement e=cite le désir de créativité,

en s9accompa%nant du mBme coup d9une nécessaire désiden"

tication, au moins partielle, F des représentations ma%istrales du

passé, dotées d9un pouvoir ma%ique, narcissique et en cela

!aussement universel.

#(#




7e point de vue re>oint l9opinion souvent e=primée par G.

Werner% dans les colloques de I9api et selon laquelle certains

instituts char%és de la transmission de la psychanalyse

!onctionneraient comme des collè%es techniques univoques oT l9on

tiendrait le %enre de discours rituellement entendu dans des

séminaires reli%ieu=.

Les mBmes prolèmes se posent quant F l9e=tension %éo%raphique

de la psychanalyse, F l9heure actuelle, F travers le monde. Gn ne peut

concevoir sans quelques rée=ions préalales la pro%ression

souhaitale de la connaissance et de la pratique analytique au sein

de cultures qui n9ont été >usque"lF que transitoire"ment touchées par

la pensée psychanalytique F un moment de leur évolution, ou ien au

sein de cultures qui n9ont pas encore énécié de ce contact, mBme

de !aEon éphémère.

es demandes e=istent sous divers horions et nos revues en !ont

état maintenant et de !aEon asse pressante par!ois, de mBme que

diAérentes solutions se voient proposées dans un désir louale, mais

pas tou>ours raisonnale, de répondre le plus rapidement possile et

du mieu= possile F ces demandes. 7ertains prolèmes paraissent F

première vue diAicilement solules O peut"Btre que ces prolèmes

n9ont pas été asse complètement e=posés.

La !ormation des collè%ues destinés F porter le ameau dans de

nouveau= conte=tes culturels soulève incontestalement des

diAicultés pratiques et nous devons reconnaQtre ces diAicultés tout

en respectant des limites !ormatives au"dessous desquelles il ne

saurait Btre question de transmettre la psychanalyse.

/ne recherche scientique conduite sur un terrain nouveau

s9eAectue en %énéral F partir d9e=périences acquises sur des terrains

dé>F connus. Kien que très conscients des évidentes diAérences de

toutes natures qui peuvent e=ister ici, il semle concevale

cependant de prendre pour ré!érence de départ, dans certaines

directions nouvelles, ce que nous connaissons des prolèmes de

#((




transmission de la psychanalyse posés dans nos espaces européens

avec les candidats F la !ormation =és dans des lieu= %éo%raphiques

éloi%nés ou peu accessiles. 7ette e=périence nous montre Une

mettons personne en accusation mais les e=emples sont connusV

qu9une ri%ueur e=cessive et !ormelle a limité pratiquement la

transmission au= %randes métropoles Uet dans certaines nations

pratiquement F la seule capitaleV alors que le la=isme conduit au=

pires déceptions d9aord, puis au= pires désordres par la suite. Gn ne

peut conclure pour autant qu9un compromis purement diplomatique

représenterait une issue idéale du prolème.

Il paraQt opportun de comprendre préalalement quelle est la

nature pro!onde d9une demande et de dénir d9autre part quels sont

les uts que nous recherchons et les moyens dont nous disposons

pour les atteindre tout en répondant F la partie heureuse de la

demande et au= réalités du conte=te culturel oT celle"ci se situe.

/ne analyse !ormative, un cursus de !ormation ne peuvent Btre

conduits F la lé%ère ni au raais. Ils ne peuvent Btre menés F ien

que si des analystes capales d9assurer une !ormation se déplacent

pour en%a%er un travail local sérieu= dans une ré%ion encore

dépourvue, ou ien si des candidats de cette ré%ion tout en

conservant leurs terrains ori%inau= d9e=ercice se déplacent pour

recevoir dans un institut ré%ulier la !ormation adéquate.

7e principe n9est pas nouveau, il semle vraiment universel et il

apparaQt comme très évident. Par contre d9autres prolèmes liés F la

transmission de l9analyse F travers divers ensemles culturels sont

peut"Btre laissés dans l9omre et ne sauraient se voir résolus au seul

re%istre de la !ormation >usque"lF classique.

es candidats d9autres espaces culturels viennent nous demander

loyalement une !ormation O nous entendrons la leur donner avec nos

uts traditionnels O loyalement ils cherchent F e=ercer ensuite che

eu= et ils constatent rapidement que les demandes de cures types 2

ne sont pas aussi aondantes qu9ils le supposaient préalalement, et

#(4




que nous leur avions laissé supposer. Plus ces collè%ues auront reEu

une !ormation dite ri%oureuse 2 plus ils seront tentés de revenir

illusoirement vers des centres oT nous leur avons laissé croire que

re%or%eaient les indications de cure type. Leurs lieu= culturels

d9ori%ine n9y auront rien %a%né.

Gn commence F concevoir que tout analyste correctement initié F

l9e=ercice de la cure type devait avoir reEu é%alement au cours de sa

!ormation une sensiilisation F l9e=ercice de toutes les !ormes de

traitement des souArances aAectives qui découlent lo%iquement de

la vision psychanalytique universelle de l9homme dans sa dimension

relationnelle et éventuellement une initiation F certaines de ces

approches O sans laisser F l9aandon les cas ne correspondant pas F

nos prototypes névrotiques !avoris que les pro%rès dans la ri%ueur

dia%nostique !ont apparaQtre comme eaucoup plus rares qu9on ne

continue F le dire O et sans laisser non plus F d9autres la prétention

de soi%ner de tels cas. 7e %enre de souci n9entrant pas dans une

perspective concurrentielle mais relevant d9une prise de conscience

de la plus %rande polyvalence théorique et technique des

compétences réelles d9un psychanalyste et de l9étendue des services

qu9il peut rendre F un %rand nomre de patients.

L9au%mentation des espaces patholo%iques et culturels touchés

par les analystes contemporains dé>F !ormés ou en cours de

!ormation concorde avec une au%mentation du nomre des analystes

mais ne va pas de pair avec une au%mentation du nomre des

demandes d9ordre névrotique, donc des indications autre!ois

classiques et e=clusives de cure type. 7ette évidence rend nécessaire

certaines révisions non pas de nos e=i%ences, mais de l9étendue de

nos entreprises !ormatives. Nous commenEons F convenir qu9en

complétant les pointillés e=istant encore en 1( dans les écrits

!reudiens les héritiers de 'reud lui resteront dèles en se donnant

les moyens d9élaorer une approche vraiment universelle de

#(*




l9univers mental sous les diAérents aspects derrière lesquels il

souAre et tente de survivre !ace F ses esoins comme F ses désirs.

La capacité de conduire des cures types caractérise le

psychanalyste O cette capacité demeure la condition nécessaire F

l9accès au statut qui est le n-tre mais ne constitue sans doute pas

pour autant une condition suAisante F l9eAicience clinique de ceu=

qui ne sauraient se satis!aire de !ormer un ordre cloQtré %é sur une

pseudo"mystique du névrotique.

Les diAérents espaces au sein desquels nous avons F développer

nos pratiques psychothérapiques rendent de plus en plus oli%atoire

de dépasser le stade de l9improvisation individuelle, mal théorisale

et mal contr-lale. La pratique des psychothérapies

psychanalytiques dans l9ordre de la patholo%ie de l9en!ant et de

l9adolescent, de la patholo%ie des psychoses, ou des états"limites, est

depuis lon%temps ensei%née de !aEon tout F !ait ri%oureuse et

diversiée dans le souci de s9adapter au= variations de la clinique

individuelle et !amiliale. Il en est de mBme dans le domaine des

aAections psychosomatiques ou de la pratique du psychodrame

psychanalytique en diAérents lieu=. L9initiation F une thérapie

!amiliale psychanalytique commence F s9or%aniser de !aEon

spécique. Il resterait sans doute F mieu= dénir les champs et les

techniques qui appartiennent en propre F des psychothérapies

eAectuées dans un esprit authentiquement analytique, car il ne s9a%it

nullement de petites psychanalyses 2, ien au contraire par!ois, en

raison des comple=ités économiques et psychodynamiques

au=quelles nous devons !aire !ace et au= diAicultés rencontrées pour

élaorer des modèles de relations tran!éro " contre"trans!érentielles

nouvelles pour nous et dont la né%ociation s9avère plus délicate que

dans le cadre sécurisant de la cure type classique.

