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Problématique : Pourquoi l’idée d’une France totalement résistante s’impose-t-elle au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ? I-L’historien et l’établissement de mémoires sélectives (1945-1969) A-Une nation française très divisée à la libération… On observe différentes évolutions pendant différents périodes : 1945-1969 1969-1980 1980 à nos jours En 1940, le gouvernement français fait le choix de collaborer en instaurant le Régime de Vichy. En septembre 1944, une relativement grande partie du territoire est libérée. Charles De Gaulles impose son pouvoir, prend le contrôle des autorités. Il établit un régime provisoire (GPRF) de 1944 à 1446 car il veut rétablir une République. Et pour cela, il faut élire des députés par un référendum qui constitueront l’Assemblée constituante et qui rédigeront une constitution. La tension est à son comble, les guerres font rage. Au niveau local, les résistants (FFI) posent problème. De Gaulle à toutes les peines du monde à imposer son pouvoir sur les résistants communistes qui prennent le pouvoir. Il va donc y avoir un phénomène d’épuration du 12 Septembre 1944 à Juillet 1945. C’est une quasi-guerre civile très violente. C’est épuration sauvage/spontanée, c’est-à-dire un règlement de compte entre voisins, crapuleux dirait-on qui fait environ 9 000 morts. Il y a aussi des résistants qui fusillent sans forme de justice. Le cas des femmes tondues est particulièrement troublant. Toutes les femmes soupçonnés à tort ou à raison et souvent à raison d’avoir eu une relation avec des soldats sont tondues en place publique par des résistants. On leur tatoue une croix gammée sur le front. Environ 20 000 femmes ont subi ce sort sans justice. Le pire est tant que des enfants sont nés de ces couples de guerre. Il y a quelque chose de frappant : les femmes du peuple sont tondues mais pas les célébrités. On s’en

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Problématique   : Pourquoi l’idée d’une France totalement résistante s’impose-t-elle au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ?

I-L’historien et l’établissement de mémoires sélectives (1945-1969)A-Une nation française très divisée à la libération…On observe différentes évolutions pendant différents périodes :

1945-1969 1969-1980 1980 à nos jours

En 1940, le gouvernement français fait le choix de collaborer en instaurant le Régime de Vichy. En septembre 1944, une relativement grande partie du territoire est libérée. Charles De Gaulles impose son pouvoir, prend le contrôle des autorités. Il établit un régime provisoire (GPRF) de 1944 à 1446 car il veut rétablir une République. Et pour cela, il faut élire des députés par un référendum qui constitueront l’Assemblée constituante et qui rédigeront une constitution. La tension est à son comble, les guerres font rage. Au niveau local, les résistants (FFI) posent problème. De Gaulle à toutes les peines du monde à imposer son pouvoir sur les résistants communistes qui prennent le pouvoir. Il va donc y avoir un phénomène d’épuration du 12 Septembre 1944 à Juillet 1945. C’est une quasi-guerre civile très violente. C’est épuration sauvage/spontanée, c’est-à-dire un règlement de compte entre voisins, crapuleux dirait-on qui fait environ 9 000 morts. Il y a aussi des résistants qui fusillent sans forme de justice.

Le cas des femmes tondues est particulièrement troublant. Toutes les femmes soupçonnés à tort ou à raison et souvent à raison d’avoir eu une relation avec des soldats sont tondues en place publique par des résistants. On leur tatoue une croix gammée sur le front. Environ 20 000 femmes ont subi ce sort sans justice. Le pire est tant que des enfants sont nés de ces couples de guerre. Il y a quelque chose de frappant : les femmes du peuple sont tondues mais pas les célébrités. On s’en prend aux plus faibles, aux plus vulnérables. Le GPRF veut une épuration dirait-on légale, De Gaulle veut l’organiser avec un court de justice légal dans les préfectures. 308 000 dossiers ont été ouverts dont des dossiers fantaisistes de dénonciation. Seulement 90 000 sont vrais, il y a donc un jugement avec une accusation et une défense. Il y a eu 7 000 condamnations à mort dont 1 600 seront exécutées, 5 000 commuées. 13 000 personnes ont été condamné aux travaux forcés, au bagne en Guyenne où Dreyfus a lui-même été déporté. Ce sont des travaux très durs dans la jungle. Il y a en tout 25 000 peines de prison pour collaboration et 50 000 condamnations à la dégradation nationale (=suppression de la qualité de citoyen), souvent provisoire. Exemple : Louis Ferdinand Celine a collaboré ce fut un procès particulièrement retentissant.

