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Appel à la mobilisation Un village démuni menacé par une sérieuse catastrophe ! Les habitants du village de Ristou et des tribus Ait Boumksi (Ait Zago, Touijine, Ait Boukimal, Ait Aamo, et Ait Mahfoud, Ait Anzi et Ait Boubker) dans la province de Khémisset (Maroc), vivent dans des conditions sanitaires et sociales catastrophiques depuis le début d’exploitation d'un grand projet de production avicole, géré par la société Atlas Couvoir, filiale du groupe Zalagh Holding. Les installations se trouvent sur les terres appartenant à l’origine à la population locale, et qui ont été exploitées pendant des années par un agriculteur grec nommé Aristot kekjes. Lorsqu’il a quitté le Maroc à la fin des années soixante- dix du siècle dernier, suite à la politique de marocanisation, ces terres ont été accaparées par la SOGETA. Le petit village de Ristou est l’endroit vers lequel les six tribus ont l’habitude de réaliser leurs échanges commerciaux. Il reçoit également les enfants de ces tribus qui parcourent de longues distances pour aller à l’école Ait Boumksa, la seule dans cette zone. La population vit d'agriculture saisonnière et de pâturage. Ce projet d’Atlas Couvoir a été marqué par des violations et des dysfonctionnements, au vu et au su des autorités qui ferment les yeux, violant à leur tour le droit des citoyens à l'information, alors que le projet est implanté à proximité de leur territoire et de la seule école primaire de la région. Avant de construire ses couvoirs, la société a fait courir le bruit qu’elle allait construire une usine de « cascher » qui va offrir des opportunités d’emplois, alors qu’elle a construit une immense unité de production avicole en face de l'école primaire, en plus d’autres unités d’élevage de poulets en 1

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Appel à la mobilisation

Un village démuni menacé par une sérieuse catastrophe !

Les habitants du village de Ristou et des tribus Ait Boumksi (Ait Zago, Touijine, Ait Boukimal, Ait Aamo, et Ait Mahfoud, Ait Anzi et Ait Boubker) dans la province de Khémisset (Maroc), vivent dans des conditions sanitaires et sociales catastrophiques depuis le début d’exploitation d'un grand projet de production avicole, géré par la société Atlas Couvoir, filiale du groupe Zalagh Holding. Les installations se trouvent sur les terres appartenant à l’origine à la population locale, et qui ont été exploitées pendant des années par un agriculteur grec nommé Aristot kekjes. Lorsqu’il a quitté le Maroc à la fin des années soixante- dix du siècle dernier, suite à la politique de marocanisation, ces terres ont été accaparées par la SOGETA.

Le petit village de Ristou est l’endroit vers lequel les six tribus ont l’habitude de réaliser leurs échanges commerciaux. Il reçoit également les enfants de ces tribus qui parcourent de longues distances pour aller à l’école Ait Boumksa, la seule dans cette zone. La population vit d'agriculture saisonnière et de pâturage.

Ce projet d’Atlas Couvoir a été marqué par des violations et des dysfonctionnements, au vu et au su des autorités qui ferment les yeux, violant à leur tour le droit des citoyens à l'information, alors que le projet est implanté à proximité de leur territoire et de la seule école primaire de la région. Avant de construire ses couvoirs, la société a fait courir le bruit qu’elle allait construire une usine de « cascher » qui va offrir des opportunités d’emplois, alors qu’elle a construit une immense unité de production avicole en face de l'école primaire, en plus d’autres unités d’élevage de poulets en plus d'une gamme d'unités de géant pour élever des poulets dans les différents stades de croissance. Côté emplois, la société n’a embauché que 12 personnes qui travaillent dans des conditions sanitaires déplorables (absence de masque et de gants).

Les odeurs dégagées par l'unité de production située au milieu du village à quelques dizaines de mètres de l'école primaire provoquent une grande gêne pour les habitants et les enfants, affecte leur santé et les empêche d’avoir une scolarisation dans un environnement sain. En outre, les enfants et les habitants en général souffrent du bruit insupportable des générateurs qui se mettent en marche à chaque panne de courant électrique, ce qui oblige les enfants à arrêter les leçons. Sans omettre les mouvements incessants des camions.

La société ne semble pas se contenter de l’immense unité de production avicole qu’elle a implantée au milieu du village et des unités similaires implantées dans le village Ait Zaghou–Touijine, d’où émanent à la fois des odeurs désagréables et cris interminables de poulets. Elle construit neuf autres unités proche de l’école et des tribus Ait Anzi et Ait Boubker, ce qui met toute la région en face d'un véritable danger à cause de la pollution grave et des risques de maladie.

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Un récent reportage de presse a comporté des témoignages des victimes qui ont révélé des symptômes d’allergie respiratoire et cutanée, en particulier chez les femmes âgées. Il a évoqué également la mortalité du bétail, la pollution sonore, et l’émission d’odeurs désagréables dont l’intensité augmente avec la chaleur.