7ertaines situations patholo%iques ne nous interpellaient %uère en

1 O sans doute parce que alors nous en connaissions mal la

nature, mais aussi parce que ces situations ne constituaient pas non

#(+




plus l9essentiel de la demande du moment, en !onction des conte=tes

divers du moment.

Nous n9en sommes plus F une époque oT il semlait de on ton de

lever les ras au ciel lorsque P."7. acamier et certains de nos

collè%ues proposaient de demeurer analystes mBme en opérant

par!ois sans divan.

D ce niveau de rée=ion, il paraQt par contre nécessaire de nous

mettre en %arde contre un %lissement tout aussi !Scheu= pour le

patient lui"mBme, que pour l9analyse en %énéral. @n eAet, devant

notre !aEon trop restrictive de concevoir par!ois la théorie

psychanalytique, nous pourrions éprouver des diAicultés pour

déduire de nos vues théoriques traditionnelles des réponses vraiment

adaptées F certaines situations cliniques qui, de ce !ait mBme, nous

inquiètent plus que d9autres. Pour ne pas avoir F e=primer notre

insatis!action de la ri%idité d9une !orme asse !réquente et asse

simplicatrice de discours, nous nous voyons tentés de nous orienter

vers une psychothérapie qui nous mettrait plus F l9aise. Du lieu de

revisiter certaines de nos positions théoriques, il peut semler plus

!acile, et moins répréhensile, de modier notre attitude technique.

7eci ne paraQt pas très ri%oureu= du point de vue scientique, ni très

opportun du point de vue pratique.

Ri nous avons F adapter nos conditions opératoires F l9ensemle

de nos repères théoriques, nous ne pouvons porter remède F des

lacunes ou F des silences théoriques par de simples %lissements

techniques. @n interro%eant avec davanta%e d9attention certaines de

nos conceptions théoriques de la névrose 2 ou de 19 6dipe 2,

nous serons peut"Btre conduits F ne plus proposer systématiquement

une cure type F des mani!estations osessionnelles qui n9ont rien de

névrotique. Inversement, il serait possile de nous en tenir F une

cure type avec des situations dépressives %raves, ou mBme avec des

personnalités en partie désor%anisées, F condition de nous trouver

asse ien équipés théoriquement pour nous sentir F mBme de

#(&




proposer au patient de découvrir en lui des capacités pro%ressives de

liaison, ceci sous le couvert d9un pare"e=citations suAisamment

eAicace du point de vue contre"trans!érentiel.

Le patient doit nous éprouver comme aAectivement et

scientiquement sereins devant nos prises de conscience de

l9étendue, de la diversité et de la pro!ondeur des prolèmes qui lui

sont posés et qu9il nous pose. 7e n9est pas vis"F"vis de ses seules

pulsions se=uelles qu9il convient de l9aider F mieu= s9or%aniser, ainsi

que nous pouvons nous contenter de le !aire dans d9autres cas, en

!onction de données conte=tuelles de nature radicalement diAérente.

Gr les diAérentes cultures autre!ois plus ori%inales tendent de nos

>ours F évoluer vers une sorte de melting pot commun, qui présente

certains aspects positi!s mais risque de s9avérer par!ois avant tout

comportemental, asse indiAérencié dans ses systèmes F prétention

adaptative, et rendant diAicile l9accès au= élaorations d9un

ima%inaire vraiment œdipien qui continue, ien sXr, F demeurer

sous">acent che tous les humains mais qui apparaQt comme plus ou

moins opératoire en tant qu9or%anisateur principal de la

personnalité, selon les variétés cliniques qui se présentent F nous.

Nous !aisons comme si nous pouvions dénitivement re!ouler nos

ré!érences culturelles ori%inaires. Dttention au= retours imprévus du

re!oulé.

Le 7oca"7ola made in every6here !acilement matérialisale

remplace le on sein ima%inaire et personnalisale O le sandjich

insipide et ien décoré e=térieurement évite d9eeurer la

prolématique anale mal considérée et oriente le phallisme vers

l9oralité !roide O la constante interro%ation phallique socialement

hiérarchisante g 7omien vale"vous 0 2 a remplacé les risques

d9un choi= identicatoire liidinalement étali. La trilo%ie

narcissique =e le développement ima%inaire de l9en!ant sur la

compétition phallo"machiste évidente entre deu= adultes Uqui ne

parviennent pas F le devenirV au= yeu= d9un petit qui hésite entre

#(8




l9identication asse primaire F celui qui paraQtra le plus !ort ou la

!uite vers des ciles latérales dans lesquelles il croQt se reconnaQtre,

certes, comme mal aimé, mais sans chance de %rand pro%rès évoluti!

du point de vue liidinal.

ans de telles conditions conte=tuelles qui s9é%alisent dans la

standardisation un peu partout dans notre univers actuel, comment

s9adresser d9emlée F une prolématique appelée restrictive"ment

œdipienne 2 0

Dlors que nous élisons Uce qui est lo%iqueV pour leur virtuosité

dans l9usa%e de la théorisation de la pratique et de la transmission

des principes de la cure type de plus en plus de memres titulaires

qui vont !ormer Uce qui est normalV de plus en plus de candidats F

l9e=ercice de la cure type, nous constatons dans le mBme temps une

diminution notale du nomre des demandes et des indications de la

mBme cure type. 7e qui ne veut nullement dire qu9il e=iste une

aisse %loale des demandes qui sont ou peuvent Btre adressées au

psychanalyste, F condition qu9on sorte, non par nécessité ou simple

intuition, mais par réalisme théorique et clinique, du cadre e=clusi!

de la cure type, et ceci de !aEon déliérée, et péda%o%iquement

or%anisée.

/ne psychothérapie conduite par un psychanalyste n9est ni un pis"

aller toléré pour des raisons nancières ou simplement un cache"

misère en rapport avec les déciences intellectuelles ou culturelles

d9un patient. 7hacune des !ormes de psychothérapies qu9un

psychanalyste peut proposer d9en%a%er Uou proposer qu9un de ses

collè%ues compétents en%a%eV correspond F la spécicité d9une

réponse qu9on cherche F approprier F la spécicité du

!onctionnement structurel de su>ets qui n9ont pas eu la chance de

naQtre !orcément sous l9étoile névrotique.

Il !aut, en plus, reconnaQtre, avec G. Werner%, qu9F travers le

monde le développement pro%ressi! de certaines psychothérapies

psychanalytiques, ien loin de l9appauvrir, a au contraire permis

#(




d9enrichir notre savoir psychanalytique. Il income donc en retour

au= institutions que nous animons la responsailité de promouvoir

elles"mBmes de nouvelles !ormations inspirées par les principes

mBme de la psychanalyse dans des voies élar%issant l9éventail

technique déductile de nos connaissances spéciques, sans laisser

ce soin F des initiatives parallèles, oArant moins de sécurité.

Il semle que tous les points de vue évoqués au cours de cette

trop rève rée=ion conver%ent vers une nécessité de réévaluation

sans doute an%oissante pour nous de ce que nous avons construit

dans le domaine théorico"clinique, F partir des repères les plus

pertinents posés par 'reud sur notre !aEon de comprendre l9homme.

Les rè%les de ase du !onctionnement de toute vie ima%inaire, de

toute psycho%enèse, de tout essor pulsionnel, de tout pro%rès dans la

relation F l9autre n9ont pas F Btre sensilement modiées, mais

certaines lacunes peuvent de nos >ours se voir comlées et certains

pointillés repérés dans les pensées demeurées latentes che 'reud

peuvent Btre maintenant complétés.

7e n9est ni en étendant ausivement le champ de la nosolo%ie

névrotique ni en restrei%nant F son plein épanouissement l9ensemle

de la métaphore œdipienne que nous rendrons compte dans tous les

domaines qui sont les n-tres de la portée universelle de la

psychanalyse et que nous rendrons les psychanalystes plus eAicients

quel que soit le conte=te culturel dans lequel ils seront conduits F se

!ormer, F rééchir et F opérer.

