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AUDITION PUBLIQUE
FEMMES ET SPIRITUALITSOUS LA PRSIDENCE DE ERNA HENNICOT-SCHOEPGES, MdPE, RAPPORTEUR DE LANNE EUROPENNE DU DIALOGUE INTERCULTUREL 2008 JEUDI 13 NOVEMBRE 2008
1A U D I T I O N D U G R O U P E D U P P E - D E S U R L E S F E M M E S E T L A S P I R I T U A L I T
AUDITION
DU GROUPE DU PPE-DE
SUR
LES FEMMES
ET LA SPIRITUALIT
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A U D I T I O N D U G R O U P E D U P P E - D E S U R L E S F E M M E S E T L A S P I R I T U A L I T A U D I T I O N D U G R O U P E D U P P E - D E S U R L E S F E M M E S E T L A S P I R I T U A L I T
TABLE DES MATIRES
Programme 7
Discours de bienvenue de Joseph Daul, MdPE, Prsident du Groupe du PPE-DE au Parlement europen 11
Introduction de Erna Hennicot-Schoepges, MdPE 17
Expos de Pavol Kossey, Reprsentant du Cabinet du Commissaire Jn Fige 21
Expos de Franck Debi, Directeur gnral de la Fondation pour linnovation politique, Paris 25
Expos de Sona Khan, Avocate la Cour suprme de lInde New Delhi 33
Expos de Claudine Shinoda, Prsidente de lUnion bouddhiste europenne, Belgique 45
Expos de Judit Vincze, Pasteur, enseignante et directrice de luvre des femmes roumaines 51
Expos de Katerina Karkala-Zorba, Membre du comit excutif de la Commission pour lglise et la socit et co-prsidente du Forum cumnique des femmes chrtiennes dEurope 59
Expos de Jean-Paul Lehners, Professeur, spcialiste des droits humains et ancien vice-recteur de lUniversit du Luxembourg 69
Conclusions par Erna Hennicot-Schoepges, MdPE 81
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Mesdames et Messieurs,
Jai lhonneur de vous prsenter la brochure de lAudition Femmes et spiritualit.
Droits des femmes, droits humains, droits religieux: un triangle sacr?, qui sest tenue
dans le cadre de lAnne europenne du dialogue interculturel. Laudition, qui a eu lieu
le 13 novembre 2008 au Parlement europen, faisait suite laudition du Groupe du
PPE-DE de janvier 2008 sur la Diversit culturelle, (le) dialogue et (la) religion.
la veille de cette anne symbolique, il importait que nous laborions le dbat et que
nous approchions limportance des femmes dans la religion. Plus important, nous
souhaitions aborder limpact positif des femmes par le dialogue, et la manire dont
elles parviennent concilier manque de tolrance et acceptation.
Pour tenter de raliser cet objectif, nous avons invit des femmes et des hommes
expriments et actifs venus dInde, de Grce et de Roumanie, entre autres. Deux
hommes ont accept notre invitation se pencher sur les aspects scientifiques du
thme, et quatre femmes ont accept de nous parler des expriences personnelles
quelles ont vcues dans leur pays. Toutes les interventions se sont compltes pour
parvenir suggrer des outils faisables susceptibles de nous aider surmonter la
ngligence, du point de vue fminin, dans les questions religieuses. En outre, le grand
public, travers nombre de reprsentants varis de diffrentes fondations, telles que
Women for Peace, ont particip trs activement et contribu instaurer un dbat
vivant qui a dbouch sur des conclusions concrtes.
Jespre que laudition a t en mesure de faire avancer le dbat, contribuera relever
les dfis futurs et rpondre la question de savoir si, effectivement, on peut parler
dun triangle sacr. La confrence a dmontr par des exemples trs concrets que
lapport des femmes sest avr trs efficace, et que leur participation est un outil
indispensable si nous souhaitons amliorer notre cohabitation dans une socit
interculturelle. Cela explique pourquoi il importe que lAnne europenne du dialogue
interculturel ne prenne pas fin avec lanne 2008.
Erna Hennicot-Schoepges, MdPE
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PROGRAMME
Jeudi 13 novembre 2008, de 9 h 30 13 heures dans la salle A3E-2
9 h 30 Ouverture de la session
Discours de bienvenue par: > M. Joseph Daul, Prsident du Groupe du PPE-DE
au Parlement europen
> M. Pavol Kossey, reprsentant de Cabinet,
Commissaire Jn Fige
Introduction par: > Mme Erna Hennicot-Schoepges, dpute
europenne et rapporteure pour lAnne
europenne du dialogue interculturel 2008
1re SESSIONLES FEMMES ET LES SPIRITUALITS DANS LE MONDE 9 h 45 Femmes: droits sculiers et spirituels
Expos de: > Dr. Franck Debi, Directeur gnral
de la Fondation pour linnovation politique, Paris
10 h 05 Femmes, spiritualit et islam en Asie du Sud
Expos de: > Mme Sona Khan, avocate la Cour suprme
de lInde New Delhi
10 h 25 Linfluence des femmes sur la foi bouddhiste
Expos de: > Mme Claudine Shinoda, prsidente de lUnion
bouddhiste europenne, Belgique
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10 h 45 Dbat avec les participants
Invits: > Dr. Atlanta Filos, Institut Max Planck,
et Yolande Iliano, Religions pour la paix
2e SESSIONLES FEMMES ET LES SPIRITUALITS EN EUROPE 11 h 15 Les femmes dans lglise protestante
et la faon dont elles peuvent influencer
positivement la socit du 21e sicle
Expos de: > Mme Judit Vincze, pasteur, enseignante
et directrice de luvre des femmes roumaines
11 h 35 Le rle des femmes dans lglise orthodoxe daujourdhui
Expos de: > Mag. Katerina Karkala-Zorba, membre du comit
excutif de la Commission pour lglise et la
socit et co-prsidente du Forum cumnique
des femmes chrtiennes dEurope
11 h 55 Droits de la femme, droits humains et droits religieux: un triangle sacr?
Expos de: > Prof. Dr. Jean-Paul Lehners, spcialiste des droits
humains et ancien vice-recteur de lUniversit
du Luxembourg
12 h 15 Dbat avec les participants
12 h 45 Conclusions par Erna Hennicot-Schoepges
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Discours de bienvenue
Cest un grand plaisir pour moi douvrir cette audition sur Les femmes et la
spiritualit, organise linitiative dErna Hennicot-Schoepges. Je la remercie davoir
choisi un thme qui parat, au premier abord, difficile, rserv des spcialistes et
peut-tre mme loign de notre activit. A la rflexion, il nen est rien.
Depuis le dbut de cette anne 2008 du Dialogue interculturel, Erna, rapporteur du
Parlement Europen, a organis plusieurs colloques afin dapprofondir ce dialogue et
faire en sorte quil ne sarrte pas la fin de lanne. Le 6 mars dernier, loccasion
de la journe internationale des Femmes, Erna soulignait dj la place cruciale
des femmes dans le dialogue interculturel et leur action spcifique dans lactivit
parlementaire.
Je dois avouer que, lorsque jai pris connaissance du programme de la manifestation
daujourdhui, jai t un peu perplexe. Lexpression Femmes et spiritualit voque
bien sr:
> Hildegarde von Bingen, bien connue des mlomanes et des amateurs de BD
> Hadewijch dAnvers, dont le nom est li aux bguines
> Catherine de Sienne, patronne des professionnels de la communication
> Sainte Thrse dAvile
> en remontant plus loin, Sainte Catherine du mont Sina, patronne des
parlementaires, qui vivait selon ses hagiographes en Egypte, au premier sicle et
qui avait su tenir tte une cinquantaine de philosophes avant dtre condamne au
supplice de la roue
> quelques musulmanes rvles, par les travaux dAnne-Marie Schimmel et dEva
de Vitray-Meyerovitch, par exemple Rabia Basri, qui vivait au 7me sicle et qui est
encore une rfrence au Moyen Orient et en Europe pour les musulmanes luttant
contre les tentatives visant les exclure de toute vie publique ou spirituelle.
Mais ces figures exceptionnelles, ne rsument pas elles seules, le thme Femmes
et spiritualit.
Les rfrences la spiritualit dans notre activit quotidienne sont rares. Ou elles sont
parfois exprimes dans un climat de confrontation, comme certains dbats lors de
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Il est certes toujours difficile de traiter des questions concernant les femmes.
Je voudrai remercier les membres du Groupe - Uniquement des femmes et il est
possible de le regretter - activement engags dans les travaux de la Commission des
droits de la femme. Nos collgues ont une tche ingrate, demandant normment
defforts pour des rsultats peu visibles.
Mais leur tche est indispensable - et pas seulement parce que la moiti des lecteurs
de lUnion Europenne - sont des lectrices.
Ces dbats sont encore plus difficiles dans dautres parties du monde: grce Rodi
Kratsa, une universitaire marocaine Malika Benradi, est la prsidente dune association
fminine ymnite Amal Al-Basha, ont expos, jeudi dernier Bruxelles, les dbats,
forts houleux, mens dans leur pays - y compris au sein des organisations fminines -
sur la sharia, le voile, le Code de la famille ou linterprtation des prceptes coraniques
dans le monde daujourdhui.
Lenjeu spirituel de la construction europenne tait une vidence pour les Pres de
lEurope: Robert Schuman, Konrad Adenauer ou encore Alcide de Gasperi, pour ne
citer queux.
Une soixantaine dannes plus tard dans notre 21me sicle, qui nest dj plus si
jeune, cet enjeu reprend toute sa force.