Il est à noter que l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) a considéré dans un rapport que la production avicole intensive est l'une des industries modernes les plus dangereuses pour l'environnement, la santé, le sol et les eaux souterraines. D’autres études réalisées mentionnent la relation entre ce type de projets et les maladies comme l'asthme, les allergies et la grippe aviaire, en plus de la forte pollution sonore.

Une étude française publiée en 2011 dans la revue américaine Journal of Infections Diseases avait averti de l'existence dans certaines unités avicoles marocaines, d'une nouvelle race de bactéries plus coriaces que les salmonelles. Les chercheurs français qui ont mené l'étude ont exprimé la crainte de la propagation de la salmonellose aviaire (vérifier l’article en question), qui pourrait avoir pour origine l’usage d'antibactériens appelés fluor quinolones, utilisés dans la production de poulet et de dinde.

Ce projet est situé à une courte distance du grand barrage prévu sur le fleuve Bouregreg, qui va renforcer les apports du barrage Moulay Abdellah pour fournir l’eau potable à la région de Rabat et Salé. Or, il y a lieu de craindre des impacts négatifs du projet Zalagh Holding sur la nappe d'eau et donc la qualité de l’eau de ce futur barrage.

Il convient également de noter que la Banque Mondiale est impliquée directement dans ce projet. En effet, sa filiale SFI est devenue actionnaire de Zalagh Holding en vue de développer des projets de grande envergure liés à la production avicole intensive dans le monde rural.

D'autre part, selon certaines informations, la directrice du bureau de la Banque Mondiale au Maroc est une femme d'origine palestinienne, mariée à un homme d'affaires marocain nommé Tazi, qui serait en relation avec les propriétaires de Zalagh Holding. Cette supposée relation soulève la question des critères qui ont permis à cette entreprise d’avoir un actionnaire aussi prestigieux que la Banque Mondiale.

L'expert marocain Najib Akesbi, professeur à l'Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat, a collaboré avec la Banque mondiale comme coordinateur chargé de réaliser la première partie d’une étude relative à « l’impact de la libéralisation de l'agriculture sur le développement rural », avec deux autres experts, Idriss Benatia et Mohammed Almahdi. Ils ont réalisé à enquête sur le terrain et présenté les résultats aux responsables de l'institution financière. Parla suite, Akesbi a découvert, à sa grande surprise, que les chiffres relatifs au programme (dit RuralStruc) ont été modifiés par la vénérable institution financière.

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Akesbi et ses confrères ont demandé, dans un premier temps, à la Banque Mondiale de rectifier son erreur, mais en vain. Ils se sont par la suite adressés au ministre Mohamed Najib Boulif, qui assurait la coordination avec la Banque Mondiale en raison de sa fonction de ministre des Affaires Générales et de la Gouvernance. En vain aussi car il a refusé de les recevoir, même si l’enjeu est la manipulation de chiffres qui engagent le pays entier. Akesbi et ses amis ont décidé à la fin de porter plainte contre la Banque mondiale devant le tribunal de première instance de Rabat, pour faux, usage de faux et usurpation de biens et de noms.

D’autres informations indiquent que ce grand projet de Zalagh Holding dans le village de Ristou et les tribus de Ait Boumksa-Tiddas fait partie des grands projets qui ont été approuvés au niveau de la Primature, sans tenir compte de l'aspect social ni des conséquences sanitaires et scolaires désastreuses.

La loi marocaine régissant le secteur (49 /99) ne fixe pas la distance qui doit séparer ce type d’unité de production des agglomérations d’habitation et des établissements scolaires. Il y est mentionné que cette distance serait fixée par décret. Le gouvernement ne semble pas pressé pour élaborer ce décret ou ouvrir un débat le concernant.

La FAO recommande l’implantation des unités d’élevage intensif d’animaux et des unités avicoles dans des zones éloignées des habitations. C’est ainsi que le gouvernement égyptien a décrété en 2013 une distance obligatoire de 10 à 15 kilomètres pour protéger la population des conséquences néfastes de ces activités.

Face à cette situation, les habitants du village de Ristou-Ait Boumska qui subissent ces nuisances ont organisé plusieurs sit-in de protestation, mais les autorités ont joué la sourde oreille. Pour organiser leurs actions de plaidoyer, ils ont constitué la « Coalition locale de la commune de Tiddas contre la production avicole intensive », composé de 14 associations.

La coalition revendique le gel immédiat des nouvelles unités et le réexamen de l'ensemble du projet en vue de préserver la santé et de sécurité des enfants et de la population, et de s’assurer que ni la qualité du sol de la région ni ses eaux souterraines n’en seraient affectées.

Le petit village de Ristou-Tiddas est trop impuissant devant une politique d’un gouvernement qui ferme les oreilles et patauge. Il a besoin d’un soutien et d’une mobilisation à grande échelle.

Tiddas le 9 Mars 2014

Coalition locale de la commune de Tiddas contre la production avicole intensive

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