Zaleski Transfertstechnologie OCDE 80 07 Chap5 7

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    Chapitre 5

    LINFLUENCE DES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIESUR LCONOMIE DES PAYS DE LEST

    1. LA PLANIFICATION CENTRALISE,LINNOVATION ET LE PROGRS TECHNIQUE EN URSS

    a) La planification centralise et linnovation

    Le progrs scientifique et technique a constitu un des objectifs fondamentaux du Particommuniste dUnion sovitique depuis quil a pris le pouvoir. Ladhsion au CAEM de la

    plupart des pays dEurope centrale aprs la deuxime guerre mondiale a rendu ce problme

    encore plus aigu et lui a donn des dimensions nouvelles.Cette insistance du pouvoir favoriser le progrs scientifique et technique sest traduite

    dans la mise en uvre de tout un systme de planification et de gestion de la R-D. Les moyensadopts ont t amplement dcrits dans une tude de lOCDE sur la politique scientifique enURSS1. Il faut cependant insister sur le fait que le mcanisme et les organes chargsdintroduire le progrs scientifique et technique par des mthodes administratives ont trcemment encore renforcs en URSS2.

    Ce renforcement porte tout d abord sur la place accorde aux plans de dveloppementde la science et de la technologie dans le cadre des plans nationaux. Ces plans figurentdsormais dans le premier chapitre du plan national, avant les objectifs de production. Enmme temps, des plans perspectifs de 10 15 ans ont t labors pour le dveloppement dela science et de la technique ainsi quun plan pour les cinq annes venir (1976-1980). Les

    prvisions de ce dernier intressant plusieurs branches, elles ont t concrtises au moyen deplans de coordination placs sous la responsabilit dun ministre principal qui

    prvoit les ressources financires et matrielles ncessaires. Ces plans de coordination ontt rcemment remplacs par des programmes scientifiques et techniques (200environ)surtout destins orienter la R-D vers la ralisation pratique et coordonner les plans deR-D avec les plans dinvestissement et dapprovisionnement matriel et technique. Il sembleaussi quun contrle plus dtaill des projets prioritaires soit envisag.

    1 E. Zaleski, J. P. Kozlowski, H. Wienert, R. W. Davies, M. J. Berry, R. Amann,La politique dela science en URSS, op. cit.2 Louvan E. Nolting , The 1968 Reform of Scientific Research, Development and Innovation inthe USSR,US Department of Commerce, septembre, 1976. Voir galement Eugne Zaleski, Planning and Financing of Research and Development in the USSR, dans Soviet Science and Technology,Domestic and Foreign Perspectives, John R. Thomas et Ursula M. Kruse-Vaucienne, d. op. cit.,

    pp. 276-304.

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    Les rformes dans le domaine de la planification ont t compltes par des rformes degestion. On a encourag la cration dorganismes de recherche complexes, regroupant

    plusieurs organes dun ministre, et spcialiss dans le perfectionnement de la technologieintressant une section du ministre* On a galement organis des unions scientifico-

    productives par la fusion de diffrents organismes de recherche et des units de production,sefforant ainsi dabolir les barrires administratives. Finalement, le gouvernement

    sovitique a subordonn la plus grande partie des organisations de recherche aux units deproduction par la cration dunions de production et dunions industrielles. Lespouvoirs de contrle des organes centraux dans le domaine de la recherche et de linnovationont ainsi t renforcs.

    Dautres mesures prises dans le domaine de la R-D concernent le calcul de son efficacit(on prconise actuellement lintroduction dun ensemble de critres tenant compte desindices techniques, technico-conomiques, statistiques, etc.) et le renforcement des stimulants matriels de linnovation.

    Cette pression continue des pouvoirs publics des pays de l Est pour favoriser le progrsscientifique et technique suffit-elle assurer une innovation efficace? Plusieurs expertsoccidentaux ne le pensent pas. En 1969, R. W. Davies, M. J. Berry et R. Amann ont insist

    sur les obstacles qui sopposent linnovation: insuffisance des moyens de dveloppement,rpugnance des usines linnovation, cloisonnement administratif et absence de coordination sectorielle3. Les risques quune entreprise sovitique prend en innovant et la faiblessedes stimulants matriels ont t clairement souligns.

    Ces critiques lgard de linnovation en URSS sont toujours dactualit. Commelindique Joseph Berliner, la dcision dinnover augmente le risque dans toutes les relationsexternes de lentreprise avec les fournisseurs, les clients, les contrleurs des prix, etc. Lastratgie des entrepreneurs sovitiques consiste alors minimiser le rythme et la dimensiondes changements dans le processus de production4. Les rcentes rformes conomiques ontlimin quelques-uns des obstacles les plus saillants linnovation, par exemple lutilisationdu critre de la production brute comme indicateur de succs de lentreprise5. Il subsistecependant dautres obstacles inhrents au systme de planification administrative: le calculde lefficacit des investissements en particulier reste parfaitement arbitraire et rcompense,non pas lefficacit de linnovation, mais la tnacit des pressions exerces sur le pouvoir

    pour quil accepte les calculs proposs. La planification administrative reste peu favorable linnovation, de mme que la structure des prix et des stimulants. Selon les estimations deJoseph Berliner, le montant des primes linnovation est tel quil compense peine la pertedes primes principales6. Plus gnralement, Joseph Berliner estime que ce qui manque, etqui est si important dans toute conomie, cest linnovation indpendante base surlinitiative personnelle7. Un point de vue similaire mais plus nuanc est exprim par DavidGranick8. Tout en rendant le systme sovitique des stimulants responsable des dfauts de

    linnovation, il estime que les conomies planifies dune faon imprative pourraientadopter des systmes de stimulants plus appropris linnovation comme cest dj le cas enRpublique dmocratique allemande9.

    Dautres auteurs, qui reconnaissent la responsabilit du climat (environment) danslequel opre lentreprise sovitique, insistent aussi sur les aspects technologiques qui freinent

    3 R. Amann, M. J. Berry et R. W. Davies, La science et lindustrie en URSS , dansLa politiquede la science en URSS, op. cit., pp. 425-444.

    4 Joseph S. Berliner, The Innovation Dcision in Soviet Industry, op. cit., 1976, p. 524.5 Ibid.6 Joseph S. Berliner, Prospects for Technological Progress, dans Soviet Economy in a New

    Perspective, op. cit., p. 445.7 Ib id .8 David Granick, Soviet Research and Development Implementation in Products: A

    Comparison with the German Dmocratie Republic dansInternational Economies - Comparisonsand Interdependences,Festschrift fur Franz Nemschak, dit par Friedrich Levcik, Vienne, New York,1978, pp. 37-56.

    9 Ibid

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    Selon Thane Gustafson, lUnion sovitique dpense autant pour la science que lesEtats-Unis, mais ses rsultats sont moins brillants. Que lon mesure daprs le nombre de prix

    Nobel, la frquence des citations dans les travaux spcialiss ou simplement en nombre depublications, les scientifiques amricains sont en avance par rapport leurs collguessovitiques dans la plupart des domaines.

    Gustafson met en garde ses lecteurs contre une interprtation sommaire qui en

    attribuerait la cause aux difficults politiques ; laffaire Lysenko et le cas Sakharov en sont desexemples clbres. La science jouit en URSS dun prestige considrable et un chercheursovitique peut com pter plus que son collgue amricain sur un soutien continu et sr.Donc, lexception, trs importante, des contrles des dplacements ltranger, lesdifficults de la science sovitique ne sont pas dues des interfrences politiques ouidologiques15. Le problme rside dans la gestion et lorganisation. Les solutions adoptesaux Etats-Unis sont plus efficaces et favorisent davantage le progrs scientifique. Tant quecet environnement demeurera, lcart entre les Etats-Unis et lURSS nest pas prt dtrecombl16.

    Gustafson fait ressortir cinq lments qui permettent dtoffer ses conclusions:i) La science sovitique est relativement plus forte dans les domaines o elle dpend

    relativement moins de lappui matriel (instruments, matriaux et quipementsperfectionns). Le domaine le plus caractristique est celui des mathmatiques. Lessavants sovitiques sont trs forts dans les mthodes papier-crayon (blackboardside) et dans dautres disciplines comme la physique des matires condenses,lastrophysique thorique, la sismologie thorique, la psychologie mathmatique,la thorie des particules lmentaires et la physique des plasmas. Mais ds quon serapproche du stade exprimental, la science sovitique faiblit. Lutilisationdinstruments trs labors et en volution rapide a fait reculer les Sovitiques dansdes domaines comme la chimie organique, la biologie molculaire et autressciences biologiques, et dans plusieurs branches de locanographie et de ltude de

    latmosphre.i) La science sovitique est souvent lente accepter des changements conceptuels,surtout quand ils rsultent de lobservation dans dautres disciplines. La radioastronomie na, par exemple, que rcemment obtenu un statut gal celui delastronomie optique.

    ii) Dans certains domaines, les scientifiques sovitiques font un travail de premierrang en soutenant un effort continu dans les spcialits traditionnelles commellectrochimie, la biologie, la gologie et locanographie.

    iv) Dans certains domaines o les Sovitiques ont fait une perce significative, ils n ontpas t en mesure de conserver leur avance. Cela concerne, par exemple, lestravaux de Kapitsa et de Landau dans la physique des basses tempratures, ou

    llectronique acoustique.v) La science sovitique occupe la position de leader dans les domaines prioritaires : laphysique nuclaire et la recherche sur le laser constituent les exemples les plusremarquables. Il en est ainsi galement dans la recherche biologique. LesSovitiques occupent aussi une place dominante dans les domaines qui ncessitentdes installations lourdes comme cest le cas dans la physique des plasmas.Cependant, la priorit ne garantit pas toujours aux savants sovitiques leur

    position dominante et leur avance disparat lorsque les pays occidentauxconstruisent leurs propres installations. Les physiciens sovitiques ont t les

    premiers mettre au point les procds de fsion (Tokamak magnetic-bootle)mais, depuis 1970, ils ont perdu leur avance. Le plus grand acclrateur a tconstruit Serpukhov, mais lavance est passe depuis au Fermilab, auxEtats-Unis.