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En 1945, le maréchal Pétain a été fait prisonnier puis jugé pour intelligence avec l’ennemi et condamné à la peine capitale mais De Gaulle a commué la peine à la prison à vie. Durant la guerre, le peuple français ne voyait pas Pétain comme un monstre absolu mais comme un héros de la Première Guerre Mondiale. Pierre Laval, lui, ancien ministre a été exécuté. Il y a une collaboration qui passe totalement inaperçue et qui n’a pas été jugée : l’économie. Il a fallu calmer certaines colères avec une nationalisation. Outre la réparation des tanks Allemands, les usines Renault produisent dès 1941 des camions et des tanks pour la Wehrmacht. Au printemps 1941, les informateurs des services de renseignements gaullistes décrivent des usines tournant à plein régime, et demandent leur bombardement pour paralyser l’appareil de guerre Allemand. Ils y recensent Renault comme entreprises « travaillant pour les Allemands » et produisant voitures de tourisme, camions et tanks. En Novembre 1944, Louis Renault est mort en prison sans être jugé. La famille Renault se voit retirer son capital. De 1980 à 1990, l’entreprise a été partiellement puis presque complètement reprivatisée. Ce fut le même cas de l’entreprise Berlier à Lyon. Des milliers d’entreprises et banques avaient accepté avec sourire de s’associer dans tous les domaines (textiles, automobiles,…) avec l’entreprise allemande. Renault était satisfait de cette collaboration, car si l’Allemagne obtenait la victoire, il aurait la main sur le marché européen, puisque les allemands avaient le projet de de construire une Europe unie (sans douane).

Photo où l’on voit Louis Renault présentant un prototype à Hitler

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Uranus (1990) film de Claude Berri avec Gérard Depardieu, Michel Blanc et Jean-Pierre Marielle montre bien l’ambiance de guerre civil qui régnait en France à cette période de post-guerre.

Dans cette atmosphère de guerre civile, en 1945, ce fut le retour des populations déportées. Soyons précis, les déportés sont :

75 000 juifs (dans leur majorité, ils sont quasiment tous morts en Allemagne) Des travailleurs qui étaient partis en Allemagne à cause du Service Travail Obligatoire

sous le régime de Vichy (Janvier 1943). Le plan a échoué : l’URSS a résisté à l’attaque donc l’Allemagne est anxieuse et résultat la guerre est fichue. Il faut donc avoir plus de chars et par conséquent les déportés des camps et les travailleurs du STO remplissent les usines. Certains s’enfuient ce qui fait donc gonfler l’effectif des maquis.

Tous ces gens-là reviennent avec chacun son niveau de traumatisme ce qui contribue aussi à cette ambiance tendue.

B-…reçoit favorablement le courant résistancialiste…Le résistancialisme est un néologisme créé en 1987 par l'historien français Henry Rousso pour désigner le mythe, le fantasme développé surtout par les gaullistes et communistes selon lequel les Français auraient unanimement et naturellement résisté depuis le début de la Seconde Guerre mondiale. Il dit : « Après la guerre, le traumatisme a été si fort dans la société française que tout le monde est prêt à croire que chacun à son échelle a résisté. ». Ce fantasme est entretenu par Charles De Gaulle, car il faut unir le peuple français et quoi de mieux qu’un mythe pour cela.

