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18 La pelle solaire de Markus Affentranger 4 «Faszination WIR» – le livre de Hervé Dubois 7 «die neue zeit»: nus sous le soleil 13 Rapport semestriel 2014: nouveaux chiffres records 26 Le retour du bison WIRPLUS Le magazine pour les clients de la Banque WIR soc. coopérative septembre 2014

WIRPLUS Septembre 2014

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Le magazine pour les clients de la Banque WIR

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18 La pelle solaire de Markus Affentranger

4 «Faszination WIR» – le livre de Hervé Dubois

7 «die neue zeit»: nus sous le soleil

13 Rapport semestriel 2014: nouveaux chiffres records

26 Le retour du bison

WIRPLUS Le magazine pour les clients de la Banque WIR soc. coopérative septembre 2014

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du 21 au 24 novembre 2014vendredi 10 h-20 h, samedi 10-20 h,dimanche 10 h-19 h, lundi 10 h-18 h

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Félicitations à Werner Zimmermann – voici 80 ans qu’existe la monnaie complémentaire WIR. Lorsqu’il a fondé en 1934, avec ses collègues, le Cercle économique WIR soc. coopérative, beau-coup de choses étaient différentes d’aujourd’hui. Quelque chose n’a pas changé: le système WIR était déjà à l’époque un cas par-ticulier, ce qu’il est encore aujourd’hui.

Mais WIR est encore bien plus qu’un simple cas particulier depuis 80 ans: – WIR est un instrument marketing pour PME unique en son genre

(voir www.banquewir.ch > Clients WIR > Le système WIR > vidéo).– WIR est le «plus grand réseau d’affaires de Suisse» (voir

page 23). – Lisez également notre article dédié à l’impor-tance des réseaux de manière générale en page 34.

– WIR est durable – tout comme le sont également de plus en plus de prestations de services et de produits des participants WIR (voir page 18).

– WIR exerce une fascination certaine et la Banque WIR soc. coopérative peut aborder l’avenir avec confiance. Lisez à ce sujet l’interview d’Hervé Dubois à l’occasion de la publication de son livre «Faszination WIR» (voir page 4).

– WIR et la Banque WIR soc. coopérative sont en pleine croissance: le chiffre d’affaires WIR s’est accru, au cours du premier semestre

LES FAITS EN PLEINE LUMIÈREÉDITORIAL

2014, de 0,7% par rapport à la même période de l’année précé-dente. La somme du bilan s’est accrue de 6,4% pour atteindre 4,44 milliards de francs – lisez à ce propos le rapport semestriel de Germann Wiggli, président du directoire, en page 13.

– WIR est innovant. Il est ainsi prévu une possibilité de paiement par smartphone et une amélioration du Marché électronique sur www.banquewir.ch

– WIR intrigue de plus en plus souvent des cercles intéressés de l’étranger tels que des universités, des chambres de commerce, des régions, etc.

– WIR a déjà servi d’exemple au lancement d’autres monnaies complémentaires – par exemple Sardex en Sardaigne (voir page 24).

Des faits en pleine lumière du soleil se trouvent également à Thielle (voir page 7). Ce domaine naturiste merveilleusement situé sur les rives du lac de Neuchâtel a été fondé en 1937 par les époux Edi et Elsi Fankhauser. Le troisième membre du conseil de fondation et, d’une certaine façon, le parrain de ce projet, n’était autre que Werner Zimmermann: le principal fondateur de la Banque WIR soc. coopérative était également un pionnier du mouvement naturiste.

ROLAND SCHAUB

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SOMMAIRE

PAGE 26Il y a 1000 ans, le dernier bison d’Europe disparaissait de Suisse. Aujourd’hui, on le rencontre à nouveau dans certains parcs animaliers mais des efforts sont entrepris afin de le réintroduire en pleine nature.

PAGE 7Depuis 1937, pas de vêtements, pas d’alcool, pas de viande, pas de tabac: le domaine «die neue zeit» à Thielle sur les rives du lac de Neuchâtel constitue depuis 1937 un «havre de paix» qui est également lié au fondateur de la Banque WIR, Werner Zimmermann.

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SOMMAIRE

PAGE 34Les réseaux existent dans les variantes les plus diverses. Les réseaux d’affaires mettent principalement l’accent sur l’utilité mutuelle. À quoi faut-il faire attention dans le cadre de la mise en place et du soin d’un réseau?

4 «FASZINATION WIR» Interview avec Hervé Dubois sur son livre

7 NUS SOUS LE SOLEIL

13 NOUVEAUX CHIFFRES RECORDS Rapport semestriel 2014

16 PLUS JEUNE ET PLUS FÉMININ Le conseil d’administration de la Banque WIR

soc. coopérative 2014

18 LA PELLE SOLAIRE DE MARKUS AFFENTRANGER

23 WIR – LE PLUS GRAND RÉSEAU D’AFFAIRES DE SUISSE

24 LA LOMBARDIE PRÊTE À UN CHANGEMENT DE VITESSE

26 LE RETOUR DU BISON

31 DIRECTIVES ANTICIPÉES Pr Ursula Guggenbühl

34 ÉTABLIR ET SOIGNER DES RELATIONS D’AFFAIRES ET DES CONTACTS

36 RETOURNEMENT CONJONCTUREL DE LA CONSTRUCTION? Dr Richard Schwertfeger

39 ENTRE LOUPS Chronique de Willi Näf

40 CARTOON

41 AGENDA

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RÉSISTANTE AUX CRISES, À LA SPÉCU-LATION ET À LA COURSE AU PROFITLe livre «Faszination WIR – Resistent gegen Krisen, Spekulation und Profitgier» (Fascination WIR – résistante aux crises, à la spéculation et à la course au profit) paraît à l’occasion du 80e anniversaire de la Banque WIR soc. coopérative. Son auteur n’est autre que Hervé Dubois, chef de la communication de la Banque WIR entre 1995 et 2014. Pendant tout ce temps, il s’est régulièrement intéressé à l’histoire de l’entreprise. Il présentera son livre lors de la rencontre d’automne à Lucerne. L’ouvrage sera en vente dans les librairies à partir du 8 novembre 2014 et pourra également se commander par l’intermédiaire de la Banque WIR (cf. encadré en p. 6).

Comment vous est venue l’idée de rédiger un livre sur l’histoire de la Banque WIR soc. coopérative?Avec sa longue histoire couronnée de succès, la monnaie com-plémentaire WIR est un cas unique dans le monde entier. En tant que chef de la communication, un de mes devoirs était d’expli-quer la banque et ses tâches aux cercles intéressés – je parle ici

principalement de délégations étrangères issues d’universités, de chambres de commerce, de régions et de communes ainsi que de certaines initiatives. Comme il n’existe pas d’histoire complète de l’entreprise, j’ai eu l’idée de réunir mes notes, mes documents et mes réflexions en un tout. Sinon, ces informations seraient parties à la retraite avec moi et auraient été perdues pour l’entreprise.

Hervé Dubois, auteur du livre «Faszination WIR», avec Jean-Marc Ayrault, Premier ministre de la France de mai 2012 jusqu’à mars 2014. En tant que maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault s’est informé sur le système WIR au printemps 2012 à Bâle.

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Le fait que le livre paraisse à l’occasion d’un anniversaire rond de la Banque WIR est plus un agréable hasard qu’une volonté. Il ressort des explications ci-dessus que le livre a une certaine coloration personnelle et que ni le directoire, ni le conseil d’admi-nistration n’ont influencé sa rédaction – bien que la Banque WIR ait soutenu le projet tant au niveau financier qu’à tous les autres niveaux. Nous avons ainsi pu éviter que je doive écrire le livre tout en me soumettant à une censure interne. J’étais ainsi libre dans le choix de mes mots, j’ai pu mentionner aussi bien des choses négatives que des choses positives. Il s’agit donc d’un livre sur le système de paiements WIR et la Banque WIR et non de la Banque WIR.

Sur quelles sources vous êtes-vous basé?Les sources disponibles étaient plutôt modestes. Je me suis prin-cipalement basé sur les publications de la Banque WIR qui sont disponibles dans leur intégralité depuis la fondation de l’entre-prise en 1934. Les entretiens que j’ai menés depuis les années 90 avec des entreprises qui travaillent, pour certaines, déjà depuis des décennies avec la monnaie complémentaire WIR m’ont éga-lement été très précieux. Bien sûr, l’Internet, lui aussi, m’a été utile afin de mieux comprendre l’environnement économique et socio-politique des années 30 – n’oublions pas que le livre com-mence avec la crise économique de 1929 qui a finalement dé-bouché sur la fondation du Cercle économique WIR soc. coopé-rative de l’époque – aujourd’hui la Banque WIR soc. coopérative.

Vous avez travaillé pendant presque 20 ans pour la Banque WIR en tant que chef de la communication et avez, de ce fait, vécu très intensément le dernier quart de l’histoire de l’entreprise. Quel aura été pour vous le principal événement de cet intervalle de temps?L’intégration du secteur CHF aura été d’une importance fonda-mentale et a mené au principe dual tel que je le décris dans le livre – c’est-à-dire l’accès aux affaires en francs suisses, voire l’ouverture de la banque à un plus large public qui y était liée. La fidélité sans compromis à la philosophie de base de la coopéra-tive constitue moins un événement qu’un principe déterminant. Dès le début, l’entreprise a été confrontée à l’hostilité de «l’esta-blishment» économique. Elle s’est vue remise en question, a été combattue activement, a fait l’objet de diffamations ou a été tournée en ridicule. Malgré tout, elle a réussi, avec une obstina-tion étonnante, à défendre et à améliorer sans cesse ce système de monnaie complémentaire. Il va sans dire que cela n’a pas été possible sans se faire des ennemis.

Et quelle était, à votre avis, la phase la plus passion-nante de l’histoire de l’entreprise?

Je voudrais mentionner deux phases, une première d’un point de vue historique et une deuxième d’un point de vue économique. Au niveau historique, c’est l’histoire incroyablement turbulente de la fondation de la Banque WIR qui s’est poursuivie jusqu’à l’après-guerre. Cette histoire se lit, par étapes, comme un véri-table roman policier et plus d’une fois, il s’agissait de se battre pour la simple survie de la Banque WIR!Au niveau économique, la mutation de l’ancien Cercle écono-mique, devenu l’actuel institut financier que nous connaissons, aura représenté la phase la plus intéressante. Cette phase aura été marquée par deux étapes décisives, la nouvelle structure du capital introduite en 1992 et l’accès, déjà mentionné plus haut, au secteur CHF il y a 14 ans.

Vous vous dites convaincu que Werner Zimmermann – le fondateur déterminant de la Banque – serait aujourd’hui également très fier de son entreprise. Pourtant, le système de paiements WIR a subi régulièrement des modifications et a été perfectionné en permanence. Que reste-t-il aujourd’hui des anciennes idées?C’est Konrad Zimmermann, le fils de Werner Zimmermann, qui a exprimé cette conviction à l’occasion de notre 75e anniversaire et je partage son opinion. De nombreux éléments remontant au temps de la fondation ont été conservés: la solidarité entre par-ticipants au système WIR qu’implique le système lui-même, le principe d’aide autonome et l’idée de réseau, la structure de l’entreprise sous forme de société coopérative, le fait que les avoirs en WIR ne portent pas intérêt, l’absence de spéculation et de recherche de profit.

Werner Zimmermann était une personnalité haute en couleur et brillante au niveau rhétorique tout en étant en avance sur son temps dans divers domaines. Quelle est votre appréciation de cet homme? Werner Zimmermann était une personnalité impressionnante. Le fait que de nombreux de ses contemporains le considé-raient comme un cinglé ou comme un original illustre bien qu’il était en avance sur son temps. Il se battait pour un monde meilleur et plus juste, il était un humaniste dans le meilleur sens du terme. Je suis scandalisé qu’il n’ait pas obte-nu la reconnaissance auquel il aurait droit dans l’histoire socio-économique de la Suisse alors qu’il en a bénéficié à l’étranger en se voyant accorder divers titres de doctorat ho-noris causa ou des chaires honorifiques. Je pense en outre qu’il serait bon qu’une belle place de Zurich, où a eu lieu la fondation de la société coopérative le 16 octobre 1934, porte son nom…

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Comment expliquez-vous le fait que M. Zimmermann est davantage connu à l’étranger qu’en Suisse?En temps de crise, on croise automatiquement le principe des devises alternatives ou complémentaires. Or, les périodes de crise sont plus fréquentes et ont souvent aussi des conséquences plus graves à l’étranger que dans notre pays. À cela vient s’ajouter le conservatisme tout de même bien marqué dans notre pays: tout ce qui fonctionne autrement et qui sort de l’ordinaire est tout d’abord considéré comme suspect.

Vous écrivez dans votre préface que le système WIR continue d’être souvent mal compris. Malgré 80 ans d’optimisation, le système de paiements WIR est-il toujours encore trop compliqué?Non, il est tout simplement différent de tout le reste… Il se re-trouve partiellement en contradiction avec les recettes courantes données pour le succès d’une entreprise. Ainsi, il est judicieux de prévoir les dépenses possibles en WIR avant même d’avoir en-caissé ces avoirs WIR. En effet, on ne devrait encaisser que le montant de monnaie WIR que l’on peut effectivement dépenser. Cela débouche sur une autre maxime qu’il faut d’abord bien faire sienne, à savoir le renoncement à la maximisation. Il ne s’agit pas de faire un chiffre d’affaires WIR aussi élevé que possible mais bien le chiffre d’affaires WIR que l’on peut effectivement digérer, ceci par contre de manière conséquente. Cette manière diffé-rente de réfléchir débouche régulièrement sur des malentendus ou de fausses interprétations, ce qui me semble pratiquement inévitable.

Dans quelle mesure la forme juridique de la société coopérative a-t-elle contribué au succès que connaît la Banque WIR? Ou en d’autres termes: où en serait la Banque WIR si elle avait été fondée sous la forme d’une société anonyme?Je suis convaincu que la Banque WIR n’aurait pas survécu en tant que société anonyme. À plus ou moins longue échéance, elle aurait été reprise par une majorité des actionnaires – soit pour se rendre maître de sa substance, soit pour se débarrasser d’un concurrent gênant. La forme juridique de la société coopérative est aussi une condition de base pour l’existence future de la Banque WIR.

Le dernier chapitre de votre livre traite des «perspec-tives d’avenir intactes» de la Banque WIR soc. coopé-rative. Qu’est-ce qui vous rend optimiste?À l’avenir comme d’ailleurs dans le passé, chaque système éco-

nomique sera caractérisé par la recherche de croissance et de profit qui sont propres à l’homme et déboucheront régulière-ment sur des crises. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de disposer de modèles alternatifs au sein de systèmes complé-mentaires qui fonctionnent dans des créneaux particuliers et en synergie avec le franc suisse, respectivement le secteur des fonds de clientèle privé – en particulier durant les temps de crise.

Que doit faire la Banque WIR aujourd’hui pour pouvoir célébrer dans 20 ans son 100e anniversaire avec une bonne espérance de vie?L’histoire de la Banque WIR montre bien que le maintien consé-quent des principes d’entreprise est une excellente recette. Le système économique restera toujours sujet à des crises, ce qui signifie qu’un système tel que le système de paiements WIR gar-dera toujours sa raison d’être. Bien entendu, un tel système doit et peut se transformer en permanence. Ainsi, les possibilités de communication interactives actuelles comportent un énorme potentiel pour le système WIR qui est tributaire d’une intense connexion de ses participants entre eux.

INTERVIEW: DANIEL FLURY

Vernissage de livre lors de la Rencontre d’automne Le vernissage du livre «Faszination WIR» (Fascination WIR) aura lieu le 8 novembre à l’occasion de la Rencontre d’automne de la Banque WIR au centre des congrès KKL de Lucerne. L’auteur Hervé Dubois introduira le sujet et lira quelques passages clés de son ouvrage. Le livre a été édité par les Editions Fona de Lenzbourg et sera disponible dans les librairies à partir du 8 novembre au prix de 34 CHF. Lors de la rencontre d’automne, il sera possible d’acheter l’ouvrage au prix spécial de 20 CHF ou CHW. Les personnes qui le désirent pourront bien entendu faire dédicacer leur exem-plaire par Hervé Dubois.

La Rencontre d’automne de cette année est placée sous le thème de la durabilité. Andres Klein (Raurica Wald AG; président de l’Union sylvicole des deux Bâles) et Stefan Vögtli «Bauen mit Buche» (Construire avec du hêtre) fourniront quelques exemples de la façon dont une gestion durable et innovatrice de la forêt fournit des résultats économiquement intéressants et renforçant la valeur ajoutée au niveau régional (cf. édition WIRPLUS du mois d’avril 2014).

La Rencontre d’automne est ouverte à tous les bailleurs de fonds (titulaires de parts ordinaires) de la Banque WIR.

