Winand_La prédication non verbale en égyptien ancien.pdf

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    FAITS DE LANGUESRevue de LinguistiqueEditions OPHRYS

    http://lettres.univ-Iemans.fr/fdlDIRECTEURS de REDACTIONLaurent Danon-Boileau (ParisV), Mary-Annick Morel (paris ID), Reza MirSamii (Le Mans)COMITE de REDACTIONPhilippe Bourdin (York-Toronto), Catherine Chauvin (Nancy II), CharlesDeLamberterie (EPHE), Claude Delmas (paris ID), Jean-Pierre Descls (Paris IVSorbonne), Anad Donabdian (INALCO), Blanche-Nolle Grunig (parisVlll),Arturo Martone (Naples, Italie), Amina Me ttouchi (Nantes ) , A liyahMorgenstern (ENS-Lyon),Marle-Claude Paris (Paris VII), Alain Peyraube(CRLAO), Suzy Platiel (CNRS), lrina Poustovaa (EPHE), Irne Tamba(EHESS), AkiraTerada (Le Havre)COMITEINTERNATIONALde LECTUREInge Bartning (Stockholm), Denis Creissels (Lyon), Emanuela Cresti (Pavie),Patrick Dendale (Anvers et Metz), Szuszanna Fagyal (Michigan, USA), NaoyoFurukawa (Tsukuba-Japon), Colette Grinvald (Lyon II); Juhani Harma(Helsinki, Paris III) , Claude Hagge (Collge de France, Paris III) , Odi leHalml'lY (Bergen, Norvge), Michael Herslund (Aarhus, Danemark), GilbertLazard (EPHE), Alain Lemarchal (paris IV), Anthony Lodge (St-Andrews,Grande Bretagne), Franoise Madray (Rouen), Robert Nicola (Nice), HenningNl'llke (Aarhus, Danemark), Jean Perrot (EPHE), VladimirPogacnik (Ljubljana),Bernard Pottier (Paris IV), Georges Rebuschi (Paris III), Laurence Rosier(Bruxelles) , Andr Rousseau (Lil le) , Anne Salazar (Paris V), LilianeTasmowski-De Ryck (Anvers, Belgique), Paul Touati (Lund, Sude), WolfThmmel (Gttingen,Allemagne),Linda Waugh (Tucson Arizona, USA)COMITE de REDACTION ADJOINTGalle Ferr (Paris III-Nantes), Elgar-Paul Magro (Paris III-Malte), AlexisMichaud(parisIII),Luca Greco (paris III)

    FAITS de LANGUES

    REVUEDE liNGUISTIQUE

    nO 27

    Les langues chamito-smitiques(afro-asiatiques)

    Volume 2

    Directeurs scieutifiquesAminaMettou chi et -Antoine Lonnet

    avec le concours duCentreNational du Livre et du CNRS

    REDACTION - ORGANISATIONMary-AnnickMorel16, rueMarxDormoy92260- Fontenay-aux-RosesTl. et Fax: 01.46.61.12.15

    VENTE ET ABONNEMENTSFaitsde Langues- Ophrys27 rueGinoux- 75015 ParisTl.: 01.45.7833.90Fax: 01.45.7537.11Courriel : [email protected]

    OPHRYS2006

    Abonnement 2006 : deux numros: France: 54 , Etranger: 64Vente aunumro: France: 29 ,Etranger: 35

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    plutt d'une prposition, qui peut introduire une subordonne, par exemple:essney awa ira Bed min hi yennuharet 'Je sais cequeveutB. sans qu'il medise r ien"). Indpendamment de l 'existence d 'un l ien, qui me semble peuvra isemblabl e, ent re l es deux part icule s, i l f aut admett re que le senscorrespondrait trs bien au passage de la Bible: " frappe aux r eins sesaggresseurs et ceux qui les hassent, sans qu'ils puissent se relever" (minyeqmn)..SelQn Prasse (1972:230), "cette prposition, notre connaissance, n'a pas tsign3le hors de l'aire touargue, o elle tend tre supplante par l'emprunt l'arabewtila ... ou par sel".D. Cohen s 'est rendu compte de la valeur de cette occurrence dans un texteancien: "le tmoignage de Ibn Quraysh conduit penser que l 'aire d'usage demin a tjadisplus tendue". Et en effet, cette hypothse trouve sa confirmationdans une autre occurrence de min qui provient du berbre du nord, mais l 'estde Tiharet, c'est--dire en nefousi mdival, dont un important dictionnaire at publi par A. Bossoutrot en 1900. Ici l'on trouve, en effet (p. 504), le motmin avecl'explication suivante: "sert exprimer la ngation dans le mme sensque l'arabe Iii".

    liW

    72 Vermondo Brugnatelli

    ::

    La prdication nonverbale en gyptien ancienJeanWinand-

    1. PRESENTATION DE L'EGYPTIENANCffiNL'gyptien ancien partage avec la plupart des langues de l'aire afro-asiatiquela facult d'avoir, la fois, une prdication verbale et une prdication nonverbalel .Avant d'aller plus avant, il n'est sans doute pas inutile de prciser ce qu'onentend par; gyptien ancien2 On appelle traditionnellement "gyptien" la langueparle en Egyptejusqu'auxtrois preIuiers sicles de notre re. A partirdu me s.,l'gyptien connat un ultime prolongement dans le copte jusqu'aux environs duXIe s. en tant que langue parle. Le copte disparat alors au profit de l'arabe,mais il demeure en usage en tant que langue de la pratique religieuse. Attestpendant prs de 3.500 ans, l 'gypto-copte a bien videmment subi une fortevolution depuis les preIuiers moments o les sources, nous le rvlent. Ondistingue d'ordinaire deuxgrandesphases dans l'histoire de la langue:-l e preIuiergroupe rassemble l'ancien gyptien et le moyen gyptien,- le deuxime groupe runit le no-gyptien, le dmotique et le copte.En dehors des multiples changements survenus dans la phonologie et lelexique, les deux phases se distinguent nettement par le systme de marquagemorphologique, les structures syntaXiques et la smantique du systmeprdicatifverbal3 .Sous peine de dvier dangereusement, toute approche du systme linguistiquedel'gyptien se doit de garderprsents l'esprit deux faits essentiels:a) Tou t d'abord - mme s'il es t trivial de le rappeler - , l'gyptien n'estconnu que sous sa forme cri te . Au gr des poques, et selon les registresd'expression, langue crite et langue parle concident plus ou moins. Si l'cart

    FNRS - Lige; Courriel : [email protected] remercie J.-Fr . Quack, qui m'a fait .plusieurs remarques utiles dans la premireversion du manuscrit, ainsi que tous les collgues prsents lors de la tablerondequi s'esttenue Paris.l Prsentation commode dans Junge (1985:17-34); W. Schenkel (1990:7-10); A.Loprieno (1995:5-8).3 Le passage la seconde phase n'est pas le rsultat d'un cataclysme, mais le produitd'une volution lente dont les prmisses se laissentobserver en gyptien de la premirephase. Le no-gyptien apparat ainsi comme la cristallisation sous forme crite dephnomnes volutifs latents depuis plusieurs sicles. Sur le passage au no-gyptien,voir dernirement Kruchten (1999).

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    est sans doute assezfaible pour la correspondance ou pour certaines pices de lavie quotidienne, il peutse rvler considrable ds qu'on aborde la littrature oules crits religieux. b) Ensuite, et ceci dcoule en partie de la premire remarque, l'Egypte deslettrs a connu, sans doute assez tt, une situation de diglossie. Cet tat de faitest nettemeJlt affirm partir du Nouvel Empire (1560-1070 av. l-C.), poqueo les scribes de l'lite manient, ct du no-gyptien, qui est alors la languevernaculaire, une langue savante quise veutune imitation, en gros, de la langueclassique du Moyel} Empire (2040-1750 av. l-C.). Cette situation se poursuitjusqu' la fin de l 'Egypte paenne, le dmotique ayant alors remplac le nogyptien comme langue de la pratique (v. Engsheden, 2003:Introd.).L'histoire de la langue gyptienne se laissersumer schmatiquement dansuntableau du genre de celui fourni ci-dessous. On se gardera toutefois d'interprterles flches comme des signes de fil ia tion au sens stric t. TI s'agit plutt del'indication assez neutre d'une suite d'tapes, historiquementattestes, mais quine procdent pas ncessairement l 'une de l 'autre par succession directe. Lestapes elles-mmes ne forment pas des entits figes. Cela se vrifie aussi bienpour l'gyptien de la pratique, que pour la langue de prestige. l'intrieur duno-gyptien, par exemple, on peut distingner trois phases d'volution (voir letableau dans Winaud, 1992:30). De son ct, l 'gyptien de tradition a connuplusieurs adaptations pendant les quelque deux mille ans o il a temploy, etcela mme si les scribes onttoujours eu sous les yeux un modle de rfrenceunique, l'gyptien classique (cf. Winaud, 1999; v. aussi rcemment, Engsheden,2003).

    Par prdication non verbale, on entend prototypiquement une relation entreun sujet et un syntagme nonverbal quijoue le rle de prdicat. En gyptien, cedernier peut tre un substantif, un adjectifou un adverbe. On verra plus loin ceque recouvrent prcisment ces appellations. Dans sa forme lmentaire, laprdication non verbale exclutdonc tout lment verbal. Cette affirmation, quipourrait passer pourune lapalissade, doit cependant tre nuance par certainesconsidrations qui seront dtailles plus tard. La possibilit existe en effet derintroduire certaines formes verbales en priphrie de la prdication pourdonner la proposition une coloration temporelle ou une valeur modaledtermine.Sur un plan smantique gnral, il importe de prciser que la prdication nonverbale exprime essentiellement une situation non soumise au flux temporel.Les situations s'opposent aux procs qui recouvrent tout type de prdicationsoumis au flux temporel: en gyptien, ils sont pris en charge par la prdicationverbale. La division entre situations et procs recouvre sur le plan cognitifunediffrence fondamentale entre la perception globale (global scanning) et laperception squentielle (sequential scanning). Ce n'est pas le l ieu d 'ent rer ic idans la classification des procs proprement verbaux. TI suffit de prciser que lesprocs peuvent se classer en fonction de leur orientation au dpart du premieractant Deux grandes catgories mergent suivant que le procs reste sur lepremier actant (vise endocentrique) ou qu'il passe un deuxime actant (viseexocentrique)5. Combin avec l'axe de temporalisation, cela donne le tableausuivant:

    '1-::1-1 l' .;pl 74 Jean Winand

    Prdication non verbale en gyptien

    2. LA PREDICATION NON VERBALE75

    Languev ernaculaire Langue de prestigegyptien ancieng. 1 moyen gyptien gyptien classiqueno-gyptien gyptien de tradition-Eg:-i--------------------------diotiqu-------------------------.-------copteTableau 1 :volution de l'gyptien

    On notera enfin que le dmotique et le coptedsignent la fois un tatde lalangue et un systme d'criture. Les deux ne concident pas ncessairement,mmesi c 'est le cas le plusfrquent C'est a insi que la langue dmotique, pourprendre un exemple frappant, a parfois tcrite en caractres hiroglyphiques4Dans la prsentation de la prdication nonverbale qui estfaite ici, l'analyse at volontairement restreinte aux fai ts de langue ressort issant au moyengyptien et au no-gyptien. Les autres tats de la langue n'ontt invoqus quede mauire marginale , dans l e but principal de donner une perspectivediachrouique tendue.4Pour un cas remarquable au temple deDendrah, voir Quack (1998).

