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Bulletin de valorisation de projets
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L’enseignementspécialisé
D O S S I E R
Éditeur responsable : Albert RenardLe contenu de cette publication et l’usage qui pourrait en être fait n’engagent pas la responsabilité de la Commission européenne.
D O S S I E R E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É
L’enseignement spécialisé,une histoire de plusde quarante ans
2011, même si cela a été souvent évoqué,
n’est pas l’année du 40e anniversaire de
l’enseignement spécialisé, mais bien celle
du 41e anniversaire de la loi du 6 juillet 1970
sur l’organisation de l’enseignement spé-
cialisé en Belgique.
Avant 1970, l’enseignement « spécial »
existait déjà depuis de nombreuses an-
nées.
Une histoirequi commence à Liègeau début du XIXe siècle
L’histoire de l’enseignement spécialisé a
commencé à Liège en 1819 lorsque Jean-
Baptiste Pouplin, un instituteur fran-
çais arrivé dans la Cité ardente en 1798,
accepte d’accueillir deux enfants sourds
dans sa classe de l’enseignement com-
munal.
Les bases de l’enseignement spécialisé
et de l’intégration sont jetées : une classe,
un enseignant, une demande des parents
et, déjà, une intégration de deux enfants
atteints d’une déficience auditive au sein
d’une école ordinaire.
La nouvelle se propage si vite qu’au bout
de l’année scolaire, dix-neuf enfants fré-
quentent l’école de Pouplin qui deviendra
l’IRHOV (Institut royal pour handicapés de
l’ouïe et de la vue).
Cent nonante ans plus tard, ils sont plus
de 32 000 à fréquenter nos écoles d’ensei-
gnement spécialisé en Fédération Wallo-
nie-Bruxelles.
Mais revenons aux origines
En 1822, trois ans après la création de
la classe, Pouplin est rejoint par Joseph
Henrion, instituteur sourd originaire de
Verviers, premier enseignant spécialisé
du pays. C’est Guillaume 1er des Pays-
Bas qui décernera le titre « royal » à
l’Institut en 1829 – première reconnais-
sance officielle du travail effectué par
une école spécialisée.
Dix-huit ans après la création de la classe
pour jeunes sourds, en 1837, à la demande
des parents, les premiers élèves atteints
de cécité sont accueillis. C’est cet accueil
simultané d’enfants atteints de cécité et
d’enfants atteints de surdité qui servira
de modèle à la création, au XIXe siècle, de
nos grandes écoles des types 6 et 7 que
sont l’IRSA à Uccle, Alexandre Herlin à
Berchem et le CPESM de Ghlin (1884). Ce
modèle sera abandonné dans la seconde
moitié du XXe siècle lorsque seront créées
trois nouvelles écoles qui n’accueilleront
spécifiquement que les élèves atteints de
surdité.
La création du certificat d’aptitude à éduquerles enfants « anormaux »
Laissons là le XIXe siècle et plongeons-
nous dans le début du XXe avec l’arrivée
de l’enseignement obligatoire.
➺ par Patrick Beaufort
2
D O S S I E R E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É
La loi sera votée le 19 mai 1914, mais n’en-
trera en vigueur qu’en 1919 à cause de la
Première Guerre mondiale.
Le fils du paysan et celui du notaire se
retrouvent sur le même banc.
C’est à ce moment qu’est créé le 4e degré
préparatoire à l’enseignement profes-
sionnel. C’est ici que, de manière indi-
recte, l’enseignement spécialisé refait
parler de lui par la création du certificat
d’aptitude à éduquer les enfants « anor-
maux ».
Entendons-nous bien : le mot « anormal »
doit être pris dans son sens premier, avec
l’alpha privatif, considérant qu’il s’agit
d’enfants qui sortent de la norme « bien-
pensante » et qui nécessitent des appren-
tissages plus « pratiques ».
Ce certificat, clairement orienté vers la
formation à l’enseignement spécialisé,
est toujours délivré de nos jours. Il se
nomme à présent « certificat d’aptitude
à éduquer les élèves à besoins spéci-
fiques », initiative qui ne peut que réjouir
tous ceux qui partagent le monde de la
personne en situation de handicap (Ins-
titut Robaye à Bruxelles, IFC Jonfosse à
Liège).