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Le fondateur de la Banque WIR, Werner Zimmermann, a décrit la zone naturiste située à Thielle, sur les rives du lac de Neuchâtel, comme «havre de paix baigné de soleil».

NUS SOUS LE SOLEIL

Le 16 octobre, la Banque WIR soc. coopérative célèbre son 80e anniversaire. Avec sa fondation en 1934, Werner Zimmermann s’est attiré l’inimitié de tout «l’establishment» économique suisse qui n’a cessé de le combattre, lui et le Cercle économique WIR soc. coopérative – comme s’appelait la Banque jusqu’en 1998. Pourtant, les idées réformistes de Zimmermann dépassaient de loin les idées de monnaie alternative et de nouvel ordre économique. Elles concernaient par exemple également le mode de vie, l’éducation et l’alimentation. À l’époque comme aujourd’hui, le renoncement à la viande, à l’alcool et au tabac, vécu à l’époque par Zimmermann, est soit admiré, soit tourné en ridicule – pour ce qui est du renoncement aux vêtements, le problème devient déjà plus ardu. La fondation du domaine naturiste «die neue zeit» (les temps nouveaux) par Elsi et Edi Fankhauser, inspirée par Werner Zimmermann, a ainsi fait beaucoup de bruit en 1937. Il faut dire que les exploitants et les visiteurs de cette zone naturiste, merveilleusement située au bord du lac de Neuchâtel, continuent de devoir affronter de nombreux préjugés.

L’artiste Milo Moiré traverse en tram la ville de Bâle dans son plus simple appareil pour visiter l’exposition d’art «Art» qui pourtant lui refuse l’entrée. Vêtue d’un seul string, une jeune femme se promène avec son ami à travers Genève; un chauffeur de taxi prend une photo, publiée ensuite par des journaux. Avec l’auto-risation des autorités compétentes, l’artiste Elias Kirsche fait pro-

mener des personnes nues à travers la ville de Bienne «afin d’in-tégrer le plaisir ou la sexualité à la vie publique». Le travail de maturité de la candidate à la maturité Evelyn S., âgée de 17 ans, sur la faisabilité d’un sentier de randonnée naturiste dans l’Ober-land zurichois, fait non seulement les gros titres mais aussi jaser. Des randonneurs entièrement nus entreprennent des excursions

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pédestres dans la région de l’Alpstein et le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures réagit en introduisant une disposition pénale correspondante. Le PDC suisse veut introduire une obligation de faire porter un costume de bain aux très petits enfants dans les piscines et sur les plages afin de les protéger contre les pédo-philes. Des féministes du mouvement Femen manifestent seins nus à Davos contre le World Economic Forum et à Zurich contre la prostitution. L’agence de voyages en ligne Expedia détermine dans un sondage réalisé dans 24 pays que 28% des Allemands se sont déjà baignés nus à la plage et méritent dès lors la première place du classement des adeptes du naturisme. Dans le canton de Vaud, la baignade dans le plus simple appareil est interdite sous peine d’amende dans les communes de Villeneuve et d’Epesses. La moitié de ces dépêches datent de ces derniers mois. Elles montrent que la nudité reste un besoin mais qu’elle ne bénéficie pas forcément de tolérance. Elle sert ainsi à la perfection d’ins-trument de provocation et de protestation.

Pas de provocationProvocation et protestation: ce n’est pas du tout à cela que pen-sait le réformateur suisse de vie et pionnier du mouvement natu-riste suisse Werner Zimmermann lorsqu’il s’exprimait, au cours des années 20 et 30 du siècle dernier, au sujet de la nudité dans ses conférences et ses livres dédiés au mouvement végétarien et à l’abstinence en matière d’alcool et de tabac. Son objectif était bien au contraire de propager les conditions indispensables à ses yeux à une vie saine en harmonie avec la nature. Il va de soi que Zimmermann suscitait à l’époque des réactions de rejet, en par-ticulier avec le thème de la nudité. Dans son petit livre «sonnen-zauber – befreite menschen in natur und sonne» (la magie du soleil – des humains libérés dans la nature et sous le soleil), il constatait en 1944: «Très peu de choses effraient davantage un grand nombre de personnes, qu’elles soient d’ailleurs éduquées

ou non, que de prétendre de quelqu’un ‹qu’il se baigne nu! Sans même en avoir honte!›» C’est la raison pour laquelle une chose a toujours été claire pour Zimmermann: «Des adultes peuvent à nouveau faire la paix avec le soleil et leur corps dans le calme et la solitude de leurs quatre murs ensoleillés ou dans une zone protégée» – c’est-à-dire certainement pas dans des endroits où l’on peut être vu et où l’on peut susciter de vives réactions.

Zimmermann comme source d’inspiration de FankhauserLe Biennois Edi Fankhauser a puisé son inspiration dans l’œuvre de Zimmermann dont les convictions l’enthousiasmaient. Âgé de 17 ans, il avait assisté à une de ses conférences. Deux ans plus tard, il assurait la gestion de la librairie et de la maison d’édition de Zimmermann. En 1924, il fondait sa propre maison d’édition et publiait avant tout des textes défendant le naturisme et les ré-formes du mode de vie. En 1926, ces activités lui ont valu le pre-mier de ses nombreux procès. Accusé de diffuser de la littérature pervertie, il a été condamné à une amende de 30 francs avant d’obtenir un non-lieu devant l’instance supérieure. Fankhauser n’a pas cessé de poursuivre sa voie et a fondé, en 1927, le Lichtbund, l’organisation des naturistes en Suisse. Il a commencé à publier l’organe de publication de l’organisation, le magazine «die neue zeit» (les temps nouveaux), à partir de 1928. Devant les tribunaux, Fankhauser s’est encore engagé jusque dans les années 1940 pour le droit à la nudité et en faveur du mouvement naturiste. Il a ce-pendant créé son véritable héritage en 1937 avec sa première épouse Elsi: la fondation du domaine naturiste «die neue zeit» à Thielle, sur les rives du lac de Neuchâtel. Il a ainsi réalisé les idées de Werner Zimmermann dans une «zone protégée».Zimmermann résidait régulièrement à Thielle et en divertissait les hôtes avec des conférences sur le naturisme, ses voyages autour du monde et des exercices pratiques de gymnastique et de yoga. Lorsque le mouvement «die neue zeit» a été transformé en 1961

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en une fondation, les époux Fankhauser ont engagé Werner Zim-mermann en tant que troisième membre du conseil de fondation.

«die neue zeit» aujourd’huiCe que Werner Zimmermann écrivait au sujet de Thielle dans son petit livre «sonnenzauber» reste vrai: «(…) sous la bienveillance d’un mouvement et sous la protection d’un domaine reconnu, nous pouvons savourer le soleil (…).» En effet, seuls les membres d’une association naturiste y ont accès et le domaine est entouré d’une haute clôture. Jusqu’à 1800 naturistes – provenant à trois quarts de Suisse et pour le reste principalement d’Allemagne et des Pays-Bas – se trouvent lors d’une journée ensoleillée dans le domaine d’une surface de 100 000 m2. Pourtant, il ne s’y trouve qu’un petit pourcentage de naturistes selon la définition des fondateurs. Barbara P., collaboratrice de direction depuis 2009 à Thielle: «Sur le domaine – comme le prescrit le but de la fonda-tion – l’alcool, la viande et le tabac sont tabous mais en dehors du domaine, il n’y a sans doute qu’un très petit pourcentage de nos hôtes qui respectent ces prescriptions.» La nudité est l’élé-ment qui réunit les visiteurs, des concessions étant cependant possibles, ce qui est tout à fait dans le sens des fondateurs: «La nudité est un droit et non une obligation. Celui qui ne veut pas se montrer nu peut porter quelque chose. Il n’y a que pour le bain dans le lac que les vêtements ne sont pas souhaités.» Cette règle est très utile en particulier avec les adolescents lorsque des réti-cences contre la nudité s’expriment au moment de la puberté. Il y a cinq ans, Barbara a d’ailleurs créé un groupe de jeunesse. «Il s’agissait pour nous de montrer aux jeunes qu’ils sont impor-tants pour nous et que nous voulons tenir compte de leurs be-soins.» Le domaine a ainsi fait l’acquisition d’un tipi auquel seuls les jeunes ont accès. Des activités telles que le tir à l’arc ont éga-lement été intégrées au programme et sont réservées à des heures fixes à la jeunesse. D’un autre côté, la direction du domaine

voue une grande attention à l’organisation de manifestations réunissant toutes les générations: «La danse populaire fait partie des activités préférées, ce qui était d’ailleurs déjà le cas au temps des fondateurs», explique Barbara. Selon elle, Thielle est un en-droit très particulier, «mais nous cherchons à réaliser des solu-tions praticables qui font leurs preuves dans le quotidien et em-pêchent que des conflits ne se forment entre les générations».

Toutes les couches sociales sont représentéesLes origines sociales des gens qui fréquentent le domaine natu-riste de Thielle et qui se tutoient tous ne pourraient être plus di-verses. Toutes les couches sociales y sont représentées, du den-tiste jusqu’au chef d’entreprise et au fonctionnaire en passant par l’employé, l’artisan, le spiritualiste et les amoureux des nains de jardin. Celui qui ne dort pas dans une chambre plante une tente pour quelques jours ou trouve refuge dans l’une des 400 caravanes tout en faisant la démonstration de ses passe-temps favoris: un jardin fleuri très bien entretenu, une roulotte de tsi-ganes décorée d’un grand nombre de colifichets, un labyrinthe sur le gazon, un nain de jardin ici et là. Globalement, un «monde magique» pour reprendre les termes de Barbara qui se sent par-ticulièrement à l’aise ici en tant que femme. «L’interdiction de filmer et de photographier sur le domaine confère surtout un agréable sentiment de sécurité aux femmes. Originaire d’Alle-magne, j’étais habituée à me baigner nue dans des petits lacs de gravières mais je me sentais toujours observée – ici, c’est tout à fait différent!» Néanmoins, des harcèlements sexuels ne peuvent jamais être exclus et le thème de la pédophilie préoccupe égale-ment la direction. Une commission préventive a ainsi été mise sur pied, le groupe de théâtre «Vitamine A» présente son pro-gramme «Mon corps m’appartient» et un processus standardisé d’annonce a été défini en cas de suspicion. «Une certaine sensibi-lisation a eu lieu», explique Barbara, «les pédophiles n’ont pas la

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400 caravanes et quelques roulottes ainsi que des chambres et des tentes servent à l’hébergement.

Les temps nouveaux («die neue zeit») – un «petit havre de paix» bien séparé par des portails et des clôtures.

tâche facile ici car le réseau social est de bonne qualité, et les membres ne se gênent pas pour dénoncer des comportements suspects dans le but de protéger les familles.»

«Régression philosophique»Roland S. ne fait pas partie des amoureux des nains de jardin mais plutôt des spiritualistes et des philosophes. Originaire d’Al-lemagne, il passe tout son été à Thielle avec son épouse Christina F. et a intensément étudié les réflexions réformistes de Werner Zimmermann (Werner Zimmermann – Pionier der neuen Zeit, Stämpfli Publikationen, Berne, 2012). «Zimmermann était un phi-losophe, un poète et un visionnaire qui voulait faire table rase de

vieilles idées reçues. Un travailleur et un ascète extrême et assi-du, très soucieux du sens du devoir. Ce dernier n’a d’ailleurs cessé de le tourmenter: bien qu’il ait défendu une vie joyeuse et insou-ciante, il s’est en permanence senti obligé d’être actif et de lutter, de se lancer dans la politique et, par exemple, de s’engager par écrit contre l’énergie nucléaire.» Roland se préoccupe, lui aussi, des questions ayant trait à la nudité et à la sexualité et arrive à la conclusion: «En comparaison avec les idéaux défendus par Zim-mermann, nous avons régressé au niveau philosophique. Aucune réforme de la société n’a eu lieu et n’est actuellement poursuivie comme objectif. Nous nous sommes figés dans un moule et même les hommes n’ont pas le courage de se promener torse nu dans une ville. Je pense aussi qu’ici à Thielle, nous sommes bien plus prudes que ne l’étaient nos fondateurs et nous n’osons presque pas savourer entièrement notre joie de vivre ou regarder une personne nue de bas en haut; de nombreuses personnes ne perçoivent pas la sexualité comme un accès possible à la vérité de l’amour.» Néanmoins, il considère que Thielle est un lieu im-portant où la nudité n’est pas interdite, un lieu où ce que l’on est et qui l’on est n’est pas montré et ne joue aucune importance.

Prendre en compte les idéaux des fondateursQue reste-t-il aujourd’hui à Thielle des convictions d’Elsi et d’Edi Fankhauser et de Werner Zimmermann? «L’âme de nos fonda-teurs se perpétue», répondent d’une seule voix Barbara et Roland. Soutenu par un conseil des anciens de trois membres, le conseil de fondation de cinq membres veille sur les idéaux des fonda-teurs ainsi que sur le but de la fondation qui comprend égale-ment de saines activités de loisirs. La santé et la nature, l’alimen-tation et le sport – voici les principaux piliers du programme culturel et sportif qui font partie des tâches de base de la fonda-tion et qui différencient totalement Thielle de campings conven-

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La nudité uniquement à Thielle ou «très loin des routes bruyantes»: le réformateur de vie et adepte des randonnées naturistes Werner Zimmermann devant le Bietschhorn (photo extraite de «sonnenzauber»).

Une roseraie bien entretenue.

La Maison de la Lumière fait partie des immeubles qui nécessitent des travaux de rénovation.

tionnels. La majorité des organisateurs de la centaine de cours et de manifestations qui ont lieu chaque saison sont les visiteurs eux-mêmes. Leurs hobbies, leur expérience professionnelle et de vie leur permettent de proposer des cours sur les thèmes les plus divers. Cette année, l’alimentation était l’un des principaux sujets traités. Un thème qui tenait particulièrement à cœur des fonda-teurs. Barbara se dit en outre convaincue que les anciennes idées doivent non seulement être respectées mais également dévelop-pées et adaptées aux temps modernes. Barbara a commencé à travailler à Thielle en 1995 comme responsable du restaurant et du magasin et comme cuisinière, ce qui implique qu’elle maîtrise parfaitement la cuisine végétarienne. Pour que le magasin bio soit attrayant pour tous les habitants de Thielle, on vend non seulement des articles issus des productions biologique et fair trade mais également des produits conventionnels issus de l’agriculture régionale. «Un groupe de travail est en train d’établir de nouvelles lignes directrices: qui sommes-nous, que faisons-nous, qu’est-ce qui est important pour nous? Voici les questions auxquelles il faut trouver des réponses.»

Défi financierAux questions de principe idéalistes vient s’ajouter un défi finan-cier. Les immeubles du domaine, en particulier la maison aban-donnée des fondateurs, mais aussi les installations sanitaires et les canalisations sont âgés et nécessitent une rénovation totale. Selon Kurt H., président de la fondation «die neue zeit», il faut s’attendre à des dépenses qui dépassent facilement un million. Comme la fondation entend rester financièrement indépendante, elle pense moins à un emprunt hypothécaire qu’à du bénévolat et à des emprunts ou des donations provenant d’hôtes du domaine. La fondation envisage également de procéder à du «crowdfunding» entre naturistes.

Une commission pour les infrastructures a en outre élaboré des propositions pour un concept d’aménagement du do-maine. Quelques-unes des questions qui se posent sont: le domaine peut-il accueillir davantage de caravanes? Où planter les tentes si ce n’est plus possible sous les arbres à partir d’oc-tobre 2018 lorsque ces derniers seront considérés comme de la forêt par les autorités cantonales? Quelles parties du domaine faut-il chauffer en hiver afin de les conserver opérationnelles? Après un litige porté devant les tribunaux par deux blocs – les fondamentalistes et les réalistes –, davantage de démocratie a fait son entrée dans la fondation et constitue une chance pour le do-maine et ses habitants. Des commissions, des groupes de travail,

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Le tipi n’est ouvert qu’à la jeunesse. Le jardin de jeux des enfants.

des forums de jeunes et d’adultes ainsi que l’organe de publica-tion bilingue «Thieller Info de Thielle» discutent des besoins et des problèmes les plus divers et présentent des propositions dont le conseil de fondation décide en dernière autorité.

