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Vive les REQUINS ! ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES ANIMAUX SAUVAGES LONGITUDE 181

Vive les REQUINS - ASPAS

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Page 1: Vive les REQUINS - ASPAS

Vive lesREQUINS !

ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES ANIMAUX SAUVAGES

LONGITUDE 181

Page 2: Vive les REQUINS - ASPAS

www.aspas-nature.org

l'Association pour la protection

des animaux sauvagesL’ASPAS est une association pour la protection des animaux sauvages, reconnue d’utilité publique, 100% indépendante financièrement et politiquement. Elle achète des espaces naturels pour les préserver de toute exploitation mercantile.

L'ASPAS sensibilise l’opinion publique sur l’aberration du classement des « nuisibles », mène des actions pour une meilleure connaissance et une meilleure protection des loups, des amphibiens, des blaireaux, des renards, des requins...

En 2012, l’ASPAS rejoint Shark Alliance, coalition d’ONG internationales se consacrant à la restauration et à la conservation des populations de requins en essayant de faire évoluer la politique commune de la pêche de l’Union Européenne.

En partenariat avec Longitude 181 et Sea Shepherd France, l’ASPAS s’est également mobilisée pour agir juridiquement à plusieurs reprises contre des arrêtés déposés par le préfet de La Réunion, puis par le député maire de Saint Leu, autorisant des prélèvements « préventifs » de requins, notamment des requins bouledogues au sein de la Réserve Naturelle Marine de La Réunion. Le tribunal administratif a donné raison aux associations, soulignant d’une part l’incompétence du député maire de Saint-Leu pour déroger au régime de protection de la réserve et, d’autre part, le caractère inapproprié et disproportionné de la mesure.

Avec près de 3000 procédures engagées devant les tribunaux depuis plus de 30 ans, l’ASPAS œuvre efficacement pour le respect et l’évolution du droit de l’environnement, et a déjà sauvé des centaines de milliers d’animaux sauvages.

L’ASPAS, une association libre pour des animaux libres !

Association pour la protection des animaux sauvages BP 505 - 26401 CREST Cedex - FranceTél. 04 75 25 10 00 - Fax. 04 75 76 77 58 - [email protected]

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Requin océanique(Carcharhinus longimanus)

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Rédaction en chef : Anne Fourier et Marc Giraud Contributions : Myriam Dupuis - Anne Fourier - Marc Giraud - Véronique Sarano - François SaranoTémoignages : Yves Paccalet - Yann Perras - Debbie Salamone - François Sarano - Bernard Seret

Relecture scientifique : François Sarano - Bernard Séret / Relectures : Ariane Ambrosini - Manon Chalindar Céline Hernandez - Brigitte Sanne - Véronique Sarano / Traduction de D. Salamone : Adèle Marchal

Coordination : Madline Reynaud / Direction artistique, maquette : Marion Sarano / Iconographie : Rémi Collange Anne Fourier / Photographiques couvertures © : Pascal Kobeh. Galatée films - Jamieragen - François Sarano

Photographiques © : Alvesgaspar - Frédéric Bassemayousse - Beverly Cabellan - Candiche - Rémi Collange - Mark Conlin Zach Dischner - Kate Dixon - Eazy traveler - Grolltech - Hermés - Denise Meertens - Tendua. Myriam Dupuis - Thierry Peres

Tybo.wikimedia commons - François Sarano - Véronique Sarano - Shark Attack Survivors for Shark Conservation - Tomasz Sienicki Wikimedia commons - Xvic.wikimedia commons. Illustrations : Marc Giraud - Gilles Macagno - Pascal Robin - Marion Sarano

© ASPAS - juillet 2015 - Tous droits de reproduction réservés.Imprimé par Impressions Modernes

B ienvenue chez les squales ......................................p.04-08

TÉMOIGNAGE : BERNARD SÉRET .....................................p.09

Les requins de France ....................................................p.10-15

TÉMOIGNAGE : YVES PACCALET ......................................p.16-17

La pêche dans le monde ..................................................p.18-23

TÉMOIGNAGE : FRANÇOIS SARANO ................................p.24-25

L’hystérie anti-requins ................................................p.26-28

TÉMOIGNAGE : DEBBIE SALAMONE ................................p.29

La « crise requin » à La Réunion .................................p.30-36

Qu'en est-il de la protection des requins ? ........p.37-38

TÉMOIGNAGE : YANN PERRAS ..........................................p.39

Et vous, que pouvez-vous faire ? ........................p.40-41

Ils agissent pour les requins et l’océan .......p.42-43

Les requins et le loup : la force fragile ...........p.44-45

BIBLIOGRAPHIE ......................................................................p.46

Association pour la protection des animaux sauvages BP 505 - 26401 CREST Cedex - FranceTél. 04 75 25 10 00 - Fax. 04 75 76 77 58 - [email protected]

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Des poissons particul iers

Ces animaux font partie d'un immense groupe ( les élasmobranches ) comprenant 530 espèces diffé-rentes de requins et quelques 750 espèces de raies. Les poissons cartilagineux n’ont aucun rapport avec ceux qui pos-sèdent un squelette osseux.

Les poissons osseux, comme la sardine ou le thon,

sont génétiquement plusproches de l’être humain qu’ils ne le sont des requins !

Le terme même de « poisson » n’a d’ailleurs plus beaucoup de signifi-cation au regard de la classification actuelle du vivant.Les requins se caractérisent par un squelette entièrement cartilagineux, mais aussi par 5 à 7 fentes bran-chiales latérales selon l’espèce, et par 2 nageoires dorsales, excepté chez certains requins « primitifs » ( c’est-à-dire proches de l’ancêtre ). Les poissons osseux, quant à eux, sont dotés d’un squelette plus ou moins ossifié et n’ont, de chaque côté de la tête, qu’une seule ouver-ture branchiale appelée « ouïe ».

Il existe des requins d’eau douce, des requins rikiki, de pacifiques géants et des petits « parasites », des espèces tropicales ou arctiques, et d’autres qui s’ébattent près des plages de la France métropolitaine. Que cela ne vous empêche pas de vous baigner en toute tranquillité : ce qui est généralement colporté sur ces animaux est entaché d'erreurs et de préjugés.

B i envenue chez

Les requins sont des poissons au squelette cartilagineux, comme les raies et les chimères.

Requin-marteau halicorne(Sphyrna lewini)

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Dauphin ( 1 nageoire dorsale )Requin ( 1 nageoire dorsale et 1 nageoire caudale )

Sur les 530 espèces de requins pré-sentes dans le monde, près de la moitié ne dépasse pas 1 mètre et près des trois quarts n’atteignent pas 1,60 m. La taille varie de 15 cm

RUSE DE PRO : REQUIN OU DAUPHIN ? En surface, la nageoire dorsale et la nageoire caudale des requins dépassent de l’eau, ce qui permet de les différencier immédiatement des dauphins dont l’unique nageoire dorsale émerge. La nageoire caudale verticale propulse le requin grâce à un mouvement latéral de droite à gauche, alors que la nageoire caudale horizontale du dauphin suit un mouvement ondulatoire de haut en bas.

les squales . . .

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© Xvic - wikimedia commons

pour le requin-lanterne nain ( Squalio-lus laticaudus ), qui tient dans la main, à plus de 14 m pour le requin-baleine ( Rhincodon typus ).

Écrite en collaboration avec des spécialistes renommés, cette brochure est destinée à mieux faire connaître les requins, et à sensibiliser sur l’urgence de leur protection. En effet, ces prédateurs nécessaires à la vie marine sont en train de se raréfier à une vitesse inquiétante. " Les requins protègent nos océans, protégeons-les. "

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Ampoules de LorenziniPerception des champs électriques(sous la tête)

Ligne latéralePerception des ondes de pression

Fossettes sensoriellesAnalyse de l'eau

Narines - Saveurs

Yeux - Vue

DES SENS INSENSÉSLes requins ont une perception remarquable de leur environnement et disposent de sens que nous humains ne possédons pas. Ainsi, les am-poules de Lorenzini, une multitude de cellules sensorielles qui s’ouvrent par de minuscules orifices sur le museau, permettent aux requins de percevoir les micro-champs électriques. Grâce à elles, un requin est capable de repé-rer une proie cachée dans le sable.

Le requin possède sur les flancs d'autres cellules sensorielles qui réa-gissent aux variations de pression : elles forment la ligne latérale. Ainsi il perçoit la moindre vibration émise par ce qui bouge alentour.

Les «fossettes» sensorielles dispersées sur l’ensemble du corps, plus particu-lièrement le dos, analysent la compo-sition chimique de l’eau et sa salinité.

Ainsi certains requins

« goûtent » l’eau avec leur dos !

Les narines du requin ne jouent aucun rôle dans la respiration. Indépen-dantes l’une de l’autre, elles détectent les moindres saveurs ( odeur sexuelle, sang, putréfaction )…

Comme le chien qui remonte la piste grâce à son flair, le requin remonte le courant de « saveurs ». Il balance sa tête de droite à gauche pour mieux cerner ce courant et se diriger vers sa source, zone de concentration la plus forte.

Dernier sens : les papilles gusta-tives qui tapissent non seulement la bouche mais également l’œsophage !

© Marion Sarano

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DES AMOURS MORDANTESChez les requins, la fécondation est interne et nécessite un accouple-ment, comme chez les mammifères. Le mâle est pourvu de deux organes copulateurs, les ptérygopodes, mais un seul d’entre eux pénètre la femelle. L’accouplement est parfois brutal, car le mâle maintient sa partenaire en la mordant et peut la blesser.