    15Ibid., p. 1.16 Ibid, p. 3.

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    Comme lindique Gustafson, il sagit l de gnralisations, et toute discipline connat,dans chaque pays, des rsultats ingaux. Trois traits fondamentaux de la science sovitiquedoivent cependant tre souligns17:

    Les instituts de recherche sovitiques, grands et solides, se caractrisent par leurrigidit et leur conservatisme et sont souvent influencs par des considrationsextra-scientifiques. Aux Etats-Unis, le systme dcentralis, orient vers des

    projets spcifiques, est plus souple, mais il peut aussi tre instable et plein detensions: Le systme dducation sovitique spare les tudes suprieures (avant le doctorat)

    de la recherche et cre des situations de dpendance qui rduisent linitiative desjeunes chercheurs.

    Les deux systmes sovitique et amricain subissent la crise des quipementsdue aux progrs rvolutionnaires raliss dans ce domaine au cours de la derniredcennie.

    c) Les tentatives dapprciation globale du progrs technique en URSS

    Lapprciation globale du progrs technique prsente des difficults considrables.Toutes les recherches portant sur la croissance et la productivit des facteurs (capital, travailet progrs technique) ne peuvent donner que des rsultats approximatifs (Voir tableauA-40). Bien que le nombre des tudes disponibles et la somme de travail quelles reprsententsoient impressionnants, le progrs technique quelles font ressortir en termes de fonctionsde production a un caractre rsiduel (le progrs technique napparat quaprs lestimationde la contribution des autres facteurs de la croissance, comme le capital et le travail) etmesure souvent plutt le niveau relatif du dveloppement conomique des diffrents

    pays18.Des tentatives intressantes ont cependant t entreprises aux Etats-Unis et au

    Royaume-Uni pour valuer le progrs technique de lURSS en tenant compte dun certainnombre dindicateurs faisant apparatre des performances techniques. La premire tentativeest celle de Michael Boretsky; elle porte sur la priode 1940-1962 et compare les

    performances de lURSS celles des Etats-Unis19. La seconde, effectue par le Centre deBirmingham, sous la direction de R. W. Davies, compare les performances de lURSS dune

    part, celles des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni et de lAllemagne, dautrepart.

    Le tableau 37 prsente les rsultats des recherches de Michael Boretsky adapts par leCentre de Birmingham20. On peut en conclure que le rythme du progrs technique a t plusrapide aux Etats-Unis quen URSS au cours de toute la priode 1940-1962. Les Etats-Unisont avanc plus vite pendant les annes 1940-1955 car leur capacit industrielle navait pas

    subi de destructions alors que lURSS avait t dvaste pendant la guerre; dautre part, lareconstruction des branches civiles sovitiques au cours des annes 1946-1950 et 1951 -1955,

    bien que trs rapide, sest fonde en grande partie sur la technologie davant-guerre21. Unelgre amlioration des performances sovitiques apparat entre 1955 et 1962.

    17 Thane Gustafson, op. cit., pp. 6 et 7.18 Ronald Amann, Some Approaches to the Comparative Assessment of Soviet Technology :

    Its Level and Rate o f Develop me nt , dans R. Amann, J. M. Cooper et R. W. Davies, d., TheTechnological Level of Soviet Industry, Yale University Press, New Haven et Londres, 1977, pp.12-15.

    19 M. Boretsky, Comparative Progress in T echnology, Producti vity and Economie Efficiency :USSR vs USA, dansNew Directions in Soviet Economy, op. cit., pp. 133-256.

    20 La mthode de Boretsky a t critique aux Etats-Unis, notamment par Joseph Berliner (TheASTE Bulletin,Autumn, 1971, pp. 18-24). Ladaptation du Centre de Birmingham tient compte de ces critiques et ne retient que les indicateurs qui, selon lui, sont acceptables sans quivoque.

    21 G. Warren Nutter, T he Structure and Growth of Soviet Industry: A Comparison with theUnited States, dans Comparisons of the United States and Soviet Economies, Joint EconomieCommittee, 86th Congress, lst Session, Part I, US Government Printing Office, Washington, D.C.,1959, p. 105.

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    Ltude du Centre de Birmingham, dont les rsultats sont reproduits au tableau 38,prolonge les recherches de Boretsky jusquen 1973 (la priode 1955-1962 est tudie la foispar Boretsky et par le Centre de Birmingham) et les tend trois autres pays: Japon,Royaume-Uni et Allemagne.

    Tableau 37Indicateurs du progrs technique: Comparaison des taux de croissance dans lindustrie

    de lURSS et dans celle des Etats-Unis 1940-1962

    IndicateurTaux de croissance de: 1940-55 1955-62

    1940-62

    Consommation dnergie lectrique par ouvrier engag dansla production = = -

    Puissance maximum des chaudires vapeur pour laproduction de llectricit + =

    Longueur des lignes de transmission haute tension aveccourant alternatif (puissance de plus de 400 kV) n.d. + +

    Proportion daluminium et de magnsium dans laconsommation totale de mtaux Part de la production dacier larc lectrique

    ou par le processus de loxygne (O2) Part des machines-outils pour faonnage des mtaux

    dans le stock total des machines-outils Production de machines-outils commande numrique nulle Production de fibres synthtiques et de matires plastiques = Production de fibres chimiques + + +Nombre de tlphones dans le pays +

    Nombre dindicateurs avec:croissance plus rapide de lURSS 1 2 1

    croissance plus rapide des Etats-Unis 4 3 4croissance approximativement gale 2 2 2

    Source:M. Boretsky, art. cit.,pp. 133-256 ; adapt par R. W. D avies : The T echnological Level o f Soviet Industry :an Overview ,dans The Technological Level of Soviet Industry, op. cit., p. 49.

    Dans lensemble, le rythme de dveloppement du progrs technique a t lgrementplus rapide en URSS quaux Etats-Unis et quau Royaume-Uni, mais moins rapide quenAllemagne et beaucoup moins rapide quau Japon. En URSS, le ralentissement des annes

    1965-1970 a t suivi dune amlioration au cours de la priode 1970-1973.Il est intressant de noter que cette amlioration du rythme du progrs technique enURSS a t associe une rduction des taux daccroissement de la production industrielle.Bien que le taux de croissance sovitique soit rest plus lev que celui des principaux paysindustriels Japon except lcart sest amenuis. Mais comme le note R. W. Davies, laconvergence des taux de croissance sest accompagne de diffrences sensibles dans ladiffusion des nouveaux produits et procds de fabrication22. Cela apparat dans lesstatistiques de la production industrielle sovitique : au cours des vingt dernires annes, lesindustries traditionnelles ont continu augmenter fortement, alors que dans les autres paysleur taux de croissance a sensiblement diminu. Il en est de mme pour la production parhabitant dacier brut, de coton et autres produits industriels23.

    22 R. W. Davies, T he Technological Level of Soviet Industry: an Overview, art. cit.,p. 52.

    23 Ibid.

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    Les recherches occidentales dans ce domaine sont encore trs fragmentaires et nous nepouvons citer que les travaux de pionnier du Centre de Birmingham dont les rsultats sur uncertain nombre de produits sont prsents au tableau 39.

    Dans cette tude, la mthode Nabseth et Ray applique aux pays occidentaux est

    utilise pour comparer les taux de diffusion des techniques nouvelles lintrieur de diversesindustries24.Le tableau 39 fait ressortir la domination des mthodes traditionnelles dans les aciries

    sovitiques, mme aprs lintroduction du processus oxygne et du moulage continu, alorsque dans les pays industrialiss de nouveaux procds ont t progressivement implants. Il afallu seize ans lURSS pour les appliquer 20% de sa prcMuction dacier alors que dans lesautres pays cits au tableau 39 ce dlai na t que de cinq douze ans contre deux ansseulement dans certains autres pays occidentaux25. Chaque tape de lintroduction du

    processus oxygne en URSS a t plus lente que dans les pays occidentaux. Comparativement aux Etats-Unis, le retard initial de deux ans a atteint six ans et, par rapport au Japon,lavance dun an sest transforme en un retard de dix ans pour lintroduction du processus oxygne dans la production dacier26.

    Le moulage continu a t appliqu en URSS 5 % de la production totale avec deux quatre ans de retard sur les Etats-Unis, le Japon et PAllemagne, alors que lUnion sovitiqueavait introduit ce procd sept ans avant les Etats-Unis et cinq ans avant le Japon. Unecertaine avance par rapport au Royaume-Uni a cependant t maintenue (voir tableau39).

    On peut observer une volution semblable dans le cas des fibres artificielles. Bien que laproduction de fibres chimiques se soit dveloppe plus rapidement en URSS que dans lesprincipaux pays occidentaux (voir tableau 38), lintroduction des fibres synthtiques a tbeaucoup plus lente. Le retard sovitique de six dix ans en 1948 stait encore accru en 1973

    (voir tableau 39). Le tableau 39 montre galement que lexpansion de la production des fibressynthtiques sest accompagne en URSS dun accroissement de la production traditionnelle de fibres artificielles, alors que cette dernire a tendu diminuer aux Etats-Unis aucours des annes comparables.

