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DOSSIER PÉDAGOGIQUE Yo Gee Ti Mourad Merzouki Cie Käfig / CCN Créteil & Val-de-Marne ©Michel Cavalca

Yo Gee Ti...Lady Labyrinth Musique de Ludovico Einaudi Chester Music Ltd, avec l’aimable autorisation de Première Music Group Tapas de Marc Mellits pour trio à cordes : Tapas 1,

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Yo Gee TiMourad MerzoukiCie Käfig / CCN Créteil & Val-de-Marne

Pièce chorégraphique franco - taïwanaise

direction artistique et chorégraphieMourad Merzouki

assistante du chorégrapheMarjorie Hannoteaux

musique originaleAS’N

musiques additionnellesLudovico Einaudi, Marc Mellits, Le Trio Joubran

lumièreYoann Tivoli

assisté de Nicolas Faucheux

scénographieBenjamin Lebreton

en collaboration avec Mourad Merzouki

feutre artisanalElisabeth Berthon et Chloé Lecoup pour Morse Felt

Studio, Johan Ku Design Ltd

costumesJohan Ku / Production Johan Ku Design Ltd

avec (en alternance)Rémi Autechaud dit RMS, Kader Belmoktar, Hung, Ling

Chen, Maxime Cozic, Sabri Colin dit Mucho, Manuel Guillaud, Hai-Wen Hsu, Hsin-Yu Kao, Saief Remmide,

Yui Sugano, Bi-Jia Yang

danse hip hop

Spectacle créé en mars 2012 au National Performing Arts Center - National Theater & Concert Hall de Taipei, Taïwan.

Production délégué : Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig

Commanditaire : National Performing Arts Center - National Theater & Concert Hall (Taipei)

Coproduction : Festival Montpellier Danse 2012 ; Maison des Arts de Créteil ; Fondation BNP Paribas

Crédits musiques additionnelles :Masâr composé par Le Trio Joubran, interprété par Le Trio Joubran © & (p) 2009 Randana harmonia mundi S.A.

/ world village FranceLady Labyrinth Musique de Ludovico Einaudi © Chester Music Ltd, avec l’aimable autorisation de Première

Music GroupTapas de Marc Mellits pour trio à cordes : Tapas 1, Tapas 5, Tapas 7 – OEuvre dédiée à Fabrice Bihan interprétée

par Fabrice Bihan, violoncelle - Ayako Tanaka, violon - Arnaud Thorette, alto

Le Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig – direction Mourad Merzouki est subventionné par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France - Ministère de

la Culture et de la Communication ; le Conseil Départemental du Val-de-Marne et la Ville de Créteil. Il reçoit le soutien de l’Institut Français pour ses tournées internationales.

Représentations :jeudi 12 avril, 20h30vendredi 13 avril, 20h30Théâtre Molière, Sète

Durée de la représentation :1h10

Public :collège niveau 4ème / 3ème, lycée

Contacts :Marine Lacombe Chargée des relations avec le [email protected] / 04 67 18 53 22

Claire Pavy Service éducatifenseignante missionnée arts du mouvement : cirque et [email protected]

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Yo Gee TiMourad Merzouki

Cie Käfig / CCN Créteil & Val-de-Marne

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Yo Gee TiMourad MerzoukiCie Käfig / CCN Créteil & Val-de-Marne

Pièce chorégraphique franco - taïwanaise

direction artistique et chorégraphieMourad Merzouki

assistante du chorégrapheMarjorie Hannoteaux

musique originaleAS’N

musiques additionnellesLudovico Einaudi, Marc Mellits, Le Trio Joubran

lumièreYoann Tivoli

assisté de Nicolas Faucheux

scénographieBenjamin Lebreton

en collaboration avec Mourad Merzouki

feutre artisanalElisabeth Berthon et Chloé Lecoup pour Morse Felt

Studio, Johan Ku Design Ltd

costumesJohan Ku / Production Johan Ku Design Ltd

avec (en alternance)Rémi Autechaud dit RMS, Kader Belmoktar, Hung, Ling

Chen, Maxime Cozic, Sabri Colin dit Mucho, Manuel Guillaud, Hai-Wen Hsu, Hsin-Yu Kao, Saief Remmide,

Yui Sugano, Bi-Jia Yang

danse hip hop

Spectacle créé en mars 2012 au National Performing Arts Center - National Theater & Concert Hall de Taipei, Taïwan.

