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P H A R M A C E U T I Q U E S _ M A I 2 0 0 6
Dans l’entretien qu’il a accordé à Pharmaceutiques,le ministre de la Santé estime que la promotion du générique en milieu hospitalier est indispensable et qu’il est urgent de faire évoluer les mentalités.
——————
Vous avez confirmé en janvier
dernier le lancement d’un nouveau
plan d’investissement à l’hôpital,
le plan hôpital 2012. A l’heure d’un
premier bilan du plan 2007, que
peut-on en attendre lorsque les avis
divergent sur la mise en place de
deux mesures phares, à savoir
la nouvelle gouvernance
et la T2A ?
> Fallait-il attendre la fin de 2007 pour
imaginer la suite du plan de moderni-
sation de la réforme ? L’horizon 2012
doit être précisé dès la fin de cette an-
née, notamment dans le domaine de
la modernisation immobilière et des
systèmes informatiques. Mais si l’on
veut déjà dresser un bilan, on peut
dire que le plan hôpital 2007 est une
vraie réussite : tous les Sros ont ainsi
été validés. La carte hospitalière obéit
désormais au maître mot de complé-
mentarité, avec deux impératifs, la sé-
curité et la qualité des actes. C’est
donc une réforme en marche et une
réforme qui marche. Concernant la
T2A, la montée en charge se poursuit.
La T2A permet une plus grande trans-
parence et, du reste, personne ne la re-
met plus en cause et ne souhaite le re-
tour au système du budget global. Sur
le fond, je voudrais préciser que je n’ai
pas vocation à être le énième ministre
de la réforme hospitalière : l’hôpital
doit rester, c’est une évidence, tourné
vers les patients et les soignants. Ces
faits sont admis et ce n’est pas une
simple question de moyens. Pour ce
qui concerne d’ailleurs les objectifs de
qualité, je publierai en octobre les ré-
sultats de l’enquête de prévalence des
infections nosocomiales lancée en
juin prochain. A la lutte contre
les infections viendront s’ajouter
d’autres indicateurs publics, notam-
ment sur la prise en charge de la dou-
leur et le confort des patients.
Sur ce même chapitre,
d’ici à la fin 2007,
hôpitaux et cliniques
devront économiser
1,6 milliard d’euros, dont
560 millions dès 2006.
Quels seront les postes
de dépense concernés ?
> Précisons tout de suite que, en fonc-
tion des objectifs fixés par l’ondam,
nous allons dépenser cette année
deux milliards d’euros de plus : les éta-
blissements hospitaliers disposeront
de cette somme. Mais il reste des éco-
nomies à faire et notamment sur les
achats. Je voudrais rappeler l’enjeu :
être au niveau de l’ondam, c’est garder
notre système de santé. Ces écono-
mies sont réalisables si l’on rationa-
lise les différents postes d’achats
comme les exemples donnés par
l’oxygène médical ou les postes in-
formatiques qui, avec des com-
mandes groupées, permettent d’ache-
ter dans de meilleures conditions.
Concernant les emplois, je le dis, sans
détour, le cas de la Grande-Bretagne et
du National Health
Service qui a dû procé-
der à des licencie-
ments est un contre-
exemple. Il ne faut pas
susciter de crise des
vocations mais, à ce
propos, trouver un accord dans le do-
maine de la chirurgie à l’hôpital.
Dans le domaine du médicament à
l’hôpital, comment comptez-vous
apporter les éclaircissements
nécessaires aux industriels, et
souhaitez-vous instaurer une
« règle du jeu » plus lisible par tous ?
