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Yolda chroniqueuse pionnière

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Yolda chroniqueuse pionnière

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Page 1: Yolda chroniqueuse pionnière
Page 2: Yolda chroniqueuse pionnière

2 29 juin 2012No 651

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

REDACTEUR EN CHEF

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONJoël FANFANDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreJunior Plésius LouisPeguy Flore Pierre

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEPhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel Louis

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 3456 1920 / 2945-4646 3806-3717

Erratum : le spectacle Henri Christophe aura lieu le samedi 30 juin, au lieu du vendredi 29 juin. Prière de nous excuser, cher public.

• Vendredi, Yohann signe son album « Ayiti men rock ». Un nouveau genre à découvrir pour les néophytes, un album à apprécier pour les initiés. Avec 1 000 gourdes, vous avez un ticket et un CD. Artistes invités : Wanito, J-Perry et les Futuros Diverciados. Cartes en vente à Royal Market, CD Sélection et Muncheez.

• Au Mango Lounge ce soir-là, c’est le party des « Bubbles » avec Samar Handal, FullBlast, Steezy et Uncle Max… de 9 h p.m. à X.

• Au même moment, au Garden studio se tiendra «Duët : the show that will blow your mind », selon les dires des producteurs. Qu’est-ce qu’on aimerait voir cela ! Rocsteady ouvrira la fiesta à compter de 8 h p.m.

• Le centre culturel Brésil-Haïti, situé près de la place Boyer et du restaurant Quartier Latin, accueille le festival de danse Brésil-Brésil. Il démarre à 6 h p.m. et se termine à 12 h a.m.

• Samedi, si les soirées branchées ne vous disent pas, il vous reste l’option du spectacle Henri Christophe présenté par la compagnie de danse Régine Mont-Ro-sier Trouillot. Artistes invités : Jean Coulanges, Bertrand Labarre, Ashley Laraque, Manfred Marcelin, Raymond Succar. La narration du show sera assurée par Michel Soukar. Lieu : Tara’s la Sapinière. Heure : 7 h p.m. Admission : 2000 gourdes. Les cartes sont disponibles à l’académie RMT, située sur la place Saint-Pierre à côté du commissariat.

• Steppin Production organisera au Mango Lounge le Tifosi, pour finir la Coupe d’Europe en beauté et en musique avec les Dj Evil, Thierry Ralph, Swag, Duq Le Grand et Fabrice Youssef. Admission : USD 10. Dress code : le maillot de votre équipe favorite.

• A Esquina Latina, retrouvez l’orchestre Tropicana, la fusée d’or avec laquelle on décolle toujours, pour une soirée bien arrosée et bien rythmée. À partir de 9 h p.m. Admission : 1 000 gourdes.

• Le festival de danse Brésil-Haïti se poursuivra, à la même heure.• Puisque dimanche est le jour consacré au repos et à la prière, pratiquement

tous les restos et les bars chôment ce jour-là. Sauf quelques exceptions, dont Le Florville. « Salad bar and live music ». Vous choisissez votre viande puis l’accompa-gnez de la salade qui vous convient. De 12 h à 5 h p.m., à partir de 600 gourdes.

• Le trio Sael, Belo et Mika se retrouvera à Wahoo pour une belle performance au bord de la plage. Admission : USD 20. De 11 h a.m. à 6 h p.m.

• Après un week-end aussi mouvementé, rien de mieux qu’un bon buffet pour remplacer le vide laissé par tout l’alcool que vous aurez probablement ingurgité. Atmosphère Restaurant, à partir de 12 h p.m. Rue Villate, en face de Le Villate.

Péguy F. C. Pierrepeguyfcpierre @gmail.com

L’agenda de Péguy

Les fins de semaine débordent déjà d’activités. Et dire que nous ne sommes qu’au début de l’été ! En attendant de découvrir ce que vous réserve le mitan de la canicule, jouissez un max de petits plaisirs du-rant votre week-end, pour démarrer votre lundi tout en fraîcheur.

La compagnie de danse Régine Mont-Rosier Trouillot (RMT) présente un spectacle inédit à Tara’s la sapinière, le samedi 30 juin qui s’en vient. Et nul autre que notre illustre héros de l’indépendance, le roi Henri Christophe, ne sera mis en scène ce soir. Le spectacle sera entièrement joué par les danseurs et danseuses de l’école, mais pour donner des tons différents à la soirée qui s’annonce déjà intéressante, des artistes tels que Jean Coulanges, Bertrand Labarre, Ashley Laraque, Manfred Marcelin et Raymond Succar sont invités. De plus, la narration du show sera assurée par Michel Soukar en personne. Pour ce spectacle qui suscite déjà beaucoup de curiosité, on se demande quel aspect du héros sera mis en relief. Sa tyrannie ? Sa vision extraordinaire ? Ou sa témérité ? Une seule façon de savoir : se rendre au spectacle. Samedi 30 juin, Tara’s la sapinière, 7 h p.m.

Dans le cadre de ‘‘Caribbean Coalition on Women, Girls and Aids’’ (CCWA), dont la signification en français est coalition caraïbéenne des femmes, filles et le SIDA, CECO-SIDA organise un programme de formation en leadership. Cette formation réservée pour des jeunes femmes âgés de 18 à 24 ans, sera organisé en Haïti du 2 au 5 juillet 2012 au local de CECOSIDA (80, rue vaillant) avec le support de ONU-Femmes.

Ce programme est réalisé dans le but de renforcer la capacité de plus d’une vingtaine de jeunes femmes dans le leadership et dans la prise de décision autour des relations sexuelles à moindre risque et devenir des défenseurs des droits des femmes et de la santé sexuelle et reproductive.