Production délégué : Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig

Commanditaire : National Performing Arts Center - National Theater & Concert Hall (Taipei)

Coproduction : Festival Montpellier Danse 2012 ; Maison des Arts de Créteil ; Fondation BNP Paribas

Crédits musiques additionnelles :Masâr composé par Le Trio Joubran, interprété par Le Trio Joubran © & (p) 2009 Randana harmonia mundi S.A.

/ world village FranceLady Labyrinth Musique de Ludovico Einaudi © Chester Music Ltd, avec l’aimable autorisation de Première

Music GroupTapas de Marc Mellits pour trio à cordes : Tapas 1, Tapas 5, Tapas 7 – OEuvre dédiée à Fabrice Bihan interprétée

par Fabrice Bihan, violoncelle - Ayako Tanaka, violon - Arnaud Thorette, alto

Le Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig – direction Mourad Merzouki est subventionné par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France - Ministère de

la Culture et de la Communication ; le Conseil Départemental du Val-de-Marne et la Ville de Créteil. Il reçoit le soutien de l’Institut Français pour ses tournées internationales.

Représentations :jeudi 12 avril, 20h30vendredi 13 avril, 20h30Théâtre Molière, Sète

Durée de la représentation :1h10

Public :collège niveau 4ème / 3ème, lycée

Contacts :Marine Lacombe Chargée des relations avec le [email protected] / 04 67 18 53 22

Claire Pavy Service éducatifenseignante missionnée arts du mouvement : cirque et [email protected]

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1. Avant la représentation p. 3

1.1. Ils tirent les ficelles de YO GEE TI

1.2. Quels horizons d’attente ?

2. Pendant la représentation p. 6

3. Après la représentation p. 10

4. YO GEE TI ... et plus encore ! p. 12

SOMMAIRE

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« Tout à l’heure va disparaître comme dans ce cas une imbécillité, la traditionnelle plantation de décors permanents ou stables en opposition avec la mobilité chorégraphique. Châssis opaques, carton cette intrusion, au rancart ! Voici rendue au Ballet l’atmosphère ou rien, visions sitôt éparses que sues, leur évocation limpide. La scène libre, au gré de fictions, exhalée du jeu d’un voile avec attitudes et gestes, devient le très pur résultat. » 1

C’est en ces termes que le poète Stéphane Mallarmé traduit en 1897 la forte impression que produit sur lui le spectacle de la danseuse américaine Loïe Fuller 2 : loin de « l’imbécillité », de la faiblesse d’une mise en scène surchargée, trop figurative, trop descriptive, ce « Ballet » innovant le séduit par son évanescence comme par l’ouverture qu’il propose sur l’imaginaire ; ce faisant il touche à l’essence de la danse, d’où la majuscule.

1. AVANT LA REPRESENTATION

De l’association entre le corps, la scène et le tissu mouvants naît un nouveau langage : Mourad Merzouki ne dit pas autre chose lorsqu’en 2012 il crée Yo Gee Ti (« la chose organique » en chinois), réunissant pour l’occasion les savoir-faire français et taïwanais, le hip-hop et la danse contemporaine.

Le présent dossier proposera des pistes de travail (non prescriptives !) autour du spectacle afin que les élèves préparent, goûtent et s’approprient leur rencontre avec un univers qui pourrait bien bousculer leurs préjugés…

Loïe Fuller sur scène, 1902

1 Stéphane Mallarmé, Les Fonds dans le ballet, Divagations, éd. Eugène Fasquelle, 1897.

2 Loïe Fuller [1862 – 1928] est considérée comme une pionnière de la danse moderne : faisant tournoyer autour d’elle de longs voiles, elle a contribué à réinventer la scénographie en accordant une importance nouvelle au geste et à la lumière.

