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Les resteront-ils le pays émergents moteur de la croissance de l’économie mondiale? trouvent les investissements Où se d’avenir? nourrir Comment d’êtres humains? neuf milliards Global Change Portrait 2012

Vontobel Portrait 2012 - Global Change

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Vontobel Portrait 2012, le Global Change en point de mire

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Les

resteront-ils lepays émergents

moteur de la croissance del’économie mondiale?

trouvent lesinvestissements

Où se

d’avenir?

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GlobalChange

Portrait 2012

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Le Groupe Vontobel

Le Groupe Vontobel allie l’expérience d’une banque privée suisse et indépendante avec la force d’innovation d’un gérant de patrimoine d’envergure internationale. Avec ses trois unités d’affaires – Private Banking, Investment Banking et Asset Management – notre modèle d’affaires intégré écourte les voies décisionnelles et permet une interaction efficace entre le savoir-faire et les ressources, à l’avantage de nos clients et de nos partenaires.

Quelque 1500 collaborateurs travaillent dans le monde entier à créer durablement de la valeur pour nos clients. Sans relâche, ils gèrent et surveillent les avoirs que ceux-ci nous confient. Pour ce faire, ils observent attentivement les marchés financiers et interprètent les événements se produisant au niveau macro-économique. Au cœur de Zurich, de New York, de Hong Kong ou de Dubaï, ils identifient et analysent les tendances dans dix-neuf centres internationaux et, pour y répondre, conçoivent des stratégies et des produits innovants.

Les fondations du Groupe Vontobel ont été jetées en 1924 à Zurich. Une dotation élevée en fonds propres et la stabilité de l’actionnariat constituent une base solide et fiable. Ses action-naires principaux, dont les familles Vontobel qui détiennent une majorité de 52% environ des voix et du capital, incarnent l’esprit d’entreprise et sont axés sur le long terme. Les actions nominatives de Vontobel Holding AG sont cotées à la SIX Swiss Exchange.

Les relations avec nos clients et nos partenaires reposent sur la confiance et la performance. Une approche conservatrice des valeurs et des risques sont notre marque. Solidité, stabilité et fiabilité sont notre règle.

Illustration de la couverture: scène de rue à Mumbai, IndeStephen Wilkes, Gallerystock

Chiffres-clés de l’IndeSuperficie 3,2 mio. km2

Surfaces cultivables 53%Population 1,2 mrdCroissance annuelle Ø de la population 1,43%Population des moins de 15 ans 30,8%Population des plus de 60 ans 7,5%Population urbaine 30%Téléphones mobiles enregistrés* 545 mio.Sources: The Economist, 2012; *ONU, 2010

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Avoirs des clients (en mrd de CHF)

131,6

Le Groupe VontobelFaits et chiffres au 31 décembre 2011

Fonds propres (en mrd de CHF)

Afflux net d’argent frais 2011 (en mrd de CHF)

Ratio des fonds propres de base BRI (tier 1) (en %)

Notation Moody’s de la Bank Vontobel AG: A1

Notation Standard & Poor’s de la Bank Vontobel AG: A+

1,5

8,2

23,3

Pour en savoir plus: www.vontobel.com

1 excluding assets managed on behalf of other segments

actifs sous gestion

Private Banking

Investment Banking

Asset Management1

Avoirs en dépôt

Produits structurés en circulation

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Philosophe et homme d’Etat anglais, Francis Bacon était un observateur attentif du monde qui l’entourait. Dans son essai «Of Innovations», il note ce qui suit: «Celui qui n’appliquera pas de nouveaux remèdes doit s’attendre à de nouveaux maux.» En 1625 déjà, il s’était rendu compte qu’une force énorme d’innovation et de changement était inhérente au passage du temps. A lui seul, le temps provoque un changement, même si l’homme ne fait rien et laisse la nature livrée à elle-même. Mais les êtres humains ne sont pas inactifs, ni d’ailleurs la société et l’Etat, et encore moins les entreprises qui sont en concurrence entre elles.

Voilà ce que nous pouvons aussi tirer de notre propre expérience. Nous considérons en effet que, dans un monde qui change à toute vitesse, notre tâche la plus pressante est de faire chaque jour à nouveau la preuve de notre exper-tise et de notre compréhension de ces relations de cause à effet. En nous faisant pleinement confiance, nos clientes et clients nous confortent dans la conviction que nous sommes sur la bonne voie. Tandis que, dans le secteur financier, des concurrents établis disparaissent ou sont intégrés dans leur maison mère, le Groupe Vontobel, fort et indépendant, est à vos côtés. Fiabilité et stabilité nous distinguent de la mêlée. Ce sont des valeurs qui, de nos jours, ne vont plus de soi depuis longtemps mais qui connaissent maintenant une véri-table renaissance. C’est ainsi que nous interprétons le succès du développement des affaires que nous devons à nos clientes et clients. En 2011, ils nous ont en effet confié pour plus de 8,2 milliards de francs de nouveaux avoirs. Nous sommes heureux que ces fonds ne proviennent pas seule-ment d’Europe, mais aussi, et de plus en plus, des marchés en pleine croissance du Moyen et de l’Extrême-Orient.

Nous tous sommes témoins d’un bouleversement qui marque notre époque et frappe tous les secteurs de la vie. Evolution démographique, changement climatique, raréfac-tion des ressources et déplacements des lignes de force économiques en sont le moteur. Le changement global se

produit partout. Souvent, il déstabilise les gens, les pousse à la rue dans certains pays ou, dans d’autres, les attire dans des industries et des emplois qui n’existaient pas auparavant. Le changement global a de multiples facettes. Le présent Portrait 2012 a pour ambition de jeter un coup de projecteur sur certaines d’entre elles.

Trois scientifiques renommés partagent avec nous le regard qu’ils portent sur cette évolution radicale. Niall Fer-guson, l’historien écossais de l’économie, se montre très cri-tique à l’égard des manquements et des déficits de la société occidentale. L’économiste Jagdish Bhagwati est, depuis des années, un défenseur éloquent du changement global. Sans ce dernier, les pays émergents auraient nettement moins de chances et de possibilités de développement. Pour Jagdish Bhagwati, malgré le déplacement évident des forces d’Ouest en Est, il ne fait aucun doute que la croissance de la Chine et de l’Inde atteindra aussi ses limites. Il n’y a donc pas lieu de paniquer et d’avoir peur de ces deux géants asiatiques. Quant à Nina Buchmann, professeur à l’EPF de Zurich, elle décrit les énormes défis que le monde doit relever s’il veut nourrir tous ses habitants.

Le changement global influe sur les pays, les économies, les entreprises, les ménages, et par conséquent aussi et en particulier sur le monde de la finance. Aucun portefeuille ne peut y échapper. Il s’agit d’un facteur décisif qui intervient dans les décisions et les stratégies de placement. Tel est précisément le point où nous pouvons répondre aux attentes de nos clients. Car les spécialistes de la banque Vontobel analysent depuis longtemps ces développements dans la recherche, le conseil et le processus d’investissement. Ils éla-borent des stratégies et des solutions qui montrent comment tenir compte des grandes chances mais aussi des risques du changement global et de toutes ses implications dans la gestion de fortune. Les maîtres-mots sont alors tirer profit des chances et maîtriser les risques.

Chère lectrice, cher lecteur,

Dr Zeno StaubChief Executive Officer

Herbert J. ScheidtPrésident du Conseil d’administration

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Professeur Niall FergusonChangement global, comprendre le passé pour prévoir l’avenir.

Dr Zeno StaubNous devons nous libérer de l’eurocentrisme.

Professeur Jagdish BhagwatiLes peurs infondées de l’Occident face à l’Asie.

Christophe BernardChangement global, une tendance de fond qui impacte le portefeuille.

Professeur Nina BuchmannNourrir le monde entier reste un grand défi.

Christophe Grünig Protéger les avoirs, maîtriser les risques et profiter des chances.

Daniel BrudererLe portefeuille aussi subit le changement global.

Global Change infographiesUn monde en transformation.

Centrales marémotrices La nouvelle vague verte.

Georg von WattenwylLes produits structurés tirent parti du changement global.

Rajiv JainNous n’allons pas à la recherche de bonnes affaires.

La ferme verticale, des céréales sur un gratte-ciel.

Sabine DöbeliDurabilité veut dire prendre ses responsabilités.

«Natur konkret»,à la reconquête des alpages.

u-blox,idées suisses pour la planète.

Dr Hans Vontobel«Panta rhei.»

Sommaire

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Herbert J. Scheidtest, depuis 2011, Président du Conseil d’administration du Groupe Vontobel. De 2002 à 2011, il a dirigé l’entreprise en tant que Chief Executive Officer. Auparavant, il a occupé, durant deux décennies, différentes fonctions dirigeantes à la Deutsche Bank, à l’échelon international. Après sa maturité, Herbert J. Scheidt a fait des études commerciales, puis il a décroché un master en économie à l’Université du Sussex et un MBA de l’Université de New York.

Herbert J. ScheidtPrésident du Conseil d’administration Quel jugement les historiens et les économistes por-teront-ils un jour sur les événements actuels? La crise de la dette des pays de l’euro aura-t-elle signifié la fin de la mon-naie unique? Ou les conseillers économiques auront-ils vu dans ces soubresauts les prémisses d’une union budgétaire, voire politique, forte du noyau de l’Europe? Les gros pro-blèmes de politique intérieure et d’économie des Etats-Unis auront-ils été les signes avant-coureurs d’une accélération du déclin de l’Amérique, puissance mondiale? Ou la vitalité et l’aplomb de ce pays auront-ils seulement marqué une pause avant que celui-ci ne s’en sorte renforcé pour affronter de nouveau ce géant qu’est la Chine sur les plans politique et économique? En ce début d’année 2012, ces questions restent sans réponses. L’important est d’observer de près et d’analyser ce processus de transformation, sur fond de changement global.

«Too big to fail», ce slogan appliqué aux grands groupes bancaires a rythmé, et rythme ecore, la crise de la finance et de la dette. Mais en ces temps difficiles, comment le Groupe Vontobel, établissement financier suisse de taille moyenne et à l’actionnariat familial majoritaire, se comporte-t-il? Un regard sans complaisance nous conforte à plus d’un titre dans notre approche. D’une part, nous nous distinguons par une compréhension des valeurs traditionnelles, mais pas aux dépens de notre capacité d’innover et de pratiquer une poli-tique professionnelle de risque. D’autre part, la dimension de notre entreprise nous contraint à être proches du marché et de nous remettre sans cesse en question. Faisons-nous ce qui est juste, travaillons-nous dans l’intérêt de nos clients et de nos actionnaires? Dans notre façon de penser et d’agir, nous nous concentrons toujours sur l’être humain. Ce qui implique d’évoluer constamment dans un champ de tensions. Il faut que nous maintenions des traditions qui ont fait leurs preu-ves tout en étant ouverts au changement, fût-il global. Cette contradiction apparente, nous la vivons jour après jour. <

traditions,

changement.»

«Maintenir les

tout en étant

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ouverts au

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Professeur Niall Ferguson

Nous vivons aujourd’hui le comblement du grand fossé («The Great Divergence»), creusé il y a cinq cents ans entre l’Occident et le reste du monde.

Il y a trente-cinq ans, l’Allemand moyen était quinze fois plus riche que le Chinois moyen. Aujourd’hui, le rapport n’est plus que de trois à un. Dans les années 1980, la con-tribution de la Chine à la production économique mondiale n’était que de 2,2%, soit le tiers de la part de l’Allemagne. En 2016, cette contribution atteindra, selon le Fonds moné-taire international, 18% soit six fois celle de l’Allemagne. A cette date, la Chine devrait devenir la plus grande écono-mie du monde, dépassant même les puissants Etats-Unis en termes de parité du pouvoir d’achat. Alors que l’Ouest stagne, la Chine croît à un taux de 8 à 9%. La production industrielle de ce pays progresse de 15% en moyenne par an. Les investissements exprimés en dollars sont maintenant plus élevés en Chine qu’aux Etats-Unis. En 2010, la valeur des entrées en Bourse sur les marchés des ac-tions chinois représentait trois fois et demie celles réalisées à New York. D’après le Credit Suisse, un tiers de la population chinoise possède une fortune de 10 000 à 100 000 dollars environ. Plus de 17 millions de Chinois disposent d’avoirs supérieurs à 100 000 dollars. Il y a en Chine 800 000 mil-lionnaires et 65 milliardaires. Nous sommes témoins d’un extraordinaire renversement des fortunes économiques, qui marque la rupture d’une histoire vieille de près d’un demi-millénaire. Dans mon dernier livre «Civilization: The West and the Rest», j’explique qu’après l’an 1500, l’Ouest a, pour la première fois, rattrapé le reste du monde, Chine incluse,

et cela grâce à ce que j’appelle des applications tueuses («killer apps»):1. Concurrence: l’Europe était politiquement fragmentée

en un grand nombre de royaumes et de républiques qui étaient à leur tour subdivisés en corporations con-currentes, comprenant notamment les précurseurs des sociétés commerciales modernes.

2. Révolution scientifique: les principales découvertes du XVIIe siècle, que ce soit en mathématiques, astronomie, physique, chimie ou biologie, ont toutes été faites en Europe de l’Ouest.

3. Etat de droit et les formes représentatives de gouverne-ment: un système optimal d’ordre social et politique est né dans le monde anglophone. Il est basé sur les droits de la propriété privée et sur la représentation des pro-priétaires terriens dans les législatures élues.