    Vise Prdication Temnor.prd. substantivale -1ndocentrique ord. adiectivaleprd. adverbialevb. intransitifsexocentrique , vb. transitifs 1 Obi. r- Pat.l1 Obi. r+ PaU +Tableau2 : Prdicationet orientation du procsLes trois types de propositions non verbales de l'gyptien se distinguententreelles sur le plan grammatical et sur le plan smantique (c f tableau 3). De plus,elles entrent, des degrs divers, dans des relations complmentaires, parfoiscomplexes, avec les constructionsverbales.Sur le plan smantique, la prdication substantivale exprimefondamentalement une identification ("Paul est l'gyptologue du m o m e n t ' ~ ouune classification ("Paul est un gyptologue"). La prdication adjectivaleattribue une qualit au sujet ("Paul est intelligent"). I,.a prdication adverbialeexprime essentiellementune localisation("Paulest en Egypte").

    SCf Pottier (1992). Les reprsentations graphiques des procs dans les pages quisuivent s'inspirent librementdes schmas de ce linguiste.

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    ! ~ - '"t-; )

    76 Jean Winand Prdicationnon verbaleen gyptien 77

    6Pour le moyen gyptien, voir Malaise et Winand, 1999:454-493 (avec abondantebibliographie).

    Tableau 3 :Les types de la prdicationnon verbale en gyptienancienAprs. ce r ap ide tou r d 'hor izon , j 'examine maint enan t chaque type deprdication avecplus de dtails.

    Tableau4 : Opration d'identification et de classificationSur le plan formel, l'gyptien possde deux constructions fondamentales, quine recouvrent pas exactement les deux types d'oprations logiques dcrites cidessus.

    (3) Ptp t.zw=nN.PRO SUBST9'RO.SUFF.IPL"Ptah-es1-notre-seigneur" (nom propre)

    La rversibilit de l'opration d'identification est illustre dans certains textesreligieux, quifont suivre la proposition de l'expression ls p!lr "etvice versa" :(4) ink r' n(j) hrw pn t,s-pf:!r

    pR.IND.lsG SUBST GEN.IND SUBST ADJ.DEM ADV"je suisRde ce jour, et inversement" (CTII, 119fG2T)TI est des cas o le sujet ou bien le prdicat n'est plus un s u b s t a n ~ mais unde ses substituts paradigmatiques9 S'il s'agitd'un pronompersonnel, cas le plusfrquent et qui nons retiendra un peu, l'gyptien recourt la srie des pronomsautonoines, appels aussi pronoms indpendants dans la traditiongyptologiquelo. Sur le plan smantique, on trouve des oprationsd'identification ou de classification. La distinction se fai t en fonct ion de ladfinition du prdicat Celle-ci n'est toutefois systmatiquement marque qu'partir du no-gyptien. En moyen gyptien, une phrase comme:

    (5) ink Smsw nswtpR.IND.lsG SUBST SUBST

    peut donc s 'i nte rp r ter comme "je suis l e serviteur du roi" ou "je suis unserviteur du roi". La question ne se pose videmmentpas quand on a affaire 7 La possibilit d'avoir un substantifprdicat non dfini, comme illustre peut-tre dansl'onomastique (cf. Vernus, 1994:327), demande tre davantage tudie.S On retrouvera le mme schma dans les phrases balances (Wechselstze), quireprsentent une extension de la construction: cf. infra, 2.1.23.9 En dehors des pronoms, il faut notamment mentionner les participes et les formesrelatives substantives: inkm'Y iLfnje suis unaim de son pre".10 Du point de vue de la grammaire compare, ces pronoms sontapparents aux pronomssmitiques: cf. Loprieno (1995:64-65).

    2.1.1. La construction Sujet + Prdicat: La premire construction consisteen la juxtaposi tion directe du sujet et du prdicat (A B) . Si les deux termessont des substantifs, ceux-ci sont grammaticalementou smantiquement dfinis.TI s'agit donc d'une opration d'identification7 Dans ce type de prdication,plutt rare, l'gyptien affectionne des phrases o sujet et prdicat se rpondentdans un paralllisme lexical8 :

    (1) mk.t=! mk.t R'SUBST9'RO.SUFF.2FEM.sG SUBST SUBST"ta protectionest la protection de R"Autre cas de figure o la prdication par juxtaposition est trs utilise : laprsence de substantifs inalinables et les anthroponymes (v. Doret, 19891991) :(2) bw.t=f grg

    SUBST9'RO.SUFF.3MASC.SG SUBST"son abomination est lemensonge"

    B@~ ~ ( i )

    Prdication Niveau smantiaue ExnressionformelleSubstantivale identification! classification Sujet+Prdicat1Prdicat+ dictiQueAdiectivale .. aualification Prdicat+ SuietAdverbiale localisation Suiet+Prdicat

    Aux trois types de prdicats correspondent des schmas syntaxiques prcis.EIi gros, la prdication substantivale connat deux constructions de base: soitSujet + Prdicat, soit Prdicat + un lment dictique servant d'indice du sujet.La prdication adjectivale observe rigoureusement la construction Prdicat +Sujet. La prdication adverbiale suit toujours l 'ordre Sujet + Prdicat Laclassif icat ion d 'une prdication non verbale procde donc la fois del'identification de la nature du prdicat, c'est--dire de la classe laquelle ilappartient, et d'une analyse syntaxique. On verra plus loin que la nature duprdicat n'est pas toujours un critre suffisant pour dterminer le type deprdication, car il existe des oprations de recatgorisation.

    2.1. La prdicationsubstantivaleLa prdication susbtantivale effectue une opration d'identification ou declassification6 Dans le premier cas, on pose l 'identit du sujet et du prdicat,lesquels sont ncessairement dfinis (A = B). L'opration est de surcro trversible (si A = B, a lo rs B = A). Dans le deuxime cas, on a affaire uneopration d'inclusion (A c B). Le sujet n'est plus alors ncessairement dfini.Sur le plan logique, l'opration n'est plus susceptible de rversibilit (si A c B,alors B cr. A). Graphiquement les deux types d'opration peuvent se reprsenterainsi:

    ".;

    .,

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    Tableau5 : Expression du sujetpronominal en fonction du niveaunonciatifl211 L'effet nonciatifest de surcrotrenforcici par une thmatisation du sujet.

    79

    ir ink gr ink. inPART.TIIEM PR.IND.1SG PART PR.IND.1SG PART.INTERink p3y.k b3kPR.IND.1SG ART.Poss.2MASC.SG SUBST"quant moi, ouimoi, serais-jeton serviteur1" (Ounamon, 2,12-13)13

    (13)

    (12)

    NTOK NTK- 0Y- nro+tTItcPR.IND.TON.2MASC.SG . PR.IND.ATONE2MASC.SG- ART.INDEF- SUBST"toi, tu es un prophte" (Jean 4,19) (c f Layton, 2000:264)

    La construction paratactique est connue ds l'ancien gyptien. Son emploi estdj marginal en moyen gyptien, du moins avec un sujet substantival.L'gyptien tend en effet dans ce cas gnraliser la construction du deuximetype, dont il va maintenanttre question.2.1.2. La construction Prdicat + pronom dmonstratif, indice du sujet: Ladeuxime construction connatune forme simpleet une variante largie.2.1.2.1. La construction de base: En moyen gyptieq, la forme de baseconsiste en l'expression du prdicat suivi d'un lment invariable qui constituel'indice du sujetl4 Cet lmentest morphologiquement un pronom dmonstratifmasculin singulier, pW15 La forme lmentaire es t donc A pw "c'est A". Sur l e

    plan smantique, cette construction opre fondamentalement une opration declassification.12 Le tableaua tvolontairementlimit auxpersonnes du singulier, et aumasculin.13La modalit'introduite dans la traduction tend r end re l e sens de la particuleinterrogative in, qui en raison d'un jeu graphique propre l'criture hiroglyphique,appelle unerponse ngative. Le ton de la phraseest ironique.14 C'est ce quela tradition grammaticaleen gyptologie appelle la "copule". Surce point,voirVemus (1994:333).15 Sur les dmonstratifs, voirrcenunentVernus (1990c).