LEurope, le monde aussi, ont t totalement bouleverss depuis la fin des annes
1980: la chute du mur de Berlin et la runification allemande, leffondrement du
communisme, les vnements dans lEx-Yougoslavie, le Caucase, en Ukraine, au
Moyen-Orient, en Afghanistan, lessor de la mondialisation ont radicalement chang
notre environnement.
En 2008, lchec du rfrendum en Irlande, la crise financire, les perspectives difficiles
de lemploi exigent des dirigeants politiques, hommes et femmes, un engagement
total pour dfinir les objectifs et les moyens de leurs actions moyen terme.
llaboration de la Charte des Droits fondamentaux ou de la Convention pour lEurope
lont montr.
Pourtant les Europens expriment largement leur besoin de spiritualit, y compris
dans un cadre profane: il suffit de regarder les programmes des concerts, dcouter la
radio, de parcourir les rayons des libraires et des magasins de disques pour constater
que les questions, lies la spiritualit, sont toujours trs prsentes.
Alors que certains prdisaient, il y a quelques annes, le choc des civilisations, il est
rconfortant de constater que les Europens ne se limitent pas la spiritualit de leur
culture dorigine.
Ainsi la chanteuse ouzbque Monajat Yultchieva a remport, le 18 octobre Paris,
un norme succs. Pourtant rien ne semblait prdisposer la fille dun camionneur de
Kolkhoze de la rgion dAndijan, interprter des chansons spirituels soufis - un art
considr comme masculin - et leur donner une audience internationale.
La religieuse libanaise, Marie Keyrouz, a fait dcouvrir au monde les rpertoires des
Eglise byzantine, maronite et melchite.
La semaine dernire, ici dans notre Parlement, il tait possible dadmirer les travaux
dune jeune artiste, originaire du Kowet et vivant en Suisse, Fara Behbehani. Ses
calligraphies, accompagnes de leurs reprsentations gomtriques, voquant les
grands matres de la Renaissance, illustrent avec une matrise exceptionnelle lune des
oeuvres majeures de la spiritualit musulmane Le dialogue des oiseaux dAttar, crit
au 12me sicle.
Je veux rassurer les hommes prsents ici, en ce qui concerne la parit: un autre
calligraphe remarquable, un homme, Hassan Massoudy, dorigine irakienne et vivant
Paris, se trouvait aussi au Parlement - vous lavez vu exercer son art - il a galement
illustr Le dialogue des oiseaux dAttar.
Erna a souhait organiser cette audition car elle regrettait, que les prcdentes
manifestations aient rserv la portion congrue aux femmes.
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Cet engagement total ne peut pas faire abstraction des questions spirituelles ni ignorer
la contribution que les femmes peuvent y apporter.
Lexpression de spiritualit peut tre comprise de bien des faons. Nous sommes
donc impatient dentendre ce que Erna et les orateurs vont nous dire. Nous les
couterons avec beaucoup dattention et les remercions denrichir notre rflexion pour
notre pratique politique.
Avant de donner la parole Erna, je voudrais citer quelques mots de lcrivain,
dorigine libanaise vivant en France, Amin Maalouf. Cet homme si sensible aux
relations entre les cultures et si conscient des menaces pesant sur les femmes,
crivait, dans la brochure du CD Orient-Occident, enregistr en 2006 par lensemble
de Jordi Savall: Pour redonner notre humanit dboussole quelques signes
despoir, il faut aller bien au-del dun dialogue des cultures et des croyances. Il faut
aller vers un dialogue des mes.
Joseph Daul, MdPE,
Prsident du Groupe du PPE-DE
au Parlement europen
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Introduction
Tout au long de lanne 2008, nous avons assist de nombreux dbats et
confrences. Paralllement, la veille de lanne 2009, nous devons nous demander
si le travail fourni sachvera avec la fin de lanne 2008 ou si nous devons continuer
au-del.
Pour poursuivre nos efforts, nous devons nous souvenir des enseignements tirs
tout au long de lanne, des instruments que nous avons labors afin de mieux
comprendre le pluralisme culturel et religieux, pour dpasser le stade de la tolrance
et aller vers lacceptation, et adapter notre lgislation si ncessaire.
Cette anne devrait tre marque par des rsultats concrets, de vritables mcanismes
qui nous aideront mieux nous connatre et vivre ensemble. Ds lors, nous devrions
rtudier notre histoire commune. Il est indispensable de dvelopper une nouvelle
mthodologie pour enseigner lhistoire, en nous rappelant que la victoire de lun
correspondait la dfaite de lautre. Nous devons trouver un moyen de transmettre
ces valeurs la jeune gnration. Les sentiments de haine et dexclusion qui persistent
constituent un vritable dfi au dialogue.
La coducation et le multilinguisme prcoces devraient tre encourags dans lintrt
de la vie commune, comme les coles europennes qui sont devenues un rel modle
dintgration. Si nous voulons construire une Europe unie, nous devons dsormais
nous investir dans des activits de dialogue diffrentes o les femmes auraient une
participation plus active. Nous devons soutenir la diversit en la comprenant et en
lintgrant aux dimensions culturelle, spirituelle et religieuse.
Le langage est source de malentendus, disait le renard au petit prince dans le livre
du mme nom de lcrivain franais Saint-Exupry, et il avait raison. Ne devrions-nous
pas utiliser nos comptences de communication non-verbale, les moments de paix
et de quitude que lon retrouve dans diffrents cultes, mais rarement dans nos vies
quotidiennes?
En ce qui concerne le dialogue interreligieux, les femmes doivent prendre leurs
responsabilits, elles ont leur mot dire sur les questions ayant trait la religion.
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Lanne 2008 restera dans les mmoires comme lanne de la crise financire, du
changement climatique et de llection du 44e prsident des tats-Unis, Barack Obama!
Mais nous souviendrons-nous des conflits arms au Congo, en Irak, au Moyen-Orient,
au Darfour et dans tous les autres endroits en guerre? Je suis certaine que nous
nous souviendrons des Jeux olympiques de Pkin, mais penserons-nous toujours
lemprisonnement des moines au Myanmar et au Tibet? Je doute sincrement que
dans vingt ans, nous nous souviendrons de 2008 comme de lanne du dialogue
interculturel, moins de russir progresser ds maintenant avec de nouvelles
politiques.
Un battement dailes peut parfois dclencher une tornade! Comme la raction dune
femme, Rosa Parks, qui en dcembre 1955, il y a 53 ans, a refus de cder son sige
un homme blanc dans un autobus. La lutte contre la sgrgation raciale qui a suivi
tait le dbut dun changement politique denvergure plantaire.
Laudition daujourdhui aborde les droits des femmes, les droits humains et les droits
religieux et nous verrons sils constituent un triangle sacr.
Jaimerais remercier tous nos intervenants et lensemble de lquipe qui a contribu
la prparation de cette audition, en particulier M. Licandro et le groupe de travail
sur lislam, le secrtariat de la commission de la culture reprsent par Vronique
Donck et Mateja Miksa, les interprtes bien entendu, toute mon quipe et notamment
Jennifer Jenkins qui a organis cette audition avec une trs grande efficacit, ainsi que
lensemble les collaborateurs du PPE-DE.
Erna Hennicot-Schoepges, MdPE
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Expos de Kossey Pavol,
Reprsentant du Cabinet du Commissaire Jn Fige
Monsieur le Prsident Daul, Mesdames et Messieurs, le commissaire Fige regrette
vivement de ne pouvoir tre parmi vous aujourdhui, mais au moment o nous
parlons, il rentre dInde. Nanmoins, Madame Hennicot, il se flicite grandement de
vos efforts et contributions en faveur de lAnne europenne du dialogue interculturel
et, aujourdhui, en choisissant pour thme Les femmes et la spiritualit, vous plongez
au cur mme de la culture et du dialogue. Je voudrais profiter de loccasion pour
signaler que Mme Erna Hennicot-Schoepges a t dun soutien remarquable dans
toutes les questions lies au dialogue interculturel. Merci beaucoup pour tout le
travail que vous avez effectu au cours de lanne, et nous sommes certains que vous
poursuivrez vos efforts.
Il va sans dire que lEurope est de plus en plus diverse du fait de la mondialisation, de
la migration et de la mobilit intrieure. Une socit plus complexe passe en gnral
pour une socit plus riche. Mais, et ce point est important, il y a une condition
lexploitation de cette richesse, et cest de vivre dans lharmonie, le respect mutuel
et la comprhension. Lorsque ces conditions sont remplies, la diversit est source de
richesse et il est bon que nous mettions profit cet atout de lEurope. Cette Anne
europenne vise aider tous ceux qui vivent en Europe mieux faire face cette
diversit, non pas simplement coexister, mais vivre ensemble.
Jose dire que lAnne a t et reste une russite, et je tiens souligner les efforts
concerts de la Commission et des autres institutions europennes, avec la
contribution spciale du Parlement europen, des tats membres, des rgions, des
communauts locales et, bien sr, de la socit civile. Plus de 1 000 organisations
se sont inscrites en tant que partenaires de lAnne, et des centaines dorganisations
ont adopt le logo de lAnne dans plusieurs milliers dvnements. Plus de 10 000
bulletins dans la presse ont t recenss, et notre page web a reu plus dun demi-
million de visites.
Lducation de lesprit sans lducation du cur nest pas une ducation, disait
Aristote. Comme lont admis les ministres de lducation et de la jeunesse en mai
dernier, nous devons nourrir nos comptences interculturelles et donc nos aptitudes
sociales et civiques, nos capacits de communication, nos comptences linguistiques
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et notre sentiment culturel didentit. Sans de telles comptences, le dialogue restera
une proposition difficile et dcourageante pour de nombreux Europens. Cet accord
transversal indique la voie suivre pour dvelopper une approche globale long
terme. Nous insistons rellement sur le rle crucial de lducation pour le dialogue
interculturel et le respect aujourdhui et demain. Le soutien en faveur du dialogue
interculturel ne disparatra pas la fin de lanne. Lengagement de la Commission
europenne en faveur de la promotion du dialogue interculturel se poursuivra.