> Nous préférons faire en sorte que
les produits éligibles soient inscrits si
l’on peut dire au fil de l’eau par le si-
gnalement aux trois directions
concernées au sein du ministère
(DGS, DSS et DHOS)1. C’est un choix
S p é c i a l h ô p i t a l24
XAVIER BERTRAND
«L’HÔPITAL DOIT PRESCRIRE DES GÉNÉRIQUES »
XAVIER BERTRAND
«L’HÔPITAL DOIT PRESCRIRE DES GÉNÉRIQUES »
DR
Il ne faut passusciter de crisedes vocations
bertrand 27/04/06 11:21 Page 40
plus simple que celui de la procédure
administrative. Evidemment, tous les
produits d’une même classe théra-
peutique ne doivent pas être forcé-
ment inscrits dès lors que l’un d’entre
eux figure déjà dans le protocole du
groupe homogène de séjour. Pour les
industriels, je voudrais rappeler que
cette procédure simple induit la ga-
rantie d’entrée dans la liste des molé-
cules chères. Mon objectif est de re-
donner de la lisibilité au système de
la T2A et de l’inscription sur la liste des
médicaments onéreux : j’ai demandé
aux différentes directions de préciser
des « points de contact » pour que les
industriels bénéficient eux aussi de
cette lisibilité et pour permettre la ré-
vision régulière de cette liste. Il faut
ainsi rappeler que la vocation du sys-
tème de santé est de prendre en
charge tous les produits qui apportent
un progrès pour les patients, comme
par exemple les biothérapies dans les
maladies inflammatoires.
D’autres gisements d’économies
sont-ils encore réalisables,
notamment dans le domaine du
générique, peu prescrit en milieu
hospitalier ?
> Ah oui ! Les génériques ne repré-
sentent aujourd’hui que 3,6 % des mé-
dicaments achetés par l’hôpital. Pour-
quoi prescrit-on si peu de génériques
à l’hôpital, lorsqu’il s’agit de médica-
ments du répertoire ? Je crois qu’il faut
mieux expliquer cette prescription
aux hospitaliers car elle présente bien
des avantages, et pas seulement sur
le plan financier. L’utilisation de géné-
riques à l’hôpital peut permettre de le-
ver les réticences : cela permet de
commencer des traitements plus faci-
lement poursuivis dès la sortie. Dans
ce domaine précis, il est urgent de
faire évoluer les mentalités.
En ville, les chiffres sont nettement
plus satisfaisants…
> L’objectif de 70 % pour la fin 2006
semble réaliste. Il faut faire confiance
notamment aux pharmaciens : nous
sommes déjà à quelque 65 ou 66 %.
Cela permet bien sûr d’éviter de re-
courir au TFR systématique, voire au
système de bonus/malus pour les
prescripteurs que le gouvernement
allemand entend mettre en place. La
Cnam va d’ailleurs lancer une nou-
velle campagne d’incitation en fa-
veur des médicaments génériques
dans les semaines qui viennent.
Faut-il en déduire que le nouveau
rôle du pharmacien, à savoir la
prescription, est envisageable ?
> Cette question doit avant tout faire
l’objet d’un échange entre profes-
sionnels : les acteurs doivent en par-
ler entre eux. Et je crois savoir que les
positions ne sont pas aussi figées
qu’on voudrait bien le croire… Mais
le dialogue entre médecins et phar-
maciens reste la priorité absolue
dans ce domaine2.
Enfin, concernant la visite médicale
à l’hôpital, les règles de son
fonctionnement ne sont toujours
pas expressément prévues dans
les textes, alors que la charte les
prévoyait dès la fin 2004. Qu’en
est-il au juste ?
> La charte s’applique à la médecine
de ville. Mais elle propose bien d’ouvrir
une réflexion sur la visite médicale à
l’hôpital et c’est ce qui a été fait entre
le Leem et le CEPS qui se rencontrent
actuellement pour en étendre le
champ à l’hôpital. Les dispositions ac-
tuelles de la charte qui peuvent l’être
seront étendues avant l’été. Pour aller
plus loin dans l’élaboration de la charte
à l’hôpital, nous avons besoin de réunir
les responsables administratifs, médi-
caux et pharmaciens hospitaliers que
la direction d’hospitalisation et d’orga-
nisation des soins a invités à partici-
per au débat. Le chantier est ouvert. ■
PROPOS RECUEILLIS
PAR DANIEL VIAL
ET HERVÉ KARLESKIND
M A I 2 0 0 6 _ P H A R M A C E U T I Q U E S
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«Prendre en charge tous les produitsqui apportent un progrès »
(1) Direction générale de la santé, direction de la Sécurité sociale, direction des hôpitaux.
(2) Voir notre article sur le pharmacienprescripteur page 69.
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