4. Médecine moderne: la presque totalité des connais-sances et percées obtenues aux XIXe et XXe siècles dans le domaine de la santé et qui ont plus que doublé l’espérance de vie, ont été réalisées en Europe occiden-tale et en Amérique du Nord.

5. Société de consommation: la révolution industrielle s’est déroulée là où il existait à la fois une offre de technolo- gies favorisant la productivité et une demande de biens plus nombreux, de meilleure qualité et à moindre prix, à commencer par les vêtements en coton.

6. Ethique du travail: les Occidentaux ont été les premiers à combiner des modes de travail plus extensifs et plus intensifs avec une hausse du taux d’épargne, ce qui leur a permis d’accumuler durablement des capitaux.

Pendant des siècles, ces «killer apps» ont été monopoli-sées essentiellement par les Européens et leurs cousins d’Amérique du Nord et d’Australasie. Les Occidentaux ne sont pas seulement devenus plus riches que le reste du monde, ils ont également gagné en taille, en santé et en

Niall FergusonHistorien britannique, Niall Ferguson est professeur d’histoire et

d’économie à l’Université Harvard. Il est également associé au Minda de Gunzburg Center for European Studies à Harvard et enseigne

aux Universités d’Oxford et de Stanford.

Changement global, comprendre le passé pour prévoir l’avenir.

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longévité. Ce qui leur a aussi permis de détenir plus de pou-voir. En commençant par le Japon, les pays non occidentaux ont découvert l’un après l’autre comment télécharger ces applications. C’est ce qui explique la moitié du rattrapage que nous avons pu voir se réaliser au cours de notre vie, en particulier depuis la mise en œuvre, en 1978, des réformes économiques en Chine. L’autre moitié s’explique par la ten-dance de l’Ouest à oublier les secrets de sa propre réussite.Où en est l’éthique du travail, vous demandez-vous? Un employé de la Corée du Sud travaille en moyenne 40% de plus par an qu’un Américain. L’année scolaire y dure 220 jours, contre 180 aux Etats-Unis. La société de consomma-tion? Savez-vous que 26 des 30 plus grands centres commerciaux du monde se trouvent aujourd’hui dans les pays émergents, la plupart en Asie? Seuls trois sont aux Etats-Unis. La médecine moderne? Dans un domaine au moins, les Etats-Unis ont certainement encore une longueur d’avance. En effet, par rapport au produit intérieur brut, leurs dépenses de santé sont trois fois et demie plus élevées que celles de la Chine (et deux fois celles du Japon). Mais s’agissant de la santé publique, les résultats ne sont sûre-ment pas trois fois meilleurs.

L’Etat de droit? Nombreux sont les Américains à croire encore qu’ils possèdent le meilleur système juridique du monde, offrant la meilleure protection possible à leurs entreprises, investisseurs et consommateurs. Cette croyance est largement contredite par la dernière Executive Opinion Survey du World Economic Forum (WEF), qui recourt à seize critères pour mesurer l’efficacité d’un système juridique. Or, il est étonnant, mais méconnu, que dans quinze des seize domaines étudiés, les Etats-Unis soient notablement plus mal notés que Hongkong. De fait, les Etats-Unis ne font partie des vingt premiers que dans un seul cas, la protection des in-vestisseurs. Dans tous les autres, il est choquant de constater que sa réputation est lamentable. Certes, il est vrai que, dans la plupart des domaines mais pas dans tous, la Chine est à la traîne loin derrière les Etats-Unis. La seule consolation pour les législateurs et avocats américains est de savoir que de nombreux pays occidentaux, en particulier en Europe du Sud, affichent un score encore plus mauvais.

Qu’en est-il de la science? Les dernières statistiques de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle mon-trent une tendance continue, que j’avais déjà décrite dans mon livre «The West and the Rest». En termes de nombre de brevets accordés, le déclin de l’Occident est manifeste. Comme je l’avais prévu, la Chine a rattrapé l’Allemagne en 2009. A cet égard, l’enquête approfondie que mène, chaque année depuis plus de trente ans, le WEF sur la compétitivité mondiale est éloquente. Depuis 2004, année pour laquelle cette organisation a utilisé une nouvelle méthode de calcul, la compétitivité moyenne des Etats-Unis a baissé de 5,82 à 5,43, ce qui représente l’une des plus fortes diminution parmi les pays industrialisés, tandis que la Chine s’élevait de 4,29 à 4,90.

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«En dollars, la Chine investit aujourd’hui plus que les Etats-Unis.»

Travailleurs dans une usine textile en Chine.

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Nombre d’Américains continuent à être persuadés que l’avenir sera comme un iPhone, «designed in California» et «assembled in China». Mais ils se trompent. L’impérialisme occidental disparaîtra de notre temps. Et cela non seulement parce que le reste du monde a finalement compris comment télécharger les killer apps de l’Ouest. Cette disparition résulte aussi de l’incapacité de l’«homo occidentalis» de les mettre à jour ou de son choix de les effacer.

Certains commentateurs sont d’avis que nous sommes les témoins d’une compétition entre deux modèles institu-tionnels concurrents: le capitalisme de marché et le capita-lisme d’Etat. Dans son livre «The End of the Free Market», Ian Bremmer prétend que les régimes autoritaires autour de la planète ont «inventé quelque chose de nouveau: le capitalisme d’Etat». D’après Bremmer, celui-ci présente une menace sérieuse non seulement pour la liberté du marché mais encore pour la démocratie dans les pays émergents.

En réalité, la plupart des pays s’inscrivent dans une fourchette où le but et l’ampleur de l’intervention de l’Etat dans l’économie varient. Il ne s’agit pas de savoir qui de l’Etat ou du marché doit diriger. La véritable question est cel-le-ci: quels sont les pays qui disposent des meilleures lois et institutions permettant non seulement une croissance rapide mais aussi une distribution de ses fruits telle que les citoyens la considèrent comme équitable? Or cet aspect est tout aussi important. Il y a quarante ans, les pays occidentaux étaient les meilleurs à cet égard. Tant en ce qui concerne l’efficacité économique que l’équité sociale, les institutions occiden-tales étaient nettement supérieures. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Où dans le monde le rôle de l’Etat dans l’économie est-il le plus grand et où, le plus petit? Le FMI publie des données concernant l’investissement global de l’Etat en pourcentage du PIB. En Chine (2009), il se chiffrait à 23%, contre 28% il y a trente ans. Cette mesure place la Chine au 147e rang sur les 183 pays qui fournissent des données. Avec un investis-sement de l’Etat s’élevant à 48% du PIB, l’Allemagne figure à la 24e place. A 44%, les Etats-Unis se situent au 44e rang. On le voit, le capitalisme d’Etat est un phénomène euro- péen et non asiatique. Le Danemark, la France, la Finlande, la Belgique, la Suède, l’Autriche, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas, la Hongrie et le Portugal enregistrent tous des investisse-ments étatiques plus élevés, par rapport au PIB, que ceux de l’Allemagne. En affichant 58%, le Danemark investit deux fois plus que la Chine.

Les résultats sont les mêmes quand on examine la con-sommation gouvernementale, à savoir la part du PIB con-sacré à l’achat de biens et de services par le gouvernement. Dans ce cas également, les Européens sont en tête. Le Dane-mark (27%) est loin devant l’Allemagne (18%). Les Etats-Unis sont à 17%, et la Chine à 13%. Il existe un seul secteur dans lequel la Chine l’emporte sur les nations occidentales,

c’est celui du poids énorme de la formation brute de capital fixe par rapport au PIB. Selon des données fournies par la Banque mondiale, cette part a atteint, en 2008, 21% du PIB chinois et est ainsi la plus élevée au monde. Ce qui signifie que l’Etat joue toujours le rôle principal dans les investisse-ments en infrastructures. Les chiffres équivalents pour les pays industrialisés occidentaux ne valent même pas la peine d’en parler. A l’Ouest, les Etats sont dépensiers, empruntant pour consommer, mais de piètres investisseurs.

Si nous voulons comprendre l’évolution de la relation entre l’Etat et l’économie de nos jours, nous devons éviter les généralisations grossières concernant le «capitalisme d’Etat». Nous sommes maintenant tous des capitalistes d’Etat, et cela depuis plus d’un siècle. Depuis que la nation moderne a pris son essor au XIXe siècle et que l’«économiste national» allemand Adolph Wagner a formulé sa loi de la hausse des dépenses publiques. Cependant, il existe une myriade de formes de capitalisme d’Etat allant de l’autocratie éclairée de Singapour à la tyrannie disruptive du Zimbabwe, de l’Etat-providence du Danemark au paradis libertaire du Texas.

A notre époque, la compétition réelle ne se déroule pas entre une Chine au capitalisme étatique et une Amérique au capitalisme de marché, avec une Europe se situant quelque part entre les deux, mais au sein même de ces trois régions. En effet, nous nous battons tous pour trouver le juste équilibre entre institutions économiques, qui engendrent la prospérité, et institutions politiques, qui la réglementent et la redistribuent. Tandis que nous cherchons à tempérer la recherche de rente, c.-à-d. la «corruption» sous toutes ses formes qui tend à surgir à l’interface entre le secteur public et le secteur privé. <

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«Nous nous battons tous pour trouver le juste équilibre entre institutions économiques, qui engendrent la prospérité, et institutions politiques, qui la réglementent et la redistribuent.»

Niall Ferguson

Pont sur le port commercial, Hongkong, Chine

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Croissance du produit intérieur brut en 2010

En 2010, la croissance du produit intérieur brut a été trois fois plus forte en Chine qu’aux Etats-Unis.Source: Vontobel Research, 2012

Chine7640 USD

Brésil11 000 USD

Russie19 190 USD

Inde3550 USD

Revenu par habitant Revenu national brut par habitant en USD (converti au taux de change à parité de pouvoir d‘achat).Source: Banque mondiale, 2010 (GNI p.c. PPP)

10% Chine

9% Inde

8% Brésil

4% Allemagne, Japon, Russie

3% USA, Suisse

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Suisse 50 170 USD

USA 47 360 USD

Allemagne37 950 USD

Japon34 640 USD

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12 Vontobel Portrait 2012

Dr Zeno Staubest depuis 2011 CEO du Groupe Vontobel. Précédemment CFO de Vontobel, il dirige successivement Investment Banking et Asset Management. Il étudie l’économie à l’Université de St-Gall où il obtient son doctorat. Sa thèse, rédigée sous la direction du Prof. Dr Heinz Zimmermann, s’intitule «Gestion des risques complexes de taux d’intérêt à l’aide d’instruments dérivés: une application du concept de value-at-risk».

chances que de risques.»

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Dr Zeno StaubChief Executive Officer

Le monde change à une vitesse grandissante. Comment vivez-vous ce bouleversement mondial? Pendant longtemps, le monde a connu un développement linéaire, sta-ble et prévisible. Grâce essentiellement à la bipolarité des forces en présence à l’Est et à l’Ouest. On savait assez bien, en raison d’une situation claire, ce qui était juste d’un côté et faux de l’autre. Or, nous nous trouvons maintenant dans un système multipolaire ouvert. Lors de mes études, les économistes ont toujours fait la différence entre le risque et l’incertitude. Dans la pratique, j’avais de la peine à les suivre. Depuis, je ne comprends que trop cette distinction, parce qu’elle joue un grand rôle dans le monde actuel. Le risque est ce qui peut être suffisamment décrit et analysé à l’aide de modèles, de for-mules de distribution et d’attentes. Par contre, l’incertitude est ce que nous ne pouvons ni expliquer, ni évaluer, parce qu’elle se soustrait à toute paramétra-bilité.

Sommes-nous parvenus à la fin des certitudes? Oui, dans un certain sens. Il y a toujours eu des risques, mais ils étaient planifiables et maîtrisables. Les incerti-tudes qui s’amoncellent en ce moment plongent de nombreux acteurs de la politique, de l’économie et de la société

dans la perplexité. Gideon Rachman, Chief Foreign Affairs Columnist au Financial Times, a dit en substance ceci: les générations qui se sont suc-cédé depuis 1945 ont vécu dans un monde qui ne cessait de s’améliorer. L’économie ne connaissait que la hausse. A l’Ouest, nous devenions plus libres et plus prospères. La rupture s’est produite presque d’un jour à l’autre avec la crise financière de 2007/08.

A l’échelle mondiale, quels sont les principaux défis que les Etats et les sociétés doivent affronter? Je suis convaincu qu‘en Suisse nous devons nous libérer de l’eurocentrisme qui prédomine à l’heure actuelle. Nous n’éviterons pas de devoir penser et agir véritablement de manière globale. Le point zéro de l’histoire de l’Europe se situe au moment où les Grecs ont défait les Perses. C’était il y a environ 2500 ans. L’Ouest s’est alors imposé à l’Est émergent malgré l’énorme su-périorité de la puissance perse. Depuis ces événements décisifs, l’Occident a développé pas à pas sa suprématie.

Et nous voici arrivés de nouveau à un tournant? En effet, d’une certaine manière. Cette fois, l’Est – la Chine, l’Inde et d’autres Etats asiatiques émergents – n’ont plus besoin de guerroyer. La force économique leur suffit pour pénétrer dans le jeu mondial des grandes puissances et faire prévaloir

leurs propres intérêts partout où ils l’estiment important.