Je voudrais souligner que la question du dialogue interculturel est inscrite en
permanence dans de nombreux programmes communautaires. Naturellement, dans
les programmes relevant du portefeuille de M. Fige, tels que lapprentissage tout
au long de la vie, la culture, lEurope des citoyens et la jeunesse en action. Nous
avons labor une brochure sur les financements europens destins au dialogue
interculturel. Elle sera prsente la semaine prochaine Paris, o se tiendra une
confrence pour clturer lAnne. Cette brochure montrera que plus de 20 programmes
communautaires sont lis au dialogue interculturel, pour nen citer que quelques-uns:
les relations extrieures, la politique de recherche, le dveloppement rgional et rural.
Pour terminer je dirais ceci: ce qui fonctionne vraiment, cest de changer lesprit et
le cur des gens lgard de lautre. Toute lAnne a donc servi de tremplin pour le
changement, et ce sont l ses vritables fruits. Comme lun des ambassadeurs de
lAnne, le chanteur Anu Malik, la dclar: parce que comprendre lautre, au fond,
cest se comprendre soi-mme.
Je vous remercie.
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Expos de Dr. Franck Debi,
Directeur gnral de la Fondation pour linnovation politique, Paris
Monsieur le Prsident Daul,
Madame le Dpute,
Mesdames, Messieurs,
Cest un honneur et une responsabilit de sexprimer devant les membres du
Parlement europen et ceux qui, issus dhorizons trs divers, contribuent clairer
leur travail.
Le sujet qui est propos notre rflexion de ce matin est difficile mais essentiel.
Je me propose de laborder avec vous, en toute libert, partir de plusieurs points:
> les droits spirituels dans lespace public;
> la coexistence des droits spirituels diffrents;
> le libre-arbritre, comme principe des droits spirituels;
> la dimension spirituelle des droits conomiques et sociaux;
Ces points ne concernent pas seulement les femmes; mais ils prennent pour elles, en
de nombreux endroits, une acuit particulire.
Pour entrer dans le sujet je mappuierai librement sur plusieurs traditions issues
dunivers culturels diffrents mais lies entre elles:
> la tradition catholique sur lanthropologie de la foi rappele par le Pape Benot XVI
dans sa dernire encyclique;
> la tradition de la Common Law telle quelle est pratique par les Cours canadiennes
en matire daccommodement raisonnable;
> la tradition des Chrtiens dOrient et des Chrtiens orthodoxes propos dune
femme martyre dans lArabie du Sud au sixime sicle, figure exemplaire de libert
fmine et spirituelle.
> la tradition soufie maghrbine propos du travail.
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Nous nous loignons ainsi progressivement dune vision purement prive, et souvent
pjorative, de la foi comme reprsentation - voire illusion - personnelle laquelle
sajoute un ensemble de pratiques rituelles qui ne doivent pas dborder de la sphre
prive. Un consensus nouveau merge sur le caractre galement public des droits
spirituels: pouvoir vivre dans lespoir public en conformit avec ses principes et ses
esprances.
Ds lors se trouve pose la question de la coexistence des fois et des traditions dans
lespace public. Comment lorganiser ?
2) Laccommodement raisonnable des droits spirituelsDans plusieurs tudes, la Fondation pour lInnovation politique, un think tank
parisien proche du PPE, a eu loccasion de revenir sur lexprience canadienne des
accommodements raisonnables dans un pays o la coexistence des cultures a un
caractre quasi-constitutionnel.
Laccommodement raisonnable est une procdure juridique.
Il permet au membre dune foi ou dune tradition qui se sent empch de vivre sa foi
dans lespace public de demander une Cour une autorisation.
Ainsi un Sikh a-t-il demand une Cour lautorisation de porter le turban, symbole
de sa foi, dans la police canadienne qui nautorisait pas ce couvre-chef dans son
uniforme.
La Cour statue sur ces requtes personnelles selon deux critres:
> labsence de caractre dommageable pour les individus;
> la valeur de la dcision au regard de lintgration des individus qui par la voix de
lun dentre eux en font la demande.
1) Les droits spirituels dans lespace public.Dans sa rcente encyclique Spe Salvi, Sauvs dans lEsprance, le Saint Pre exhorte
les Catholiques mditer nouveau la dfinition de la foi elle-mme, exprience qui
distingue les croyants des non-croyants, en sappuyant sur Saint-Augustin: Fides, res
sperandarum substantia. La foi est comme la substance dj prsente des choses que
lon doit esprer. La foi nest pas seulement limagination, le dsir, la vision subjective
des choses de lau-del. La foi nest pas seulement une donne de la conscience. Non,
la foi cre dj pour le croyant une ralit nouvelle ds prsent, ici et maintenant.
Elle nest pas pour le croyant une chimre, une illusion pleine davenir au sens de
Freud. Elle est pour le croyant une ralit trs actuelle, quelque chose que lon vit et
que lon veut vivre dans toutes les dimensions de la vie: la vie prive comme la vie
publique. Non argumentum sed substantia: non pas un discours mais une ralit
qui demande tre vcue y compris dans le vtement, la dite, la sexualit...
Il y a ainsi un grand malentendu sur lattente des croyants. Ils ne rclament pas
seulement une libert de conscience et une libert de culte que les rgimes lacs
dmocratiques sont en gnral tout prt leur reconnatre. Ils rclament de pouvoir
vivre leur foi comme une esprance dj partiellement concrtisable dans tous les
dimensions de leur vie. La foi demande naturellement saffirmer dans la vie sociale,
conomique et mme politique. Cette aspiration est indissociable de lesprance totale
quelle porte et qui ne peut jamais accepter compltement de se cantonner une
croyance et un culte priv.
Dans les essais encore hsitants pour redfinir une lacit positive, il y a la
reconnaissance de ce fait anthropologique: les croyants ne peuvent se satisfaire de
la seule libert de conscience et de culte; ils veulent pouvoir vivre leur foi dans toutes
ses dimensions dans lespace public. Et au nom de leur foi, ils contribuent dailleurs
souvent, de manire positive la vie sociale, ducative... Cest ce que le Prsident de
la Rpublique franaise qui ne reconnat aucun culte a rappel au Palais du Latran.
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3) Le primat du libre-arbitreLa tradition des Chrtiens dOrient de langue syriaque, une tradition qui a des
chos dans les chroniques grecques, raconte la perscution des Chrtiens de la ville
de Najran dans le Sud de lArabie. Le roi de la ville, qui sest converti au judasme,
demande ses sujets de se convertir sous peine de mort. Une femme se distingue et la
tradition a gard son souvenir. Rompant avec les codes culturels de son poque, cette
chrtienne fait ce qui ne se fait pas habituellement: elle se dcouvre, tombe le voile,
et parle la tte nue sur lagora de la ville tenant tte au roi. Elle lui explique quelle
souhaite que chacun la voit, retienne son nom, mme au mpris des convenances,
quelle est elle-mme, et prend par elle-mme, et en son nom propre, une dcision qui
nappartient qu elle: elle refuse dapostasier sa foi chrtienne. La mmoire collective
a retenu laudace de cette femme et son nom.
Son histoire nous claire: il ny a pas de droit spirituel qui ne suppose une rupture
pralable, une affirmation de soi, une capacit exercer son libre-arbitre au mpris
de la tradition. Affirmer ses droits spirituels ce nest pas se couler dans la tradition,
accepter ce qui sest toujours fait. Affirmer ses droits spirituels est une dmarche
volontaire, personnelle, une dmarche qui supposent que lmancipation par rapport
la tradition, la norme sociale soit possible.
Nous devons nous rjouir que certaines femmes militent pour faire reconnatre
leurs droits spirituels dans lespace public. Mais nous devons nous assurer que les
conditions soient remplies pour que cette affirmation rsulte bel et bien dun choix
personnel, libre et sans contraintes.
Do lide de la loi sur le voile en France: viter aux adolescentes encore trop
malables de faire un choix un moment o toutes les conditions de leur libre-arbitre
ne sont pas remplies.
Do aussi un certain nombre dautres problmes au sein mme de lEurope: la
tolrance qui entoure la pratique de la circoncision pour des enfants qui ne peuvent
pas exercer leur libre-arbitre.
Ainsi le port du turban dans la police, ou du voile islamique pour les personnels
enseignants semblant plutt concourir lintgration, la Cour sest-elle prononce
positivement. En revanche, la demande dhoraires spars dans les piscines
publiques pour les femmes musulmanes a t moins bien reue dans la mesure o
elle aboutissait mettre un groupe particulier lcart, crer un ghetto. Il en va de
mme pour lapplication du droit talmuldique aux Isralites pratiquants dans certaines
affaires de la vie prive. Les demandes allant dans ce sens ont plutt rencontr la
rsistance des Cours.
Laccommodement raisonnable est issu dune pratique du droit ngoci qui est une
des racines de la Common Law. Il nest pas sans poser des problmes. Les volutions
ne sont jamais univoques et les Canadiens eux-mmes dplorent parfois les effets
excessifs de son application. Il nen reste pas moins vrai quil apporte une rponse
de procdure au besoin de coexistence de spiritualits et de traditions culturelles
diffrentes au sein du mme espace public. En tant que tel, il devrait tre mieux tudi
en Europe.