    (lIa) .UlnT0YOIN t1J1KOCMOC(lib) ANOK ne nOYOIN t1J1KOCMOC"jesuis la lumiredu monde" (Jean 9,5)"c'estmoi la lumire dumonde" (Jean 8,12) (c f Layton, 2000:276)On ne confondra pas le procd de rhmatisation avec celui de thmatisation,qui consiste en l'extraposition frontale du pronom tonique, procd bien connu

    en no-gyptien eten copte:

    En ce qui concerne le marquage rhmatique du sujet, la situation du copte etdu moyen gyptien n'est pas tout fait comparable. L o le moyen gyptiens'en remet un e opposition entre forme tonique et forme atone, le copte prfrerecourir la construction avec dictique (cf. infra, 2.1.2), en rigeant le sujet dela construction nonciativement neutre en prdicat de la construction marque.On opposera ainsi :

    Prdication non verbale en gyptienean Winand

    ntkPR.IND.2MASC.SG(7)

    Niveau nonciatif Nature du suiet Moven evPtien CODteNeutre 1re e t2e PERS. SING inklntk+ SN ANr INTK + SN3me PERS. SING SNmv sNne /Te /NeRbmatisation 1re et2e PERS. SING inklntk+ SN ANOKne+SNdu sujet 3me PERS. SING ntf+ SN NTOqne+SN

    (8) mntk p3-mnty n t3y s.tPRo.INb.2MASC.SG ART.DEF-suBST GEN.IND ADJ.DEM SUBST"tu es le portier de cetteplace" (p. BM 10403, 1,4)(9) mntk 0-i3w 83s3PR.IND.2MASC.SG SUBST ADJ"tu es un vieux sot" (p. BM 10052, 10,8)

    Quand le suje t pronominal est la 3me personne, l'gyptien recourt audeuxime type de construction (cf. infra, 2.1.2). S'il opte nanmoins pour lapremire, ce qui implique l'utilisation du pronom indpendant (MASe.SG : nif,FEM.SG nts, PL commun ntsn), la proposition est nonciativement marque; lesujet es t alors rhmatis (voir,e .g. Allen, 1994:5-6) :

    (10) (hririmn-r' ...)mntf p3 - nbnp3 'nhsnb .(...) PRES.IND.3 MASC.SG ART.DEF - SUBST"(quant Amon-R,) c'estlui le matre de la vie et de la sant"(LES 70,1-3)11Pour les deux premires personnes, l'opposition entre formes marques etformes non marques existe aussi, mais elle est neutralise dans l'criturehiroglyphique. En effet, l'gyptien possde deux sries de formes de pronomsindpendants: une forme tonique e t u ne forme atone. La srie des pronomstoniques se signale pa r la prsence d'une voyelle de timbre 101. Les deux sriesse distinguent aisment en copte, parce que cet ta t de langue utilise unecriture alphabtique drive du grec, qui note les voyelles, (p. ex. 2 M A S ~

    NT K vs. NTOK), mais elles se confondent dans l'criture hiroglyphique (,g,.ntk), qui n'indique, en principe, que les phonmes consonantiques.

    inkPR.IND.1SG"jesuis toi"En no-gyptien, la diffrence se marque nettement g r ce la prsence del 'art icledfini :

    des ent its dfinies pa r nature, comme les noms propres ou les pronomspersonnels:(6) ink R'PR.IND.1sG SUBST"jesuis R"

    78;,

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    2.1.2.2. La construction largie: Dans la construction largie, le "sujet" estexplicit de manire paratactique, aprs l'expression du dictique: A pw B "c'estA, queB", autrement dit ''B estA" :(16) R' pw it=i

    N. PRO INDICEDU SUJET SUBSFPRO.SUFF.lSG"c'estR, savoirmon pre", c'est--dire "mon pre estR"Dans la langue a n c i ~ n n e , c'est--dire en ancien gyptien, l'indice du sujets'accorde en genre et en nombre avec le prdicat (MASC. SG. 1 FEM. SG. 1 PLcommun). TI en va de mme en gyptien de la deuxime phase, donc en nogyptien, en dmotique et en copte. La situation du moyen gyptien apparatainsi commeisole :

    (17) s p3ySUBST.MASC INDICEDUSUJETMASC.SG"c'est un homme" - no-gyptien

    (18) /on.t t3ySUBST.FEM INDICEDUSUJETFEM.SG"c'estune femme" - no-gyptien(19) /on.wt n3y

    SUBST.FEM.PL INDICEDU SUJETPL"ce sont des femmes" - no-gyptien(20) n3-n sdb1J n t3 k3.twn r-btp3 itnp3y.i it n3y

    ART.DEF.PL SUBST . INDICEDUSUJETPL.COM."ce sont les outils du travail qui taient sous la supervision de mon grandpre" (O.BM563l,Ro l-2)-no-gyptien2.1.2.3. Construction particulire: des fins expressives, l'gyptien peutfaire l'conomie du pronomindice du sujet, ce quirevient rduire la phrase auprdicat: A 1. Cette possibilit ne semble gure atteste en dehors du nogyptien, et, sans doute, du dmotique.(21) i!J f2JPRO. INTER"(c'est) quoi" (no-gyptien)(22) br rmt. p'=! f2JPART SUBST SUBST=PRO.SUFF.3MASC.SG """etc'taitun tre humain,lui aussi" (Ounamon 2,53-54)Cette tournure connat aussi une possibilit d'largissement, par l'adjonctionen parataxe d'll syntagmenominal :

    81

    Suiet Prdicat Dictiaue Apposition au dictiaue1 A BlI a A 1JWa' A 0lI b A 1JW Bb' A 0 B

    Tableau 6 :La prdicationsubstantivale2.1.3. Extensions de la construction prdicat substantivaI: L'gyptien s'estservi des deux variantes de la constructionsubstantivalepour crer des types dephrases spcialiss.Su r l e modle de la premi re const ruct ion (A B), il a form ce que lesgyptologues appellent une phrase balance (Wechselsatz), consistant en lajuxtaposition de deux propositions verbales traites comme des substantifs.Smantiquement, les deuxpropositions sontjuges corrlatives et quivalentes.

    En termes logiques, si les conditions de vrit sont remplies pour la premireproposition, la deuxime proposition se trouve automatiquement valide. Laphrase balance se caractrise notamment par un paralllisme lexical entre lespropositions, comme son modle dans la prdication substantivale (cf. supra,ex. 1) :(24) pr.n=sn r p.t m bik.wVB.ACC=PRO.SUFF.3PL PREP SUBST PREP SUBST.PL

    pr.n=i 1Jr !J.n/J.wj=snVB.ACc=lsG PREP SUBST.DUEL=PRO.SUFF.3PL"de mme qu'ils sontpartis vers le ciel comme faucons, demme je suis partisurleurs deux ailes" (CTIII, 115g)Cetype de constrnction esttypique de l'gyptien de la premire phase.Toujours sur le mme modle, l'gyptien peut former des phrases coupes(cleft sentences) dont la fonction nonciative consiste en la rhmatisation dusujet. Si celui-ci est un pronOIn, on retrouve la srie des pronoms indpendants

    toniques; si le sujet est un substantif, celui-ci est introduit par la particuleagentive in. En gyptien de la premire phase, le prdicat est soitun participe l 'accompli ou l 'inaccompli, soi t le prospecti f sf1.m.w.j, une forme de laconjugaison suffixale :(25) ink rdi=i ir.tw=f n=k

    PR.IND.lsG VB.PRSP.=lsG VB.SUBI.PASS=3MASC.SG PREP=2MASG.SG"c'estmoi quiferai que cela soit fait pour toi" (p. Kahun, 28,27)

    (23) ib @ p3y.k tm sdmPRO.IN1ER 0 ART.poss.2MASC.SG VB.NEG!NF"(c'est) quoi, le fait que tu n'coutes pas 7" (no-gyptien)Les constructions de la prdication substantivale se laissent rsumer de lamanire suivante:

    Prdicationnon verbale en gyptien

    }.

    Jean Winand

    (15) /on.t ]VSUBST.FEM INDICEDU SUJET"c'estune femme"

    (14) s ]VSUBST INDICEDU SUJET"c'est un homme"

    80;-;;

    l':Ili}i;

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    82 Jean Winand Prdication non verbale en gyptien 83

    Tableau 7 : Lesphrases coupes et les pseudo-phrases coupesIl ne faut pas confondre la phrase coupe avec une proposition prdicatsubstantivai nonnale dont le prdicat est un participe substantivl8 Le dpartn'est pas toujours ais faire; c'est ainsi qu'unephrasecomme:

    16 Sur ce type de constructions, voirNeveu (1994:191-212).17 Dans le cas o l'antcdent n'est pas le sujet de la propositionrelative, la fonction del'antcdent l'intrieur de la relative doit tre spcifie par un pronom, appel pourl'occasion "pronomr somptif' (litt. "c'estlui celui quel'on enqutera sur lui").18La mme remarque vaut pour les pseudo-phrases coupes dont il a t question plushaut.

    Sujet Prdicatparticipeinaccompligyptien1 & n participe accompliink 1ntk 1ni f ... prosoectifsdm.w.rin+SN p3gyptien II t3 + nty + prdicat

    n3

    19 Surce type de construction, cf Vernus (1994:339-346).20 Les propr i ts de is fon t encore l 'obje t de dbat s chez l es gyptologues. Laprsentation la plus richeet la pluscomplte setrouve dans Oral (2000:342-396).

    (29a) ink ir.w wipR.IND.1sG VB.PC.ACT PRo.DEP.lsGmoi ayant fait moi"c'estmoi quime suisfait"

    (29b) ink ir.w swPR.IND.lsG VB.PC.ACT PRo.DEP.3MASC.SGmoi ayant fait lui"je suis quelqu'unqui s'est fait"Le schme de la deuxime construction (A pw) sert encore riger enprdicat un lment qui n'est pas morphologiquement un substantif. On peuttrouver dans ce type de tournure diffrents syntagmes (par exemple uneprposition et son rgime), mais aussi, ce qui est plus iusolite, des propositionsprdicatives. Dans l 'exemple suivant, le prdicat est en fait une phraseimprative:

    (30) mj m-s3(=i) pwIlv.IPER PREP=PRo.sUFF.1SG INDlCEDUSUJETviens derrire=(moi) cela"(litt.) c'est de l'ordre de "Viens aprsmoi ""', c'est--dire "c'est un appel venir monsecours" (Sinouh,B 160)19

    2.1.4. La ngation de la prdication substantivale: En moyen gyptien, langation des deux types de constructions de la prdication substantivales'obtient en plaant la ngation n (...A-) en tte de phrase. I l s' agit d'unengation de contradiction portant sur le nexus prdicatif (c f Loprieno,1991:215, 1995:126). On la retrouve pour nier divers types de prdicationsverbales (n sil.m.n=f "il ne peut entendre", n sil.m=f "il n'a pas entendu"). Lepremier exemple ci-dessous illustre l'emploi de la ngation dans la constructionSujet+Prdicat, le seconddans la construction avec dictique.