Nombreux sont ceux qui, en Europe en particulier, fustigent la mondialisation. Des voix s’élèvent-elles en sa faveur? Oui, souvent même. Surtout en Asie, où les avantages de la mondia-lisation sont évidents pour beaucoup. Ceux qui sont persuadés de l’utilité de la libre concurrence des idées comme des biens et des services sont des dé- fenseurs convaincus de la mondiali-sation. Car ils savent que celle-ci crée une accumulation de plus-values.

Et à l’Ouest, l’aurions-nous oublié?

Nous avons, à tout le moins, perdu de vue quelques éléments. La pros-périté actuelle de l’Occident n’a pas surgi en un jour. Elle a mis des siècles à se développer grâce à la domination économique de l’Ouest sur l’Est, mais elle souffre de deux maux. Le premier est d’avoir intégré trop de redistribu tion dans le système. Tant et si bien que nous avons commencé non seulement à bénéficier des fruits de la productivité, mais encore à nous attaquer à la substance-même. Le second mal est que nous subis-sons, en même temps, une profonde modification du rapport de force en faveur de l’Extrême-Orient et aux dépens de l’Occident. Pour nos éco-nomies, cette modification se traduit par un amenuisement des avantages concurrentiels.

Nous devons nous libérer de l’eurocentrisme.

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risques.»

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Dans quels domaines la suprématie de l’Occident disparaît-elle? Par exemple dans la technologie, l’innovation, la méthodologie et la science en général, au fond dans tous les domaines importants pour une écono-mie nationale. Si les pays et les régions en cours de rattrapage gagnent autant de terrain, c’est parce que leur main-d’œuvre manifeste une motivation qui s’est perdue depuis longtemps chez nous. Quand en Asie, des gens sont prêts à travailler pour un quart du sa-laire qui se pratique chez nous, à vivre sur un tout petit espace et à effectuer un trajet d’une à deux heures par jour entre leur domicile et le lieu de travail, il devient toujours plus difficile pour les Occidentaux de rester compétitifs.

Quels sont les principaux facteurs du développement de la prospérité? Si nous laissons les choses aller, nous ne pourrons pas conserver notre niveau de vie actuel. Nous devons adapter le carré formé par la démographie, l’endet - tement, la sécurité sociale et la compéti-

tivité de telle sorte que le système dans sa globalité retrouve la stabilité. Ce n’est qu’en agissant ainsi que nous pourrons renouer avec une croissance modérée et donner de réelles chances à ceux qui en sont aujourd’hui très éloignés.

Sur quels éléments agiriez-vous vous-même? De mon point de vue, il est im-pératif de réduire le déficit primaire, à ne pas confondre avec une simple diminution des dettes. Ce n’est qu’en prenant les déficits primaires à bras le corps que nous pourrons arrêter la spirale descendante. Il est important aussi d’améliorer la compétitivité. Ce qui signifie qu’à l’avenir, nous devrons travailler plus et plus durement. En

même temps, il convient de rationaliser les systèmes sociaux en les ramenant à leur fonction première. Se concentrer uniquement sur la réduction de la dette ne produira aucun résultat durable.

Le changement global offre-t-il des chances? Il est certain que le changement glo bal offre de nombreuses chances, même pour les investisseurs. C’est pour - quoi il restera sans aucun doute l’un des sujets majeurs au cours des années à venir. N’oublions pas que change-ment et rendement sont liés. En effet, des opportunités de placement ne se créent que là où des changements s’opèrent. C’est ce dont nous voulons tirer systématiquement profit.

Etes-vous optimiste s’agissant de l’impact du changement global pour la Suisse? La Suisse peut profiter du chan-gement global, pour autant que ses priorités soient justes. Qu’il s’agisse de la protection de la sphère privée

ou de la compétitivité. Notre situa-tion est particulière pour trois raisons. Premièrement, notre économie est très fortement tributaire des exportations. Deuxièmement, la Suisse affiche un niveau de vie très élevé, et, troisième-ment, nous sommes organisés, sur le plan politique, différemment des autres pays européens. Un avenir prospère nécessite donc une compétitivité sans compromis à l’échelle mondiale. Pour rester indépendants, nous devons être nettement meilleurs. Pour notre pays, il n’y a qu’une stratégie: aller de l’avant!

Depuis la crise financière de 2008, le secteur financier est en plein boule-versement. Comment le Groupe Vontobel affronte-t-il cette situation?

Notre maison est spécialisée dans la gestion de fortune et dans quel-ques activités choisies de banque d’investissement. La crise financière nous a conforté dans nos valeurs conservatrices. Mais elle nous a aussi fait comprendre que nous devions mieux cibler notre modèle d’affaires. Autrefois, les clients recherchaient simplement une banque helvétique. Aujourd’hui, ils attendent des services pointus répondant en tous points à leurs besoins. Différenciation, concen-tration et excellence dans toutes nos activités, tels sont les défis auxquels nous sommes confrontés.

Le «Swissness» ne joue-t-il plus aucun rôle? Le «Swissness» reste important et représente un moyen précieux de mar-quer notre différence dans le monde. Mais de nos jours elle est plutôt une utilité supplémentaire qu’un élément central. La compétence en matière de conseil et de placement ainsi que la qualité du produit et du service pri-ment et vont désormais de soi. Mais le «Swissness» subsiste en tant que syno-nyme de fiabilité, de sécurité juridique, de propre monnaie et de continuité en ce qui concerne le personnel.

Quelle place revient encore au secret bancaire, si tant est qu’il en ait encore une? Permettez-moi d’être clair à ce su-jet: la Suisse n’a pas supprimé le secret bancaire, comme le souhaiteraient de nombreux pays. Chez nous, et, ce qui est révélateur, en Asie également, nous tenons en haute estime des valeurs que les pays occidentaux n’apprécient plus. Je pense à l’expérience, à l’âge, à la famille, à la discrétion et à bien d’autres encore. Curieusement, ceux-là mêmes qui ont jeté ces valeurs aux orties sous nos latitudes, affirment que l’avenir appartient à l’Asie. N’est-ce pas contradictoire?

Vontobel veut intégrer le changement global dans le Private Banking tout au long de la chaîne de valeur. Qu’est-ce que cela signifie concrète-ment?

«Un avenir prospère nécessite une compétitivité sans compromis à l’échelle mondiale.»

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Ces dernières années, nous avons traversé, en tant que banque, une période difficile avec nos clients. Mais nous avons gagné de nouvelles connaissances et effectué une prise de conscience. Nous sommes au fait du rapport tendu entre l’Orient et l’Occident ainsi que de la pénurie des ressources qui en découle et de l’évolution démographique. Les chaînes de valeur raccourcissent et il n’est plus nécessaire de faire le détour par les pays du Nord. Ce sont précisé-ment ces transformations, poussées par le changement global, que nous avons intégrées, pas à pas, dans nos portefeuilles et aussi dans notre pro-cessus de conseil.

Comment vos clients peuvent-ils répliquer ce changement dans leur portefeuille? Nous considérons que notre tâche essentielle est non seulement de préserver les avoirs que les clients nous confient mais encore de les accroître si possible. Dès lors, l’horizon de placement saute souvent une généra-tion pour se situer dans un avenir plus lointain et cela, tant pour les particu-liers que pour les clients institutionnels. Autrefois, il était relativement facile de remplir ce mandat. Aujourd’hui, dans un monde multipolaire, c’est devenu beaucoup plus ardu. Le changement global fait partie de notre réponse. <

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«A l’avenir, nous devrons travailler plus et plus durement.»

Dr Zeno Staub

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Prof. Jagdish Bhagwati

Dans son célèbre poème «La ballade de l’Est et de l’Ouest», Rudyard Kipling a écrit: «L’Est est l’Est, et l’Ouest est l’Ouest, et jamais ils ne se rencontreront.» Dans l’intervalle, l’Inde et la Chine ont connu une profonde mutation éco-nomique et enregistrent depuis vingt-cinq ans des taux de croissance faramineux. La lutte sans merci à laquelle ces deux pays se livrent pour progresser n’est pas sans consé-quence sur les relations économiques et politiques entre l’Est et l’Ouest. De ce point de vue, les nations industrialisées occidentales et les marchés émergents d’Asie se sont déjà rencontrés depuis longtemps. Toutefois, l’ironie veut que si l’affirmation de Kipling est confirmée, son sens est inversé. En effet, le fossé entre l’Est et l’Ouest se creuse certes à nouveau, mais maintenant, le premier a nettement surpassé le second en réalisant une prouesse économique impression-nante. Cette évolution a forcément déclenché un vent de panique aux Etats-Unis. Car l’économie numéro un voit son hégémonie menacée par une République de Chine effra-yante, autoritaire et qui fait jouer ses muscles. En revanche, plus aimable et moins menaçante, l’Inde démocratique ne semble pas provoquer le même réflexe, même si en termes de taille et de population, ce pays est proche de la Chine. En outre, depuis les premières réformes de 1991, il enregistre comme elle des taux de croissance à deux chiffres.

La situation actuelle rappelle la reconstruction du Japon après la Seconde Guerre mondiale suivie de son essor ful-gurant à la fin des années 1980, quand ce pays a presque dépassé les Etats-Unis en tant que puissance économique. Ceux-ci ont été en proie à un découragement suscité par ce que j’ai appelé autrefois «la chute d’un géant». On était alors persuadé que le XXIe siècle serait placé sous la domination nipponne, comme le XIXe l’avait été sous l’Empire britannique et le XXe sous celle des Etats-Unis. Pourtant, la menace du Japon a disparu comme je l’avais prédit, dès que la bulle a explosé. Le pays a alors sombré dans une décennie de crise économique au cours de laquelle les taux de croissance sont tombés à un pour cent en moyenne par an.

Nombreux sont les observateurs du marché et les com-mentateurs des médias à déceler un nouveau danger dans la croissance continue de l’Inde et de la Chine. Ils prédi-sent notamment un transfert de puissance des Etats-Unis à la Chine, ce qui suscite de grandes peurs et des tensions

internationales. Il existe pourtant de nombreuses raisons qui s’opposent à la réalisation de ce scénario extrémiste. La plu-part des peurs que les deux géants asiatiques éveillent sont infondées. Je suis au contraire persuadé que l’Ouest pourra entretenir avec eux des relations commerciales aussi fruc-tueuses que celles qui les lient aux petites nations asiatiques.

Estimations plus réalistes de la croissance chinoise et indienne La Chine et l’Inde ne pourront pas maintenir éternelle-ment des taux de croissance aussi élevés, même si c’est pour des motifs différents. Les taux à deux chiffres de la Chine sont dus à une main-d’œuvre excédentaire et à une stratégie de développement axée sur les exportations. La plate - forme exportatrice constituée avant tout par les provinces du Guangdong a engendré jusqu’ici une gigantesque demande de main-d’œuvre qui a été satisfaite par la population locale. Là où il y a du travail, il y a de la croissance. Cependant, à la suite de la politique familiale de l’enfant unique et de la résorption de l’excédent de bras dans ces provinces, le travail se raréfie et les salaires augmentent. Le facteur travail en profite non parce que la croissance crée plus d’emplois, mais parce que les salaires progressent. Conséquence, la crois-sance sera freinée.

Il s’y ajoute des problèmes internes et externes dus à la politique autoritaire de la Chine. Sans la sécurité du droit, la liberté des médias, la démocratie et une société civile qui s’implique activement dans les destinées du pays, la décep-tion de la population chinoise qui aspire à bénéficier d’une plus grande part de la prospérité se traduira par des troubles sociaux. Qui plus est, le régime est imprévisible quant à ses orientations. Personne ne peut prédire qui sera le successeur politique de qui et quelles seront ses réponses aux exigences grandissantes de la société. Il y a des années, à la question de ce qu’il adviendrait de la Chine après la mort du chef de l’Etat, Padma Desai, experte indienne de l’URSS, a répondu: «Tout dépendra de celui qui de Mao Zedong ou de Chou En-Lai mourra le premier.» La direction actuelle du pays

Les peurs infondées de l’Occident face à l’Asie.

Jagdish BhagwatiEconomiste indien, Jagdish Bhagwati est professeur d’économie et de droit à l’Université de Columbia et directeur de recherche

aux Relations internationales économiques du Council for Foreign Relations à New York.

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acceptera-t-elle d’entrer en matière s’agissant des revendica-tions de la population ou assistera-t-on à un second massacre de Tian’anmen? En tel cas, nul ne peut prévoir les consé-quences pour l’économie. Quoi qu’il en soit, les prévisions de la croissance chinoise suscitent de nombreuses interrogations.

En outre, la manière autoritaire avec laquelle la Chine est dirigée mine ses propres perspectives de croissance. En effet, celle-là l’empêche de tirer profit de l’énorme potentiel de synergie et de croissance offert par les technologies de l’information. Les systèmes communistes les considèrent en effet essentiellement comme une menace pour leur contrôle omnipotent. PC (Personal Computer) et CP (Communist Party) ne sont pas compatibles.