Nous ne pouvons faire l’impasse sur le
rôle de pédagogues, de médecins, qui au
travers de leurs recherches ont tenté de
comprendre et d’appliquer des méthodes
d’apprentissage et d’accompagnement
des jeunes atteints de déficiences di-
verses ; nous ne citerons ici que les tra-
vaux d’Ovide Decroly.
Nous ne pouvons pas non plus oublier les
recherches qui visèrent à tester l’intel-
ligence ; je renvoie aux travaux d’Alfred
Binet et de Théodore Simon, qui tentaient
de classer la population.
Ce sont les résultats de ces recherches
qui serviront d’assises à nos futurs ensei-
gnements de type 1 et 2.
Quelques tentatives de prises en charge
se sont peu à peu développées. Citons,
en 1911, la première classe ouverte par
Léopold Mottet, pour ne parler que de la
région liégeoise. Nous retiendrons que
globalement, avant les années cinquante
et à l’exception des institutions citées, les
parents assumaient la charge de l’enfant,
soit au domicile, soit avec l’aide d’une
école collaborante, soit par un placement
en institution de soins souvent éloignée du
foyer de l’enfant.
Les années 1960 :le droit à l’écolepour tous les enfants
À la fin des années cinquante (création, en
1955 de l’école à l’hôpital) et durant les
années soixante, les premières associa-
tions de parents se constituent et récla-
ment le droit à l’école pour leurs enfants,
les premières écoles spéciales se créent
dans tous les réseaux.
Un exemple parmi d’autres, le centre Ar-
thur Regnier à Bienne-lez-Happart, créé
à l’initiative de la baronne Evelyn Drory
van den Eynde – fondatrice de la Ligue
d’aide aux infirmes moteurs cérébraux
de la Communauté française de Belgique
et mère d’une fillette atteinte d’IMC.
Ce centre devait répondre aux besoins
de soins et d’éducation de jeunes, il se
trouve à l’origine de notre enseignement
de type 4.
De la loi organisantl’enseignement spécial...
Nous voici enfin le 6 juillet 1970 et à la pro-
mulgation de la loi organisant l’enseigne-
ment spécial.
Nous la devons plus particulièrement aux
efforts des associations de parents et au
travail du ministre Dubois, à la situation
démographique (l’augmentation de la
population scolaire dans l’enseignement)
et à la situation économique (les golden
sixties et l’argent disponible).
➼
C’est à cette loi de 1970 que nous
sommes redevables de l’organisation
d’un enseignement spécialisé struc-
turé en huit types : six types existent
au niveau maternel, tous sont pré-
sents au niveau de l’enseignement
primaire, sept sont organisés dans
l’enseignement secondaire.
Leur création reste dans la logique
des connaissances scientifiques de
l’époque (l’enfant trisomique, l’usage
interdit de la langue des signes, les
troubles des apprentissages, etc.) et
l’aspect ségrégationniste était alors
perçu comme un progrès, puisque
les troubles étaient confiés aux mains
des spécialistes.
Une modification de l’intitulé de la loi
a timidement permis d’évoquer « l’in-
tégration », puisque « l’enseignement
spécial » a été remplacé par « l’ensei-
gnement spécialisé et intégré ».
Dans les années 1980, la reconnais-
sance de la spécificité des élèves avec
autisme, des élèves en situation de
polyhandicap et des élèves dyspha-
siques ou aphasiques, a permis la
création de classes expérimentales
qui attendront le 5 février 2009 pour
recevoir enfin une légitimité bien mé-
ritée.
… à celle de l’enseigne-ment spécialisé
En 2004, la refonte de la loi de 1970
permet d’avancer vers des mesures
relatives à l’intégration. Malheureu-
sement, quelques dispositions conte-
nues dans ce décret ont constitué un
frein sérieux, empêchant une réelle
progression en la matière.
