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detection des anticorps skriques et du LCR ne sont pas toujours fiables. Une Etude pubke dans le Lancet portant sur les pr&ve- ments de 102 patients atteints de rage depuis 1960 montre que les anticorps ne sont dbtectables dans le sang au tours de la pre- miere semaine que dans 14 o/, des cas, et dans 56 % des cas aprks le ge jour. Dans le LCR, ils ne sont retrouv& que dans 36 O/o des cas, et seulement aprks la premkre semaine. Une technique en PCR, la NASBA (nucleic-acid sequence based amplification), a BtB utilisee par une Cquipe de chercheurs thtil- IandaIs. Entre septembre 1998 et avril 2000, 4 patients dont le dia- gnostic de rage a BtB pose en post-mortem ont BtB Btudik Hult pr&+vements de salive effect&s dans la premiere semaine suivant I’apparition des symptBmes et trois Bchantillons de liquide &phalo-rachidiens ponctionnks B J3 ont 6th analys&. CARN viral a &B retrouvk dans la salive chez trois de ces patients. Chez le quatrikme patient, seul le LCR Btait positif. Les 21 LCR tbmolns provenant de sujets atteints d’en&phalo-mkningites non rabiques sont rest& negatifs. Ces Bchantillons ont ensuite Btd analysks par la mbthode de PCR classique, la RT-PCR, mais I’ARN viral n’a pu &re detect6 dans aucun d’entre eux. La cause incriminbe est sa faible limite de detection : 4 pg d’ARN viral contre 0,04 pg pour la NASBA. Cette mkthode semble done t&s prometteuse car trks sensible, d’utilisation facile et rapide : les dklais d’obtention des rksultats ne dbpassent pas 4 heures. Cepe- ndant, il ne faut pas oublier de recueillir, pour chaque patient, plu- sieurs prkkvements de salive et de LCR. S. Wacharapluesadee, b Hemachudha, Lancet 358 (15/09/2001) 892-893 Le paludisme chez la femme enceinte n Le paludisme en tours de gros- sesse est une cause impottante de morbiditk et de mortalitk materno- / Yersinia pestis, agent de guerre bact&iologique ? Y ersinia pes&is est une bact&ie pa&u/i&- rement redoutabie, ayant marqub i’his- toke par trois importantes pandkmies : la peste justinienne (du Ve au Vi/f+ s&/e), la mort noire (du Xi?@ au XIX+ si&cie) et la peste moderne (du X0? si&ie jusquP nos jours). Elie a cause la mart de plus de 200 millions d’hommes et plus d’un tiers de la population europbenne a 6th d&i- m&e entre f347 et 1350. La dkouverte rkente de souches multir&is- tsntes et son utiiisation potentieiie dans ie bioter rorisme en font on germe plus que jamais d’actua- lit& Une &de publike dans Nature annonce ie premier Jqcenqage complet de la bactkrie par une &quipe angtaise. Ce travailpermet de com- prendre la distinction de Yersinia pestis des autres ent&obact&ies, dont la plupart sont inoffensives. Le g&ome de cette bact&ie est constitue d’un chromosome de 4,65 miNions de paires de bases et de trois plasmides. II tkmoigne d’&&nements recombinants t&s frkquents. La virulence de cer- taines souches serait fonction de /‘orientation de I’insertion de 3 segments spkcifiques. La particularit de cette bact&ie est d’avoir acquis de nombreux genes provenant d’autres micro- organismes bactbriens et viraux (adhdsines, sys- t&mes de s&&ions et toxines insecticide’s). En effet, 21 r&gins chromosomales ref/&ent une Bvoiution acquise par i’intermkdiaire d’autres orga- nismes comme /es h&es r&servoirs et vecteurs. Elles cadent des moi&ules permettant I’infection des ceiiules des mammifhres, la coionisation des puces et des insecticides potentieis comme la protbine enhancine viraie. Ces don&es devraient permettre d’&iter la r&mergence d’une Bventueiie hpidkmie