Certains squales pondent des œufs comme les oiseaux, d’autres ont une gestation interne et donnent nais-sance à des petits semblables aux adultes. Bref, ces poissons ont « in-venté » la maternité ! Mais dans tous les cas, les requins nouveau-nés sont

immédiatement autonomes et ne re-çoivent aucun soin parental.

La longévité des requins peut aller de 4 à 70 ans ( pour le grand requin blanc ). À cette durée de vie importante, s’as-socient une maturité sexuelle tardive ( entre 2 et 20 ans selon les espèces ), une gestation lente ( le requin-lézard Chlamydoselachus anguineus a la période de gestation la plus longue des vertébrés : elle pourrait atteindre 3 ans et demi ! ) et une faible fécondité ( peu de petits par portée ). Ce renou-vellement lent des individus rend les populations de requins particulière-ment vulnérables.

DANS TOUTES LES MERS DU MONDELes requins sont présents dans toutes les mers et océans, y compris dans les régions glacées avec pour exemple les laimargues du Groenland (Somniosus microcephalus).

Certaines espèces apprécient l’eau douce. Elles peuvent remonter les fleuves sur plusieurs

centaines de kilomètres et vont jusque dans les lacs, tels les requins bouledogues

(Carcharhinus leucas).

Les squales sont capables de par-courir des distances très importantes lors de leurs migrations à la recherche de nourriture ou pour se reproduire.

Les requins occupent également toute la colonne d’eau, certaines espèces sont plus actives en surface, tandis que d’autres se cantonnent dans les plus grands fonds marins. Habitant des profondeurs, le requin grande gueule ( Megachasma pelagios ) n’a été révélé à la science qu’en 1976. Depuis l'an 2000, plus d’une centaine d’espèces nouvelles ont été décou-vertes. Le monde des requins reste cependant largement méconnu.

Grand requin blanc (Carcharodon carcharias)

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UN RÉGIME ALIMENTAIRE VARIÉ

ESSENTIELS AUX ÉCOSYSTÈMES MARINS

Certaines espèces ont des préfé-rences, comme le requin-pèlerin (Cetorhinus maximus) et le requin- baleine (Rhincodon typus), qui se nourrissent de petits poissons et de plancton. D’autres sont capables d’attraper des oiseaux, des dauphins ou des phoques.

Les requins sont très éclectiques.Ce sont principalement

des mangeurs de poissons, qui diversifient leurs menus

avec des invertébrés (mollusques, crustacés).

Le squalelet féroce (Isistius brasiliensis) a le régime alimentaire le plus original. C'est un petit prédateur d’environ 50 centimètres. Avec ses lèvres qui

font ventouse, le squalelet fixe ses mâchoires sur ses victimes, puis il leur arrache un morceau de chair ! Ses cibles sont les requins, les thons, les es-padons, mais aussi les phoques, dau-phins, baleines… et parfois le caout-chouc des sonars des sous-marins. Ce petit « parasite » se rencontre dans les mers tropicales et tempérées, y compris en Méditerranée.

Les requins sont des « superpré-dateurs » qui ont des relations avec de très nombreuses espèces. À ce titre, ils ont une place très importante

dans les milieux qu’ils occupent.

Acteurs dominants de la chaîne alimentaire, les superprédateurs sont pourtant très fragiles, à cause de leur faible fécondité et de leur maturité sexuelle tardive.

Présents depuis400 millions d’années,les requins ont survécu

à 5 extinctions massives !

Or, leur élimination par la pêche entraîne des change-ments radicaux pour toutes les espèces qui étaient en relation avec eux, et en cascade des bouleversements profonds des écosystèmes marins.

© Marc Giraud

Le squalelet est petit,et il se nourrit d'une drôle de manière...

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Requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos)

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Les hommes préfèrent les gros poissons ! En un siècle, leurs stocks (thons, mérous et requins) ont chuté de 2/3. La pêche tend à cibler ces « gros poissons » car ils sont relative-ment plus faciles à capturer, et surtout parce qu’ils ont une meilleure valeur marchande. Selon les statistiques « officielles » de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), la production mon-diale de requins a triplé en 50 ans, passant de 250 000 tonnes en 1960 à presque 900 000 tonnes en 2002 ; mais

depuis 2003 cette production baisse ! La production réelle, incluant les captures non déclarées et les rejets, serait d’environ 1,6 millions de tonnes, dont 400 000 pêchés uniquement pour les ailerons ! En quelques décennies, de nombreuses populations de ces re-quins « commerciaux » ont fortement diminué, certaines jusqu’à 90 % de leur biomasse initiale. Dans un éco-système équilibré, les prédateurs sont diversifiés et abondants, ils contrôlent naturellement les populations de petits poissons et d’invertébrés. En

Peut-on imaginer une mer sans requin ?Ne laissons pas disparaître le Grand Blanc du Grand Bleu !

Océanographe biologiste, spécialiste des poissons cartilagineux, Bernard Séret est consultant en Ichtyologie marine après

40 années passées dans la recherche scientifique publique.

Témo ignageB E R N A R D S É R E T

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exploitant prioritairement ces préda-teurs, la pêche modifie les « rapports de force » entre les différents éche-lons des chaînes alimentaires : la diminution des prédateurs « supérieurs » favorise les populations des poissons intermédiaires : l’écosystème se trans-forme. Pour maintenir sa rentabilité, la pêche exploite alors ces échelons intermédiaires, puis les échelons de plus en plus bas dans les chaînes alimentaires. À terme, il ne subsiste que des petits poissons et des invertébrés… dont les méduses ! L’écosystème est appauvri.

Certains requins, comme les roussettes, résistent plutôt bien à l’exploitation, mais d’autres doivent être préservés ( avec des mesures de gestion durable ) ou même protégés ( interdits à la pêche ).

Une mer sans requin est à craindre si nous ne freinons pas leur exploitation sans discernement. De « nuisibles », les requins sont désormais reconnus comme utiles, non seulement pour la bonne santé des écosystèmes marins, mais aussi à l’homme, car des écosys-tèmes sains sont producteurs de res-sources pour l’être humain.

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PETITS ET GRANDS REQUINS DE MÉTROPOLEEn plongée, on peut croiser de petits requins qui vivent près du fond : la petite roussette ( Scyliorhinus canicula ), la grande roussette ( Scyliorhinus stellaris ) ou l’émissole ( Mustulus mustulus ). Hélas pour elles, les roussettes sont trop exploitées, notamment en Méditerranée, et commercialisées sous le nom de saumonette.

La roussette pond une vingtaine d’œufs tout en nageant. L'embryon est protégé par une capsule cornée rectangulaire dont les coins sont pro-longés de filaments torsadés. Ces filaments qui s'accrochent aux aspé-rités fixent la capsule sur le fond. Ainsi fixés au substrat, le petit et son ber-ceau ne dérivent pas.

Les requ ins de France

Savez-vous que l’on mange encore quotidiennement des requins en France métropolitaine, et qu’une espèce géante vient régulièrement se nourrir dans les eaux de Bretagne ?

© Marc Giraud

RUSE DE PRO :CAPSULES D’ŒUFS

On trouve régulièrement sur nos plages des capsules d’œufs de raies et de petits requins : les roussettes. Ces précieux indices témoignent de la présence de ces poissons cartilagi-neux près de nos côtes.

Capsule d’œuf de roussette

Capsule d’œuf de raie

© Mark ConlinRequin peau bleue (Prionace glauca)

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Requin-pèlerin de belle taille comparé à une plongeuse. Celle-ci ne risque rien…

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L’embryon, visible par transparence, se développe jusqu'à ce que, totale-ment autonome, il sorte de sa cap-sule. On trouve parfois des capsules vides échouées sur les plages. Beiges ou brunes, les capsules de la petite roussette mesurent de 4 à 6 cm. Celles de la grande roussette sont deux fois plus grandes.

Plus impressionnant, le requin-pèlerin

adulte peut mesurer plus de 12 m

pour un poids de 6 tonnes.

C’est le deuxième plus gros "poisson" après le requin-baleine. Bien qu’il soit protégé, ce géant est en voie de disparition, notamment à cause du commerce des ailerons. Les passionnés de l’Apecs ( Association pour l’étude et la conservation des sélaciens ) étudient ses déplacements et tentent d'estimer leur nombre dans les eaux de Bretagne. Au printemps et en été, le requin-pèlerin (Cetorhinus maximus) vient se nourrir de planc-ton au large du sud du Finistère et en mer d’Iroise. La grosse bête est inoffensive. En mer d’Irlande, où un rassemblement exceptionnel de 500

requins-pèlerins a été observé, des sorties en mer sont organisées pour que le public les rencontre dans leur milieu naturel.

Le requin-taupe commun ( Lamna nasus) ainsi que le requin-renard (Alopias vulpinus) se rencontrent plus au large au niveau de la pente continentale. Avec le requin peau bleue ( Prionace glauca ), ce sont

des espèces pélagiques (qui vivent en plein eau). En été, les plus jeunes individus peuvent s’approcher des côtes et être aperçus en surface par les plaisanciers.

Très rare aujourd’hui, le « grand blanc » est de temps en temps pêché en Méditerranée. Il n’y a pas de quoi en faire un film d’angoisse, mais cer-tainement un excellent documentaire…

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On estime qu’une cinquantaine d’espèces nagent dans les eaux métropolitaines. Voici quelques-unes de celles que l'on observe le plus couramment.

REQUINS DE MÉTROPOLE

DANS

LES EAUX

TEMPÉRÉES

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1 Requin-pèlerin ( Cetorhinus maximus )

• Émissole lisse ( Mustelus mustulus )

2 Grande roussette ( Scyliorhinus stellaris )

• Requin-taupe bleu ( Isurus oxyrinchus )

• Requin-taupe commun ( Lamna nasus )

3 Grand requin blanc ( Carcharodon carcharias )

MER MÉDITERRANÉE & OCÉAN ATLANTIQUE NORD-EST :

Ces requins emblématiques fréquentent autant les eaux atlantiques que méditerranéennes.