De la parole à l’acte«Celui qui se baigne nu ici, dans la plus grande partie de l’Europe (…), ne se soucie que peu du jugement de la masse. (…) Un tel indi-vidu analyse tout ce qui existe et tout ce qui est nouveau. Il ne se satisfera pas simplement de la tradition, ni pour ce qui concerne les soins corporels, ni pour d’autres domaines de la vie mais pour-suivra sa quête de vérité. S’il trouve cette vérité, il fera tout pour la vivre et la réaliser, comme il le fait en se baignant nu. Il appartient aux forces qui recherchent l’innovation. Rien d’étonnant dès lors qu’il soit craint et combattu par les adeptes des conventions.» (Werner Zimmermann dans «sonnenzauber»)Werner Zimmermann se distinguait par le fait qu’il ne se conten-tait pas d’exprimer ses convictions par écrit mais qu’il cherchait également à les réaliser concrètement. C’est ainsi qu’en 1932 déjà, il fondait la société coopérative de logement et de travaux de pay-sagistes Siga à Bassersdorf. Un cofondateur, Rudolf Müller (Re-formhaus Müller), avait acheté à l’époque 85 000 m2 de terrain pour favoriser l’agriculture naturelle et permettre ainsi un mode de vie sain et une éducation harmonieuse des enfants. L’objectif prévoyait en outre «d’éviter que le terrain ne retombe aux mains de la spéculation et de l’économie conventionnelle basée sur le taux d’intérêt». En 2007, Isolde Enz, fille du troisième cofondateur Paul Enz, a obtenu la dissolution de la Siga qui n’avait réussi à réaliser de très loin ses objectifs qu’au début de son existence.

80 ans de Banque WIR soc. coopérativeUne autre fondation de Zimmermann, d’Enz, de la Siga et d’autres cofondateurs aura eu plus de succès: le WIR Cercle

économique soc. coopérative, depuis 1998 la Banque WIR soc. coopérative – célèbre le 16 octobre son 80e anniversaire. Du-rant la grande crise économique mondiale de l’entre-deux-guerres, l’entreprise fondée en 1934 devait relancer l’économie locale grâce à la monnaie WIR spécialement créée à cet effet. La monnaie WIR ne portait alors pas d’intérêt – tout comme aujourd’hui d’ailleurs – puisqu’elle servait l’objectif d’être à nouveau dépensée aussi rapidement que possible afin de géné-rer du chiffre d’affaires auprès des participants affiliés. La théorie de l’ordre économique naturel de Silvio Gesell consti-tuait la base de cette idée. Depuis 2000, la Banque WIR soc. coopérative travaille également avec succès dans le secteur des affaires bancaires en francs suisses et affiche un total du bilan de 4,44 milliards CHF/CHW.

Werner Zimmermann aura été bien plus qu’un père spirituel pour le domaine naturiste «die neue zeit» à Thielle. Les fondateurs Elsi et Edi Fankhauser ont bien souligné son influence en 1961 lorsqu’ils ont transformé leur propriété en une fondation tout en nommant Zimmermann comme troisième membre du conseil de fondation. Contrairement à la Siga, les deux institutions prospèrent au-jourd’hui encore. Elles ont en commun non seulement la per-sonne de Werner Zimmermann en tant que force vive à leurs débuts: les deux institutions, la fondation et la société coopéra-tive, ont régulièrement suscité de l’incompréhension ou de l’aversion. Grâce à leur capacité à réagir aux modifications sans abandonner pour autant les idéaux d’origine, tant la fondation «die neue zeit» que la Banque WIR soc. coopérative réussiront sans doute à relever les défis qui les attendent à l’avenir.

DANIEL FLURYWWW.DIE-NEUE-ZEIT.CH

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Germann Wiggli.

NOUVEAUX CHIFFRES RECORDSRAPPORT SEMESTRIEL 2014

Au cours du 1er semestre 2014, la Banque WIR soc. coopérative a obtenu d’excellents résultats et ceci à tous points de vue. Le fait que le chiffre d’affaires en francs WIR à fin juin se soit accru de 0,7% ou de 4,8 millions CHW par rapport à la même période de l’année précédente est particulièrement réjouissant. Le volume global des crédits, les fonds de la clientèle et le total du bilan ont également enregistré de nouvelles valeurs de pointe.

La croissance robuste de l’économie suisse s’est poursuivie au cours du 1er semestre 2014. La conjoncture intérieure, qui est déterminante pour la Banque WIR active uniquement en Suisse, a également enregistré une évolution satisfaisante. Dans cet envi-ronnement, la campagne publicitaire de la Banque WIR, lancée sur les chaînes de télévision SRF1, RSI LA 1 et RTS UN, a rencontré un grand succès. Cette campagne a contribué à une plus grande notoriété de notre coopérative auprès du grand public dans toutes les régions du pays – un objectif déterminant de la straté-gie d’entreprise reformulée. Cette dernière vise entre autres le renforcement de l’idée de réseau qui représente un élément pri-mordial du système de paiements WIR basé sur la solidarité.

CréditsAvec 3,818 milliards CHF/CHW, le volume global des crédits a atteint un nouveau record (cf. tableau: somme de tous les postes de l’actif). L’accroissement de 51,9 millions CHF/CHW (+1,4%), comparé à l’état au 31 décembre 2013, est moindre que celui enregistré au cours du 1er semestre 2013 (+162,2 millions) ou en 2012 (+70,8 millions). Cependant, il est réjouissant que l’octroi de nouveaux crédits ait dépassé dans le secteur WIR le montant très élevé des amortissements de crédits propre au système – même si ce n’est encore que dans une ampleur très modeste: le volume des créances hypothécaires WIR s’est accru de 910 000 CHW pour atteindre 648,2 millions CHW (+0,14%; tableau: créances hypo-thécaires CHW). Le volume des créances hypothécaires CHF a enregistré une croissance plus élevée, à savoir de 77,4 millions CHF (+3,4%) pour atteindre 2,378 milliards CHF (cf. tableau). Avec presque 54%, la plus grande partie de ce volume représente, tout comme au mois de juin 2013, des crédits hypothécaires à taux fixe.

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Il n’y a plus que 12% (année précédente 14%) qui sont des crédits hypothécaires à taux variable alors que les crédits hypothécaires LIBOR continuent de progresser comme l’on pouvait s’y attendre (34% par rapport à 32,5% l’année précédente).

Fonds de la clientèleAu cours de ces six premiers mois, les fonds de la clientèle ont progressé de 2,21 à 2,44 milliards CHF (tableau: somme des deux premiers postes sous passifs). L’augmentation de 232 millions CHF (+10,5%) est due en grande partie au compte d’épargne 60+ lancé au mois d’octobre 2013. Grâce à ses excellentes conditions, ce nouveau compte a suscité dans toute la Suisse un écho très positif. Alors que 15,3 millions CHF y avaient été versés jusqu’à fin 2013, les fonds placés sur ce compte en six mois ont atteint 106,4 millions CHF. Le compte d’épargne normal garde cepen-dant tout son attrait et a augmenté de 3% ou 24,5 millions pour atteindre 809,8 millions CHF. Le compte d’épargne réunit ainsi la plus grande part des fonds de la clientèle, avant le compte de troisième pilier lié TERZO (724,3 millions CHF) et le compte de libre passage (370,4 millions CHF).Au sein des Autres obligations envers clients CHF d’un total de 425,9 millions CHF (cf. tableau), on remarque tout spécialement les comptes à terme. L’important afflux de fonds de 91,2 millions CHF – une augmentation de 84,9% pour atteindre 198,8 millions CHF! – s’explique principalement par le fait que plusieurs inves-tisseurs institutionnels ont découvert la Banque WIR comme partenaire fiable offrant des conditions attrayantes.

Chiffre d’affaires WIRIl est sans doute trop tôt pour parler d’une inversion de ten-dance, mais après une longue période de déclin, le chiffre d’af-faires réalisé avec la monnaie complémentaire WIR a enfin aug-menté à nouveau, à savoir de 0,7% par rapport au chiffre du 1er semestre 2013 pour atteindre 675,2 millions CHW. Cette augmentation de 4,8 millions CHW semble faible, mais elle est néanmoins importante. Elle montre que les participants au sys-tème de paiements WIR dépensent à nouveau de l’argent WIR et soutiennent ainsi plus activement l’idée WIR – entraide, soli-darité entre participants. Cela s’exprime également dans la vitesse de rotation légèrement plus élevée de la monnaie WIR (1,89 à fin juin 2014 contre 1,75 à fin juin 2013), ce qui a plus que compensé la baisse du volume monétaire WIR (cf. tableau au

passif: Autres obligations envers clients CHW) de 1,2% à 763,7 millions CHW. Pour la Banque WIR, il s’agit là d’un signe que les modèles de crédit WIR encore plus avantageux que les taux d’intérêt déjà très avantageux proposés actuellement sur le marché continuent d’avoir leur raison d’être. Il existe un lien étroit entre la masse monétaire WIR ainsi que le chiffre d’af-faires WIR et le volume des crédits WIR: en principe, plus ce dernier est élevé, plus la masse monétaire et le chiffre d’affaires WIR sont élevés. C’est la raison pour laquelle la Banque WIR continue de proposer des modèles de crédit WIR très attrayants à partir d’un taux d’intérêt de 0,012% actuellement pour le crédit LIBOR WIR sur de nouvelles affaires. De plus, les instru-ments permettant de contrôler le système de paiements WIR s’affinent de plus en plus, ce qui a sans aucun doute contribué à cette augmentation du chiffre d’affaires. Il faut mentionner ici par exemple les applications pour smartphones WIRGASTRO et WIRSHOPPING.

Part ordinaireLa part ordinaire de la Banque WIR continue de faire bonne fi-gure. Comparé au cours de 418 CHF à fin 2013, le cours avait augmenté à fin juin de 2,9% pour atteindre 430 CHF. L’évolution du cours à long terme montre que la part ordinaire est un titre solide qui convient de manière idéale à un portefeuille bien di-versifié. Un nombre réjouissant d’investisseurs a choisi de faire pour la première fois l’acquisition de parts ordinaires de la Banque WIR entre fin 2013 et fin juin 2014: le nombre des bail-leurs de fonds s’est accru, durant cette période, de 800 pour at-teindre 9750 (+9%). Les titulaires de parts ordinaires au 28 mai 2013 auront également bénéficié du dividende de 9.40 CHF sur chaque part ordinaire voté par l’assemblée générale (+4,4%).

PrévisionsSur la base des très faibles taux d’intérêt, les investissements consentis dans le secteur de la construction n’ont cessé d’aug-menter au cours de ces derniers trimestres. Étant donné que les bonnes conditions météorologiques ont permis d’exécuter une grande partie des réserves de travail, il est probable que la dynamique va légèrement se tasser dans le secteur de la construction. À cela vient s’ajouter le fait que la nouvelle loi sur l’aménagement du territoire ou encore l’acceptation de l’initia-tive contre l’immigration de masse ont légèrement freiné la

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Quelques chiffres importants du bilan au 30 juin 2014 30.6.2014 31.12.2013 MODIFICATION EN %

Somme du bilan 4 442 300 799 4 174 115 069 6,4

Actifs

Créances envers clients CHF 597 848 936 612 484 176 –2,4 Créances hypothécaires CHF 2 377 532 159 2 300 169 874 3,4 Créances envers clients CHW 194 354 480 206 141 009 –5,7Créances hypothécaires CHW 648 154 688 647 244 773 0,1

Passifs

Obligations envers clients à titre d’épargne et d’investissement CHF 2 014 623 839 1 871 773 943 7,6 Autres obligations envers clients CHF 425 933 544 336 734 008 26,5 Autres obligations envers clients CHW 763 708 989 772 970 989 –1,2

construction de logements. La réticence des investisseurs se lit par exemple dans la baisse marquante du nombre de demandes de permis de construire et des permis accordés au mois de juin (–12,7%, ou –20,4% respectivement par rapport au mois de juin 2013). Au 1er septembre de cette année, des conditions plus strictes posées à l’octroi de crédits hypothécaires entreront en vigueur. Ainsi, l’amortissement de la 2e hypothèque devra se faire de manière linéaire sur une période de 15 au lieu de 20 ans. Sous de tels auspices, nous considérons que les projets du Conseil fédéral d’interdire le retrait de capitaux des caisses de pensions pour l’acquisition du logement principal sont peu judi-cieux. Il y a clairement un danger que le soutien apporté par la constitution fédérale à l’accès à la propriété du logement ne devienne désormais lettre morte. Les modèles de crédit hypo-thécaire supportables pour la classe moyenne semblent ainsi plus nécessaires que jamais. La Banque WIR reste en mesure de contribuer à répondre à ce besoin en proposant d’attrayants modèles de financement. En comparaison internationale, l’économie suisse a également connu un développement hors du commun au cours du 1er se-mestre 2014. Les moteurs conjoncturels sont à rechercher dans

la consommation privée et dans les investissements consentis dans le secteur de la construction, c’est-à-dire la demande interne. La suite de cette évolution dépend de la mesure dans laquelle ces moteurs vont être mis sous pression. Compte tenu du taux d’em-ploi et des revenus croissants, il est probable que la consomma-tion privée restera l’un des piliers de la conjoncture. Le programme fiscal US ne pose aucun problème à la Banque WIR. La Banque WIR ne traite ses affaires qu’en Suisse et nos groupes cibles sont depuis toujours les PME suisses et, depuis l’an 2000, les clients privés suisses auxquels nous proposons des modèles d’épargne et de prévoyance – c’est-à-dire pas de pres-tations de «Private Banking». Voici les raisons pour lesquelles la Banque WIR ne participe pas au programme fiscal US.Le pipeline des produits est richement doté: il est prévu de lancer une carte de crédit, une carte de débit pour clients entreprises et clients privés ainsi que – spécialement pour les clients WIR – une possibilité de paiement mobile pour montants WIR par smart-phone et une amélioration du Marché WIR électronique à l’adresse www.banquewir.ch

GERMANN WIGGLI, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE

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PLUS JEUNE ET PLUS FÉMININLE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA BANQUE WIR SOC. COOPÉRATIVE 2014

Après le départ de Karl Baumgartner du conseil d’administration et l’élection de Karin Zahnd Cadoux à sa succession, l’Audit & Risk Committee du conseil d’administration s’est constitué à nouveau. En remplacement de Karl Baumgartner, c’est Jürgen Bletsch qui reprend la présidence de cet organe, Georg Anthamatten restant vice-président et Karin Zahnd Cadoux en devenant membre. Le président et le vice-président du conseil d’administration restent Oliver Willimann, et Georg Anthamatten, respectivement. Désormais, le conseil d’administration de la Banque WIR dispose d’une composition plus jeune et plus féminine que le conseil d’administration moyen des banques de détail suisses.

Avec l’élection de Karin Zahnd Cadoux, âgée de 41 ans, l’âge moyen des membres du conseil d’administration a baissé à 48 ans. De ce fait, le conseil d’administration de la Banque WIR soc. coopérative est plutôt jeune puisque, selon une étude de la Haute École de Lucerne*, l’âge moyen des membres des conseils d’administration bancaires est de 56 ans. En 2013, les membres des conseils d’admi-nistration de 63 banques de détail suisses (sans la Banque WIR soc. coopérative) représentaient un total de 481 personnes. 53% des 467 membres de conseils d’administration dont l’âge est connu étaient âgés en 2013 de plus de 55 ans – dans le cas de la Banque WIR en 2014, cela n’est plus le cas que de Kornel Tinguely, âgé de 56 ans.

Part féminine élevéeConformément à cette étude, de nombreuses banques s’efforcent d’accueillir un plus grand nombre de femmes dans cet organe. Comme les femmes sont plutôt sous-représentées dans les fonc-tions de direction de la branche financière, cette volonté est as-sez difficile à mettre en œuvre. C’est sans doute ce qui explique que seulement 75 des 481 membres de conseils d’administration analysés sont des femmes, ce qui correspond à un taux de 16%. Jusqu’à l’élection de Karin Zahnd Cadoux lors de l’assemblée gé-nérale au mois de mai 2014, la part féminine auprès de la Banque WIR se situait au-dessous de la moyenne avec 14%, alors que

Le conseil d’administration de la Banque WIR: Karin Zahnd Cadoux (à gauche) et Petra Müller; (en haut, depuis la gauche) Georg Anthamatten, Oliver Willimann, Marc Reimann, Germann Wiggli (président du directoire); (en bas, depuis la gauche) Kornel Tinguely et Jürgen Bletsch.

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désormais, Petra Müller (élue en 2012) et Karin Zahnd Cadoux représentent ensemble 29% du conseil d’administration WIR.

Limitation plus stricte de la durée des mandatsAvec ses sept membres, le conseil d’administration de la Banque WIR fait partie de la catégorie des organes comptant sept à neuf membres, catégorie qui, selon l’étude lucernoise, représente deux tiers de tous les conseils d’administration bancaires. La Banque WIR soc. coopérative est moins typique en ce qui concerne la durée et la durée maximale de ses mandats: alors que les membres du conseil d’administration de la Banque WIR assu-ment des mandats d’une durée de deux ans, les autres banques connaissent des durées variant entre trois et quatre ans. La Banque WIR définit également des règles plus strictes en ce qui concerne la durée maximale des mandats de dix ans (président douze ans) que ce n’est le cas des autres banques: la majorité des banques de détail prises en compte par l’étude ne connaît pas de limitation de la durée maximale des mandats et lorsqu'une telle limitation est définie, elle se situe en règle générale entre douze et seize ans. La Banque WIR ne connaît cependant pas d’âge li-mite, contrairement à la majorité des banques examinées. Cet âge limite est en règle générale situé à 70 ans.