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La Bataille du rail (1946) est un film de René Clément commandé par les Gaullistes et le GPRF. Ce film retrace la résistance des cheminots français pendant la Seconde Guerre mondiale et les efforts de ces derniers (sabotage) pour perturber la circulation des trains pendant l'occupation nazie. Il décrit les tous en tant que résistants et prêts à sacrifier leur vie. Ce film a tendance à en faire des êtres quasiment divins. Cela va forger l’idée que tous les Français sont résistants.

Les Gaullistes et les communistes souhaitent véhiculer la même image qui est mystifiée. Dans les vingt années qui suivent la guerre, De Gaulle quitte en pourvoir en 1946 et revient en 1958 à la faveur des évènements de la guerre d’Algérie. Il fait rédiger une nouvelle constitution. C’est l’apogée du mythe résistancialiste, car le chef des résistants est le président.

Discours Malraux (1964)On voit De Gaulle, Georges Pompidou (1er Ministre), et Malraux (Ministre de la Culture) sont à la cérémonie du transfert des restes de Moulin au Panthéon.

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André Malraux a écrit La condition humaine où il relate le parcours d'un groupe de révolutionnaires communistes préparant le soulèvement de la ville de Shanghaï. Au moment où commence le récit, le 21 mars 1927, communistes et nationalistes préparent une insurrection contre le gouvernement.Le Panthéon est une église transformée en 1791 en mausolée par la proposition d’Emmanuel de Pastoret. Il est décidé que les restes de Moulin auraient cet honneur. Malraux, par son discours, fait un rappel sombre sur la guerre. On est à l’apogée du mythe résistancialiste.

La grande vadrouille (1966) est un film avec Louis de Funès et Bourvil. C’est un film résistancialiste où tous les Français sont décrits en résistants. Le film fait 17 Millions d’entrée. On diabolise les Allemands par le rire.

Pour résumé, le mythe « résistancialiste » est entretenue à la fois par la mémoire gaulliste et la mémoire communiste ; cette convergence rappelle que durant la guerre gaullistes et communistes étaient côte à côte dans la lutte contre Vichy et l’occupant allemand. Cette alliance gaullo-communiste est maintenue. Le PCF maintient qu’il est du parti des 75 000 fusillés. Il essaye aussi de faire oublier le pacte germano-soviétique. C-…alors que déjà montent les conflits dans la mémoireOn observe le phénomène des lois d’amnisties en 1946, 1947, 1951 et 1953 qui concernent les condamnations après la libération, qui vont créer des tensions.

Louis Ferdinand Destouches dit « Céline » (1894-1961) a été proche de la collaboration. Après la libération, il a fui pendant six ans avant d’être condamné en 1950 et amnistié un an après.

On voit aussi la montée du contre-mémoire en soutien au Maréchal Pétain. Jugé en 1945, il est condamné à la peine capitale mais sa condamnation est commuée. Trois plus tard, Robert Aron écrit Histoire de Vichy où il essaye de réhabiliter l’image du maréchal Pétain. Il va créer un contre-mythe, il dit : « Certes, De Gaulle était l’épée qui allait permettre de garder mais qui était le bouclier. ». Aron se révèle sans doute pétaino-gaulliste lorsqu'il écrit: « tous deux étaient également nécessaires à la France ». Selon le mot que l'on prêtera successivement à Pétain et à de Gaulle «Le Maréchal était le bouclier, le Général l'épée». Et à eux deux, ils sont les co-gérants de la France. Cela rentre en choc avec le mythe résistanciel.

Alain Resnais produit un documentaire Nuit et brouillard en 1956. Le titre est inspiré du décret allemand « Nacht und Nebel », c’est un décret de répression instauré en décembre 1941. Les allemands rencontrent le problème des résistants, qu’ils appellent terroristes, dans les pays occupés. A force d’être confrontés à des guérillas, ils instaurent un décret qui stipule :

ne sont à juger dans les pays occupés que les crimes à coup sûr justiciables de la peine de mort et à condition que celle-ci puisse être appliquée dans un délai inférieur ou égal à huit jours ;

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les inculpés qui ne rempliraient pas ces deux conditions sont à déporter en Allemagne sous le secret absolu. Ils seront isolés du monde et, soit jugés en Allemagne, soit internés dans un camp ;

la seule réponse à faire à des organismes étrangers ou allemands qui poseraient des questions sur ces disparus est : "l'état de la procédure ne permet de donner aucune information."