• Requin gris ( Carcharhinus plumbeus )

4 Émissole tachetée ( Mustelus asterias )

• Aiguillat commun ( Squalus acanthias )

5 Grand requin-marteau ( Sphyrna mokarran )

• Requin-taureau ( Carcharias taurus )

6 Sagre commun ( Etmopterus spinax )

7 Requin peau bleue ( Prionace glauca )

• Requin-hâ ( Galeorhinus galeus )

8 Petite roussette ( Scyliorhinus canicula

• Requin-renard de mer commun ( Alopias vulpinus )

9 Requin soyeux ( Carcharhinus falciformis )

• Squale-chagrin commun ( Centrophorus granulosus )

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• Requin gris de récif ( Carcharhinus amblyrynchos )

• Requin gris ( Carcharhinus plumbeus )

1 Requin-bouledogue ( Carcharhinus leucas )

• Requin-tigre ( Galeocerdo cuvier )

2 Requin pointe blanche du récif ( Carcharhinus albimarginatus )

3 Requin pointe noire ( Carcharhinus melanopterus )

4 Requin-corail ( Triaenodon obesus )

• Requin-nourrice fauve ( Nebrius ferrugineus )

• Requin citron ( Negaprion brevirostris )

• Requin de récif ( Carcharhinus perezii )

• Requin-tigre ( Galeocerdo cuvier )

• Requin-nourrice ( Ginglymostoma cirratum )

• Requin-taupe bleu ( Isurus oxyrinchus )

1 Requin-bouledogue ( Carcharhinus leucas )

MER DES CARAÏBES ( Guadeloupe, Martinique… )

OCÉAN PACIFIQUE ( Polynésie, Nouvelle Calédonie… )

• Requin océanique ( Carcharhinus longimanus )

• Grand requin-marteau ( Sphyrna mokarran )

5 Requin soyeux ( Carcharhinus falciformis )

• Requin-marteau halicorne ( Sphyma lewini )

6 Grand requin blanc ( Carcharodon carcharias )

REQUINS DES OUTRE-MER

Les espèces des territoires d'Outre-Mer sont plus abondantes que celles des côtes métropolitaines. Ces requins des mers tropicales sont plus souvent en contact avec les riverains.

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• Requin gris de récif ( Carcharhinus amblyrynchos )

• Requin gris ( Carcharhinus plumbeus )

1 Requin-bouledogue ( Carcharhinus leucas )

• Requin-tigre ( Galeocerdo cuvier )

2 Requin pointe blanche du récif ( Carcharhinus albimarginatus )

3 Requin pointe noire ( Carcharhinus melanopterus )

OCÉAN INDIEN ( La Réunion, Mayotte )

4 Requin-corail ( Triaenodon obesus )

• Requin nourrice fauve ( Nebrius ferrugineus )

• Requin océanique ( Carcharhinus longimanus )

• Grand requin-marteau ( Sphyrna mokarran )

5 Requin soyeux ( Carcharhinus falciformis )

• Requin-marteau halicorne (Sphyma lewini )

DANS LES EAUXTROPICALES...

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Mission en Polynésie, aux îles Tuamotu… Au cœur du lagon de Rangiroa, surprise ! Des enfants se baignent ; mais pas tout seuls. Ils s’amusent avec des requins ! Ils barbotent au milieu des « Dents de la mer » … Une douzaine de squales vont et viennent dans un

enclos de corail. Les enfants jouent avec eux. Ils poursuivent les gros poissons dans l’eau peu profonde. Ils les attrapent par la queue ou les nageoires, ils les chevauchent et se laissent traîner par eux dans l’onde. Nulle crainte. Juste le plaisir de se divertir…

Les peuples du Pacifique affirment qu’ils ont l’« esprit requin ».Nous autres, Occidentaux, nous avons l’« esprit anti-requin ».

Philosophe, écrivain, journaliste, naturaliste, scénariste, Yves Paccalet a accompagné Jacques-Yves Cousteau pendant

près de 20 ans et a signé avec lui de nombreux livres. En 2014, ce passionné de nature publie « Éloge des mangeurs

d’hommes », voué à la défense des animaux prédateurs, réputés « dangereux » et mal-aimés.

Témo ignageY V E S P A C C A L E T

Or, il ne s’agit nullement de petits animaux dans le style des requins-chats ou des roussettes. Ce sont de « vrais » squales, des gros, des sauvages, de 1,50 à 2 mètres de longueur. Corps puissant, grande bouche et dents acérées… Ces animaux appartiennent à deux espèces : celle que les Polynésiens nomment mauri, c’est-à-dire le requin à pointes noires ( Carcharhinus melanopterus ) ; et celle qu’ils baptisent mamaru ou

torire selon son âge : le requin de corail ( Triaenodon obesus ).

Les enfants s’ébattent sans crainte avec ceux dont la réputation, ailleurs sur la planète, s’écrit en lettres de sang à la « une ». Leurs pères et leurs grands-pères leur ont appris à côtoyer les « monstres ». Ils leur ont montré comment les approcher, les amadouer, les toucher, prévoir leurs réactions, bref comment vivre avec eux. Les anciens leur ont

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surtout enseigné le sens du mot « respect ».

Dans la tradition polynésienne, jamais un pêcheur ne doit revenir à terre sans avoir jeté plusieurs poissons à la mer en offrande aux squales qui suivent sa pirogue. On dit, aux Tuamotu, que le corps des requins sert de refuge à l’âme des humains morts.

Pour les Polynésiens, sous la peau rugueuse du squale, se dissimule l’esprit d’un ancêtre. Les peuples du Pacifique affirment qu’ils ont l’« esprit requin ». Nous autres, Occidentaux, nous avons l’« esprit anti-requin ». Plus généralement, antinature. Nous refusons de nous couler au creuset de la mer, de la terre, du ciel et de la vie. Nous ne voulons pas entendre ce que les autres créatures ont à nous dire. Nous y perdons le meilleur de nous-mêmes. Nous y égarons notre aptitude à comprendre et à ressentir l’harmonie de la nature, avant de nous y fondre…

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Depuis 30 ans, l’explosion de la pêche des requins a mis en danger la survie de la plupart des espèces, car leur faible fécondité et leur maturité sexuelle tardive les rendent particulièrement vulnérables à une exploitation intensive.

LA PêCHE DANS LE MONDE

UN MASSACRE GÉNÉRAL

Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), environ 800 000 tonnes de requins sont pêchées chaque année dans le monde. Tou-tefois, entre les pêches non décla-rées et les requins capturés puis re-jetés à l’eau, après que les ailerons ont été prélevés, la quantité réelle de requins tués chaque année serait de 1,6 million de tonnes, soit en rap-portant ce nombre au poids moyen

L’HOMME RESPONSABLE DE LA DISPARITION DES REQUINS

© Véronique Sarano

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d’un requin, environ 100 millions de requins. Selon l’UICN (Union Inter-nationale pour la Conservation de la Nature),

1/3 des espèces de requins sont

menacées de disparition ! L’Indonésie, l’Espagne, l’Inde, les USA et Taïwan sont les pays qui pêchent le plus de requins. Viennent ensuite, en Europe, la France et le Portugal.

La pêche aux requins s’est considérablement accrue au début des années 1990, lorsque la demande et le coût des ailerons ont brutalement augmenté.

LA SENNE TOURNANTE encercle les bancs de thons et capture les requins qui les suivent : peau bleue, mako, requin soyeux.

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Requin gris (carcharhinus plumbeus)

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PÊCHE CIBLÉE ET PÊCHE ACCESSOIRE

Les requins sont recherchés spécifiquement pour leur chair et pour leurs ailerons, mais ils sont aussi capturés accidentellement par des engins de pêche qui ne leur sont pas destinés. Appelées "cap-tures accessoires",

ces captures accidentelles, représentent un nombre considérable de requins.

Les captures accessoires sont sur-tout faites par les engins de pêche dirigés vers les grands poissons

pélagiques (thons et espadons) : les sennes tournantes et les longlines. Mais elles sont aussi réalisées par d’autres engins très peu sélectifs comme le chalut de fond et la pa-langre de fond.

Enfin, bien qu’ils soient interdits au niveau mondial, les grands filets maillants dérivants sont malheu-reusement toujours utilisés dans les nombreux pays où la réglementa-tion n'est pas appliquée. Ils causent alors des dégâts considérables chez toutes les espèces qui vivent près de la surface, requins compris.

1.LE PALANGRE DE FOND Les hameçons appâtés destinés aux prédateurs qui vivent sur le fond prennent aussi les requins profonds comme le griset et le chien de mer.

2.LE CHALUT DE FOND Racle le fond des océans et emporte tout : les jeunes de nombreuses espèces de requins, sur le plateau continental ; les requins profonds à croissance très lente dans les grandes profondeurs.

3.LE FILET MAILLANT DÉRIVANT Les nappes de filet font des barrières de plusieurs km de long qui capturent tout ce qui vit près de la surface : tortues, oiseaux et requins.

4.LA LONG LINE Les lignes appâtées destinées aux thons et espadons capturent aussi requins marteaux, soyeux, longimane, peau bleue, mako…

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Page 20: Vive les REQUINS - ASPAS

La pêche pour se nourrir est une chose,

le massacre pour le plaisir de tuer ou pour satisfaire un

caprice de gourmets est insupportable !