L’apprentissage devance les hautes écolesAvec 62%, la plupart des membres des conseils d’administration analysés sont titulaires d’un doctorat ou d’une licence universi-taire (respectivement d’un bachelor ou d’un master). 33% ont fait un apprentissage ou suivi une formation supérieure. Auprès de la Banque WIR, la situation est inversée et plus équilibrée: avec 57% (quatre membres), les titulaires d’un CFC sont plus nombreux que les titulaires d’un diplôme universitaire (trois membres; licences universitaires). Cette analyse ne tient pas compte du fait que Karin Zahnd Cadoux est titulaire des deux types de formation (CFC de paysagiste et licence en droit) et que le président du conseil d’administration Oliver Willimann est ti-tulaire de deux diplômes universitaires (licence en droit HSG et licence en économie HSG). Auprès de la Banque WIR, la part un peu moindre de diplômés des hautes écoles est une tradition et était encore plus réduite dans le passé: les membres du conseil d’administration de la co-opérative se recrutent en effet au sein des entreprises commer-ciales, artisanales et de services qui participent au système de paiements WIR et sont également coopérateurs. Les avocats, économistes, experts comptables et réviseurs y sont minoritaires même s’ils sont consciemment élus au sein du conseil d’adminis-tration depuis quelques années parce que l’autorité fédérale de

surveillance des marchés financiers FINMA a fixé des directives relatives à la composition d’un conseil d’administration, de l’Au-dit & Risk Committee, respectivement de trois membres (circu-laire 2008/24): «Les membres de l’Audit Committee disposent de bonnes connaissances et d’une expérience approfondie en fi-nance et en gestion financière et connaissent donc les activités des réviseurs internes et externes.» Dans son ensemble, la Banque WIR répond à la recommandation de la FINMA selon laquelle les membres d’un conseil d’administration bancaire devraient cou-vrir un large éventail de connaissances et d’expériences profes-sionnelles.

La continuité est assuréeEn ce qui concerne la durée des mandats, le conseil d’administra-tion de la Banque WIR est plutôt jeune puisque la durée moyenne des mandats n’est que de 2,5 ans. Seuls 40% des 481 membres des conseils d’administration analysés sont en fonction depuis moins de 5 ans, la moyenne étant située à 7,4 ans. Le membre du conseil d’administration de la Banque WIR qui assume sa fonc-tion depuis le plus longtemps est Oliver Willimann (élu en tant que membre en 2007, président depuis 2011), Georg Anthamatten et Jürgen Bletsch ayant été élus en 2011, Petra Müller en 2012, Marc Reimann et Kornel Tinguely en 2013 et Karin Zahnd Cadoux en 2014. Ces élections réparties dans le temps garantissent aussi bien le transfert de savoir-faire que le renouvellement futur par étapes des membres du conseil d’administration conformément aux recommandations de la FINMA.

L’étude de la Haute École de Lucerne arrive à la conclusion que la «diversité de la composition des membres des conseils d’adminis-tration bancaires est assez élevée» et que les banques disposent «d’une marge de manœuvre suffisante, malgré les prescriptions régulatrices, pour définir la composition et l’organisation interne des membres de leurs conseils d’administration». Cependant, quelques conseils d’administration doivent relever le défi de re-mettre en question «leur structure de ‹governance› tout en te-nant compte des exigences modifiées posées aux membres du conseil d’administration lors du remplacement de ces derniers» – autant de défis que la Banque WIR soc. coopérative a d’ores et déjà relevés.

DANIEL FLURY

* Prof. Dr. Andreas Dietrich et Prof. Dr. Christoph Lengwiler, Institut für Finanz-dienstleistungen Zug (IFZ) de la Haute École de Lucerne: Retail Banking-Studie 2013 – Retail Banking: Quo vadis?

Cette étude de 170 pages est en vente au prix de 290 CHF; quelques résultats de cette étude (en allemand) sont présentés ici: http://blog.hslu.ch/retailban-king > Kategorie: Regionalbanken und Sparkassen > Analyse der Verwaltungsräte von 63 Schweizer Retail-Banken.

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C’est aussi grâce à Markus Affentranger et sa nouvelle halle d’entreprise (à l’arrière-plan) qu’Altbüron (LU) est une figure d’exception au niveau européen en matière de recours à l’énergie photovoltaïque.

LA PELLE SOLAIRE DE MARKUS AFFENTRANGERAFFENTRANGER BAU AG: LA DURABILITÉ EN GUISE DE PRINCIPE

Lorsque Markus Affentranger reçoit en 2012 des mains de la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf le Prix Solaire pour l’utilisation de l’énergie photovoltaïque produite par sa nouvelle halle d’entreprise, il prépare déjà son prochain coup: une pelle mécanique de 15 tonnes qui ne fonctionne pas au diesel mais à l’énergie solaire. Depuis peu, cette pelle solaire est en opération.

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L’installation solaire de 3550 m2 située sur le toit de la nouvelle halle d’entreprise de la maison Affentranger Bau AG à Altbüron produit plus de 480 000 kilowattheures (kWh) par année. C’est 10 fois plus que les besoins globaux en énergie de 47 000 kWh de l’entreprise. Bien entendu, le surplus de courant aurait pu être livré simplement au réseau, mais le propriétaire de l’en-treprise Markus Affentranger poursuit un idéal: un secteur de la construction libéré autant que possible du diesel. En collabo-ration avec le professeur EPF David Dyntar, il a réfléchi de quelle manière il pourrait faire fonctionner ses lourdes ma-chines de construction avec du courant électrique provenant de son toit plutôt qu’avec du diesel. Les deux spécialistes ont choisi un véritable poids lourd pour faire leurs premiers essais: une pelle mécanique de 15 tonnes de la marque Takeuchi TB1140. Affentranger, Dyntar et 20 ingénieurs et étudiants de l’EPF de Zurich, de la Haute École de Lucerne et de la Haute École Technique Interétatique de Buchs ont travaillé pendant deux ans pour répondre à la question comment l’on peut faire à nouveau fonctionner à l’énergie solaire une pelle mécanique dont le moteur diesel de 400 kg a été démonté. Depuis peu, le résultat existe: un moteur électrique alimenté par batterie et lourd de 40 kilos, avantageux dans son exploitation, sans bruit et sans émissions.

Une nouveauté mondiale «Ce n’est pourtant pas la tâche d’un entrepreneur de la construc-tion de faire avancer la recherche dans le domaine des machines de construction mais, tout comme dans le secteur de l’automo-bile, les fabricants ne montrent guère d’intérêt à tourner le dos aux carburants fossiles», explique Markus Affentranger qui est considéré dans la branche comme un pionnier solaire et appar-tient sans doute aux entrepreneurs en construction les plus in-novateurs de Suisse. Pourtant, les avantages d’une «pelle méca-nique solaire» sont évidents:

– Le moteur électrique ne produit pas d’émissions; le moteur diesel produit non seulement des poussières fines mais aussi du formaldéhyde, du dioxyde de carbone (212 kg en 8 heures), des hydrocarbures et des oxydes azotés. Le moteur électrique ne bénéficie pas seulement à l’environnement mais aussi au chauffeur qui est normalement assis dans un nuage de gaz d’échappement pendant son travail par le biais de la climatisa-tion dans sa cabine.

– Avec un prix du carburant de 1.90 CHF par litre de diesel et avec un prix de 20 centimes par kilowattheure, une journée de tra-vail se solde par des dépenses de 152 CHF pour 80 litres de diesel et 48 CHF pour 240 kWh d’électricité. Par année (125 jours d’utilisation), il en résulte une économie de 13 000 CHF. Selon M. Affentranger: «Si l’on part du principe que le prix du die-sel va s’élever à long terme à 3 CHF et que le prix du courant baissera à 10 centimes, les économies se monteront déjà à 27 000 CHF par année.»

– Le moteur électrique ne fait pas de bruit. Cela est particulière-ment avantageux pour des travaux à exécuter dans des halles fermées, des quartiers d’habitation ou durant le week-end par exemple.

La comparaison la plus impressionnante résulte cependant de l’efficacité énergétique des deux modes de propulsion. Selon M. Affentranger: «Un moteur diesel a une efficacité énergé-tique de 35% – à peine 2% de plus qu’il y a 50 ans –, le reste est perdu sous forme de chaleur et de friction. S’il faut l’utili-ser, autant que ce soit comme source de chaleur pour le domi-cile. L’efficacité énergétique du moteur électrique est cepen-dant à 96%!»

Prix Solaire également pour AltbüronMarkus Affentranger s’est vu décerner en 2012 le Prix Solaire dans la catégorie Bâtiments EnergiePlus – mais ce n’est pas tout: sa commune a reçu en 2013 le Prix Solaire de la catégorie Institutions parce qu’elle «favorise de manière intensive les installations photovoltaïques, les réseaux thermiques à distance et le recours aux énergies renouvelables». L’euphorie photovol-taïque d’Altbüron serait «contagieuse et exemplaire pour les changements dans le secteur de l’énergie aux niveaux commu-nal et cantonal». C’est aussi grâce à l’engagement infatigable et au rôle de pionnier de Markus Affentranger que le village de 950 âmes d’Altbüron est la commune d’Europe qui enregistre la puissance électrique fournie par des modules solaires la plus élevée par tête d’habitant, à savoir 1616 watts peak (Wp). En guise de comparaison: la moyenne suisse est de 50 Wp et celle de la plus forte région solaire allemande – Brandenbourg – de 1010 Wp.

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Le béton résiduel est coulé dans des formes qui sont ensuite utilisées comme pierres pour la construction de murs.

L’installation de nettoyage utilise l’eau de pluie qui coule du toit de la halle d’entreprise.

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État d’esprit positifLa recherche permanente de solutions encore plus rationnelles est la grande passion de Markus Affentranger. Il attend toutefois également de ses 65 employés un état d’esprit positif envers les innovations durables. «Un conducteur de pelle mécanique qui aurait un problème pour raccorder à midi ou le soir la pelle mé-canique à la prise afin de recharger les batteries ne serait pas à la bonne place.» C’est la raison pour laquelle les collaborateurs sont sensibilisés en conséquence lors de rapports de cadres ou de for-mations relatives à la sécurité. «Ces formations sont très appré-ciées et mes collaborateurs aiment beaucoup les nouveautés», conclut M. Affentranger.

La durabilité érigée en principeUn mode de fonctionnement durable et favorable à l’environne-ment traverse comme un fil rouge les processus d’exploitation de la maison Affentranger Bau AG: dans une machine à laver pour laquelle M. Affentranger a investi 700 000 CHF, les véhicules sont nettoyés le soir avec de l’eau de pluie. Ensuite, l’eau est à nou-veau traitée, la boue est récupérée, séchée et recyclée. Des tuyaux ou des plaques amorcés, des emballages de briques, du matériau d’isolation et des restes en tout genre ne sont pas éliminés direc-tement des chantiers comme c’est l’usage dans la construction mais triés dans l’entreprise et entreposés pour une utilisation correspondante. Les résidus de béton provenant de pompes à béton ou des camions à béton sont coulés quotidiennement dans des moules. Il en résulte des blocs de béton qui peuvent être utilisés par exemple par les paysagistes.M. Affentranger: «Une meilleure utilisation des matériaux rési-duels signifie que l’on a moins de déchets et que l’on paie moins de taxes d’élimination. Avec l’accès à la technologie solaire, nous arrivons ainsi à optimiser en permanence nos coûts.»

Pommes frites et huile alimentaireDans l’attente de prix toujours plus élevés des carburants fossiles, Markus Affentranger prévoit, comme prochaine étape, d’équiper un premier camion d’une propulsion à base de diesel biologique produit avec de l’huile de friture et de la graisse alimentaire. Pour Markus Affentranger, même la pelle mécanique électrique n’est qu’un projet pilote – en effet, s’il est possible de modifier une telle pelle mécanique, pourquoi ne serait-ce pas possible avec une calandre ou un tombereau? M. Affentranger en est convaincu: «La question du stockage de l’énergie sera déterminante.» Heureuse-ment que la technique des accumulateurs d’énergie fait d’énormes progrès. Selon l’EPF, on peut s’attendre à ce que l’efficacité de chaque accumulateur augmente chaque année d’environ 30%.

«L’objectif devrait être pour toutes les entreprises d’utiliser plu-sieurs accumulateurs modulaires, en lieu et place de diesel. On les recharge dans la halle d’entreprise et on les emmène sur le chan-tier où ils peuvent alimenter les appareils les plus divers – de la meule à tronçonner jusqu’à la pelle mécanique.»

Les Japonais sont intéressésLa maison Affentranger Bau AG et l’EPF ont investi plusieurs cen-taines de milliers de francs dans ce projet de pelle mécanique électrique. Est-il possible d’obtenir un brevet ou de commerciali-ser le concept? Selon M. Affentranger, on n’a rien inventé de nouveau mais il ne serait pas irréaliste de penser à une produc-tion en série. «Takeuchi, le fabricant japonais de pelles méca-niques, s’est montré intéressé par notre projet qu’il a suivi de près et nous le rachètera sans doute. Je suis convaincu que l’ave-nir sera électrique et que chaque fabricant – par exemple Tesla – qui investit de manière systématique dans la technologie so-laire fera un tabac auprès des acheteurs.»

DANIEL FLURY

Le montage de la batterie-container de la pelle mécanique est terminé.

Le développement durable en tant qu’atoutOn peut considérer le développement durable comme une simple mode, voire comme un mauvais mot. Or, lorsqu’une entreprise opte pour le développement durable, elle ne fait qu’assumer sa responsabilité envers l’environnement, ses collaborateurs et ses partenaires d’affaires. Avec le système de paiements WIR, la Banque WIR soigne, elle aussi, un instrument durable bien ancré en Suisse qui fournit de la valeur ajoutée à ses membres. Certains clients de la Banque WIR sont également des entreprises exemplaires en matière de développement durable. C’est la raison pour laquelle nous présentons cette année quelques-unes de ces entreprises dans WIRPLUS. La rencontre d’automne du 8 novembre 2014, au Centre des Congrès KKL de Lucerne, sera également dédiée à ce thème. La rencontre d’automne est ouverte à tous les clients de la Banque WIR qui détiennent des parts ordinaires de la Banque WIR.

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Le prochain projet de Markus Affentranger: l’un des camions à béton devrait être équipé d’un moteur à diesel biologique.

Affentranger Bau AGÂgé de 21 ans, le fils d’agriculteurs et titulaire d’un CFC de maçon, Markus Affentranger a fondé son entreprise en 1978 à Altbüron. Au début, il effectuait des petits travaux de maçonnerie auprès de divers paysans. Il a ensuite suivi les cours de l’institut polytechnique du soir tout en faisant continuellement croître son entreprise. Aujourd’hui, la société Affentranger Bau AG et ses 65 collaborateurs et 10 apprentis travaillent à 60% dans la construction – pour l’agriculture, l’industrie et le secteur résidentiel – et à 15% dans le génie civil. Les rénovations et les petits travaux représentent environ 10% des affaires alors que 15% concernent la construction d’installations à gazon artificiel.

Markus Affentranger considère que le fait d’être situé en campagne à Altbüron est un avantage car dans cet environne-ment, il est relativement aisé de recruter des collaborateurs et des apprentis. De plus, Altbüron se situe assez précisément au milieu des centres régionaux que sont Willisau, Sursee, Langenthal, Zofingue et Huttwil et n’est distant que de 35 à 45 minutes de Zurich, Bâle, Berne et Lucerne.

Secteur de la construction dynamique De l’avis de Markus Affentranger, le grand potentiel de mandats qui en résulte n’est pas que théorique: «2015 sera pour nous une excellente année et les prévisions sont également bonnes pour les dix prochaines années.» L’augmentation de la popula-tion mène à une demande de logements plus soutenue, les infrastructures nécessaires – y compris les EMS par exemple –

doivent également être encore réalisées. «Toutefois, il est indispensable que nous gérions nos ressources de manière plus responsable. L’époque du gaspillage d’énergie fossile et de terrain est révolue. Il faut désormais construire de manière plus durable, plus ‹intense› et de manière à obtenir une meilleure efficacité énergétique. Pour cela, il va falloir transformer d’anciens bâtiments et même des quartiers entiers afin de trouver de la place pour des immeubles à efficacité énergétique élevée qui produisent eux-mêmes l’énergie dont ils ont besoin.»