De surcroît, la corruption prolifère au sein du parti com-muniste chinois, comme l’écrit en 2011 Richard McGregor, journaliste du Financial Times, dans son livre primé «The Party: The Secret World of China’s Communist Rulers». Les fonctionnaires du parti et leurs proches ont leurs doigts dans tous les pots de confiture. Il se pourrait en fin de compte que l’aversion pour la corruption, qui est déjà largement répandue en Chine, ébranle les fondements mêmes d’un sys-tème qui a autrefois tant contribué à la croissance économique. S’agissant des relations extérieures, le manque de démocratie et la répression de la liberté d’expression par le régime sont un chiffon rouge pour les organisations de défense des droits humains du monde entier. Dès lors, il se pourrait que les gouvernements occidentaux se trouvent mis sous pression par leur propre population pour restreindre les importations de Chine, affaiblissant ainsi sa position sur les marchés internationaux. Même si elle encourageait la consommation intérieure afin de réduire sa dépendance des exportations, la Chine resterait une nation exportatrice im-portante, qui souffrirait des entraves à ses intérêts commer-ciaux – notamment à ses exportations. Depuis longtemps, le Sénat américain n’a pas de termes assez forts pour critiquer la politique monétaire de la Chine. Plus important encore, les plaintes contre la Chine déposées dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’OMC. En juillet dernier, ce pays a subi une défaite dans le cas d’une procédure portant sur l’interdiction par la Chine de l’exportation de matières premières, en particulier de terres rares métallifères. Par ailleurs, sept fabricants actifs dans l’énergie solaire se sont regroupés afin de déposer une plainte anti-dumping auprès du gouvernement américain pour qu’il interdise l’importation de panneaux solaires chinois. Et ce n’est certainement pas la dernière. A coups de canif répétés et parfois de grandes manœuvres perturbatri-ces, les Etats tentent d’enrayer la machinerie exportatrice de la Chine afin de brider sa puissance économique.

Enfin, la Chine est confrontée au même problème qu’autrefois le Japon dans les années 1930. Celui-ci était un exportateur important de produits à fort coefficient de tra-

vail comme les lampes-tempêtes, les crayons et les textiles. Les fabricants étrangers se sentaient menacés par cette forte concurrence. Le Japon avait mauvaise réputation surtout à cause de ses «blouses à un dollar» et le monde entier s’inquiétait du «péril jaune». Alors que le Japon affichait une croissance rapide et promouvait agressivement ses marchandises sur le marché, les autres pays faisaient état des difficultés qu’ils rencontraient avec ce partenaire com-mercial peu commode. Le Japon était comme un Gulliver dans une économie lilliputienne. C’est exactement le cas de la Chine d’aujourd’hui. Ses taux de croissance démesurés et ses activités commerciales intenses font peur à la concur-rence. Mais contrairement au Japon des années trente qui ne jouait son rôle de rouleau-compresseur que dans des biens d’exportation spécifiquement nippons, la Chine importe d’énormes quantités de matières premières qu’elle soustrait aux industries des autres pays. D’une certaine manière, la Chine est donc un double Gulliver, dans les exportations mais aussi dans les importations. Pour maîtriser ce poids lourd, il faut mettre en œuvre des programmes d’adaptation, impliquant des changements dans l’industrie, tant à l’Ouest qu’à l’Est.

Pour sa part, l’Inde devrait avoir de la peine à ne serait-ce que s’approcher des taux de croissance à deux chiffres que la Chine a enregistrés ces dernières années. Si les struc-tures démocratiques de l’Inde sont un atout, elles sont aussi une faiblesse, car elles retardent une mise en œuvre des ré-formes qui est loin d’être terminée. Certes, il n’existe aucun danger que ces réformes, qui ont conduit à une accélération de la croissance et à une diminution de la pauvreté, soient remises en question. Cependant, on ne voit pas comment l’Inde pourrait engendrer de la croissance supplémentaire.

Les taux de croissance de l’Est ne sont pas une menace pour l’Ouest Quelle que soit leur évolution, les taux de croissance élevés de l’Inde et de la Chine ne constituent nullement une menace économique pour les Etats-Unis ou l’Union européenne. Dans ce contexte, j’aimerais corriger deux erreurs souvent entendues. La première est que l’Inde et la Chine connaîtraient, s’agissant de la dotation en facteurs de production, une croissance similaire à celle de l’Ouest dès qu’elles disposeraient de suffisamment de savoir-faire et de capitaux. Ces pays produiraient alors eux-mêmes les produits que l’Ouest fabrique et y exporte. La conséquence serait une chute des prix des exportations et une crise des économies occidentales.

Cet argument n’a plus cours. En effet, comme les pays se ressemblent toujours plus, ils fabriquent aussi toujours plus de produits semblables. Dès lors, le commerce ne vend plus des produits différents, mais des variations d’un même produit, un phénomène que l’on qualifie de «trade in va-riety», ou de commerce de la variété. Pour s’en persuader, il suffit de faire du lèche-vitrine dans la Madison Avenue

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à New York. On y voit combien le commerce de la variété règne de nos jours dans la branche de la mode masculine: Giorgio Armani, Calvin Klein, Kenzo, Pierre Cardin, Christian Dior et Ralph Lauren, tous côte à côte. Et aucun ne songe-rait à demander une protection. Mon élève Robert Feenstra et mon collègue David Weinstein ont calculé les bénéfices réalisés par le «trade in variety» – généralement dans le commerce entre pays industrialisés –, ils sont énormes.

Une seconde erreur concerne la délocalisation des services vers l’Inde, car cette évolution va dans les deux sens. En effet, si certains services sont délocalisés, d’autres sont internalisés, par exemple aux Etats-Unis. En outre, une entreprise qui externalise certaines fonctions adminis-tratives devient plus compétitive. Il se pourrait très bien que l’externalisation de 10 000 emplois assure la survie d’une entreprise comprenant 100 000 postes de travail. Par ailleurs, le coût élevé d’une prestation de service fournie aux Etats-Unis signifie que ce travail ne pourrait de toute façon plus y être effectué et que le poste serait supprimé, même si le système économique du pays était fermé et protégé. Comme les salaires pratiqués en Inde sont plus bas, cette prestation devient rentable et permet d’y créer l’emploi qui disparaît aux Etats-Unis. Prétendre que les entreprises américaines qui délocalisent sont cupides et de mauvaises citoyennes est complètement erroné.

Les craintes que l’essor de l’Est ne fasse sombrer l’Ouest sont pour le moins très exagérées et fausses dans le meilleur des cas. Saurons-nous les surmonter? Cette question de-meure. «La peur a de grands yeux», dit un proverbe russe, je crains qu’elle n’ait aussi les oreilles bouchées. <

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Louis Vuitton utilise des affiches géantes pour promouvoir le luxe à Shanghaï.

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«Comme les pays se ressemblent toujours plus, ils fabriquent aussi toujours plus de produits semblables.»

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Jagdish Bhagwati

«Je suis persuadé que l’Ouest pourra entretenir avec les deux géants économiques orientaux des relations commerciales aussi fructueuses pour les deux parties que celles qui les lient aux petites nations asiatiques.»

Mère et son enfant dans le terminal 3 de l’aéroport international de Pékin.

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au Japon depuis 1990, en Europe et aux Etats-Unis depuis 2010 et, selon des estimations, la Chine devrait se trouver dans cette situation en 2015. Dans la plupart des pays émer-gents, le marché du travail est certes encore alimenté par une population jeune, mais cela ne suffit pas à contrebalancer une structure des âges défavorable dans les nations industrialisées.

L’évolution démographique exerce une pression croissante sur les caisses de pension, qui ont été créées à une époque où les facteurs comme l’espérance de vie et les coûts de la vieilles -se étaient tout autres. Il est vrai que, après la crise de 2008, quelques pays ont commencé à réaménager leur système de prévoyance, mais d’autres réformes, impopulaires, sont nécessaires. C’est là une tâche difficile pour les démocraties dont le temps des cycles électoraux n’est pas identique à celui des réformes.

Placements à taux zéro sur le marché monétaire Les pays industrialisés ont poussé leur endettement à la limite du supportable – et certains, même au-delà. Ils ne sont donc pas en mesure d’augmenter encore plus les dépenses de l’Etat pour amortir une baisse conjoncturelle. En ramenant leurs taux d’intérêt à près de zéro, les banques centrales des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, du Japon et de l’Union européenne ont tenté d’atténuer les conséquences de la crise de 2008. Quand cela n’a plus suffi, elles ont eu recours à des mesures non conventionnelles de politique monétaire, comme l’assouplissement quantitatif («quantitative easing») ou des opération de refinancement à long terme en faveur des banques. Mais ayant ainsi brûlé toutes leurs cartouches, elles se sont privées, en partie ou totalement, de la possibilité de réagir en cas de chocs externes, telle qu’une flambée des prix du pétrole. Les analyses de scénarios et la composition de portefeuille doivent tenir compte des cycles conjoncturels en intégrant désormais des durées plus courtes et une volati-lité plus grande. A l’avenir, des stratégies «buy and hold» n’auront plus guère de succès.

Quelle peut être la valeur de l’épargne quand, dans un avenir prévisible, les taux à court terme tendent vers zéro? Quelle est l’attractivité des obligations d’Etat à long terme

Christophe BernardStratège en chef du Groupe Vontobel

A une époque où les taux d’intérêt sont bas, la volatilité est grande et les corrélations entre les classes d’actifs sont fortes, il est très important d’être au clair sur les moteurs du changement global. Pour que ses rendements soient stables et positifs, un portefeuille doit tirer parti des tendances qui se dessinent dans le monde entier.

Il est compréhensible que règne une certaine nostalgie de l’«âge d’or des placements» des années 1982 à 2007, quand les rendements des marchés des actions, des obligations et de l’immobilier étaient nettement supérieurs au taux d’inflation. Caractérisée par la mondialisation, la stabilité de l’économie, l’acceptation grandissante du capitalisme et les bénéfices re-cords des entreprises, cette période a connu une fin abrupte en 2008. Les facteurs qui ont permis à cette tendance de fond de se développer sont finalement tombés en déliquescence.

Le plus frappant dans ce boom qui aura duré vingt-cinq ans a été la stabilité de l’économie. Parce que la mondialisation a eu un effet anti-inflationniste, les banques centrales pouvaient à loisir stimuler l’économie sans compromettre la lutte contre l’inflation. Lorsqu’en 2000, la bulle Internet a éclaté, la Banque fédérale américaine, la Fed, a immédiatement abaissé son taux directeur afin de prévenir une plongée dans la récession. Ce faisant, elle a jeté les bases de la formation d’une bulle sur les marchés de l’immobilier et du crédit. Une spirale ascen-dante s’est alors déclenchée qui a amené l’endettement à des sommets. Celui-ci a, à son tour, lissé le cycle conjonc turel, en soutenant la croissance de manière artificielle. C’est pour-quoi, les Etats-Unis n’ont connu que seize mois de récession en vingt-cinq ans, soit quelque 5% de cette période contre 35% pour la période comprise entre 1854 et 1982.

Facteurs démographiques défavorables En matière de placements, la demande est étroitement liée au rapport entre les personnes actives et celles qui n’ont plus d’activité. Dans les pays industrialisés, la part des actifs ne cesse de diminuer comparée à celle des retraités. C’est le cas

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Changement global, une tendance de fond qui impacte le portefeuille.

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Christophe Bernardest Stratège en chef du Groupe Vontobel. En qualité

de président du Comité de placement, il est res- ponsable de la stratégie de placement de la banque.

Christophe Bernard possède une expérience de 20 ans en matière d’investissements, acquise, entre autres, en tant que Chief Investment Officer auprès

de l’Union Bancaire Privée à Genève et de Deutsche Asset Management à Francfort.

offrant un rendement inférieur à 2% lorsque l’inflation atteint 2%, voire plus, et que les banques centrales pratiquent une politique qui pourrait en fin de comp-te générer de l’inflation? La situation actu-elle représente une menace fondamentale pour la préservation de la fortune. Quant à l’accroissement de cette dernière sur une base réelle, n’en parlons pas.

La dynamique de l’économie se dé-place vers l’Asie, qui se comporte comme une locomotive représentant les deux tiers de la croissance économique mondiale. Une augmentation de la population et une élévation du niveau de vie conduisent à une hausse de la consommation des matières premières, alors que leur offre reste tendue. La prise en compte des tendances de ce type crée les conditions favorisant des rendements positifs, mais à elle seule, elle ne suffit pas. Il convient d’évaluer quels sont les agents écono-miques qui seront les véritables bénéfi-ciaires de l’envolée des prix des matières premières. Selon les circonstances, ce ne sont pas les entreprises qui les ex-traient, mais les fabricants d’équipement d’extraction ou les pays qui modifient leur système fiscal de manière à s’assurer une part plus grande de cette manne.

Notre approche Vontobel est une banque privée indépendante opérant dans le monde entier et, à ce titre, elle se doit de penser et d’agir en toute indépendance. Ce faisant, elle s’efforce con-stamment de soutenir ses clients privés ou institutionnels de sorte qu’ils réalisent leurs objectifs. Sur cette toile de fond, la banque fait intervenir ses spécialistes pour repérer les tendan-ces prometteuses de manière à les transcrire dans les porte-feuilles de ses clients. Dans le contexte actuel, les défis qu’il convient de relever exigent plus qu’un mix de placements et qu’une construction de portefeuille «classiques». <

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«La nostalgie de l’âge d’or des placements

est compréhensible.»

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Prof. Nina Buchmann

Changement global, alimentation mondiale, sécurité alimentaire. Trois notions dont les médias parlent tou - jours plus fréquemment. Mais que cachent-ils exactement? Y a-t-il des dépendances qui n’apparaissent qu’au deuxième coup d’œil? Toujours est-il que trois composants du changement global – changement climatique anthro-pogène, modification de l’utilisation des terres agricoles et perte de diversité biologique – ont un impact direct sur la production agricole et, partant, sur l’alimentation mondiale.