    (31) n ink tr sm3=fNEG PR.IND.lSG PART SUBST=PRO.SUFF.3MASC.SG"je ne suiscertespas sonassoci" (Sinouh,B 93)(32) n ni f pw m m3 '.tNEG PR. IND .3MASC. SG IND lCEDUSU JET PREP SUBSTni f pw m m3'.tPR. IND.3MASC.SG INDlCEDUSUJET PREP SUBST"cen'estpas lui en vrit, (.. .), c'est bienlui en vrit" (Sinouh, B 268-9)La ngation n connatune variante sous la fonne n .,. is, o is est l'origineune particule dictique, dont les utilisations, assez diverses en ancien gyptien,tendent se figer en moyen gyptiendans les tournures ngatives. Les effets desens de la ngation n associe is peuvent se rsumer sous l'tiquette vague defocalisation, avec des ralisations diverses, comme le contrastif, le restrictif, leconfinnatifet l'explicatifl.

    1;,i'

    t:.:.'":id:

    ~ ~ ; ' .[if.

    l ' ' ~ . -

    nty iw= tw-r sn tPRO.REL FlTfIIFNEU1RE VB.INFqui o n enqu ter a

    ir.w stVB.pe.ACT PRO.DEP.NEUI'RE(28) ink

    pR.IND.1sG

    (26) in . nt!" irr i[a-. PART.AGENTIVE SUBST VB.PC.INACC SUBST"c'estdieu qui fait la prosprit" (Ptahhotep, 184L2)En no-gyptien, ce type de phrase connat une nouvelle extension pourpennettre l'emploi d'une plus large varit de prdicats. Presque toutes lesconstructions autonomes peuvent tre utilises dans ce nouveau schma; ellessont substantives au moyen du pronom relatif nty et dfinies au moyen del'article,dfini (p3, t3, n3)16.

    (27) ni f p3PR.IND.3MASC.SG ART.DEFlui celuir= fPREP.=PRO.SUFF.3MASC.SGI7sm=lui"c'estsur lui que l'on enqutera" (Dcret d'Horemheb,!. 31 )

    peut hors contexte se traduire par 'Je suis celui qui l'a ralis" oupar "c'estmoiqui l'ai ralis".En revanche, il est des cas ol a diffrence s'tablit aisment. Sile sujet est repris pronominalement sans modification dans le syntagmeprdicatif, il s'agit d'une phrase coupe; par contre, s'il s'agit d'une opration declassification, la reprise pronominale du sujet se fait ncessairement la 3mepersonne.

    t

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    84 Jean Winand Prdication non verbale en gyptien 85

    Dans le cas du substantif, on distinguera soigneusement la construction Adj.+ SN, prdication adjectivale, du syntagme Subst. + Adj ., qui ne forme pas unnonc complet Outre une modification dans l'ordre des constituants,on noteraque l'adjectifreste invariable dansle premier cas, mais s'accordeen genre et ennombre dans le second23 :(38b)/Jm.t nfr.tSUBST.FEM.SG ADJ.FEM.SG"unella belle femme"

    (37) nfr sjADJ PRO.DEP.3FEM.SG"elleest bonne"

    ink nfrPRo.IND.1SG ADJ.SUBST"jesuis quelqu'unde bien"(41)

    (38a) nfr .fun.tADJ SUBST.FEM.SG"la femme est belle"

    (36) nfr twADJ PRO.DEP.2MASC.SG"tu es bon"

    (35) nfr nb=fADJ SUBSFPRO.SUFF.3MASC.SG"sonmatre estbon"

    La prdication adjectivale est rgulirement employe en gyptien de lapremire phase , mais e ll e tend disparatre en no-gyptien au profit de laconstruction pseudo-verbale (avec parfait ancien). Ce problme sera trait endtail plusloin (cf. infra, 3.1.2).Quand le rfrent du sujet est indtermin, l'gyptien p eut l e laisserinexprim:

    (39) ir=t!t st. 3!J (2J n=t!tVB=I'RO.SUFF.2PL PRO.DEP.NEUTRE ADJ 0 PREI=PRO.SUFF.2PL"puissiez-vousfaire cela, c'est profitable pourvous" (Sinai, 90,20-21)(40) 4d=f: '43 (2JVB=PRO.SUFF.3MASC.SG ADJ 0"il a dclar: "c'est faux l'''' (PBM 10052,5,22)Quand l e suj et e st l e p ronom de la 1re personne, l'gyptien recourt plusvolontiers la prdication substantivale. Commel 'abien vu P. Vemus, loin dereflter une quelconque impossibilit systmique, le choixde l a prdication -declasse est pluttmotivpar des considrations de stratgie nonciative24 Sur leplan smantique, l'attribution d'une qualit au locuteur est donc prsentecomme une identification ou une classification:

    23 Les indications de genre et de nombre disparaissent toutefoisavec la systmatisationde l'emploi desarticles, qui portentce type d'indications.24 Vernus (1994:330-332). L'ide d'une distribution complmentaire tait venue del'tude d'exemples comme: ink '83 mr.t, nfr pr.i ''je suis quelqu'un qui abonde enserviteurs, ma maison est bonne" (Sinouh, B 155), o l'on constatait l'alternance dimeprdication substantivaleavec un sujet la 1re pers. et d'une prdication adjectivaleavec un sujetnominal.

    ::

    2.2. La prdication a4iectivale2.2.1. Construction de base : La prdica tion adjec tiva le oprefondamentalementune opration de qualification.

    0'" 1QuaI. 1Tableau 8 : Oprationde qualification

    Elle ne connat qu'un seul schma: Prdicat + Suj et Le prdicat estprototypiquement ce que la tradition gyptologique appelleun "adjectif', enralit une forme participiale du verbe21 , qui demeure invariable. Le sujet estsoit un substantif, soit un de ses substi tuts paradigmatiques. S'i l s 'agitd'unpronom personnel, c'est la srie des pronOJDS dpendants, en fait des pronomsenclitiques, qui est utilise22

    21 Du point de vue de l'act ionali t des procs, l es verbes de quali t sont desaccomplissements gradables tlicit implicite; ils sont gradables parceque le prdicatse construit tout au long du procs, ils possdent une tlicit implicitedans le sens quela limite fixe au procs est floue, potentielle et variable en fonction des circonstances.Sur cette catgorie de procs, et leur dfinition en gyptien, voir Winand (2002:323336).22 C'est la srie qui est notamment utilise pour exprimer l'objetdans la conjugaisonsuffixale: iw s4m.n.fwi "ilm'a cout".

    En no-gyptien, la ngation est bn. TI s'agit d'une forme renforce de langation n (nn en moyen gyptien > bn en no-gyptien). Elle fonctionneinitialement la manire d'un prdicat de non-existence, sur le moule de laconstruction prdicat adjectival: nn + sujet " inexis tant est X, i l n 'y a pas deX" . La disparition de la ngation simple au profit de la ngation renforce estun processus typologiquement bien attest dans plusieurslangues.

    (33) bn ink st-.[Jm.tNEG PR.IND.lsG SUBST'Jene suispasune femme" (LEM 9,8)La ngation bn est rgulirement renforce pa r la particule iwn3 postpose.Le fonctionnement de cette particule et son volution depuis le no-gyptienjusqu'en copte prsentent de nombreuses anal og ie s avec l es ngat ionsdiscontinues du franais (ne .. . pas, ne '" point; cf. Winand, 1996b).

    (34) hr ink. p3y=tn nfr. bn inkPART PR.IND.1SG ART.poss=2PL ADJ.SUBST NEG PR.IND.lsGp3y=tn bin iwn3ART.poss=2PL ADJ.SUBST iwn3"car c'estmoi votre bienfait,je ne suis vraiment pas votremalheur"(LRL 2,1)

    l'

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    15 On notera nouveau la prsenced'un sujet la premirepersonne du singulier.26Les degrs de comparaison ne sont pas morphologiquement marqus en gyptien. Lecomparatse signale par la prsence d'un groupeprpositionnel(utilisant la prpositionr "(litt) parrapport") qui introduit le deuxime terme de la comparaison.

    87

    TI faudra revenir plus loin sur cette construction quand on abordera lesquestions lies l'expression du temps et de l'aspect.L'gyptien peut encore glisser dans le moule de la prdication adjectivale unsubstantifdansle rlede prdicat. Cette latitudelui permet dejouer subtilementde la variation entre identification/classification et qualification. En optant pourune prdication adjectivale, l 'gyptien prsente ce qui e st norma lementconsidr comme l'appartenance une classe comme une qualit du sujet: ntkrmt "tu es un homme" (prdication substantivale) vs. rmt DY "tu es humain". Lefait de substituer paradigmatiquement un substantif un adjectifne semble pasentraner de bouleversement morphologique, du moins d'aprs ce qu'on peut enjuger dans l'criture hiroglyphique (cf. supra, 2.1.3).

    (45) miw sw m n3-n bw nfrSUBST PRO.DEP.3MASC.SG PREP ADJ.DEM.PL SUBST ADJi rr- fFEM.REL.INACC.=PRO.SUFF.3MASC.SG"il a les qualits d'unchat dans ces bonnes actions qu'il accomplit" (CT IV,412, 163a-l64a).

    Ce type de tournure est particulirement frquent avec les pronomsinterrogatifs, qui sont morphologiquement des substantifs. Dans l'exemple cidessous, manifestement rdig par le scribe l'intention des gyptologues,s'opposent les deux types de prdication: la premire question s'intresse laqualit du personnage (prdication adjectivale), la seconde son identit(prdication substantivale)27 :

    (46) m tr tw ntk zjPRO.INTERR PART PRO.DEP.2MASC.SG PRo.IND.2MASC.SG PRO.INTERRquoi donc toi toi qui"Quelle qualit as-tu donc 1Qui es-tu 1" (Livre desMorts, 122,2Nu)Enfin, il faut encore signaler qu'urie interrogation peut tre formule aumoyen d'une prdication adverbiale. La question porte alors sur la situation dusujet. L'gyptien peut ainsi questionner le sujet d'aprs trois points devue (sonidentit ou son appartenance une classe, ses qualits, ses occupations). Ledernier point de vue est illustr dans l'exemple ci-dessous, qui vient ainsi

    complter l'exempleprcdent:(47) iw=k tr m m n n!riW=PRo.sUFF.2MASc.SG PART PREP PRO.INTERR GEN.IND SUBSTiw=toi donc dans quoi de dieu"quel dieu te trouves-tu donc tre 1" (p. Ramesseum I, Al , 15) (cf. Vernus,

    1994, ex. Il )2.2.3. Prdication adjectivale et prdication subStantivale : On a dj notque l'gyptien recourait plus volontiers la prdication substantivale quand le

    27 L'alternance des pronoms (m, puis Zj) est purement stylistique. On trouve en effet memploy de la mme faon que zj (commeprdicatdans une constructinsubstantivale) :trm "qui es-tudonc 1" (CTVI, 314h).