Les travaux menés depuis lors par les
conseils supérieurs et généraux de
l’enseignement spécialisé, par le Par-
lement de la Communauté française,
3
Éducation
1. Les États Parties reconnaissent le
droit des personnes handicapées à
l’éducation. En vue d’assurer l’exercice
de ce droit sans discrimination et sur la
base de l’égalité des chances, les États
Parties font en sorte que le système
éducatif pourvoie à l’insertion scolaire
à tous les niveaux et offre, tout au long
de la vie, des possibilités d’éducation
qui visent :
a. Le plein épanouissement du poten-
tiel humain et du sentiment de dignité
et d’estime de soi, ainsi que le ren-
forcement du respect des droits de
l’homme, des libertés fondamentales
et de la diversité humaine ;
b. L’épanouissement de la personnalité
des personnes handicapées, de leurs
talents et de leur créativité ainsi que de
leurs aptitudes mentales et physiques,
dans toute la mesure de leurs potentia-
lités ;
c. La participation effective des personnes
handicapées à une société libre.
2. Aux fins de l’exercice de ce droit, les
États Parties veillent à ce que :
➻ Les personnes handicapées ne soient
pas exclues, sur le fondement de leur
handicap, du système d’enseignement
général et à ce que les enfants handi-
capés ne soient pas exclus, sur le fon-
dement de leur handicap, de l’ensei-
gnement primaire gratuit et obligatoire
ou de l’enseignement secondaire ;
➻ Les personnes handicapées puissent,
sur la base de l’égalité avec les autres,
avoir accès, dans les communautés où
elles vivent, à un enseignement pri-
maire inclusif, de qualité et gratuit, et à
l’enseignement secondaire ;
➻ Il soit procédé à des aménagements
raisonnables en fonction des besoins
de chacun ;
➻ Les personnes handicapées bénéfi-
cient, au sein du système d’enseigne-
ment général, de l’accompagnement
nécessaire pour faciliter leur éducation
effective ;
➻ Des mesures d’accompagnement indi-
vidualisé efficaces soient prises dans
des environnements qui optimisent
le progrès scolaire et la socialisation,
conformément à l’objectif de pleine
intégration.
3. Les États Parties donnent aux per-
sonnes handicapées la possibilité
d’acquérir les compétences pratiques
et sociales nécessaires de façon à faci-
liter leur pleine et égale participation
au système d’enseignement et à la vie
de la communauté. À cette fin, les États
Parties prennent des mesures appro-
priées, notamment :
➻ Facilitent l’apprentissage du braille,
de l’écriture adaptée et des modes,
moyens et formes de communication
améliorée et alternative, le développe-
ment des capacités d’orientation et de
la mobilité, ainsi que le soutien par les
pairs et le mentorat ;
➻ Facilitent l’apprentissage de la langue
des signes et la promotion de l’identité
linguistique des personnes sourdes ;
➻ Veillent à ce que les personnes
aveugles, sourdes ou sourdes et
aveugles – en particulier les enfants
D O S S I E R E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É
enrichis des recherches de Philippe
Tremblay dans l’enseignement spé-
cialisé de type 8, ont permis, en février
2009, de proposer une véritable aide
à l’intégration : en trois ans, nous
sommes passés de 200 à 1 150 inté-
grations d’élèves.
C’est à présent vers l’Europe et l’Onu
qu’il s’agit de porter nos regards : la
Déclaration de Salamanque (1994) en
son article 3 recommande que l’école
accueille tous nos enfants quelles que
soient leurs caractéristiques particu-
lières, d’ordre physique, intellectuel,
social, affectif, linguistique ou autre.
En juillet 2009, la Belgique ratifie la
convention de l’Onu relative aux droits
de la personne handicapée et l’article
24 est particulièrement dédié à l’en-
seignement. n
4
– reçoivent un enseignement dispen-
sé dans la langue et par le biais des
modes et moyens de communication
qui conviennent le mieux à chacun, et
ce, dans des environnements qui opti-
misent le progrès scolaire et la sociali-
sation.