C’est un documentaire glaçant où Resnais montre un aspect de la déportation. Il montre des camps en France (Drancy).

Problématique   : Pourquoi la fin des années 1960 marque-t-elle un tournant dans la perception des mémoires de la Seconde Guerre Mondiale ?

II-L’historien et le réveil des mémoires (1969-1980)A-Un nouveau regard sur la période de l’occupationRousso : « Le miroir se brise »A la fin des années 1960, trois éléments vont casser ce mythe résistancialiste :

En 1969, De Gaulle démissionne à la faveur d’un référendum sur la régionalisation auquel moins de 50% des gens ont répondu favorablement. Il pense donc que sa légitimé est remise en question et se retire. Il meurt l’année suivante. Il incarne à lui seul la résistance malgré ceux qui l’on conspué. Il était garant du mythe résistancialiste et ce mythe disparaît avec lui.

En 1969, Marcel Ophüls produit un documentaire intitulé Le chagrin et la pitié. Ce documentaire ne sort qu’en 1971 et fait environ 500 000 spectateurs. C’est une chronique française sous l’occupation. Le résistant est saisissant. Christian de La Mazière, un des 10 000 français qui ont combattu avec les allemands, est interviewé.

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Les allemands ont créé la LVF (Légion des Volontaires Français) qui comprend tous les anti-communistes qui doivent se battre contre l’URSS aux-côtés des allemands. Ils sont 20 000, en Belgique, à s’être engagés. Plus tard, la LVF a été dissoute. Les soldats étrangers sont devenus la Waffen SS (38 divisions). La LVF devient la division Charlemagne française. La Mazière assume son choix et l’explique en disant tout haut ce que les gens ne veulent pas entendre ce qui provoque un choc traumatique. On voit aussi, dans ce documentaire, comment le maréchal Pétain était accueilli dans les villes, partout on l’acclamait. Il était celui qui disait « Je vous protège ». Les Français apprécient Pétain. Il nourrissait la France, les gens avaient perdu en moyenne 10 kg de poids.

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En 1973, Robert Paxton fait publier La France de Vichy qui a l’effet d’une bombe. Il travaille avec les archives allemandes qui montrent que contrairement au mythe véhiculé par Aaron, les allemands n’étaient pas menaçant. Paxton montre que le régime de Vichy a même devancé les allemands. Cela nous définit une nouvelle image du régime de Vichy, actif dans la collaboration.

Ces trois évènements produisent un effet de contre-mythe, ils donnent l’impression à contrario du mythe résistancialiste. On observe la montée d’une certaine culpabilité.

B-La contestation de plus en plus vive de la politique mémoriellePolitique mémorielle : C’est l’ensemble des actions mises en œuvre par les pouvoirs publics pour entretenir et commémorer le souvenir d’un évènement, d’une personnalité, d’un groupe. Ces actions sont souvent des cérémonies officielles, la construction de monuments avec inauguration, la construction de musées et l’éducation nationale. L’école va servir de vecteur à cette politique mémorielle. Par exemple, le débarquement des alliés le 15 août 1944 en Provence n’est pas commémoré. La politique mémorielle décide ce qu’elle veut honorer. Les 70 000 civils français morts sous les bombardements américains en 1944 ne sont pas honorés. A cause de cette politique mémorielle, des conflits commencent à monter. En 1972, le président Pompidou utilise son droit de grâce sur Paul Touvier, collaborateur et membre de la milice. Lorsque l’affaire a été connue, cela a provoqué de graves tensions. Pompidou a dit : « Le temps est venu d’oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas ». Certains le lui ont reproché. En 1975, Giscard Valery d’Estain (1974-1981) veut supprimer la commémoration du 8 mai 1945 (capitulation sans condition des forces allemandes). Il voulait la supprimer car il est un européiste, un farouche défenseur de la future Union Européenne qui passera par la prééminence de l’Allemagne. Il dit que garder la 8 mai, c’est entretenir la haine envers les allemands. Cette proposition fut un échec.