    Prdication non verbale en gyptien

    L ~ ' , '

    ';."

    i.";f';

    Jean Winand

    POSSEDE POSSESSEUR rgimede ni)(suiet) substantivaI pronominalsubstantivaI n(j)AB n(j)swB"B appartient "B luiA" appartient"pronominal n(j)swA n(j)swwi"il appartient "jeluiA" appartiens"

    (43) Tableau 9 :La prdicationd'appartenance avecnj (moyen gyptien)n(j) wi R'nj PRo.DEP.lsG N.PRO"j'appartiens R" (p. Ebers, 1,7)15Ces constructions expriment fondamentalement la possession naturelle ouinalinable. EUes s'opposent d'autres tournures, formes sur le canevas de laprdication adverbiale, qui expriment la possession contingente (cf. infra,3.1.2).2.2.2. Extensions de la construction prdicat adjectival: Sur le modle dela construction prdicat adjectival, l 'gyptien peut substituer l'adjectifprdicat une forme participiale du verbe , qui en est la transformationadjectivale:(44) sM sw t3 r itnVB.PC.INACC PRO.DEP.3MASC.SG SUBST PREP SUBST

    illuminant lui la terre par rapport le disque solaire"il illumine (par nature) la terre plus que le disque solaire" (CGC 20538, H,c 12)26

    La constructionPrdicat adjectival + 1repers. sujet est toutefois atteste:(42) 3!l.wj wiADJ.RENFORCE PRO.DEP.lsG"combienje suis lumineux!" (CTH, 242c) (cf. Vemus, 1994, ex. 18)En dehors des emplois canoniques o le prdicat est un adjectifde qualit, la

    construction . prdicat adjectival sert encore notamment, en gyptien de lapremire phase et en no-gyptien, exprimer la possession. Une des tournuresles plus frquentes consiste utiliser l'adjectifnisb form surla prposition quisert marquer le bnficiaire ou le destinataire (n > ry). En fonction de lanature substantivale ou pronominale du possesseur e t de l'entit possde, onobtientplusieursschmas de construction, rsums dans le tableauci-dessous :

    86

    t-.k

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    r01:"I;;";.

    (50) bnns-swpr- '3"il n'appartientpas Pharaon" (KRlIV, 319,7)

    Plutt que de nier une qualit, l 'gyptien prfre en effet nier le processusmenant cette qualit. Pour ce faire, il conjugue l 'adjectif, dans sa formationverbale, une forme de l'accompli. N nfr.n.f signifie au propre "il ne s'est pasproduit qu'il devienne bon", c'est--dire "il n'estpas bon".

    (49) fms pwADJ.SUBST pw ."c'taittroit" (Oasien, R 45)28

    2.2.4. Ngation de la prdication adjectivale : La ngation de la prdicationadjectivale s'obtient au moyen de n ... (is), (bn en no-gyptien), plac en tte dela proposition. TI n 'y a gure d 'a ttesta tion en dehors de l 'expression de lapossession :

    89

    (54)

    (53) ist. !li' m niw.tPART PRO.DEP. 2MASC.SG PREP SUBST"alors que tu esen ville"iw=k m niw.tAUX.ENONc=PRO.SUFF.2MASC.SG PREP SUBST"tu es en ville"

    Cette situation crumge en no-gyptien. Cettat de langue connat en effetunpronom personnel sujet pouvant figurer de manire autonome en positioninitiale. C'est ce qu'on appelle parlois en grammaire gyptienne le "nouveaupronom", ou encore la "prformante pronominale du Prsent 1"30 :

    1?

    30 Sur l'volution de ce nouveau pronom jusqu'en copte, voirWinand (1992:664-680).

    C'est encore la situation en copte, avec toutefois quelques modifications dansle paradigmedu pronom:

    (55) twk m niw.tPRo.sUJ.2MASC.SG PREP SUBST"tu es en ville"

    Tableau 10 : Oprationde localisationLe schma syntaxique de base est Sujet + Prdicat. Le prdicat est soit unadverbe soit un syntagme prpositionnel. Le sujet peut tre un substantifou unde ses substituts paradigmatiques. S'il s'agit d'un pronompersonnel, on recourt,en moyen gyptien, la srie des pronoms dpendants ou celle des pronomssuffixes.Pour des raisons qui serontexplicitesplus loin, la prdication adverbiale nefigure que rarement rduite ses deux lments constitutifs. Le plus souvent, lap ropos ition est p rcde d 'un opra teur syntaxique ou d 'un auxi li ai red'nonciation. C'est la nature morphologique de ces lments introducteurs qui

    conditionne le choix du pronom personnel sujet. Dans le premier exemple cidessous, le sujet est un pronom dpendant, tandis que, dans le second exemple,le sujet est un pronom suffixe, ce qui trahit vraisemblablement l'origine verbalede l'auxiliaire d'nonciation iw :

    2.3. La prdication adverbiale2.3.1. Construction de base : La prdication adverbiale est d'abord uneopration de localisation. Elle situefondamentalement un sujet dansun espace.

    Prdication non verbale en gyptien

    0:

    ' .; .;0;'

    tk

    ' ~ i -

    ' ~ : '

    li;:

    fIr-

    W:. ~ ; ~

    Jean Winand

    (51) n n4m.n n= f wn r(3)=fNEG VB.ACC PREP=3MASC.SG VB.INF SUBST=PRO.SUFF.3MASC.SGm-' ih=fPREP SUBST=PRO.SUFF.3MASC.SG"(litt.) le fait d'ouvrir la bouche ne peut lui agrer ...", c'est--dire "ouvrir labouche ne lui est pas agrable cause de sa douleur" (p. Smith, 3,17-18)

    On comparera les deux exemples suivants, l'un au positif, l'autre au ngatif:(52a) ink 's3 mr.t(52b) n wr.n=k 'ntjwsuis abondanten personnel" (Sinouh, B 155)"tu n'es pas riche enmyrrhe" (Naufrag, 150)29

    28 L'imparfait de la traduction est une contrainte du contexte; la construction ne porteaucunemarque temporelle. .29 Onnotera que cet exempleest parfois segmentautrement: n wr n=k 'ntjw "lamyrrhen'est pas abondante pour toi".

    sujet tait la 1re personne: inknfr '1e suis bon", plutt que nfi" wi. L'adjectifest alors en emploi substantival. On trouve parlois la mme tournure d'autrespersonnes. L'exemple suivant illustre l 'quivalence paradigmatique entrel'adjectifsubstantiv etun substantifpar nature: ,(48) y3 mntk nfr, br mntk

    PART. PRo. lND.2MASC.SG ADJ.SUBST, PART PRo.lND.2MASC.SGp3y=i itART.Poss=ISG SUBST"en vrit, c'est toi qui esbon, etc'est toi qui es notre pre" (LRL48,15-16)

    Puisque l'adjectif peut tre substantiv (nfr "quelqu'un de bon"), il peut treutilis dans la construction Apw (cf. supra, 2.1.2.1) : nfr pw "c'est quelqu'un debon":

    88

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    : ~ f t f : :1:.

    F1:.i.

    90 Jean Winand : ' ' : Prdicationnon verbale en gyptien 91

    (58)

    (59)

    justice la complexit du problme, un expos dtaill seraitncessaire, lequelsortvidemmentdes proccupationsde la prsente contribution.2.3.3. La ngation de la prdication adverbiale : Pour nier une prdicationadverbiale, l'gyptien recourt la ngation nn (bn en no-gyptien)32, place entte de la proposition:(60) nn wi m-.frr-ib=snNEG PRO.DEP.lsG PREP=PRO.SUFF.3PL"alors queje n'taispas aumilieu d'eux" (Naufrag, 131) - moyen gyptien(61) bn st dy m-di=nNEG PRo.sm.3PL N)V PREP.=PRO.SUFF.IPL"ils ne sontplus avecnous" (p. Leyde 1365 = KRlIII,233,2-3)- no-g.Aprs cette prsentation gnrale des trois types de prdications non verbalesen gyptien, je passe des considrationstouchant des points particuliers.

    32 On peut aussi trouver la ngation renforce bn ... iwn3: Winand (1996b, ex. 10-12).C'est la situationqui prvaut en copte: NI1:1e: Z-Hnl.l l. H "lavritn'estpas enlui" (Jean,2,4).

    3. LA PREDICATION NON VERBALE ET L'EXPRESSION DE LA TEMPORALITE ET DE LAMODALITELa prdication non verbale reste naturellement en dehors de la deixistemporelle. Les ncessits de la traduction franaise nous obligent cependant l ui donne r une coloration temporelle. Une phrase comme nfr pr=i peut

    thoriquement se rendre en franais par "ma maison est/tait/sera belle" (c fsupra, ex. 49). La ralit s'avre toutefois un peu plus complexe. En rglegnrale, la relation temporelle dans laquelle s'inscrit une prdication nonverbale se dduit de l'instance d'nonciation (opposition discours 1narration), etde considrations syntaxiques (opposition temps absolus 1temps relatifs). Lespropositions non verbales sont prototypiquement des constructions d'arrireplan, c'est--dire qu'elles ne contribuent pas faire progresser le rc it (v.Winand, 2000). En gyptien, quand elles ne sont pas accompagnes d'unauxiliaire d'nonciation ou d 'un convertisseur syntaxique ou temporel (c f infra,3 .2) , e ll es peuvent tr e ut il is e s soi t d e man i re autonome, soi t d an s urierelation smantique de dpendance. Dans ce dernier cas, la dpendance semarque soi t pa r la prsence d'un lment anaphorique, soit par le biaisd'infrences directionnelles.Dans les deux exemples ci-dessous, on trouve la mme expression X m=f"Xest son nom", "il s'appelle X", employe en parataxe, la premire fois dans lediscours, l'autre fois dans la narration, ce qui explique les choix respectifs duprsent e tde l'imparfait dans la traductionfranaise. La dpendance smantiquede la proposition pa r rapport la phrase prcdente est souligne par unpronom anaphorique (= j) . Dans le deuxime exemple, on notera la prsence detrois propositions prdicat substantival la suite:

    i ~ ~

    ~ ~ . :

    ~ : - ,

    ~ : - .[;

    ",;:

    'qt,f,~ ~ ~ .