    LUnion sovitique prend galement du retard dans lemploi des procds les plusmodernes de transmission de lnergie lectrique. Au cours des annes 1960, elle avait unenette avance pour ce qui concerne la longueur des ligries de transmission haute tension decourant alternatif (mesure en termes de voltage), cette avance stant mme accrue au coursdu premier stade de diffusion. Mais au second stade, lURSS a t rattrape par lesEtats-Unis27.

    Le retard sovitique a t particulirement sensible dans le domaine de la diffusion de la

    production dnergie nuclaire (voir tableau 39). Bien que lURSS ait t la premire produire commercialement lnergie nuclaire, il lui a fallu 21 ans pour que la part delnergie nuclaire atteigne2% de la production totale dlectricit, alors que ce dlai n a tque de six ans pour le Royaumie-Uni, de neuf ans pour lAllemagne et de quatorze ans pourles Etats-Unis. En 1975, lUnion sovitique avait un retard trs net par rapport aux

    principaux pays occidentaux.Les performances de lUnion sovitique dans la production des machines-outils

    commande numrique semblent meilleures. Son retard sur les Etats-Unis, qui tait de six ansen 1958 pour la fabrication du premier prototype, est rest du mme ordre en 1971 pour une

    production de 1 % du total des machines-outils, mais grce la rapide expansion de ce

    24 L. Nabseth et G. F. Ray (d.), The Diffusion of Neyy Industrial Processes, Cambridge,1974.

    25 R. W. Davies, art. cit., pp. 52-53 et 60.26 Voir tableau 39.27 Voir tableau 39 et The Technological Level of Soviet Industry, op. cit., pp. 60 et 210.

    d) Progrs technique sovitique dans certaines industries de pointe

    223

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    Indicateurs du progrs technique: Comparaison des taux de croissance de lindustrie de l URSSet de celle des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni et de F Allemagne: 1955-1973

    Tableau 38

    USA

    1955-1960

    Jap. RU Ail. USA

    1960-1965

    Jap. RU Ail. USA

    1965-1970

    Jap. RU Ail. USA

    1970-1973

    Jap. RU Ail. USA

    1955-1973

    Jap. RU

    + + + + + + = __a __a + a __a

    + + + + = _ 6 _b

    + + + __a + " + + __ac __ac + c

    + + + + + -h + _

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    Taux de diffusion des nouvelles techniques dans quelques industries de lURSS, des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni et de F Allemagne

    Tableau 39

    A. Production dacier loxygne

    Premireinstallationindustrielle

    Production annuelle

    dacier loxygneen % de la productiontotale

    Nom bre d anne s entre:

    Premireinstallationindustrielle

    et 5%

    5% et 20%

    Premireinstallationindustrielle

    et 20%5 % 20%

    URSS 1956 1966 1972 10 6 16USA 1954 2 1962 4 1966 6 8 4 12Japon 1957 +1 1960 6 1962 10 3 2 5R-U 1960 + 4 1963 3 1965 7 3 2 5Allemagne 1955 1 1962 4 1966 6 7 4 11

    B. Coule continue d'acier

    Anne de laprem ireinstallationindustrielle

    Production annuelle

    dacier de coulecontinue en pourcentagede la production totale

    Nom bre d anne s en tre:

    Premireinstallationindustrielle

    et 1-5%1-5% et 5%

    Premireinstallationindustrielle

    et 5%1-5% 5%

    URSS 1955 1966 1972 11 6 17USA 1962 + 7 1967 + 1 1969 3 5 2 7Japon 1960 -1-5 (1966) = 1970 2 6 4 10R-U 1958 + 3 1966 = 1974 + 2 8 8 + 16Allemagne 1954 1 1965 1 1968 4 11 3 14

    C. Fibres synthtiques

    Anne de lapre mire

    pro ducti oncommerciale

    (nylon)

    Production annuelle defibres synthtiques enpou rcenta ge de lapro duct ion to tal ede fibres chimiques

    Nom bre d annes en tre:

    Premireprod uc tion

    et 10%10% et 33%

    Premireprod uc tio n

    et 33%10% 20% 33%

    URSS 1948 1962 1966 1973 14 11 25USA 1938 10 1951 11 1954 12 1959 14 13 8 21Japon 1942 6 1958 4 1960 6 1963 10 16 5 21R-U 1941 7 1957 5 1960 6 1964 9 16 7 23Allemagne 1941 7 1958 4 1961 5 1964 9 17 6 23

    D. Polyolfines

    Anne de laprem ire

    pro ductioncommerciale

    Production annuellede polyolfines enpr op or tio n de la

    prod uc tion to tal e dematires plastiques

    No mb re d annes en tre lapre mire pro du ct ion

    et 15%

    URSS (1953) 1970 17USA 1941 12 (1956) 14 15Japon 1954 + 1 1963 7 9R-U 1937 16 (1955) 15 18Allemagne 1944 9 1965 5 21

    a) Estimation Le polythylne a t produit p our la premire fois au dbut des annes 50.

    (Suite page 227)

    226

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    Tableau 39 (suite)

    E. Lignes de transport de courant alternatif haute tension

    Anne de lapre mire

    ligne 300 kV

    Anne de lapremire

    ligne 500 kV

    Anne de laprem ire

    ligne 750 kV

    Annes o les lignes de plus de 300 kVreprsentaient par

    rapport aux lignes totales(plus de 100 kV)

    5% 10%

    URSS 1956 1959 1967 1960 1970USA 1954 2 1965 + 6 1969 + 2 1966 + 6 1970 =R-U 1963 + 7 + + 1966 + 6 1970 =Allemagne (1955) 1 + + 1971 + 11 +

    F. Energie nuclaire

    Anne d entreen service

    de la premirecentralenuclaire

    Anne o la production dnergienuclaire par rapport la

    prod uc tion tot ale d lectrici ta atteint

    Nomb re d annes entre:

    Premirecentraleet 0.5%

    0.5 et 2%Premirecentraleet 2%

    0.5% 1% 2%

    URSS 1954 1971 1973 (1975) 17 4 21USA 1957 + 3 1967 4 1970 3 1971 4 10 4 14Japon 1970 1 1970 3 1971 4 1R-U 1956 + 2 1959 12 1959 14 1962 13 3 3 6Allemagne 1961 + 7 1967 4 1969 4 1970 5 6 3 9

    G. Machines-outils commande numrique

    Annedu premierprototyp e

    Anne o la production de machines-outils commande numrique a atteint

    No mb re d annes entre:

    50 units/an1% du total de

    la production demachines-outils

    le prototypeet 50 units

    soumiset 1%

    le prototypeet 1%

    URSS 1958 1965 1971 7 6 13USA 1952 6 1957 8 1965 6 5 8 13Japon 1958 = 1966 + 1 1973 + 2 8 7 15R-U 1956 2 1963 2 1968 3 7 5 12Allemagne 1958 = 19641 + + 6 9 + 15 +

    H. Production de fibres industrielles et synthtiques au cours de priodes comparables: Etats-Unis d'Amrique et URSS (en milliers de tonnes)

    URSS USA

    Fibres

    artificielles

    Fibres

    synthtiques '

    Fibres

    artificielles

    Fibres

    synthtiques

    1965 330 77 1951 587 771966 362 96 1952 515 961967 395 116 1953 543 1121968 424 130 1954 492 1291969 441 142 1955 572 1721970 456 167 1956 521 1821971 473 203 1957 517 2341972 507 2391973 543 287 1960 466 307

    Source: R. W. Davies, art. cit., pp. 55-57.

    227

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    secteur, lUnion sovitique a pu sassurer une certaine avance sur le Japon et lAllemagne(voir tableau 39).

    Il faut noter que les renseignements manquent toujours pour plusieurs produits hautedensit de recherche et diverses techniques de pointe. Pour les instruments de contrle et lesarmements, il nexiste pas de donnes sur la production comparables celles dont on dispose

    pour les pays occidentaux industrialiss28.

    Il semble que les retards dans la diffusion des techniques nouvelles ne proviennent pasuniquement de linfriorit des capacits techniques sovitiques par rapport celles desprincipaux pays occidentaux industrialiss. Ils sexpliquent en bonne partie par le fait que lesSovitiques maintiennent en service les capacits existantes beaucoup plus longtemps queles pays occidentaux. Les quipements des aciries ou des usines textiles restent en service enURSS alors quailleurs ils auraient t remplacs depuis longtemps. Cest mme le cas desmissiles balistiques intercontinentaux et des armements des gnrations antrieures djretirs du service aux Etats-Unis29.

    Ce maintien dun quipement prim peut tre conomiquement rentable en cas derserves abondantes de main-duvre, mais il provoque lobsolescence du capital fixe30et, enUnion sovitique, cette situation nest pas sans lien avec la routine de la gestion

    administrative. Comme lindique R. W. Davies pour les instruments de contrle, parexemple, il serait difficile de justifier conomiquement la poursuite de la production decinq grands et de six petits systmes de contrle dont certains sont dsuets, mme parrapport la production sovitique plus avance qui, elle-mme, na pas beaucoup changdepuis dix ans31.

    2. LIMPORTANCE DE LA CONTRIBUTION DES TECHNOLOGIESOCCIDENTALES

    a) Le systme de planification centralise et sa capacit dassimilation des techniquestrangres

    Le systme de type sovitique prsente, par comparaison avec les conomies de march, la fois des avantages et des inconvnients en matire dassimilation de la technologie32.Parmi les avantages, on peut citer:

    la faible incidence du facteur temps; la forte part des investissements dans le revenu national ; la croissance rapide du capital (ralentie au cours des dernires annes) ; la possibilit dviter les duplications ;

    labsence de secret commercial interne; lutilisation de plusieurs formes de transfert pour quilibrer les paiementsextrieurs.