Si le principe daccommodement raisonnable avait t appliqu en France au cas des
jeunes filles musulmanes souhaitant porter le voile lcole, il est possible dimaginer
que les Cours auraient autoris le port du voile, afin de ne pas renvoyer ces filles
vers le seul enseignement confessionnel islamique (le voile est autoris dans les
coles musulmanes sous contrat avec lEtat ou sans contrat) et afin de favoriser leur
intgration au sein de lcole rpublicaine. Mais au nom du mme principe, les Cours
auraient pu, en revanche, interdire les horaires de piscines spars (hommes/femmes)
que de nombreuses municipalits franaises pratiquent dsormais sans recul la
demande dassociation musulmanes.
En effet, le mrite du principe daccommodement raisonnable est de soumettre les
autorisations un principe rgulateur extrieur et non-spirituel: lintgration. Ce
principe politique peut-il cependant tout rguler ?
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vit une condition malheureuse, quil faut dplorer, et dont il faut, si possible, encadrer
les abus. Ainsi se dgage, depuis longtemps, dans cette tradition particulire, une
certaine ide du travail, des garde-fous dont il faut lentourer, des formes idales
quil devrait revtir. Comment stonner que les droits au repos, la formation,
la reprsentation syndicale, le droit la cration dentreprise.... que tous ces droits
conomiques noncs dans des textes sans horizon spirituel veillent un cho chez
ceux qui croient que lhomme, par un travail libre, est fait pour prolonger par son
talent propos llan crateur de Dieu ?
Aussi la promotion des droits spirituels peut-elle passer par une promotion plus active
de droits qui nont pas un contenu religieux, droits sociaux notamment dont la mise
en oeuvre reste si souvent un voeu pieux.
Que peuvent faire les femmes pour faire progresser leurs droits spirituels:
> rappeler que lexpression de ses droits ne peut tre cantonne hypocritement dans
lespace priv;
> rclamer partout des garanties pour le libre-arbitre spirituel, notamment pour
la protection des enfants et des jeunes filles: une pratique religieuse impose est
toujours une violence, le droit des parents doit tre encadr;
> rclamer avec force une libert spirituelle effective en condamnant le pays qui
pnalisent lapostasie;
> acclrer la mise en oeuvre des droits conomiques et sociaux qui incorporent en
leur sein une partie de lesprance des grandes traditions spirituelles de construire
ds ici-bas un monde meilleur.
Do lpineuse question de la rglementation des sectes: O sachve le libre-
arbitre ? O commence la manipulation mentale ?
Do la question trs centrale de nos rapports, nous Europens, avec les pays qui
bafouent le libre-arbitre et interdise, sous peine de mort et de torture, le proslytisme
et lapostasie. Pensons lIran. Le respect des minorits religieuses ne suffit pas. Il faut
pouvoir changer de foi en toute impunit. Notre conditionnalit europenne prend-elle
suffisamment cet aspect en compte dans ces rapports avec les pays tiers ?
4) Le contenu spirituel des droits sociauxLes droits sociaux contenus dans la Dclaration universelles des Droits de lHomme
des Nations Unies et dans la Charte europenne des Droits Fondamentaux ne tournent
pas le dos aux droits spirituels. Ceux-ci sont prsents dans des articles qui ne traitent
pas explicitement pas de la libert religieuse. Car les grandes traditions religieuses
dont nous sommes issus ont faonn une certaine vision de la vie conomique et de
la vie en socit. Les Dclarations sont, entre autres, les rceptacles de cet idal. Cest
pourquoi beaucoup de croyants sy reconnaissent. Beaucoup dautorits spirituelles y
font rfrence alors quil sagit de textes lacs.
Dans la pense soufie, une tradition trs implante dans les milieux de lartisanat et du
commerce, les souvenirs de Mdine rapports par la tradition proposent une certaine
vision du travail. Ces souvenirs rapportent la reconnaissance des compagnons du
Prophte et du Prophte lui-mme vis--vis des habitants de Mdine qui leur avaient
fourni des prts (quel erreur de croire que lIslam les interdit) prt grce auxquels
ils avaient pu reprendre une activit de ngociants et se remettre gagner leur vie.
De ce souvenir, la sagesse soufie tire une valorisation du travail indpendant, o
chacun dispose dune certaine matrise sur son outil de production, dune certaine
autonomie qui lui permet dexprimer son talent, son intelligence, sa ruse... Heureux
lentrepreneur. Heureux celui qui peut gagner sa vie par lui-mme. En revanche, le
salari, qui dpend dun autre pour sa subsistance, qui ne dispose daucun autonomie
dans lexcution de sa tche, qui se trouve, comme le manoeuvre, corvable merci,
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Expos de Sona Khan,
Avocate la Cour suprme de lInde New Delhi
Toutes les religions ont eu la chance dengendrer de grands saints, y compris des
femmes. De tout temps, il y a eu des femmes spirituelles, certaines ayant acquis une
certaine reconnaissance et dautres restant dans lanonymat. Leur comprhension de
lunivers et de la vie humaine jusqu prsent nous donne rflchir. Ayant compris
que la vie spirituelle entrane des responsabilits correspondantes, elles ont cherch
comment rorganiser leurs vies matrielle et spirituelle en vitant autant que possible
les conflits. Dcouvrir une vritable spiritualit nest pas ais notre poque moderne
parce que la lacisation a relgu la religion au domaine priv. Pour pouvoir prendre
conscience de la vrit et de son moi intrieur, il est nanmoins essentiel de
transmettre la connaissance traditionnelle. toutes les poques, la modernisation de
la pense et des pratiques a toujours trouv sa source en Europe, en tant que sige
du christianisme catholique et des principaux patriarcats du christianisme orthodoxe,
ou que thtre des analyses de Dieu ou de la super puissance, ou encore du principe
de la libert individuelle. Actuellement, cest la religion islamique qui se dveloppe
considrablement, laquelle ne peut tre associe uniquement lOrient mais constitue
une donne que lEurope a du mal prendre en compte. De nombreux musulmans
europens sont la recherche de spiritualit islamique. Le rle des musulmanes dans
la pense islamique a toujours t extrmement prcieux. Aprs avoir connu une forte
stagnation intellectuelle, les socits entraves par les traditions sont maintenant
prtes pour une volution de changements sociaux dicte par la modernit. La
spiritualit aide prserver et conserver les biens sacrs, en les protgeant comme
un hritage cder aux gnrations futures.
En Asie du Sud et partout dans le monde aujourdhui, de nombreux dfis attendent
les femmes pieuses sefforant de vivre une vie spirituelle dans un monde moderne.
La plupart dcoulent des liens les attachant leur environnement et la communaut
dans laquelle elles voluent. La socit moderne, oriente vers les consommateurs,
subit une grave dcadence intellectuelle, et lexploitation galopante des aspects
formels de la religion la vide de son contenu spirituel. Compte tenu de cette
situation, il est difficile dchapper la logique dtalage et linfluence de tout ce
que le consumrisme a offrir. Par consquent, vivre sa spiritualit et agir selon ses
prcieuses valeurs, en dpassant la simple comprhension de lidologie acadmique
pure, nest pas chose aise. Ainsi, le voile, qui couvre la tte et se veut symbole des
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au prorata de la ralisation dune position extrieure, confondant le mandant de
lautorit avec lexercice du pouvoir personnel. Le problme engendr nest pas tant
celui de la relation entre les hommes et les femmes, mais celui de la nature masculine
et fminine que tout un chacun porte en soi. Par consquent, le fait quaujourdhui
les hommes sont gnralement devenus faibles et incapables de sorienter eux-
mmes et autrui avec droiture semble confirmer les exigences de ces femmes. Or,
il est dangereux dadapter la religion ses propres schmas, en favorisant certaines
traditions prophtiques par rapport dautres et en prenant ses distances par rapport
au contexte traditionnel qui rgit la vie de tout musulman.
La tradition, si lon y croit, est une composante vivante qui doit forcment
communiquer avec des ralits dpassant les limites temporelles ou celles de
lindividualit humaine. Il ne sagit pas dans cette optique de perdre son temps avec
des questions inutiles relatives la supriorit de lhomme sur la femme ou de
certaines personnes sur dautres, mais plutt dacqurir une nouvelle sensibilit au
contexte traditionnel, la seule faon dassurer cette communication avec les ralits
spirituelles. Les sages affirment que nous ne pouvons tre matres de nous-mmes,
et lislam prserve heureusement les moyens de la contemplation via une association
initiatrice avec des matres encore de ce monde.
la question qui est automatiquement pose, savoir pourquoi ces matres sont
obligatoirement des hommes, linstar de tous les prophtes, dAdam Mahomet,
jaimerais demander en retour pourquoi certaines femmes, avec la complicit de
certains hommes, souhaiteraient ajouter un lment fminin la doctrine. On
commence penser que la femme peut en soi compenser les dfauts des hommes, ou,
pire encore, que la fonction magistrale de certaines autorits requiert un complment,
une muse stimulante venant sajouter Dieu, alors que Dieu est la seule source
dont mane lautorit. Si personne ne peut nier limportance de lintuition fminine
qui a historiquement et traditionnellement soutenu les saints et les prophtes, il est
primordial que la spiritualit fminine ne devienne pas un matriarcat. Lexemple fourni
par la vie des saints musulmans peut nous aider trouver le discernement appropri.
valeurs considres comme fminines, telles que la discrtion et la modestie, est
associ tort de la passivit et de la sgrgation.