    .. ;:

    X::

    L ~ ~ ~ :

    (57a)(5Th)

    (56) K t t-ne:I-Hl.PRo.2MASC.SG PREP-ART.DEM-SUBST"tu es dans ce lieu"

    p3nnt. mpr=kwnw'nnt. mpr=k"l'hommee st dans ta maison""ily a unhomme

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    3.1. L'opposition essentielvs. contingent3.1.1. L'expression de l'identit ou de la classification: On a vu que l'identitou la classification essentielle tait rendue en gyptien par la prdicationsubstantivale (c f supra, 2.1). L'identit ou la classification contingente est ledomaine de la prdication adverbiale, c'est-:-dire d'une prdication de

    .....

    ....

    93

    Q ~ Ci)10 ~ B 133 C'est ce que la tradition gyptologique franaise appelle un peu curieusement le md'quivalence. D'quivalence, il n'est videmment pas question puisque l'association dusujet et du prdicat est circonstancielle et qu'il n'y a pas de rversibilit des arguments(siAm B,il ne s'ensuit pas que BmA est vrai). Si l'on tient tout prix donnerun nom cette tournure, il faut mieux opter pour une appellation comme "m de situationsociale", qui apparat ainsi comme une spcialisation de l'emploi gnral de m.34 On observe toutefois une certaine neutralisation en no-gyptien dans les tournuresngatives, -ainsi que le montrentcertaines variantes contextuelles: bn twk m i3w bm "tun'es pas un vieillard ignorant" (LEAl120,3-4) vs. bnmntk i3w /,pn=fr ntr "tu n'es pas unvieillardqui nglige dieu" (TurinA, VO 4,10).

    Tableau Il : iwAm B versus iwA rB

    localisation. L'gyptien recourt en l'espce un syntagme prpositionnel m +SN, qui signifie proprement "dans SN"33. Cette tournure est frquente pourdcrire le statut social ou professionnel d'unindividu. Dans le premier exempleci-dessous (moyen gyptien), le locuteur dcrit une situation anormale, unrenversement des valeurs. Dans le second (no-gyptien), la prdicationadverbiale est utilise pour exprimer un statut social contingent (la femme peutdivorcer facilement)34 :(66) pzSw m 'wnwSUBST PREP SUBST"l'arbitre est (maintenant) dans la situation de voleur !" (Oasien, BI, 248)(67) (elle a faittelle chose) hr iw=s m( ) PART iW.CIRc=PRo.sUFF.3FEM.SG PREP

    ./Jm.t n XSUBST GEN SUBST"alors qu'elle taitla femme de X" (KRlIV,317,7)En optantpour une prdication de localisation, l'gyptien limite la validit dupropos dans le temps. Cet effet de temporalisation de l'nonc est trs souventsoulign par la prsence de l'auxiliaire d'nonciation iw, sur lequel il faudrarevenir (c f infra, 3.2.1.).La prposition r (=) peut commuter avec m pour exprimer, non pasune situationfuture, mais une situation non actualise ave laquelle le sujet est

    prsent comme li : iW.k r sr "tu es destin tre magistrat", et non "tu serasmagistrat". Graphiquement, la diffrence entre iw A m B et iw A r B peut serendre comme illustr ci-dessous; le sens futur de la construction avec r est uneffet de sens iconique sous la pression de l'axe de la temporalit (formalis pariw).

    Prdication non verbale en gyptienean Winand

    (62) iw wn ndfsJ ddi m= fiw EXIST SUBST NP SUBSFPRO.SUFF .3MASC .SG"il y a un bourgeois qui s'appelleDjdi" (p. Westcar,7, 1)(63) gm.n.fsim ' ./ J' .w/Jrmrj.t nmty-nh trn. f s3 spw isrjrn.f"et il rencontra un homme debout sur la rive qui s'appelait Nemty-nakht;c'tait fils d'unhomme nommIsri" (Oasien, BI, 18-20)Dans les deux exemples suivants, la proposition prdicat adverbial estintroduite par le convertisseur syntaxique nty, qui transforme la proposition ennne relative; dans le premier exemple, la phrase appartient l 'instance dudiscours, dans le second, elle ressortit l'instance de la narration. Celajustifiela traduction, respectivement, par nn prsent et par nn imparfait:(64) rdi=ip.[F=fimn.tmi ntj m mr=f( .) PRO.REL.MASC.SG PREP SUBSFPRO.SUFF.3MASC.SG"je lui ferai atteindre l'occident comme celui qui est dans sa pyramide"(Dsabus,41-42)-(65) mtr .nwinn t-km.t n tj .w im Jm'=f( .. ) PRO.REL.PL lillV PREFPRO.SUFF.3MASC.SG"les gens d'gypte qui taient l avec lui avaient tmoign en ma faveur"(Sinouh, B 33-34) Y regarder de prs, il semble qu'on puisse rpartir les prdications nonverbales en deux groupes d 'un point de vue smantique: la prdication

    substantivale et la prdication adjectivale forment ensemble le premier groupe,et la prdication adverbiale constitue semele deuximegroupe.Le premier ensemble exprime fondamentalement une ident if icat ion1classification ou une qualification non contingente. Pour le dire autrement, laprdication substantivale et la prdication adjectivale affirment l'identit dusujet ou une qualit du sujet vue comme essentielle ou caractristique. Unephrase comme nfr ntr=k ne signifie pas "il se trouve que tondieu est bon", mais"ton dieu est naturellement bon". Puisque la prdication substantivale et laprdication adjectivale expriment une identit ou une qualit essentielle dusujet, les contingences temporelles ne peuvent facilement s'appliquer. Prciserune vise temporelle reviendrait en effet limiter ipso facto la porte del'assertion. Pour rendre une identit ou une qualit contingente, l'gyptien doitds lorsse tournervers d'autres types de constructions.Comme on le voi t, les opposit ions s tr ictement temporelles ne sont pasprimitives dans ce type de prdication; elles peuvent toutefois rapparatrecomme effets de sens ou comme implications de l'opposition fondamentale entreessentiel et contingent.

    92

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    ~ ~ - "

    94 Jean Winand *t1 Prdication non verbale en gyptien 95 '-'l i

    t,3w.tVB.INFvoler

    I ~ ; :

    .;:r:

    r' l i "

    .".'

    inaccompli gnral

    < - + > ~T

    [< >---J

    prdication pseudo-verbale

    prdication adverbiale

    prdication susbtantivale

    ". .

    ....

    ~ B". .

    ". .0)+- ....

    -E0 1iw.i ir.i ss "jefais lemtierde scribe"

    iw.i l:Jpr.kwim ss '1e suis devenu un scribe"

    iw.i m ss '1e suis prsentement un scribe"

    ink ss "je suisun scribe"

    0'" ~ 0

    On a galement reprsent les oprations notionnelles des quatre procs parun graphique. La flche du temps est videmment exclue pour l 'opration.d'identification. Pour les derniers procsproprementverbaux, les chronographesont t jouts. Dans le premier cas

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    36Voir toutefois les remarques infra.

    (76) iw n3 wr r=i minAUX.ENONC PRO.DEM VB.PARF.ANC PREP.=PRO.SUFF.lsG AnV.TEMPS ."cela est trop fort pourmoi aujourd'hui" (Dsabus, 5)

    tant donn que la construction pseudo-verbale est une drive de laconstruct ion p rdi ca t adverbi al, el le e st f rquemmen t accompagned'auxiliaires d'nonciation ou d'auxiliaires porte temporelle ou modale. Cepointsera trait plusbas.L 'oppos iti on ent re inhr ence .et contblgence s'observe encore dansl'expression de la possession. L'appartenance per se s'exprime pa r uneprdication adjectivale (nj-sw A), tandis que l 'appartenance occasionnellerecourt la prdication adverbiale, en utilisant le plus souvent une tournurelocative (SN rn-di X "A est chez X", c'est--dire "X possde A") ou attributive(iw.fn A "il est pour A"). L'opposition estbienvisible dans l'exemple suivant,o le locuteur entenddmontrerque possession ne vautpas proprit:

    97

    AuxiI. none. Suiet PrdicatSN1pro suif. n+ sN

    iw m- ' + SN1pro suff.Prdicat Suietn. ( SN

    n r di ca ti on nar ad ilmle niv. smantique temnoralisationprsence wn A appartenance -qualit. ni-swA dpendance contingencesituation iwAnlm-'B acquisition +Tableau 13 :Expression de la possession

    Tableau 12 : La prdication adverbiale: expression de la possession cela, il convient d'ajouter les constructions bases sur la prdication deprsence vs. non-prsence: wn !:J.t.f "il a des biens (litt . "des biens de lui sontprsents")". D'un point de vue smantique, on peut tenter une rpartition entre

    les trois types de prdicationtelle que rsume dans le tableau ci-dessous :

    Au cours de son volution, l 'gypt ien abandonne progressivement laconstruction prdicat adjectival au profit de la construction pseudo-verbaleavec parfait ancien. TI en rsulteune perte de l'opposition entre qualit inhrenteet qualit contingente. Le processus est bien engag en no-gyptien. Dans lesdeux exemples suivants, le parfait ancien duverbe '3 "tre grand" exprimerespectivement une qualit naturelle (domaip.e de la prdication adjectivale enmoyen gyptien), et une qualitacquise, rsultative :(78) t3y i3w.t '3.ti r.k p3 'd.d bin dp.tr3J

    ART.DEM SUBST VB.PARF.ANC PREP=PRO.SUFF.2MASC.SG.."cette charge est trop grande pour toi, gamin dont la bouche sent mauvais 1"(Horus & Seth, 3,8 =LES 40,11-12)(79) br m-bt p3 brd '3y

    PART CONJ.SUB ART.DEF SUBST VB.PARF.ANC"et quand Penfant fut devenu grand" (Prdestin, 4,6-7 = LES 2,1)

    (77) w' ksks.t ( ) m-diX, iw ns-swART.IND SUBST. ( ) PREP. X, iw.CIRc POSS.-PRO.DEP.3MASC.SGn p3 brPREP ART.DEF SUBST"une corbeille est en la possession de X (litt. "chez X"), alors qu'elleappartient la Tombe" (p. BM 10052, 3,19-20)

    Dans le cas de la tournure attributive, on notera que l 'gyptien prfreinverser l'ordre des constituants quand le prdicat adverbial est pronominal etque le sujet est nominal. On se gardera d'analyser cette tournure comme uneprdication adjectivale.