    28 R. W. Davies, art. cit., p. 60.29 Ibid., p. 58.30 En URSS, le montant du capital fixe sest accru de 58.9% entre 1956 et 1960, de 50.2% entre

    1961 et 1965 et de 42,7% entre 1966 et 1970. Mais la dure de vie a diminu seulement de 31 ans au cours de la priode 1956-1960, de 25 ans entre 1961 et 1965 et de 22 ans au cours de la priode

    1966-1970. La mise hors service du capital dans lindustrie a diminu de 3.0% en 1967 1.8% en 1970.Gerhard Fink et Jiri Slama, Le problme du renouvellement du capital fixe dans quelques pays socialistes, Revue d'tudes comparatives Est-Ouest,N 4, Editions du CNRS, Paris, dcembre 1976,pp. 119 et 121.

    31 R. W. Davies, art. cit., p. 58.32 Philip Hanson, The Soviet System as a Recipient ofForeign Technology, Birmingham, 1977,

    p. 30.

    228

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    Parmi les inconvnients, on peut mentionner: labsence dinvestissements trangers directs ; la limitation des contacts personnels avec les trangers ; les initiatives limites un nombre restreint de personnes (oligarchie astigma

    tism); le faible rle jou par le commerce extrieur; les difficults se procurer des devises fortes; les difficults en matire de stimulants internes, de prix et de diffusion des

    informations ; le freinage des transactions du fait du rle dintermdiaire jou par les entreprises

    du commerce extrieur.Une partie de ces inconvnients peut tre vite par des importations dusines cls en

    main ou dinstallations de complexes industriels tels que ceux de Vaz (Usines dautomobilesde Volga) et de Kama (Usine de camions de Kama). Ces complexes comportent des lignesfortement intgres et mcanises destines raliser une performance optimale dans desoprations spcifiques, pour un produit spcifique, oprant en association avec desquipements lis. Puisque ces complexes imports de lOccident sont des units indivisi

    bles, la copie de ces quipements et leur adaptation dautres usines seraient des oprationscompliques. Il serait souvent indispensable de procder une reconstruction de lusine cequi reste du domaine des autorits suprieures. Selon John P. Young, il est par consquent

    plus difficile en URSS de diffuser la technologie importe de lOuest, qui ncessite uneassistance considrable des experts, que la technologie nationale. Cette difficult augmenteavec lampleur des transferts33.

    Ces caractristiques du systme sovitique sappliquent peu prs aux autres payssocialistes dEurope de lEst. Limportance relle de la technologie en provenance de lOuestest cependant difficile valuer. Comme lindique Philip Hanson: La seule conclusionhonnte que nous pouvons tirer propos de la contribution, dans le pass, des transferts detechnologie occidentale en URSS, par des canaux ngociables, est que limportance de cettecontribution est inconnue; elle nest probablement pas dominante, mais elle peut treapprciable34.

    Il semble donc quil sagisse dun domaine peu explor qui mrite une attentionparticulire. Il faudrait largir le dbat en traitant des problmes thoriques comme ceux delefficacit du commerce extrieur portant sur la technologie, et des problmes deconjoncture et de politique conomique. Des tudes de branches particulires devraientcomplter ces recherches. Nous ne traiterons ici que les diffrents aspects de lassimilationdes techniques nouvelles occidentales, en examinant successivement la question de leurimplantation, de leurs effets directs et indirects et de leur diffusion.

    b) Tentatives dapprciation globale de limportance de la contribution des techniquesoccidentales

    Toute tentative dvaluation de la contribution des techniques occidentales lconomie des pays de lEst rencontre plusieurs difficults.

    Les effets des techniques non incorpores dans les produits sont pratiquementimpossibles saisir. Mme les effets des techniques acquises par lachat de machines etdquipement sont trs difficiles dterminer puisquil est presque impossible de dissocier leseffets des techniques nationales de ceux des techniques importes. Les rsultats concrets

    33 John P. Young, Impact o f Soviet Ministry Management Practices on the Assimilation ofImported Process Technology, op. cit. pp. 17-19.

    34 Philip Hanson, External Influences on the Soviet Economy Since the Mid-1950s, dansThe Impact o f Western Technology, op. cit., p. 12.

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    dpendent dailleurs, non seulement des techniques nouvelles ou anciennes mais ausside lensemble de la situation conomique.

    En premire approximation, limportance des techniques occidentales peut tremesure comme le rapport entre la valeur des machines importes et linvestissement enquipement. Nous ne citerons ici que quelques donnes concernant lUnion sovitique

    bases sur les tudes du Centre de Birmingham. Une extension de ces recherches aux autres

    pays du CAEM demanderait une tude spciale.En 1970, les machines importes de lOuest reprsentaient environ 4% du total desinvestissements sovitiques en quipement. Si lon y ajoute les importations sovitiques demachines en provenance des autres pays du CAEM, la part des machines importes peut trevalue 12% de linvestissement sovitique total en biens dquipement35. Cette

    proportion est peu prs identique dans le cas des importations de machines par lesEtats-Unis, mais ces importations jouent un rle plus important en URSS36.

    On pourrait classer, comme le fait R.W. Davies, les industries sovitiques en troisgroupes, selon leur degr de dpendance envers les techniques importes:

    Lepremier groupecomprend les industries qui sappuient fortement sur la technologienationale, o les importations de machines sont trs faibles: fabrication de fuses, darmes,

    industrie nuclaire et certaines industries civiles comme celle de lnergie lectrique. Lemontant des importations de machines dans ces industries est trs bas. Les centraleslectriques, par exemple, nont import des pays occidentaux en 1970 que 0.1 % de leursmachines, alors quen 1971, ces importations comptaient pour 6.1% du total desinvestissements sovitiques en biens dquipement37.

    Le deuxime groupe est un groupe intermdiaire qui repose sur des techniquesnationales bien tablies et il a t lorigine dinnovations importantes bien que lestechniques importes aient t dune grande porte dans certains domaines. R.W. Daviesinclut dans ce groupe la sidrurgie et lindustrie des machines-outils38.

    Dans le troisime groupe,la dpendance sovitique vis--vis des machines trangresest trs forte. Il sagit surtout de lindustrie des ordinateurs et de lindustrie chimique39.

    c) Importance par secteur dactivit

    Il est intressant dtendre ce classement dautres branches de lindustrie et secteurs delconomie et de le nuancer. Quelques efforts dans cette direction ont t faits par PhilipHanson pour la priode 1955-1971 et pour lanne 1975.

    Pour estimer les diffrences entre les secteurs dactivit industrielle, Philip Hanson tentede comparer, par branche, la part des machines importes de lOuest avec la part desinvestissements sovitiques dans chaque branche concerne pour les annes 1955-1956,

    1960-1961, 1965-1966 et 1970-197140. Si, dans une branche, la part des importations estsuprieure celle des investissements nationaux, Hanson en conclut quelle dpend de latechnologie occidentale. Selon lui, les branches les plus dpendantes en Union sovitiqueont t, pendant les annes tudies, lindustrie chimique, celle des ordinateurs, laconstruction navale, lindustrie automobile, lindustrie du bois, du papier et de la cellulose etlindustrie lgre. La dpendance de lindustrie chimique parat avoir t la plus sensible. Les

    35 R. W. Davies, art. cit., p. 63.36 Ibid.37 Ibid.,p. 64. R.W. Davies admet cependant que mme dans ce groupe certaines importations

    de machines occidentales ont t dune importance capitale. Cest ainsi que pour les lignes detransmission haute tension de courant alternatif, lachat en 1957 de air-blast circuit breakers la Compagnie franaise Delle Alsthom a t dcisif pour lintroduction russie de lignes de 500 kV.

    38 Ibid.,p. 6439 Ibid., p. 65.40 Philip Hanson, External Influences on the Soviet Economy Since the Mid-1950s; The

    Import of Western Technology, art. cit., pp. 20-26.