Depuis lapparition des communauts agricoles sdentaires ncessitant des forces
physiques pour protger leurs biens, ces communauts se sont efforces de dformer
la nature de la femme, notamment en induisant des pratiques idoltres par rapport
au corps fminin et en insistant pour que la femme reste lie la tradition et quelle
ne remette pas en cause lorganisation de son image, sans exiger la mme chose de
lhomme. Le maintien du statu quo aide les forces patriarcales contrler la situation
et prendre la direction des oprations facilement. Cette situation a donn lieu
une sorte de rbellion et a conduit les individus recourir lintelligence de manire
originale et dans une logique de dfi pour prendre part une comptition dialectique
en vue dy exceller de manire indpendante dans tous les aspects de la vie. Ces
tendances exaltent lindividualisme, hommes et femmes tant en comptition pour
tablir qui domine qui et qui exerce la plus grande sduction ou le plus grand pouvoir
sur lautre. Chez les femmes, une sorte dintuition fminine semble avoir prvalu:
en fonction de lindividu, cela ne souligne quune des composantes ontologiques de
ltre humain au dtriment de lquilibre de lensemble. Certaines femmes estiment
donc tre investies dune mission spirituelle, tandis que dautres prnent lgalit des
chances ou se veulent nouvelles desses dun Olympe artificiel.
Partant, lune des responsabilits de la femme consiste trouver un quilibre
harmonieux entre lesprit, lme et le corps en vue de reconnatre lunit de la cration
et daccder la vritable spiritualit, et dans cette qute, les femmes musulmanes ne
sont pas la trane. En fait, la poursuite et la ralisation de cet quilibre ne peuvent
tre dlgues dautres, quils soient parents, maris, enfants ou autorits religieuses:
elles constituent une responsabilit personnelle de lhomme et de la femme, que Dieu
a investis du pouvoir du libre arbitre.
Aujourdhui, de nombreuses musulmanes exigent la lgitimation de leur indpendance
et de leur autorit, sparment du contexte traditionnel de la communaut
musulmane, en vertu dune prtendue appropriation individuelle de la doctrine et
des pratiques religieuses. Elles pensent pouvoir mesurer leur vocation intrieure
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prsent de la part dune femme soufie. Fatima rpondit: Il ny a dans le monde point
de soufi plus faible que celui qui doute des intentions dun autre. Par la suite, lorsque
quelquun demandait Dhu an-Nun al-Misri qui tait la meilleure personne quil ait
jamais rencontre, la rponse tait la suivante: Une femme que jai rencontre la
Mecque, Fatima de Nishapur, qui pouvait converser merveilleusement des thmes
lis la signification du Saint Coran. La transmission de ces histoires a permis aux
lments de la spiritualit de se propager jusqu ce jour.
Le contenu des enseignements diffuss par ces femmes trs sages considrait
la dvotion comme un moyen de se rapprocher de Dieu, de la saintet et de Sa
connaissance. Ces thmes sont ceux qui ont t les plus chers aux matres et aux
saints au fil des sicles. Ce ntait donc pas un discours sur les femmes ou pour les
femmes, mais plutt une expression des principes mtaphysiques de la religion qui ne
sont ni masculins ni fminins, mais qui, pour se raliser, doivent ncessairement tre
expriments par tout un chacun, homme ou femme.
En dpit de linfluence norme de la religion en tant que style de vie et des murs
connexes qui guident la conduite sociale de la socit, bien peu de choses semblent
tre ralises pour ce qui est de la violence faite aux femmes. Les normes religieuses
sont mises en pratique tous les jours et la spiritualit joue un rle prpondrant
dans le sud asiatique, o il faut tenir compte de la question de la scurit des
femmes chez elles et lextrieur. Les questions se poser sont les suivantes: la
scurit personnelle, sociale, conomique et politique des femmes nest-elle plus
la responsabilit de ltat? Les efforts de ltat sont-ils suffisants? Quel rle doivent
jouer les autres acteurs, tels que les ONG et les mdias, pour veiller sur la vie et la
dignit des femmes? Notre politique publique reflte-t-elle le problme de la scurit
des femmes? Faute dun mouvement rgional efficace en faveur des femmes, il faudra
normment de temps pour faire changer vritablement la situation sur le terrain.
La scurit des femmes est une question qui relve de la lacit, mme si notre
administration est hautement pluraliste et religieusement et culturellement diverse. La
vie humaine est prcieuse et ne doit pas tre autorise tomber dans la dchance:
il sagit dun des mandats fondamentaux de la Constitution. Cette dchance peut
Luvre dAby Abd ar-Rahman as-Sulami traduite en anglais sous le nom dEarly Sufi
Women (Premires femmes soufies) dcrit la vie et les enseignements dune srie
de grandes femmes ayant vcu entre le septime et le dixime sicle dans diffrentes
parties du monde islamique. Il ressort de ces tmoignages une profonde image de foi
et de pit personnifie par des femmes exceptionnelles, toutes caractrises par une
profonde servitude spirituelle. Le sens profond du terme islam se traduit en fait par
servitude, en tant que soumission Dieu et accs la paix. Le livre illustre comment
ces femmes taient des spcialistes de la doctrine religieuse et des pratiques du culte,
quelles excutaient elles-mmes, et prenaient part des changes et rflexions avec
les matres de lpoque. Dans ce rle denseignement public, on les appelait par un
nom masculin, ustadh (professeurs), dpassant donc les restrictions sociales de
lpoque qui empchaient les femmes de voyager ou de sexprimer en public.
Le terme masculin ustadh ctoyait le terme fminin muaddiba (professeur au bon
comportement), quAby Abd ar-Rahman as-Salumi attribue dautres femmes, et
particulirement Rabia al-Adawiya, au VIIIe sicle. Le but ntait pas de faire une
distinction hirarchique, mais dindiquer les diffrentes faons par lesquelles ces
femmes avaient acquis leur connaissance et lavaient transmise dautres. Le terme
adab (comportement traditionnel) dsigne en fait lclaircissement dune srie
denseignements doctrinaux et reprsente une synthse de la connaissance thorique
et de son application dans la vie de tous les jours. Il recouvre en mme temps la forme
et le fond et nest jamais une simple tiquette, parce que le comportement traditionnel
ne se soucie pas de ce que pensent les hommes mais trouve plutt partout une
correspondance avec lessence de Dieu et de son prophte. Dans cette optique, ladab
est la fois le gardien et le diffuseur de la connaissance et peut donc constituer une
voie efficace denseignement et dducation traditionnelle. Dans le cas des femmes
mentionnes par Aby Abd ar-Rahman as-Sulami, elles partageaient lhritage spirituel
rvl par leur enseignement en faisant preuve non seulement dune grande humilit
mais galement dune grande force.
Parmi les diffrentes histoires recueillies, il est rapport quun jour, lune de ces
femmes pieuses, Fatima de Nishapur, envoya un prsent Dhu an-Nun al-Misri, qui
le lui renvoya en disant: Cest une marque dhumiliation et de faiblesse daccepter un
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ses obligations, comme lillustrent les arrts clbres rendus dans les affaires Tahira
bi, Shah Bano, Sarla Mudgal, Mathura (viol) ou dans des dizaines dautres.
Malheureusement, depuis les annes 70, les dirigeants musulmans sefforcent de
sortir du giron de la lacit, par des interventions lgislatives visant annuler les
effets de plusieurs jugements et dispositions de la loi personnelle musulmane, malgr
le mandat et la compatibilit des versets du Coran en la matire. Ces jugements
reposaient sur les textes coraniques. Dans certains cas, le processus de restauration
de ces mmes principes de la loi personnelle a t long, laborieux et empreint de
frustrations.
Jai contest la validit des droits des femmes musulmanes dcoulant de la loi sur le
divorce de 1986, promulgue pour annuler les effets du jugement rendu dans laffaire
Shah Bano. Aprs quinze ans de lutte et dattente solitaires, les cinq juges de la Cour
constitutionnelle ont accord en septembre 2001 une femme musulmane le droit de
percevoir une pension du mari dont elle est divorce, au titre de la loi personnelle
(conformment au commandement de Dieu apparaissant dans le verset 241 du IIe
chapitre du Saint Coran et soutenant le mandat accord dans laffaire Shah Bano),
jusqu sa mort ou son remariage. Les mdias nont pas accord la moindre attention
cet arrt. Les dirigeants de la communaut font de leur mieux pour dissimuler son
importance aux membres de leur communaut.
Il est vrai que le droit de percevoir une pension au titre des dispositions sculires
de la section 125 du code de procdure pnale (CPP) na pas t accord par ledit
jugement. La bataille juridique consistant supprimer les discriminations fondes
sur des motifs religieux dans le CPP et protger le droit lgalit et la protection
juridique quitable des femmes musulmanes na pas encore t remporte dans le
domaine des pensions, et je continuerai mefforcer datteindre cette forme dgalit
pour les femmes musulmanes indiennes. Ladite section du CPP fait partie du droit
administratif et lapplicabilit des dispositions sculires aux femmes musulmanes
dans le domaine de la prvention de lindigence et du vagabondage ferait des femmes
musulmanes des bnficiaires du droit administratif sculier galement.
tre physique ou mentale. Si la communaut, la communaut religieuse, sarroge la
responsabilit du bien-tre et de la protection des femmes pauvres vivant en zone
rurale, notamment pour les questions lies la famille, cela ne constitue-t-il pas
une subversion des liberts individuelles des femmes? La prservation du mandat
constitutionnel (mettre fin la dchance de la vie humaine) doit-elle incomber la
communaut, lorsque la vie en question est celle des femmes?
En lieu et place de cela, on justifie des applications illgales flagrantes de traditions
et de pratiques dpasses, attribues tort telle ou telle religion et alimentant une
identit communautaire distincte. La procdure judiciaire ordinaire en vigueur dans
une rpublique dmocratique souveraine peut-elle tolrer de tels abus et injustices?
