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VOIX DANS LE NOIR TEXTE MATÉI VISNIEC CRÉATION ET INTERPRÉTATION ÉRIC DENIAUD EN COMPLICITÉ AVEC AURÉLIEN ZOUKI 02 - 05 AVR - LE GRAND T - LA CHAPELLE 2012/13 PHOTO ©MIHELA MARIN Licences spectacles 1-142915 2-142916 3-142917 02 51 88 25 25 / leGrandT.fr

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VOIX DANS LE NOIRTEXTE MATÉI VISNIEC CRÉATION ET INTERPRÉTATION ÉRIC DENIAUD EN COMPLICITÉ AVEC AURÉLIEN ZOUKI

02 - 05 AVR - LE GRAND T - LA CHAPELLE

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CONTACTS PÔLE PUBLIC ET MÉDIATION

Manon [email protected] 28 24 28 08

Florence [email protected] 28 24 28 16

LE GRAND T84, rue du Général BuatBP 3011144001 NANTES Cedex 1

DURÉE : 1h00

PUBLIC : à partir de la 4e

LE GRAND T - LA CHAPELLE

AVR MA 02 20:00 ME 03 20:00 JE 04 20:00 VE 05 20:00

VOIX DANS LE NOIR

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SOMMAIRE

Présentation 3

La pièce 4

Matéi Visniec, auteur 5

La compagnie Extra Muros 6

Extrait 7

La presse en parle 9

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PRÉSENTATION

Voix dans le noirTexte Matéi Visniec

Création et interprétation Éric Deniauden complicité avec Aurélien Zouki

Régie Boa Passajou

Production Extra Muros

Les textes de Matéi Visniec sont extraits de Théâtre décomposé ou l’Homme-poubelle, publié aux éditions de L’Harmattan

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« Dans notre pays, le lavage de cerveau est gratuit et obligatoire. Chaque citoyen doit se laver le cer-veau au moins une fois par an. Ceux qui essaient de se soustraire au lavage de cerveau seront déclarés ennemis de l’harmonie sociale. »

Les textes de Matéi Visniec sont grinçants, cruels et poétiques. Ils offrent une palette de personnages hauts en couleurs, qui ressemblent parfois à s’y mé-prendre à notre voisin de quartier ou à cette femme que vous ne connaissez pas mais que vous croisez tous les jours en allant travailler.

Une multitude de personnages grotesques, au regard curieux et ahuri, comme hébétés devant l’absurdité de notre société, prennent vie dans une scénographie minimale : un cadre de fenêtre ouvert sur le monde et ses paradoxes. Ces petits masques, marionnettes, silhouettes et objets sont manipulés par Éric Deniaud.

« Ces textes sont comme les morceaux d’un miroir cassé. Il y a eu, une fois, l’objet en parfait état. Il réflé-chissait le ciel, le monde et l’âme humaine. Et il y a eu, on ne sait ni quand ni pourquoi, l’explosion. Les

morceaux dont nous disposons maintenant font par-tie, sans doute, de la matière originaire. Et c’est dans cette appartenance à la matière originaire que réside leur unité, leur parfum, leur identité d’atmosphère.

Pour le reste, le jeu consiste à essayer de recons-tituer l’objet initial. Mais le fait est impossible car le miroir originaire, personne ne l’a jamais vu, on ne sait pas comment il était. Et peut-être que cer-tains morceaux manquent. Néanmoins, le jeu est fascinant car chaque fois que nous rassemblons les modules dont nous disposons nous construisons quand même quelque chose. Un miroir qui n’est jamais parfait mais qui réfléchit pas mal de choses. Ce jeu n’a pas de fin. Il peut même permettre aux comédiens de chercher, chaque fois quand ils jouent, une autre histoire, un autre miroir…

Avec ces monologues et dialogues qui invitent à construire un ensemble, l’auteur a voulu imposer au metteur en scène une seule contrainte : la liberté absolue. »

Matéi Visniec

LA PIÈCEPar la compagnie Extra Muros

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EN IMAGES

Visionnez un extrait vidéo du spectacle Voix dans le noir en cliquant sur le lien ci-dessous : http://www.dailymotion.com/video/x8trhu_voix-dans-le-noir_creation

Matéi Visniec est né en 1956 dans le Nord de la Rou-manie. Jeune, il est happé par la littérature, surtout celle qui permet d’échapper au régime totalitaire de Ceausescu. Les auteurs et les formes littéraires qui l’intéressent ont à voir avec une certaine déformation de la réalité : Dostoïevski, Beckett, Ionesco, les sur-réalistes et le théâtre de l’absurde. Car, à l’époque où il se met à écrire, toutes les publications passent par la censure. Ainsi, il utilise comme d’autres auteurs des outils littéraires de camouflage et dissimule, dans des textes dont la forme semble très éloignée d’un certain réalisme, la dénonciation de la manipu-lation du régime sur le peuple. L’imaginaire devient une échappatoire, un territoire de liberté maîtrisable, infini et une arme ironique, grotesque, acide. Son écriture comporte donc plusieurs couches de sens et impose plusieurs pistes de lecture.