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1.1. Ils tirent les ficelles de Yo Gee Ti 3

Mourad Merzouki :

Directeur depuis 2009 du Centre Chorégraphique National de Créteil, Mourad Merzouki a impulsé la reconnaissance institutionnelle du hip-hop en France.

Né en banlieue lyonnaise, attiré dès son plus jeune âge par les arts martiaux et la boxe, il a rapidement attrapé le virus du cirque et du spectacle vivant avant de découvrir, à 15 ans, la culture et la danse hip-hop puis de devenir le chorégraphe que l’on connaît ; ses nombreux voyages ont nourri sa réflexion et son travail où se tissent inextricablement les styles, les cultures.

En 1996, il a créé sa propre compagnie, Käfig («   la cage   » en

allemand) : une invitation, précisément, à franchir tous les murs et à faire bouger les lignes.

« La rencontre avec « l’Autre » est toujours, chez moi, source d’inspiration. »

3 Biographies plus détaillées : se reporter au dossier de la compagnie (PP.10-13) sur www.theatredesete.com.

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Johan Ku :

« En réalité tout a été pensé autour de l’univers du styliste, et c’est ce qui a nourri le spectacle », déclare Mourad Merzouki.

Né à Taipei en 1979, Johan Ku débute sa carrière de styliste dès l’âge de 17 ans. En 2005, il fonde sa propre maison, le Johan Ku Design Studio. Rompant la frontière entre l’art et la mode, sa signature de designer se traduit par des silhouettes « sculpturées » avec des textiles uniques et de gros tricots. Johan Ku utilise donc beaucoup la laine, dont la Chine est actuellement le plus gros

producteur mondial. Cette laine il la veut brute, épaisse, au carrefour de la tradition et de la modernité, de la nature et de l’art.

Ci-dessous : les costumes traditionnels de lion, portés lors des grandes fêtes chinoises comme le Nouvel An, sont en bonne partie constitués de laine. A droite, une création de Johan Ku.

AS’N :

Responsable de la musique, ce co-fondateur du groupe de rap Nati’K en 1995 a appris la musique et la danse en suivant des ateliers de hip-hop. Depuis Käfig, le premier spectacle de la compagnie, AS’N travaille avec Mourad Merzouki et réalise la musique du Chêne et du Roseau (2002), de Mekech Mouchkin (2003), de Corps est graphique (2003), de Terrain Vague (2006), de Tricôté (2008) et plus récem-ment de Boxe Boxe (2010) et de Yo Gee Ti (2012).

Yoann Tivoli :

Après un BTS d’éclairagiste-sonorisateur et 4 années comme régisseur dans deux théâtres lyonnais, il signe ses premières créations lumières en 1994. Créateur pluridisciplinaire, il réalise des mises en lumière pour le secteur musical, la danse et le théâtre, pour des expositions et des manifestations événementielles. Pour la danse, il travaille notamment avec les compagnies Käfig, Inbal Pinto Dance Company, Frank II Louise, Bob.H Ekoto, Question, Pilobolus, Entre Nosotros. Co-fondateur du Groupe Moi, il a participé aux créations de toutes les performances. Il mène depuis 1996 un compagnonnage fructueux avec Mourad Merzouki et la

compagnie Käfig, dont il a signé toutes les créations lumières.

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1.2. Quel horizon d’attente

Il s’agira de faire émerger les représentations des élèves, auxquels on pourra demander de formuler des hypothèses à partir de ce qu’ils connaissent déjà, d’effectuer des recherches et ainsi, de s’engager dans une démarche active de spectateur.

Partir d’un fonds commun

• Partir de l’expérience (ou inexpérience) des élèves en matière de spectacle vivant et, en particulier, de danse. On pourra demander aux élèves ce à quoi ils s’attendent en allant voir un « spectacle de danse », lister leurs réponses et fixer le sens de quelques mots spécifiques qui pourraient être prononcés (ballet, opéra, scène…). On pourra aussi réfléchir à la musique qui accompagnerait un tel spectacle (musique classique, contemporaine, familles d’instruments… ; musique en « live » ou enregistrée etc.).