Quelles sont les limites (hadd) poses aux forces patriarcales en Inde? Les limites
poses aux femmes musulmanes indiennes sont-elles encore plus strictes que la
situation apparue aprs la proclamation des ordonnances Hudood par le prsident
Zia-ul Haq au Pakistan en 1980? Daucuns pensent que les initiatives en faveur de
rformes pour le respect des traditions, hostiles aux concepts fondamentaux des
droits individuels et de la libert en tant que droit fondamental, doivent venir de la
communaut elle-mme. Les exigences de traitement quitable tel que prescrit
par la loi sont souvent snobes par ces prtendues traditions. Revoir les liberts
fondamentales des femmes dune communaut minoritaire dans une situation o les
forces patriarcales travaillent dur pour les empcher daccder lquit dans un cadre
juridique laque peut constituer un grand dfi pour tout gouvernement.
La scurit des femmes est avant tout une question de loi et dordre public, un sujet
sur la liste des devoirs de ltat, comme le stipule la Constitution indienne. Les
branches administratives de ltat sont responsables de ce bandobust (arrangement
de devoirs) de manire significative. Au lieu de prendre des mesures administratives
appropries en laborant une politique sense et en investissant dans des mesures
de scurit en faveur des femmes, ltat a souvent prtendu navoir aucun pouvoir
face aux traditions dominantes et au droit coutumier. Avec le temps, les tribunaux
ont affirm que les traditions sopposant aux droits fondamentaux du citoyen ne
peuvent plus tre maintenues et ils se sont tourns vers ltat pour quil remplisse
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les normes requises de sincrit dans la conduite matrimoniale, et le degr de saintet
et de pit attach au mariage, ils peuvent mutuellement dcider dannuler le contrat
de mariage qui les lie. Aucune institution ou autorit religieuse ne peut dclarer illgal
un mariage prcdemment reconnu valide. Lislam prvoit que tout un chacun est en
dernier ressort responsable devant Allah de ses actes et que justice sera rendue aprs
dernire analyse. Entre-temps, seule lautorit dun tat dment tabli peut statuer en la
matire, en accord avec la procdure judiciaire ordinaire.
La question juridique importante comprendre ici est que mme si des traditions
insenses existent autre part (par exemple dans les pays voisins), elles ne peuvent
tre, mme en thorie, ajoutes aux lois personnelles des socits musulmanes
rgies par une constitution crite, et encore moins appliques, mme si les victimes
y consentent. Importer ces traditions trangres atroces, oublies depuis longtemps
dans leurs pays dorigine, au nom des droits des minorits prvus aux articles 25 30
de la Constitution, est illgal et anticonstitutionnel, en plus dtre contraire lislam.
Sinon, la communaut est prive des bnfices de la procdure judiciaire ordinaire du
droit sculier.
Une rcente fatwa (dcret rendu par des thologiens musulmans) mise par des
ulemas (thologiens) malaisien et indonsiens dclarant que le yoga est contraire
lislam nest rien dautre quune mauvaise comprhension et interprtation du fait
que le yoga et le namaz (art musulman de la prire) sont pratiquement identiques.
Ces rudits et intellectuels si mal informs sont en fait responsables de la plupart
des maux prvalant dans les socits musulmanes, responsables du retard des
musulmans. Le yoga peut facilement tre intgr au mode de vie islamique. Lislam
et le yoga sont complmentaires. Ensemble, ils constituent une synergie holistique
qui bnficie aux deux. Le corps est important pour la ralisation spirituelle car cest
un moyen datteindre la spiritualit et le salut, mme si lidentit primaire de ltre
humain rside non pas dans le corps, mais dans lesprit ternel. Lislam exige de tout
musulman quil maintienne son corps en bonne sant car le corps est un don dAllah.
Le yoga et le tariqat-e-naqshbandi (mode de vie soufi) poursuivent apparemment
le mme but puisquen fin de compte, ils cherchent tous deux atteindre une union
mystique avec lUltime.
Dans ses nombreux jugements, la Cour suprme indienne a fond ses dcisions
relatives des questions du droit musulman sur un mandat coranique car il est
compatible avec les dispositions de notre Constitution. Les interventions lgislatives
politiquement motives visant faire annuler la loi rendue dans les jugements de
la Cour suprme ne sont ni dans lintrt du pays ni dans celui de la communaut
musulmane. Ces tentatives ne font que renforcer le retard de la communaut. Leur
reconnaissance par les autorits est dcrite comme une mesure dapaisement
communautaire. Vides de toute vision ou sagesse pluraliste, les leaders musulmans
ont tout simplement concentr leurs efforts sur la cration dun tat minoritaire au
sein dun autre tat, favorable leurs propres intrts personnels. Ils se fondent sans
le savoir sur les dispositions des articles 25 30 de la Constitution, sans se rendre
compte rellement de leur signification.
Appliquer les normes du droit musulman dune manire contraire la conduite
humaine ne dpend en rien du Coran ou de la thologie islamique. Il est clairement
stipul que les musulmans doivent mener leurs affaires selon la manire prescrite,
et lorsquune personne ne comprend pas ce quelle est cense faire, elle doit suivre
son raisonnement, en respectant les intentions (niyat) qui lui ont t ordonnes. Cest
laction requise pour reflter la beaut de la conduite individuelle parce que cest
ce qui plat Allah. La bonne conduite (husne adula) inclurait la justice, lquit et
limpartialit, fondes sur les principes de la justice naturelle. Par consquent, toute
action humaine, pour tre acceptable aux yeux dAllah, doit russir le test dhusne
adula. Ce que les talibans ont fait subir aux femmes est tout sauf islamique. Nous
devons sauver les femmes dun malheur similaire.
Les rudits qui affirment se fonder sur les traditions doivent rvler leurs sources
de droit, car ils sont tenus de justifier leur opinion. Ils doivent tablir les textes et
traditions quils citent. Ces traditions, quand, o, dans quel contexte et par qui ont-
elles avances?
Le mariage musulman et toutes les questions lies sa validit sont lobjet dun contrat
de mariage convenu entre deux adultes consentants, dans le cadre du droit national
en vigueur. Si lun des deux poux dcouvre/juge/prsume que lautre ne respecte pas
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procdure judiciaire normale. Accepter des juridictions parallles et faire appliquer des
conceptions tranges et inacceptables de conduite sociale ne peut tre tolr au nom
de la libert de religion et nuit au processus de protection des droits des minorits.
cette fin, nous devons nous doter dun protocole international pour protger les
femmes des pratiques cruelles promues par des dirigeants de la communaut pour
faire appliquer des traditions inacceptables.
Selon le livre dAshraf F. Nizami intitul Namaz, the Yoga of Islam (publi par D.B.
Taraporevala, Bombay, 1977), le yoga nest pas une religion mais simplement un
ensemble de techniques et daptitudes renforant la pratique de toute religion. Nizami
dcrit plusieurs lments constitutifs du namaz, comme le sijdah (fait de se prosterner
devant le Tout-Puissant lors de la prire et de toucher le sol avec son front), similaire
la demi-posture shirshasana (exercice de yoga), ou le qiyam (pratique mditative
musulmane), associ la posture vajrasana (autre exercice de yoga) au mme titre que
le ruku (partie de la prire musulmane) est associ la posture paschimothanasana
(autre exercice de yoga). Mme le rvrend pre Dechanel a crit un livre sur le
yoga chrtien affirmant quil faudrait encourager la pratique du yoga en tant que
technique sinscrivant dans la ralisation des enseignements chrtiens. Le yoga est
similaire au salat (les cinq prires quotidiennes obligatoires pour les musulmans)
dans les exercices physiques des asanas de yoga (formes dexercice). Le terme
salat signifie courber le bas du dos, comme dans le yoga; les Perses ont traduit
ce concept par le mot namaz, partir dune racine verbale signifiant se pencher,
lie tymologiquement au terme sanskrit namaste (forme asiatique de salut). Dans le
yoga, la mtaphysique dadvaita vedanta (danciennes critures hindoues) saccorde
parfaitement la doctrine islamique du tauhid (unit de Dieu).
La vie, du dbut la fin, est un seul ensemble continu de pratiques respiratoires. Or,
la pratique respiratoire a toujours fait partie du tariqat-e-naqshabandiyah, la tradition
soufie de lislam. Lislam et le yoga sont donc parfaitement compatibles et le yoga peut
tre un mode de vie pour les adeptes de toute religion.
Que les dirigeants communautaires sapproprient le pouvoir de statuer sur les
questions de libert individuelle ou les questions familiales sans en avoir lautorit
est un sujet de grave proccupation nationale. Ajouter foi ces tentatives aurait
pour consquence de diviser le pays selon des bases religieuses et sociales, ce qui
est une tendance dangereuse, tant au niveau constitutionnel que politique. Les courts
et tribunaux doivent de leur propre chef prendre connaissance des reportages, faire
des communications aux parties et, conformment la loi en vigueur, rendre des
arrts visant tuer dans luf les efforts de dstabilisation du rgime des droits
de la femme, mettre de ct toutes les controverses et soutenir la suprmatie de la
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Expos de Claudine Shinoda,
Prsidente de lUnion bouddhiste europenne, Belgique
Le rle de la femme dans le bouddhismeJai eu la chance de rencontrer le bouddhisme au Japon, par lintermdiaire dun
mouvement laque dont les fondateurs taient un homme et une femme, galement
respects. Ces conditions de lacit et dgalit des sexes ont sans aucun doute jou
un rle significatif dans mon investissement enthousiaste la dcouverte de ce
chemin dveil totalement intgr dans le rel.