Comment les trois composants agissent Le changement climatique anthropogène, c.-à-d. provoqué par les êtres humains, se traduit par une hausse des températures, par des modifications des précipitations et par un accroissement des catastrophes naturelles, comme la sécheresse, de fortes pluies ou des inondations. Ces événements entravent la crois-sance des plantes, favorisent l’extension des nuisibles et des maladies et détruisent les récoltes. Le changement d’affectation des terres intervient, lui, à un stade plus précoce, celui des surfaces disponibles pour l’agriculture. La tendance actuelle à l’urbanisation, étroitement liée à la croissance continue de la population mondiale, exige d’étendre constamment les surfaces dédiées à la produc-tion agricole et/ou d’accroître la productivité des sols existants, souvent dégradés. Tels sont les immenses défis que l’agriculture doit relever. De surcroît, une nou-velle concurrence a émergé, ces dernières années, pour l’utilisation des terres agricoles: faut-il les cultiver pour produire des aliments ou de l’énergie?

En même temps, nous observons une perte inquié - tante de diversité biologique. Or, celle-ci est le fondement de nombreuses prestations que les écosystèmes nous fournissent. Ce sont elles qui nous permettent de pratiquer aujourd’hui le négoce, par exemple de bois ou de produits agricoles. S’agissant d’autres prestations, la valeur de la biodiversité n’apparaîtra qu’à l’avenir, lorsque ses prestations serviront à fabriquer des produits médicaux ou pharmaceu-tiques. D’autres prestations encore ne sont guère perçues, telles que le recyclage des nutriments par des organismes vi-vant dans le sol, la prévention des inondations et des avalan-ches ou le contrôle des nuisibles. Toutes ces prestations sont indispensables à la production alimentaire, ce que le public ignore très souvent. Cette ignorance est due en partie au fait que les conséquences, à l’échelle mondiale, de la perte de biodiversité et des services que celle-ci nous rend sont difficiles à appréhender en termes monétaires. Les premières extrapolations ont été faites il y a une quinzaine d’années; elles sont arrivées à la conclusion que les prestations des éco-systèmes – même si les estimations sont empreintes d’une grande incertitude – représentent un multiple du produit intérieur brut mondial!

En ce qui concerne l’alimentation mondiale, une autre tendance est perturbante. En effet, la majorité de notre nourriture repose sur un petit nombre de plantes comes-tibles, comme le maïs, le riz et le blé. Il ne fait aucun doute que cette évolution va dans la mauvaise direction, car ce faisant nous n’utilisons pas la diversité biologique disponible.

Les trois composants du changement global interagis-sent entre eux. Jusqu’à présent, les pertes de biodiversité

Nina Buchmanndirige le centre de compétences Système d’alimentation mondiale à l’EPF

Zurich et est professeur pour les sciences des herbages à l’Institut des sciences de l’Agriculture (Institut für Agrarwissenschaften). Avant d’être

appelée à Zurich, elle a dirigé son propre groupe de recherche à l’Institut Max-Planck pour la Biogéochimie à Iéna (Allemagne).

Nourrir le monde entier reste un grand défi.

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«Faut-il cultiver des plantes pour produire des aliments ou de l’énergie?»

Récolte de céréales à Jamestown, Dakota du Nord, USA.

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résultaient principalement des modifications de l’utilisation du sol et non de l’évolution du climat. Mais la littérature scientifique fait de plus en plus le lien entre la disparition des espèces et le changement climatique en tant que facteur principal. Comme les organismes ne sont pas capables de s’adapter suffisamment rapidement à l’évolution de leurs conditions de vie, les deux composants du changement d’utilisation des sols et de celui du climat se renforcent réci-proquement.

Les quatre piliers de la sécurité alimentaire Comment assurer la sécurité alimentaire à l’avenir? Telle est l’urgence actuelle. Comment allons-nous garantir de la nourriture en quantité suffisante pour une population mondiale croissante, dont les habitudes de consommation changent en même temps que les conditions environnemen-tales. D’ici à 2050, la production alimentaire doit augmenter de 50% pour suivre le rythme de croissance prévu de la population mondiale.

Pour mieux comprendre les enjeux, il convient d’observer de plus près les quatre piliers de la sécurité alimentaire. Le premier concerne la disponibilité des produits alimentaires, c.-à-d. surtout ce que l’agriculture produit et que l’industrie de l’alimentation transforme. Le deuxième pilier décrit l’accès des populations aux aliments, ce qui implique la distribution et le transport. Le troisième a trait à la possibilité des popula-tions d’utiliser effectivement la nourri-ture disponible, sans en être empêchées par la maladie et les conditions d’hygiène. Le quatrième pilier est la stabilité. Il s’agit de la continuité dans la mise à disposition de produits alimentaires, malgré la grande variabilité des facteurs environnementaux et des influences politiques et économiques. Ces quatre piliers sont interdépendants et soumis aux aléas des trois composants précités du changement global. Ce qui rend encore plus dif fi-cile la mise en œuvre de solutions propres à assurer la sécu-rité alimentaire, même sans tenir compte de la répartition des produits alimentaires, ni de la gouvernance politique.

Le temps devient toujours plus court Parmi les principales solutions ou approches, il y a l’utili - sation durable des ressources naturelles. Celles-ci com-prennent le sol, l’eau, la biodiversité et l’énergie ainsi que des méthodes ménageant les ressources pour produire et trans-former les produits alimentaires. Nous devons nous demander quelle forme prendra la production agricole du futur, où elle se déroulera et quel rôle la transformation peut ou doit jouer. Songeons aux aliments enrichis (fortified food) ou aux aliments personnalisés (personalized food), afin d’accroître leur qualité ou de tenir compte de problèmes de santé.

Trouver des réponses à ces questions devient urgent. Car développer des plantes résistantes à la sécheresse, pour ne citer qu’un seul exemple, prend plusieurs années, voire des décennies. Il en va de même de la diffusion de pratiques intelligentes de culture. Revaloriser des sols dégradés, de-

venus peu fertiles ou incapables de retenir l’eau, prend des décennies, ou même des siècles.

C’est ici et maintenant qu’il faut agir afin d’être prêts pour après-demain. Pour autant, nous ne devons pas ignorer non plus les perspectives politiques et socio-économiques. Car pour garantir une répartition adéquate et équitable des produits alimentaires, il faut des structures et des conditions-cadre appropriées sur les plan politique et économique. Si des Etats faibles ou fragiles sont rarement en mesure de sou-tenir la mise en place en place de solutions, ils sont souvent suffisamment forts pour s’y opposer.

Les défis posés à la société mondiale Dans l’optique des sciences naturelles, nous devons nous concentrer sur une intensification durable de l’agriculture. Tirant parti de nos expériences passées, voici ce que nous devrons accomplir: gérer les ressources de manière plus effi-cace à l’avenir. Ce qui signifie éviter la dégradation des sols et utiliser la vaste palette de méthodes et d’instruments qui existent aujourd’hui déjà. Développer des approches inter-disciplinaires et considérer les systèmes de production agri-cole comme un système intégré, afin d’optimiser en même temps l’utilisation des différentes ressources. Travailler, sur le plan spatial, de façon beaucoup plus explicite que jusqu’ici, afin de développer des méthodes différentes de gestion des ressources pour différentes régions. Il faudrait parvenir, par exemple, à employer l’eau avec plus d’efficacité ou augmen-ter durablement la fertilité des sols. Ouvrir de nouvelles voies et tirer profit des avantages fonctionnels de la biodiversité pour obtenir que la production soit à la fois intensive et durable. Cette approche est d’autant plus urgente que les connaissances traditionnelles ne suffiront plus à l’avenir pour pouvoir réagir correctement aux bouleversements futurs de l’environnement. Enfin, faire en sorte que toutes les parties prenantes participent à cet effort, du petit paysan à l’agro-industrie moderne. Les problèmes à résoudre sont trop grands pour que nous puissions renoncer ne serait-ce qu’à une seule expérience. <

Vontobel Portrait 2012 27

Page 30: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

«D’ici à 2050, la production alimentaire doit augmenter de 50% pour suivre le rythme de croissance prévu de la population mondiale.»Nina Buchmann

Paysannes dans une rizière, Akhori, Unnao, Inde.

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La Chine est le plus grand producteur de riz La production mondiale de riz se chiffre à 456 millions de tonnes; la Chine en produit 29,9%.Source: The Economist, 2009/2012

USA

165

Céréales brutes 13%

Inde

211

Huiles végétales

15%

Chine

516

Canne à sucre

30%

Les trois plus gros producteurs agricoles En mrd USDSource: The Economist,

2009/2012

La surface agricole rétréci Dans le monde entier, la surface agricole utile par habitant (en hectares) se réduit.Source: FAO, 2011

Biocarburants issus de produits agricoles Parts des produits agricoles utilisés pour les biocarburants d’ici à 2020 dans le monde entier.Source: OECD-FAO Agricultural Outlook, 2011

29,9%

Chine 136,6 mio. t

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56 m

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1970: 0,38 ha

2000: 0,23 ha

2050: 0,15 ha

Page 32: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

«Investir intelligemment signifie épuiser les potentiels de

rendement.»

Christophe GrünigResponsable Gestion de fortune à Private Banking

Nous sommes tous témoins de notre époque et, en tant que tels, nous percevons l’accélération grandissante du changement global. En ce qui concerne les marchés financiers, cela signifie qu’in-vestir sera à l’avenir encore plus difficile qu’aujourd’hui. Comment nous, gérants de fortune, devons nous affronter ces bouleversements? Qu’implique ce changement global pour nos clients et partenaires?

Dans cette situation, une bonne gestion des risques et une réelle pro-tection du patrimoine sont la première des priorités. Pour les assurer, il faut re-connaître à temps les sources de risque et les éviter. Pour nous, investir intel-

ligemment signifie épuiser de manière ciblée les potentiels de rendement existant sur le marché, tout en tenant compte d’un risque calculé et contrôlé. En outre, pour égaliser les variations de la valeur, il est nécessaire de répartir les avoirs sur plusieurs classes d’actifs.

La seconde priorité consiste à repérer et à tirer rapide-ment profit des chances réelles que les processus de change-ment offrent aux investisseurs. Telles que le déplacement du centre de gravité économique d’Ouest en Est. De surcroît, nos spécialistes observent attentivement les mutations qui sont d’une grande importance pour les placements futurs. Ce sont les phénomènes accompagnant la transformation démo-graphique avec tout ce que celle-ci implique pour la société, ou encore les cycles de la technologie et de l’innovation, le changement climatique ou la raréfaction des ressources.Nos clients peuvent être sûrs que, dans la gestion de fortune, nous analysons jour après jour les évolutions esquissées ci-dessus et procédons aux adaptations nécessaires en les axant sur les opportunités qui se présentent. Notre objectif suprême consiste toujours à exploiter au maximum les rendements en puissance des valeurs patrimoniales qui nous sont confiées. <

Christophe Grünigdirige le secteur Wealth Management du Groupe

Vontobel et est membre du Comité de placement. Auparavant, Christophe Grünig a été, pendant dix ans, CIO de Harcourt Investment Consulting AG, spécialisé

dans les placements alternatifs.

30 Vontobel Portrait 2012

Protéger les avoirs, maîtriser les risques et profiter des chances...

Page 33: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

«Nous misons sur des entreprises de premier ordre respectant des normes élevées.»

Daniel BrudererResponsable Product Sales Global Change Investing chez Asset Management

Comment tirer parti des opportuni-tés de placement liées au changement global? Tout simplement en construisant un portefeuille d’entreprises dotées d’un modèle d’affaires prometteur qui intègre également des critères de durabilité. Une partie grandissante de la population mondiale accède à des revenus suffisants pour demander toujours plus de biens de consommation et de services, tandis que l’offre de ressources se raréfie. Satisfaire l’excédent de la demande grâce à des technologies et approches innovantes est une chose, mais l’objectif doit être aujourd’hui clairement de diminuer dura-blement l’impact des activités humaines sur l’environnement. Cette prise de cons-cience se diffuse heureusement toujours plus largement dans l’Etat et l’économie.

Le domaine Global Change Investing au sein d’Asset Management du Groupe Vontobel repose sur deux approches fondamentales, fondées l’une sur des thèmes et l’autre, sur des régions. S’agissant des stratégies thématiques, telles que Clean Tech, New Power et Future Resources, nous nous con-centrons sur des entreprises qui contribuent à remplacer les énergies fossiles en tant qu’énergies primaires, à développer de nouvelles technologies environnementales ou à produire des ressources de manière plus efficiente.

En ce qui concerne les stratégies de durabilité abordées sous l’angle des régions, comme International Equity, Swiss Equity ou Emerging Markets Equity – cette dernière étant d’ailleurs l’une des rares stratégies permettant des placements dans les pays émergents dans l’optique de la durabilité – nous misons sur des entreprises de premier ordre présentant un grand potentiel en termes de revenus et de cours et qui satis-font en même temps à des normes élevées dans les secteurs de l’environnement, du social et de la gestion d’entreprise. Dans le processus de sélection, nous nous appuyons sur notre propre évaluation de durabilité, qui, à la Bank Vontobel, est mise sur pied d’égalité avec l’analyse financière. <

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Daniel Brudererdirige, chez Vontobel, le domaine Product Sales Global Change Investing. Depuis plusieurs années, il s’occupe de placements financiers durables, précédemment auprès d’une entreprise suisse pionnière de la durabilité dans les investissements.

...car le portefeuille aussi subit le changement global.