C-L’organisation de la mémoire du génocide des juifsDepuis les années 1970, le génocide des Juifs est mis en avant par des évènements :

L’état d’Israël organise un procès très célèbre, le procès Eichmann qui fut un des multiples responsables de la logistique allemande. Il travaillait au bureau IV du RSHA qui était l’organe de sécurité du Reich, la SS gérant la RSHA. Il est le principal responsable du déportement de 400 000 Juifs. Après la chute du Reich, il a fui en Argentine pendant 15 ans. Le Mossad l’a capturé et emmené en Israël pour son procès que David Ben Gurion (1er Ministre d’Israël) voulait très médiatisé Il estime que médiatiser ce procès permettra de mieux légitimer l’état israélien (guerre arabo-israélienne). Eichmann fut condamné en 1961 et pendu l’année suivante.

Le négationnisme est un néologisme inventé par Rousso. Il emploie ce terme dans Le syndrome de Vichy (1987). Le négationnisme est un ensemble de thèses qui cherchent à démontrer l’inexistence des chambres à gaz homicides dans les camps d’extermination. Le plus connu des négationnistes est Robert Faurisson (professeur de littérature), il est suivi de Robert Garaudy (philosophe et communiste). Les thèses des négationnistes sont de plus en plus souvent médiatisées. En 1978, on interview Louis Darquier de Bellepoix, ancien

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commissaire aux « questions juives » pendant le régime de Vichy. Il dit : « A Auschwitz on a gazé que des poux. ». Cette phrase fait scandale. Il maintient que le Zyklon B (insecticide contenant de l’acide cyanhydrique) était utilisé pour désinfecter les vêtements des déportés morts.

Problématique   : Pourquoi les « lois mémorielles » sont-elles l’objet de très vifs débats aujourd’hui ?

III-L’historien et les enjeux mémorielles aujourd’hui (1980 à nos jours)A-L’idée d’un « devoir de mémoire » face à l’histoire de Vichy et au génocide des juifsIl faut comprendre la différence entre le travail de mémoire et le devoir de mémoire :

Le travail de mémoire est un travail scientifique mené par les historiens pour tenter d’établir les faits le plus objectivement possible. L’historien est-il objectif ? Non, il peut être parasité par ses propres opinions politiques, religieuses.

Le devoir de mémoire est un devoir de commémoration des crimes commis pendant la guerre. Ces crimes sont souvent de deux natures : des crimes de guerre (crimes commis à l’encontre de civils par des armées) et des crimes contre l’humanité (crimes de masses organisées). C’est un devoir pour que ces crimes ne tombent pas dans l’oubli (musées, programme scolaire, discours). Cette mémoire est réactivée par de grands procès qui ont rythmé les années 1980-90. Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon de novembre 1942 à août 1944. Les

allemands savaient que Lyon était une plaque tournante de tous les groupes résistants. En 1948, La IVe République demande l’extradition de Klaus Barbie. Pourtant, les Etats-Unis le garde pour ses compétences policières. La justice française va condamner Barbie par contumace à la peine capitale en 1954. En 1983, la France obtient l’extradition de Barbie. En 1987, au procès de Barbie, les salles d’audiences ne suffisent pas et on est donc obliger de tenir le procès dans le hall. On accuse Barbie de la répression de l’anti-résistance et de l’organisation des rafles. Barbie est défendu par Jacques Vergès et en face de lui il y a une vingtaine d’avocats de la partie civile. Le juge prononce et le jury décide que Klaus Barbie est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Voir fiche sur Barbie

Paul Touvier est reconnu, en 1994, coupable de complicité de crime contre l’humanité.