L’objectif de cette activité est de développer la capacité que possède les jeunes femmes à diriger, y compris celles qui vivent avec le VIH, à mener le plaidoyer pour le comportement et le changement culturel compatible avec l’égalité des sexes et pour une approche des droits humains en réponse à la prévention du VIH.

Les critères de sélection sont simples, la jeune femme doit être âgée de 18 à 24 ans et avoir un secteur d’influence. Ensuite être PVVIH, non scolarisée, en chômage, moti-

RMT présenteHenri Christophe

CECOSIDA Programme de leadershippour jeunes femmes

Snoop Dogg fume beaucoup d’herbe et il ne s’en est jamais caché, bien au contraire, c’est même devenu sa signature. Quand il est aux USA il a même une petite

ordonnance de son médecin pour se procurer légalement de la drogue...Mais quand il quitte le territoire américain, l’affaire se complique. Ainsi ce matin, jeudi 28 juin, le monsieur s’est pointé à l’aéroport de Kjevic, et il pensait tranquillement embarqué. Malheureusement la police a sauté sur l’occasion pour faire une belle prise. Snoop sans drogue sur lui c’est rare...Et banco ! En contrôlant le rappeur les policiers sont tombés sur 8 grammes de marijuana. Heureusement pour la star, en dessous de 15 grammes, en Norvège, on s’en sort avec une simple amende. Il se voit donc gratifier d’une petite facture de presque 2000$! Autant dire une broutille pour Snoop qui a réglé directement et a collaboré le plus calmement du monde d’après TMZ.

Maintenant Snoop Dogg se re-trouve en Norvège sans son carburant, mais connaissant la star, il ne devrait pas tarder à trouver de quoi s’approvi-sionner...

Snoop Dogg arrêté

Les amis de Ticket ont dit sur

Reine Medg LaguerreJe mange!Et alors ?! (Y’en a de ces statuts,

franchement !)

India Tamara ThelusmaRendez quelqu’un heureux

aujourd’hui : mêlez-vous de vos affaires.

Oui, de grâce ! Faîtes-le pour changer !

Stanley FigaroL’homme est né Bon, c’est la socié-

té qui le rend Bonbon!!! JanJak Roux Sot.

Rousseau se retournerait dans sa tombe s’il voyait ce post !

Carel PèdreKite Kè’w Pale. Kite Lanmou Gi-

de’w! Fè, Bay Lanmou Jouk Ou Bouke Jodi A E Pou Tout Tan Gen Tan!

Carel, prêcheur de l’amour

Nicky Christ HaitiSi yo pile talon pye w, ou pa

bezwen fache, estomake, tonbe joure. Pwoblèm nan se paske se ou ki devan. Solisyon an se mete van nan vwèl ou, mache pi vit toujou. Kenbe tèt ou, kenbe Liv ou, kenbe rèv ou, kenbe pèsonalite w.

En voilà des conseils inspirés !

Karl Jean-Jeune ‏@KarlJean-Jeune

Saumon de Caius for lunch!Certains ont le palais très fin !

Aloys Lise ValéryVouloir oublier quelqu’un, c’est y

penser tout le temps.Et tu sais de quoi tu parles, n’est-

ce pas ?

Eud0minati0n ‏@princessEudJ’aimerais vivre a paris pour quel-

ques temps! j’aime tropppppppp!!!Et nous donc Eud !

vée et passionnée sur les activités liées à la jeunesse, la sexualité et le VIH sont des atouts majeurs. La date limite des inscrip-tions est pour le ce vendredi 29 juin.

Elisée Dé[email protected]

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329 juin 2012No 651

La vie de Yolda est rythmée par les activités sportives. Il ne se passe pas un jour sans qu’elle ne parle du sport ou évoque, en particulier, le nom des célébri-

tés du Barça et de Real au boulot comme à la maison. Ce loisir a bercé son enfance et a renforcé sa motivation pour prati-quer le foot durant les championnats de vacances. Un amour infantile qui est devenu une passion.

Après des études en journalisme, Yolda entre comme stagiaire à Radio Nationale. Elle fait ses premières armes à la salle des nouvelles où des sujets

politiques lui sont souvent confiés. La nouvelle recrue d’alors n’avait pas en tête de se convertir en journaliste sportive, mais vite fait, elle changeait de vision. Sans tarder, son habilité et son dévoue-ment lui valent la crédibilité d’intervenir de temps à autre dans des émissions jusqu’à intégrer l’équipe sportive de la Radio Nationale.

Talent confirmé, Yolda, optimiste et résolue, s’ouvre aux médias de la place. Ainsi, quelques années plus tard, elle devient la présentatrice incontournable d’émissions sportives qui apporte sa collaboration à Radio Timoun, Télé Ginen, Télémax avant de peaufiner son choix sur Canal Bleu.