et de neutraliser une des potentieiles armes biolo- giques. J. Parkhill, 6. W Wren, Nature 413 (04/10/2001) 523-527 fcetales, car il peut provoquer des avortements spontank, des accouchements prkmatur& et entraver la croissance fcetaie, prin- cipalement chez les pnmipares. Une Btude subdoise permet d’ex- pliquer plus prkiskment les m&a- nismes d’adhbsion particulikre- ment importants lors de la grossesse et ouvre une nouvelle voie vers un vaccin antipaludben chez la femme enceinte. Les hbmaties infect&es ne fran- chissent pas la barrikre foeto-pla- centaire, mais s’accumulent au niveau du placenta oti la parasit& mie peut dbpasser 50 To. Elles ne sont retrouvbes que falblement dans la circulation p&iph&ique. Une immunoglobuline G spCci- fique placentaire a BtB mise en Bvi- dence et jouerait un rBle majeur dans ces phknombnes d’adhk- sion. En effet, la protkine mem- branaire REMP-1 exprimtie a la surface des hkmaties parasitbes se lie par le biais d’une immuno- globuline de type IgG (fragment Fc) au syncitiothrophoblaste. Celui-ci contient de nombreuses mokules de chondrditine sulfate A et d’acide hyaluronique, r&ep teurs spkcifiques de ces IgG. La frbquence maximale de palu- disme retrouvk lors du deuxikme trimestre de la grossesse cor- respond en fait a une augmenta- tion du passage placentaire des IgG maternelles et g une expres- sion maximale des rkepteurs Revue Franp~se des Laboratares, dkembre 2001, No 338 chondro’itine sulfate A et acide hyaluronique. La tokrance qui s’installe au fur et Z?I mesure des grossesses successives est done le reflet d’une immunisation acquise, mkcanisme qui pourrait &re utilise dans la fabrication d’un futur vaccin antipaludken spki- fique de I’Btat gestationnel. K. Flick, C. Scholander, Science 293 (14/09l2001) 2098-2100 Les secrets de la virulence de la grippe espagnole et de la grippe du poulet :B I yxovirus influenzae, agent responsable de la grippe, Bvolue sur un mode bpidkmique. De par sa grande contagiositk et sa forte pathog8nicit6 chez les sujets fra- gilis&, il reste un probkme majeur de Sante publique. Une kquipe amCricaine vient de publier dans Science le rksultat de ses travaux expliquant l’ktio- logie de la virulence extrgme des souches virales a I’origine des deux kpidbmies les plus impor- tantes du XX” skcle : celle de la grippe espagnole (1918) et de la grippe du poulet (1997). En 1918, la pandbmie de grippe espagnole afait 20 millions de vic- times B travers le monde. La souche responsable Btait de type A et de sous-type Hl-Nl. Une recombinaison du gene codant I’h&magglutinine, apparue au debut ou juste avant I’Bpid&mie, semble responsable de la virulence. Le domaine HA1 provenait d’une lignbe porcine et HA2 d’un virus grippal humain. II s’agit de la pre- miere identification de rkarran- gement inter-espkes, seules des recombinaisons homologues avaient BtB observbes jusqu’alors. En 1997, & Hong Kong, le virus influenza A H5Nl a BtB transmis du poulet & I’homme en causant la mot-t de 6 personnes parmi les 18 infectkes. La virulence n’est pas due B un r&arrangement car tous les genes etaient d’origine aviaire. Des mutations ponctuelles de la polymkrase PB2 et de I’hkmag- glutinine ont &+ observbes et expliqueraient la grande propriW de clivage de cette hbmagglutinine. Deux mkanismes g&-ktiques totalement diffkrents Btaient done B I’origine de ces deux Bpidbmies et leur comprehension contri- buera a prkvenir une future Bpi- dkmie. M. Hatfa, P Gao Science 293 (07/09/2001) 1840-1842 M.J. Gibbs, JS. Armstong Science 293 (07/09/2001) 1842-1844 19