Maurice Papon était le secrétaire général de la préfecture de Girondes à Bordeaux. Il est accusé de déportation vers Drancy de 1600 juifs entre 1942 et 1944. Il est condamné en 1988. Ce procès est une occasion de juger Vichy. Dans les années 1960, il était le préfet de police de Paris sous De Gaulle. Cela apprend aux Français que des centaines de collaborateurs ont été acquitté.

René Bousquet a failli être jugé. Il était chef de police sous le régime de Vichy. Il meurt assassiné en 1993 avant d’être jugé. Cela va faire sortir le dossier Mitterrand. En 1994, Pierre Payant, dans Une jeunesse française donne des vérités. Il raconte que dans les années 1930, Mitterrand était proche de la Cagoule (extrême droite) qui voulait faire un coup d’état. Mitterrand était ministre des anciens combattants sous Vichy et à ce titre il a été décoré par Pétain de la francisque (hache à deux têtes) qui remplace la légion d’honneur.

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Pierre Payant révèle ce que certains milieux savaient déjà. Certains historiens (Jean-Pierre Azéma) vont tenter de défendre Mitterrand. Ils sont les vichysto-résistants. Il y a eu de vrais vichysto-résistants. Il y a donc eu une querelle pour la mémoire de Vichy.

Rousso écrit Vichy, un passé qui ne passe pas en 1996 où il revient sur les procès et les découvertes qui reviennent sur le tapis et créés une culpabilité française sur la question de Vichy et du génocide.Les organisations juives en France (Licra, CRIF) demandent que le président de la République reconnaisse la responsabilité de l’état Français dans la déportation des juifs de France. Mitterrand refus mais Chirac accepte. Mitterrand dit que Vichy a tué la République et demande au nom de quoi la République actuelle devrait présenter ses excuses pour un régime. La République était dans la résistance. Ces excuses publiques déclenchent des réactions. Philippe Seguin, gaulliste et président du RPR :

Ces questions provoquent des débats mémoriaux, il y a dissensus.

En 1985, Claude Lanzmann produit un documentaire, Shoah, dans lequel il interroge d’anciens témoins. Ce documentaire fait date car il est beaucoup médiatisé, il contribue à la remise en avant permanente de la question du génocide des juifs.Dans ce contexte-là, une loi mémorielle est votée au Parlement en 1990, la loi Gayssot. L’état fixe une version de l’histoire et contester cette loi est un délit. L’article 9 de la loi 90-615 dite loi Gayssot, visant à réprimer les actes racistes et antisémites, dispose que la négation de l’existence d’un crime contre l’humanité constitue un acte relevant du droit pénal et, pour tout dire, un crime. Cet article a permis des poursuites pénales contre les négationnistes que sont Robert Faurisson et Vincent Reynouard. Elle ne laisse personne indifférent ce qui donne deux groupes de personnes :

Thuriféraires qui sont partisans de cette loi, comme Serge Klarsfeld ou Lanzmann

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« Le législateur ne s’est pas immiscé sur le territoire de l’historien, il s’y est adossé pour limité les dénis afférents à des sujets historiques très spécifiques qui comparent une dimension criminelle. Ces lois (…) nomment les délits (…) qui menacent l’ordre public. »

Détracteurs qui sont donc opposés à cette loi comme Simone Veil et Claude Liauzu.

Cette loi provoque un conflit. Il faut que les historiens affrontent les négationnistes par les détracteurs.

B-Des nouvelles mémoires…et les mémoires oubliées ?En 1990, on observe la montée des mémoires qui étaient enterrées.