Bientôt trois fils dans l’entreprise Lukas Affentranger, le fils aîné de Rita et Markus Affentranger, est dessinateur en bâtiments et maçon. Il travaille déjà dans l’entreprise. Il prévoit de suivre prochainement les cours de l’école de contremaîtres. Marius et Gabriel Affentranger sont encore en formation et viendront renforcer à partir de 2015 l’entreprise dans les secteurs de la construction et du marketing.

WIR en tant qu’opportunité Markus Affentranger est membre WIR depuis 28 ans. «Le système WIR fonctionne très bien en tant qu’outil marketing, offre d’excellentes opportunités et nous a toujours fourni des mandats additionnels.» En sa qualité de membre du comité directeur du groupe WIR de Suisse centrale, M. Affentranger profite des manifestations organisées par le groupe pour nouer de nouveaux contacts d’affaires.

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WIR – LE PLUS GRAND RÉSEAU D’AFFAIRES DE SUISSEFOIRE WIR DE ZURICH AVEC ZONE BUSINESS ET MANIFESTATION

Le système WIR est un immense réseau d’affaires réunissant environ 50 000 PME. Lors de la 71e Foire WIR de Zurich qui se tiendra du 21 au 24 novembre, non seulement les fondateurs d’entreprises, les successeurs à la tête de PME et les start-up WIR mais aussi des chefs de PME intéressés trouveront dans la toute nouvelle zone business l’opportunité d’adhérer à ce réseau d’affaires. La manifestation du samedi 22 novembre expliquera plus précisément aux exposants et aux visiteurs les avantages et l’utilité du système de paiements WIR.

Ma chance – la Banque WIR: le slogan de la Banque WIR pousse les clients à agir. La banque met des produits et des prestations de service à leur disposition, mais chacun d’entre eux doit saisir lui-même les opportunités qui en découlent. Cela vaut tout par-ticulièrement pour les possibilités qui s’offrent aux entreprises qui participent au système de paiements WIR. La monnaie com-plémentaire WIR s’échange entre environ 50 000 PME. Il en ré-sulte un circuit fermé – un réseau désormais âgé de 80 ans mais qui est plus actuel que jamais en cette époque marquée par les médias sociaux. Voyez vous-même comment cela fonctionne: www.banquewir.ch > Clients WIR > Le système WIR (vidéo).

Zone business avec secteur réservé aux start-up WIRLes Foires WIR de Berne, Lucerne et Zurich sont des expositions commerciales et des arts et métiers lors desquelles des partici-pants WIR présentent un attrayant assortiment de marchandises et de prestations de service. Tous les visiteurs y sont les bienve-nus. Cette année, le programme d’encadrement de la Foire WIR de Zurich sera complété par une zone business qui proposera aux chefs d’entreprises et aux responsables des départements d’achat une plate-forme visant principalement à optimiser les frais gé-néraux d’exploitation et le placement des avoirs WIR. Cette zone business comprendra également un secteur réservé aux start-up WIR. On y trouvera des entreprises proposant d’innombrables prestations de services nécessaires à la gestion d’entreprise. Le secteur pour les start-up WIR est spécialement adapté aux besoins des responsables de jeunes entreprises et de fondateurs d’entreprises, et convient de manière idéale à s’informer et à tisser de nouveaux contacts. Y seront également présents, entre

autres, les 13 groupes WIR régionaux – avec leur propre stand –, la société IG Leasing AG et la Banque WIR soc. coopérative.

Réseau WIRDe nombreuses opportunités se présenteront donc lors de la Foire WIR de Zurich – et une chance supplémentaire résultera de la manifestation intitulée «WIR – le plus grand réseau d’affaires de Suisse» qui aura lieu le samedi 22 novembre (de 13 h à environ 15 h 30). Un passionnant échange d’expériences devra montrer de quelle façon le recours à la monnaie WIR dans une entreprise permet de conclure des affaires additionnelles et d’accroître la fidélité de la clientèle. Les participants à cette manifestation se-ront, entre autres, Oliver Willimann, président du conseil d’admi-nistration de la Banque WIR, Luzius Hartmann, responsable de la succursale de la Banque WIR à Zurich, et, dans le cadre d’une table ouverte, Walter Zahnd jun., directeur adjoint de la société Nerinvest AG (entreprise générale et fiduciaire immobilière), Willy Langenegger, propriétaire et CEO de la société Swiss Photo-voltaik GmbH à Appenzell, Myrta Zumstein, copropriétaire de la société Zumstein Insektengitter GmbH à Benken (SG), et Olivier Andenmatten, CEO et propriétaire de l’hôtel Hannigalp à Grächen. Un apéro riche complétera la manifestation et constituera une excellente opportunité pour nouer de nouveaux contacts. La par-ticipation à cette manifestation est gratuite, mais une inscription est cependant souhaitée par le biais du secrétariat particulier à la manifestation (courriel à [email protected]).

ROGER MÜNGER

www.wmzag.chCf. sur le sujet du réseau d’affaires l’article en page 34

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LA LOMBARDIE PRÊTE À UN CHANGEMENT DE VITESSE L’ÉCONOMIE ITALIENNE RECHERCHE DE NOUVEAUX HORIZONS À TRAVERS LE SYSTÈME WIR

Tandis qu’une désagrégation tant sociale qu’économique semble avoir gagné de nombreux pays d’Europe (y compris l’Italie), on assiste en Lombardie à l’apparition d’une structure de plus en plus propice au changement.

Si l’on en croit Giorgio Squinzi, le président de la Confindustria italienne, la croissance du système de production a été pratique-ment nulle au cours des quatre premiers mois de 2014. En même temps, l’Italie tente toutefois de s’imposer à travers une volonté farouche de freiner la bureaucratie et la corruption, pour parve-nir à une solution qui favorise des réformes efficaces, garantes d’un minimum de cohésion sociale. «Une nouvelle éthique et une

gestion responsable permettront de rapprocher à nouveau éco-nomie et société.»

Monnaie complémentaireC’est précisément dans ce contexte marqué par la ferme volonté d’un changement favorable à l’économie italienne, se traduisant par un déclic moral chez quelques dirigeants et entrepreneurs très bien préparés à ce nouvel environnement, que s’est tenue au Palazzo Lombardia de Milan la deuxième étape du projet d’expé-rimentation de la monnaie électronique complémentaire. Une loi régionale de 2014, approuvée par le Conseil régional, ouvre donc officiellement la voie à cette révolution économique qui, en

La monnaie complémentaire WIR de la Banque WIR a inspiré Sardex, une monnaie complémentaire qui fonctionne déjà depuis plusieurs années en Sardaigne. Les économistes italiens voient également des opportunités de croissance en métropole, à condition que l’introduction d’une monnaie complémentaire coïncide avec celle d’une nouvelle éthique.

Yves Wellauer et Doriana Botta ont représenté la Banque WIR.

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l’espace de quelques années (peut-être quelques mois), devrait permettre à cette région toute proche de la nôtre de mettre son système de production sur de nouveaux rails.

C’est à l’ancien vice-président de la région Lombardie, aujourd’hui secrétaire général, que l’on doit cette initiative. Andrea Gibelli a convoqué plus de cent dirigeants régionaux pour les familiariser avec le fonctionnement d’une monnaie complémentaire, afin que ceux-ci se rendent compte des potentialités énormes de cet instrument et puissent par conséquent le développer. Il s’agissait aussi de recueillir des idées et des suggestions quant à l’applica-tion de cette nouvelle vision du marché, tant pour les citoyens que pour l’administration publique.

WIR et SardexParmi les invités et les intervenants qui ont pris part à cette im-portante manifestation, très instructive, deux représentants de la succursale de la Banque WIR à Lugano étaient présents, à savoir Yves Wellauer, responsable de la succursale, et Doriana Botta, sa suppléante. Ils ont apporté un témoignage précieux, à la lumière de l’expérience faite avec la monnaie complémentaire WIR (exis-tant depuis 1934), et de sa transformation progressive en un système économique interne qui a, pendant toutes ces années, apporté une contribution majeure à l’économie suisse et rendu possible l’échange de biens et la consommation sous cette forme hautement efficace.

Il convient de signaler également la présence de deux interve-nants de renom, à savoir Massimo Amato et Luca Fantacci, émi-nents professeurs et chercheurs à l'Université Bocconi de Milan, experts en histoire des institutions et crises du système financier mondial ainsi qu’en histoire économique et histoire de la pensée économique, par ailleurs très engagés, professionnellement et humainement, au sein du Département d’analyse des politiques et du management public.

Tous deux se sont exprimés en faveur de la monnaie complémen-taire, en s’appuyant sur des analyses approfondies et complexes de la matière économique du pays. Ils se sont arrêtés à de mul-tiples reprises sur l’attitude de la Banque centrale européenne qui, au cours des dernières années, n’a presque jamais été en mesure d’obtenir des résultats efficaces malgré la mise en circu-lation d’une quantité considérable de liquidités, et beaucoup de ressources sont donc restées inutilisées probablement à cause d’un système peut-être trop articulé.

Selon ces deux éminences italiennes, une structure monétaire alternative pourrait éviter les spéculations financières douteuses ainsi que les transactions économiques illégales pour lutter

contre la criminalité organisée et tous ses dérivés illicites. Des personnalités telles que Francesco Baroni, directeur central de la programmation intégrée, ou encore Giorgio Papa, directeur général de Finlombarda (établissement financier qui soutient le développement de la Lombardie), ont également apporté un regard éclairé sur le sujet.

Au vu de l’ensemble des arguments mis en avant et des réfé-rences faites à la monnaie parallèle à l’euro, les personnes qui ont participé aux travaux dans le cadre de cette journée construc-tive et innovante n’ont pu qu’exprimer leur approbation du sys-tème WIR, qui, depuis 80 ans, constitue un support équilibré pour plus de 50 000 entreprises suisses, ainsi que du Sardex, la monnaie virtuelle de Cagliari, en Sardaigne, qui jouit aujourd’hui d’une participation allant bien au-delà des 1000 entreprises de l’île (sardex.net).

L’exemple STROParmi les faits marquants de cette journée, il faut également re-lever l’intervention du représentant néerlandais Henk Van Arkel, qui a évoqué spécifiquement le STRO (Social Trade Organisation; socialtrade.org) et le vaste réseau que constitue ce système. Il a donné vie à un dispositif économique qui intéresse sérieusement des pays et régions plus ou moins pauvres. Il est incontestable que la méthode STRO et son système d’échange ont permis à des propriétaires de petites entreprises d’investir localement et sans subir des taux d’intérêt élevés, et donc de renforcer les infra-structures locales. Il s’agit d’augmenter la capacité de production en faisant circuler une monnaie locale et d’augmenter automati-quement la demande du consommateur, dans des pays comme les Pays-Bas, l’Espagne ou d’autres moins riches, comme certains pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale.

Cette fois-ci, il semble que l’Italie voisine, et surtout la Lombardie, encore plus proche, aspirent à des changements résolument positifs et constructifs. Apparemment, la hausse des impôts en Italie se révèle bénéfique pour le PIB (produit intérieur brut), mais ce phénomène, s’il devait persister, créerait, selon les spécialistes de l’économie italienne, de graves problèmes de stabilité pour tous les marchés italiens et européens.

Dans la conjoncture actuelle, qui nécessite des solutions alterna-tives pour lutter contre la crise mondiale, le système WIR est non seulement synonyme d’espoir et d’exemple à suivre, mais il in-carne aussi la certitude que les échanges entre les peuples peuvent rester l’un des moyens les plus efficaces pour dévelop-per des rapports de civilisation, de culture et d’honnêteté.

PIETRO VAGLI VIELLO

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Actuellement, le bison d’Europe peut s’admirer en Suisse dans les parcs animaliers de Berne (photo), d’Arth-Goldau et de Winterthour.

LE RETOUR DU BISONCousin du buffalo américain, le bison d’Europe avait disparu de Suisse il y a mille ans. Menacée d’extinction, l’espèce bénéficie de programmes de réintroduction, en semi-liberté dans de grandes forêts. Une structure de ce type doit voir le jour l’année prochaine à Suchy (VD). Et déjà des experts évoquent la mise en liberté d’animaux dans le Jura.

Exterminé et ressuscitéSelon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), 40% des espèces de la faune enSuisse sont considérées comme menacées. Le concept Biodiversité prévoit l’amélioration des conditions générales de vie et la mise en place de zones protégées. En raison de moyens limités, il faut fixer des priorités – ce qui aura sans doute pour conséquence que des espèces très «discrètes», par exemple parmi les insectes et les escargots, disparaîtront tout doucement, sans faire de vagues.

Ces espèces animales seront alors irrémédiablement perdues, contrairement à des mammifères tels que l’ours brun ou le castor européen: ils étaient consi-dérés comme exterminés mais sont revenus peupler notre pays depuis l’étranger – sans trouver beaucoup plus de compassion – ou ont été réintro-duits en raison de leur utilité pour l’environnement. Le bison, lui aussi, ne

pourra repeupler la Suisse que si on lui ouvre les cages des zoos et si on le considère non plus comme une relique de temps depuis longtemps révolus mais bien comme faisant partie intégrante de notre écosystème – malgré sa très longue absence. Le lynx ou le vautour par exemple ont réussi ce tour de force. L’ours et le loup, quant à eux, ne seront tolérés à long terme qu’en tant que visiteurs.

Ours brunIl y a exactement 110 ans, le 1er septembre 1904, le chasseur Padruot Fried abattait dans le Val S-charl le dernier ours brun de Suisse. En plaine, le souvenir de l’ours s’est déjà éteint bien avant, à savoir durant le 15e siècle. Dans le Jura et les Préalpes, les derniers ours ont été abattus aux environs de l’année 1800. Bien qu’ils n’apparaissaient plus, de temps à autre, qu’en Basse-Engadine vers 1900, une recette pour la préparation de leur viande a conservé sa place au moins jusqu’en 1889 dans un livre de cuisine intitulé

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Il y a 100 ans, c’était le bouquetin qui était réintroduit en Suisse. Il y a 60 ans, le castor (voir l’article intitulé «Exterminé et ressus-cité»). On parle désormais du retour d’un autre mammifère: le bison – environ 1000 ans après sa dernière apparition dans ce pays – en Suisse orientale. Cela fait si longtemps qu’il n’y a plus trace de lui dans la mémoire collective. Le bison d’Europe a vécu sur le Plateau, la déforestation et le développement des cultures l’ont poussé dehors. Les contemporains du Serment du Grütli avaient sans doute déjà oublié son existence.

Cousin du buffalo américain, le bison européen (Bison bonasus) est plus élancé – 1,80 mètres au garrot. Comptez 700 à 1000 kilos pour un mâle. Ses membres plus longs lui permettent d’atteindre aisément ses 30 à 60 kilos quotidiens de branches, de feuillages, de bourgeons, de glands et de baies dont il raffole en plus des herbes et écorces d’arbres.

Le principe de parcs spécifiquement voués à leur préservation a vu le jour il y a quelques années sur recommandation du Groupe Bisons d’Europe de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le premier de Suisse est en cours de concré-tisation dans les Grands bois de Suchy, à quelques kilomètres au sud-est d’Yverdon-les-Bains, où une première harde de 6 à 8 individus devrait emménager dès l’année prochaine. Il ne s’agit cependant pas d’introduction au sens strict, mais plutôt d’une

délocalisation, puisque les animaux ne seront qu’en semi-liberté, en l’occurrence dans des parcs en forêt.

Bison d’Europe SuchyÀ l’origine de l’initiative, le responsable du Triage forestier de Suchy, Michel Mercier, souhaitait dynamiser les actions de sensibilisations organisées régulièrement sur ce site de plus de 100 hectares. Il a fondé avec le biologiste Alain Maibach l’Asso-ciation Bison d’Europe Suchy. Avec l’accord des autorités locales, cantonales et fédérales, ils se préparent à aménager un espace forestier de plus de 100 hectares, que les bisons occuperont dès l’année prochaine. Cette très ancienne et vaste forêt offre quan-tité d’avantages. L’humidité, la variété de ses essences, l’absence de pentes trop prononcées plaident pour le succès de l’entre-prise. Tout comme la relative étendue de ce bois – pour vivre heureux, le bison d’Europe ressent le besoin de pouvoir vivre caché, chose que les Suisses devraient être à même de com-prendre.