Oser, sa différenceSe faire accepter comme l’une des

premières femmes à intégrer le domaine de l’animation sportive a été un défi majeur que la chroniqueuse a relevé dans des situations difficiles. « Le fait d’être sous-estimée par des confrères qui croient que les filles n’ont rien à faire dans le sport m’a beaucoup froissée. Il m’est arrivé que des collaborateurs très proches jouent des pieds et mains pour m’empêcher de progresser. Donc sans ma motivation et ma grande détermina-tion, je ne serais jamais parvenue là où

je suis. J’ai d’abord cru en moi, et j’ai fait peu de cas du reste », avoue la quadra-génaire. Cependant, en référence aux analyses et commentaires de Yolda sur les matchs de football, on peut vite dé-duire qu’elle sait comment s’y prendre ; bien qu’elle n’ait jamais eu de modèles pour l’aider à parfaire son talent. Car il n’y avait pas de femme qui présentait des émissions sportives à l’époque. Mais il y avait des chroniqueurs comme Raymond Jean Louis, Dadou Jean-Bart, Kesner Pharel, Patrice Dumond… « C’est vrai que dans le temps, c’était quelque chose de nouveau pour la société haïtienne, le

fait qu’on accorde le micro à une femme pour parler de football. Toutefois, je suis cent pour cent certaine qu’aucune fille ne subira les mêmes préjugés que moi, j’ai déjà souffert pour elles ! La voie est tracée. La preuve en est bien grande : actuellement, elles sont plusieurs à exer-cer ce métier en dépit des contraintes », poursuit Yolda qui souhaite que plus de chroniqueuses sportives assurent la relève.

Femme jusqu’au bout des doigtsQuand les femmes embrassent des

métiers pratiqués généralement par les hommes, comme le sport, elles ont souvent tendance à changer de compor-tement. Soit elles se laissent influencer par le langage et la façon de s’habiller du sexe fort, soit elles rejettent catégorique-ment leur nature. Mais Yolda, après tant d’années à travailler dans ce domaine, garde toute sa féminité. Gracieuse et cultivée, la native de la Vierge qui coule des jours heureux avec les siens semble tout avoir pour être une femme parfaite. Mère de deux enfants, sa présence est vitale à l’équilibre de sa famille.

Pas besoin de maquillage extrava-gant, ni de bijoux haut de gamme pour que la présentatrice de « Score » ait l’air chic. « J’avoue franchement qu’il y a des

Yoldachroniqueusepionnière

fois où je me sens homme dans ma façon d’agir et de me comporter. Mais je fais tout mon possible pour garder ma fémi-nité. Je dis toujours aux jeunes sportives que ce n’est pas le fait de se vêtir de jean et de maillot qui va les donner une forte personnalité. Tout dépend de ce que vous avez en tête », nous confie-t-elle. Avant tout il faut toujours se rappeler qui on est, estime la jeune dame, et rester soi-même malgré le monde change. Sim-ple, réservée et joviale, on ne s’ennuie pas avec Yolda.

Yolda bientôt hors jeuFemme de terrain, en matière spor-

tive, Yolda a fait un long parcours. De football amateur au sport professionnel, sa contribution à travers des analyses et commentaires a largement été appréciée et consommée. Contrairement à des cé-lébrités qui refusent de boucler leur car-

rière, la présentatrice croit que la sienne touche à sa fin. Elle est convaincue que le moment de se retirer de la scène est de plus en plus proche. Pourtant, visible-ment, la dame continue à mettre du cœur à l’ouvrage comme aux premiers jours. Toujours affairée dans la présen-tation de ses émissions, aujourd’hui elle oscille entre souvenirs heureux et re-traite. Au-delà de son attachement pour le sport, après quatorze ans à se donner à fond, il faut savoir quand vider les lieux, d’après elle. « Je n’ai aucun regret d’avoir choisi ce métier. J’ai fait beau-coup d’expériences et j’ai passé du bon temps. Dans un court délai, je prendrai ma retraite pour pouvoir accorder plus de temps à mes enfants et faire autre chose », conclut Yolda Jean-Mary.

Dimitry Nader Orisma

Si les médias haïtiens avaient mis en pratique le vieux dic-ton « Charité bien ordonnée commence par soi-même », aujourd’hui, on n’aurait pas à présenter Ema Yolda Jean-Mary. Une voix chroniqueuse de Canal Bleu qui, depuis 14 ans, pré-sente religieusement des chroniques sportives à la radio com-me à la télé. Durant une heure passée avec elle, on a collecté des informations de cette militante qui se passe de présenta-tion, sans que la rencontre ait eu l’air d’une entrevue.

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Publ

iGes

tion

«Écrire, c’est brûler vif, mais c’est aussi renaître de ces cendres » Oscar Wilde.

Jessica Fièvre naît le 29 avril 1981 à Port-au-Prince. Depuis 2002, elle vit en Floride. À 16 ans, Jessica se fait remar-quer par la publication d’un premier ouvrage, Le Feu de la vengeance, roman-mystère empreint de réalisme, témoi-gnage d’une Haïti bouleversée après Duvalier. En plus de ses romans, Jessica Fièvre est l’auteure de nombreux textes pour de jeunes lecteurs. Elle publie également des nouvelles en anglais et en français, dans diverses revues américai-nes. Elle poursuit des études en Création littéraire à la Florida International Univer-sity, enseigne le français et l’anglais à la Nova Middle School à Davie, et travaille depuis plusieurs années à titre de tra-ductrice et interprète. Elle est secrétaire de Women Writers of Haitian Descent, Inc., une organisation à but non lucratif établie en Floride pour encourager le développement des femmes-écrivains d’origine haïtienne. L’œuvre de Jessica Fièvre traduit l’essentiel du réel haïtien à travers un halo de mystère projeté sous le couvert d’un imaginaire exubérant et inavoué. Les livres qui lui ont marqué…

«Ah, difficile de choisir cinq titres parmi les tonnes de livres que j’adore. J’essaie de lire au moins 25 livres par année, et tant d’histoires me font plaisir ! Bof, puisqu’il faut vraiment décider…

Dracula, de Bram Stoker. Ce roman a donné au mythe du vam-

pire ses lettres de noblesse ; il reste la

quintessence du genre. Quelle ambiance ! Cimetières, chapes de brouillards et nuits glaciales, chauve-souris, meutes de loups, masses de rats aux yeux de feu… J’adore ! En fait, j’aime les trucs qui don-nent tellement les jetons qu’on n’ose plus éteindre la lampe de chevet la nuit.