• Interroger le titre : quelle semble être la « nationalité » du spectacle ? En fonction des réponses, l’enseignant (re)demande à quel type de chorégraphie l’on peut s’attendre. Une fois le titre traduit, les élèves peuvent réfléchir au thème et à la tonalité du spectacle.

• On peut également travailler la lecture d’image à partir de l’affiche du spectacle, assez mystérieuse pour libérer l’imagination et la parole des élèves. On s’attachera d’abord à ce que les élèves disent pêle-mêle ce qu’ils voient (formes, couleurs, textes…), avant de les amener à organiser leurs remarques pour aller vers des hypothèses interprétatives. On peut leur faire rédiger un paragraphe ou enregistrer ces hypothèses afin de les confronter par la suite avec ce qu’ils auront vu.

• Dans le même ordre d’idée et surtout si les élèves savent déjà qu’ils vont « voir du hip-hop », on s’appuiera sur ce qu’ils savent, ou croient savoir, de cet art (art de la rue, rap, danse « de garçons », codes vestimentaires etc). Ce travail préparatoire peut être conduit dans le cadre de l’EPS et/ ou de la danse comme dans celui de l’anglais, de l’éducation musicale ou des arts plastiques. L’enseignant, pas toujours

exempt de préjugés sur la question, pourra s’inscrire dans cette démarche de « brainstorming » puis de renseignement aux côtés de ses élèves  : quand il est question du corps à l’école, un climat de complicité et de confiance est nécessaire pour que chacun soit à l’aise.

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• Par le biais d’exposés, de recherches plus ou moins dirigées, on intégrera quelques repères historiques, géographiques et artistiques importants4 (définitions, dates-phares de l’histoire du hip-hop, pays concernés, disciplines de la culture hip-hop etc.) ; on pourra visionner quelques clips fondateurs pour mieux mesurer ensuite en quoi le spectacle se nourrit ou s’écarte de cette culture.

4 Le site du journal Le Monde propose un résumé intéressant, agrémenté de documents, que l’enseignant pourra compléter selon ses besoins. http://www.lemonde.fr/decodages/article/2015/05/13/la-mode-hip-hop-sous-toutes-les-coutures_4632998_4606750 html

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La préparation ayant - on l’espère - rassuré les élèves les moins friands de spectacle vivant en allant sur le terrain « plus familier » pour eux du hip-hop, il est important de créer les meilleures conditions possibles pour une bonne réception du spectacle ; s’il doit assurer le respect du lieu et du travail des artistes, l’adulte veillera cependant à ne pas multiplier les consignes et les tâches afin de ne pas parasiter ou contraindre la rencontre, intime, avec l’œuvre.

On pourra :

• Rappeler ou faire rappeler les règles (silence etc.) juste avant.

• Demander aux élèves de conserver certains documents (tickets, prospectus…) et / ou de faire des croquis (extérieur, intérieurs, la scène depuis leur place etc).

• Former des groupes d’élèves et attribuer à chacun une mission d’observation (lumière, costumes, étapes, variations musicales, apparition de chaque danseur…) ; on veillera toutefois à ne pas exiger trop de détails pour ne pas gêner l’expérience sensible plus globale.

• Juste à la fin du spectacle, demander aux élèves d’écrire (ou d’enregistrer) quelques mots informels traduisant leur ressenti, en dépassant le simple « j’ai aimé » / « j’ai pas aimé ».

2. PENDANT LA REPRESENTATION

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Il est important de revenir sur le spectacle et l’expérience vécue afin qu’ils s’ancrent réellement et durablement dans le parcours de l’élève. FOLIOS pourrait permettre de garder trace de ces retours.