4. Afin de faciliter l’exercice de ce droit,
les États Parties prennent des me-
sures appropriées pour employer des
enseignants, y compris des ensei-
gnants handicapés, qui ont une qua-
lification en langue des signes ou en
braille et pour former les cadres et
personnels éducatifs à tous les ni-
veaux. Cette formation comprend la
sensibilisation aux handicaps et l’uti-
lisation des modes, moyens et formes
de communication améliorée et alter-
native et des techniques et matériels
pédagogiques adaptés aux personnes
handicapées.
5. Les États Parties veillent à ce que les
personnes handicapées puissent avoir
accès, sans discrimination et sur la
base de l’égalité avec les autres, à
l’enseignement tertiaire général, à la
formation professionnelle, à l’ensei-
gnement pour adultes et à la formation
continue. À cette fin, ils veillent à ce
que des aménagements raisonnables
soient apportés en faveur des per-
sonnes handicapées.
Il nous reste à nous conformer à ces nou-
velles dispositions…
Huit types d’enseignement :
Fondamental : pas de cycle, mais une évolution individuelle de la maturité (sur base de quatre degrés)
Secondaire : quatre formes adaptées au projet personnel
(*) n’existe pas en maternelle (**) n’existe qu’en primaire
L’enseignement spécialisé,ça fonctionne comment ?
1 Élèves présentant un retard mental léger (*)
2 Élèves présentant un retard mental modéré/sévère
3 Élèves présentant des troubles du comportement et/ou de la personnalité
4 Élèves présentant une ou des déficiences physiques
5 Élèves hospitalisés à long terme (maladies ou convalescences)
6 Élèves présentant une déficience visuelle (malvoyants et non voyants)
7 Élèves présentant une déficience auditive(sourds, malentendants ou dysphasiques graves)
8 Élèves présentant des troubles instrumentaux(perception, motricité, langage, mémoire) et des troubles d’apprentissage (**)
Forme d’enseignement But
1 Adaptation sociale Formation sociale visant l’insertion en milieu de vie adapté
2 Adaptation socialeet professionnelle
Formation générale et professionnelle visant l’insertionen milieu de vie et/ou de travail adapté
3 Professionnel Formation générale, sociale et professionnelle visantl’insertion socioprofessionnelle dans un milieu de vieou de travail ordinaire
4 Général, technique,artistique ou professionnel
Enseignement secondaire ordinaire avec un encadrement,une méthodologie et des outils adaptés
MaturitéFinalités du développement des compétences
T2 (retard mental modéré/sévère) Autres types
I Acquisition de l’autonomieet de la socialisation Apprentissages préscolaires
II Apprentissages préscolaires Éveil des premiersapprentissages scolaires
IIIÉveil des premiers
apprentissages scolaires(initiation)
Maîtrise et développementdes acquis
IV ApprofondissementsUtilisation fonctionnelle
des acquis suivantles orientations envisagées
D O S S I E R E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É
5
Quatre formes,trois phases :
Formes d’enseignement :
caractère général et objectifs
de l’enseignement dispensé.
Phase :
durée requise pour que l’élève
maîtrise les objectifs ou
les référentiels des compétences
fixées.
FORME 1
1 PHASE
Types d’enseignement
2, 3, 4, 5, 6 ou 7
FORME 2
2 PHASES
Types d’enseignement
2, 3, 4, 5, 6 ou 7
FORME 3
3 PHASES
Types d’enseignement
1, 3, 4, 5, 6 ou 7
FORME 4
Idem enseignement ordinaire
Types d’enseignement
3, 4, 5, 6 ou 7
Jean-Claude De Vreese,inspecteur de l’enseignement spécialisé
Jean-Claude De Vreese a travaillé pendant vingt ans comme kinésithérapeute avant de
se tourner vers le monde de l’enseignement. Il est aujourd’hui inspecteur de personnel
paramédical dans l’enseignement spécialisé. Il est également le coordinateur national
à la European agency for development in special needs education.
Parlez-nous du début de l’enseignement
spécialisé en Belgique francophone.