Page 34: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

32 Vontobel Portrait 2012

Un monde en transformation. La planète sera-t-elle encore bleue dans cinquante ans? Les êtres humains sont toujours plusnombreux à se partager des ressources qui ne sont pas inépuisables. L’espérance de vie augmente, et avec elle, la consommation d’énergie. Les énergies fossiles, en particulier le charbon, seront encore plus utilisées que jusqu’à présent, ce qui aura des conséquences sur le climat mondial. Chiffres et prévisions sur le monde de demain.

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Même s’il était possible de maintenir la consommation énergétique au niveau de 2000, la Terre se réchauf-ferait de 0,6°C environ. Cependant, selon toute probabilité, ce réchauf-fement devrait atteindre 2°C. Source: IPCC (Intergovern-

mental Panel on Climate

Change), 2007

en maintenant les émissions au niveau de l’année 2000

+ 0,6 ºC

en consommant des énergies fossiles

+ 4,0 ºCRéchauffement de la Terre jusqu’en 2090 (en °C)

Population mondiale 2000–2050 (en millions)

en consommant des énergies non fossiles

+ 2,4 ºC

Asie

Europe

Amérique du Sud

Amérique du Nord

Afrique

2050 263

2030 210

2020 199

2010 1442000 97

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88 20

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2020

133

2030

134

2040

124

2050

108

2040 246

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7

2000 28 2010 31

2020 34

2030 36

2040 38

2050 43

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2020 186

2030 179

2040 160

2050 141

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27 2040

18 20309 20202 20100 2000

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0 2010

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Gaz Pétrole Charbon Nucléaire Biomasse Solaire Eolien

Fortune mondialeen billions de dollars

Un billion: 1 000 000 000 000

Part des pays émergents en %Source: McKinsey Institute, 2011

2020

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La population mondiale croîtra de sept milliards aujourd’hui à quelque neuf milliards d’individus en 2050. La croissance de loin plus forte aura lieu en Afrique. Les Nations Unies estiment que la population mondiale atteindra 10,1 milliards d’habitants en 2100. Cette année-là, un quart d’entre eux seront âgés de plus de soixante-cinq ans.Source: Nations Unies, World Population Prospects, 2011

Consommation énergétique mondiale 2000–2050, en exajoule1 exajoule = 1 trillion de joules = 1 000 000 000 000 000 000 joulesSource: Shell, 2008

Les cinq pays les plus peuplés du monde, 1950 –2050

(en millions d’habitants)Source: Nations Unies, 2010

1950 2000 2050Chine 555Inde 358USA 158Russie 103 Japon 84

Chine 1275Inde 1017USA 285Indonésie 212Brésil 172

Inde 1531Chine 1395USA 409Pakistan 349Indonésie 294

Page 36: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

Depuis toujours, les hommes sont impressionnés par la violence et la puissance de l’océan. Celui-ci frappe les falaises avec une force déchaînée, les vagues qui ont pris naissance loin dans l’Atlantique s’élancent à l’assaut du ciel. Ces allers et retours sans fin ont donné aux spécialistes l’idée de tirer parti du mouvement des vagues pour produire de l’énergie. Les pre-mières centrales en exploitation sont un succès commercial. Tel est le cas de la centrale marémotrice située à Mutriku, une petite ville du pays basque espagnol, raccordée au réseau électrique depuis juillet 2011. Un énor-mebriselames capte les vagues puis force l’eau à traverser seize turbines, Cette centrale devrait produire plus de 600 MWh par an, alimentant ainsi environ 250 ménages en électricité.

La technologie employée à Mutriku est celle de la «colonne d’eau oscil-lante», mais il existe encore d’autres méthodes pour récupérer l’énergie de

la mer, Pelamis, par exemple. Il s’agit d’un serpent métallique long de 180 m et pesant 1300 tonnes qui, par le biais d’un système de vérins hydrauliques, transmet le mouvement des vagues à des générateurs. En revanche, le con-cept développé par l’entreprise suédoi-se Minesto en est encore au stade des études. Composés d’une aile et d’une turbine, ces dispositifs, qui ressemblent à des cerfs-volants, sont attachés au bout d’un câble ancré au fond de la mer. Un rotor transforme l’énergie des marées en électricité.

Depuis 1967 déjà, l’usine marémo-trice de la Rance utilise la différence de niveau des marées pour produire du courant. Ce type de centrale né-cessite la construction de digues qui ferment complètement une baie ou l’embouchure d’un fleuve, causant des ravages à la nature. Recourant également à l’énergie considérable des flux et reflux de la mer, les turbines sous-marines dites hydroliennes, par

analogie aux éoliennes, fournissent une bien meilleure solution.

Il existe quantité de concepts innovants pour capter l’énergie des vagues et de la mer. Mais tous sont confrontés au même problème: com-ment acheminer le courant jusqu’à l’utilisateur lointain. Pour le résoudre, on étudie actuellement la possibilité de combiner hydroliennes et éoliennes pour les raccorder aux mêmes câbles qui transportent l’électricité à terre.

Une mer pleine d’énergie L’utilisation de l’énergie maritime en est encore balbutiante, mais son potentiel est considérable. Le Conseil mondial de l’énergie estime que la mer pourrait couvrir à l’avenir jusqu’à 15% des besoins d’électricité dans le monde. Quant à lui, le Conseil mondial du climat parle même de 30%. <

voithhydro.com, pelamiswave.com,minesto.com

Centrales marémotrices, la nouvelle vague verte.

34 Vontobel Portrait 2012

Jour et nuit, la mer fait rouler ses vagues dans un mouvement constant qui fascine depuis toujours les êtres humains. Mais ce n’est que maintenant qu’ils commencent à les utiliser pour produire de l’électricité. Les premières centrales sont déjà en exploitation, fournissant une énergie renouvelable.

Centrale marémotrice de Limpet dans l’île Islay, Hébrides. Comme Mutriku en Espagne, Limpet utilise la «colonne d’eau oscillante» pour produire de l’énergie.

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Pelamis Wave Power d’Edimbourg fabrique des «serpents» métalliques flottants pour capter l’énergie des vagues. Ici devant l’île Orkney (grande photo et en bas à droite).

L’entreprise danoise Minesto a une idée originale pour utiliser l’énergie de la mer.

Voith Hydro construit des centra-les marémotrices qui ressemblent à des centrales éoliennes.

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Georg von WattenwylResponsable Financial Products, Advisory & Distribution au sein d’Investment Banking

Changement climatique, pénurie des ressources, gou-vernement d’entreprise, ce sont des thèmes dans lesquels la Bank Vontobel assume ses responsabilités en proposant des solutions durables dans le secteur des produits structurés. Ceux-ci permettent de se diversifier en investissant dans un panier d’entreprises particulièrement bien placées dans un domaine spécialisé. Qui plus est, l’investisseur choisit la monnaie dans laquelle il veut investir. Fournisseur leader de produits à thème, nous détectons en permanence les tendances prometteuses et proposons des solutions de placement adéquates. Car les produits structurés sont des modules qui peuvent être axés, de manière optimale, sur des investissements durables par thème.

Grâce à leur souplesse et à la brièveté du délai de mise sur le marché, les produits structurés offrent de bonnes solutions de placement pour les particuliers. Qu’il s’agisse en l’occurrence de substituts pour des actions, des obligations ou d’autres classes d’actifs ne joue aucun rôle. Vontobel met à la disposition des investisseurs professionnels et des gérants de fortune sa plateforme électronique de négoce deritrade® qui leur permet de composer un produit structuré pour leurs clients. L’univers de placement contient plus de sept cents valeurs de base et un grand nombre de devises au choix. Il s’y ajoute un marché secondaire fonctionnant parfaitement et une grande solidité, laquelle est d’une im-portance capitale pour ces produits.

Outre une gamme de produits de grande qualité, Vontobel possède une grande capacité d’innovation et offre un service de premier ordre. Quelles que soient les condi-tions du marché, notre équipe internationale comprenant plus de 70 spécialistes est déterminée à ce que nous puissions développer encore notre position de force dans ce domaine. <

36 Vontobel Portrait 2012

Georg von Wattenwyldirige chez Vontobel le secteur Financial Products,

Advisory & Distribution au sein d’Investment Banking. Depuis 12 ans, il conseille clients et partenaires pour

tout ce qui concerne les produits structurés.

«Une palette de produits innovants et une grande stabilité font toute la différence.»

Les produits structurés tirent parti du changement global.

Page 39: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

Vontobel Portrait 2012 37

Rajiv JainResponsable Actions International Value

La crise de la dette de nombreux Etats pointe des pro-blèmes structurels profonds. Ramener leurs économies sur la voie d’un développement durable nécessite de prendre des décisions politiques douloureuses. En ces temps d’incertitude, les investisseurs ont avantage à revenir aux actions de pre-mier ordre, mais cela équivaut, il est vrai, à chercher une aiguille dans une botte de foin.

Le modèle dit de la «valeur», une spécialité du Groupe Vontobel, se résume en une phrase: «Une croissance de grande qualité à un prix raisonnable». Mais nous ne sommes pas pour autant à la recherche de bonnes affaires, ce serait trop simplificateur. Il s’agit plutôt de rechercher les titres des entreprises qui se distinguent par la stabilité de leurs reve-nus à un haut niveau à travers tout le cycle conjoncturel. Ce faisant, nous mettons l’accent sur un rendement élevé des fonds propres et sur un endettement faible. Contrairement à de nombreux investisseurs qui fondent leur décision sur des évaluations à court terme en faisant une fixation sur le rapport cours-bénéfice, nous avons constaté que les marchés mésestiment souvent une croissance régulière. Il en découle des opportunités qu’il s’agit de repérer et de mettre à profit. En outre, les corrections des marchés, que nous connaissons actuellement, créent des occasions favorables aux achats.

Obnubilés par la volatilité des marchés, la plupart des investisseurs ne voient pas les perles qui s’y cachent. C’est ainsi qu’ils méconnaissent le fait que l’indice des actions du Mexique a progressé, ces cinq dernières années, de 10% en moyenne par an, quand bien même le PIB du pays n’a augmenté que de moins de 2%. Les entreprises qui profi-tent de la demande persistante des pays émergents offrent d’excellentes perspectives de croissance pour les années à venir. En Amérique latine, le Brésil, pour citer un exemple concret, a été ces vingt à trente dernières années, le marché de croissance le plus fiable. L’Inde également est un pays intéressant, ne serait-ce que par la taille incroyable de son marché intérieur. Mon objectif est de trouver ces perles, où qu’elles se trouvent. <

Rajiv Jainest responsable auprès de Vontobel à New York de la recher-che et du développement du portefeuille global des actions. Après des études d’économie en Inde et aux Etats-Unis, Rajiv Jain travaille depuis 1994 pour Asset Management de Vontobel.

«Le Brésil est un marché phénoménal, meilleur encore que l’Asie.»

Nous n’allons pas à la recherche de bonnes affaires.

Page 40: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

La ferme verticale, des céréales sur un gratte-ciel.

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La population mondiale ne cesse de croître et passera de sept aujourd’hui à neuf milliards en 2050. Comment la nourrir? L’agriculture verticale offre une solution. Elle transpose la culture des céréales et légumes des champs à la ville, de l’horizontalité agricole à la verticalité urbaine.

La Tour Vivante, un projet mené par l’agence parisienne Soa Architectes. Une agriculture durable dans la tour et même une centrale éolienne sur le toit.

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Trente serres de grande surface em-pilées pour former une tour en pleine ville et produire de la nourriture pour 50 000 personnes. Cette production est écologique, sans engrais ni pesticides, dans un cycle fermé d’eau, de terre et de plantes. Telle est la vision de la ferme verticale.

Le professeur Dickson Despommier a développé ce modèle avec ses étudiants à l’université Columbia à New York. Leur réflexion repose sur le constat suivant: en 2050, la population mondiale atteindra plus de neuf milliards d’habitants. Pour les nourrir tous, l’agriculture aura besoin, sur la base de sa productivité actuelle, de surfaces supplémentaires équivalant à la moitié de l’Amérique du Sud. Où les prendre?

La ferme verticale fournit une réponse écologique à ce problème. Cette idée a été réalisée en partie il y a longtemps déjà. Avec les cultures en terrasses, les Indiens d’Amérique latine et les cultivateurs de riz en Asie de l’Est ont appliqué un concept très similaire. Les avantages de la ferme verticale

sont évidents. En produisant au cœur des villes, on évite les transports. Les tours de serres permettent une agriculture écologique sans les pertes dues aux intempéries et four-nissent des récoltes toute l’année.

Ces fermes verticales n’existent encore qu’à l’état de modèles et de prototypes. L’un des plus gros défis est la question de la substitution de la lumière du soleil. L’usage de diodes luminescentes entraîne en effet une forte hausse de la consomma- tion d’électricité ce qui pervertit le bilan de l’agriculture verticale.

Réalisé aux Pays-Bas Il existe aujourd’hui déjà quelques tenta-tives approchantes de fermes verticales. Par exemple dans la ville de Suwon en Corée du Sud ou aux Pays-Bas où plusieurs petits projets ont été développés. C’est ainsi que l’entreprise PlantLab à Den Bosch cultive des plantes en tous genres sous la terre, des roses au maïs en passant par les fraises, les haricots et les concombres. L’exploitation se passe complètement de la lumière du jour et produit pourtant le triple d’une serre conventionnelle.

La ferme verticale n’a pas encore réussi sa percée commerciale sur un large front, mais l’intérêt est là. Par exemple dans les Emirats Arabes Unis, en Chine, en Inde et aussi aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne qui foisonnent d’idées et de projets. <

verticalfarm.com, soa-architectes.fr, odesign.com.au

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Outre les salades, des fraises et des tomates poussent aussi dans la tour.