Décrire et analyser de manière chorale

La description chorale vise à décrire à plusieurs voix certains éléments de la représentation (lieu, costumes, jeux de lumière, scénographie…) ; nécessitant une grande finesse, elle permettra à l’élève de travailler sa mémoire, son sens de la précision et de l’organisation avant de s’interroger avec ses pairs sur le SENS.

Exprimer et mettre en forme son ressenti

• La mutualisation des notes prises ou enregistrées pourra être l’occasion de confronter l’expérience vécue avec les représentations préalables des élèves : le spectacle ne correspond peut-être pas à l’horizon d’attente, il propose des gestes, des costumes et des musiques (live) qui multiplient encore les influences (musiques orientales par exemple). Ce retour donne matière à des échanges en classe et à un approfondissement sur le vocabulaire des émotions, des sentiments : il importe que les élèves développent leur esprit critique, comme rappelé dans les objectifs de leur Parcours d’Education Artistique et Culturelle, et ce dans le respect du point de vue d’autrui (EMC, Parcours citoyen). On saisira ici l’occasion d’insister sur le formidable (mé)tissage offert par Yo Gee Ti, au sujet duquel Mourad Merzouki s’est beaucoup exprimé en interview. On notera que la danse vue s’approche et s’écarte du hip-hop et l’on pourra notifier aux élèves que les danseurs taïwanais ne sont pas des danseurs de hip-hop. L’un d’eux, Kao Hsin-Yu, commente ainsi la complémentarité des deux approches : « Nous, les danseurs taïwanais, nous avons l’habitude de décomposer avec précision chaque mouvement. Les danseurs français, eux […] bougent leur corps en suivant la musique ; ils ont naturellement un sens du rythme et en plus, grâce à la danse hip-hop, ils ont de l’endurance et de la puissance, ce qui est différent de nous. »

• On pourra ensuite envisager des travaux plus codifiés, à l’écrit comme à l’oral : lettre à un des danseurs (de « l’autre pays » ?), à l’éclairagiste, au chorégraphe ou au responsable de la musique ; écriture poétique à partir d’une photographie du spectacle, note d’intention, interview imaginaire…

Situer, comparer, argumenter

• On amènera l’élève à situer l’œuvre dans un contexte artistique, politique, culturel.

• On l’invitera à rapprocher cette œuvre d’autres spectacles vus ou d’autres formes d’art.

3. APRES LA REPRESENTATION

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Quelques pistes :

Au-delà du réel : le plateau noir brillant sur lequel se reflètent les danseurs ainsi que l’aspect des corps mouvants mêlés à la laine, aux lianes, devrait permettre un lien intéressant avec le registre fantastique (4e), le thème de la monstruosité, de la déformation/ difformité (cycle III mais aussi 3e ou 2nde), l’esthétique surréaliste et la question du rapport entre soi et l’Autre ou l’Inconnu.

Ci-contre : une photo du spectacle et le tableau Cygnes se reflétant en éléphants de Salvador Dali, 1937.

« J’ai l’impression que la meilleure façon de se comprendre soi-même, de se sentir exister, c’est d’aller à la rencontre de l’Autre, de bousculer les idées reçues. A chaque fois, dans mon travail, il y a ce désir d’essayer de comprendre l’autre pour me comprendre moi-même. »

Mourad Merzouki

Des corps sculpturaux et « sculpturés » : le rapprochement avec la statuaire est induit par Mourad Merzouki lui-même lorsqu’il évoque le travail de la laine par Johan Ku.Tordant leurs muscles saillants avec grâce ou se recomposant sous un habit de laine et de lumière, les corps, isolés ou enchevêtrés, emmêlés, sont bien au cœur de la « Chose organique » franco-taïwanaise comme des plus grandes sculptures.

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Suivant cette idée, le montage ci-dessous rapproche deux photos du spectacle du célèbre couple Apollon et Daphné du Bernin (1622). L’enseignant (arts plastiques, français, histoire, Langues et Cultures de l’Antiquité…) pourra amener les élèves à comprendre comment les corps sont (re)présentés, positionnés et éclairés pour traduire un mouvement, un élan, une transformation (mouvement vers le haut, torsion des corps, ouverture des mains, regards…). Dans ces œuvres, le spectateur, happé par l’instant sublime, attend avidement la suite ; et c’est de la sculpture de la matière que sort l’âme.