Cest mon cheminement aux cts de nombreux compagnons et compagnes de
pratique qui me permet de tmoigner aujourdhui de la place essentielle que la femme
doit prendre dans la spiritualit et de linfluence bnfique quelle exerce alors au sein
de la famille, dans la socit et dans tous les domaines, en faveur de lharmonie, du
progrs et de la paix.
manant de la vision dun homme parfaitement veill, lenseignement bouddhiste
propose une voie damlioration individuelle qui conduit une transformation
fondamentale, capable de surcrot de gnrer une transformation du monde.
Le Bouddha ne demande pas de croire aveuglment en son enseignement, encore
moins de le vnrer lui-mme. Son souhait profond, quand il dcida de transmettre
son exprience, fut de permettre tous les tres datteindre le mme tat de
ralisation spirituelle auquel il tait lui-mme parvenu, et ce faisant, de purifier le
monde de la haine, de la violence et des autres flaux, crs par lignorance, cause de
la souffrance des tres humains.
Cet enseignement profondment humaniste tait totalement rvolutionnaire
lpoque du Bouddha, il y a 2500 ans environ, et le demeure encore bien des points
de vue. Il est, en particulier, universel et galitaire. Les tres humains sont divers mais
quel que soit leur niveau actuel de conscience, quel que soit leur sexe, leur race, leur
culture, leur ge, leurs croyances, ils peuvent travailler perfectionner leur humanit
vers son degr ultime.
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La pratique laque, au sein de la vie quotidienne, est aussi une caractristique rcente
de lvolution de la pratique bouddhiste dans certaines traditions orientales et, en
Occident, dans de nombreuses traditions. Cette volution, due au progrs social, la
dmocratie et lducation obligatoire pour tous, a aussi largement et concrtement
ouvert le chemin spirituel aux femmes, en toute galit.
Force est de reconnatre cependant qu limage de ce qui se passe dans nos socits,
les femmes, malgr une galit de droit, restent souvent en retrait, prisonnires des
schmas dexcellence et de supriorit masculines inscrits dans leur psychisme depuis
des gnrations.
Je suis ne au bord de la mer, au pays des temptes et, dans mon enfance, jai
souvent entendu, lapproche du crachin breton, ce dicton Petite pluie abat
grand vent. Malgr nos capacits videntes, mes compagnes de pratique et moi-
mme tions toutes plus ou moins comme ce grand vent: un simple froncement
de sourcils de notre poux, de notre pre, de notre frre, agissait bien souvent sur
nous comme ces quelques gouttes de pluie capables dabattre la tempte. Mais
encourages par cet enseignement que tous les tres ont un potentiel illimit, nous
nous sommes appropries cet objectif dveil et nous nous efforons, pour y parvenir,
daccomplir la pratique de bodhisattva, expos par le Bouddha dans le Grand
Vhicule. Les bodhisattvas, ces aspirants lveil, sont souvent qualifis de hros,
tant la dtermination quils construisent pour atteindre leur but est inbranlable,
tant les vertus quils dveloppent petit petit dans leur relation aux autres sont
exceptionnelles, tant la sagesse quils retirent de leurs actions est vaste linstar de
lenseignement du Bouddha.
Or, dans lexercice de cette pratique de bodhisattva, accompagne dhommes et de
femmes, jai trouv que les femmes taient particulirement doues et cratives.
Dabord dans leur aptitude sinvestir dans des relations profondes avec les autres,
les couter avec respect, douceur et gnrosit, les encourager chaleureusement,
dployer une nergie bienveillante. Jai vu aussi combien elles progressaient
rapidement dans leur docilit, au sens tymologique du terme, cest dire leur envie
Dans les soutras, le Bouddha sadresse aux moines, aux nonnes et, je cite, aux fils
et filles de bonne famille, formule par laquelle il dsigne les pratiquants laques,
hommes et femmes. Il affirme ainsi lgalit des sexes quant aux possibilits et au
potentiel des femmes et des hommes de pratiquer son enseignement et datteindre la
perfection. Dans le Soutra du Lotus, par exemple, enseignement ultime du Bouddha
Sakyamuni, beaucoup de femmes jouent un rle prpondrant. Afin de dissiper les
prjugs profondment ancrs dans lesprit des tres de son poque, et mme des
membres du clerg bouddhiste, le Bouddha y met en scne une fillette de douze
ans. Elle atteint lveil sous les yeux stupfaits de grands matres trs dvous la
pratique et trs renomms pour leur sagesse, mais qui ne pouvaient admettre lide
quune femme puisse atteindre lveil, encore moins une fillette. On trouve des rcits
semblables dans bien dautres soutras.
Le Bouddha a enseign aux tres humains par le biais de moyens habiles: il prchait
en effet en fonction des tres et des circonstances, conscient que la vrit de son
message ne pouvait tre accepte par tous. Ainsi apparurent diverses coles, et en
particulier, deux grands courants nomms le Vhicule des Anciens ou Theravada et
le Grand Vhicule ou Mahayana. Le Vhicule des Anciens est plus restrictif lgard
des femmes: elles ny occupent pas la mme place ni ne bnficient de la mme
reconnaissance que les hommes. Cest cependant plus encore cause du contexte
culturel et social au sein duquel cet enseignement sest dvelopp en Asie, que les
femmes ont rarement eu des chances gales dducation et dentranement spirituel,
ce qui est contraire lenseignement mme du Bouddha. Lingalit est donc flagrante
et le monde bouddhiste traditionnel est, en Orient, caractris par la domination des
hommes.
En Occident, les femmes intresses par la pratique du bouddhisme, jouissent dun
statut galitaire, sur le modle de nos socits. Les traditions bouddhistes orientales,
quand elles simplantent en Occident, se dpouillent petit petit des prjugs divers
dus leur contexte culturel et social. Les nonnes et les femmes laques bouddhistes
revendiquent et obtiennent progressivement les mmes droits et la mme
reconnaissance que les moines et les hommes.
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Jaimerai terminer par une anecdote. Alors que je reprsentais le bouddhisme
europen la crmonie annuelle bouddhiste organise par lONU au Vietnam,
quelquun a pos une question sur la place de la femme dans le bouddhisme: il faisait
remarquer en effet que les intervenants sur la scne ntaient que des moines et que
limmense hall de confrence, plein de milliers de moines, asiatiques dans lensemble,
ne comptaient que quelques centaines de nonnes. La rponse des intervenants sur
scne fut vague et jai ressenti la ncessit de tmoigner de la place de la femme
en Europe en voquant dailleurs lintervention que je devais faire aujourdhui au
Parlement Europen. Jai vivement encourag lauditoire ouvrir plus grandes les
portes aux femmes en Asie et croire en leur potentiel. Ctait lultime question de ce
rassemblement de trois jours et ce furent les dernires paroles. Jai t soudainement
entoure dune nue de nonnes et de femmes bouddhistes qui mont remercie
chaleureusement et mont invite les aider pour la reconnaissance de leurs droits.
dapprendre, leur souhait dentendre les enseignements avec curiosit et de remettre
en cause leurs conceptions sur la ralit et leur conduite. Jai admir leurs capacits
dvelopper patience, persvrance, courage. Comme si toutes ces qualits ne
demandaient qu spanouir. Jai mieux compris alors ce que mes ans de pratique
japonais me transmettaient depuis longtemps sur la puissance de la femme, sur le
rle central et primordial que le dveloppement de son intriorit et de son humanit
lui permettrait de jouer en faveur du dialogue et de la paix.
Jai constat des transformations dans la famille de ces femmes, lapaisement de
certains conflits, la restauration de la communication entre les gnrations, par
exemple. Beaucoup dentre elles travaillent comme institutrices ou professeurs: grce
leur coute bienveillante et la conscience du potentiel immense de chaque individu,
elles transmettent aux enfants, au-del du savoir, la confiance en eux-mmes et en
leur avenir, le sens de leffort, le courage. Dautres travaillent dans le milieu mdical ou
social: remarques pour leurs qualits et leur dvouement, on leur propose souvent
daccder des postes de responsabilit.
Jai depuis trs longtemps t interpele par lide de lEurope. Grce
lenseignement bouddhiste de la production conditionne des causes et des effets,
jai pris plus profondment conscience du caractre inluctable de la reproduction
des vnements dans lhistoire - moins que les tres humains ne progressent dans
leur conscience et dans leur cur . Jai donc dcid de minvestir dans les travaux
de lUnion Bouddhiste Europenne afin daider au dveloppement harmonieux du
bouddhisme en Europe et de permettre aux bouddhistes de ses diffrents pays de se
rencontrer et de crer ensemble divers projets lchelle europenne. Le dialogue
interculturel et inter traditions est donc au cur de lUnion Bouddhiste Europenne,
car si lEurope est multiple, le bouddhisme europen, prsent en Europe sous forme
de nombreuses coles venues de pays asiatiques diffrents, lest aussi. Jai eu la
chance dexercer la fonction de prsidente ces trois dernires annes et cest aussi
cette exprience qui mincite tre optimiste pour lavenir quant la place de la
femme dans le bouddhisme europen et en Europe car nombreuses sont les femmes
qui sy investissent et prennent des responsabilits.
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Expos de Judith Vincze,
Pasteur, enseignante et directrice de luvre des femmes roumaines
La spiritualit des femmes protestantes et son rle au XXIe sicle 1. Expos
Pourquoi faut-il vraiment parler de morale et de spiritualit aujourdhui?
Nous vivons effectivement une poque postmoderne o le matrialisme est roi.
Lesprit carpe diem prvaut, le profit est essentiel.
(mais voil que la faillite, leffondrement matriel et financier menacent, que va-t-il
donc rester, que pourrait-il rester de tout cela? - souvenez-vous de la crise financire
rcente!)