LE FINNING, UNE PRATIQUE BARBARE

La plupart des requins ne sont pas capturés pour leur chair, mais uni-quement pour leurs nageoires. On parle alors de finning ou découpe des nageoires. On mutile le requin de ses nageoires et on le rejette à la mer, parfois encore vivant, où il va longuement agoniser.

POTAGE À LA SOUFFRANCE

Les nageoires séchées servent pour faire de la « soupe d’ailerons » que certains sont prêts à payer fort cher.

Cette mode gastronomique est à l’origine

d’un énorme trafic dans lequel les nageoires sont ven-dues à prix d’or sur les marchés asiatiques : Taiwan, Chine, Corée. Mais aussi sur le marché américain qui reste l’un des plus demandeurs, tant la communauté asiatique y est présente. Ce fructueux trafic a fait exploser la pêche des requins dans le monde entier : navires industriels ou embarcations artisanales, tous sont attirés par l’appât du gain.

Dans les ailerons, c’est le cartilage qui donne la texture spécifique de la soupe. Le parfum vient des autres ingrédients. Les ailerons peuvent donc être remplacés par… du cartilage de porc !

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Page 21: Vive les REQUINS - ASPAS

L'orgueilleuse ignominie des concours de pêche au requin.

Le finning désigne la découpe des nageoires figurées en rose.

Ils emploient des flèches à tête ex-plosive pour massacrer les squales les plus curieux qui s’approchent innocemment de leur fusil !

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DES MASSACRES INDIGNES

Bien qu’elle soit anecdotique en tonnage, la pêche sportive pour amuser les plus riches doit être dénoncée.

La « pêche récréative au requin »

est un hobby d’un autre âge.

Elle n’a plus sa place au XXIeme siècle, alors que les populations de tous les grands prédateurs sont en chute libre. Elle a fait des dégâts considérables dans toutes les populations de re-quins qui vivent à proximité de la surface des océans, en particulier le requin peau bleue (photo), le requin mako et le requin renard. Pire encore, certains clubs de pêche organisent de scandaleux concours de pêche aux requins !

ÉGOÏSTES ET NUISIBLES :

Certains chasseurs sous-marins, qui ont probable-ment trop vu le film « Les Dents de la mer », consi-dèrent encore qu’il est de salut public de tuer les requins.

LES CHASSEURS SOUS-MARINS

Requin peau bleue(Prionace glauca)

Page 22: Vive les REQUINS - ASPAS

UN CONCENTRÉ DE TOXIQUES

Le requin fait partie des grands pré-dateurs, il est en bout de chaîne ali-mentaire. À ce titre, il accumule tous les polluants persistants qui ont été ingérés par les poissons dont il se nourrit, notamment les pesticides et les métaux lourds (plomb, cad-mium, mercure). Il concentre ainsi le mercure sous sa forme la plus toxique, le méthylmercure, à raison de 0,5 g à 1 g par kilo d’ailerons.

Dans certaines régions tropicales, le requin concentre de la même ma-nière des toxines, les carchatoxines et ciguatoxines. Ces dernières sont contenues dans une micro algue, la Gambierdiscus toxicus, qui est ingérée par les poissons herbivores.

Par bioaccumulation le long de

la chaîne alimentaire, ces toxines se concentrent.

Elles atteignent chez les requins, prédateurs supérieurs, des taux qui provoquent la ciguatera, maladie qui peut être mortelle, chez ceux qui les consomment. L’Institut Pasteur de Madagascar a ainsi recensé une quinzaine de morts depuis 2013.

Les requins tigres et les bouledo-gues pêchés à La Réunion peuvent ainsi contenir des ciguatoxines qu’ils ont accumulées lors de leurs migrations en se nourrissant dans des régions infestées de l’océan Indien.

VENDUS POUR LEUR CHAIR.. .Plusieurs espèces de requins sont exploitées pour leur chair. En Europe, ce sont surtout la petite et la grande roussette (vendues sous le nom de saumonette), l’émissole tachetée, l’aiguillat commun et le requin-hâ. Malgré les quotas de pêche censés les protéger, ces espèces sont généralement surexploitées, voire en danger comme l’aiguillat.

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Requin peau bleue (Prionace glauca)

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Page 23: Vive les REQUINS - ASPAS

L’HUILE DU FOIE POUR DES CRÈMES DE BEAUTÉ

Le squalane, extrait de l’huile de foie de requin, est un composé hydratant non gras et très soluble. Ses propriétés en font un produit recherché

pour la fabrication

de crèmes hydratantes et autres produits

cosmétiques. En 2012, entre 3 et 6 millions de re-quins des profondeurs ont été tués pour répondre à la demande inter-nationale en squalane. De fait, sur 72 crèmes échantillonnées, l’asso-ciation Bloom a découvert qu’une crème sur 5 contient du squalane de requin. L’Espagne occupe une place centrale dans le négoce d’huile de foie de requin.

LE CARTILAGE DES CHARLATANS

Parmi les molécules extraites du cartilage de requin, certaines sti-muleraient le système immunitaire, d’autres inhiberaient la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins alimentant les cellules cancéreuses, ou seraient antiasthmatiques. Mais les effets secondaires sont parfois problématiques et les études cli-niques contradictoires : certaines ont montré qu’il n’y avait aucune différence entre les patients ayant reçu le « médicament » et ceux ayant reçu le placebo.

MAIS AUSSI POUR DES SOUS-PRODUITS FUTILESDans la plupart des cas, les requins ne sont pas pêchés pour leur chair mais pour des utilisations futiles : dents pour les bijoux, huile de foie pour les crèmes de beauté, cartilage supposé à tort soigner différentes maladies, ou peau pour la maroquinerie de luxe.

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Huile de foie de requins

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Page 24: Vive les REQUINS - ASPAS

Pourquoi préserver les requins, et plus généralement la vie sauvage ? Il y a des raisons biologiques… Chaque animal, chaque espèce a une place dans l’écosystème. Cette place est définie par les relations que l’espèce tisse avec les autres êtres vivants et le milieu physique. Plus l'être est complexe, plus ses relations sont nombreuses et com-

plexes. Par conséquent, plus la disparition de cette espèce a des conséquences sur les autres es-pèces et sur l’écosystème. Les requins sont des animaux très complexes, leurs relations sont im-portantes et nombreuses ; leur dis-parition affectera l’écosystème en profondeur et, ne nous y trompons pas, nous ne serons pas épargnés

François Sarano est docteur en océanographie, plongeur professionnel, chef d'expédition et ancien conseiller scientifique du Commandant Cousteau. Plongeur, conseiller

scientifique et co-scénariste du film Ωcéans réalisé par Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, il est également cofondateur

de l'association Longitude 181 Nature.

Témo ignageF R A N Ç O I S S A R A N O

car nous faisons intimement partie de l’écosystème global.

Nous devons préserver les requins aussi pour des raisons philoso-phiques. L’élimination des espèces par cupidité, ou simplement parce qu’elles entravent la réalisation de nos caprices, renforce la prise de contrôle de l’homme sur le monde. Ce contrôle nous emprisonne en nous sécurisant dans un univers de plus en plus artificiel, aseptisé,

uniforme et virtuel. Cette domina-tion sans partage rétrécit irrémédia-blement notre univers qui devient étouffant, carcéral. Au contraire, les requins indomptés, libres, sym-boles de la vie sauvage, élargissent notre horizon en nous offrant leur imprévisibilité. Ils nous ouvrent une fenêtre sur le merveilleux. Que se-rait un monde sans requins ? Sans éléphants ? Sans gorilles ? Sans vie sauvage ? C’est un peu comme si vous demandiez que serait un

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Page 25: Vive les REQUINS - ASPAS

Trouver comment vivre harmonieusement avec les requins donne sens à notre Humanité ! Respecter les requins, c’est

nous respecter nous, les Êtres humains !

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monde sans Mozart, sans Rem-brandt ?

C’est la diversité du vivant ainsi que la diversité culturelle qui font la richesse de notre Terre. L’unifor-mité, c’est la fin du monde ! Perdre une espèce, c’est comme perdre un chef-d’œuvre. Au fond direz-vous, ce n’est pas si grave, nous conti-nuerons à survivre ! Et pourtant confusément, nous ressentons à quel point c’est fondamentalement grave, car c’est une part de notre Humanité que nous perdons.

Si nous jugeons le vivant à l’aune de l’utile et du rentable pour juger de ce qui doit être conservé ou pas, où placer le curseur ? Qui garder ? Le requin ? Les dauphins ? Pas plus utiles ! Moi-même, suis-je utile ? Serais-je conservé ? Et puis, les normes changent avec le temps, l’espace et les traditions culturelles, les philosophies… En revanche, si je sais faire de la place aux requins qui nous dérangent, à la baleine bleue et à tous les encombrants, si je sais faire de la place à tous les insignifiants, aux espèces que je ne connaîtrai peut-être jamais, alors je saurai faire de la place à chacun d’entre nous avec ses différences, ses richesses.

L’élimination des requins par caprice, par cupidité, pose une autre question : quel HUMAIN voulons-nous être ? En effet, n’est-ce pas au Respect que nous marquons envers les autres, envers nos « coloca -Terres » que nous mesurons notre « Humanité », notre différence d’avec les autres espèces ? C’est ce respect qui nous construit, qui nous définit, qui définit notre Huma-nité. En revanche, l’élimination des requins, comme celle d'une autre espèce, est une indignité qui nie ce que nous aspirons à être : humain.