La chambre de Giovanni, de James Baldwin.

Un roman douloureux, dérangeant et provocateur, qui se passe à Paris, dans les années 1950. C’est l’histoire de David, un jeune Américain qui découvre la désola-tion d’une homosexualité qui refuse de s’assumer. J’aime ce héro tourmenté, dé-chiré entre son attirance pour Giovanni, le bel Italien, et la pression exercée par une société patriarcale. Dans ce roman : éros et thanatos.

Le diable dans un thé à la citron-nelle, de Gary Victor.

Un livre qui se lit avec plaisir. Difficile de le fermer entre deux séances de lec-ture. Je cite celui-ci parce que c’est mon préféré, mais en fait j‘aime tous les livres de Gary Victor. Après tout, ce n’est pas sans raison que je suis la responsable de son fan club sur Facebook !

Ma cousine Rachel, de Daphné du Maurier.

Rachel a-t-elle tué son mari Ambroise ? Après plus de dix ans, je me le de-mande encore ! Et c’est là que se trouve la réussite de ce livre. Quel suspense psychologique ! Qui est vraiment Rachel, cette jeune femme envoûtante ? Tantôt

Des livres qui ont marqué…

Michèle Jessica Fièvre

cajoleuse, tantôt ensorceleuse, elle sait se fait aimer de tous, même des animaux de la maison ! Et puis, le suspens qui monte, qui monte… un vrai régal!

Amour, colère et folie, de Marie Vieux-Chauvet.

Je suis fascinée par ce roman à controverse. Et puis, j’aime entendre

parler de l’intérêt porté par Simone de Beauvoir au roman, sa publication avortée par Gallimard à la fin des années 60, les rares copies qui ont tout de même circulé, l’édition clandestine et non auto-risée près de 40 ans plus tard.»

Péguy F. C. [email protected]

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Bâtis

sons

pour

not

re

lende

main

La reconstruction d’un pays dévasté prend du temps, de l’énergie et de la patience. C’est pourquoi le thème de cette année pour l’Entrepreneur de l’Année en Haïti est « Bâtissons pour notre Lendemain» - exactement ce que tous les entrepreneurs que nous avons rencontrés depuis 2010 ont été si déterminés à faire. Le programme Digicel Entrepreneur de l’Année vise à identifier, récompenser et cultiver les entrepreneurs - nouveaux chefs d’entreprise - dont le dynamisme et l’initiative peuvent donner à Haïti de nouvelles bases économiques. La compétition débutera avec quatre finales régionales. De ces finalistes régionaux émergeront les 24 prétendants pour le titre national. Pour plus de détails et une forme de candidature:visitez www.digicelhaitientrepreneur.com ou téléphonez 46 44 27 47

Si vous êtes un entrepreneur, nous vous invitons chaleureusement à participer au

programme Digicel Entrepreneur de l’Année

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Jeudi 28 juin 20126EliminatoirEs CoupE du mondE u17 Emirats arabEs

Le sélectionneur national des moins de 17 ans, Maxime Auguste, a levé le voile hier sur la constitution générale de l’équipe

haïtienne qui disputera le premier tour des éliminatoires de la Coupe du Monde U-17 dans le groupe A de la zone caribéénne du 5 au 9 juillet prochain. Le sélectionneur en a profité pour mettre les points sur les « i » des objectifs de l’équipe haïtienne.

Calme et détendu avant une séance d’entraînement, le sélec-tionneur national des moins de 17 ans, Maxime Auguste, s’est ouvert à Ticket Sport, mardi, sur la prochaine échéance qui attend ses poulains. Si la victoire un peu compliquée et en son absence de sa formation (4-2) aux dépens de Jaguar de Gressier fait jaser, Maxime qui avait dû abandon-ner ses protégés à cause d’une chute de sa femme enceinte de plusieurs mois, connaît la chanson et ne s’en préoccupe pas trop. Interrogé sur ses inquiétudes pour le moment, il met l’accent sur l’absence de compétition et le stress inhérent à toute type de compétition. « Mes inquiétudes, c’est d’abord le manque de compétition. Il faut des compétitions pour rendre une formation compétitive. Ensuite, le stress habituel inhérent à ce qu’une compétition apporte comme exigence ». Pour le système de jeu, le sélec-tionneur penche pour un 4-2-3-1 qui

peut-être modifié suivant le besoin. Car s’il a quelque souci, l’ancien bu-teur de l’ASC se réjouit du potentiel offensif de son équipe. « Ma quié-tude relève de la force d’attaque de l’équipe. On a trois superbes finisseurs et ces trois la sont des bons buteurs » continue-t-il.

A un peu plus d’une semaine, Maxime et son staff tergiversent encore sur la liste qui disputera cette première phase des éliminatoires. Certes, ils ont une idée de l’ossature de l’équipe type mais il reste encore à faire pour retenir les 7 autres qui composeront le groupe retenu. Sur son défenseur central Arcus Carlens

dont certains reprochent trop de sang froid devant le but, Maxime estime : « La vitesse d’Arcus ne m’inquiète pas pour le premier tour car ce qui lui manque, c’est l’expérience des compétitions. Je pense que d’ici au 2e tour, il va s’améliorer à plus de 30% et après, l’expérience fera le reste ».