L9histoire des %rands courants de pensée se déroule en %énéral en

trois temps g un temps d9initiation et d9impré%nation, un temps

ensuite d9e=tension nécessitant des mises au point et des ré!ormes,

avant d9accéder F un troisième temps atteint seulement par les

systèmes qui réussissent, au moins pendant une certaine période, F

otenir, de !ait, une reconnaissance d9eAicience interculturelle

permettant le développement de la communication et des échan%es

sans trop de restrictions.

#4




'aute d9assumer les e=i%ences de la réévaluation de la hiérarchie

de ses données !ondamentales, !aute de pouvoir distin%uer le anal

et l9essentiel, le particulier et le %énéral, la psychanalyse raterait

sans aucun doute une vocation vraiment universelle F l9échan%e et F

la communication au= diAérents niveau= oT nous interro%e l9Btre

humain. Nous manquerions plus spéciquement encore le rende"

vous avec ceu= qui ont choisi de s9intéresser, sous ses multiples

aspects, au !onctionnement mental individuel ou socialisé.

Houte communauté de pensée ayant atteint sa seconde étape,

c9est"F"dire un de%ré d9e=pansion suAisante, est tentée de prétendre

F l9universalité sous le couvert de la vérication de la cohérence

interne de son discours, plut-t que de procéder au= déats

nécessaires F une réévaluation asse systématique de ses repères de

ré!érence, de ses moyens et de ses uts.

Dutrement dit une prétention interne, dé!ensive et restrictive, F

l9universalité risque d9aller F l9encontre d9une potentialité d9accès F

l9universel qui ne peut résulter que de remises en question

ré%ulières et sans préalales limitati!s. L9universalité suppose une

capacité de supporter, selon le mot de 'reud, la Lerganglich"eit.

?u9on veuille appeler cela l9éphémère, le !u%iti! ou le passa%er, peu

importe O il s9a%it des petits chan%ements de cap qui doivent Btre

sans cesse et oli%atoirement opérés pour conserver, F travers les

courants nouveau= et contradictoires rencontrés, la li%ne de conduite

envisa%ée au départ O quand on sait, ien sXr, oT l9on a décidé

d9aller O ou, plus e=actement encore sans doute, quand on sait oT

nous pensons avoir davanta%e de satis!action personnelle et

collective F aller...

#41



. La recherche clinique en psychanalyse1

ans les milieu= psychanalytiques, on se plaQt F constater

l9au%mentation du nomre des analystes, des instituts, des sociétés,des associations ou des %roupes d9études rassemlés au sein de

l9Dssociation psychanalytique internationale.

Gn se plaQt aussi F noter l9essor remarquale des pulications

psychanalytiques de toutes lan%ues, et dans le monde entier, de

mBme que sont aordés selon une optique nettement

psychanalytique des champs nouveau= dans les diAérents re%istres

de la vie sociale et que se voient surtout développés des secteursessentiels dans le re%istre de la psychopatholo%ie g psychopatholo%ie

de l9en!ant, domaine des psychoses, économies psychosomatiques et

spécicité de eaucoup de dépressions.

ais dans le mBme temps oT les pro%rès de nos connaissances

cliniques et techniques tout autant que les pro%rès de nos

institutions et de nos actions de !ormation semlent évidents, les

critiques développées F l9encontre de la psychanalyse demeurent

tout aussi vives de diAérents c-tés. /ne onne partie de ces critiques

continuent F porter, certes, sur notre !aEon de concevoir les

principes du !onctionnement et de l9évolution de la vie mentale. Les

critiques de cette nature !ont partie de l9inévitale mais nécessaire

déat qu9il n9est pas question de re!user, ni mBme de re%retter, entre

auteurs de disciplines diAérentes ou de modes de pensée diAérents.

#4#



#. La recherche clinique en psychanalyse1

Par contre, un autre ordre de critiques constitue une mise en cause

qui se veut plus rationnelle et ainsi plus incisive de la psychanalyse O

il s9a%it de re!user F la psychanalyse toute prétention d9accéder F un

statut scientique. /n tel reproche ne doit pas nous surprendre dans

la mesure oT nous aAichons nous"mBmes une évidente timidité F

conduire, dans notre domaine spécique, des recherches vraiment

scientiques non seulement sur les hypothèses que nous avanEons,

mais sur les principes mBmes sur lesquels nous entendons !onder ces

hypothèses.

Il nous !aut reconnaQtre que, mBme si elles ne se présentent pas

tou>ours comme ienveillantes, ces critiques semlent en partie

!ondées en raison de notre propre discrétion épistémolo%ique, mais

ces critiques devraient par contre nous rendre le %rand service de

nous sentir mis au dé de répondre de !aEon proante et cohérente F

l9accusation d9inertie scientique qui nous concerne.

Gr, nous constatons que eaucoup d9analystes mani!estent un

désintérBt, par!ois mBme une opposition, F l9é%ard des démarches

méthodolo%iques qui permettraient de dénir la psychanalyse

comme une discipline ayant droit F un statut vraiment scientique O

mBme s9il s9a%issait d9un statut tout F !ait particulier, qu9il resterait F

dénir entre nous, et en !ace des disciplines qui nous sont voisines et

qui, elles, ont choisi clairement leur place.

7ette hésitation a pesé lourdement et continue F peser

lourdement sur notre destinée collective, tout autant que sur nos

!aEons de travailler, au re%istre clinique et sur l9évolution aussi de

nos positions théoriques. Nous voyons ainsi nos colloques, nos

con%rès, nos pulications, consacrés pour la plus %rande part, F des

e=ercices rillants et convaincants mais situés sur un re%istre

eaucoup plus spéculati! que vraiment scientique.

Nos principales institutions tiennent, ien sXr, F aAirmer leurs

sincères préoccupations de développer des pro%rès théoriques et

cliniques en dési%nant soit un secrétaire scientique 2, soit un

#4(




comité scientique 2 O en réalité ceu="ci ne sont char%és ni de

promouvoir de véritales recherches, ni de vérier les hypothèses

émises O leur r-le principal consiste F répartir du mieu= possile le

temps de parole accordé au= uns et au= autres F partir d9un choi=

préalale qui n9apparaQt pas tou>ours comme très !acile, car un tel

choi= doit oli%atoirement tenir compte tout autant de diAérents

!acteurs diplomatiques que des qualités scientiques de celui qui se

trouve dési%né pour introduire un déat.

Nous sommes tous d9accord pour reconnaQtre que nos sociétés,

nos associations, nos instituts de !ormation se voient sollicités par

l9ur%ence des tSches administratives, péda%o%iques et nancières

qui apparaissent comme lé%itimes mais qui risquent de nuire F nos

eAorts de recherche si nous n9y prenons pas %arde.

La !aEon dont nous avons poursuivi nos recherches >usqu9F

présent, du point de vue psychanalytique, ne nous a pas conduit F

eaucoup d9erreurs O mais il semle par contre qu9une méthodolo%ie

scientiquement incertaine risque d9une part de nous entraQner vers

des positions asse répétitives de nature F restreindre nos capacités

créatrices et risque aussi, plus sXrement encore, de nous !aire

re!user la reconnaissance d9un authentique statut scientique par les

disciplines voisines des n-tres et décidées du mBme coup F occuper

la place qui est vraiment la n-tre et que nous aurions laissée vide

dans le domaine des sciences humaines.

Les prétentions de disciplines voisines de la n-tre nous

indisposent ien souvent. Il y a lieu pourtant de reconnaQtre que ces

disciplines ont eaucoup pro%ressé depuis la mort de 'reud. Dvons"

nous quant F nous !aire preuve du mBme souci 0 'reud, tout en

demeurant dans la voie qu9il avait lui"mBme ouverte, ne cessait de se

préoccuper des hypothèses émises dans les disciplines parallèles au

champ de ses propres préoccupations. Nous n9avons pas asse tenu

compte de son e=emple. Gu ien certains, devant les pro%rès des

sciences de voisina%e, ont éprouvé par!ois la tentation de chan%er de

#44




méthodolo%ie, peut"Btre mBme de prolématique. Ils en ont

individuellement le droit mais nous éprouvons quelque diAiculté F les

reconnaQtre comme opérant des recherches demeurées vraiment

psychanalytiques.