Yersinia pestis, agent de guerre bactériologique ?

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detection des anticorps skriques

et du LCR ne sont pas toujours

fiables. Une Etude pubke dans le

Lancet portant sur les pr&ve-

ments de 102 patients atteints de

rage depuis 1960 montre que les

anticorps ne sont dbtectables

dans le sang au tours de la pre-

miere semaine que dans 14 o/,

des cas, et dans 56 % des cas

aprks le ge jour. Dans le LCR, ils

ne sont retrouv& que dans 36 O/o

des cas, et seulement aprks la

premkre semaine.

Une technique en PCR, la NASBA

(nucleic-acid sequence based

amplification), a BtB utilisee par

une Cquipe de chercheurs thtil-

IandaIs. Entre septembre 1998 et

avril 2000, 4 patients dont le dia-

gnostic de rage a BtB pose en

post-mortem ont BtB Btudik Hult

pr&+vements de salive effect&s

dans la premiere semaine suivant

I’apparition des symptBmes et

trois Bchantillons de liquide

&phalo-rachidiens ponctionnks

B J3 ont 6th analys&.

CARN viral a &B retrouvk dans la

salive chez trois de ces patients.

Chez le quatrikme patient, seul le

LCR Btait positif. Les 21 LCR

tbmolns provenant de sujets

atteints d’en&phalo-mkningites

non rabiques sont rest& negatifs.

Ces Bchantillons ont ensuite Btd

analysks par la mbthode de PCR

classique, la RT-PCR, mais I’ARN

viral n’a pu &re detect6 dans aucun

d’entre eux. La cause incriminbe est

sa faible limite de detection : 4 pg

d’ARN viral contre 0,04 pg pour la

NASBA.

Cette mkthode semble done t&s

prometteuse car trks sensible,

d’utilisation facile et rapide : les

dklais d’obtention des rksultats ne

dbpassent pas 4 heures. Cepe-

ndant, il ne faut pas oublier de

recueillir, pour chaque patient, plu-

sieurs prkkvements de salive et de

LCR.

S. Wacharapluesadee, b Hemachudha,

Lancet 358 (15/09/2001) 892-893

Le paludisme chez la femme enceinte n Le paludisme en tours de gros-

sesse est une cause impottante de

morbiditk et de mortalitk materno-

/ Yersinia pestis, agent de

guerre bact&iologique ?

Y ersinia pes&is est une bact&ie pa&u/i&-

rement redoutabie, ayant marqub i’his-

toke par trois importantes pandkmies : la peste justinienne (du Ve au Vi/f+ s&/e), la mort

noire (du Xi?@ au XIX+ si&cie) et la peste moderne

(du X0? si&ie jusquP nos jours). Elie a cause la

mart de plus de 200 millions d’hommes et plus

d’un tiers de la population europbenne a 6th d&i-

m&e entre f347 et 1350.

La dkouverte rkente de souches multir&is-

tsntes et son utiiisation potentieiie dans ie bioter

rorisme en font on germe plus que jamais d’actua-

lit& Une &de publike dans Nature annonce ie

premier Jqcenqage complet de la bactkrie par

une &quipe angtaise. Ce travailpermet de com-

prendre la distinction de Yersinia pestis des autres

ent&obact&ies, dont la plupart sont inoffensives.

Le g&ome de cette bact&ie est constitue d’un

chromosome de 4,65 miNions de paires de bases

et de trois plasmides. II tkmoigne d’&&nements

recombinants t&s frkquents. La virulence de cer-

taines souches serait fonction de /‘orientation de

I’insertion de 3 segments spkcifiques.

La particularit de cette bact&ie est d’avoir acquis

de nombreux genes provenant d’autres micro-

organismes bactbriens et viraux (adhdsines, sys-

t&mes de s&&ions et toxines insecticide’s). En

effet, 21 r&gins chromosomales ref/&ent une

Bvoiution acquise par i’intermkdiaire d’autres orga-

nismes comme /es h&es r&servoirs et vecteurs.

Elles cadent des moi&ules permettant I’infection

des ceiiules des mammifhres, la coionisation des

puces et des insecticides potentieis comme la

protbine enhancine viraie.

Ces don&es devraient permettre d’&iter la

r&mergence d’une Bventueiie hpidkmie et de

neutraliser une des potentieiles armes biolo-

giques.