Notre relation avec les requins pose la question du monde dans lequel nous voulons vivre. Un monde contrôlé, aseptisé et uniformisé, un monde sans rien qui nous échappe, sans vie sauvage ? Un monde où les derniers survivants de chaque espèce seraient préservés dans des aquariums géants, des zoos, tristes arches de Noé, ersatz d’une richesse évanouie. J’aurais honte de dire à mes enfants : « J’ai ren-contré les requins ; ils m’ont ébloui, ils m’ont donné des joies immenses, ils m’ont offert des moments de paix bouleversants. Par insouciance, par caprice… je n’ai pas su vous les transmettre ! »

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Page 26: Vive les REQUINS - ASPAS

L’hystér ie anti-requins

Dans la culture occidentale, les requins sont synonymes de danger

et de mort...

... et le film « Les Dents de la mer » (Steven Spielberg, 1975), qui a déformé la réalité avec beaucoup

d’efficacité, n’a pas amélioré leur réputation. Plus tard, l’auteur du roman dont est tiré le film, Peter Benchley, a regretté l’impact négatif de

son œuvre. Fervent défenseur des écosystèmes marins, il s’est amèrement repenti dans son livre « Shark Trouble » (2003) et au cours de nombreuses conférences. Mais cela n’a pas suffi à changer les mentalités.

La peur des prédateurs est due à la méconnaissance de leurs mœurs. Entretenue par certains médias, cette terreur pousse à des réactions irrationnelles, des massacres insensés, des destructions sans mesure.

Alors qu’aucun accident mortel n’a été enregistré en Méditerranée depuis plus de 100 ans, l'observation d'un aileron de requin, ou de poisson lune, suscite toujours la panique et des réactions disproportionnées.

Trop de journalistes font des « unes » racoleuses et anxiogènes. Durant l’été 2014, un petit requin peau bleue qui s’aventure rarement près des côtes de Corse, est observé près d'une plage. Les drapeaux rouges sont aussitôt hissés pour interdire la baignade... alors que l'animal est inoffensif.

© Rémi Collange

PLUS UN ÉVÉNEMENT SORT DE L’ORDINAIRE ET PLUS IL FRAPPE L’IMAGINATION

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Source : International Shark Attack File at the Florida Museum of Natural History

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Nombre d’attaques de requins par an dans le monde

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Source : International Shark Attack File at the Florida Museum of Natural History

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Source : International Shark Attack File at the Florida Museum of Natural History

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Nombre d’accidents mortels liés aux requins par an dans le monde

Source : International Shark Attack File at the Florida Museum of Natural History

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L’ANIMAL LE PLUS DANGEREUX

EST MINUSCULE Alors que, selon l'International Shark Attack File, les requins sont responsables d'une dizaine d'accidents mortels par an ( graphique ci-contre ),

les moustiques, vecteurs du chikungunya, de la dengue,

du paludisme et de tant d’autres maladies,

font chaque année 1,5 million de morts.

Les abeilles et les frelons tuent 400 humains par an, les méduses, une cinquantaine. Et le « meilleur ami de l’homme » ? Le chien est responsable de 25 000 décès chaque année ( essentiellement en transmettant le virus de la rage, dans les pays n’ayant pas de

traitement vaccinal ).

LE REQUIN N’EST PAS UN MANGEUR D’HOMMESIl ne s’agit pas de nier les accidents liés aux requins - nous publions ici deux témoignages de victimes - mais de les replacer dans leur contexte, pour en prendre l’exacte mesure. Quotidiennement, des millions de personnes se baignent sur les territoires des requins. Si nous étions à leur menu, il y aurait des centaines d'accidents chaque jour et nous ne pourrions pas mettre un orteil dans l’eau. On a plus de chance de gagner le gros lot au Loto ® ( une sur 14 millions ) que de se faire mordre par un requin !

DÉCÈS D’HUMAINS PAR AN

DANS LE MONDE

Moustiques : 1 500 000Serpents : 100 000

Chiens : 25 000Abeilles / frelons : 400

Méduses : 50Requins : 10

Céphée ( Cephea cephea )

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Page 28: Vive les REQUINS - ASPAS

DES DANGERS RÉELS ?La pollution de l’air tue chaque année 7 millions d’humains ; le tabac, 6 millions ; les accidents de la route, 1,3 millions ; les guerres… plus de 500 000 ; les crimes de sang font 200 000 morts.

Il y a 1,3 milliard de fumeurs dans le monde.

Près de 10 millions mourront chaque année de leur funeste habitude,

soit 1 milliardau XXIe siècle...

Soit un million de fois plus que par morsure de requin, à supposer qu’il reste des squales à la fin du XXIe siècle ! C'est ce que nous rappelle Yves Paccalet dans son ouvrage « Éloge des mangeurs d’hommes ».

SE SOUCIE-T-ON VRAIMENT

© Tom

asz Sienicki

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Page 29: Vive les REQUINS - ASPAS

« Il m’a attrapée ! » ai-je crié pendant que je me débattais à coups de pieds pour me libérer des mâchoires d’un requin. Cela se passe en 2004 au large de la côte Est de la Floride, à moins de 16 mètres du rivage. Se rendant compte que je n’étais pas le poisson qu’il espérait chasser, le requin lâcha soudainement prise, mais après m’avoir déchiqueté le pied et sectionné le tendon d’Achille.

Je me suis rendue compte que j’étais particulièrement légitime pour

défendre les créatures marines - y compris les requins. J’ai laissé tomber mon job de journaliste et j’ai commencé à travailler pour « The Pew Charitable Trust » ( page 42 ), organisation non gouvernementale de protection des requins, où j’ai fondé « Shark Attack Survivors for Shark Conservation ». Le groupe est composé de survivants d’attaques du monde entier - certains ayant perdu des bras ou des jambes - qui savent pertinemment que les

Mordue par un squale, la journaliste américaine Debbie Salamone a fondé une association de défense des requins avec d’autres victimes d’attaques. Porte-parole de son association,

elle témoigne pour l’ASPAS.

Témo ignageD E B B I E S A L A M O N E

Bien que cela m’ait pris des mois pour pouvoir à nouveau marcher, j’ai fini par réaliser que mon amour

des océans n’avait, lui, pas été atteint.©

Alv

esga

sparrequins ont plus à craindre de l’humain que l’humain des requins.

Ensemble, nous avons contribué à établir et renforcer l’interdiction de la pêche aux ailerons de requins ( shark finning ) adopté par l’ONU ( page 23 ). Nos militants ont interpellé l'ONU afin de promouvoir une plus grande protection des échanges commerciaux, d'interdire la pêche d'espèces vulnérables et de limiter la pêche aux requins en fonction des

ressources disponibles. Ils ont aussi soutenu les efforts de l’ONG « Pew » pour la création de 10 sanctuaires, éparpillés dans le monde entier, où la pêche commerciale de requins est interdite ; ces sanctuaires représentent au total près de 13 millions de km².

À terme, les survivants d’attaques espèrent parvenir à renforcer la population de requins pour assurer le bien-être des écosystèmes marins.

Page 30: Vive les REQUINS - ASPAS

Panneau de la Réserve Naturelle Marine, criblée de plombs par les opposants à la Réserve

la «cr ise requ in» à la réun ion

DES ACCIDENTS

À La Réunion, les accidents mortels par morsure de requin ne sont pas nouveaux : 10 entre 1990 et 2000, 3 pour la décennie suivante et 7 depuis 2011, ce qui est dans la moyenne mondiale : 10 accidents mortels par an, avec de fortes variations : 1 seul en 2007, mais 13 en 2011.

La majorité des accidents touchent des surfeurs,

le soir dans l’eau trouble après les pluies.

Les plongeurs et apnéistes, qui sont tous les jours dans l’eau, ne sont en revanche pas importunés et voient très rarement des requins.

Ces accidents impliquent des requins bouledogues ( Carcharhinus leucas ), très rarement des requins tigres ( Galeocerdo cuvier ).

DES PROGRAMMES SCIENTIFIQUES

L'Institut de Recherche et de Développement ( IRD ) a donc mené le programme CHARC : Connaissances de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de requins Côtiers sur la côte ouest de La Réunion.

CHARC et d’autres études montrent que le requin tigre n’est pas sédentaire. Il se déplace dans tout l’océan Indien, au moins jusqu’au nord de Madagascar et jusqu’aux côtes du Mozambique. Le requin bouledogue est lui aussi un migrateur qui viendrait près des côtes réunionnaises, plutôt entre mars et juin, pour se reproduire dans les eaux dessalées des ravines. La population n’est pas en augmentation.

LA SITUATION ET LES FAITS

© Thierry Peres

Depuis février 2011, 17 accidents impliquant des requins, dont 7 mortels, ont dramatiquement endeuillé l’île de La Réunion.

Ces accidents ont provoqué une psychose et des réactions hors de proportions que les médias ont appelé « La crise requin ».

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Page 31: Vive les REQUINS - ASPAS

Blanchiment et mort des coraux après que les violentes pluies tropicales ont emporté les eaux

usées dans le lagon.

© Rémi Collange

EAUX USÉES ET DÉCHETS

Depuis les années 1990, l’urbanisa-tion a explosé sur la côte ouest de La Réunion. Mais la capacité de traitement des déchets et des eaux usées n’a pas augmenté en consé-quence.

Des déchets organiques se déversent massivement

en mer à chaque grosse pluie,

contribuant à attirer les requins dans les zones de baignade et de surf.

Cette pollution, associée à la surpêche et au braconnage, a provoqué la destruction de l’écosystème corallien.

UNE RÉSERVE MARINE

Pour tenter de rétablir l’équilibre de l’écosystème côtier ravagé par l’homme, une réserve marine de 35 km 2 a été créée en 2007.Réellement efficace à partir de 2011, la réserve peine à améliorer la situation, car la pêche y est autorisée partout, sauf dans les 5 % de la réserve strictement protégés.