    Prdication non verbale en gyptien

    'f';

    .1 ,

    . ~ . - t : :

    Jean Winand

    (74)

    (73) bn iw=i r w3./J=k prp3y sp '3 n wgg ir=kNEG FUT.m=PRo.sUFF.lsG r VB=PRO.SUFF .2MASC.SG..."je ne te laisserai pas tranquille propos de cette terrible ngligence que tuas commise" (KRlIII,503,15)bn iw=k ri, ink imnNEG FUT.IIFPRO.SDFF.2MASC.SG PJP=PRO.SUFF.1SG, PRo.IND.lsG SUBST"tune prvaudras pas sur moi (litt "tune seras pas au-dessus de moi"), carje suisAmon" (p. Harris mag., 8,5-6)

    3.1.2. L'expression de la qualit: La qualit inhrente se rend en moyengyptien par la prdication adjectivale (c f supra, 2.2)36. Pour exprimer unequalit contingente, la langue recourt ce que les gyptologues appellent laconstruction p s e u d o - v ~ r b a l e , c'.est--dire une constructiondrive de laprdication adverbiale (c f supra, 2.2.2), en conjuguant au parfait ancien leverbe de qualit correspondant l"'adjectif' :(75) iw=knfr.twDans cet exemple, la qualit n'est plus prsente comme inhrente au sujet(cas de nfr {w), mais comme acquise au terme d'un processus. Cette valeur estprcisment donne par le parfait ancien, qui possde fondamentalement lavaleur d'un accompli rsultatif ("tu es devenu bon", donc "tu es bon"). D'unpoint de vue sociologique, on remarquera sans surprise que les qualits prtes

    aux dieux ou aux rois sont rendues par la construction prdicat adjectival,tandis que celles qui sont attribues aux simples mortels ou d'autres entitsanimes, et a fortiori des entits non animes situes en dehors de la .sphredu sacr, font appel la constructionpseudo-verbale.Dans l 'exemple suivant, le caractre contingent, circonstanciel, de laprdication pseudo-verbale est soulign par l a prsence d'un complment detemps:

    96

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    1

    3.2. Prsence d'auxil iaires d'nonciat ion, d'auxil iaires temporels etd'auxiliairesmodaux

    99

    37Aperu gnral dans Malaise et Winand (1999:406-423). Voir galement Vernus(1997). Pour lemoyen gyptien, l'tude la plus rcente, et la plus complte, est la thse,encore indite, d'Oral (2000).38Quelques exemples, mais gure avant le Nouvel Empire, sont attests pour laprdication adjectivale: voir Malaise etWinand (1999, ex. 644).

    verbale, qui se situent entte de la phrase et qui donnentdes indications soit surla position du locuteur vis--vis de son nonc (porte modale), soit sur larelation de la phrase avec son contexte (porte nonciative pouvantvoluerversun marquage syntaxique)31. En plus de ces auxiliaires, il y a encoreen gyptiendes auxiliaires verbaux, qui se conjugent, galementplacs en tte de la phrase,et qui ont une fonction narrative ou aspecto-temporelle plus marque. Les deuxsries ne doivent pas tre confondues. Le fait qu'elles puissent en partie secombinermontre bien qu'ellesjouent sur des registres distincts.Parmi les auxiliaires du premier type, on retiendra ici iw etmk; les auxiliairesverbaux sont principalement forms sur les verbes wnn "tre" (wn, wnn, wn.in,etc.) et 'p' "tre debout" ('p', 'p'.n).3.2.1. Les auxiliaires d'nonciation: Le principal auxiliaire d'nonciation dumoyen gyptien est sans conteste iw. Sa fonction originelleest d'indiquer que lelocuteur prend positivement attitudesur la vracitde son noncau moment del'nonciation (mode assertif). Une phrase comme iw=fm pr signifie donc, englosant un peu, "moi quivous parle, je vousaffirmequ'en cemoment il estdansla maison". Cette phrase s'oppose thoriquement l'nonc i t=i m prf, quipourrait se rendre par "mon pre est d'ordinaire chez lui". La prdicationadverbiale, sans auxiliaire d'nonciation, est cependant trs rare, du moins endehors des emplois paratactiques o elle assure une fonction d'arrire-plan parrapport une proposition verbale ou un syntagme nominal qui prcde (c fsupra, ex. 62-63). La signification fondamentale de iw rend compte de ses sensdrivs. Sur le plan modal, la prsence de iw est ressentie comme le marquagede l'indicatif (mode assertif). Sur le plan temporel, le lien tabli par iw entrelelocuteur et son nonc est interprt commel'indication d'un temps absolu.L'auxiliaire iw se combine tant avec des prdicats verbaux que non verbaux.Pour ce qui est de ces derniers, seule la prdication adverbiale est concerne,sauf rarissimes exceptions38 Cette diffrence de traitement entre la prdicationadverbiale et les prdications substantivale et adjectivale dcoule de leursignification respective. Elle confirme sa manire la rpartition qui a topre sur base de la distinction entre construction essentielle et constructioncontingente. TI y a en quelque sorte une incompatibilit logique vouloircombiner une construction exprimant une qualit essentielle un oprateur quien limite la validitdans le temps, et quien restreintla porte aujugementd'unlocuteur. En revanche, la prsence de iw dans la prdication adverbiale delocalisation est monnaie courante.Cela pos, il n'est pas exceptionnel de trouver avec la prdication adjectivaledes auxiliaires d'nonciation porte syntaxique ou valeur argumentative,comme ist., mk ou br. De mme, une prdication substantivale peut faire l'objet

    Prdicationnon verbaleen gyptienean Winand

    1 . l' .1essentie contingent(prd. adj.) (prd. verbale)1

    L'gyptien possde un grand nombre d'auxiliaires d'nonciation. Ce termedsigne, dans la littrature gyptologique, des motsfigs, trs souvent d'origine

    .----"1.habituel inundiat(inacc. s4.m.j) (progr. br s4.m)TI faut encore noter que la nature proprement verbale de lllladjectif' gyptienpeut se manifester pleinement si le besoin s'en fait sentir. Le verbe de qualit,qui est,. comme nous l'avons dit, la base de la formation adjectivale (en fait unparticipe du verbe), peut entrer dans les jeux d'oppositions aspectuelles,temporelles et modales, comme n'importe quelverbe gyptien. Ce qu'il importe

    de bien comprendre pour l'gyptien, c'est qu'on est en prsence, sur le planformel, d'un continuum, puisqu'il s'agitdans tous les cas (prdication a d j ~ c t i v a l eincluse) de flexions du mme lexme. ra i illustr dans les exemples ci-dessousles emplois du verbe de qualit l'inaccompli gnral, l'inaccompli progressifet l'accompliponctuel :(80) iw r-ib=f bm=!

    ADX.ENONC SUBST9'RO.SUFF.3MASC.SG VB.INACC=PRO.SUFF.3MASC.SG"sonestomac se dessche" (p. Ebers 39,14) - inaccompli gnral(81) m3.in=sn ]un=! /Ir-sbm

    VB=PRO.SUFF.3PL SUBST9'RO.8UFF.3MASC.SG VB.INACC.PROGRr.sPREP=PRO.SUFF.3MASC.SG"et ils virent saMajest en train de mettre en uvre sa puissance pour cela"(Urk. IV, 657,17) - inaccompli progressif

    (82) iw=s (./Jr)-nfr n.iiw.sEQ=PRo.sUFF.3FEM.SG VB.ACC.PONCT PREP=PRo.8UFF.lsG"etelle se montrabonne pour moi" (KRl VI, 739,8) - accompli ponctuel

    On a vu plus haut (c f supra, ex. (44) .que l'gyptien pouvait utiliser leparticipe d'un verbe comme prdicat d'une construction adjectivale. Une phrasecomme sMw sw t3.wj r p3 itn "il illumine par natureles deuxterresplus que ledisque solaire" s'oppose l'inaccompli gnral iw.f sM ! t3.wj r p3 itn "ilillumine d'ordinaire les deux terres plus que le disque solaire" et l'inaccompliprogressif iw.fbr sM t t3.wj r p3 itn "il est en train d'illuminer les deux terresplus que le disque solaire". On obtient donc un jeu d'oppositions que l'on peutrsumer a i n s ~ :

    98

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    100 Jean Winand

    ;{

    -L\r" Prdication non verbale en gyptien 101"{

    En no-gyptien, un prdicat adverbial peut tr e int g r dans un econstruction narrative, parfois avec un effet de sens inchoatif; les exemples sonttoutefois rarissimes :

    39 En no-gyptien sejoignent './J'les deux autres verbes de posture: Jnsi "tre assis"et sdr "tre couch". Surl'emploi de ces verbes comme auxiliaires, v. Kruchten(1982).40 La prsence dewn dans le discours, bien que rare, est cependant atteste: mr.[J.t wn=!prw " huile, o te trouvais-tu7" (CT VII, 1050).

    d'un questionnement marqu pa r in-iw. Le systme de l'gyptien est galementsuffisamment souple pour insrer une prdication pa r nature non dynamique. dans la t r am e d e la narration en la combinant avec un auxiliaire d'nonciationa p p r o p r i ( ~ : n o u w ~ m ) :

    j;,.