Sur le fait de partir à l’aveugle contre des formations dont il n’a aucune information, Maxime avance : « Il y a une certaine inquiétude à jouer contre des formations dont on n’a aucune information. Il y a de cela quelques années j’ai joué à Curaçao à la tête de la sélection U-17 qui com-prenait Guilliano Philippe et James Saint-Cyr et il nous avait donné une bonne réplique. Ils se révélaient très coriaces. Aujourd’hui, je n’ai aucune information du groupe qui viendra nous défier et c’est un peu inquiétant. Cependant, nous allons nous préparer à rencontrer quelque soit la formation qui sera devant nous. L’objectif est d’abord de passer ce tour des élimina-toires, ensuite d’aller jusqu’à la ronde finale de la Concacaf. Nous devons atteindre ce premier objectif avant de fixer d’autres », a-t-il avancé.

Sur la provenance des joueurs dont la majorité est le produit de l’Ecole nationale des talents sportifs (ENTS) mis en place dans le contexte de l’ « Opération 2018 » et une bonne partie du Centre de Formation Sepp

Quiétudes et inquiétudes de Maxime AugusteBlatter mis en place par la Fédéra-tion haïtienne de football, Maxime Auguste estime que la coexistence des deux centres de formation est bénéfique pour le pays dans la mesure où ils sont complémentaires : « J’ai pu trouver de part et d’autre de ces deux centres les éléments nécessaires à la formation du groupe ».

Lors de leur dernier match amical disputé contre Jaguar de Gressier le 23 juin dernier, les moins de 17 ans ont révélé qu’ils avaient un bon ba-gage technique sur le plan individuel, il restait surtout à gommer certaines choses pour en faire une équipe de football.

Au cas où Maxime Auguste choi-sirait de jouer en 4-2-3-1 réellement, la formation type de l’équipe haï-tienne pourrait se composer comme suit : Peterson dans les buts – Frédéric Stevenson, Saint-Fleur Wilbens, Arcus Carlens, Destiné Ronaldo en défense – Richelin Etienne, Mike Guillaume ou Ericson Fédé– Derival Jean Wisner, Jean-Marie Ronaldo, Philippe Ter-son – Jonel Désiré comme seul avant centre

Haïti jouera ses 3 matches comp-tant pour cette première phase les 5, 7 et 9 juillet selon le calendrier suivant. Les matches de l’équipe haïtienne sont tous programmés à 19h c’est-à-dire 7h du soir.

Enock Néré

Championnat national dE d1

L’Aigle Noir s’offre un cadeau d’anniversaire

L’Aigle Noir du Bel-Air a profité, jeudi, de la réception de l’América des Cayes en match décalé comptant pour la 14e journée du championnat national de D1 pour s’imposer 3-0 et prendre la place de leader aux visi-teurs afin de mieux célébrer son 60e anniversaire.

Pour cette occasion, l’Aigle Noir qui accueillait l’América des Cayes , leader de la compétition depuis 6 journées, avait du pain sur la planche. La raison est simple. Invaincu depuis la 2e journée, les Cayens faisaient cavaliers seuls depuis la 8e journée même s’ils se montraient un peu à bout de souffle depuis la 12e journée. Dès l’entame de la partie, les Cayens se montrent très entreprenants au point que les spectateurs ont pu as-sister à douze minutes de rêve. Mais, Wedson Anselme joue sur un nuage, et il lui faut seulement 13 minutes pour inscrire un but dans une position impossible et ouvrir le score en faveur de l’Aigle Noir.

Cueillis presqu’à froid, les Cayens perdirent un peu de leur vélléité même s’ils continuaient de croire dans une éventuelle égalisation. Mais, déjà privés de Kenz Germain, mais aussi

du meilleur buteur de la compétition, Jocelyn Sénat, Wild Donald Guerrier lui, se fera expulser de la rencontre à quelques minutes de la mi-temps, pour s’être fait justice sur un des défenseurs de l’Aigle Noir qui l’avait blessé à l’arcade sourcillaire. Les Cayens devront jouer à 10 pendant plus d’une mi-temps. Les deux forma-tions rentrent aux vestiaires avec 1-0 à l’avantage de l’Aigle Noir.

En seconde période, l’América repart pied au plancher pour refaire son retard. Cependant, les joueurs de l’Aigle sont constamment pré-sents dans les duels et parviennent à conserver leur maigre avantage jusqu’à ce que Wedson Anselme fasse à nouveau un coup d’éclat. Parti depuis la ligne médiane, il provoque et progresse jusqu’au niveau de la surface de réparation pour battre le portier cayen d’une frappe superbe du pied droit (86e) et aggrave le score. L’Aigle Noir mène 2-0 et il ne reste plus que 4 petites minutes à jouer.

Quand deux minutes plus tard, Chery Johnley réalise un pont aé-rien sublime sur le portier sorti en trombe pour marquer dans les buts vides, ce n’était que sceller le sort de

la rencontre. L’Aigle Noir s’impose 3-0 et s’offre la première place du classement pour mieux commémorer ses 60 ans.

A noter qu’en se prononçant en faveur du Valencia qui gagne sur tapis vert 3-0 aux dépens du Violette en

match comptant pour la 8e journée aller, la commission d’appel propulse le Valencia à la 4e place désormais avec 23 points, soit deux de mieux que le Cavaly.