'reud est parti d9une méthodolo%ie de recherche tout F !ait

classique dans un parcours d9aord neurolo%ique et iolo%ique qui a

marqué ensuite toute son œuvre. Il s9est tourné vers une démarche

plus spécique dès qu9il a privilé%ié son e=ercice clinique, sans

oulier sa !ormation première.

Il ne saurait Btre question de reprocher au= psychanalystes de

s9identier F 'reud et F l9aspect asse prophétique de son mode de

!onctionnement épistémiolo%ique O ceci nous a permis tout d9aord

de mener F ien nos analyses personnelles et, par surcroQt, de

disposer, depuis près d9un siècle, de notales découvertes sur la

%enèse et l9or%anisation de la vie mentale normale ou patholo%ique.

ais pouvons"nous considérer comme souhaitale de ne poursuivre

nos recherches que dans le cadre des hypothèses arrBtées en 1( et

en les considérant comme des postulats déniti!s 0

Nous pouvons Btre très satis!aits d9échan%er entre nous des

e=périences cliniques très lon%uement conduites, et très poussées du

point de vue métapsycholo%ique. 7es rée=ions entre psychanalystes

ren!orcent nos connaissances cliniques, théoriques ou techniques et

nous permettent aussi de !aire évoluer un certain nomre de

concepts. ais !aute de dénitions plus précises et plus universelles

F maints niveau=, !aute aussi d9évaluations plus ri%oureuses de ce

que nous aAirmons avec onne !oi F partir par contre d9une

e=périence trop restreinte ou trop univoque, il nous devient diAicile

de nous !aire comprendre par les représentants des disciplines

voisines, d9entraQner leur conviction et de pouvoir échan%er avec eu=

un matériel conceptuel ou e=périmental qui nous serait sans doute

précieu=. Il nous devient mBme diAicile par!ois de nous comprendre

et de nous aider entre nous.

#4*




Nous aurions tout intérBt F mieu= connaQtre les modèles de

recherches scientiques qui ont !ait leurs preuves et qui ont

pro%ressé dans les disciplines qui nous sont proches, mais sans Btre

ramenés pour autant F une prolématique ou F une méthodolo%ie qui

ne seraient pas les n-tres.

Il ne paraQtrait pas >uste de prétendre qu9aucun eAort n9a été

déployé, depuis 'reud, pour proposer des recherches scientiques

dans les diAérents domaines concernés par la psychanalyse.

Nous connaissions les articles parus en 1+# dans la revue de

l9Dssociation américaine de psycholo%ie, émanant de . K. Par"loA et

@. D. uinstein d9une part et de L. Luors3y et $. Rtrupp d9autre

part. ais de telles préoccupations portaient plut-t sur la relation

psychothérapique en %énéral.

/ne impulsion plus directement psychanalytique !ut donnée au=

recherches conduites dans le cadre du ennin%er Institut 2. .

kallerstein a rendu compte en 18+ de l9ensemle de ces travau= et

des diAérents développements rencontrés dans la discussion

en%a%ée pour savoir, en !ace des positions et positivistes etherméneutiques, si la psychanalyse pouvait Btre reconnue comme

une discipline scientique, et, dans ce cas, sous quelle !orme de

discipline scientique elle entendait se !aire admettre. La réponse

donnée par . kallerstein est !ormelle g la psychanalyse a droit F un

statut scientique et ce statut se situe dans le cadre des sciences

humaines.

eu= écoles principales s9emploient actuellement F promouvoirdes recherches qui se veulent F la !ois authentiquement scientiques

et situées dans le domaine psychanalytique g celle d9/lm et celle de

Ran 'rancisco. 9autres auteurs américains ou européens se

rattachent plus ou moins implicitement F ces deu= écoles.

/n ouvra%e de synthèse !ort important mettant en évidence les

prolématiques et les méthodolo%ies utilisées par ces diAérents

#4+




courants, F prédominance universitaire, vient de paraQtre en 188,

sous la direction de $. ahl, $. WSchele et $. HhomS.

Dprès un accord réalisé au niveau de la 7on!érence des présidents

lors du 7on%rès de I9api F $amour%, en 18*, une séance plénière

!ut consacrée pour la première !ois F la recherche lors du 7on%rès de

ontréal en 18& O mais l9ensemle des e=posés !ut pratiquement

réservé au= travau= des deu= courants cités plus haut, %loalement

ran%és sous le titre de empirical research ce qui en lan%ue an%laise

!ait plut-t allusion F une recherche de type e=périmental alors que

pour les latins cette appellation laisse davanta%e penser F une

recherche de modèle pra%matique, donc clinique. /n certain

ottement est résulté de cette con!usion possile entre les %roupes

d9auditeurs d9ori%ine soit an%lo"sa=onne soit latine qui assistaient F

cette séance de travail. es représentants européens et latino"

américains ont alors insisté pour qu9une dimension supplémentaire

soit prise en compte par l9Dssociation psychanalytique internationale

en matière de recherche en psychanalyse, celle d9une recherche plus

spéciquement clinique.

Il ne saurait Btre question pour des cliniciens de contester

l9intérBt et la ri%ueur rencontrés dans les travau= de l9école d9/lm ou

de l9école de Ran 'rancisco. 7omme nous le verrons plus loin

d9ailleurs, la prolématique mise en avant par ces écoles et la

prolématique mise en avant par les cliniciens se présentent avec un

certain nomre de soucis oli%atoirement communs, mais les

méthodolo%ies particulières F chacun de ces %roupes diver%ent sans

doute asse radicalement sans se porter pour autant mutuellement

atteinte. Les cliniciens entendent en eAet partir d9une

e=périmentation essentiellement clinique et considèrent que leur

laoratoire de recherches se situe dans leur lieu de travail

psychanalytique c9est"F"dire, derrière leur divan, dans l9irréductile

interaction trans!éra " contre"trans!érentielle O alors que les

chercheurs de l9autre %roupe désirent utiliser une !orme diAérente

#4&




d9e=périmentation et des laoratoires dont l9équipement et le

!onctionnement ne sont plus strictement psychanalytiques, mBme

quand ce sont d9authentiques psychanalystes qui %èrent de telles

recherches.

Gn ne peut plus se ré!érer F une méthodolo%ie vraiment

psychanalytique en eAet quand on envisa%e d9utiliser soit des

échelles de mesure, soit des enre%istrements audiovisuels, soit

l9intelli%ence articielle. e telles recherches demeurent tout F !ait

souhaitales et tout F !ait productives O elles nous apporteront sans

aucun doute de très utiles in!ormations et seront de nature F

participer F l9eAort de vérication indispensale d9un certain nomre

d9hypothèses considérées comme allant de soit par nomre de

psychanalystes.

Il nous semle cependant qu9F c-té de ces recherches F

orientation plus e=périmentales dans leur méthode I9api, nos

%roupements ré%ionau=, nos sociétés et nos instituts devraient

accorder une part au moins é%ale et un intérBt au moins é%al au=

recherches s9attachant F conserver une méthodolo%ie plus con!orme

F notre orientation clinique.

Le président D. Limentani puis le président . kallerstein et son

ureau se sont montrés pro!ondément !avorales F notre point de

vue et nous pouvons Btre reconnaissants au r G. Werner% et au

7omité des pro%rammes de nous avoir permis de présenter au

7on%rès de ome l9état d9avancement de nos pro>ets.

Du cours de deu= réunions de travail qui se sont déroulées F Parisles 18 et 1 !évrier 18, un %roupe de cliniciens européens, tous

memres de I9api, a décidé de constituer un %roupe de rée=ion sur

la recherche en psychanalyse F partir de l9e=périence clinique. Le

comité provisoire de ce %roupe comprend sept memres de la

Rociété psychanalytique de Paris, deu= memres de l9Dssociation

psychanalytique de 'rance, un memre de la Rociété suédoise et un

memre de la Rociété allemande. es memres des Rociétés el%e,

#48




suisse, espa%nole et italienne nous ont mani!esté leur désir de

s9associer F nos travau=.