Honoré de Balzac ne s’y était pas trompé en écrivant :

« La sculpture est comme l’art dramatique, à la fois le plus difficile et le plus facile de tous les arts. Copiez un modèle, et l’œuvre est accomplie ; mais y imprimer une âme, faire un type en représentant un homme ou une femme, c’est le péché de Prométhée. On compte ce succès dans les annales de la sculpture comme on compte les poètes dans l’humanité. »

On pourra également tisser des liens entre la laine de Johan Ku, les lianes de Yo Gee Ti qui sont l’idée de Mourad Merzouki et des œuvres d’art contemporain engagées. Un exemple pour chaque élément du spectacle évoqué :

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Dans cette installation, l’ours blanc, qui découvre Balzac bien malgré lui, se retrouve habillé d’un pull, debout sur une banquise qui fond inexorablement, et mis en lumière autant qu’ébloui et menacé par les lampes qui, pareilles à des stalactites, « tombent » du plafond. Le propos écologique sur le réchauffement climatique, souligné par le travail de la matière organique qu’est la laine, pourra réunir les enseignements d’EMC, d’histoire-géographie, de SVT et d’arts plastiques.

La Peau de chagrin, installation par Art Orienté Objet, 2009-2010 5

5 On trouvera une fiche d’analyse de l’œuvre, niveau collège, à l’adresse https://www.ac-grenoble.fr/college/sand.la-motte-ser-volex/spip/IMG/pdf/peau_de_chagrin.pdf

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Héritier du graph, le street-art de Bansky (ci-dessus le célèbre Léopard échappé de sa cage) peut lui aussi fournir matière à réflexion sur l’engagement d’artistes soucieux de briser ou de repenser les lignes, artistiques mais aussi sociales. Lignes, lianes, laine. Cage. Ouverture d’esprit, ouverture à l’Autre et retour à l’organique, peut-être plus pur…

Léopard échappé de sa cage, Bansky

Tiens, revoilà Yo Gee Ti !

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La dimension de transformation, déjà évoquée pour la sculpture, pourra nourrir un travail intéressant en littérature, histoire et SVT sur le thème de la métamorphose (cycles III et IV notamment). A travers la mue, papillons, serpents ou araignées sont par nature appelés à la transformation.

Devenir autre chose, se modifier : tragiques destinées que celles de Narcisse ou d’Arachné, le premier puni pour avoir trop aimé son reflet dans l’eau, l’autre pour avoir excellé dans son art. L’enseignant de français, d’histoire ou de latin se replongera avec bonheur dans les lignes des Métamorphoses «  tracées » par Ovide, et pourront bâtir un projet interdisciplinaire très riche en ajoutant aux disciplines évoquées l’EPS et les arts plastiques 6.

6 On pourra consulter sur ces thèmes une fiche (niveau collège) ici : mathematiques.discipline.ac-lille.fr/tice/histoire-des-arts/

hda-gd-et-rb/docs-gd-et-rb/hda-college-calmette-wasquehal-metamorphoses.pdf/at_download/file

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« Atteints de cet affreux poison, ses cheveux tombent, ses traits s’effacent, sa tête et toutes les parties de son corps se resserrent. Ses doigts amincis s’attachent à ses flancs. Fileuse araignée, elle exerce encore son premier talent, et tire du ventre arrondi qui remplace son corps les fils déliés dont elle ourdit sa toile. »

(extrait des Métamorphoses d’Ovide, trad. G.T.Villenave)

Créer

En fin de parcours, la création permet l’appropriation de tout ce qui a été vu. Elle « couronne » l’expérience en montrant à l’élève que lui aussi peut faire. On peut penser à différentes activités, qui gagneront à être fédérées et travaillées en interdisciplinarité :

• EPS : danse hip-hop / danse contemporaine / prestations acrobatiques, voir programmes des cycles III et IV. Les professeurs peuvent notamment lire l’article Enseigner la danse hip-hop en EPS d’Antoine Maurice sur le site www.cafepedagogique.net : le hip-hop y est décrit comme « une formidable opportunité pour faire entrer l’élève dans une démarche de création en danse ».