Mémoires des soldats coloniauxEn 1914, on employait le vocable « tirailleurs sénégalais » pour désigner les soldats coloniaux.Exemple : On peut voir à Verdun des carrés de tombes croissants (musulmans).Les soldats coloniaux se sont aussi battus en 1939-1945. Pendant la bataille de France, en juin 1940, il y a eu 100 000 morts dont 5 000 soldats coloniaux. Sur les 1 500 000 prisonniers de guerre, il y avait 90 000 soldats coloniaux. Ils ont aidé au débarquement dans le FFL dans la 2e DB Leclerc (50 % étaient des pieds noirs ou des français de souche, les autres étaient des tirailleurs sénégalais).A la faveur d’une volonté historique et d’un film, cet évènement a été mis à l’honneur : Indigènes a eu le mérite de reposer la question du rôle des soldats coloniaux dans la guerre.De plus, en juin 1940, l’armée française a été en partie capturée et donc les tirailleurs sénégalais se sont tenus face à la Waffen SS. Il n’y a pas eu de prisonniers, ni de survivants. En l’honneur des tirailleurs morts, on a fait ériger le Tata de Chasselay.

Les Malgré-nousC’est une question terrible. Les malgré-nous est le surnom dont s’affublent les anciens soldats alsaciens-lorrains incorporés de force dans la Wehrmacht ou la Waffen SS pendant la ré-annexion de l’Alsace-Lorraine. Ils deviennent donc allemands. Ce surnom exprime une culpabilité et cette appellation est devenue importante à la faveur d’un procès en 1953. Les 8 et 10 juin, les troupes allemandes remontent vers la Normandie pour contrer le débarquement (Bataille de Normandie). Dans le sud de la France, la 2e PZD 44 « Das Reich » revient de l’URSS et a pour ordre de remonter la France. Dans le Limousin, les maquis sont en alertes et attaquent la division qui est donc soumise à de nombreuses embuscades. Il y a deux massacres : celui de Tulle le 9 juin et celui d’Oradour-sur-Glane le lendemain. A Oradour-sur-Glane, on retrouve 642 civils morts après le passage des soldats. Ils pensaient que la commune était un quartier général de la résistance. Onze des Waffen SS impliqués dans ce massacre éteint alsaciens-lorrains. Au procès, un seul a été condamné à mort. L’Alsace était en quasi-guerre civile donc le président décide le lendemain l’amnistie mais cela ne calme pas les conflits en l’Alsace et le Limousin. En 2010, les malgré-nous ont été reconnus victime de guerre. Le massacre d’Oradour-sur-Glane donne lieu à des cérémonies aujourd’hui.

Mémoire des JustesDans les années 2000, on reparle des femmes et des hommes qui ont caché 75 000 juifs sur les 330 000. Ces gens-là sont appelés les Justes par l’état d’Israël.

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Le 18 Janvier 2007, le président Chirac s’exprime à l’occasion de

l’hommage national rendu aux « Justes parmi les Nations » au Panthéon de Paris. Il y a dans le monde 23 000 dont 3 000 Français.

Y a-t-il des mémoires oubliés par la politique mémorielle ? Victimes civiles des bombardements alliés de 1943-1944 à Paris et sa banlieue, Lyon

et sa banlieue. Certains ports ont été rasés : St Malo, Brest, Cherbourg, Caen. On compte 70 000 morts civils sous les bombardements des alliés. Le livre d’Eddy Florentin nuance l’Histoire, Quand les alliés bombardaient la France (1940-1945).

Victimes de l’épuration100 000 morts et 20 000 femmes tondues, c’est le bilan de l’épuration. Comme ces gens étaient es collaborateurs, la politique mémorielle n’en parle pas.

Collaboration économique Il n’y a pas de politique mémorielle pour cette collaboration, mais elle est documentée. Après la guerre, les banquiers se sont tournés vers les Etats-Unis.Industriels et banquiers français sous l’occupation, Anne Lacroix-Riz (1999)

Massacre commis par les alliésWhat soldiers do de Mary Louise Roberts, ce livre pose la question du viol des femmes française par le G.I. Des milliers de femmes ont été violées et seulement quelques soldats ont été condamnés. Des centaines de milliers de femmes allemandes ont été violées et massacrées par l’URSS. Cela montre que les bourreaux (allemands) ne sont pas forcément des bourreaux.

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