Vert dans les serres, vert au bureau.

Le nouveau paysage urbain vert, la nuit.

Vertical Farming, une conception du designer australien Oliver Foster.

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Durabilité veut dire prendre ses responsabilités.

Sabine Döbeliest, depuis 2006, responsable Durabilité auprès du Groupe Vontobel.

Elle a étudié les sciences naturelles de l’environnement à l’EPF de Zurich. Elle est également Vice-présidente du Forum Nachhaltige

Geldanlagen (Forum pour les placements durables) et membre du Conseil de la Fondation Suisse pour le Climat.

a établi des directives et des procédures claires afin d’éviter une commercialisation trompeuse. Il arrive en effet régulière-ment que les effets secondaires d’un médicament ne soient pas suffisamment explicités, ce qui entraîne parfois des amendes considérables. En tenant compte de ces questions dans l’analyse, il est plus facile d’évaluer la manière dont la firme est dirigée et les risques présentés par son modèle d’affaires.

En exerçant ses droits de vote dans tous les fonds distribués par sa boutique Global Change Investing, Vontobel a franchi, l’an dernier, une nouvelle étape. Cette volonté repose sur une politique durable de droits de vote et d’engagement que Vontobel a mise en point avec Hermes EOS (HEOS), un prestataire de service leader dans ce do-maine. Les droits de vote visent à encourager une bonne gouvernance de ces fonds et un modèle d’affaires axé sur la durabilité. En outre, HEOS, sur mandat de Vontobel (et d’autres investisseurs), entretient un dialogue actif avec ces entreprises s’agissant de risques particuliers. Plus encore que l’exercice des droits de vote, cet engagement contribue à ce que les aspects de durabilité soient mieux pris en comp-te. C’est ainsi que HEOS a rendu visite à la direction d’une société pétrolière américaine, afin de mener des discussions pointues sur ses systèmes de gestion des pannes et des risques. HEOS a émis des propositions d’amélioration et ex-pliqué comment instaurer une culture de la sécurité incitant les collaborateurs à assumer encore plus de responsabilité.

Ces mesures, qui conduisent à une observation de plus long terme et à une analyse complète des chances et des risques dans la gestion de fortune, sont au centre de l’engagement de Vontobel en faveur de la durabilité. En outre, la banque s’efforce en permanence de diminuer l’impact de ses activités sur l’environnement. Dans la bran-che financière, les centres de calcul sont particulièrement voraces en électricité. Ce qui a amené Vontobel à prendre différentes mesures afin de réduire la consommation de cou-

Sabine DöbeliResponsable Durabilité, Groupe Vontobel

Dans une époque marquée par les turbulences des mar-chés et par les débats autour de l’équité fiscale et des risques que représentent les banques pour l’économie, la durabilité n’est pas précisément une notion que l’on associe de prime abord aux prestataires de services financiers. Pourtant ces thèmes montrent combien une stratégie commerciale dura-ble est importante pour une banque qui souhaite rester pour longtemps un partenaire crédible. Heureusement, nombreux sont les établissements qui l’ont compris. Dans les affaires de placement, le succès des «Principes pour l’investissement responsable», un projet de l’ONU lancé avec la collaboration d’investisseurs visant à plus de responsabilité dans ce do-maine, montre que nombre d’institutions s’activent à mettre en œuvre la durabilité. Plus de neuf cents entreprises, qui gèrent ensemble plus de trente mille milliards de dollars, ont signé la Charte, s’engageant ainsi à appliquer ces principes dans leur processus de placement. Vontobel aussi l’a signée et peut faire état de grands progrès accomplis dans l’année écoulée pour atteindre ses différents objectifs.

Les réalisations de Vontobel en 2011 Au cœur des activités, il y a eu une intégration poussée des principes de durabilité dans l’analyse financière pratiquée par l’Asset Management. En collaboration avec des spécia-listes, les analystes financiers ont élaboré des notes détaillées par secteur qui fixent des critères minimums spécifiques, définissent la manière d’aborder des éléments critiques et formulent des questions destinées aux entreprises. Pour le secteur pharmaceutique par exemple, on cherche à savoir si l’entreprise procède aux études cliniques à l’interne ou si elle les sous-traite en majorité. Le cas échéant, elle doit s’assurer que les études soient conduites avec soin, en respectant les normes éthiques. Sinon l’autorisation de mise sur le marché du médicament mis en cause peut être retirée, provoquant ainsi des coûts élevés. On examine également si l’entreprise

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Page 43: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

rant pour refroidir son plus grand centre de calcul. Un audit énergétique du bâtiment principal à Zurich a été réalisé en 2010 déjà. Sur cette base, Vontobel a affiné le réglage des différentes installations, ce qui a suffi à diminuer considéra-blement la consommation d’énergie.

Initiatives au quotidien En matière de durabilité, la responsabilité de l’entreprise ne se limite pas à l’économie mais s’étend à la société. En introduisant un congé paternité, Vontobel encourage la compatibilité entre travail et famille. Plus important en-core, il favorise le temps partiel, même dans les fonctions d’encadrement. La durabilité s’impose, de manière idoine, dans le domaine des achats également. L’an dernier, des directives les concernant ont été concrétisées dans les principaux groupes de produits et prestations de services. Les critères de sélection vont des produits respectueux de l’environnement aux normes découlant du droit du travail. L’engagement du Groupe Vontobel dans des organisations comme le Sustainability Forum Zurich, la Fondation Suisse pour le Climat ou le Forum Nachhaltige Geldanlagen contri-bue aussi à favoriser la durabilité dans d’autres secteurs de l’économie.

Une entreprise qui prétend à la durabilité dans sa gestion doit permettre aux personnes qui sont à l’extérieur d’avoir une image claire de ses différentes prestations en la matière. Pour cela, il faut qu’elles disposent d’un rapport transparent. C’est pourquoi, dans son dernier rapport annuel, Vontobel publie pour la première fois des informations relatives à la durabilité en appliquant les normes de la «Global Reporting Initiative». Les détails au sujet de l’engagement de la banque en faveur de la durabilité dans tous les domaines se trouvent sur le site www.vontobel.com. <

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La Fondation pour le Climat soutient les PME Vontobel fait partie des fondateurs de la Fondation pour le Climat, qui soutient des projets visant à améliorer l’efficacité énergétique et les innovations en faveur du climat dans les PME. Par exemple, une minoterie qui a besoin de vapeur pour produire des flocons de céréales, a remplacé sa chaudière à gaz par une chaudière à biomasse qui brûle ses déchets de céréales et des pellets de bois. La minoterie émet désormais 650 tonnes de CO2 de moins par année, tout en économisant les coûts du gaz et d’élimination des déchets, lesquels sont devenus un combustible précieux.

Changer de côté pour ouvrir de nouvelles perspectives L’an dernier, Vontobel a lancé le programme «Seiten-wechsel» qui consiste pour les cadres à passer une semaine dans une cuisine de rue, une clinique psychiatrique ou un organisme social. Ils subissent alors un changement radical de perspectives, qui affine leur perception d’autres modes de vie et renforce leur propre compétence sociale.

«Pas de durabilité sans transparence.»

Page 44: Vontobel Portrait 2012 - Global Change

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«Natur konkr et»,à la reconquête des alpages.

Il est paradoxal de constater que si la population de la Suisse augmente, les surfaces inutilisées s’étendent également. Ces dernières décennies, de nombreux pâturages alpins ont été laissés à l’abandon, avec pour conséquence l’embrous-saillement et l’emboisement sauvages. Cependant, la recon-quête a commencé. Au Tessin notamment, grâce à Guido Leutenegger (53), à ses débroussailleuses à quatre pattes et à ses «actions-vaches» dénommées Lotti, Petra ou Laura.

Le Thurgovien est un homme grand et imposant. Il répond avec patience aux questions que nous lui posons sur son projet d’alpage proche de la nature, qu’il a démarré en 1997. Jamais il n’aurait imaginé devenir paysan, éleveur de bétail et propriétaire de cinq cents vaches provenant des Highlands d’Ecosse. Celles-ci paissent sur 25 pâturages tes-sinois, prennent soin du paysage et fournissent une viande de très grande qualité. «Je me considère comme un entre-preneur de la nature», déclare Guido Leutenegger. Celui-ci a toujours été proche de la nature. Ayant grandi à Kreuzlingenau bord du lac de Constance, il a reçu une formation d’instituteur. Mais il n’est pas resté longtemps à l’école qu’il a quittée pour travailler à l’Office de l’aménagement du territoire du canton de Thurgovie. Il y a découvert combien il est important de prendre soin du paysage, de le préserver et de veiller à une grande diversité biologique.

L’inventaire forestier de 2010 montre qu’en une décen-nie, les surfaces de forêt se sont étendues de 660 km2. Ce qui correspond à plus de deux fois la superficie du canton de Genève. L’extension des sols inutilisés et improductifs est particulièrement forte dans les cantons alpins. La forêt et les broussailles ne cessent de gagner du terrain dans les vallées. Dans le canton du Tessin également, paysans et communes ont abandonné de nombreux alpages. Ce qui est probléma-tique d’un point de vue écologique, car, paradoxalement, la diversité biologique d’un paysage cultivé vieux de plu-sieurs siècles ne renaît pas là où la nature est laissée à elle-même mais là où l’homme l’a organisé, nourri et entretenu.

Sous le label «Natur konkret», Guido Leutenegger vise la diversité biologique dans son exploitation. Avec l’aide de ses cinq cents bovins, il a à ce jour récupéré quelque 2500 hectares de pâturages en restaurant la grande biodiversité propre au paysage cultivé ouvert. Les vaches des High-lands sont des animaux parfaits pour la méthode extensive d’exploitation pratiquée par Guido Leutenegger. Pendant

plus de sept mois, elles paissent sur les prairies pauvres et se nourrissent de ce que la nature leur donne: une herbe qui n’est pas engraissée, des plantes succulentes et une eau de source fraîche. Ces bovins à la robe rousse ou brune ont un poil très long et des cornes impressionnantes qui leur donnent une apparence d’animal primitif et sauvage, alors qu’ils sont très doux. Leurs sabots fendus et leur poids relativement peu important font des Highlanders des bovins particulièrement bien adaptés aux alpages de la Suisse méridionale.

Un investissement peu ordinaire Outre ses principes de durabilité, Guido Leutenegger dé-veloppe des idées à foison. Depuis sa création, l’exploitation offre à ses clients la possibilité peu ordinaire d’investir dans ce qu’il appelle l’«action-vache». En versant 2500 francs, un investisseur devient copropriétaire d’une vache, mais pas de n’importe laquelle, il reçoit en effet un certificat où figure le nom de celle qu’il a choisie. Son rendement lui est payé en nature sous la forme de viande écologique certifiée. Pendant dix ans, il touche chaque année pour 350 francs de viande d’alpage de qualité. Une idée réellement innovante si bien que l’«action-vache» rencontre un grand intérêt. «Après la crise financière, la demande est repartie à la hausse, nombreux sont les clients qui apprécient un investissement tangible et durable», confirme Guido Leutenegger. Qui plus est, il n’est pas rare qu’un investisseur grimpe sur l’alpe pour rendre visite à «sa» vache et la présenter à sa famille ou à ses amis.

Dans l’intervalle, le troupeau a atteint cinq cents têtes et les «investissements-vaches», plus de trois cents adeptes. Ceux-ci commandent généralement plus de viande que la quantité convenue pour l’année. Cependant, nombre de particuliers achètent leur éco-viande au Tessin sans avoir investi dans «Natur konkret» et quinze restaurants déjà l’ont mise au menu. Hormis la grande qualité, les clients apprécient l’élevage proche de la nature et respectueux des animaux ainsi que la traçabilité de la viande. Même si la majorité d’entre eux habitent autour du lac de Zurich, il n’existe pas de client «Natur konkret» typique. «Mais nos clients ont en général la même attitude que nous, raisonnable, mesurée et durable», affirme Guido Leutenegger. <

natur-konkret.ch

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La reconquête des pâturages alpins contribue activement à préserver le paysage de la Suisse.

Coexistence pacifique, Guido Leutenegger avec l’une de ses bêtes.

Gestion du troupeau. Une collaboratrice enregistre la position des bêtes.

Curieux, les deux veaux âgés de deux semaines explorent le monde.

Grande photo: les chargés de l’entretien du paysage en pleine action. Conditions de vie idéales pour les bovins des Highlands sur l’Alp Gesero près de Bellinzone.

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L’utilité de systèmes de positionnement global comme le GPS va bien au-delà de l’itinéraire allant de A à B. La com-binaison du positionnement, de la communication mobile et d’appareils intelligents est devenue très rapidement un élément important de notre vie. Il suffit par exemple de quelques secon-des pour trouver le restaurant le plus proche avec son smart-phone. Une balise de localisation (geotagging) est déposée sur nos photos et un collier pourvu d’un récepteur GPS permet de serrer rapidement dans nos bras le chat qui s’est perdu. Grâce à des satellites qui croisent à quelque 20 000 km au-dessus de nos têtes, nous pouvons localiser ce qui se trouve très proche de nous. Mais les systèmes de positionnement offrent aussi de nouvelles possibilités dans l’industrie, l’agriculture ou le secteur de la santé.