Enock Néré

luckner J.horat (aigle noir) et pierre ronald sainvil (américa des Cayes) (photo : Yonel louis)

maxime auguste (photo : Yonel louis)

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Jeudi 28 juin 2012 7Euro2012

L'avant-centre Mario Balotelli, qui a inscrit deux buts rageurs, a propulsé l'Italie en finale de l'Euro-2012 face à une Allemagne des mauvais jours (2-1).

La Nazionale ira défier l'Espagne, dimanche, à Kiev, pour essayer de remporter son deuxième sacre continental après celui de

1968.Au coup d'envoi, Joachim Löw

avait une nouvelle fois décidé de sur-prendre, en titularisant Toni Kroos au milieu, à la place de Reus, alors que Podolski récupérait sa place à gauche et Gomez la sienne à la pointe de l'attaque.

Après avoir répété toute la se-maine que son équipe voulait imposer son jeu et ne pas trop se déterminer en fonction de l'adversaire, le voilà qui densifiait son milieu de terrain pour répondre à la menace Pirlo.

Si son plan pour isoler le métro-nome italien marchait assez bien dans un premier temps, l'Italie, fidèle à sa philosophie de jeu depuis le début de la compétition, s'attachait à bien faire circuler la balle et contrôlait le rythme du match.

Elle trouvait même facilement son attaquant Antonio Cassano, qui se promenait très librement entre la défense et le milieu de terrain ad-verses.

Ce n'est donc pas un hasard si c'est lui qui enrhumait Hummels à la 20e minutes sur la gauche de la surface de réparation et servait Ba-lotelli qui trompait de la tête Neuer (1-0, 20).

L'Allemagne s'était pourtant créé plusieurs occasions, comme une tentative de Hummels sur corner, repoussée sur sa ligne par Pirlo (5). Elle continuait après l'ouverture du score, Buffon étant magnifiquement à la parade sur une frappe de Khedira (35).

Mais sur le contre qui suivait le corner, une énorme erreur de mar-quage allemande laissait Balotelli filer au but pour battre, encore une fois, mais du droit, Neuer en pleine lucarne (2-0, 36).

Vaine réduction du score d'Özil

A la mi-temps, Löw sortait un Podolski emprunté et un Gomez des mauvais soirs, pour faire entre Reus et Klose.

Les Allemands essayaient de met-tre davantage de rythme, soutenu par leurs nombreux spectateurs qui donnaient enfin de la voix après une première période bien silencieuse. Les Italiens choisissaient, quant à eux, d'accepter de subir davantage. Les centres se multipliaient devant les buts de Buffon, mais cette domination restait bien stérile.

Balotelli propulse l’Italie en finale

Il fallu presque attendre l’heure de jeu et un coup franc de plus de 25 mètres, joliment tiré par Reus, mais bien dégagé de ses mains fermes par le portier italien pour qu’un frisson parcoure l’échine des supporteurs italiens.

A la 64e, Cassano, excellent, cédait sa place à Thiago Motta et les Allemands, malgré des séquences de jeu évoquant parfois plus le handball que le football, n’arrivaient plus à se montrer dangereux.

C’est au contraire les Italiens qui étaient tout prêts de définitivement enterrer le suspense sur plusieurs contres, mais une glissade ici ou des tirs mal ajustés là les en empêchait.

Manuel Neuer montait même de sa cage sur le dernier corner de la partie, comme un symbole de l’impuissance allemande au cours de cette soirée.

Même la réduction du score sur penalty d’Özil (90+2) ne suffisait pas à remettre en cause cette suprématie

dans le jeu.L’Allemagne n’a donc toujours

pas battu l’Italie dans un match de compétition officielles, et vit là une nouvelle désillusion, après les finales de Coupe du monde perdues en 1970 et 1982 et l’élimination en demi-finale de celle de 2006 qu’elle disputait pourtant à domicile.

L’avènement de Super Mario Balotelli

- Depuis quatre ans que l’Italie et le monde se demandent ce que vaut vraiment Balotelli, la réponse a éclaté comme un éclair dans le ciel de Varso-vie: “Super Mario” a réussi un doublé tout en puissance qui a terrassé l’Alle-magne (2-1) et envoyé les “Azzurri” en finale de l’Euro-2012.

Cesare Prandelli a eu raison d’insister. “Balo” a remboursé de sa confiance son sélectionneur, qui l’a maintenu dans l’équipe “quand tous les tifosi et les médias le voulaient sur le banc”, expliquait lui-même l’entraî-neur italien.

“MadMario” a ouvert le score d’une puissante tête sur une action géniale d’Antonio Cassano (20). Il a mangé son goûter sur la tête d’Hol-ger Badstuber et pris Manuel Neuer à contre-pied.

Puis il a fermé le match en dé-cochant un carreau d’arbalète dans la lucarne du gardien allemand (36), sur un lancement habile de Riccardo Montolivo.

Balotelli le taciturne avait souri d’une oreille à l’autre sur le premier but, mais sur le second, celui de la confirmation éclatante de son talent, il a retrouvé son naturel et toisé le pu-blic, le monde entier sûrement, maillot ôté, pectoraux saillants et regard dur. Avec un carton jaune à la clé.

Comme un bon élèveMais il a dû goûter cet instant de

revanche sur des années de critiques depuis ses débuts en professionnel, en 2007-2008 à l’Inter Milan.

Les disputes avec José Mourinho qui le trouvait ingérable? Les feux d’artifices qui faillirent mettre le feu à sa maison? Les fléchettes lancées à un stagiaire de Manchester City? Les quatre cartons rouges en deux saisons en Angleterre? Les bagarres avec ses coéquipiers? Evaporés en deux gestes magnifiques.