• Arts plastiques :

création de costumes ;

travail sur la matière, notamment la laine, comme base de l’œuvre d’art ; pratique de l’installation (on peut utiliser la laine pour « sculpter le vide », pour reprendre un exercice proposé par Claudine Guihot. 7) ;

travail sur le geste créatif et l’engagement corporel dans l’art.

• Education musicale :

caractéristiques du son, de la rythmique hip-hop ;

travail sur le rythme (cup song etc.) et, éventuellement, initiation au beat-boxing ;

travail sur les « instruments urbains » (steel drums par exemple) ;

initiation au « DJing » et à la Musique Assistée par Ordinateur (M.A.O.) ;

choix d’une musique « a priori » décalée pour accompagner une danse ; justification argumentée de ce choix.

On saisira l’occasion d’utiliser le numérique, que ce soit dans la création elle-même (incrustations vidéo, M.A.O. etc) ou pour enregistrer/diffuser les prestations. Le procédé du stop-motion (qui revient à filmer image par image, puis à faire défiler les images pour créer l’illusion d’une continuité) pourrait également permettre un travail fécond sur le geste, la mise en mouvement.

7 Quoique datant de 2008, l’ouvrage Arts visuels : Fils et bouts d’tissus de C.Guilhot , paru au SCEREN, fourmille

d’idées d’activités.

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Comme point de départ, on montrerait aux élèves le clip de la chanson Her Morning Elegance d’Oren Lavie réalisé selon cette technique.

• Français :

Thème de « la ville et ses possibles » dans le programme de 4e (écriture poétique etc) ;

Réflexion sur la scénographie : expérimentations du théâtre contemporain ;

Travail de lecture puis d’écriture sur la critique, la revue de presse sur Yo Gee Ti étant très fournie.

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4. YO GEE TI … ET PLUS ENCORE !

• Projection d’un documentaire Yo Gee Ti commenté par Marjorie Hannoteaux, assistante du chorégraphe. Une plongée au cœur de la création du spectacle avec les artistes à Taipei entre deux gestuelles, deux cultures.

Jeudi 12 avril à 18h30, Petite Salle du Théâtre Molière

• Stage de danse animé par un danseur de la compagnie, à partir de 16 ans

Samedi 14 avril de 11h à 13h, Théâtre Molière

Informations auprès d’Amièle Viaud - Chargée des relations avec le public04 67 18 68 63 / [email protected]

• Après-midi Chorégraphique autour de ce spectacle proposé par la Scène Nationale ; dispositif soutenu par le rectorat de l’Académie de Montpellier (DAAC Délégation Académique à l’Action Culturelle) et le ministère de la culture (DRAC Occitanie). Cet atelier de trois heures sera animé par un danseur de la compagnie pour des élèves du Lycée Auguste Loubatières d’Agde.

Ce dispositif est ponctuellement mit en place pour des collégiens ou des lycéens soit autour d’un spectacle de danse, de théâtre ou de cirque.

Si vous souhaitez plus d’informations, contactez Marine Lacombe, Chargée des relations avec le public  : 04 67 18 53 22 / [email protected]

A CONSULTER :

Vous retrouverez ce dossier sur le site de la SNSBT : http://www.theatredesete.com

Le site du Centre Chorégraphique National de Créteil vous donnera d’autres informations sur le spectacle.

Par ailleurs, le site www.anrat.net permettra à ceux qui le souhaitent de mieux exploiter l’ « analyse chorale » d’un spectacle.

Enfin, pour les compétences et les programmes, on retrouvera les référentiels complets sur le site du M.E.N. et http://eduscol.education.fr/

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Photos du spectacle de Michel Cavalca