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    Tableau 40

    Importations sovitiques de machines et dquipements payes en devises fortes 1975

    No NCS*>

    1

    En provenancede pays

    monnaie forte(millions

    de dollars)f

    2

    En % de lamme catgoriedimportations

    de toutesprov enan ces

    3

    En % de toutesles importationsde machines enmonnaie forte

    4

    Part danslinvestissement

    du secteurconsidr (%)

    1974

    1 Ensemble des machineset de Tquipement 4 577 36.5 100.0

    100-105 Pour les industries deconstruction mcanique etde travail des mtaux 868 66.6 19.0 9.5

    10514 (dontdestines lindustrie automobile) 345 86.5 7.5

    110 Pour le secteur de lnergielectrique 5 4.7 0.1 4.2

    111 Pour llectrotechnique 48 16.5 1.0120, 121 Pour lextraction et le

    traitement des minerais 88 65.3 1.9 2.1e123 Pour les industries

    mtallurgiques 219 42.5 4.8 3.5e127 Pour le raffinage du ptrole 60 43.6 1.3128 Pour le forage et la pros

    pection du ptroleet du gaz, etc. 148 69.6 2.8 6.0

    140 Pour les industriesalimentaires 103 32.2 2.2 3.5

    144-146 Pour les industriesdu textile, du vtement etde la chaussure 210 44.0 4.6 1.8

    150 Pour lindustrie chimique 502 56.8 11.0 4.1151-152 Pour les industries du bois,

    des ptes et papier 98 44.1 2.1 2.0

    162-181 Pour lagriculture 27 5.8 0.6 25.6192 Pour la navigation 212 14.1 4.6

    a) Im portatio ns identifies en proven ance de tous les partenaires commerciaux monnaie forte de biens entrant sous la rubrique dela classification co mm erciale sovitique machines, quipem ents et quipem ents de transport . Les pays dorigine autres que les pays mo nnaie forte sont pou r ces im portatio ns le reste des pays mem bres du CAEM , la Yougoslavie et la Finlande. Le total de la colonne 1 estfond sur des donne s sovitiques et nest pas'exactem ent com parable la srie du tableau 6(de la source cite ci-dessous) qui est fonde surdes donnes de l 'OCDE.

    b ) Nu m ro de poste utilis dans la nom enclatu re commerciale sovitique, dition 1971.c) Co nverti en dollars des Etats-Unis au taux de 1 dollar = 0,7219 rouble. Moyenne de la cotation mensuelle de la Gosbank po ur

    1975.d ) Pou rcen tage pa r rappo rt tou s les investissem ents produc tifs , cest--dire lexclusion des investissem ents dans le logem ent et

    la construction dtablissements denseignement, scientifiques et culturels. Les chiffres concernent les installations aussi bien que lesmachines.

    e) On ne dis pose que de donnes p artiell es : po ur lextractio n, il s'agit de l'extraction d u charbo n ; pou r la mtallurgie, du fer et delacier seulement. Colonnes 1-3 : Vneshnvaya Torgovlya SSSR v 1975 g;Colonne 4: N ark hoz 1974.

    Source: Philip Hanson. U SS R: F oreign Trade Imp lications o f the 1976-80 Plan, op. cit., p. 64.

    industries alimentaires et agricoles ont connu une dpendance moindre, probablementparce quelles sont moins conditionnes par la recherche et en raison des importationsest-europennes et de leffort sovitique national.

    Hanson conclut son tude en faisant observer que lutilisation forte (et croissante) demachines occidentales peut provoquer une amlioration rapide dans la branche, mais que leniveau gnral des importations de machines n a pas t suffisamment lev en URSS (saufdans quelques cas) pour influencer fortement par rapport aux autres facteurs la

    productivit du travail41 Ltude de Hanson concernant lanne 1975 confirme ces rsultats

    (voir tableau 40).

    41 Philip Hanson, International Technology Transfer from the West to the USSR, art. cit.,p. 801.

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    La comparaison de la part des importations en provenance de lOuest dans lesimportations totales de lURSS pour certaines catgories de machines fait ressortir que la

    part de plusieurs de ces catgories est suprieure la moyenne (qui est de 36.5%) (voircolonne 2 du tableau 40): 86.5% pour lindustrie automobile, 69.6% pour le matriel deforage et de prospection, 66.6% pour lindustrie mtallurgique, 65.3 % pour le traitement desminerais, etc.

    Dans une deuxime approche, Hanson compare la part des diffrentes branches dans letotal des importations de machines en provenance de lOuest (colonne 3) avec la part desmmes branches dans le total des investissements productifs de lURSS (colonne 4). Le rlemajeur des importations en provenance de lOuest dans le secteur de la constructionmcanique (et dautomobiles), de lindustrie chimique, de lindustrie textile et de lindustriedu traitement des minerais transparat dans les chiffres.

    La mme tude de Hanson tente didentifier les branches dans lesquelles lesimportations de machines occidentales seront en expansion au cours du 10e plan quinquennal (1976-1980). Il sagit surtout des industries chimique, du ptrole et du gaz, du charbon, delextraction de lor et de la mtallurgie. En revanche, toujours selon Hanson, il semble que lesindustries des biens de consommation ne bnficieront pas, au cours de cette priode, de

    larges importations de machines occidentales42.Lutilit des recherches par secteur dactivit est indiscutable, mais peu dtudesdtailles ont t publies sur ce sujet jusqu prsent. Notons titre dexemple lexcellentetude de Richard W. Judy concernant les ordinateurs et les transferts Ouest-Est detechnologie dans ce domaine43. Cependant, mme dans cette recherche trs approfondie,lauteur nessaie pas de calculer les effets directs ou indirects des transferts oprs tant laidedes flux dinformations qu laide des importations. Il conclut cependant que toutes lesinventions significatives dans le domaine des ordinateurs viennent de lOuest44.

    Ltude de Richard Judy a t prolonge par celle de Martin Cave en 197745. Il est utilede citer ses conclusions: Il est actuellement certain que, de mme quen 1968, toutes lesinnovations significatives sont venues de lOuest, encore que cela ne soit pas vrai dans ledomaine de la programmation, o les Sovitiques ont pris une avance thorique, mme sicette avance na pas une grande signification pratique46.

    d) Calcul des effets des techniques importes de lOuest et leur porte

    Le calcul des effets internes des transferts de technologie fait en ralit partie dunsujet plus vaste, celui du calcul de lefficacit du commerce extrieur. Les difficults decalcul sont dues au systme des prix internes, aux taux de changes multiples et auxsubventions accordes aux diffrentes transactions avec ltranger. Aucune mthode correcte de calcul na encore t labore. Des auteurs hongrois ont abouti la conclusion

    que la condition principale de laugmentation de lefficacit du commerce extrieur est larforme du systme des prix internes47. Dans la situation actuelle, tous les calculs de leffi

    42 Philip Hanson, USSR: Foreign Trade Implications o f the 1976-1980 Plan, op. cit.,pp. 65-69.

    43 Richard W. Judy, T he Case of Computer Technology, dans East- West Trade and theTechnology Gap, dit par Stanislaw Wasowski, New York, Washington, Londres, 1970, pp. 43-72.

    44 Ibid.,p. 64.45 Martin Cave, Soviet Computer Technology , dans R. Amann, J. M. Cooper, R. W. Davies,

    The Technological Level o f Soviet Industry, op. cit.46 Ibid.47 Pour les calculs sovitiques de lefficacit du commerce extrieur, voir : Lawrence J. Brainard,

    Soviet Foreign T rade Planning, dans Soviet Economy in a New Perspective, op. cit.,pp. 695-708. Voirgalement S. N. Zakharov, Rashcety effektivnosti vneshne ekonomicheskikh svjazej (Calcul delefficacit des relations conomiques extrieures), Moscou, 1975. U ne approche globale du problmedu calcul de lefficacit du commerce extrieur des pays socialistes est prsente dans larticle de Mme Agota Dezsenyi-Gueullette, Les calculs defficacit du commerce extrieur en Hongrie avant larforme conomique de 1968, Revue d'tudes comparatives Est-Ouest, n 2 , Editions du CNRS,Paris, 1977, pp. 21-95.

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    cacit des importations de technologie occidentale ne peuvent tre quapproximatifs.Ltude la plus complte tenant largement compte de lexprience sovitique est due

    An tony C. Sutton48. Linfluence de la technologie occidentale y est tudie systmatiquement, par secteur industriel, partir de 1917 jusqu 1965. Cette tude est aussi dtaille que

    possible, compte tenu de la priode retenue. Sutton conclut que le mcanisme internestimulant linnovation a t pratiquement inexistant, et que presque tout le progrs

    technique dans le secteur civil, et une bonne partie du progrs dans le secteur militaire, ontt emprunts lOuest.Les recherches dAntony Sutton, bien que reposant sur une documentation impres

    sionnante, ont linconvnient de ne pas permettre de mesurer les effets des transferts. Lestravaux rcents de Herbert S. Levine et Donald W. Green49concernant l Union sovitique etceux de Stanislaw Gomulka concernant la Pologne ont t publis rcemment50.

    Green et Levine valuent pour les annes rcentes la contribution totale (directe etindirecte) des importations de machines occidentales la production sovitique. Il le font surla base de la fonction de production Cobb-Douglas incluant le travail, le stock dactif net

    produit lintrieur et import des pays du CAEM, et le stock dactif net import de lOuest(quils calculent en convertissant les prix du commerce extrieur en prix internes). Ils

    obtiennent ainsi diffrents coefficients dlasticit de production (productivit marginale)pour le stock dactif net national et occidental. Ils en ont conclu tout dabord que laproductivit marginale des biens imports de lOuest est quinze fois suprieure celle dustock dactif net national51. Ils ont estim aussi que, abstraction faite des importations demachines et dusines occidentales conscutives la dtente, la croissance de lindustriesovitique aurait t de 19% infrieure ce quelle tait au cours des annes 1968 197352.Cette estimation a t ultrieurement rvise et ramene 5% environ53.

    Les calculs de Green et Levine reposent sur un nombre destimations qui, selon lesauteurs eux-mmes, pourraient inclure une certaine marge derreur: le capital occidental estcalcul laide des statistiques des importations converties en roubles de 1955 et les tauxdamortissement sont peu prcis. Mais des critiques plus importantes leur ont t adressespar Philip Hanson54.

    Hanson estime tout dabord que Green et Levine exagrent limportance de la part desmachines occidentales dans les stocks dactif net sovitiques. Il indique que lestimation de5% ne devrait tre que de 2%. Il sinterroge aussi sur la gnralisation de leurs conclusions.Les importations de machines occidentales se font ncessairement dans les secteurs o la

    productivit est la plus leve. Tout accroissement de la part de ces machines importes sesolderait par une baisse de productivit marginale des usines occidentales importes. Hansonrappelle aussi que les rsultats obtenus par Green et Levine reprsentent la contributionconjointe de la technologie nationale et de la technologie importe, ce qui fausse le calcul desgains indirects. Il faudrait aussi tenir compte des ressources nationales qui pourraient tre

    dgages en labsence dimportations (chres en termes de produits exports). Finalement,Hanson pose la question de savoir si les performances obtenues par le systme de gestion

    48 Antony C. Sutton, Western Technology and Soviet Economic Development, 3 volumes (de1917 1965), Stanford, 1968, 1971 et 1973.