Et il en a réussi d’autres dans ce match, comme cette passe de 40 m parfaite pour son complice Cassano (34), mais Montolivo s’est emmêlé devant le but et a empêché cette ac-tion de rejoindre la légende du match de Balotelli.

“Il a été excellent, comme toute l’équipe, s’est félicité Prandelli après la demi-finale. Je crois sincèrement qu’une équipe doit avoir un projet de jeu, et il y a souscrit avec son style propre, il a effectué une grande performance ce soir.”

balotelli sans pitié pour les allemands

Page 8: Yolda chroniqueuse pionnière

8 29 juin 2012No 651

Dossiers Interdits

XXIII

Résumé épisode précédent : Ralphden a contacté la SAD pour une raison assez curieuse. Il va moderniser sa boutique dans un marché public dans une communauté reculée. Il est certain qu’il sera victime de la jalousie des gens du village. Toute transgres-sion de ce qui est conçu, ici, comme l’égalité, est punie de mort.

(Rapport de Bernard Sourbier, agent spécial de la SAD)

Je suis arrivé dans la communauté en question pour cette étrange mission consis-tant à empêcher une punition pour une trans-gression non encore effective. Notre client Ralphden doit moderniser sa boutique dans le marché public. Ainsi, il va rompre le pacte tacite d’égalité de la communauté. Pour cela, il risque la peine de mort. Je dois retrouver les gardiens de l’ordre, les dissuader d’agir et les neutraliser au besoin.

Ralphden a établi pour nous la liste plus ou moins complète de ses amis. En fait, dans ces petites communautés, tout le monde connait tout le monde. Cela a donné plus d’une trentaine de personnes et il a été impossible pour lui de prendre du recul, de travailler sur ses souvenirs pour chercher un fait, un détail qui aurait pu nous éclairer sur l’identité des gardiens.

Sur les conseils de René Ouari, je suis allé voir son ami, le curé Balmir. J’ai eu une longue conversation avec lui. Il est né dans la région et exerce son ministère depuis maintenant plus de trente ans. Il doit avoir de bonnes relations à l’archevêché pour être encore en poste dans cette communauté. Il a été heureux de voir quelqu’un de la SAD. Il m’a demandé des nouvelles de son ami Ouari et il a répondu sans aucune difficulté à toutes mes questions. Il a paru surpris de notre thèse sur les gardiens de l’ordre.

- C’est la première fois que quelqu’un dans ce pays arrive à tel degré de réflexion sur un fait aussi important de notre culture, s’étonna-t-il.

- René Ouari a beaucoup travaillé sur ce concept d’égalité dévoyé et des conséquen-ces de sa transgression, lui dis-je.

Le père Balmir hocha la tête, visiblement intéressé.

- Il est vraiment fort, mon ami René. C’est logique, en effet. Il ne serait pas possible à chaque personne de sévir pour chaque cas jugé par lui de transgression. Il faut forcé-ment qu’il s’adresse à quelqu’un qui, lui, peut infliger la punition. Ce serait une sorte de tribunal.

- Pas un tribunal… Cela signifierait que le coupable soit entendu. Ce n’est pas le cas. Ce sont des gens qui s’arrogent tous les droits en pensant ainsi protéger la communauté. Mais en fait, il y autre chose.

- Quoi ? demanda le curé.- La haine de l’individu. L’individu doit être

noyé dans le collectif. Une société est scléro-sée avec une telle mentalité.

- C’est du Ouari tout craché, dit le curé. Vous allez commencer comment votre en-quête pour trouver ces gardiens ?

- Vous êtes de la région. En général, ce sont dans les sosyete qu’on discute de ces choses. Alors vous allez me donner quelques noms.

- Je ne fréquente pas ces gens, protesta le prêtre.

Quelque chose dans sa voix sonnait faux.Vous êtes de la région, insistai-je.Il toussa, se mit à tourner son rosaire dans

sa main gauche.À ma connaissance, il n’y a qu’une sosyete

dans la région. Voyez Milcent, le mendiant devant l’église. On dit que c’est lui le chef.

Milcent ! Raphden n’avait pas mentionné ce nom dans ses connaissances. Ce n’était pas étonnant. On ne met jamais un men-diant dans la liste de ses amis. On côtoie un mendiant dans la rue devant une église, dans un cimetière ou devant un hôpital, on lui fait l’aumône si possible, puis on l’oublie.

- Mais pourquoi Raphden ne fait-il pas autre chose avec l’argent que lui a envoyé son fils ? se lamenta le curé. Ce serait plus simple que de se mettre à dos les gens de la communauté.

- Nous, nous voulons que Ralphden avance dans son projet. Ouari croit que c’est une bonne occasion de donner un petit coup de balai à une conception rétrograde de l’égalité.

- J’espère qu’il a raison, marmonna le curé.

*Je me suis fait passer pour un ami de

Port-au-Prince venu aider Ralphden à avancer dans son projet de moderniser sa boutique. J’ai rencontré quelques-uns de ses amis. Tous paraissaient assez intéressés par le projet de Ralphden et voulaient savoir comment ce dernier comptait s’y prendre. Personne n’était au courant de l’argent que lui avait envoyé son fils de Guyane. Je sentais chez beaucoup une pointe de jalousie, mais rien vraiment de singulier qui puisse me mettre sur la piste de celui qui donnerait la punition. Ouari avait certainement raison. Ce n’était pas possi-ble que tous ces gens se concertent pour neutraliser un coupable. Il y avait forcément quelqu’un ayant une connaissance suffisam-ment grande de la communauté pour exercer ce rôle trouble de gardien de l’ordre.