À la recherche de sponsorsAu printemps 2014, l’Association multiplie les contacts avec les sponsors susceptibles de contribuer au budget annuel de quelque 160 000 CHF et au budget d’installation qui avoisine le million de francs. Pour couvrir ce dernier, ce sont avant tout des entreprises régionales qui sont privilégiées et qui pourraient contribuer à

«Die Schweizerköchin»: «La viande d’ours est marinée et préparée comme celle du sanglier.» On ne sait pas si les cuisiniers du Kurhaus de Tarasp ont respecté cette recommandation lorsqu’ils ont préparé pour leurs clients l’ours de 118 kilos abattu par Fried. La Suisse semble s’accommoder fort bien de l’extinction de l’ours car il n’est pas prévu de le réintroduire sur notre territoire. Quoi qu’il en soit, l’ours continue d’échauffer les esprits dans notre pays car l’Italie poursuit un programme de réintroduction de l’ours depuis 1999. Les animaux ainsi remis en liberté traversent depuis 2005 le territoire suisse lors de leurs tournées. Cela a poussé la Confédéra-tion a élaborer un concept Ours. Ce dernier émet l’hypothèse que l’homme et l’ours peuvent en principe coexister sans conflits – ce qui ne fait pas l’unanimité – et établit trois catégories pour les porteurs de fourrure: ours discret, ours à problèmes et ours à risques. Ces derniers sont condamnés à être abattus. Le concept prévoit également des indemnités pour des dom-mages causés par les ours.

LoupLe loup n’a pas non plus la vie facile en Suisse. Il y a été chassé depuis toujours mais sa présence était tolérée aussi longtemps qu’il se nourrissait de proies natu-relles telles que les chevreuils ou les cerfs. Ce n’est que lorsque ce gibier a été exterminé avec l’apparition des premières armes à feu, durant le 19e siècle, et que le loup a commencé à attaquer des animaux domestiques que son destin a été scellé. Le dernier loup indigène a officiellement été abattu en 1871 à proximité d’Iragna (TI). Sur le Plateau, le loup a disparu dès le 17e siècle et personne n’y déplore son absence. Selon son concept Loup, la Confédération n’entend d’ailleurs pas soutenir activement une réintroduction du loup. Étant donné que certains loups passent régulièrement la frontière depuis 1995 en provenance d’Italie – au mois de septembre 2012, la première meute familiale y a été observée –, la Confédération entend tout de même être outillée pour son retour, en particu-lier pour minimiser les conflits avec les propriétaires de cheptels. Le site web www.kora.ch actualise en permanence les observations touchant au loup.

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LynxContrairement aux grands carnivores que sont l’ours et le loup, le lynx ne représente aucun danger pour l’homme. Il a cependant été chassé de manière systématique en raison de sa belle fourrure et parce que les chasseurs le considéraient comme un concurrent. De ce fait, le lynx a disparu de Suisse dès le début du 20e siècle. Sa réintroduction active a été décidée après que l’on a compris qu’un écosystème intact et une forêt saine nécessitent non seulement des ongulés mais également des carnassiers qui chassent les che-vreuils et les chamois. Ainsi, un couple de lynx provenant des Carpates slo-vènes a été lâché le 23 avril 1971 dans le Melchtal (OW). Environ 80% des plus de 100 lynx suisses vivent dans les Alpes occidentales, le reste dans le Jura (surtout le canton de Soleure). Le lynx jouit d’une très bonne acceptation auprès de la population, il n’y a que les chasseurs qui continuent de le consi-dérer comme un concurrent. Le concept Lynx de la Confédération prévoit effectivement qu’il est possible d’abattre des animaux particulièrement vora-

ces mais mise surtout, dans ce cas, sur la capture et le déplacement de tels lynx problématiques.

VautourEn ce qui concerne l’acceptation, les carnassiers de l’air ont plus de chance que les chasseurs à quatre pattes que l’on pourrait croiser en se promenant dans les bois (ou en ville: le 19 juin 2014, un train a heurté et tué un loup à Schlieren). Cela n’a pas toujours été le cas. Le gypaète barbu était appelé dans les temps anciens vautour des agneaux car on croyait qu’il chassait et dévorait les agneaux. Selon la légende, il aurait également enlevé de petits enfants. Pas étonnant qu’on l’ait chassé jusqu’à ce que le dernier exemplaire ne tombe du ciel en 1886 près de Viège. En réalité, et contrairement à d’autres rapaces, le gypaète barbu ne se nourrit que d’os. Il avale entiers des os qui peuvent atteindre 18 cm de long alors qu’il laisse tomber des os de plus grande taille sur des rochers jusqu’à ce qu’ils se brisent. C’est aussi le destin des tortues de terre

mettre la main à la pâte – transports de matériels et de bêtes, création des enclos, etc.«Ce ne sera en aucun cas un parc d’attractions», insiste Alain Maibach. Les promeneurs peuvent espérer apercevoir un ani-mal, mais sans garantie, tant celui-ci est discret. «En plusieurs heures d’inspection dans une forêt polonaise, j’ai eu la chance d’apercevoir une mère et son petit. Mais il aurait été dangereux d’essayer de s’approcher. Si elle avait perçu une menace, elle aurait chargé.» À Suchy, une clôture, aisément contournable par la faune sauvage, protégera les bisons des hommes (et ré-ciproquement).

Bonus pour la diversité végétaleL’espace sera découpé en trois secteurs de 40 hectares. Deux resteront à disposition des promeneurs et seront exploités normalement par les forestiers. Le dernier sera occupé par les animaux. Le tournus sera déterminé par l’impact des bisons sur l’environnement – tous les trois à cinq ans selon les prévi-sions. Pour Alain Maibach, là réside un des intérêts cachés de l’opération. L’apport extérieur de fourrage sera limité car le bison d’Europe a démontré une grande faculté d’adaptation. «Mais dans son alimentation, il va opérer des choix, qui vont avoir un impact sur l’environnement. En se nourrissant de cer-tains végétaux, il va offrir la possibilité à d’autres de se déve-lopper. Sa présence va dynamiser la diversification des mi-

lieux.» Dans nos forêts si bien réglementées, ces phénomènes bénéfiques pour la diversité des espèces ne se produisent plus guère que lorsqu’une tempête ou un incendie font place nette sur de grandes surfaces!

Espèce miraculéeLe projet de Suchy est d’autant plus remarquable que le bison d’Europe revient de loin: le dernier bison d’Europe en liberté a été abattu en 1921 en Pologne. Il ne doit sa survie qu’aux 54 exemplaires qui vivaient à l’époque dans des zoos. Ces derniers étaient des descendants de bisons que le tsar de Russie avait offerts à divers parcs animaliers. Grâce à des programmes d’élevage, il existe aujourd’hui à nouveau environ 3500 bisons d’Europe. Trop peu pour éviter que la consanguinité ne favorise quelques fragilités. Alain Maibach rappelle qu’avec une popu-lation de 20 000 individus, le cheval des Franches-Montagnes est considéré comme une race fragile. Pour remonter la pente, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dont le siège est à Gland, privilégie de petites unités de sauve-garde délocalisées, qui accueillent des individus au pedigree bien connu et sélectionnés. De telles unités existent déjà en France, en Allemagne. En Suisse, le bison d’Europe ne vit que dans des zoos. Chacune de ces structures est placée sous le contrôle de l’UICN – «Nous fonctionnerons comme un hôtel», ponctue Alain Maibach, futur responsable d’un établissement

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pas comme les autres, avec vue sur les Alpes, le Jura et le lac de Neuchâtel.

Faire tomber les barrièresPlus au nord, Darius Weber, du bureau d’études et de conseils en environnement Hintermann et Weber à Reinach (BL), souhaite aller plus loin et remettre les bisons en liberté. L’opéra-tion a été tentée avec succès en Allemagne, pourquoi pas dans le Jura? La topographie du canton s’y prête, et le réseau routier n’est pas aussi dense que sur le Plateau.

«Dans un premier temps, un enclos est nécessaire», pondère l’ex-pert. Mais après quelques années, le temps pour l’homme et l’animal de reprendre la mesure l’un de l’autre, il souhaite faire tomber les barrières. Le chevreuil fait sa vie dans nos forêts, pourquoi pas le bison? L’animal n’est pas plus agressif qu’une vache. Ni moins: tout promeneur qui, sur un alpage, s’approche par trop d’un veau, fait l’apprentissage des limites de la placidité d’un ruminant.

Reste la question du dépaysement. Le bison peut-il trouver ses marques sur le Plateau suisse, et ne risque-t-il pas de perturber la faune existante? Darius Weber ne répond pas par le lynx, mais par le bouquetin. Celui-ci a tellement bien retrouvé sa place dans

les Alpes que de nombreuses personnes ignorent qu’il avait disparu et ne prospère à nouveau en Suisse que depuis sa réintroduction en 1911 (voir l’article intitulé «Ex-terminé et ressuscité»). Finalement, à l’écouter, on se convainc que le seul handicap du bison est qu’il ne figure sur le drapeau d’aucun canton suisse. Le projet, très novateur, a déjà suscité de l’intérêt de particuliers, mais il nécessitera l’appui de collectivités publiques, et en particulier de communes-hôtes. Musique d’ave-nir: voici revenu le temps des bisons d’Europe.

VINCENT BORCARD

que les gypaètes barbus ont découvertes dans la zone méditerranéenne en guise de nourriture supplémentaire. Dans le cadre des efforts européens de ré-introduction, des gypaètes ont été libérés pour la première fois en 1991 dans le Parc national. En 2007, deux couples de gypaètes ont pour la première fois donné naissance à des petits alors que l’année d’après, deux autres couples de gypaètes réussissaient également à donner naissance à un oisillon, dans la ré-gion de l’Albula, respectivement du col du Four. Actuellement, environ 100 gypaètes vivent dans l’arc alpin, la moitié environ dans les Alpes suisses. Afin d’élargir la diversité génétique, d’autres gypaètes ont été relâchés par la suite – par exemple au mois de mai 2012, deux exemplaires dans le Calfeisental (SG) par la Fondation Pro Gypaète.

L’aigle royal, quant à lui, a évité de très près la disparition. Lui aussi a été chassé jusqu’à ce qu’il soit placé sous protection en 1926. Parmi 1200 aigles royaux, environ 300 vivent en Suisse.

CastorPour le castor, le glas s’est mis à sonner en Suisse aux alentours de 1800. Sa fourrure, sa viande et le castoréum, une sécrétion de l’une de ses glandes, étaient très demandés car on pensait que ce dernier permettait de traiter les crampes et l’épilepsie. Sur un nombre estimé de 100 millions d’animaux en Europe, il n’en restait en 1900 qu’environ 1000 exemplaires, dont 20 à 30 en France, jusqu’à 300 en Norvège et le reste en Russie. Au cours des années 1950, la Suisse est arrivée à la conclusion que les castors représentent une partie importante de l’écosystème aquatique. En 1956, les premiers castors ont été libérés dans la région du lac Léman. Depuis 1962, les castors sont protégés. Le concept Castor garantit depuis 2004 que les espaces néces-saires à la survie à long terme de l’animal soient également protégés ou revitalisés. Les castors attirent de temps à autre l’attention du public lorsqu’ils causent des dommages à l’écorce d’arbres fruitiers ou lorsqu’ils provoquent des inondations.

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Cerf, chevreuil et chamoisLa réduction de son espace de vie et la pression qu’exerçait la chasse ont fait que vers 1850, le cerf était considéré comme disparu. Dans l’ouvrage intitulé «Brehms Thierleben», édition de 1892, il est écrit au sujet du che-vreuil: «En Suisse, le chevreuil a disparu, à l’exception de quelques trou-peaux isolés.» La première loi fédérale sur la chasse de 1875 – qui prévoyait des restrictions relatives aux périodes de chasse et au nombre de bêtes abattues – a été adoptée juste à temps pour garantir la survie des ani-maux arrivés d’Autriche (le cerf) et d’Allemagne du Sud (le chevreuil). Les dernières réserves indigènes de chamois ont également profité de la loi et ont pu se reconstituer. L’utilité ou la nocivité des diverses espèces anima-les étaient, à l’époque, déterminantes pour leur protection. Le destin du loup, de l’ours, du lynx ou du gypaète n’a ainsi même pas fait l’objet de discussions lors des délibérations parlementaires sur la nouvelle loi sur la chasse.

BouquetinLe fait que la viande du bouquetin soit particulièrement savoureuse et que tout le reste de son cadavre – cornes, fourrure, sang et même les excréments – était utilisé pour la fabrication de poudres prétendument thérapeutiques aura été funeste pour le bouquetin. L’animal qui décore l’écusson des Grisons avait déjà disparu au 17e siècle des Alpes orientales de Suisse mais n’a entièrement disparu de l’arc alpin qu’au début du 19e siècle. Seule exception: un troupeau d’environ 100 têtes dans le Gran Paradiso italien, protégé dès 1820. Comme le roi Victor-Emmanuel III interdisait l’exportation de bouquetins, les premiers animaux ont été apportés en Suisse en 1906 en contrebande. Après une action d’élevage, un nombre suffisant d’animaux était à disposition en 1911 pour permettre de lâcher certains animaux en liberté. Depuis 1977, la population de bouquetins est régulée par la chasse.

DANIEL FLURY

Interview de Marc Rosset, curateur du Tierpark Dählhölzli à Berne

Combien de bisons d’Europe vivent-ils dans le Tierpark Dählhölzli?Actuellement, il s’agit de quatre mâles et de huit femelles. C’est en-viron le nombre d’animaux que nous visons.

L’élevage de ces animaux est-il difficile?Les élans, les rennes ou les chevreuils sont beaucoup plus sélectifs en matière de nourriture et l’on peut donc dire que leur élevage est plus exigeant. Il n’est ainsi pas possible de donner un ballot de foin à un élan: il ne mange rien qui se trouve à terre. Les bisons sont également très délicats car ils sollicitent énormément l’espace dans lequel ils sont confinés. Le sol est maltraité, les arbres sont pelés. C’est la raison pour laquelle nous devons carrément emballer certains arbres d’un manteau de branches – ce qui fournit par ailleurs un espace vital supplémentaire à de petits animaux – et les entourer de treillis ou entourer des groupes d’arbres de grillages. Pour que les bisons puis-sent malgré tout s’adonner à leur activité favorite, nous posons des troncs coupés dans leur espace de vie. Par ailleurs, ils reçoivent du foin et des aliments fortifiants.

Qu’en est-il de la relève? Tous les animaux peuvent-ils rester au Dählhölzli?Non, les jeunes mâles se feraient attaquer par le mâle dominant, les jeunes femelles se feraient couvrir. On ne doit pas laisser aller les choses si loin car tous les bisons qui vivent aujourd’hui descen-dent de 12 animaux d’origine et le risque de consanguinité est ainsi très élevé. Nous offrons ainsi des animaux que nous ne pouvons garder à des zoos ou à des projets de remise en liberté, par exemple en Roumanie, en Pologne et en Russie.

Mettriez-vous également des animaux à disposition d’un projet suisse et de quelle taille un troupeau devrait-il être au début?Si toutes les autorités qui sont parties à un tel projet lui donnent le feu vert, je ne vois pas d’objection à une telle manière de procéder. Le troupeau de base se constituerait sans doute d’un taureau et de quatre vaches.

Dans un tel cas, une promenade dans une forêt abritant des bisons d’Europe serait-elle encore sûre?J’ai quelques réticences: je ne voudrais pas approcher de trop près une mère qui entend protéger son petit. Je recommande par consé-quent l’installation d’une clôture autour de la zone à laquelle les gens ne pourraient accéder que de manière contrôlée.

L’extinction des bisons d’Europe s’explique par la chasse et les coupes de forêts. Pourtant, le bison ne traite pas les arbres avec beaucoup de délicatesse. Les forêts du Jura survivraient-elles à la présence de trou-peaux d’une dimension relativement importante? C’est une question de taille et de capacité de reproduction de la surface de forêt disponible. Les bisons ne se nourrissent pas unique-ment d’écorce d’arbres mais aussi de feuillage, d’herbes, de baies et de champignons. Quoi qu’il en soit, il faudra s’attendre à des dom-mages comme on les connaît du gibier.

Quelles sont, selon vous, les chances des projets suisses?Je pense que le projet du Suchy a de bonnes chances car il prévoit un espace confiné pour ces animaux. Je ne connais pas le projet dans le Jura; j’ai cependant de la peine à imaginer que des bisons migrent librement dans le Jura, sans clôtures. Un projet similaire dans la région du Rothaargebirge en Allemagne a fini par l’installation de clôtures permettant de contrôler les animaux.

INTERVIEW : DANIEL FLURY

Le bison d’Europe est le plus grand mammifère sur terre ferme en Europe. Dans le parc animalier du Dählhölzli (Berne), un sentier de 250 mètres de long, équipé de panneaux d’information, de bancs, de plates-formes et de longues-vues, permet de se promener dans le secteur forestier de 5 hectares réservé aux bisons d’Europe.

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DIRECTIVES ANTICIPÉES

Des directives anticipées sont en principe utiles pour toutes les personnes ayant la capacité de discernement. Le plus important est cependant d’établir ces directives anticipées aussi longtemps que l’on est en mesure de le faire. À quoi faut-il faire attention?

Pour chacun d’entre nous, il va de soi de décider chaque jour de ce que nous faisons de notre vie.