Entre 1977 et 1987, il écrit une vingtaine de pièces qui sont toutes censurées mais qui circulent sous le manteau. La censure le pousse à quitter la Roumanie en 1987, après la censure d’une de ses pièces un jour avant la première. Cet exil a plusieurs consé-quences sur son travail. Il écrit alors, pour la pre-mière fois, directement en français à 31 ans. Par la suite, il précise lui-même dans une interview en 1994 que le changement de langage tardif lui impo-sera un style « très simple, très direct et dépouillé ». L’exil a une influence sur ses axes et ses thèmes de travail. Visniec affirme qu’en Roumanie son écriture est directement dirigée contre le régime. L’urgence de la situation politique lui impose de dénoncer l’em-prisonnement de l’Homme en tant qu’individu social, victime d’un pouvoir en place. En France, après la chute du régime, son travail s’ouvre sur un champ de considérations humaines plus larges : « les rapports pervers entre l’homme et la mort, entre l’homme et l’immortalité, l’homme et l’amour, l’homme et la soli-tude de son être ».

MATÉI VISNIEC, AUTEUR

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LA COMPAGNIE EXTRA MUROS

Extra Muros est une compagnie de théâtre d’objet fondée par Éric Deniaud en avril 2007. Diplômé de l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marion-nette de Charleville-Mézières, il crée, avec trois autres élèves, la compagnie Drolatic Industry, au sein de laquelle il donnera naissance entre autres à Voix dans le Noir.

En parallèle, il participe comme constructeur et manipulateur de marionnettes, ou scénographe, à de nombreux projets, avec la compagnie Comédia-muse, Catherine Hiegel, l’Institut International de la Marionnette, Jean-Louis Heckel, Perrine Griselin ou le Théâtre National des Marionnettes du Vietnam à Hanoi...

Il collabore régulièrement depuis 1994 à des actions culturelles et artistiques au Proche-Orient et particu-lièrement au Liban : stages de théâtre pour enfants et adultes, chantiers de restauration… En mai 2006 il participe à Beyrouth à la création de Min Wadi la Wadi (en arabe : D’une vallée à l’autre), dont il as-sure la scénographie et les lumières et accompagne la mise en scène.

Suite à ce spectacle, il s’engage dans un projet de com-pagnie implantée au Liban en créant le collectif Kahraba. Il vit et travaille désormais entre les deux pays. C’est dans le cadre de ces deux structures qu’Arabiyetna voit le jour, spectacle jeune public écrit et mis en scène par Camille Brunel, dont il conçoit scénogra-phie et marionnettes. C’est un succès public et pro-fessionnel qui a été joué plus d’une centaine de fois principalement au Liban, mais aussi en France et en Syrie.

Au printemps 2008, Éric dessine et réalise les scènes d’ombre pour l’opéra de Manuel de Falla El Retablo de Maese Pedro, mis en scène au Grand Théâtre de Barcelone par Enrique Lanz.

En octobre 2008, il crée pour 4 acteurs et 12 pan-tins à taille humaine Qu’on s’en souvienne, mais qu’on ne le répète pas ! au Théâtre Shams de Bey-routh. Le Liban est au cœur de cette création portée par l’écriture sans concession de Perrine Griselin. Le spectacle a été joué en France en mars 2009.

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LE PASSANT PRESSÉ – Quelle horreur !

LE GARDIEN D’IMMEUBLE – Un monstre.

LA VIEILLE FEMME AU PANIER – Bon Dieu, mais qu’est-ce que c’est que ça ?

L’HOMME AU SAXOPHONE – On dirait un chien.

LE VIEIL HOMME À LA CANNE – Un chien, ça ?

L’HOMME AU SAXOPHONE – De toute façon, il a une tête de chien.

LE PETIT GARÇON – Maman, viens voir.

LE CHAUFFEUR DE TAXI – Je n’ai jamais vu une créature pareille.

LE GARDIEN D’IMMEUBLE – Moi, je trouve qu’il a plutôt une tête de cerf que de chien.

L’HOMME AU SAXOPHONE – Mais les yeux, ce sont des yeux de chien. Ça c’est sûr.

LA FEMME EN BLEU – Oh là là, quel gorille !

LE GARDIEN D’IMMEUBLE – Madame, ça n’a rien à voir avec un gorille.