    49 H. S. Levine et D. W. Green, Implications o f Technology Transfers for the USSR, dansEast-West Technological Co-operation, Colloque OTAN, 1976, op. cit., pp. 43-78.

    50 Stanislaw Gom ulka, Investment Imports, Technical Change and Economic Growth,Poland, 1971 -1980 , document prsent la Confrence annuelle de la National Association for Sovietand East European Studies, Cambridge, England, avril 1977.

    51 Ces calculs ont t rviss ultrieurement et ont abouti un rapport de 8 10 seulement.Donald W. Green and Herbert S. Levine, Macro-economic Evidence o f the Value of Machinery

    Imports to the Soviet Union, dans Soviet Science and Technology Domestic and ForeignPerspectives, dit par John R. Thomas et Ursula M. Kruse-Vaucienne, op. cit., pp. 394-423.

    52 Ibid.53 Ibid.54 Philip Hanson, International Technology Transfer from the West to the USSR, art. cit.,

    pp. 799-800.

    233

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    sovitique, encombrant et bureaucratique, peuvent tre aussi diffrentes dans lassimilationdes techniques nationales que dans celles des techniques occidentales. Il reste en tout cassceptique ce propos.

    Stanislaw Gomulka tente, pour sa part, de mesurer leffet global des importationscroissantes de machines ( la fois de lEst et de lOuest) sur la croissance industrielle polonaiseentre les annes 1970 et 1975. Il conclut que les importations de machines (de lEst et de

    lOuest) permettront daugmenter le taux daccroissement annuel de la productivit dutravail dans lindustrie de 5.7% 7.7-8% environ (cest--dire de 35 40%) pour cittqans55.

    Ces calculs comportent videmment de grandes marges derreur: toutes les importations de machines ne sont pas incluses en totalit, limportation des licences nest pas prise encompte et la conversion du montant des importations en dollars en prix domestiques estsujette caution. Finalement, lestimation globale dissimule des diffrences sensibles entreles secteurs dimportation.

    Philip Hanson a rcemment tent de mesurer les effets des transferts de technologieoccidentale dans lindustrie sovitique des engrais minraux56. Dans son tude, Hansoridonne un excellent aperu du dveloppement de cette industrie et de la politique suivie eh

    matire dimportation dusines occidentales. Ces importations ont t particulirementimportantes dans le secteur de la production dengrais (ammoniaque, acide nitrique, acidesulfurique, acide phosphorique) et dengrais complexes57, et Hanson donne des dtailstrs intressants ce sujet. Il tudie ensuite linfluence de ces importations sur la productionagricole et estime que laccroissement de la production agricole nette, dun montant de4 milliards de roubles environ au cours des annes 1970 1975, a t obtenu grce aux2 milliards dimportations dinstallations occidentales en URSS au cours des annes 1960 1975.

    Ces chiffres sont indiqus comme tant approximatifs et il serait mal venu de critiquerce manque de prcision. Hanson ajoute que lindustrie sovitique des engrais minraux acertainement reu un montant suprieur au montant moyen des importations de machines etde savoir-faire occidentaux58, et que ce cas particulier ne peut tre gnralis. H semblecependant quune bonne partie des critiques quil fait des calculs de Green et Levinesapplique galement aux siens: difficult de traduire les prix des importations en prixintrieurs, sensibilit du secteur aux importations, contribution de la R-D nationale etlenteurs du systme sovitique. Les alas de la production agricole sovitique collectivisesont dailleurs particulirement difficiles chiffrer.

    e) La diffusion des techniques importes de lOuest59

    On peut se demander si le problme de la diffusion de la technologie occidentale dans lespays de lEst est bien pos. Le terme diffusion sapplique au savoir contenu dans unetude, dans une licence ou dans un produit. Une fois import, ce savoir fait partie du

    55 Stanislaw Gomulka, art. cit., p. 11.56 Philip Hanson, Th e Impact of Western Techn ology: A Case Study of the Soviet Mineral

    Fertilizer Industry, document prsent la Conference on Integration in Eastern Europe andEast-West Trade, Bloomington, Indiana, 28-31 octobre 1976.

    57 Les engrais minraux sont classs en : 1) azots, 2) phosphats (P20 5) et 3) potassiques (K20). Ilest avantageux de les fournir lagriculture dans des proportions ayant un contenu nutritif lev ou combinant ces principaux lments dans un seul engrais. Ce dernier type, plus avanc techniquement, est appel complexe. Philip Hanson, The Impact of Western Technology : A Case Study of the Soviet Mineral Fertilizer Industry, art. cit.,p. 6. En 1975, la part des engrais complexes produits par lesusines importes de lOuest tait de 40%, alors quelle tait trs faible pour les usines nationales: Ibid.,pp. 22 et 36.

    58 Ibid., p. 27.59 La distinction entre la diffusion des techniques nationales et trangres tant difficile faire en

    pratique, une bonne partie des conclusions de la Section 1(c) du Chapitre 5 (surtout celles bases sur letableau 39) sappliquent aussi la diffusion des techniques importes de lOuest.

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    patrimoine national et sa diffusion obit aux mmes rgles que la diffusion des dcouvertesnationales ou des techniques appliques dans les usines davant-garde.

    Les travaux effectus lOuest concernant la diffusion insistent sur ce problme.Philip Hanson60cite dailleurs plusieurs dfauts communs la diffusion de la technologienationale et celle de la technologie trangre en URSS: barrires institutionnelles,difficults de linformation, faiblesse de lquipement de traitement de linformation61,manque de concurrence et de motivation. Il insiste aussi sur le rle jou dans la diffusion destechniques importes par les pressions venant des autorits, et mme du Politburo. Il estimeaussi que le problme de la diffusion deviendra de plus en plus difficile avec laccroissementdu volume des techniques importes. Les ressources disponibles pour appuyer les pressionsden haut deviendront de plus en plus rares62.

    La diffusion des techniques importes se complique dautre part du fait de la complexitcroissante des produits nouveaux. Le progrs technique incorpor dans un camion nouveauou une tour est assez facile dtecter partir du produit mme. Mais le passage des industriesmcaniques llectronique et la ptrochimie pose des problmes plus complexes. Mme siles pays de lEst acquirent une licence, il nest pas sr quils obtiendront les techniques les

    plus avances, les firmes occidentales tant rticentes lide de les vendre63.

    Une certaine hsitation introduire de nouvelles techniques occidentales en URSS estgalement perceptible64. En fait, le nombre des tudes prcises sur la diffusion de latechnologie occidentale dans les pays de lEst est infime. Nous comparerons ci-aprs les troisplus connues qui concernent les ordinateurs, les engrais chimiques, et les vhiculesautomobiles65.

    Dans lindustrie des ordinateurs, les transferts de technologie occidentale sont dans unelarge mesure couverts par lembargo stratgique, bien quil ait t assoupli rcemment. Lesconclusions de ltude dj cite sont claires : la technologie qui a t acquise, souvent malgrlembargo, na pu tre largement diffuse en URSS66.

    Ltude de Hanson sur lindustrie des engrais minraux aboutit des conclusionsnuances. Les Sovitiques ne semblent pas insister sur la contribution, vers 1970, destechniques nationales dans la production dammoniaque, dure et dengrais complexes.Mais la part des engrais complexes dans la production sovitique a fortement augment entre1970 et 1975, ce qui sous-entend quil y a eu diffusion importante67. Dautre part, les

    60 Philip Hanson, Th e Diffusion of Imported Technology in the USSR , dans East-WestTechnological Co-operation, op. cit., pp. 143-164.

    61 Hanson cite les rsultats dune enqute auprs de 300 instituts, bureaux dtude et entreprisesdans diffrentes branches industrielles qui a fait ressortir que 85 % dentre eux copiaient les dessins et lesprojets techniques la main, en utilisant du papier calque et de lencre de Chine. Certains employaient

    jusqu 120 copieurs, uniquement pour excuter ces tches. Hanson indique aussi quentre 1966 et 1974,Rank Xerox a vendu seulement 4 000 appareils de photocopie et duplicateurs lURSS. Ibid.,p. 146.

    62 Philip Hanson, International Technology Transfer from the West to the USSR, art. cit.,pp. 807-809.

    63 Joseph S. Berliner, The Innovation Decision in Soviet Industry, op. cit., p. 517.64 La dissimulation des dcouvertes trangres peut permettre aux chercheurs sovitiques de

    sassurer des avantages considrables. Mark Perakh crit dans Utilization of Western Technological Advances in Soviet Industry, East-West Technological Co-operation, op. cit., p. 180, quand unchercheur sovitique trouve dans la littrature la description dune dcouverte occidentale dans son domaine, il vrifie les rsultats dans son propre laboratoire. Sil est capable dobtenir les rsultats dcritsdans la patente, il inclura le sujet en question dans la demande de fonds pour lanne suivante. La patenteoriginale ou la source dinformation nest gnralement pas mentionne.

    65 Certaines observations sur la diffusion des techniques importes de lOuest dans les autresindustries seront cites plus loin dans la section sur lcart technologique. Elles sont tires de ltudeimportante rcemment publie par le Centre de Birmingham, The Technological Level o f SovietIndustry, op. cit.,

    66 Ron Schneiderman, High Technology Flow, Electrnica, 8 janvier 1976.67 Un e partie de cette production pourrait provenir des usines importes des pays du

    CAEM.