La liberté personnelleNotre constitution garantit notre liberté individuelle qui est très importante dans notre culture. Ce droit à l’autodétermination concerne tous les aspects de notre vie. La capacité de discerne-ment est indépendante de l’âge et de la santé. Dispose de la ca-pacité de discernement toute personne qui est en mesure d’agir raisonnablement, de comprendre les conséquences de ses déci-sions et donc d’agir en conséquence.

Décisions autonomesChaque personne capable de discernement dispose de manière autonome de sa fortune et de sa personne. Elle peut être très économe ou s’endetter. C’est aussi elle qui décide si elle fait du sport, si elle entend mettre en danger sa santé en fumant ou en réduisant sa qualité de vie en mangeant trop. Il en va de même des principes éthiques que l’on veut suivre ou non.

Dispositions testamentairesEn prévision de la mort, certains souhaitent disposer une dernière fois de ce qui doit advenir de leur propre fortune. Un testament ou un contrat successoral sont souvent destinés à prévenir tout litige entre héritiers. En effet, une fois que la volonté du testateur a été clairement exprimée, il n’est plus nécessaire de se disputer à ce sujet.

Capacité de discernementCependant, le droit à l’autodétermination ne s’éteint pas seule-ment par la mort mais aussi par la perte de la capacité de discer-nement. En perdant conscience après un accident ou une maladie, une personne peut ne plus être en mesure d’exprimer ses volontés de manière autonome et de prendre les décisions qui la concernent.

Aujourd’hui, la médecine peut prolonger la vie assez longtemps. Pour beaucoup d’entre nous, cela signifie une longue retraite en

bonne santé et pleine de vitalité. D’autres toutefois restent pri-sonniers entre la vie et la mort. Nombreuses sont les personnes atteintes de démence à un âge avancé.

Michael Schumacher est un exemple tragique qui montre comme un accident peut soudain tout changer. Il faut espérer qu’en rai-son de sa profession pleine de risques et de dangers, il aura non seulement rédigé des dispositions testamentaires mais aussi des directives anticipées pour le cas où il serait patient.

Avec des directives anticipées, le rédacteur exprime par écrit sa volonté personnelle en ce qui concerne d’éventuelles mesures médicales. Il se prépare ainsi au cas où il ne pourrait plus s’expri-mer en cas d’inaptitude suite à un accident ou à une maladie. Le rédacteur dispose à l’avance quelles sont les mesures médicales qu’il approuve et lesquelles il refuse.

L’absence de directives anticipées peut constituer un lourd far-deau pour les proches. En effet, ces derniers doivent alors, dans une situation déjà difficile en soi, prendre d’importantes déci-sions sans savoir précisément ce que serait la volonté du patient dans cette situation.

Révision du code civil 2013Les directives anticipées ne sont pas une nouvelle invention. Avec la nouvelle loi de la protection de l’adulte entrée en vigueur en 2013, ce droit à l’autodétermination a été renforcé et une base légale claire a été créée.

Les équipes traitantes doivent respecter les directives anticipées si ces dernières ne violent pas des prescriptions légales et s’il n’y a pas de doute justifié quant à la libre volonté du patient.

Est-il judicieux de rédiger des directives anticipées?Des directives anticipées sont toujours judicieuses, que l’on soit jeune ou vieux, en bonne santé ou malade.

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En fonction de l’évolution possible de leur maladie, les patients peuvent déterminer précisément quels doivent être les objectifs du traitement. Des personnes d’un certain âge définissent, avant la perte progressive de leurs capacités cognitives, comment elles désirent être traitées. Les personnes plus jeunes ainsi que les mineurs disposant de la capacité de discernement préciseront de manière plus générale les valeurs auxquelles les méthodes théra-peutiques devront s’orienter.

Le seul fait de réfléchir à des directives anticipées, combiné à un éventuel entretien de conseil, contribue à ce que l’on soit au clair sur ses propres valeurs. Le disposant doit réfléchir à ce qu’il veut. Les directives anticipées servent cependant aussi à la communi-cation entre les personnes concernées et suscite un échange de réflexions. Dans tous les cas, il s’agit d’un instrument efficace qui permet à l’équipe traitante et à la personne investie du droit de représentation de prendre des décisions médicales correspon-dant à la volonté d’un patient privé de sa capacité de discerne-ment. Cela permet de décharger le médecin et les proches. Toute-fois, aussi longtemps qu’une personne dispose de sa capacité de discernement, c’est sa volonté exprimée directement qui prime et non pas les directives anticipées. De plus, le droit à l’autodéter-mination protège naturellement aussi la liberté de ne pas rédiger de directives anticipées ou de révoquer en tout temps des direc-tives anticipées préalables.

Contenu des directives anticipéesLes directives anticipées ne précisent que les mesures médicales que le patient approuve en cas d’absence de discernement et celles qu’il n’approuve pas. Il s’agira plus précisément de définir jusqu’où doivent aller une thérapie anti-douleurs, les mesures prolongeant la vie, l’alimentation artificielle et les tentatives de réanimation, etc.

Il est en outre judicieux que le patient précise dans les directives anticipées ses valeurs personnelles en relation avec sa concep-tion de la qualité de vie. De telles précisions constituent une ligne directrice pour l’équipe traitante lorsqu’il faut prendre des déci-sions thérapeutiques et constituent donc une aide précieuse. En effet, il est impossible de prévoir toutes les éventualités en cas de traitement.

Il est également possible de désigner une personne physique chargée, au cas où le patient perdrait sa capacité de discerne-ment, de discuter avec l’équipe traitante de la question des me-sures médicales et de prendre en son nom les décisions corres-pondantes. Le disposant peut choisir librement la personne qu’il entend charger de la représentation juridique.

Forme et dépôtTout comme les dispositions testamentaires, les dispositions an-ticipées sont soumises à une exigence de forme. Elles doivent être rédigées par écrit, datées et signées à la main. On peut trouver des douzaines de modèles correspondants sur Internet.1

Les meilleures directives anticipées ne servent à rien si l’on ne peut en prendre rapidement connaissance. Elles devraient être déposées chez le médecin de famille ou auprès d’un proche. Il existe également des institutions qui proposent de telles solu-tions de dépôt contre rémunération. Depuis 2013, il est possible d’enregistrer une indication relative au lieu de dépôt sur la carte d’assuré de la caisse maladie obligatoire. Le médecin ou le phar-macien peuvent être de bon conseil pour toutes les questions liées au dépôt et à l’enregistrement des directives anticipées.

ImportanceLe médecin doit consulter la carte d’assuré d’un patient privé de discernement avant de le traiter. Si des directives anticipées ont été établies, les décisions se prendront conformément aux pres-criptions contenues dans les directives anticipées. S’il n’existe pas de telles directives anticipées, les personnes suivantes pour-raient prendre les décisions nécessaires, dans l’ordre:1. La personne mentionnée dans les directives anticipées ou dans

le mandat pour cause d’inaptitude.2. Un curateur investi du droit de représentation pour les ques-

tions médicales.3. L’époux ou le partenaire enregistré.4. Une personne vivant en ménage commun avec le patient privé

de discernement.5. S’ils ont régulièrement et personnellement aidé la personne

privée de discernement: - les descendants; - les parents; - les frères et sœurs.6. L’équipe de traitement en son âme et conscience.

Si l’équipe de traitement ne respecte pas les directives anticipées ou l’ordre légal ci-dessus, il est possible de faire intervenir l’auto-rité de protection de l’enfant et de l’adulte.

Pr URSULA GUGGENBÜHL

1 Sur le site Internet www.fmh.ch les associations FMH (Fédération des médecins suisses) et ASSM (Académie Suisse des Sciences Médicales) mettent à dispositi-on deux variantes de directives anticipées ainsi qu’une carte indicative pour le porte-monnaie.

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RÉSEAUX: ÉTABLIR ET SOIGNER DES RELATIONS D’AFFAIRES ET DES CONTACTS

La constitution d’un réseau (que l’on appelle aussi «networking») consiste à nouer des contacts professionnels et privés et à les maintenir actifs. Ces contacts peuvent servir à atteindre un cer-tain objectif. Sur la base d’intérêts communs, il est possible de constituer de nouveaux contacts.

Il s’agit d’une part de contacts que l’on entretient avec des amis, des voisins ou au sein de la famille. D’un autre côté, il s’agit de réseaux professionnels dont l’intérêt principal réside dans l’utilité mutuelle de ces contacts pour les personnes concernées.

Formes de réseauxOn distingue les réseaux ouverts et fermés. Les réseaux ouverts sont accessibles à tous. Il s’agit de fournisseurs d’informations tels que des chambres du commerce par exemple. Les réseaux fermés ont souvent des règles d’accès très strictes. Pour en deve-nir membre, il faut d’abord déposer une demande d’adhésion et/ou disposer d’une recommandation émise par un membre exis-tant. Les réseaux locaux sont constitués de contacts régionaux. Les associations en sont les meilleurs exemples. Aujourd’hui, on connaît également les réseaux virtuels. Avec Facebook ou Myspace, chacun peut se mouvoir dans le monde virtuel avec son propre profil Internet. Il faut cependant être en mesure d’évaluer l’utilité et les dangers qui sont liés à ces réseaux.

Les manifestations sportives peuvent également être de véri-tables catalyseurs pour des contacts professionnels. On se re-trouve ainsi pour faire du golf dans une ambiance détendue tout en soignant des contacts sociaux. En toute décontraction, il ar-rive alors que l’on signe des contrats entre partenaires d’affaires.

La signification des réseaux dans le quotidienLa pratique montre que la constitution et le soin de réseaux est quelque chose d’assez complexe. Ainsi, les dangers liés aux ré-seaux virtuels sont souvent sous-estimés.

• Tact et patience Noël Mory* est un chef d’entreprise talentueux qui a établi un très

large réseau de contacts au cours de ces 20 dernières années. Com-ment a-t-il fait? Il lui aura fallu beaucoup de patience, de temps et énormément de tact. On reconnaît dans sa façon de procéder des valeurs telles que la loyauté, l’honnêteté et la confiance. Noël Mory a régulièrement fait la preuve auprès des contacts de son réseau qu’il était un homme sur lequel on pouvait compter. En insistant sur le principe de mutualité, il a toujours défendu des relations équili-brées. Lors de la constitution de son réseau, Noël Mory a non seule-ment cherché à établir un réseau aussi important que possible mais il a toujours également veillé à intensifier et à garantir la qualité de ces contacts. Ce n’est que lorsque tout est parfaitement adapté que l’on dispose d’un réseau véritablement efficace.

• Des photos privées plutôt gênantesGisèle Vivier* a 23 ans et recherche un nouvel emploi de collabo-ratrice auprès d’une entreprise de service. Elle bénéficie d’une formation commerciale et déjà de quelques années d’expérience professionnelle. Le département du personnel d’une entreprise intéressée trouve, lors de recherches effectuées sur Internet, quelques photos gênantes prises lors de diverses fêtes privées. Gisèle Vivier a apparemment sous-estimé les lacunes de sécurité des réseaux sociaux. Une présence Internet peut avoir une in-fluence négative sur la réputation d’une personne. Il est déjà arrivé à beaucoup de gens de devoir renoncer à des postes inté-ressants pour cette raison-là.

• De nombreuses questionsAndré Favre* désire comprendre et utiliser son réseau plus consciemment. À cet effet, il se pose les questions suivantes: quels sont mes objectifs? Que puis-je? Quelles sont mes forces? Quelle est ma nouvelle USP (unique selling proposition = carac-tère unique qui le distingue)? Combien de temps ou d’argent vais-je engager? Quel doit être l’effet du réseau? Quelles sont les personnes qui pourraient m’aider? Où puis-je trouver d’impor-tants contacts? Comment me présenter moi-même et mes idées? Que puis-je offrir en échange? Une considération approfondie de ces nombreuses questions permet à André Favre de comprendre qu’il lui faudra fournir un intense travail très précis.

En soignant de manière ciblée des contacts professionnels ou privés, il est possible de se constituer un réseau de relations menant au succès. À quoi faut-il faire attention? Comment et où peut-on nouer de nouveaux contacts?

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André Favre connaît bien les gens, fait preuve d’empathie et sait comment estimer les capacités des autres. Il réfléchit aux per-sonnes qui pourraient entrer en ligne de compte pour son réseau – en plus des membres de sa famille et de ses amis. En première ligne, il pense aux voisins, à son médecin, aux conseillers fiscal et bancaire, au boulanger et au garagiste. Des fournisseurs de réfé-rence pourraient également être très utiles. Il pourrait soigner des contacts supplémentaires avec des collègues de travail d’autres départements dans le cadre du restaurant pour le per-sonnel ou lors de sorties d’entreprise. La visite d’expositions spé-cialisées ou de séminaires ainsi que les déplacements en train ou la fréquentation de son bistrot habituel pourraient également être utiles à la constitution du réseau.

• Aborder un entretien détenduL’élargissement de son propre réseau commence souvent avec un entretien détendu lors d’une manifestation sociale. De quelle manière Christine Dumont* peut-elle aborder un entretien dé-tendu? Une simple question banale peut servir d’amorce à un tel entretien. L’établissement d’une atmosphère agréable et déten-due afin que les partenaires de conversation gardent de nous un souvenir d’une personne intéressante, divertissante, sensible, pleine de tact et aussi peut-être pleine d’humour est une tâche ardue. Christine Dumont peut également signaliser à son parte-naire de conversation avec la position de son corps et son contact visuel ouvert qu’elle souhaite vraiment le comprendre. Le «small talk» ne devrait pas être artificiel mais bien au contraire sembler authentique. En posant des questions ouvertes, Christine Dumont peut laisser suffisamment de marge de manœuvre à son interlo-cuteur pour donner son avis, par exemple: «Quelles ont été vos expériences dans ce domaine…? Les questions fermées par contre (par exemple: «Ce tableau vous plaît-il?») comportent un certain

danger étant donné qu’elles dirigent la discussion dans une di-rection assez précise et que les réponses sont souvent prévisibles. Il convient à tout prix d’éviter une atmosphère d’interrogatoire avec des questions oui et non répétitives.

En outre, Christine Dumont devrait éviter de placer sa personne au centre de la conversation. Cela est très restrictif pour le partenaire de conversation. Les remarques polémiques ou négatives ont le plus souvent un effet désastreux sur l’ambiance. Il est également recom-mandé de dire quelque chose de positif de la manifestation à la-quelle on participe. Le déplacement, le panorama depuis la terrasse ou encore le sport peuvent également fournir d’excellentes amorces de conversation. Par contre, les sujets suivants sont plutôt délicats: religion, politique, maladie, argent/fortune. Il convient d’éviter tout ce qui pourrait influencer l’ambiance de manière négative.

Il est également recommandé d’observer tout d’abord si un po-tentiel interlocuteur fait preuve d’une certaine ouverture avant de se présenter et de lancer une discussion.

ConclusionNouer et soigner de bons contacts qualifiés demande beaucoup de travail. L’objectif ne devrait pas être de disposer d’un nombre aussi élevé de contacts que possible. L’important est bien plutôt d’apprécier et de soigner les contacts existants. La qualité du contact fait partie des principaux éléments d’un réseau fort. Tous les participants doivent y figurer comme bénéficiaires – ce qui garantit également une certaine sécurité pour l’avenir.

ENRICO LOMBARDI INTRA DM AG, TRAINING & MARKETING,

ZURICH * Tous les noms sont fictifs.

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RETOURNEMENT CONJONCTUREL DANS LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION?

Avec la consommation privée et les dépenses de l’État, c’est aussi grâce au secteur de la construction que l’économie suisse n’a pas sombré dans la récession après 2008 mais qu’elle a, bien au contraire, enregistré une croissance satisfaisante malgré de grosses difficultés, en particulier au niveau des cours de change. Cette année à nouveau, la construction constitue l’un des principaux piliers conjoncturels du pays, même si d’autres secteurs gagnent à nouveau en importance, en particulier les exportations.

En 2015 à nouveau, la situation conjoncturelle générale dépen-dra dans une très grande mesure du secteur de la construction qui ne présente actuellement que très peu de signes de faiblesse.

Situation initiale satisfaisanteL’année en cours a bien commencé. Les investissements dans le secteur de la construction se sont à nouveau accrus de 2,3% en 2013. Les chiffres globaux s’orientent cependant à la baisse en raison de la diminution des travaux publics d’entretien de 3,6% – la conséquence de mesures d’économie. C’est la raison pour laquelle les dépenses de construction n’ont augmenté globale-ment que de 1,8% pour atteindre 63 milliards de francs. 2013 aura ainsi été déjà la 14e année enregistrant une augmentation de l’activité de construction depuis le dernier effondrement en 1999. Comme c’est presque toujours le cas vers la fin d’un cycle

conjoncturel, l’importance de la construction s’est accrue au détriment de celle du génie civil. L’an dernier, des dépenses en augmentation de 3,1% dans la construction faisaient face à des dépenses en diminution de 0,9% dans le génie civil. Cela est prin-cipalement lié à la fin des grands projets d’infrastructure (entre autres le tunnel de base du Gothard).