Nous avons demandé au ureau de la 'édération européenne de

psychanalyse de ien vouloir accepter de prendre le patrona%e de

notre %roupe de rée=ion et d9inclure cette entreprise dans les

préoccupations scientiques de la 'édération.

Nous avons en%a%é avec le secrétariat scientique de la Rociété

psychanalytique de Paris des né%ociations en vue de la constitution F

Paris d9une Kanque de données réunissant le ma=imum

d9in!ormations sur les travau= scientiques portant sur la recherche

en matière de psychanalyse.

Nous souhaiterions que des %roupes homolo%ues puissent se

constituer sous l9é%ide de I9api dans les diAérentes aires

%éo%raphiques dénies par I9api. /ne con!rontation de nos points de

vue semlerait très opportune entre cliniciens opérant cliniquement

dans des conte=tes diAérents.

"i=érents modèles de recherches

Du cours de nos réunions de travail F Paris, nous avons tenté de

dénir les conditions possiles et souhaitales d9une réévaluation et

d9une revalorisation de la recherche opérée par les cliniciens dans le

domaine psychanalytique.

Nous avons aussit-t remarqué que deu= sens diAérents pouvaient

Btre donnés F une recherche dite clinique 2 g il peut s9a%ir soit

d9une recherche portant sur un souci d9aAiner la clinique, soit d9unerecherche eAectuée F partir de la clinique et interro%eant la théorie

psychanalytique.

ans le premier cas il semle tout F !ait possile d9associer des

non"analystes et des techniques non psychanalytiques F une

recherche portant sur la clinique. 79est ce qui nous rapproche des

nomreu= travau= dé>F entrepris par ailleurs et évoqués plus haut.

#4




ans le second cas il paraQt diAicile pour des non"cliniciens de

vérier le ien"!ondé ou l9universalité d9hypothèses émanant de nos

e=périences cliniques, avant de renvoyer vers la théorie les résultats

de la vérication de ces hypothèses ou de renvoyer aussi vers la

théorie d9autres hypothèses modiées, ou apparaissant comme

complémentaires des hypothèses de départ.

eu= modèles de recherches ont donc été proposés au cours des

premières rencontres du %roupe de rée=ion sur la recherche réuni F

Paris g

1 Y /ne recherche portant sur la situation clinique elle"mBme,

recherche dont des e=emples ont dé>F été clairement e=plicités par

. kallerstein g

\ recherches sur le processus psychanalytique O

\ recherches sur la théorie du chan%ement et la théorie de la

cure O

\ recherches sur la technique de cure.

# Y /ne recherche portant sur les interro%ations que la clinique

pose F la théorie psychanalytique, autrement dit un eAortd9évaluation F partir de l9e=périmentation clinique de certaines des

positions théoriques que nous nous contentons ien souvent de

répéter sans les soumettre F une épreuve asse ri%oureuse au

re%istre clinique.

/ne telle recherche nécessiterait d9ailleurs deu= préalales sans

doute très utiles pour nous tous g

a Y Procéder F l9inventaire des notions théoriques qui semlent

poser le plus de questions F l9e=périmentation quotidienne des

praticiens de la psychanalyse, dans la diversité de leurs

entreprises et devant la %rande variété des situations cliniques et

structurelles qu9ils reEoivent sur leur divan. b Y /nier nos lan%a%es

et nos dénitions O l9e=périence des colloques et des con%rès prouve

qu9en dehors des ostacles évidents mais très surmontales de la

#*




traduction il n9est pas assuré qu9F l9intérieur d9une mBme e=pression

lin%uistique le mBme terme corresponde tou>ours F la mBme

représentation métapsycholo%ique, psycho%énétique, structurelle ou

sémiolo"%ique que les cliniciens utilisent dans leur pratique ou leur

conceptualisation.

Il n9est nullement nécessaire de rédi%er un dictionnaire de

psychanalyse O il en e=iste d9e=cellents en diAérentes lan%ues. Il ne

saurait Btre encore moins question de ri%idier nos modes

d9e=pression et de dénoncer en tant que déviation toute ouverture

conceptuelle passant par une modication possile du sens de

certains termes.

7ependant si nous ne nous eAorEons pas de respecter une rè%le

du >eu terminolo%ique assurant un minimum de communicailité au=

appellations essentielles, comment pourrions"nous travailler

ensemle et nous trouver certains de parler de la mBme clinique et

de comprendre ce que veut dire l9autre quand il s9emploie F !aire

pro%resser nos connaissances 0

Gn constate par e=emple que dans certains %roupes de travailpourtant !ort ri%oureu= par ailleurs on parle de déni 2 F la place de

déné%ation 2 et inversement. Il ne s9a%it nullement d9entraver des

recherches concernant les notions de déni 2 ou de déné%ation 2.

Penserait"on qu9un déat scientique soit possile entre des

chimistes qui n9attacheraient aucune importance F la distinction des

termes dénissant l9acide sul!urique d9un c-té et l9acide acétique de

l9autre 0

Pro/lématique et méthodologie

Me ne reprendrai pas le très sustantiel et très pertinent

développement que . kallerstein a consacré au déat portant sur le

statut scientique de la psychanalyse. Il semle qu9F l9heure actuelle

un consensus se soit dé%a%é pour otenir la reconnaissance de la

psychanalyse comme science, au sein du %roupe des sciences

#*1




humaines, en tenant compte de toutes les nuances que comporte

l9ori%inalité des disciplines ran%ées dans ce %roupe par ailleurs ien

délimité.

Ri nous voulons otenir un statut scientique, il ne s9a%it pas de

nous ali%ner sur la prolématique et la méthodolo%ie appartenant F

une discipline voisine mais de dénir quelle est notre prolématique

ori%inale, quelle pourrait Btre notre méthodolo%ie propre ou quelles

sont les méthodolo%ies que nous pouvons utiliser avec opportunité,

en plus de celle qui nous serait particulière.

La prolématique psychanalytique d9une part s9est trouvée ien

dénie par 'reud en 1## dans l9article rédi%é pour ( Fncyclopédie

allemande de a= arcuse g il s9a%it de constituer une discipline

scientique nouvelle 2 s9intéressant au= processus mentau=

inconscients 2. 'reud a conrmé cette dénition en 1#+, dans

(Fncyclopedia ritannica, en précisant que, pour lui, la valeur de la

psychanalyse en tant que science de l9Inconscient l9emporterait

lar%ement sur ses conséquences thérapeutiques.

ais, dès 1##, il montrait l9étroite interdépendance e=istantentre cette prolématique %énérale et ses deu= applications

possiles F la !ois voisines et interconnectées g l9investi%ation des

processus mentau= d9une part et l9utilisation d9autre part de cette

investi%ation pour le traitement des désordres mentau=.

Dutrement dit, ce n9est pas la simple prise en compte de

l9Inconscient qui caractérise la prolématique psychanalytique mais

essentiellement la !aEon tout F !ait particulière dont la psychanalyseentend comprendre le !onctionnement inconscient dans le cadre des

aléas rencontrés par l9évolution relationnelle du su>et.

La méthodolo%ie clinique d9autre part dont 'reud nous a donné

l9e=emple d9un essai de mise en place peut se décomposer en

plusieurs étapes g

1 Y Il s9a%it de partir de l9oservation des !aits cliniques qui

appartiennent F l9ordre de la prolématique psychanalytique. Il ne

#*#




s9a%it pas d9une approche phénoménolo%ique ou quantiale mais

d9un premier essai d9interprétation du !onctionnement de la pensée

inconsciente et des mises en scènes ima%inaires F partir de ce que

l9e=périence clinique met en évidence.

#Y11 s9a%it de conduire F l9émission d9hypothèses théoriques

partant de constantes repérées dans un nomre suAisant

d9oservations !aites par les cliniciens et surtout par un %roupe de

psychanalystes mettant en commun leurs e=périences individuelles.

( Y Procéder en retour F une vérication des hypothèses émises.