Depuis quinze ans, l’entreprise suisse u-blox s’est spécia-lisée dans le positionnement global et les technologies de la communication sous toutes leurs formes. Cette idée lumineuse a jailli en 1997 chez quelques doctorants de l’EPF Zurich. En 1999 déjà, la technologie développée par u-blox trouve son application dans le système de péage pratiqué en Suisse et un an plus tard, dans le premier téléphone mobile doté d’une fonction GPS. Face à la croissance de la société, il devenait évident qu’elle avait besoin d’un management professionnel. «Ses fondateurs, tous ingénieurs électriciens, tenaient à se con-centrer sur leurs compétences-clés, à savoir le développement et la production», explique Thomas Seiler, CEO, «raison pour laquelle je dirige, depuis 2002, le marketing et la vente égale-ment». Aujourd’hui, la firme offre différentes solutions inno-vantes sur les marchés des biens de consommation, des biens industriels et de l’automobile. A partir de son siège principal en Suisse, u-blox est présent en Europe, en Asie et en Amérique. Il emploie 210 collaborateurs et est coté à la Bourse suisse.

Une «boîte noire» pour l’automobile Les services de localisation font partie de l’équipement de base des véhicules. Cependant la technologie va encore plus loin et le conducteur peut obtenir des informations utiles, comme les conditions de circulation, l’emplacement des par-kings, des sites d’intérêt et, en cas d’urgence, appeler à l’aide par l’intermédiaire d’une communication GSM. Retrouver un véhicule volé est un problème à l’échelle mondiale, mais qui n’est plus insoluble grâce au positionnement global. En outre, un système GPS embarqué peut être utilisé pour enregistrer le lieu, la vitesse et l’accélération afin de produire un rapport d’accident. Nombre d’assurances récompensent désormais ceux qui ont installé cette option en leur accordant des rabais de prime.

Rendre des services de santé à une population vieillissante constitue un autre défi. Grâce à la technologie de la géolocali-sation et de la communication, il est facile de repérer l’endroit où se situe une personne âgée ou un malade et d’assurer son suivi. Aujourd’hui déjà, il est possible de répondre à la question «Où es-tu?» en cas d’urgence, et la réponse sera encore plus fiable à l’avenir. Avec la télémédecine, le médecin peut en quelque sorte «transporter» ses connaissances dans des régions isolées, économisant ainsi des coûts. De la sorte, la surveillance à distance des paramètres vitaux de patients et des systèmes qui appellent automatiquement à l’aide ne sont plus une utopie.

L’industrie ne saurait plus se passer du positionnement global. «La mondialisation des marchés a pour conséquence que la fabrication et la logistique sont devenues incroya-blement complexes. Pour pouvoir maintenir les coûts des carburants et de stockage aussi bas que possible, on utilise la technologie pour optimiser les routes de transport, suivre l’acheminement et planifier les livraisons», confirme Thomas Seiler. Cette solution implique de pouvoir localiser un véhicule n’importe où, à l’intérieur comme à l’extérieur des bâtiments. L’industrie recourt toujours plus à des machines autonomes. Ainsi, à l’aide du positionnement global, des robots peuvent se déplacer d’eux-mêmes de A à B, pour exécuter des tâches dans l’industrie, l’agriculture et les transports. Des machines mobiles et intelligentes branchées sur un réseau sans fil sont ainsi capables de réagir à leur environnement.

A la maison dans le monde entier Ces dernières années, le changement global n’a cessé d’ouvrir les marchés, à u-blox également. Dès lors, il n’est pas étonnant de voir que le site Web de cette PME suisse située à Thalwil au bord du lac de Zurich n’est pas disponible seulement en allemand et en anglais mais encore en chinois, japonais et coréen. Car le marché de u-blox est la planète. <

u-blox.com

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u-blox, idées suisses pour la planète.

u-bloxu-blox est un fournisseur leader de semi-conducteurs

pour systèmes électroniques dans le domaine du positionnement et de la communication sans fil. Ses

marchés sont les biens de consommation, l’industrie et l’automobile. Le siège principal de u-blox, qui emploie

210 collaborateurs, est en Suisse et l’entreprise est présente en Europe, en Asie et en Amérique. Fondée en

1997, la société est cotée à la SIX Swiss Exchange.

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Fabrication et logistique sont devenues incroyable-ment complexes.

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Thomas Seiler, CEO de u-blox, laboratoire de tests au siège principal en Suisse, Thalwil.

De nombreux produits innovants de u-blox sont devenus la norme dans l’industrie.

Grâce aux technologies GPS et sans-fil, les temps d’attente aux arrêts sont annoncés à la seconde près.

Grande photo: s’orienter dans le terrain et le trafic devient toujours plus important; u-blox fournit la technologie.

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Héraclite, tout coule.»

«Panta rhei, dit

Dr Hans Vontobela étudié le droit à l’Université de Zurich. Puis il est entré dans la banque à Genève en commençant au bas de l’échelle. Par la suite, il est devenu partenaire et Président du Conseil d’administration de la Bank Vontobel. Aujourd’hui, âgé de 95 ans, Hans Vontobel est Président d’honneur du Groupe Vontobel.

Dr Hans VontobelPrésident d’honneur du Groupe Vontobel

L’expression «panta rhei» est attribuée au philoso-phe grec Héraclite. Elle décrit bien ce que nous appelons aujourd’hui le changement global. Ce qui montre bien que celui-ci n’a jamais cessé de nous admirablement accompagner. A la différence que, de nos jours, il a pris une ampleur et une accélération considérables. Ce qui ne saurait nous étonner dès lors que le nombre d’habitants de notre planète s’est multiplié de un à sept milliards en deux cents ans. Ces êtres humains veulent se nourrir, consommer, habiter et même voyager. Or, les ressources de la Terre sont limitées. Si bien que le changement nous oblige à nous changer nous-mêmes à bien des égards sur les plans de la société, de l’économie et de la technologie. Cette évolution n’est pas sans soulever de nombreuses interrogations et réserves.

Un regard sur l’histoire peut toutefois nous aider à évaluer les choses correctement et à nous donner le courage de voir les bouleversements sous un jour positif. Les grandes mutations technologiques d’un passé récent nous en four-nissent une bonne démonstration. De nouvelles inventions qui réalisent de véritables percées peuvent complètement évincer des technologies et des produits existants. Il suffit de songer à la téléphonie mobile ou aux nombreuses possibi-lités de produire de l’énergie avec le vent, le soleil et l’eau. Ces innovations ouvrent de nouveaux marchés et créent de nouveaux emplois. Bref, elles nous apportent la croissance économique. Chaque changement présente certes des chan-ces mais recèle aussi des risques accrus. Tout l’art consiste à les identifier, à les anticiper à temps et surtout à en tirer les bonnes conclusions.

Héraclite avait raison: tout coule. <

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Historique

1924

1936

1943

1960

1972

1984

1986

1988

2000

2004

2007

2009

2010

2011

Bahnhofstrasse 58 à Zurich, les bureaux de la banque au 1er étage.

Groupe Vontobel, siège principal, Gotthardstrasse 43 à Zurich.

1936

2012

Fondation de l’agent de change Haeberli & Cie à Zurich.

Jakob Vontobel reprend l’agent de change Haeberli & Cie et fonde la société en commandite J. Vontobel & Co.

Fils de Jakob Vontobel, Hans Vontobel, dr en droit, entre dans l’entreprise.

Création de nouveaux départements pour la gestion de fortune et les services de private banking.

Petit-fils de Jakob Vontobel, Hans-Dieter Vontobel, dr en droit, entre dans la banque.

Transformation de la Bank J. Vontobel & Co. en une SA et fondation de Vontobel Holding AG.

Cotation des actions au porteur de Vontobel Holding AG à la Bourse de Zurich.

Création de Vontobel Asset Management AG.

Changement de nom de Bank J. Vontobel & Co. AG en Bank Vontobel AG.

Extension de la coopération, qui existe depuis 1994, avec le Groupe Raiffeisen.

Emménagement dans le nouveau siège principal et ouverture du Vontobel Campus à Zurich.

Bank Vontobel Europe AG obtient une licence bancaire de plein exercice («full banking licence») en Allemagne.Vontobel reprend la Commerzbank (Suisse) SA.

Ouverture des succursales de Bâle et de Berne.

Ouverture de Private Banking à Dubaï.

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Le portrait 2012 de Vontobel n’a qu’un but informatif. Par conséquent, les données et opinions qu’il

contient ne constituent nullement une incitation, une offre ou une recommandation en vue de solliciter

un service, d’acquérir ou de vendre des instruments de placement ou d’effectuer une quelconque

transaction. En outre, nous attirons votre attention sur le risque que les prévisions, pronostics, projec-

tions et résultats décrits ou impliqués dans des déclarations à caractère prospectif peuvent se révéler

inexacts. Les données et déclarations concernant le résultat financier révisé ainsi que la Corporate

Governance sont exclusivement disponibles dans les rapports annuels 2011 de Vontobel Holding AG

qui peuvent être obtenus à l’adresse www.vontobel.com ou sur demande par la Poste.

L’opinion exprimée par les auteurs externes dans la présente publication ne correspond pas nécessaire-

ment à celle du Groupe Vontobel.

Prix

En ces temps difficiles aussi, nos prestations créent une forte plus-value pour vous. Les prix importants qui nous ont été décernés le confirment.

«Best Wealth Management Advisory in Switzerland»: attribué par la revue spécialisée «Global Banking & Finance Review».

«Premier rang dans cinq catégories»:dans la Thomson Extel Survey 2011, Vontobel Research a reçu une médaille dans les huit catégories de l’enquête, dont cinq fois la médaille d’or.

«Meilleur asset manager de fonds obligataires en Suisse»: primé par l’agence de notation «Feri EuroRating Services» et par la chaîne d’information n-tv.

«Swiss Derivative Awards – Top Service 2011»: le prix «Top Service» a récompensé le service intégral 360° rendu aux investisseurs de la Bank Vontobel.

«Best Private Banking Boutique»: décerné par les publications spécialisées «Professional Wealth Management» (PWM) et «The Banker» des éditions du Financial Times.

TOP ServiceBank Vontobel

03/12. Le portrait 2012 de Vontobel est également disponible dans les langues suivantes: allemand, anglais, italien, espagnol et russe. Imprimé dans des conditions climatiquement neutres par Linkgroup.

Mentions légales

Le portrait 2011 de Vontobel n’a qu’un but informatif. Par conséquent, les données et opinions qu’il contient ne consti-

tuent nullement une incitation, une offre ou une recommandation en vue de solliciter un service, d’acquérir ou de vendre

des instruments de placement ou d’effectuer une quelconque transaction. En outre, nous attirons votre attention sur le

risque que les prévisions, pronostics, projections et résultats décrits ou impliqués dans des déclarations à caractère pros-

pectif peuvent se révéler inexacts. Les données et déclarations concernant le résultat financier révisé ainsi que la Corpo-

rate Governance sont exclusivement disponibles dans les rapports annuels 2010 de Vontobel Holding AG qui peuvent être

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Nos sièges

SuisseVontobel Holding AGGotthardstrasse 43CH-8022 ZurichTéléphone +41 (0)58 283 59 00Téléfax +41 (0)58 283 75 00www.vontobel.com

Bank Vontobel AGGotthardstrasse 43CH-8022 ZurichTéléphone +41 (0)58 283 71 11Téléfax +41 (0)58 283 76 50

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Bank Vontobel AGSpitalgasse 40CH-3011 BerneTéléphone +41 (0)58 283 22 11Téléfax +41 (0)58 283 22 12

Bank Vontobel AGSchweizerhofquai 3aPostfach 2265CH-6002 LucerneTéléphone +41 (0)41 249 31 11Téléfax +41 (0)41 249 31 50

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Vontobel Securities AGGotthardstrasse 43CH-8022 ZurichTéléphone +41 (0)58 283 71 11Téléfax +41 (0)58 283 76 49

Vontobel Swiss Wealth Advisors AGTödistrasse 17CH-8022 ZurichTéléphone +41 (0)44 287 81 11Téléfax +41 (0)44 287 81 12

AllemagneBank Vontobel Europe AG Succursale Francfort-sur-le-MainWestendDuoBockenheimer Landstrasse 24D-60323 Francfort-sur-le-MainTéléphone +49 (0)69 69 59 96 0Téléfax +49 (0)69 69 59 96 290

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Bank Vontobel Europe AGAsset FinanceMaximillianstrasse 34D-80331 MunichTéléphone +49 (0)89 411 890 0Téléfax +49 (0)89 411 890 669

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ItalieVontobel Europe SA,Succursale MilanPiazza degli Affari, 3I-20123 MilanTéléphone +39 02 6367 3411Téléfax +39 02 6367 3422 EspagneVontobel Europe SA,Succursale MadridPaseo de la Castellana, 40 bis – 6°E-28046 MadridTéléphone +34 91 520 95 34Téléfax +34 91 520 95 55

Grande-BretagneVontobel Europe SA London BranchThird Floor22 Sackville StreetLondres W1S 3DNTéléphone +44 207 255 83 00Téléfax +44 207 255 83 01

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Vontobel Securities Ltd.Succursale New York1540 Broadway, 38th FloorNew York, NY 10036, USATéléphone +1 212 792 58 20Téléfax +1 212 792 58 [email protected]

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Emirats Arabes UnisBank Vontobel (Middle East) Ltd.Liberty House, Office 913Dubai International Financial CentreP.O. Box 506814Dubaï, Emirats Arabes UnisTéléphone +971 (0)4 703 85 00Téléfax +971 (0)4 703 85 01

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