Le secteur de la construction a abordé l’année courante avec un carnet de commandes satisfaisant: 42,7 milliards de francs ou 0,3% de plus qu’au début de 2013. Cette modeste augmentation indique toutefois une inversion de tendance.

Il n’est donc pas étonnant que les entreprises de construction esti-ment majoritairement que leur situation est meilleure qu’elle ne l’était il y a quelques années. Grâce à la bonne situation météoro-logique au mois d’avril, les activités de construction ont débuté en 2014 bien avant que ce n’était le cas au cours des années précé-dentes. Cela signifie toutefois sans doute également que les car-nets de commande se videront plus rapidement. Le secteur spécia-lisé dans l’établissement de projets annonce une légère baisse. Les entreprises de construction sont également devenues plus pru-dentes en matière d’engagement de personnel. La foi en la pour-suite des années dorées semble gentiment vaciller.

Des auspices en périphérieÀ chaque fois que la conjoncture baisse, les premiers signes de faiblesse apparaissent en périphérie. Le Tessin en fournit, une nouvelle fois, un excellent exemple. Les jérémiades y vont déjà bon train sur le marché immobilier. Les achats d’immeubles re-censés par les statistiques cantonales ont baissé de 20,7% par rapport à l’année précédente, les valeurs correspondantes ayant,

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quant à elles, baissé même de 21,7%. Au Tessin, c’est un marché en pleine surchauffe qui a rendu l’âme. Entre 2003 et 2013, les valeurs des ventes d’immeubles ont presque doublé, passant de 2,3 à 4,1 milliards de francs. Cependant, des fluctuations énormes distinguent depuis toujours le marché tessinois où la construc-tion représente plus d’un dixième du produit intérieur brut global. Les prévisions pour 2015 sont donc plutôt moroses dans le can-ton situé sur le versant sud des Alpes.

Une évolution similaire s’annonce à l’autre fin du cycle de construction – dans le domaine des appareils ménagers. Dans ce secteur, les chiffres d’affaires dépendent non seulement de la volonté des ménages de renouveler leur parc de machines mais également des nouvelles constructions qu’il s’agit d’équiper à neuf. Là, cela fait des mois que la situation est morose. Les maîtres d’ouvrages font baisser les prix comme jamais et les fournisseurs se voient ainsi contraints de baisser les prix en permanence et de réduire leurs marges. Ce phénomène permet de conclure que l’évolution sera similaire auprès d’autres fournisseurs du secteur de la construction au cours des mois qui vont suivre.

Quelles seront les premières victimes?Nous osons la prévision que les entreprises de construction es-saieront, l’année prochaine, de réduire encore davantage les prix de leurs fournisseurs et de leurs sous-traitants. Cela pourrait causer des ennuis, surtout dans les régions frontalières où des pseudo-indépendants et de véritables entreprises continuent d’affluer sur le marché suisse toujours lucratif et de susciter des prises de position exigeant un plus grand nombre d’interventions étatiques.

Nous osons également prédire que les corrections depuis long-temps nécessaires au niveau des prix des terrains de construc-tion et des immeubles interviendront dans une mesure nette-ment plus importante que ce n’est le cas au niveau des coûts de construction. Il nous semble cependant peu adéquat de jouer les oiseaux de mauvais augure. Nous considérons ainsi que les pré-visions du Credit Suisse publiées dans l’Indice suisse de la construction, selon lesquelles la demande de logements en loca-tion pourrait baisser en 2015 dans une mesure pouvant atteindre 20%, sont non seulement fausses mais aussi dangereuses. Nous croyons cependant que le marché va subir une transformation. La demande de logements moins chers demeure forte alors que les logements de luxe situés dans des emplacements de moindre intérêt auront plus de peine à trouver des preneurs.

C’est également dans ce sens que va la constatation que l’aug-mentation des prix de l’immobilier au cours de ces dernières an-

nées a eu principalement des causes endogènes et ne résultait pas principalement de l’immigration en provenance des pays de l’UE. C’est également la conclusion de l’Office fédéral du loge-ment. Selon ce dernier, il existe bel et bien un lien entre l’augmen-tation du nombre de ménages étrangers et l’évolution des prix sur le marché des biens immobiliers à louer et à vendre, mais unique-ment dans la région lémanique, autour du lac de Constance, dans des emplacements privilégiés de l’agglomération zurichoise ainsi qu’à Lucerne. Il est par ailleurs intéressant de relever que l’aug-mentation des prix ne s’est pas renforcée mais bien au contraire affaiblie lorsque l’immigration a atteint son maximum. En 2013 déjà, l’indice des prix correspondant n’indiquait plus qu’une aug-mentation de 1,1%, la plus basse depuis dix ans.

La même étude prouve également que les immigrés n’ont pas déséquilibré le marché des appartements et des villas à vendre. Depuis 2004, la part des Suisses propriétaires d’un bien immo-bilier a passé de 46,9 à 49%, le taux correspondant dans la population étrangère ayant, quant à lui, baissé de 18 à 17,6%. L’influence des étrangers a par contre augmenté dans le secteur des biens immobiliers en location. Cependant, les étrangers n’ont également aucun rapport avec le déséquilibre qui règne sur le marché des logements en location de basse et moyenne gamme. La nouvelle politique d’immigration de la Suisse sous le signe des contingents ne déséquilibrera donc pas le marché des logements.

CommentaireFreiner davantage l’accès à la propriété immobilière est inutile

D’un point de vue sociologique, il faut sans doute bien avouer que l’augmentation de la propriété immobilière de citoyens suisses (actuellement 49%) est un élément positif (le quota glo-bal – ressortissants étrangers inclus – est inférieur à 40%). La distribution plus large de la propriété immobilière a été favora-blement influencée par la concurrence plus vive entre les banques octroyant des crédits, par le niveau record à la baisse des taux d’intérêt ainsi que par l’évolution très favorable des revenus au cours de ces dernières années – inflation nulle.

Comme le sol est un bien non reproductible, chaque augmentation de la demande provoque une augmentation des prix. La grande question qui se pose est donc de savoir jusqu’à quel revenu et jusqu’à quelle situation de fortune personnelle ces coûts restent supportables sans que des ventes d’urgence ne deviennent néces-saires en cas de hausse des taux d’intérêt ou de baisse des revenus, au détriment des propriétaires et aux dépens des bailleurs de fonds.

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«Si nous ne voulons pas affaiblir le secteur de la construction, nous ne de-vons pas réglementer davantage l’acquisition de logements en propriété.»

On peut également avoir un avis divergent sur la question de savoir où se situent les limites. Il semble certain qu’il ne soit pas nécessaire de s’attendre à une augmentation immédiate de la charge d’intérêts en raison d’une augmentation générale des taux d’intérêt. Prédire que la période d’accalmie correspondante durera trois ans ou plus relève cependant de la spéculation.

Les calculs de solvabilité des banques, assurances et caisses de pensions octroyant les crédits hypothécaires ont presque toujours été exagérément prudents. Pratiquement tout le monde respecte aujourd’hui la règle des 30%: les coûts du bien immobilier acquis, y compris les frais d’entretien, ne devraient pas dépasser 30% du revenu probablement certain. De plus, l’acheteur d’un bien immo-bilier devrait pouvoir financer 20% du prix d’achat avec des fonds propres.

Pour une villa de 800 000 francs, il faut donc disposer, avec un endettement de 640 000 francs, un taux d’intérêt hypothétique de 5% et des frais d’entretien de 3%, d’un revenu annuel d’environ 150 000 francs qui ne peut être obtenu que par des époux qui sont tous deux professionnellement actifs. Il est donc clair que les sala-riés normaux sans deuxième revenu ne peuvent devenir proprié-taires de leur logement que s’ils sont en mesure d’engager davan-tage de fonds propres.

Cela n’est souvent le cas que si l’acheteur dispose de capitaux d’épargne ou a bénéficié d’un héritage ou s’il était préalablement déjà propriétaire d’un bien immobilier et qu’il désire simplement changer son lieu de domicile ou obtenir plus de confort. Dans de nombreux cas, la lacune de financement a pu être comblée, entiè-rement ou partiellement, par le recours aux avoirs en caisse de pensions. C’est ainsi que des personnes à revenus plus modestes ont également pu acquérir la propriété de leur logement. Voici qui a certainement contribué à l’augmentation de prix du terrain et des biens immobiliers alors que la Banque Nationale s’abandon-nait au mythe de la formation d’une bulle immobilière.

Il semble évident qu’il n’est pas possible de stabiliser les prix des biens immobiliers par le simple fait que l’on exclut du marché im-mobilier les ménages de la classe moyenne disposant d’un revenu moyen en les privant de possibilités de financement. Les dom-mages sociaux d’une telle politique dirigée contre l’objectif consti-

tutionnel du soutien à la propriété foncière du logement nous semblent bien plus graves que les conséquences d’une déviance occasionnelle des règles de financement dans des cas justifiés.

Nous relevons que l’autorégulation du marché hypothécaire par les banques fonctionne et qu’il n’est pas nécessaire que l’État in-tervienne pour protéger les banques de clients insolvables. Les recommandations de l’Association suisse des banquiers en matière d’obligation d’amortissement des crédits en deuxième rang suf-fisent largement.

Nous considérons qu’il serait faux de limiter l’accès aux fonds de la prévoyance professionnelle sur la seule base de quelques regret-tables cas isolés. Le deuxième pilier a très clairement été créé en tant que moyen permettant aussi de favoriser l’accès à la proprié-té du logement. Toute autre décision serait une modification du but de la loi qui irait à l’encontre de la volonté populaire.

Il existe certainement des cas où des assurés LPP ont spéculé et perdu leur capital vieillesse ou qu’ils l’ont utilisé pour l’achat d’un immeuble ne correspondant pas à leur niveau de revenu pour se retrouver ensuite, privés d’épargne et de revenus suffisants pour financer leurs dépenses courantes, dans l’obligation de demander des prestations complémentaires.

S’il faut entreprendre quelque chose contre le fait que certains font supporter la mauvaise gestion de leur fortune par la collecti-vité, cela doit se faire au niveau des prestations complémentaires. Il est choquant de vouloir rendre plus difficile le retrait de capital de la prévoyance professionnelle en modifiant la loi sur les presta-tions complémentaires. Gageons que cette idée saugrenue issue de la cuisine de l’Administration fédérale n’aura aucune chance devant le Parlement et le peuple.

Là aussi, la solution réside dans la responsabilité de chacun. Dans les cas critiques, le bailleur de fonds peut demander de la part du débiteur la preuve qu’il dispose d’une prévoyance vieillesse suffi-sante et que ce dernier renonce entièrement ou partiellement au re-trait de capital du deuxième pilier avant qu’il ne lui octroie le crédit. La voilà, la solution!

Dr RICHARD SCHWERTFEGER

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ENTRE LOUPSLes montagnards sont très spéciaux. Plus particulièrement les Grisons, les Valaisans et tous les autres. Ils n’ont aucun cœur pour les loups. Seulement pour les moutons. Et lorsque l’on retrouve un cadavre de mouton sur un pâturage, les montagnards s’énervent. Ils ne s’énervent pas des loups de l’Oberland mais plutôt des gens de plaine qui montrent tant de compréhension envers les loups.

Les gens de plaine qui font preuve de tant de compréhension envers les loups sont également des gens très spéciaux. Plus particulière-ment les Zurichois, les Argoviens et tous les autres. Tout comme les loups, ces gens-là partent à la chasse. Pas à la chasse aux mou-tons, c’est vrai, mais aux montagnards. Lorsqu’un loup a été abattu en toute illégalité dans les Grisons, le «Groupe Loup Suisse» (GLS) a mis à prix la tête de l’assassin du loup pour 10 000 CHF. Les chas-seurs de tête amis du loup semblent ainsi déterminés à tenir tête aux adversaires du loup de l’Oberland. Espérons que tout ira bien!

Les adversaires du loup de l’Oberland peuvent, de temps à autre, permettre tout à fait légalement à un loup de rejoindre les prairies éternelles. Ce fut le cas, l’automne dernier, du Valaisan «M35». Ce dernier avait tué 17 moutons, 14 cerfs et 3 chevreuils, en toute illé-galité, se moquant des barrières électriques, des chiens de troupeau et des bâtiments habités à proximité. Il était ainsi allé trop loin, ce qui n’est pas vraiment surprenant puisqu’il s’agissait d’un Valaisan! Or, lorsqu’un loup tue 25 animaux en un mois, la loi autorise les montagnards à lui demander des comptes. L’expérience montre que les montagnards ne s’embarrassent pas de demi-mesures.

Entre-temps, on estime que 25 loups se baladent dans au moins 18 cantons. «F07» a donné naissance aux premiers louveteaux suisses depuis 150 ans et «M30» est leur heureux papa. Les petits de cette «meute de la Calanda», qui compte désormais 10 têtes, rôdent maintenant dans les forêts comme hors-la-loi solitaires alors que des bocaux de verre contenant leurs excréments s’empilent dans les universités de Berne et de Lausanne afin de permettre de procéder à des analyses DNA visant à établir leur arbre généalogique. Quant aux journalistes, ils s’empressent d’annoncer avec fracas dans leurs titres chaque petite crotte retrouvée dans la jungle des feuilles.

Comme fréquemment en cas de meurtre, on parle davantage de l’auteur du délit que de la victime. Sans même parler des proches touchés par le crime – en tant que bêtes de troupeau, de nombreux moutons survivants doivent voir de leurs propres yeux ces vilains massacres. En Allemagne, les autorités se disent sensibilisées. Le

porte-parole de l’association agricole du Brandenbourg, Holger Brantsch, souligne: «L’attaque d’un loup traumatise souvent les autres moutons.» De ce fait, les paysans compatissent et de-mandent des indemnités plus élevées. Ces dernières contribueront à financer les barrières électriques et les chiens de troupeau.

Chaque année, nos loups nous coûtent environ 80 000 CHF. Par animal. Cela correspond à 200 revenus annuels au Burundi. Les protecteurs du loup trouvent que 200 à 300 loups auraient leur place dans notre pays. Ces derniers se répartissent d’ores et déjà sur notre territoire. En juin dernier, un tel loup a été vu dans la commune zurichoise de Schlieren par un conducteur de locomo-tive. Le raz-de-marée de lettres de condoléances provenant du Valais a néanmoins pu être maîtrisé.

Les adversaires du loup de l’Oberland font sèchement remarquer que l’enthousiasme des amis du loup de la plaine risque de disparaître de lui-même lorsque le premier loup viendra rôder devant leur porte. Pour l’instant, l’enthousiasme demeure et c’est également le cas pour l’ours. Pour «M25», ils ont même cherché un nom par le biais d’un concours. Ce dernier s’appelle désormais «Rock’n’Roll». Dans la vallée de Poschiavo, il a dégusté cinq ânes et neuf moutons. Un jour ou l’autre, les ours et les meutes de loups suisses risquent fort de s’attaquer également à de mignons petits bisons. À proximité immé-diate du jardin d’enfants forestier. Cela aussi, c’est du rock’n’roll. Tout comme les montagnards qui sont de toute manière des gens assez particuliers: ils n’ont aucune idée de la nature.

WILLI NÄF WILLI NÄF EST AUTEUR ET HUMORISTE INDÉPENDANT ET VIT DANS LES CANTONS DE BÂLE-CAMPAGNE ET D’APPENZELL.

WWW.WILLINÄF.CH

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IMPRESSUM

WIRPLUSLe magazine pour les clients de la Banque WIRSeptembre 2014, 81e année, no 917

Éditrice/rédactionBanque WIR soc. coopérativeAuberg 1 4002 Bâlewww.banquewir.ch

RédactionDaniel Flury (rédacteur en chef), Annette Lempen, Roland Schaub, [email protected], tél. 061 277 93 27 ou 061 277 92 76

Tirage: 3560

Changements d’adresses: Banque WIR, Centre de conseils, case postale, 4002 Bâle,ou fax 0848 947 942

PhotographesDu livre «sonnenzauber»: 11 (à droite en haut)ETH Zurich: 21 fischerundryser: 1, 4, 13Foto Frutig, Niederwangen: 16Volker E. Hagendorf; été 2014: 2 (à gauche), 7-12Parc animalier du Dählhölzli, Berne: 2 (à droite), 26-30 shutterstock: 3, 32, 35SWISSPHOTOWORLD, Paul P. Haller, Kriens: Cover, 18-20, 22Pietro Vagli Viello, Cadempino: 24Hp. Teutschmann: 36mise à disposition: 39

TraductionsDaniel Gasser, YvorneCLS Communication

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