L’enseignement spécialisé répond en
fait à une demande très forte des pa-
rents d’élèves à besoins spécifiques qui
n’avaient pas la possibilité de participer à
l’enseignement – quel qu’il soit – comme
des enfants aveugles, sourds ou présen-
tant un handicap physique. En 1970 fut vo-
tée la loi organisant l’enseignement spé-
cialisé. Mais les enseignants n’étaient pas
du tout formés. Au début, il s’agissait plus
de « centres de jour » que d’écoles. En effet,
il y avait plutôt un suivi par des spécia-
listes qu’un enseignement au sens strict
du terme. Aujourd’hui, les choses ont
changé. Au départ, un kiné était un kiné
et un logopède ne s’occupait que de réé-
ducation du langage ou de la communica-
tion. Maintenant, il y a un réel mouvement
pour mettre les élèves dans la situation la
plus propice à un bon apprentissage. Les
équipes coopèrent.
0
5000
10 000
15 000
20 000
■ MATERNEL ■ PRIMAIRE ■ SECONDAIRE
2000-01 2003-04 2006-07 2009-10
974
14 2
67
12 8
18
1017
15 1
22
13 9
24
1105
15 5
36
14 9
11
1274
16 1
64
15 6
99
Pouvez-vous donner quelques chiffres sur l’enseignement spécialisé
en Fédération Wallonie-Bruxelles ?
D O S S I E R E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É
6
En ce qui concerne les enseignants, la
formation s’est mise en place au fur et à
mesure, par exemple en allant directe-
ment se « former » dans des associations
comme la Ligue braille.
Parlons-en, justement, de la formation.
Comment cela a-t-il évolué depuis
ces débuts difficiles ?
Une formation a été créée, sanctionnée
par un « certificat d’aptitude à l’éduca-
tion des enfants anormaux », mais elle
n’était pas obligatoire et ne l’est d’ail-
leurs toujours pas. Il n’est pas néces-
saire par exemple de connaître la langue
des signes pour enseigner à des enfants
sourds. Les enseignants sont dans ce cas
assistés par des interprètes.
La formation est longue, chère et pas
« rentable » pour un personnel qui sou-
vent ne compte pas faire une très longue
carrière dans ces écoles.
Comment peut se former un futur
enseignant qui se dédie vraiment
à l’enseignement spécialisé ?
Il existe une année complémentaire en
orthopédagogie. C’est une formation utile
et bien organisée mais qui n’est malheu-
reusement pas reconnue. Sinon, il y a
toujours la possibilité de se former à l’IFC
pour une vue théorique et généraliste de ce
qu’est l’enseignement spécialisé. Pour des
formations plus ciblées, on peut se tourner
vers les réseaux d’enseignement qui en
organisent. Ou alors les formations privées
– en promotion sociale par exemple –, mais
elles coûtent souvent très cher.
Comment s’organise
l’enseignement spécialisé ?
L’enseignement spécialisé est divisé en
huit types (voir page précédente). Le pro-
gramme de l’enseignement spécialisé est
calqué sur celui de l’enseignement ordi-
naire, mais adapté, évidemment.
Pour le fondamental, les compétences de
l’enseignement ordinaire sont adaptées
aux capacités des élèves. Le but serait
d’obtenir le CEB (certificat d’étude de
base), mais ce n’est pas toujours possible.
De plus en plus de parents décident
d’inscrire leurs enfants aux CEB. Il y a
en effet des enfants dans l’enseignement
spécialisé qui sont tout à fait capables
de s’intégrer à l’enseignement ordinaire
par la suite. On se rend de plus en plus
compte que ces élèves ont des capacités,
pas des incapacités.
Et s’ils passent le CEB ?
Une aide est apportée aux enfants pour
passer le CEB, par exemple un temps
supplémentaire (notamment pour les
élèves de type 8) ou du matériel informa-
tique. Grâce à ces adaptations, de plus en
plus d’élèves réussissent le CEB.
Que se passe-t-il une fois le CEB
en poche ?
Les élèves sont intégrés à l’enseignement
secondaire ordinaire. Le problème c’est
qu’alors qu’ils sont obligés de passer à
l’ordinaire s’ils ont réussi le CEB, mais en
secondaire ordinaire, très peu d’aide est
prévue pour ces élèves.