L'EXPLOSION DES LOISIRS NAUTIQUES

Les activités nautiques ont, elles aussi, explosé multipliant les risques de rencontres avec les re-quins. Plus grave, certains pratiquants ne connaissent pas la mer ou, pire, refusent d’en apprendre les règles. Ils s’approprient certaines « va-gues » en niant l’existence de l’écosystème global. Plutôt que de prendre la responsabilité de leur ac-tivité, ils demandent à l’État de sécu-

riser le terrain de jeux qu’ils se sont attribués pour satisfaire leur caprice.

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Page 32: Vive les REQUINS - ASPAS

DES PÊCHES PUNITIVES

Pour répondre à la demande de vengeance, des pêches punitives sont organisées après chaque acci-dent afin de « châtier le coupable ». Ces pêches absurdes mas-sacrent, au hasard, les requins qui passent et n’ont jamais permis de cap-turer le requin cause de l’accident, ni à La Réunion, ni dans les autres régions du monde où ces représailles moyenâgeuses ont été abandon-nées…

LA RÉSERVE MARINE ATTAQUÉE

Certains surfeurs remettent violem-ment en cause (menaces physiques, cocktail Molotov…) l’existence de la Réserve Naturelle Marine, l’accu-sant de provoquer « des désordres écologiques en étant le garde-man-ger des requins ». Or la Réserve,

LA PROBLÉMATIQUE

L’État finance à coup de millions d’euros l’élimination des requins et la destruction de l’écosystème marin afin que quelques dizaines de surfeurs puissent satisfaire leur caprice sportif.

soumise à une forte pression de pêche, est toujours très pauvre en poissons. Elle ne constitue pas un attrait pour les requins.

ÉLIMINATION DES REQUINS, ABSURDE, DANGEREUSE

Des surfeurs exigent de l’État qu’il sécu-

rise leur terrain de jeu en éli-minant les requins. Pour justifier cette destruction, le CRPM a pro-posé une pseu-

d o - re c h e rc h e scientifique, Cap

Requin, dont il refuse de donner le

protocole et que les scien-tifiques de l’IRD ont refusé de cau-

tionner. Cette volonté d’éradiquer les requins, plutôt que d’apprendre les risques, est absurde car il est impossible et inadmissible de sup-primer les requins de l’océan Indien pour « sécuriser » les plages réunionnaises.

Les autres usagers de la mer qui respectent les règles élémentaires de sécurité ne sont pas importunés par les requins. L’utilisation opaque des subventions par le Comité Régional des Pêches Maritimes de La Réunion ( CRPM ) finance une usine de transformation des requins… en engrais !

Requin corail( Trianodon obesus )

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Page 33: Vive les REQUINS - ASPAS

Pire, le CRPM a proclamé avoir in-venté un engin de pêche capable « d’effaroucher les requins » : le « smart drumline », qui n’est autre qu’une ligne appâtée ordinaire... Cette affirmation est pathétique, et on en rirait si elle n’était aussi cri-minelle ! Car, en faisant croire qu’il allait « sécuriser la mer », le Comité des pêches suggère que les règles les plus élémentaires de prudence peuvent être oubliées, encoura-geant ainsi les usagers à diminuer leur vigilance.

Les pêches menées par le CRPM ont peut-être

favorisé les derniers accidents mortels.

En effet, en plaçant des appâts dans les lieux de baignade et d’activités nautiques, le CRPM attire, au milieu des baigneurs, les requins du large qui ne seraient jamais venus si près des rivages, renforçant considéra-blement les risques d’accidents. Sa responsabilité est engagée.

SUBVENTIONS À LA DESTRUCTION DE L’ÉCOSYSTÈME MARIN

La responsabilité de l’État français est, elle aussi, engagée. Car il finance sciemment, à coup de millions d’euros, un système aveu-glément destructeur qui condamne la Réserve marine nationale. Il sub-ventionne un massacre totalement inefficace car, après plus d’un an, les accidents n’ont malheureusement pas cessé.

Le CRPM et quelques pêcheurs se gavent de cet argent public. Déjà 675 000 € alloués en 2011- 2015, 4 millions € prévus pour 2015 - 2020.

Pour justifier massacre et dépenses,

l'État pourrait subventionner une usine de transformation

des requins en engrais ! Scandale encore plus insupportable car cette usine ( capacité minimum 3000 t /an ) ne pourrait fonctionner qu’en important massivement du poisson puisque toute la pêche réunionnaise, requins et autres poissons, n’excède pas 1000 t.

DÉMOCRATIE BAFOUÉE

Les tenants de l’élimination des requins n’autorisent aucune autre expression : scientifiques, repré-sentants de la Réserve marine et représentants des associations sont régulièrement calomniés, molestés et même menacés de mort ! La mafia dicte les règles par la violence physique.

© Tybo wikimedia commons

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Page 34: Vive les REQUINS - ASPAS

Depuis 2012, l’ASPAS, Longitude 181 et les 6 associations du Collectif * tentent de restaurer un « vivre ensemble » entre activités aquatiques, écosystème récifal et requins. Cette harmonie passe nécessairement par l’apprentissage de la mer, dans les écoles comme sur les plages, et par le respect de règles simples de sécurité.

ACTIONS ET SOLUTIONS

Appelée par les clubs de plongée, par la Réserve marine et les Réu-nionnais qui n'osaient pas s'expri-mer, Longitude 181 s'est rendue à La Réunion dès 2012. Avec l'ASPAS, elle a invité sans succès le grand public et les élus à plonger pour

voir la réalité de terrain et se faire une opinion afin que la raison

prenne le pas sur la rumeur

Face au colportage de rumeurs irra-tionnelles, aux menaces physiques et aux insultes les plus graves, associations métropolitaines et réunionnaises se sont constituées en Collectif * ( page 43 ).

Aux côtés de l'ASPAS, elles ont mené avec succès des recours juridiques contre les pêches abusives de requins. Depuis 2013, elles tentent d’obtenir des éclaircissements sur les programmes Cap Requins et Valo Requins, notamment les protocoles scientifiques suivis et la répartition des subventions de l’État.

Le Collectif tente, d’autre part, de faire entendre la voix de la « majorité silencieuse » des Réunionnais qui commence à oser s’exprimer : sites internet, pétitions contre les mas-sacres et pour la Réserve, ou lettre ouverte de la mère de la jeune Talon Bishop, tuée en février 2015 (voir biblio).

* Le Collectif d’associations : ASPAS, Longitude 181, Sea Shepherd, Fondation Brigitte Bardot, Tendua, Requin Intégration, Vagues, Sauvegarde des Requins.

DES ASSOCIATIONS QUI AGISSENT

© Thierry Peres

Manifestation pour la préservation de la Réserve Naturelle Marine de La Réunion le 25 avril 2015

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Page 35: Vive les REQUINS - ASPAS

COMMENT RÉDUIRE LES RISQUES ?

Nous réaffirmons avec force que, dans les circonstances ordinaires, les requins ne sont pas dangereux et que l’on peut pratiquer toutes les activités nautiques en leur présence.

Il y a des situations dangereuses

qui multiplient les risques d’accidents.

Il faut donc renoncer à son activité le soir et lorsque les pluies diluviennes ont troublé l'eau de mer.

On apprend à respecter le code de la route et de la circulation en ville, milieu autrement plus dangereux que la mer. Pourquoi, à La Réunion, refuse-t-on l’apprentissage de la mer ? Pourquoi refuse-t-on de respecter les quelques règles simples de sécurité ?

PRATIQUER SON ACTIVITÉ EN SPORTIF RESPONSABLE

Chaque accident mortel est intolérable, et chacun veut tout mettre en œuvre pour les éviter… Pourtant, il n’y a que lors des accidents de requins que l’on exige de l’État de supprimer le « facteur naturel ». Dans le cadre des autres activités de nature (ski, plongée, spéléo, parapente…), demande-t-on après chaque accident la suppression des courants et des méduses, des grottes et montagnes, de la neige et des tourbillons de vent ? Non, on demande aux sportifs de respecter les règles du milieu naturel. Il en va de même des surfeurs.

Celui qui pratique une activité nautique devrait

« apprendre la mer »,prendre la mesure des risques

naturels et renoncer à son activité lorsque les conditions

sont défavorables.

Dans le cas contraire, il devrait assumer les conséquences en ADULTE RESPONSABLE.

Car, quelles que soient les mesures prises, il y aura toujours des risques à pratiquer une activité en milieu naturel peuplé de prédateurs sauvages.

Requin pointe blanche du récif (Carcharhinus albimarginatus)

Page 36: Vive les REQUINS - ASPAS

S’il était réservé à :

• Renforcer la protection de la Réserve marine pour rétablir l’équilibre écologique détruit,

• Augmenter et moderniser le système d’assainissement des eaux usées,

• Enseigner « la mer » dans les écoles comme dans les lieux publics, en expliquant les risques et les règles à respecter, comme dans toute activité de nature,

• Renforcer la signalisation sur les plages et les lieux d’activités aquatiques.

L’ARGENT PUBLIC ALLOUÉ SERAIT BIEN MIEUX DÉPENSÉ

Apprendre et respecter, seul moyen de retrouverune harmonie entre activité balnéaire

et vie sauvage marine.

LES RÈGLES DE SÉCURITÉ À SUIVRESi ces consignes élémentaires avaient été respectées, au moins 6 des 7 accidents mortels advenus depuis février 2011 n’auraient pas eu lieu ! Il ne faut pas aller à l’eau :

Tard le soir ou tôt le matin,

Après les pluies, lorsque les ravines se sont déversées en mer, apportant des odeurs fortes qui attirent les requins,

En cas de forte houle qui trouble l’eau de mer,

En dehors des zones autorisées à la baignade,

Chaque fois que le drapeau rouge est hissé,

Près des zones portuaires où sont jetés des appâts et des déchets de pêche.