    235

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    19/111

    autorits sovitiques semblent faire des sondages en vue dacqurir dautres usines dengraisminraux complexes68.

    Plus gnralement, il semble que lquipement occidental a grandement contribu laccroissement de la production sovitique de produits chimiques et a permis de rduire lescots des matriels et de la main-duvre. Cependant, le perfectionnement des techniquessovitiques a t modeste et il y a eu trs peu damlioration des comptences sovitiques en

    matire de production dquipements pour lindustrie chimique69.La diffusion des techniques avances importes lors de la construction de lusineautomobile de la Volga (Vaz) ou de Togliatti (Fiat) est certaine. Elles ont t appliques, parexemple, dans lusine de tracteurs de Cheboksary, dans lusine sidrurgique de Magnitogorsket ailleurs70. Mais le problme de la qualit des diffrentes pices fournies par lessous-traitants sest rapidement pos. Une table ronde organise en 1974 par lesIzvestiaarvl que, daprs le test de qualit effectu par le Gosstandart, sur les 170 composantes

    principales de la Zhiguli, 50 (soit 29.4%) nont pas obtenu lattestation de qualit.Les auteurs sovitiques semblent proccups par ce problme et estiment que les

    nouvelles techniques appliques Togliatti nont t ni diffuses ni mises jour71. Lesprincipales options actuellement possibles pour lusine sont les suivantes : reprise une large

    chelle des achats de machines trangres et de licences, ou construction dune industrienationale importante, capable de fournir Togliatti des machines dune qualit comparable.Etant donn que 70% de lquipement de lusine est dj import, on conoit lacuit duproblme72.

    Le problme de lusine de Togliatti est encore plus significatif si on le situe dans soncontexte historique. En mai 1929, la socit Ford avait sign avec le gouvernementsovitique un contrat de coopration pour la construction dune usine automobile Niznyj

    Novgorod (appel Gorkij depuis 1932) dune capacit de 100 000 vhicules. Le contrat de1929 fut suivi daccords complmentaires avec Ford et dautres socits occidentales qui

    prvoyaient une aide technique mais pas dassistance dans le domaine de la gestion. Lesfirmes occidentales ont montr aux spcialistes sovitiques comment construire lusine etfaire fonctionner les machines, laissant aux Sovitiques le soin de la gestion, une fois laconstruction termine. Les accords prvoyaient aussi que Ford prsenterait Gorkij tous lesdveloppements rcents de la technologie de production introduits dans les usines Ford

    pendant la dure du contrat (neuf ans). Mais les Sovitiques ne retinrent pas les propositionsque Ford fit dans ce cadre73.

    Lors de la signature du contrat avec Fiat, en 1966, les Sovitiques semblaient avoircompris la leon. Le contrat sappliquait la fourniture des licences, aux tudes techniques etorganisationnelles, laide occidentale sur une longue priode. Les ingnieurs de Fiat furentobligs dintroduire des modifications importantes pour adapter la Lada aux conditions

    68 Philip Hanson, The Diffusion of Imported Technology in the USS R, art. cit., pp. 147 et164.

    69 Soviet Chemical Equipment Purchases from the West: Impact on Production and ForeignTrade,National Foreign Assessment Centre, Washington, D.C., octobre 1978, p. 1. Voir galement leChapitre 7 du prsent volume.

    Les usines sovitiques quipes par lOccident produisaient :- 40% des engrais minraux complexes en 1975;- 60% de la production de polythyle en 1975;- 75 85% de la production des fibres de polyester en 1975 ;- 72% de la nouvelle capacit dammoniaque en 1971-1975; et- 85% de la capacit planifie nouvelle pour 1976 1980. Ibid.70 Ibid.,p. 147.71 E. Golland, Ekonomika i organizacija promyshlennogo proizvodstva(Economie et organi

    sation de la production industrielle), Moscou, 1976, N 1, cit par Philip Hanson, The Diffusion ofImported Technology in the USSR, art. cit., p. 808.

    72 Ibid.73 John P. Hardt et George D. Holliday, T ech nology Transfer and Change in the Soviet

    Economie System , version de dcembre 1975 de lexpos prsent au Colloque OTAN des 17-19 mars1976 Bruxelles, polycopi, pp. 36-61.

    236

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    sovitiques. Au lieu des quelques douzaines de spcialistes envoys Gorkij au cours desannes 1930,2 500 personnes allrent Togliatti, dont 1 500 venant de chez Fiat. Au coursde la mme priode, plus de 2 500 techniciens sovitiques allrent en Italie pour y suivre uneformation.

    Il apparat donc que la transplantation de techniques occidentales en Union sovitiquesavre particulirement difficile, et que mme une assistance prolonge des techniciens

    occidentaux ne suffit pas assurer un progrs technique quivalant au niveau occidental. Cetexemple nous rappelle que la technologie nest pas un produit, mais lapplication de lascience la production de biens et de services. Cest un savoir-faire spcifique et ncessaire

    pour dfinir un produit qui rponde un besoin, pour le concevoir et le produire74. Ladiffusion en elle-mme, lintrieur dun pays, na donc quune signification rduite si latechnologie importe nest pas constamment ajuste pour saligner sur les techniquesdavant-garde. La technologie emprunte ne peut donc pas servir de succdan linnovation interne.

    3. LES CARTS TECHNOLOGIQUES ENTRE LEST ET LOUEST

    a) Le problme de lvaluation

    Pour valuer lcart technologique, il faut commencer par choisir entre les mesuresglobales macro-conomiques75 et celles intressant les diffrents indicateurs du progrstechnique.

    Les indicateurspartiels du progrs technique sont nombreux, mais ils ne sont pastoujours faciles saisir et leur interprtation pose souvent des problmes. On pourrait faireici la distinction entre les indicateurs indirects et les indicateurs directs et, parmi ces derniers,entre ceux qui se rapportent au progrs des connaissances techniques et ceux qui concernentla production, la diffusion et le commerce des produits perfectionns.

    Parmi les indicateurs indirects, citons titre dexemple les ressources affectes lenseignement, le nombre de diplms et le personnel employs la R-D. Le montant desdpenses de R-D entre aussi dans cette catgorie.

    Parmi les indicateurs directsqui concernent le progrs, il convient de citer le nombre debrevets, de publications scientifiques, de citations et aussi de Prix Nobel obtenus. Leproblme de linterprtation de ces donnes reste nanmoins entier.

    Dautres indicateurs directs, bien que partiels, concernent essentiellement la qualit decertains produits ou procds de fabrication. Un de ces indicateurs rsulte de la tentative de

    sonder empiriquement le niveau technologique dune industrie. Ceci sobtient encalculant la part relative de technologie avance exporte et importe incorporedans les produits et procds.

    Le taux de dveloppement technologique reprsente alors la rapidit avec laquelle uneentreprise ou une nation slve un niveau technologique plus perfectionn. En fait, onutilise plusieurs critres parmi lesquels on peut citer76:

    la date de la premire application commerciale des principales techniques ; le taux de diffusion des principales techniques;

    74 J. Fred Bucy, O n Strategic Technology Transfer to the Soviet Union, Current News,Special edition, 11 aot 1977, p. 3.75 Pour les valuations globales du progrs technique, voir plus haut Chapitre 5, Section

    1(b).76 Ronald Amann, Some Approaches to the Comparative Assessment of Soviet Technology :

    Its Level and Rate of Development, dans The Technological Level o f Soviet Industry, op. cit.,pp. 24-26.

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    les transferts de technologie (y compris les importations des principaux processusde production);

    la composition du commerce extrieur par catgorie de produits; les principales caractristiques des quipements de base.Tous ces critres sont utiliss dans les tudes de cas. Mais le nombre de ces travaux est

    peu important et ils ne se prtent pas facilement des conclusions synthtiques. On a de ce

    fait tendance mettre l accent sur les caractristiques oprationnelles des produits finals ousur leur qualit. Pour les machines, par exemple, ceci implique la comparaison dindices telsque la fiabilit, le rapport entre la puissance et le poids ou la vitesse oprationnelle. Mais onne peut le faire que pour les produits essentiels influenant de faon dcisive le niveau gnraldune branche industrielle77.

    Comme ces tudes de cas sont relativement rares et peu diffuses, lvaluation des cartstechnologiques se fonde surtout sur les caractristiques de certains produits cls. Il est videntque cette approche est incomplte.

    Lavance et le retard sont souvent estims daprs les renseignements disponibleset non daprs les renseignements souhaits. On le constate dans lune des comparaisonseffectues en 1969 par le Centre de Birmingham et qui concerne la production et la

    productivit ainsi que les critres portant sur la dimension, le nombre de machines enservice, les dlais de construction et certaines qualifications techniques78. Une rechercheapprofondie serait ncessaire pour justifier lutilisation de tel critre plutt que de telautre79.

    Lutilisation de critre trs varis devait se reflter ncessairement dans les rsultatsobtenus. Une confrontation intressante des rsultats de diffrentes comparaisons a tralise par Antony C. Sutton et nous la reproduisons dans le tableau 41. Pour les laminoirs,

    par exemple, les chiffres sovitiques cits par le Centre de Birmingham font tat dune paritavec lOccident, ou mme dune certaine avance sovitique, alors que les calculs occidentauxfont ressortir un retard sovitique de vingt trente ans!