Les associations de parents se battent
pour que des aides soient prévues,
comme par exemple des caméras ou
enregistreurs pour les enfants dys-
lexiques, mais aucun matériel n’est
officiellement prévu.
Et les élèves qui n’obtiennent pas
le CEB ?
Ils passent à l’enseignement spécia-
lisé secondaire au plus tard à treize ou
quatorze ans. Le but est alors d’essayer
d’obtenir le CEB lors du secondaire.
Comment est organisé
l’enseignement secondaire ?
Il existe quatre formes d’enseigne-
ment secondaire spécialisé :
1. L’enseignement d’adaptation so-
ciale qui vise une formation sociale
rendant possible l’insertion en
milieu de vie protégé (comme un
centre de jour, un foyer d’accueil,
etc.). Il s’agit d’acquérir des élé-
ments d’autonomie, de sociali-
sation et de communication. Les
élèves peuvent y rester jusqu’à dix-
huit ans, ou bénéficier d’une pro-
longation jusqu’à vingt et un ans.
2. L’enseignement d’adaptation so-
ciale et professionnelle qui vise à
donner une formation générale,
sociale et professionnelle pour
rendre possible l’insertion en mi-
lieu de vie ou de travail protégé. Là
aussi, c’est jusqu’à dix-huit ou vingt
et un ans. ➼
D O S S I E R E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É
7
3. L’enseignement professionnel vise
les jeunes avec des troubles d’ap-
prentissage et de comportement
qui peuvent obtenir une qualifi-
cation par un programme de for-
mation professionnelle adaptée.
Ce sont les mêmes secteurs que
dans la formation professionnelle
ordinaire, mais les compétences
sont adaptées. L’objectif est de
leur permettre de s’insérer dans
un milieu de travail ordinaire. Les
jeunes peuvent rester dans cet en-
seignement jusqu’à dix-huit ans, et
tant qu’il est possible d’obtenir des
qualifications complémentaires. Ils
peuvent donc par exemple faire plu-
sieurs formations de suite.
4. L’enseignement général, technique,
artistique ou professionnel. C’est
en fait un enseignement ordinaire
organisé à l’intérieur de l’ensei-
gnement spécialisé. Il s’agit prin-
cipalement d’élèves avec des han-
dicaps physiques ou mentaux. Ils
peuvent être intégrés à l’enseignement
ordinaire avec un encadrement, mais
ce n’est pas nécessairement le cas.
Dans toutes les formes d’enseignement,
il y a des stages :
Pour la forme 1, un stage d’intégration
dans un centre de jour, par exemple. Pour
la forme 2, dans des entreprises de travail
adapté (ETA). Pour la forme 3, dans des
entreprises ordinaires et pour la forme 4 il
s’agit également de stage en entreprises. Il
y a même la possibilité de passer à l’ensei-
gnement supérieur.
Quelle recommandation feriez-vous
pour l’amélioration de l’enseignement
spécialisé ?
Il faudrait prévoir une formation initiale au
sujet de l’enseignement spécialisé pour
tous les enseignants. Cela permettrait
aux professeurs de mieux comprendre
le fonctionnement de chaque enfant et
« sauverait » probablement beaucoup de
jeunes qui ont des troubles d’apprentis-
sage mais qui pourraient s’en sortir avec
le bon encadrement. n
D O S S I E R E N S E I G N E M E N T S P É C I A L I S É
L’ENSEIGNEMENT DIFFÉRENCIÉ DEVRAIT SE PRATIQUER DÈS LA MATERNELLE.
Des études universitaires ont montré que dans le fondamental, environ 15 % des
élèves ont des besoins spécifiques parce qu’ils ont un « retard » par rapport aux
autres. 5 % sont déjà dans l’enseignement spécialisé. Cela fait déjà 20 % des élèves !
Ajoutez-y tous les élèves qui sont dans la moyenne et qui peuvent à tout moment avoir
besoin d’un accompagnement plus important, vous verrez l’intérêt de mieux former
les enseignants dès le départ à cette problématique !
8