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À l’aube des années 2000, des associations luttent contre la surexploitation des requins et lancent une large sensibilisation auprès du grand public.

En 2003, Longitude 181 demande à la Polynésie française de préserver les requins du finning qui se déve-loppe. Son action aboutit en 2007 : une loi de pays interdit la pêche dans toute la Zone Economique Exclusive (ZEE) polynésienne qui va jusqu’à 200 milles des côtes, l’une des plus vastes du monde.

Longitude 181 puis l’ASPAS re-joignent ensuite la coalition Shark Alliance (page 42) pour

Qu’en est- il de la protect iondes requ ins ?

Depuis quelques années, des mesures conservatoires viennent s’opposer à l’anarchie dévastatrice de la pêche aux requins.

DES AVANCÉES GRÂCE AUX ASSOCIATIONS

demander l’interdiction du finning

sur les bateaux de pêche européens

(qui fournissaient 1/3 des ailerons sur le marché de Hong-Kong). Après un long combat, le Parlement européen vote en 2012 l’obligation, pour tous les navires européens, de débarquer les requins avec leurs ailerons attachés. Les carcasses encombrantes ne valant rien, les pêcheurs hésitent à pêcher les re-quins. Toutefois, la faiblesse des moyens de surveillance rend difficile l’application de cette législation.

© Tendua - Myriam DupuisRequin à pointes noires (Carcharhinus melanopterus)

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LA PROTECTION PROMULGUÉE PAR CERTAINS ÉTATS

Certains pays sensibilisés par ces actions décident de protéger les requins dans leur ZEE. Ainsi, dans l’océan Pacifique, toute pêche est désormais strictement interdite dans les îles Palau, Cook, Marshall, Tokelau, en Nouvelle Calédonie et dans le sanctuaire de Malpelo (Colombie).

D’autre pays prennent des mesures de protection spécifique. Le grand requin blanc est protégé depuis 1991 en Afrique du Sud, 1993 en Namibie, 1997 aux Etats-Unis, 1998 en Australie, 2000 à Malte et 2007 en Nouvelle Zélande.

Enfin, de plus en plus de pays instaurent des quotas (quantités maximales) sur la pêche aux requins (roussette, émissole…), voire des interdictions totales. Ainsi la pêche au requin-taupe a été interdite en Europe en 2010 par l’Union Européenne.

CONVENTIONS INTERNATIONALES FAUSSEMENT RASSURANTES

Aucun règlement ne protège les requins à l’échelle internationale ! Contrairement à une idée reçue, les conventions ne font qu’inscrire certains requins particulièrement menacés dans la « Liste des

espèces protégées ». Mais elles n’interdisent pas leur pêche. Ainsi, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) a bien inscrit 8 des 530 espèces à son Annexe II : requin baleine (Rhincodon typus), requin pèlerin (Cetorhinus maximus), grand requin blanc (Carcharodon carcharias), requin océanique à pointes blanches ou longimane (Carcharhinus longimanus), requin marteau halicorne (Sphyma lewini), grand requin marteau (Sphyrna mokarran), requin marteau commun (Sphyrna zygaena) et requin taupe bleu (Isurus oxyrynchus). Mais cette inscription correspond seulement à l’interdiction du commerce international de ces espèces.

La CITES n’interdit ni la pêche, ni la vente à l’intérieur du pays où les requins

ont été pêchés.

Une transition vers la durabilité est en marche, mais elle sera longue, car il existe encore beaucoup de pêcheurs / pilleurs en activité dans le monde.

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2003 : El Yaque au Venezuela, paradis pour véliplanchiste. J’accomplis mon rêve. Alors que je suis dans l’eau, je descends de ma planche pour effectuer des réglages, je sens que mon pied est pris dans un étau. Gravement mordu par un requin, je me défends. Je serai secouru grâce à un concours de circonstances incroyable.

Amputé d’une jambe, je refuse de laisser ma tragédie personnelle alimenter la peur infondée de ces

animaux. Au contraire, je veux mettre en lumière des pratiques de pêche à la fois cruelles et destructrices. Mon témoignage a pour objectif d’alerter les consciences, en plaidant en faveur de l'arrêt du finning, et de l'établissement de quotas de pêche.

La surpêche est l’une des menaces les plus graves sur les écosystèmes, parce qu’elle modifie les équilibres naturels, et notamment le haut de la chaîne des grands prédateurs. Un des moyens les plus efficaces

Amputé d’une jambe, je refuse de laisser ma tragédie personnelle alimenter la peur infondée des requins.

Véliplanchiste, Yann Perras a été victime d’un accident de requin. Conscient des enjeux de l’écologie, cet amoureux des mers garde un admirable esprit sportif et part en guerre, non pas

contre les requins, mais contre ceux qui les détruisent.

Témo ignageY A N N P E R R A S

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pour lutter contre cette pression est de créer un réseau de grands sanctuaires qui seront interdits aux activités extractives industrielles et commerciales. PEW, avec son programme Global Ocean Legacy (page 42), a pour but de créer de 15 à 20 grandes réserves hautement protégées dans les 3 océans majeurs de la planète. Ainsi, il participe activement au programme Global Shark.

La réaction à La Réunion d’autoriser la pêche de 90 requins n’est, à

mon sens, non seulement pas une décision rationnelle et utile, mais elle va à l’encontre même du message que je souhaite véhiculer : le requin n’est à la base pas un animal dangereux. Seules, certaines circonstances peuvent être dangereuses. Il appartient donc à l’humain de respecter les consignes pour assurer des baignades en sécurité. Faut-il rappeler que le nombre d’accidents par noyade est sans aucune commune mesure avec les accidents impliquant des requins ?

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En tant que consom-mateur, refusez d’acheter du requin, ne serait-ce que pour votre propre

santé et celle de vos enfants (page 22). Sachez que « la saumonette » ou « le chien de mer » sont les noms commerciaux utilisés pour désigner plusieurs espèces de petits requins (roussettes, aiguillats communs, émissoles) souvent proposées en

restauration collective. Et « le veau de mer » désigne en réalité le requin-taupe bleu.

Ainsi, boycottez le steak de requin et la soupe d’ailerons, ainsi que les res-taurants qui en proposent.

La pêche pour les ailerons décime les requins par millions et ne res-pecte aucune éthique en perpétuant des pratiques brutales et illégales, le Shark Finning (page 20).

Ne consommez pas de plat à base de requin

Une crème de beauté sur 5 contient du squalane de requin extrait de l’huile de son foie. Les gélules à base de cartilage de requin, utilisées pour les problèmes articulaires et contre le cancer, perpétuent une pratique sans éthique, sans respect et sans validation scientifique.

En France, comme partout dans le monde, boycottez les produits dérivés issus des requins (page 23). De même, n’achetez ni dent, ni mâchoire de requin en guise de souvenirs pour ne pas encourager ce marché.

CHAIR DE REQUIN

PRODUITS DÉRIVÉSN’achetez pas de produits dérivés issus des requins

Chacun de nous peut œuvrer à son échelle pour la protection des requins. D’abord, en n’encourageant pas leur destruction, en privilégiant des achats responsables. Les plus motivés peuvent agir plus concrètement encore.

Et vous , que pouvez-vous fa ire ?

© CandicheRequin-pèlerin (Cetorhinus maximus)

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Le Shark Feeding est une activité touristique qui consiste à attirer les requins en les nourrissant pour les voir de plus près. Cette pratique modifierait le comportement des squales et rapprocherait des

espèces vivant au large, près des côtes. Elle est également risquée car elle peut générer des accidents pour les plongeurs (les requins affamés peuvent être agressifs).

Ne participez pas aux activités de Shark Feeding

Longitude 181 nature a lancé la Charte internationale du plongeur responsable pour mieux préserver les richesses de la mer et pour les partager plus équitablement (page 47).

La protection des requins passe aussi

par l’information au grand public, aux employés de magasins, aux responsables d’enseignes, aux restaurations collectives scolaires, à vos proches... Le dépliant « Les requins protègent les océans,

protégeons les requins » est disponible gratuitement, sur simple demande auprès de l’ASPAS et de Longitude 181. Un tract à destination des restaurants qui servent de la viande de requin et des magasins qui vendent des produits dérivés issus du requin est inclus dans le dépliant.

Vous pouvez également soutenir financièrement les associations qui

agissent en faveur des requins en y adhérant ou en participant aux frais engagés pour cette campagne : les lobbies favorables à la destruction

des requins sont bien plus riches et puissants que nous !

Enfin, vous pouvez rejoindre une association, en devenir un membre actif, et participer à des manifestations.

SHARK FEEDING

Devenez un plongeur responsable

Distribuez les dépliants et les tracts

PLONGEUR RESPONSABLE

DIFFUSEZ L’INFORMATION

SOUTENEZSoutenez les défenseurs des requins

N’hésitez pas à le photocopier et à le distribuer autour de vous.

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SEA SHEPHERD CONSERVATION SOCIETY :

Créée en 1977 par le capitaine Paul Watson, Sea Shepherd est une organisation internationale sans but lucratif qui a pour mission de mettre fin au massacre de la faune sauvage marine et à la destruction de ses habitats dans tous les océans de la planète.

www.seashepherd.fr

TENDUA :

Créée en 2008 par Myriam Dupuis, TENDUA est une association de sauvegarde de la biodiversité qui soutient des initiatives de conservation de la faune et de la flore. Elle défend la cause des requins depuis 2010 en organisant des conférences et en animant un blog à destination de tous dans le but de changer la perception du public.

www.tendua.org / www.protection-requins.org

SHARK ALLIANCE :

Coalition d’ONG dédiée à la restauration et à la conservation des populations de requins en améliorant les politiques de conservation (active

de 2006 à 2012). En 2012, elle obtient une législation européenne interdisant le finning en Europe. Shark Alliance a été menée par la Pew Charitable Trusts, ONG internationale ayant pour but d’améliorer la politique publique et l’information au grand public.

www.pewtrusts.org/en

De nombreuses associations locales, nationales et internationales se mobilisent pour la protection de la vie marine, et notamment des requins. Voici les principales.