7ette vérication devant Btre conduite dans un doule souci g

\ le souci d9une part de vérier l9adéquation de ces hypothèsesen les con!rontant F de nouvelles oservations cliniques O

\ le souci de vérier l9universalité de ces hypothèses, c9est"F"

dire de constater que la clinique ne proteste pas contre une portée

%énérale attriuée F des hypothèses reconnues comme e=actes, alors

que d9autres hypothèses ne s9avèrent vériales que sur une partie

seulement du champ de la clinique, mais ne se vérient plus dans

d9autres secteurs cliniques que nous devons prendre la peine derepérer et de préciser.

4 Y Ri la vérication est otenue selon les deu= critères

d9adéquation et d9universalité, il restera encore F procéder F

l9inté%ration de ces hypothèses ainsi vériées, au sein des postulats

de notre prolématique d9ori%ine.

/ne méthodolo%ie de cette nature implique, F un premier niveau,

un travail de %roupe dont le cadre et les rè%les se trouveraientpréalalement dénies d9un commun accord entre chercheurs. e

tels cliniciens a%issant en chercheurs dans leur pratique quotidienne

devraient énécier d9une in!ormation suAisante en matière de

recherche. 9autre part les vérications d9hypothèses au= deu=

re%istres oT portent ces vérications Uadéquation et universalitéV ne

peuvent Btre conduites de !aEon ri%oureuse que si le %roupe de

cliniciens"chercheurs opère sous le contr-le d9un second %roupe de

#*(




cliniciens ien !ormés F la recherche et char%és de s9assurer que

toutes les %aranties souhaitées concernant le pro%ramme de

recherches envisa%é ont été respectées. 79est un des r-les que

voudrait assumer le %roupe de rée=ion sur la recherche réunissant

diAérents collè%ues européens.

@n ré!érence au= %lissements ou au= dérapa%es par!ois constatés

dans les disciplines qui nous sont voisines dans le cadre des sciences

humaines, il semle lo%ique de prévoir et de chercher F parer

l9éventualité de tels inconvénients au re%istre de la prolématique

comme au re%istre méthodolo%ique.

Les dérapa%es méthodolo%iques les plus courants ne résultent pas

tellement d9un emprunt Usurtout si cet emprunt reste conscientV

eAectué auprès d9une méthodolo%ie e=térieure mais plut-t d9un

risque de con!usion méthodolo%ique O ce risque peut apparaQtre dès

que les psychanalystes sortent de leur laoratoire, c9est"F"dire des

conditions d9e=ercice propres F la cure et pourtant il est nécessaire

qu9ils en sortent par!ois. Gn ne saurait conner le clinicien F un

pra%matisme artisanal. L9essentiel demeure de ien repérer oT se

situent les limites F respecter. Le travail en %roupe s9avère très utile

pour prévenir les écarts éventuels F ce niveau.

Les dérapa%es prolématiques semlent plus sérieu=. Ils

apparaissent en particulier dès qu9on s9emploie F mBler une

méthodolo%ie qui entendrait rester clinique F une recherche dont

une partie de la prolématique n9appartiendrait plus, en !ait, au

domaine de la clinique propre au= psychanalystes.

Nous connaissons, en eAet, les con!usions de prolématiques

oservées quand les psychanalystes d9un c-té et les

neurophysiolo%istes de l9autre entendent parler ensemle d9un

phénomène appelé rBve 2 dans l9une et l9autre discipline, sans qu9il

s9a%isse ni de la mBme !orme de prise en compte, ni de la mBme

entité constituant l9o>et d9oservation.

#*4




$n e7emple de recherche

Houte recherche en matière de psychanalyse se heurtera

oli%atoirement F un certain nomre d9ostacles qui nous sont dé>F

connus.Les analystes éprouvent une asse %rande appréhension F

envisa%er une démarche allant dans le sens de ce que les Dn%lo"

Ra=ons appellent !alsication 2, F la suite des travau= des

diAérentes écoles positivistes. 7e terme !ait peur O en !ranEais nous

parlerions plus volontiers d9épreuve de ré!utailité possile.

/ne telle mise F l9épreuve est redoutée comme pouvant nous

priver de certaines hypothèses !reudiennes ou post!reudiennes, dontla solidité tiendrait davanta%e de la répétition de leur énoncé que de

la vérication de leur pertinence ou de leur universalité. 7e risque

ne peut Btre nié. ais une attitude aussi dé!ensive tient plut-t de la

position idéolo%ique que de la démarche scientique. 9autre part si

une recherche scientique asse ri%oureuse ne saurait éviter

d9épurer nos !ormulations de quelques haitudes inopportunes,

l9ensemle des postulats !reudiens n9est nullement menacé par uneinterro%ation de cette sorte O ien au contraire, les plus essentiels

postulats !reudiens se verraient, sans aucun doute, ren!orcés dans

leur impact. 7eci nous ouvrirait du mBme coup d9autres voies de

travail sur des terrains cliniques nouveau= ainsi déarrassés des

rumes s9opposant ien souvent >usque"lF F nos investi%ations.

Pour illustrer la rée=ion que >9ai cherché F introduire, on

s9attendra F ce que >e présente un e=emple de recherche qui pourraits9eAectuer selon l9un des modèles utilisales par des cliniciens.

La chose n9est pas !acile, tout d9aord parce que si >e n9en%a%e ici

de !aEon !ormelle que ma seule responsailité, >e me trouve tout de

mBme mandaté, en plus, pour transmettre certains points de vue

%énérau= émanant de notre %roupe de rée=ion entre collè%ues

européens O il ne serait donc pas heureu= de m9en%a%er trop loin et

#**




trop personnellement au re%istre des réalisations pratiques. Il e=iste

en eAet plusieurs modèles de recherches préconisales de notre

point de vue commun.

9autre part notre %roupe de rée=ion se réserverait plut-t une

tSche de travail au second de%ré, une sorte de recherche sur la

recherche 2. 7ertes plusieurs des memres de ce %roupe entendent

ien participer F des activités plus directes au sein des équipes de

recherches travaillant au premier de%ré, mais le %roupe de rée=ion

que nous avons constitué se donnerait pour ut spécique d9aider les

équipes de recherches proprement dites F préciser leur

méthodolo%ie, F dénir des pro%rammes Usur les thèmes qu9il leur

appartiendra, F elles seules, de choisirV et F procéder F la doule

vérication des hypothèses mises en avant.

7e préalale important étant posé, >e ne saurais pour autant

échapper au risque d9aller un peu plus loin dans Pe=plicitation de

mon propos. Coici donc un e=emple que >e présente, sans lui con!érer

un statut privilé%ié, ni désirer, cela se conEoit, apporter aussit-t des

réponses au= questions posées g

Postulat de départ g la prolématique psychanalytique s9intéresse

au mode de !onctionnement mental inconscient des pervers se=uels.

$ypothèse haituellement admise Uet non vériée encore

scientiquement 2V g l9ima%inaire pervers !onctionne autour d9un

modèle de déni de la représentation de la castration U%énitaleV(+.

Kut d9une éventuelle recherche g

\ 7ertains analystes ont contesté cette hypothèseUKilio%raphieV.

\ D partir d9une étude interro%eant un nomre suAisant

d9analystes, sur un nomre suAisant d9approches cliniques de

pervers se=uels, on cherchera F savoir g

Ri l9hypothèse classique se vérie dans un nomre si%nicati!

de cas cliniques O

#*+






Ri cette hypothèse s9applique F toutes les variétés de

perversions dites se=uelles 2 rencontrées en clinique.

ans le cas oT l9universalité de l9hypothèse classique ne se

trouverait pas vériée, il resterait F notre recherche F se prolon%er,

pour g

\ préciser dans quelles sortes de structures de la personnalité

l9hypothèse clinique pourrait se vérier O

\ préciser dans quelles sortes de structures de la personnalité

l9hypothèse ne se vérie pas O

\ préciser les modications qui pourraient par voie de

conséquence Btre apportées F l9hypothèse classique g pour que l9hypothèse modiée s9applique F toutes les variétés

de perversion se=uelle rencontrées O

ou Usi ceci n9était pas possileV pour que des hypothèses

adéquates puissent s9appliquer de !aEon plus précise F tel ou tel type

de structure de la personnalité, selon les cas cliniquement

rencontrés de perversions dites se=uelles 2.