Après avoir parlé aux amis de Ralphden, je suis allé traîner devant l’église. Un mendiant unijambiste vint vers moi, recroquevillé sur sa béquille. Il ne me réclama rien, mais s’arrêta pour m’examiner de ces petits yeux dans lesquels je crus y voir à la fois de la malice et de la méchanceté.

-Tu es venu faire quoi ici ? me demanda-t-il.

Je lui tendis un billet de vingt-cinq gour-des.

- Pas de ce petit jeu avec moi, gronda le mendiant. Je sais que tu as parlé à un tas de gens au sujet de Ralphden. Tu cherches quoi ?

- Tu sais donc que je suis venu ici pour te voir.

- Dis-moi ce que tu cherches, gronda le mendiant.

- Je suis ici pour protéger Ralphden. Je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose.

- Et pourquoi devrait-il arriver quelque chose ? susurra le mendiant.

- Parce qu’il veut une plus grande, une plus belle boutique.

- Mauvais, cela, ricana le mendiant… Mauvais.

- S’il arrivait quelque chose à mon ami, il arriverait encore pire à celui ou à ceux qui l’aurait attaqué.

- Tu me menaces ? dit le mendiant.- Tu te sens menacé ?Le mendiant rafla le billet de vingt-cinq

gourdes.- On ne voit que nous, dit-il… Mais peut-

être faudrait-il que tu cherches autre part. Nous ne sommes pas les seuls malfaiteurs ici.

- Où ? lui demandai-je.- Là où on ne penserait jamais chercher.- Si c’est autre part, pourquoi ne protégez-

vous pas des gens comme Ralphden ?Le mendiant lança un jet de salive vers un

mur.- Jamais ! Il nous méprise. C’est bien par-

fois d’être punis par celui pour qui on éprouve amour et respect.

*Je frappai à la porte du Père Balmir. De la

voix, il me dit d’entrer. Je poussai la porte. Il était assis derrière son bureau.

Je vous attendais, dit-il sans lever les yeux.Je vins m’asseoir en face de lui.- Vous avez trouvé quoi ? demanda-t-il. J’ai

vu que Ralphden a commencé les travaux.- Il suit nos conseils, lui dis-je.- Vous devriez conseiller à Ralphden de

faire attention.- C’est vous qui devriez faire attention, lui

dis-je, en posant mon arme sur son bureau.Il ouvrit de grands yeux.- Qu’est-ce que cela veut dire, Sourbier ?

demanda-t-il.- C’est moi qui pose les questions ?

Pourquoi avoir référé Ralphden à la SAD ? Vous pensiez lancer un défi à René Ouari ? Lui démontrer qu’il ne serait pas capable de résoudre ce petit problème ?

Le prêtre regarda Sourbier en feignant l’étonnement.

- Je ne comprends pas.- C’est le mendiant dont vous m’avez parlé

qui m’a mis sur la piste. J’ai appelé Ouari pour lui demander de faire une rapide enquête sur vous. L’Église n’a pas une haute opinion de vous, père Balmir. Vous êtes ici contre les or-dres de l’archevêque qui préfère maintenant ignorer votre existence. Il semble que vous ayez le bras long. On vous considère comme un véritable malfaiteur. Vous n’avez jamais voulu quitter cette région. Durant ces vingt dernières années, en dépit de vos affectations dans d’autres paroisses, vous avez en fait pratiquement vécu ici. Ce mendiant auquel vous m’avez référé est peut-être le chef d’une sosyete, mais elle n’est pas la seule dans le coin.

Pas un muscle du visage du prêtre ne tressaillit.

Vous feriez un bon romancier, Sourbier.Je pris le revolver, fis monter une balle

au canon et pointai le canon vers le front du prêtre.

- Vous ne le ferez pas.- Qui m’en empêcherait ? La SAD fait tout

pour protéger un client, surtout si elle pense que son client est un innocent.

Nous nous affrontâmes du regard.- Si ce pays tient toujours, c’est à cause de

la capacité de nos communautés à rester sou-dées, dit le prêtre. On doit s’opposer à toute entreprise purement individualiste.

- Les modèles sont importants, répliquai-je. Il faut qu’il y ait des gens qui prennent des initiatives.

- L’individualisme ! Voici le péché, rugit le prêtre.

Je rangeai mon arme.Nous n’allons pas engager la discussion,

mon père. Mais Ralphden va avancer dans son projet. La SAD vous tiendra responsable même d’un mal de tête de notre client. Vous allez assurer sa protection complète à tous les niveaux. Avez-vous compris ?

Il ne répondit pas.René Ouari travaille à un dossier qu’il

aimerait bien envoyer à l’archevêque. Avec un tel document en main, ce dernier n’aura aucun mal à vous neutraliser définitivement. Il y a eu une dizaine de morts suspectes dans le coin qu’on pourrait vous mettre sur le dos. Le mieux à faire pour vous serait que dans un avenir pas trop lointain, vous alliez vous faire oublier sous d’autres cieux.

Je me levai pour me diriger vers la porte.- N’oubliez pas, Ralphden est sous votre

protection !* Le dossier du crabe, client Édouard Ral-

phden, se termine ici, dit Ouari en se versant un autre verre de whisky. Vous ne pouvez pas imaginer qui sont les gardiens de l’ordre dans certaines communautés. Ici, vous n’avez qu’un exemple. Mais je vous assure, vous seriez étonné.

Je l’étais déjà assez. J’achevai mon verre d’un trait.

LE SYNDROME DU CRABE