J. Parkhill, 6. W Wren, Nature 413 (04/10/2001)

523-527

fcetales, car il peut provoquer des

avortements spontank, des

accouchements prkmatur& et

entraver la croissance fcetaie, prin-

cipalement chez les pnmipares.

Une Btude subdoise permet d’ex-

pliquer plus prkiskment les m&a-

nismes d’adhbsion particulikre-

ment importants lors de la

grossesse et ouvre une nouvelle

voie vers un vaccin antipaludben

chez la femme enceinte.

Les hbmaties infect&es ne fran-

chissent pas la barrikre foeto-pla-

centaire, mais s’accumulent au

niveau du placenta oti la parasit&

mie peut dbpasser 50 To. Elles ne

sont retrouvbes que falblement

dans la circulation p&iph&ique.

Une immunoglobuline G spCci-

fique placentaire a BtB mise en Bvi-

dence et jouerait un rBle majeur

dans ces phknombnes d’adhk-

sion. En effet, la protkine mem-

branaire REMP-1 exprimtie a la

surface des hkmaties parasitbes

se lie par le biais d’une immuno-

globuline de type IgG (fragment

Fc) au syncitiothrophoblaste.

Celui-ci contient de nombreuses

mokules de chondrditine sulfate

A et d’acide hyaluronique, r&ep

teurs spkcifiques de ces IgG.

La frbquence maximale de palu-

disme retrouvk lors du deuxikme

trimestre de la grossesse cor-

respond en fait a une augmenta-

tion du passage placentaire des

IgG maternelles et g une expres-

sion maximale des rkepteurs

Revue Franp~se des Laboratares, dkembre 2001, No 338

chondro’itine sulfate A et acide

hyaluronique. La tokrance qui

s’installe au fur et Z?I mesure des

grossesses successives est done

le reflet d’une immunisation

acquise, mkcanisme qui pourrait

&re utilise dans la fabrication d’un

futur vaccin antipaludken spki-

fique de I’Btat gestationnel.

K. Flick, C. Scholander, Science 293 (14/09l2001)

2098-2100

Les secrets de la virulence de la grippe espagnole et de la grippe du poulet :B I yxovirus influenzae, agent

responsable de la grippe, Bvolue

sur un mode bpidkmique. De par

sa grande contagiositk et sa forte

pathog8nicit6 chez les sujets fra-

gilis&, il reste un probkme

majeur de Sante publique.

Une kquipe amCricaine vient de

publier dans Science le rksultat

de ses travaux expliquant l’ktio-

logie de la virulence extrgme des

souches virales a I’origine des

deux kpidbmies les plus impor-

tantes du XX” skcle : celle de la

grippe espagnole (1918) et de la

grippe du poulet (1997).

En 1918, la pandbmie de grippe

espagnole afait 20 millions de vic-

times B travers le monde. La

souche responsable Btait de type

A et de sous-type Hl-Nl. Une

recombinaison du gene codant

I’h&magglutinine, apparue au debut

ou juste avant I’Bpid&mie, semble

responsable de la virulence. Le

domaine HA1 provenait d’une

lignbe porcine et HA2 d’un virus

grippal humain. II s’agit de la pre-

miere identification de rkarran-

gement inter-espkes, seules

des recombinaisons homologues

avaient BtB observbes jusqu’alors.

En 1997, & Hong Kong, le virus

influenza A H5Nl a BtB transmis du

poulet & I’homme en causant la

mot-t de 6 personnes parmi les

18 infectkes. La virulence n’est pas

due B un r&arrangement car tous

les genes etaient d’origine aviaire.

Des mutations ponctuelles de la

polymkrase PB2 et de I’hkmag-

glutinine ont &+ observbes et

expliqueraient la grande propriW

de clivage de cette hbmagglutinine.

Deux mkanismes g&-ktiques

totalement diffkrents Btaient done

B I’origine de ces deux Bpidbmies

et leur comprehension contri-

buera a prkvenir une future Bpi-

dkmie.

M. Hatfa, P Gao Science 293 (07/09/2001)

1840-1842 M.J. Gibbs, JS. Armstong

Science 293 (07/09/2001) 1842-1844

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