Dyant avancé un e=emple, sur un su>et parmi eaucoup d9autres,

>9ai pris un risque asse conséquent en paraissant privilé%ier telle

!orme d9enquBte sur telle autre, du seul re%istre clinique, alors que

notre position commune, au sein de notre %roupe de rée=ion,

demeure essentiellement ouverte F tous et F toutes les su%%estions

et nullement opposée au= études portant par e=emple sur une

relation clinique très lon%uement et très pro!ondément oservée par

un seul clinicien, ou sur toute autre !orme de recherche théorique ou

clinique F condition que cette recherche soit soumise F une

systématique volonté de vérication, du point de vue

méthodolo%ique. Rinon il ne s9a%irait plus de recherche au sens oT

nous l9entendons.

7omme nous le verrons plus loin, G. Werner% évoque un modèle

de !onctionnement artistique 2 souvent rencontré au sein des

#*&




%roupes de psychanalystes. 7es sortes de numéros d9artistes 2 qui

rendent a%réales et rillants nos colloques ne sont pas critiquales

en soi, ne serait"ce que parce qu9ils intéressent, voire passionnent,

l9auditoire. La véritale recherche se présente comme moins

spectaculaire narcissiquement et moins ostensilement érotisée au

re%istre collecti!. Nous pouvons donc conserver nos rencontres

haituelles et leur potentiel de séduction créatrice O nous en tirerons

souvent de nouvelles ases de recherche. Il semle donc nécessaire

F partir des su%%estions nomreuses et très variées qui se dé%a%ent

de ces rencontres d9aller plus loin dans la !ormulation de véritales

hypothèses et de souhaiter l9épreuve de leur vérication.

L0essentiel et le complémentaire

Il ne nous sera sans doute %uère possile d9éviter des recherches

répondant F l9emarras pratique du clinicien devant la superposition

pro%ressive de néo"théories se voulant toutes !reudiennes 2,

contestant en !ait mais sans le reconnaQtre certains points de vue

considérés classiquement comme !reudiens, et se contentant

d9a>outer une superstructure supplémentaire, quelque peu

hétéro%ène et souvent peu compatile avec le modèle architectural

de l9ensemle de l9édice !reudien d9ori%ine.

Gr ces apports théoriques ne sont sans doute ni ine=acts ni sans

intérBt pour les cliniciens O mais encore !audrait"il que des

recherches ien conduites s9emploient F étudier F partir de ces néo"

théories ce qu9il est possile d9inté%rer ou non, et ce qu9il y a intérBt

F inté%rer ou non, au sein de la prolématique de ase dans le cadre

de laquelle nous travaillons au re%istre clinique depuis la mort de

'reud.

Nous pouvons nous montrer inquiets par e=emple de voir une

e=tension Usans doute inopportune et isolée de son conte=teV des

propositions de k. . Kion entraQner certains %roupes d9analystes

dans un désintérBt mani!este pour la prise en compte du trans!ert O il

#*8




ne s9a%it pas lF d9une attitude anale, isolale de l9ensemle de notre

prolématique clinique.

Keaucoup de chercheurs d9autres disciplines tout comme

eaucoup de psychanalystes constatent que nous sommes %Bnés

dans une recherche qui se voudrait scientique par le petit nomre

des oservations cliniques F partir desquelles nous entendons

émettre ou vérier nos hypothèses. M9ai dé>F répondu plus haut F

cette o>ection en proposant une démarche or%anisée en équipes, F

partir de dénitions de ase devenues communicales O il nous serait

alors possile de travailler sur une assise e=périmentale plus lar%e.

Ri l9enquBte de modèle épidémiolo%ique n9est pas envisa%eale

auprès de nos patients, il reste tout F !ait possile d9interro%er le

clinicien et un certain nomre de cliniciens volontaires pour cela et

préparés F cette !orme de recherche qui intéresse en !ait eaucoup

de collè%ues.

/ne autre variété d9o>ection se trouve liée F la crainte des eAets

perturateurs de toute enquBte en raison d9une inter!érence

e=térieure inévitale sur le dialo%ue sin%ulier qui se déroule au cours

d9une psychanalyse. La recherche se ré!érant F l9interro%ation d9un

%roupe de cliniciens semle répondre é%alement F cette sorte de

préoccupation par!aitement lé%itime. Il est mBme permis de

supposer que le !ait pour un psychanalyste de se trouver interro%é

dans le cadre F la !ois pro!essionnel et impersonnel d9un pro%ramme

de recherches conduites en équipe pourrait Btre de nature F

déclencher che le thérapeute des rée=ions personnelles nouvelles

sur ce qui se passe ou sur ce qui s9est passé dans une cure O le

clinicien n9aurait nullement F communiquer ien sXr tous les détails

ou tous les détours d9une cure, c9est"F"dire tout ce qui n9entre pas

dans le cadre déni par le pro%ramme étali O mais >e suis porté F

croire, F partir des e=périences réalisées dans divers séminaires de

rée=ion clinique, qu9une interro%ation sur tel aspect ponctuel d9une

cure nous éclaire tou>ours sur d9autres aspects qui s9y trouvent

#*




!orcément liés dans la diachronie pratiquement sans limite de

l9interaction trans!éro " contre"trans!érentielle.

Il semle que les cliniciens, dans leur %rande ma>orité, auraient

moins peur d9une recherche conduite avec la ri%ueur nécessaire, s9ils

étaient mieu= in!ormés des uts, des moyens et des avanta%es

individuels et collecti!s d9une telle recherche. Il paraQt donc

nécessaire d9ouvrir le dialo%ue F ce propos et de tenir le plus %rand

compte en retour des critiques, des avis et des e=périences qui

viendront enrichir notre rée=ion.

Nous ne pourrons éviter d9inquiéter certains collè%ues et surtout

de paraQtre na:!s F eaucoup d9autres. Nous sommes convaincus de

la nécessité du type de rée=ion que nous proposons mais nous

demeurons très conscients du temps qu9il !audra pour que nos

propositions puissent devenir vraiment opératoires. Nous savons que

nous avons en eAet peu de chances de voir se modier du >our au

lendemain certaines haitudes considérées comme rassurantes ou

%ratiantes.

79est donc F nos >eunes collè%ues qu9il convient surtout de nousadresser et, par voie de conséquence, F ceu= aussi de nos collè%ues

plus anciens qui ont des responsailités importantes dans nos

instituts de !ormation.

"i=érents modèles de fonctionnement

Pour terminer sur une note F la !ois amusante et !ort sérieuse, >e

rappellerai le propos tenu F Haunton par G. Werner% en 184 lorsd9une rencontre du ureau de Hapi, G. Werner% entendait

schématiser les diAérents modèles péda%o%iques et scientiques qui

s9oAriraient, selon lui, au choi= des psychanalystes g

1 Y Le modèle de l9académie artistique 2 g il s9a%it de !ormer

des

vedettes capales d9activités créatrices.

#+




# Y Le modèle de l9école pro!essionnelle 2 g il s9a%it avant tout

d9ensei%ner correctement une technique et non de promouvoir en

soi une créativité.

( Y Le modèle du séminaire de théolo%ie 2 g il s9a%it de !ormerdes %uides et des mentors se limitant F ensei%ner la délité au=

écrits anciens conEus comme !ondamentau=.

4 Y Le modèle de la !aculté universitaire 2 qui correspondrait

pour G. Werner% F un climat de recherche scientique ouverte F

la vérication des hypothèses O les critères de sélection des

ensei%nants e=i%eant d9incessantes remises en question asées sur

un lar%e consensus.

G. Werner% constate que la plupart des psychanalystes entendent

se ré!érer F ce dernier modèle et ils estiment que les instituts de

psychanalyse !onctionnent F la !ois selon le modèle artistique et

selon le modèle scientique.

G. Werner% ne parta%e pas cet optimisme O il pense plut-t que

nos structures actuelles se limitent F une cominaison du modèle de

l9école pro!essionnelle avec le modèle du séminaire de théolo%ie.

Il croit déceler de ce !ait dans nos structures un sentiment

d9insécurité lié au mélan%e d9idéalisation et de persécution qui

résulterait des conditions dans lesquelles se déroule une analyse dite

didactique 2. 7e sentiment d9insécurité apparaQt F G. Werner%

comme tout F !ait impropre au développement d9une recherche

vraiment scientique.