Il faut en parler car lhomme a adopt, il est vrai involontairement, un style de vie
qui lui porte fortement prjudice. Au cours dun reportage radiophonique, japprenais
que lhomme du XXIe sicle communiquait plus facilement par tlphone portable ou
ordinateur quavec une personne assise en face de lui.
Les enfants ne sont dsormais plus capables de vivre sans musique et sans bruit car
pour eux la vie est vide sans ces accessoires.
Il marrive de dire mes propres enfants: teignez la musique afin davoir loccasion
de faire votre propre connaissance!
En effet, il faut parler de la spiritualit, car elle brille par son absence. Ne parlons-nous
pas des mdicaments sils viennent nous manquer lorsque nous sommes malades?
Cest ce qui saute aux yeux en observant la vie humaine, en examinant la vie sociale
dont nous sommes, nous-mmes, les artisans, mais quels artisans???
2. La spiritualit dun point de vue fminin.
Les premiers signes du protestantisme apparurent au dbut du XVIe sicle. Le
message du protestantisme est le suivant: faire parvenir lhomme la Parole pure.
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Mon exprience me porte croire que notre spiritualit habite nos activits
quotidiennes, nos attitudes, nos modes de penses, nos discussions. Laction
est, en vrit, la concrtisation, limpact de la spiritualit. Car cest ce qui mhabite
spirituellement qui apparat inexorablement travers mes mots et mes gestes.
Il dcoule de cela que la spiritualit bien quinsaisissable et invisible, devient
immdiatement identifiable par nos organes sensoriels dune manire ou dune autre
puisquelle se dclare par des mots et des actes.
Nous arrivons l lessentiel: lev dans lapprentissage de la parole de Dieu, je peux
affirmer dun point de vue chrtien, quau fond, la spiritualit et la chrtient ne font quun.
Le Christ, en rendant visite Marie et Marthe Bthanie (Luc 10.38-42), nous met sur la voie
de quelque chose dessentiel en matire de spiritualit. Marie en apparence, humainement
et du point de vue de Marthe, est oisive, vritablement fainante. Cependant, selon le Christ,
cest elle qui est du bon ct, car elle choisit lessentiel, la meilleure part, celle que personne
ne peut lui enlever, ce qui a de lavenir. Autrement dit, le Christ fait l un parallle entre la
vision spirituelle et matrielle des choses. Cest en partant de cette constatation quil indique
lordre juste des valeurs humaines. Marthe met en place un ordre des valeurs pour sa vie
qui la mne vers un avenir dont elle peut tre satisfaite.
La foi en Dieu est invisible, indcelable, toutefois, si la foi est aussi pour moi cet amour
dont Dieu me fait don alors oui cet amour en moi sera tout fait visible aux yeux
de mes semblables par toutes mes manifestations. Selon lthique et la dogmatique
chrtiennes protestantes, lhomme ne transmet pas ce qui est en lui mais ce quil a
reu de Dieu. Cest selon cette spiritualit que je vis, parle et agis, celle que jai reue
de Jsus Christ dans ma relation verticale avec Lui. Car cest de la plnitude du cur
que la bouche parle.. Luc 6,45. Plus je reois de Dieu et plus je suis capable de donner
mon prochain et ceux dont jai la charge.
La foi et lamour, cependant, doivent tre nourris jour aprs jour. Afin que je puisse
vivre deux, je dois rester en relation avec la Source en permanence.
De par mon exprience et ma foi personnelles, il en est de mme en matire de
spiritualit qui doit tre nourrie sans cesse afin de pouvoir affronter les preuves
Ce qui mes yeux signifie aussi: implanter en tout tre humain la spiritualit selon
Dieu. Lglise historique assiste lhomme afin quil puisse vivre selon les lois divines si
tel est son dsir. De toute vidence, car le libre arbitre est aussi un don de Dieu.
Ces enseignements parvinrent galement en Transylvanie grce aux tudiants
voyageurs de lpoque. Il se trouva quelques souverains qui adoptrent et soutinrent
de bon cur cette vision de la vie. Il en fut ainsi du souverain Rkczy Gyrgy 1er,
poux de Lorntffy Zsuzsanna, qui accueillit et soutint la spiritualit protestante.
Fonde sur les enseignements bibliques, lducation religieuse de la souveraine
Lorntffy Zsuzsanna pesa de tout son poids sur sa vie et sa spiritualit. Elle laissa
ainsi une empreinte profonde dans la vie socitale de lpoque. Loin de mener une
vie douillette de souveraine, elle sactiva fivreusement, enseignant, duquant, se
consacrant des tches caritatives envers ceux qui lentouraient.
Elle naquit en 1600 et mourut en 1660. Ce fut lors de son sjour au chteau de
Nagyvrad prcisment quelle remodela, organisa lducation des filles; elle ne
les introduisit pas seulement aux tches domestiques et au soin des familles, mais
mit aussi fortement laccent sur lducation littraire et religieuse de ces jeunes
demoiselles. Elles apprirent lire, crire et compter, prirent connaissance des
enseignements bibliques et divins. Ce fut ce moment-l prcisment que commena
vritablement lducation protestante des jeunes filles et des femmes. (La bible de
Vrad ne fut pas une copie de celle Vizsoly mais une traduction tout fait nouvelle, et
ceci aussi fut son uvre).
La machine tait lance, dautres femmes qui de par leur naissance se situaient en
haut de lchelle sociale prirent le relais et oeuvrrent pour le plus grand nombre.
Lvocation du pass est indispensable pour comprendre la spiritualit de chacun, ses
origines, ses transformations.
Quels sont les signes apparents de la spiritualit dans la vie quotidienne?
De quoi se nourrit-elle?
Doit-elle tre nourrie vritablement?
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et de par la position quelle occupe dans la socit. Ex.: tableau de la Sainte Famille du
peintre italien Corregio: la lumire clatante sur le Christ rayonne tout dabord sur Marie
et seulement ensuite sur Joseph puis sur les autres personnes prsentes dans ltable
3. Linfluence de la spiritualit dans la socit contemporaine
Il me faut parler de linfluence dune chose que jai mentionne pralablement
comme tant invisible et insaisissable. En revanche, elle est parfaitement ressentie,
perceptible, voire mesurable grce aux manifestations de lhomme en toute poque.
La spiritualit de la femme protestante est dfinie par la Parole Divine et la Bible
puis par lducation base sur celles-ci et par toute littrature ou moyen considrant
lducation chrtienne comme primordiale.
Dans une famille, cest la mre, la femme qui duque en premier lieu, vraisembla-
blement en harmonie avec le pre, dans le meilleur des cas.
John Thissen fait savoir ce qui suit propos de sa mre qui stait occupe de son
ducation et de la formation de sa spiritualit: Ma mre a t la meilleure traductrice
de la Bible. Car elle me la traduit dans le langage de la vie.
Voil donc linfluence de lducation, et cest pareil pour toutes autres enseignements,
elle nexiste que si elle est vcue et non pas nonce uniquement.
Cest en passant normment de temps inutile en compagnie de nos enfants quils
acquerront un mode de vie adquat, thique, moral et optimiste et non pas en leur
ordonnant lapprentissage par cur de thories et de matires.
Selon le psychologue Vekerdy Tams Les enfants daujourdhui ont surtout besoin de
ce temps inutile quils devraient passer avec leurs parents.
Face cela, notre poque postmoderne ordonne qui veut lentendre: cherche le profit, le
bien-tre matriel et la scurit. Ainsi, nous voil nous hter au quotidien, courir aprs
le temps utile en perdant au mme moment ce qui a le plus de valeur, la vie humaine.
quotidiennes de la vie, faire face aux dfis avec assiduit, vitalit et entrain. Mais je ne
suis pas seul dans cette affirmation, il y a aussi ces trois femmes auxquelles jai pos
les questions concrtes suivantes:
> Que signifie pour toi le terme spiritualit?
Toutes les trois mont fait la rponse suivante: ce qui est lintrieur de moi, ce que je
suis, sur mon lieu de travail, la maison parmi les miens, dans la rue ou quelque soit
lendroit o je suis. Cest essentiel, car cela donne un contenu mon moi, cest ce qui fait
que je suis. Grce la spiritualit, toute personne devient un individu, une personnalit.
> Quest-ce qui dtermine la spiritualit de lhomme, de lindividu?
La rponse fut unanime: le mode dducation de la personne depuis lenfance.
Lducation, les exemples de vie, la vie au quotidien, les discussions de groupe, les
conseils, la faon selon laquelle la rencontre a eu lieu.
> Avons-nous besoin de spiritualit?
Oui. Sans me, sans spiritualit non seulement le corps est vide mais lindividu aussi
en tant quhomme. La vie na alors plus de teneur, elle est sans sensation, sans joie.
> Est-ce que cela taide dans la vie de tous les jours?
Toutes les trois dclarrent avec force que la spiritualit, le plus dme et le fait quelles
sont en relation avec Dieu, la source de lme, reprsentent une telle sensation de
scurit quelles ne pourraient imaginer la lutte dans la vie de tous les jours sans cela.
Pourquoi la femme sexprime-t-elle ainsi?
Je pourrais rpondre brivement en disant que cest dans sa nature, quelle est voue
une telle forme de vie. Dieu lui a fait don dun temprament particulier afin quelle
puisse justement tre rsistante, tenace et forte. (PPS la femme).
Ce sont les femmes qui portent le drapeau de la spiritualit dans le monde de la plus
petite communaut jusqu la plus grande. Elle la reprsente en tant que femme, mre
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de lhomme est traverse de conflits succ