    3.3. Lesprdicationsnon verbales et les locutions temporellesLa rpartition des troistypes de la prdication non verbale du point devue del'ancrage temporel entre constructions essentielles (prdication substantivale etprdication adjectivale) et construction contingente (prdication adverbiale) sevr if ie encore dans l 'emploi des locut ions temporelles . Comme on peut s 'y

    41 Un seulexemple repr en no-gyptien: LRL 42,2-3.

    Un prdicat adverbial peut recevoir une coloration modale et tre, parexemple, prsentcomme souhaitable pa r le locuteur :(88) wn=k im=s r M. t t3wn.SUBJ=PRO. sUFF.2MASC.SG PREP=PRO.SUFF.3FEM.SG ..."puisses-tuy tre jusqu' l'aube" (CT 1, 253c versionmoyenne de BI OCa-c)(89) i!J-wn=i m Sms n n!r'cg-wn-sUBFlsG PREP SUBST GEN SUBST"alorspuiss-je tredans la suite dudieu 1" (CGC 20538, 11 c 7)Avec les autres prdicats non verbaux, ces combinaisons sont trs rarementattestes. O n e n dnombre quelques occurrences pour la prdication adjectivaleen moyen gyptien. Les trois exemples ci-dessous illustrent respectivementl'emploi du convertisseur du pass41 , wn, celui du prospectif, wnn, et celui del'auxiliaire narratif,wn.in :(90) wn '3 .(!zz w(i) Jn=f ./Jrwn ADJ.PRED YB PRo.DEP.lsG SUBSF3MASC.SG PREPh3b.t w(i) ./Jm=f ./Jr=s

    YB.REL PRo.DEP.lsG SUBSF3MASC.SG PREF3FEM.sG"c'tait important le fait que SaMajest me loue au sujet de la chose pourlaquelle SaMajest m'avait envoy" (Urk. 1, 221, 4)(91) mk wnn n4m sj ./Jr ib=fPART wnn ADJ.PRED PRO.DEP.3FEM.SG PREP SUBSF3MASC.SG"vois,cela sera plaisant son cur" (p. Kahun, 3, 6)(92) wn.in nfr st ./Jr ib=f rwn.in ADJ.PRED PRO.DP.NEUTRE PREP SUBSF3MASC.SG PREP!J.t nb.t

    SUBST ADJ"etalors cefut agrable son curplusquetout" (Oasien, B2, 131-132)De mme, il y a quelques rarissimes attestations du convertisseur wn devantune construction prdicat substantival. En voici un exemple en moyengyptien; la tournure n ' ap as t repre aveccertitude en no-gyptien.(93) wn s pw tniwn SUBST DEICT ADJ"il taitune fois un vieil homme" (Admonitions, 16,1)- moyen gyptien

    (

    wn. (i) m./1wn m4p m rk NNwn.pSE=ISG PREP SUBST YB.pc SUBST PREP SUBST NN'Ttaisun jeunehomme quinouait le'filet l'poque deNN" (Urk. 1, 253,18)- anciengyptieniw wn=w m p3 itpDEP wn-pSE=3PL PREP ART.DEF SUBST"... alorsqu'ils taienten prison" (KRl 1l,895,8)- no-gyptien

    (85)

    (84)

    (83)

    (86) 'p'.n NP m pb=f'l;1'.n NP PREP SUBSF3MASC.SG"etX est en tte" (KRl VU, 255,13)(87) wn.in t3 n km.t m i3d.twn.in SUBST GEN.IND SUBST PREP SUBST"et la terre d'gypte se retrouvadans la misre" (LES85,4)

    'p'.n (.i) Jn r NdAUX.Nl'I:RRRATIF PRo.sUFF.1SG PART PREP SN"et alorsje devins en effet gouverneur ..." (Urk. 1,78,13)3.2.2. Les auxiliaires verbaux : Un raisonnement analogue permetd'expliquer les emplois des auxiliaires verbaux. Les deux principaux auxiliairessontwnn "tre" et 'h' "tre debout"39.En moyen gyptien, wnn peut tre conjugu plusieurs formes: ancienperfectif (wn), accompli sflm.n.f (wn.n), inaccompli (wnn), subjonctif (wn),prospectif (wnn), forme contingente (wn.in), sa ns compter les formesparticipiales et relatives. Les fonctions de wnn sont multiples et varies : on arelev des fonctions aspecto-temporelles, modales et syntaxiques. En ce quiconcerne les indications d e t em ps et de mode, qui nous intressent ici , onremarque, pour l es mmes r ai sons qui d ic tent l es condi tion s d 'emp lo i desauxiliaires d'nonciation; une restriction quasi totale des emplois de wnn laprdication adverbiale.Un prdicat adverbial peut ainsi tr e forme ll emen t marqu commeappartenant la sphre du pass (gnralement en ouverture de squence, en

    fonction d'arrire-plan)40 :

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    42 TI n'existe encoremalheureuSement aucune tude exhaustive sur ce point. Voirencorel 'ex. 84 cit supra.43Litt. " cetteheure".44 Voir encore les exemplesrassembls par Vernus (1995:101).

    attendre, celles-ci ne sont gure attestes qu'avec la prdication adverbiale. Envoici quelques exemples, en moyengyptien eten no-gyptien42 :(94) iw mW.t m Ju=i miniw SUBST PREP SUBST=lsG ADV"lamortest surmon visage aujourd'hui" (Dsabus, 134) - moyen gyptien(95) (car je vienS avecce potde graisse pour lejeunehomme)iw--f m-s3 nh3 i3w.t m p3 iw-lnj-ib

    iW.cIRc=3MASc.sG PREP ART.INDEF SUBST PREP ART SUBST5 r p3 hrw5 PREP ART.DEF SUBST"qui est sa tche dans lile duMilieu depuis cinqjours" (LES 43,10-11)no-gyptien(96) twi m-s3 p 3 .[oy-s3k.t m-mn.t

    N.PRo.1sG PREP ART.DEF SUBST ADV'Je suis tous lesjours aprs le chefdes claireurs" (KRlIV, 80,10)- n.-g.Dans l'exemple suivant, on a la fois un convertisseur temporel et uneprcision temporelle:(97) wn. (i) m .jIwn pP mrl./J m rk NN'J'tais unjeune homme qui nouaitle filet l'poque deNN" (Urk. 1, 253,18)On rencontre trs rarementune spcification temporelle dans une p r ~ d i c a t i o nsubstantivale ou adjectivale. En voici nanmoins quelques exemples. A chaque

    fois, une classificationou une qualification est prsente comme caractristiquedu sujet bien que faisant l'objet d'une temporalisation. Dansle premier exemple(prdication substantivale), le sujet fait partie de la classe des rm!:, la locutiontemporellelaisse entendre que cela n'a pas toujours t le cas :(98) mntk rm:!. m t3y WI1W.tPRo.IND.2MASC.SG SUBST PREP ADJ.DEM SUBST"tu es un adulte maintenant43 (et il convient de te taire propos de cettengligence que tu as commise)" (KRIIIl, 502,14)Les deux exemples suivants (prdication adjectivale), assez proches pour lesens, comparent deux qualits en rfrence deux intervalles temporels (hieretaujourd'hui). On retrouve implicitement l'ide d'un processus qui a men d'unta t un autre. On notera la prsence de l'auxiliaire iw dans le second exemple.On estdonc bien en prsence d'un procd de recatgorisation :(99) nfrsw r imjf!l.r-.[J3.t"il tait plus beauque son tat d'auparavant" (D. MEElcs, Hom. Sauneron, 1,

    p. 223, fig. 1, 3-4)44(100) iwnfrswmp3 hrwrsf"il est mieux aujourd'hui qu'hier" (Th.T.S. III, 26)

    102 Jean WinandIt

    .;-

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    :f.;It.,1.:

    f ; ~ .

    . ~ ~ ;tf

    De l'ordre Verbe-Sujet-Objet l'ordreSujet-Verbe-Objet: le cas de l'gyptien ancienJean-Marie Kruchten*

    De toutes les langues connues, vivantes ou mortes, l'gyptienest certainementcel le qui a t atteste pendant le plus long laps de temps par les documentscrits (Vernns, 1988).L'criture hiroglyphique apparat en Egypte ds la:fin dela priode prdynastique, aux alentours de 2900 av. J .C . TI est vrai que despoques les plus loignes les documents ne nous fournissent que des lmentsisols (noms de produits, chiffres, nomspropres, squences de titres etc...).Maisds le dbut de la IVe dynastie, avec l'inscription de la tombe de Mtjen,aujourd'hui Berlin, nous disposons d'un texte continu suffisamment longpoury r ec onna t re des formes ver bal es et des structures syntaxiques biendocumentes par des textes peine postrieurs. Comme langueparle, le copte,ultime stade de l'gyptien pharaonique, disparat la f in duMoyen Age devantla gnralisation de l'arabe parl. Nous pouvons donc suivre l'gyptien sur prsde qu at re m il le ans . Son tude p r se nt e c e t it re un intrt qui dpasselargement le domaine de l'gyptologie, puisqu'elle devrait concerner aussi celuide la linguistique gnrale.Parmi les multiples volu tions qu' il est possible d 'observer travers lesdiverses phases de l'gyptien mieux qu'en toute autre langue1, le passage d'unordre "PRED - s" un ordre "s- PRED" me parat spcialement digne d'intrtMon intention en cette tude est de suivre cette volution dans le cas particulierdes propositions prdicatverbal2 et de voir comment d'un ordre "v - s (- COD

    COI)" quasi-exclusif au premier stade document de la langue, on arrive encopte un ordre "s - v( - COD- COI)", c'est--dire puisque de l'accord gnral unverbe en ses formes conjugues reprsente tou jours le prdicat de saproposition3, d'tudier comment dans la phraseverbale l'ordre originel "PREDs" s'inversejusqu'de l'exception devenir la rgle au stadeultime de la langue.. UniversitLibre de Bruxelles, 515 avenue Louise, bte 2, B-1050, Bruxelles; Courrlel :[email protected] d'articles dfinis et indfinis et disparition conscutive des dsinences degenre et de nombre, par exemple.2Excellent rsunI de l'volution du systme verbal gyptien dans Hagge, 1993, TheLanguageBuilder,Amsterdam, Philde1phie, 5.4.2.3Voir Cohen, 1989:49-51; les fonnes verbales gyptiennes quelque peu improprementqualifies de "nominales" par Polotsky ne drogent videmment pas ce principe,puisque ce ne sont pas elles qui font office de nom au sein de la phrase, mais toute laproposition dont elles sontle prdicat (verbe, sujetet satellites ventuels du verbe !).En

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