LA VIEILLE FEMME AU PANIER – Mais bon Dieu, qui l’a écrasé comme ça ?

LE VIEIL HOMME À LA CANNE – Une voiture noire.

LE GARDIEN D’IMMEUBLE – Ah non, c’était un camion frigorifique.

L’AVEUGLE AU TELESCOPE – En fait, il est tombé du ciel.

LE CHAUFFEUR DE TAXI – Du ciel, ça ?

L’AVEUGLE AU TÉLÉSCOPE – Oui, il volait et sou-dain il est tombé devant la voiture.

LA FEMME EN BLEU – Impossible.

LE VIEIL HOMME À LA CANNE – Et, de toute fa-çon, je ne crois pas que ce soit une tête de cerf. C’est plutôt une tête de sanglier.

LA FEMME EN BLEU – Un sanglier en ville ?

LE PASSANT PRESSÉ – Tout est possible au-jourd’hui.

LA VIEILLE FEMME AU PANIER – Dites, vous n’avez pas l’impression qu’il bouge encore ?

LE JEUNE À LUNETTES – Non, madame, il est mort.

LE GARDIEN D’IMMEUBLE – Moi, j’ai l’impression qu’il est mort, mais qu’il nous regarde encore.

LE CHAUFFEUR DE TAXI – Regardez ses lèvres ! Il respire, c’est sûr.

L’HOMME AU SAXOPHONE – Il est moitié chien, moitié sanglier.

LE PASSANT PRESSÉ – Moi, je pense plutôt à un sphinx.

LE VIEIL HOMME À LA CANNE – Pourquoi ? Parce qu’il est noir ?

LA FEMME EN BLEU – Il n’est pas tout à fait noir. Il a aussi des taches blanches sur les côtes.

LE JEUNE À LUNETTES – Il en a des rouges aussi.

LE CHAUFFEUR DE TAXI – Ça, c’est le sang.

L’HOMME AU SAXOPHONE – Il a été carrément écrabouillé.

LE GARDIEN D’IMMEUBLE – Il l’a fait exprès.

LA FEMME EN BLEU – Ah bon !

L’AVEUGLE AU TÉLÉSCOPE – Oui, il volait en plein ciel et tout d’un coup il s’est laissé tomber.

LE PASSANT PRESSÉ – Peut-être qu’il s’en est évadé.

L’HOMME AU SAXOPHONE – Mais alors, c’est un ange. Un ange avec des sabots de cheval.

LE VIEIL HOMME À LA CANNE – Non, la crinière est celle d’un cheval, les sabots sont plutôt ceux d’une chèvre.

LA FEMME EN BLEU – Moi, j’ai l’impression qu’il a les larmes aux yeux.

LE PETIT GARÇON – Maman, viens vite !

EXTRAIT

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LE POLICIER – C’est quoi ça ?

L’HOMME AU SAXOPHONE – C’est un fou qui l’a écrasé.

LE GARDIEN D’IMMEUBLE – J’ai tout vu.

LE VIEIL HOMME À LA CANNE – C’était une voi-ture noire.

LE POLICIER – Mais ça existe, un truc pareil ?

LE JEUNE À LUNETTES – Apparemment non.

LE POLICIER – Mais qu’est-ce qu’il foutait par-là ?

L’AVEUGLE AU TÉLÉSCOPE – Il volait.

LE JEUNE À LUNETTES – Il traînait sans doute dans les rues.

LE POLICIER – Qui a vu cet animal vivant ?

L’HOMME AU SAXOPHONE – Personne.

LA FEMME EN BLEU – Il a pleuré avant de mourir.

LE PASSANT PRESSÉ – C’est inadmissible ! Des bêtes comme ça, en toute liberté dans les rues.

L’HOMME AU MIROIR – Elle aurait pu nous dévorer tous.

L’HOMME AU SAXOPHONE – Ce qui m’inquiète beaucoup, ce sont les cornes.

LE POLICIER – Et vous êtes sûr qu’il est bien mort ?

LA FEMME EN BLEU – Moi, j’ai l’impression qu’il a cligné des yeux tout à l’heure.

LE POLICIER – Est-ce qu’il a mugi, bramé ou rugi avant de mourir ?

L’AVEUGLE AU TÉLÉSCOPE – Moi, j’ai même en-tendu quelques mots.

LE POLICIER – Et qu’est-ce qu’il a dit ?

L’AVEUGLE AU TÉLÉSCOPE – Je crois qu’il a mur-muré…

TOUS – Quoi ? Quoi ? Quoi ?

L’AVEUGLE AU TÉLÉSCOPE – …Pardonnez-moi…

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LA PRESSE EN PARLE ...