Ils ag issent pour les requ ins et l ’océan

© Thierry Peres

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SHARK ATTACK SURVIVORS FOR SHARK CONSERVATION :

L'association protège les populations décroissantes et menacées de requins. Ses membres sont des surfeurs, nageurs et autres personnes venant du monde entier, qui, bien qu’ayant été victimes d’attaques terrifiantes et de blessures graves, reconnaissent que ces prédateurs sont en danger d’extinction, et que cette situation met en péril les océans et l’ensemble des écosystèmes marins.

www.facebook.com/SharkAttackSurvivors

BLOOM : Fondée par Claire Nouvian en 2004, BLOOM a pour mission de changer de paradigme économique afin d’optimiser l’exploitation du bien commun universel qu’est

la biodiversité marine. Elle met en place des pratiques limitant les impacts sur les espèces non-ciblées et les habitats, la création d’emplois grâce au développement du secteur de la pêche artisanale et une meilleure répartition des subventions publiques françaises et européennes, aujourd’hui captées par le lobby de la pêche industrielle.

www.bloomassociation.org

COLLECTIF D’ASSOCIATIONS POUR UNE COHABITATION HARMONIEUSE AVEC LES REQUINS À LA RÉUNION

© Shark Attack Survivors for Shark Conservation

Survivants d'un accident lié à un requin en visite à l'ONU en 2010 pour demander de mettre fin à la pêche des espèces de requins vulnérables.

Depuis 2013, un collectif de 8 asso-ciations s’est rassemblé pour pro-téger les requins à La Réunion. Il regroupe 2 associations locales, Vagues et Requin Intégration, et 6 associations nationales et inter-nationales : l’ASPAS, Longitude 181 Nature, Sea Shepherd France, Fondation Brigitte Bardot, Ten-

dua et Sauvegarde des requins. Le collectif s’oppose fermement à tous les prélèvements de requins, punitifs ou préventifs, pratiqués « au hasard », sans arguments scien-tifiques démontrant que l’élimination des requins réduirait le risque d’acci-dents, lors de la pratique d’activités balnéaires.

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Un cocktail Molotov a été découvert devant les locaux de la Réserve marine de La Réunion ! Stéphane Girard, responsable local de Sea Shepherd, a dû quitter l’île à cause de cette violence.

En métropole, même bru-talité de la part des anti-loups. Deux gardes du Parc du Mercantour se font atta-quer à coups de pioche par un éleveur, les locaux d’une a s s o c i a t i o n naturaliste sont saccagés par des représentants de syndicats de l’élevage ovin, un administrateur de l’ASPAS se fait molester à la sortie d’une réunion.

Partout fusent des menaces de mort

de plus en plus virulentes : s’occuper de biodiversité

est devenu risqué.

Comme les requins, le loup est un

superprédateur dans la nature, mais menacé et fragilisé par les activités humaines. Les requins et le loup occupent une place étrangement comparable dans nos imaginaires, nos fantasmes et nos terreurs pro-

fondes. Or, la peur et l’igno-rance sont les sœurs de la

haine. Elles provoquent des réflexes, mais

pas de réflexion.

Le plus préoccu-pant, c’est que les ministres et leurs administra-tions soutiennent

généralement les casseurs. Ainsi

confortés dans leurs actions, les anti-nature

instaurent une situation à haut risque de dérapage. Les

décideurs choisissent donc une im-probable « paix sociale », contre la sécurité des habitants, ignorant les spécialistes qui proposent des solu-tions à long terme.

Merci donc d’avoir acquis cette bro-chure, de soutenir ceux qui œuvrent pour l’avenir. Les requins et le loup ont besoin de vous.

Les requins et le loup : la force fragile

Les anti-requins et les anti-loups se montrent de plus en plus violents contre les animaux, mais aussi contre ceux qui les protègent. Les autorités laissent faire.

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Les requins protègent nos océans, protégeons-les !

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Requin pointe blanche du récif (Carcharhinus albimarginatus)

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Études sc ient if iquesSUR L’ÉTAT DES POPULATIONS ET LEUR SUREXPLOITATION

Dulvy et al. « Extinction risk and conservation of the world’s sharks and rays, eLife », 2014

Ferretti F. et al., « Loss of larger predatory sharks from the Mediterranean Sea », 2008

Rapport de Traffic « Into the deep : implementing cites measures for commercialy-valuable sharks and manta rays », 2013

Rapport de l'UICN « Liste rouge des espèces menacées en France », 2013

Rapport de la FAO « la situation des pêches et de l’aquaculture », 2014

Rapport de la CITES « Entrée en vigueur des amendements à l’Annexe II pour 5 espèces de requins », 2014

Worms B. et al., « Global catches, exploitation rates, and rebuilding options for sharks marine policy », 2013

SUR LE SQUALANE

Enquête de Bloom « Le prix hideux de la beauté. Une enquête sur le marché de l’huile de foie de requin profond », 2012

Étude de Bloom « La belle et la bête, du requin dans nos crèmes de beauté », 2015

Ouvrages CALCAGNO Robert, «Requins au-delà du malentendu»,

Éd. du Rocher, 2013, (144 p.)

GIRAUD Marc, « Calme plat chez les soles », Éd. Robert Laffont, 2007,

(352 p.)

MOJETTA Angelo, « Les Requins », Éd. Gründ, 1998, (167 p.)

PACCALET Yves, « La vie secrète des requins », Éd. l’Archipel, 2003, (298 p.)

PACCALET Yves, « Éloge des Mangeurs d’hommes, loups, ours, requins… sauvons-les ! », Ed. Arthaud, 2014, (213 p.)

SARANO François, « Rencontres Sauvages », Réflexions sur 40 années d’observations sous-marines, Éd. gap, 2011, (256 p.)

SUR LA RÉUNION

Rapport scientifique final du programme CHARC « Étude du comportement des requins bouledogue (Carcharhinus leucas) et tigre (Galeocerdo cuvier) à La Réunion », avril 2015.

SUR LA TOXICITÉ

Les intoxications par Consommation d’Animaux Marins (ICAM) dans l’Océan Indien, ARVAM, 2000

Recommandation d’un comité des Nations Unies sur la dose maximale de mercure admissible dans l’alimentation, OMS, 2003

Contamination des requins, notamment tigre et bouledogue, par des ciguatoxines : occurrence, méthodes analytiques, cas humains rapportés et éléments d’éthologie, Avis de l’ANSES - rapport d’expertise collective, Août 2014

S ites internet http://www.traffic.org/home/2013/7/30/new-study-gets-its-teeth-into-shark-trade-regulations.html

http://www.fao.org/3/a-i3720f.pdf

http://www.iucn.org/?3362/2/Un-tiers-des-

http://www.liberation.fr/terre/2013/08/02/protection-des-requins-certains-pecheurs-se-contenteront-de-debarquer-leurs-prises-ailleurs_922402

http://www.liberation.fr/terre/2013/07/30/indonesie-inde-et-espagne-en-tete-des-pays-pecheurs-de-requins_921655

http://www.liberation.fr/terre/2012/08/27/aux-surfeurs-et-a-ceux-qui-veulent-eliminer-les-requins_842169

http://rue89.nouvelobs.com/2015/06/12/a-reunion-les-pro-anti-requins-dechirent-259722

http://reunion.la1ere.fr/2014/09/17/la-viande-de-requin-reste-interdite-la-consommation-188632.html

http://www.flmnh.ufl.edu/fish/sharks/statistics/statsw.htm

http://reunion.la1ere.fr/2015/04/29/la-lettre-emouvante-de-la-mere-de-talon-bishop-victime-d-une-attaque-de-requin-l-etang-sale-251901.html

requins-de-haute-mer-sont-menaces-dextinction

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www.longitude181.org

Longitude 181 agit pour la protection du milieu marin et le partage équitable de ses ressources. Elle a pour objectif d’aller à la découverte de la nature, à la rencontre des hommes et de leurs traditions.

Elle a mis en place, en 2002, La Charte Internationale du Plongeur Responsable, aujourd’hui traduite en 22 langues. Actuellement, les structures ambassadrices de cette Charte sont réparties sur 20 pays en plus de la France Métropolitaine et de ses Outremers. Depuis 2003, Longitude 181 mène des campagnes pour la préservation des requins et a participé très activement à la fondation de Shark Alliance. Elle a notamment obtenu leur protection dans l’immense ZEE de la Polynésie française (en 2007) et à bord de tous les navires de l’U.E. (en 2012, dans le cadre de Shark Alliance). Elle poursuit cette action avec un programme scientifique international d’étude des requins de Méditerranée, dont le mythique grand requin blanc.

En 2012, Longitude 181 rejoint l’ASPAS et Sea Shepherd France dans les dépôts de plainte contre les décisions abusives des élus locaux pour la destruction infondée des requins sur l’île de La Réunion. Depuis, elle mène une action assidue à la Réunion pour parvenir à une cohabitation harmonieuse avec les requins.

Longitude 181 nature

Longitude 181 Nature12, rue La Fontaine 26000 Valence - France

Mail. [email protected]

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Requin pointe blanche du récif (Carcharhinus albimarginatus)

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