Il n9entre pas dans ma présente préoccupation d9envisa%er les

délicats prolèmes liés au= principes mBmes de l9analyse didactique,

mais >9adhère tout F !ait F la rée=ion conduite par G. Werner% sur

les modèles qui peuvent Btre de nature soit F !avoriser soit F

entraver l9ensei%nement et la recherche scientique en matière de

psychanalyse.

#+1




Le !ond du raisonnement présenté par G. Werner% me paraQt !ort

pertinent puisque, comme nous le préconisons dans notre %roupe de

rée=ion entre collè%ues européens, G. Werner% met l9accent sur la

nécessité de ne pas sortir du cadre des institutions psychanalytiques

e=istantes pour mettre en œuvre une recherche scientique !éconde

intéressant avant tout les cliniciens.

Les appuis dont nous avons dé>F lar%ement énécié >usque"lF

auprès de nos instances internationales ou ré%ionales nous montrent

qu9en retour ces diAérentes instances sont persuadées de l9intérBt du

maintien dans le cadre institutionnel actuel des initiatives destinées

F promouvoir des recherches %érées par des cliniciens.

7et appui !acilitera, en en rendant le cadre tout F !ait clair, l9eAort

que nous aurons F déployer non seulement pour mettre en œuvre

des équipes de recherches, mais pour d9aord apaiser les craintes

éprouvées par nomre de collè%ues pour sortir d9une certaine

quiétude dont a souAert la psychanalyse dans la mesure oT le souci

d9orthodo=ie a trop souvent servi de préte=te F la passivité et F la

simple répétition des acquis.

7omme cela a été souvent évoqué, nous ne pouvons nous

contenter de rencontrer parmi les psychanalystes soit de purs

techniciens de la pratique, soit des penseurs isolés dans une

virtuosité souvent peu communicale. Les virtuoses nous sont

nécessaires tout comme les ons praticiens mais ceci ne peut nous

suAire. La psychanalyse ne saurait ni s9aventurer dans les séductions

inspirées par un discours momentanément F la mode, ni s9en!ermer

dans un système de ré!érences immoile ou trop étroit.

L9hérita%e !reudien n9est pas !acile F assumer. 'reud nous a lui"

mBme appris que tout hérita%e devait sans cesse se reconquérir.

'reud n9a >amais désiré se voir divinisé ni momié O il nous a, par

contre, ouvert des voies spéciques nous permettant d9au%menter

chaque >our nos connaissances. /ne recherche conduite F la !ois au

sein de %roupes de cliniciens s9interro%eant selon des aords

#+#




méthodolo%iques dénis de concert et opérant dans le cadre des

institutions que nous nous donnons lirement semle présenter les

meilleures %aranties et de pro%rès et de sécurité.

7omme nous insistons sur le esoin de vérier nos hypothèses,

nous attendons avec eaucoup d9intérBt les réactions de nos

collè%ues, leurs avis et leurs critiques, leurs protestations et leurs

su%%estions. 7e sera lF la marque d9un désir de participer au= eAorts

entrepris et d9en élar%ir encore le sens et la portée.

#+(



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Cermorel $. et ., 'reud et la culture allemande, in JG+, t. L,

18+, n (, p. 1(*"1+#.

Cemant M."P., 6dipe sans comple=e, Jaison présente, Paris, 1+&.

Cemant M."P. et Cidal"Naquet P., >ythe et tragédie en r)ce

ancienne, Paris, aspero, 1&#. Cesy"ka%ner L., /n !au= acte manqué de 'reud, in Ftudes

reudiennes, n "1, p. #11"#1*, 1&*.

Cidal"Naquet P., e chasseur noir, Gormes de pensée et ormes de

société dans le monde grec, Paris, aspero, 181.

#&*



Kilio%raphie

kidl-cher ., Le r-le des !antasmes d9a%ression dans la

dynamique de l9a%ressivité, in es troubles du caract)re, IIe 7on%rès

européen de Pédopsychiatrie, ome, vol. #, p. 11("118, 18(.

\ Greud et le probl)me du changement, Paris, pu!, 1&.

\ es mécanismes de déense, cours F l9Institut de Psycholo%ie,

Paris, 1&1"1&#.

kinnicott . k., ;e la pédiatrie ' la psychanalyse, trad. !ranE. M.

Walma"novitch, Paris, Payot, 1+.

\ :eu et réalité, trad. !ranE. 7. onod et M."K. Pontalis, Paris,

5allimard, 1&*.

iloor% 5., Hhe clinical issues o! post"partum psycholo%icalreactions, in Am. :. 8bst. yn., n &, p. (*"(1#, 1*&.

1

He=te inédit. /ne partie ayant !ait l9o>et d9une con!érence au

7olloque sur les états"limites U1#V.

#

Pulié dans +sychanalyse ' l#5niversité, 181, t. +, #4 Up. +(4"

+*8V.

(

'antasme ori%inaire, !antasmes des ori%ines, ori%ine du

!antasme, in es emps modernes, 1+4, n #1*, p. 18(("18+8.

4

M. 7osnier, Le développement de la communication dans l9espèce

humaine, in Audition et parole, 18, # U("&V.

*

Kion, /ne théorie de la pensée, trad. !ranE. in JG+, CIII, 1,

1+4 U&*"84V.

+

+sych. quaterly, 14# et 14( U# articles en 14(V.

&

#&+

http://var/www/apps/FreudLaViolenceEtLaDepression-JeanBERGERET.htm#footnote1
















Kilio%raphie

@dipe ou la légende du conquérant, ro, Liè%e, 1**.

8

6dipe avant le comple=e, in es emps modernes, octore

1++, n #4*.

7on!érence donnée F l9$-tel Lutétia dans le cadre des activités

scientiques de la Rociété psychanalyse de Paris le 18 novemre

18.

1

7e qui a donné en !ranEais le terme de tyran 2.

11

. Can er Rterren, @dipe, P/', 1&+, p. 1("14 O . Kres,

Rophocle psychanalysé, in +sychanalyse ' l#5niversité, 1&&, #, n +,

p. (*1"(+#.

1#

Nature et !onction du phantasme, a psychanalyse, C, 1+.

1( a nuit, le =our, Paris, P/'.

14

Paru dans la JG+, 18&, LI, n 4, p. 1#8"1#8.

1*

He=te ori%inal et trad. !ranE. par P. Lacoste avec commentaires

de I. 5rurich"Rimitis et P. Lacoste, Lue d#ensemble des névroses de

transert, Paris, 5allimard, 18+.

1+

Le te=te ori%inal se limite F anderen Ules autresV. D>outer le terme

de névroses 2 au te=te ori%inal de 'reud oriente le lecteur dans un

sens qui peut s9avérer !Scheu= du point de vue de la compréhension

des diAérences de structure évoquées ici par 'reud.

1&

#&&























Kilio%raphie

Paru dans la JG+, 18*, LI, n +, p. 14+"14&.

18

Pulié dans la JG+, 184, LCIII, n 4, p. 1#"1(&.

1 a violence ondamentale, Paris, unod, 184.

#

Le moi et le Ea, P, III, p. #&*.

#1

>alaise dans la civilisation, P, IC, p. 48"481.

##

Abrégé de psychanalyse, P, CII, p. &1.

#(

as iel, usammenhS%en au!ul-sen 4Abrégé de psychanalyse,

P, CII, p. &1V.

#4

Dnalyse terminée, analyse interminale, P, CI, p. 88.

#*

Les pulsions et leur destin, P, , p. #(.

#+

Rophocle, @dipe%Joi, vers 11&+.

#&

Pulié dans la JG+, 18, LIII, n #, p. *&+"*1.

#8

$. et . Cermorel ont montré comment s9était e=ercée l9inuence

de Rchopenhauer sur 'reud F propos du concept de pulsion de mort.

#

Y L9hypothèse d9une pulsion de mort en tant que phénomène

répondant F une tendance F la répétition compulsive des e=périences

conictuelles anciennes, tendance devenue autonome et

#&8



























Kilio%raphie

(

Cers 11&( A*@dipe%Joi.



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Violence Depression