    Parmi les rares tudes de cas, on peut citer celles de Robert R. Campbell sur le secteurnergtique80et de Robert Perry sur lindustrie aronautique81. Un grand pas en avant a tfait avec la publication rcente des recherches du Centre for Russian and East EuropeanStudies de lUniversit de Birmingham82dont les rsultats dtaills seront indiqus dans les

    paragraphes qui suivent.Leur intrt principal est quelles tudient les mesures spcifiques prises dans le

    domaine de la R-D et de la diffusion et quelles fournissent des indications quantitatives surlavance ou le retard sovitique qui peuvent tre utilises dans des travaux ultrieurs83.

    b) Les statistiques sur les brevets en tant quindicateur du niveau des connaissancestechniques

    Les statistiques sur les brevets enregistrs constituent un des moyens les plus significatifset les plus pratiques de mesure du niveau des connaissances techniques des diffrents pays84.

    77 Ibid.78 R. Amann, M. J. Berry, R. W. Davies, La science et lindustrie en UR SS , La politique de la

    science en URSS, op. cit., pp. 510-513.79 Cette recherche a t faite depuis par Ronald Amann. Voir son article Some Approaches to

    the Comparative Assessment of Soviet Technology: Its Level and Rate of Development, dans TheTechnological Level of Soviet Industry, op. cit., pp. 1-34.

    80 Robert Campbell, Technological Levels in the Soviet Energy Sector , dans East-WestTechnological Co-operation, op. cit., pp. 241-263.

    81 Robert Perry, Comparisons o fSoviet and US Technology,Rand Corporation, R-827-P R, juin1973.

    82 The Technological Level of Soviet Industry, op. cit.83 Ibid., p. 30.84 Jiri Slama et Heinrich Vogel, Technology Advances in Comecon Countries, dans

    East- West Technological Co-operation, op. cit., pp. 197-210.

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    Tableau 41

    Comparaison des valuations du retard sovitique en matire de technologie 1970

    , Rapp ort de Dlgation dun pa ys , c ..__cTechnologie lO CD E" occidental industrialis* Sutton

    Extraction du charbon-oprations souterraines

    Dix ans de retard Dix ans de retard

    Energie atomique Mme niveauou en tte

    Comptence,Manque dquipementexprimental^

    10 15 ans deretard en 1970

    Hauts fourneaux Mme niveau ouen tte (1959)

    Pas de retard-^ Pas de retard

    Laminage Mme niveau ouen tte (1959)

    20 30 ans deretard

    30 ans de retard

    Enrichissementdes minerais

    Retard de lURSS(1960)

    Technique calquesur des modles USdj anciens^

    20 ans de retard

    Forage de puitsde ptrole

    Mme niveau ouen tte (1959)

    Limitations concernantla profondeur desforages

    Compresseurs pouroloducs

    Loin derrire# 20 ans de retard

    Tubes de granddiamtre

    Loin derrire# 20 ans de retard

    Gnie chimique(toutes phases)

    Retard de lURSS(1959)

    30 ans de retardminimum

    a) E. Zaleski et autres. La poli tique de la sc ienc e en URSS , op. cit., pp. 510 513.b) Voir Antony C. Sutton. Western Technology and Soviet Economic Development, 1945 to 1965, op. cit., pp. 372 et 373.c) Ibid., pp. 369-370d ) Lettre de Vasihy Strishkov, ancien ing nieur des charbonnages de l'URSS, actuellement em ploy au Bureau of Mines.

    Washington. D.C.e) Ato m ic En ergy in the Soviet Union.Ra ppo rt d'un e visite de la Dlgation amricaine pour lnergie atomique en URSS, mai 1963

    (Oak Ridge. Tenn ., AC Division of Tech nical Inform ation Extension, sans date).f ) S te el in th e So viet Un ion . R app ort d 'une visite de la Dlgation am ricaine pour lextraction des minerais de fer et de cuivre en

    URSS, mai et juin 1958. (New York. Institut de sidrurgie des Etats-Unis. 1959).) U SS R N ationa l Gas Industry . Ra ppo rt de la Dlgation amricaine pour lindustrie du gaz naturel en URSS. 1961. (American

    Gas Association, sans date).

    Source: Antony C. Sutton. Western Technology and Soviet Economic Development, 1945 to 1965, op. cit., p. 379.

    Dans le tableau 42 nous avons reproduit les rsultats des intressantes recherches effectuesdans ce domaine par Jiri Slama et Heinrich Vogel pour lanne 1974. Il apparat que lacontribution des pays de lEst la production mondiale de savoir-faire (reprsente parlapplication des brevets) est particulirement faible (voir col. 18 du tableau 42). Alors quesix pays occidentaux industrialiss (Etats-Unis, Allemagne, Japon, Royaume-Uni, France etSuisse) ont concourru en 1974 79.3 % du total des brevets appliqus dans le monde, les paysdu CAEM ny ont contribu que pour 3.3%.

    Trs significatif aussi est le rapport entre les applications de brevets dun pays et lesapplications, par le mme pays, de brevets en provenance du reste du monde (voir ol. 21dutableau 42). Ce rapport est trs favorable pour les Etats-Unis (2.6), lAllemagne (2.0) et laSuisse (1.8), mais ngatif pour la plupart des pays du CAEM. Ces derniers appliquent doncsurtout des brevets en provenance des pays occidentaux, ce qui indique que le savoir-fairede lEurope de lEst est faible.

    Selon Jiri Slama et Heinrich Vogel, la recherche au niveau micro-conomique tablitune corrlation entre le nombre des brevets demands et le niveau technologique de la

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    Table

    Application mutuelle dans les principaux pays des brevet!

    Pays denregistrement USA All. J RU F CH I P-B s c

    Pays dorigine 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

    1. USA 11 036 11 904 12 488 9 264 2 568 4 364 3 384 15 5602. Allemagne 8 897 5 439 7 283 7 646 4 385 3 856 2 894 2 2133. Japon 5 163 5 122 4 412 2 940 778 1 222 629 1 9664. Royaume-Uni 5 109 3 183 2 302 2 781 665 1 231 1 047 1 7005. France 3 157 2 828 1 594 2 576 985 1 234 716 10116. Suisse 2 057 2 814 1 591 1 892 2 001 1 061 846 7477. Italie 1 192 1 100 605 928 1 050 451 412 252 4168. Pays-Bas 985 1 266 1 009 812 1 215 371 542 4849. Sude 1 357 1 193 794 1 034 855 326 353 561

    10. Canada 2 191 308 297 629 224 59 86 13311. URSS 728 475 400 382 411 103 55 195 152

    12. RDA

    651 40 199 246 114 40 75 113. Hongrie 108 161 81 126 120 69 71 67 4614. Tchcoslovaquie 173 272 98 174 140 83 27 41 3215. Pologne 61 76 27 56 51 22 16 28 12

    16. Balance 63 243 33 868 5 622 6 825 8 185 9 591 4 706 1 999 21 032

    17. Applic. brev.en prov. du restedu monde (total) 38 445 33 011 27 810 35 705 30 927 12 033 14 966 11 933 26 144

    18. 17 en % 11.1 9.5 8.0 10.3 8.9 3.5 4.3 3.4 7.5

    19. Dem. brevet enprovenance dureste du mondepar milliondhabitants 181.4 532.1 253.6 638.4 588.2 1 871.1 1 105.2 1 462.9 1 163.0

    a) Dernire colon ne ajoute par les auteurs.

    Source: Jiri Slama et Heinrich Vogel. Technology Advances in Comecon C ountr ies . dans E ast-W est Technological Co-operation, Colloqui

    production85. Ils citent pour cela un chantillon de 57 entreprises pharmaceutiquesamricaines. Des recherches supplmentaires sur ce sujet semblent cependant ncessaires et

    il nest pas sr que le nombre de brevets soit reprsentatif, ni de leur valeur, ni de leurapplication. Il sagit cependant dune approche intressante, bien que partielle.

    c) Rsultat des comparaisons effectues par branche dindustries

    La transmission de courant lectrique haute tensionDans la transmission du courant lectrique, le voltage constitue lindicateur approxi

    matif du niveau technologique. Plus le voltage est fort, moins les pertes sont importantes sur

    la ligne de transmission. Trois types principaux de transmission du courant sont pris enconsidration : courant alternatif haute tension, courant direct haute tension et courantultra-fort alternatif haute tension (de plus de 1000kV)

    85 Ibid

    240

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    24/111

    au 42

    en provenance du monde et de lEurope de lEst (1974)

    URSS RD A H Tch. PL Solde

    Applicationde brevets

    dans lemonde(total)

    17 en %

    Applicationde brevets

    dans lemonde

    pa r mill iondhabitants

    Population(millions)

    /o brev. dansle mon de/

    total brevetsdu reste du

    monde*

    11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21

    1 216 429 335 365 454 63 243 101 688 29.3 479.8 211 920 264.51 199 921 510 816 753 33 868 66 879 19.3 1 078.0 62 041 202.6

    354 104 79 121 68 5 622 33 432 9.6 304.8 109 670 120.2294 115 136 204 180 6 825 28 880 8.3 516.3 55 933 80.9431 173 104 134 128 8 185 22 742 6.6 432.5 52 577 73.5486 284 176 243 261 9 591 21 624 6.2 3 362.5 6 431 179.7174 106 90 127 10 332 3.0 186.6 55 367128 66 36 51 51 4 786 10 180 2.9 751.8 13 541 68.0194 81 32 73 100 1 999 9 934 2.9 1 217.8 8 157 83.240 14 3 7 8 21 032 5 112 1.5 227.4 22 479 19.5

    260 100 196 73 1 560 4 120 1.2 16.5 249 749 72.5

    494 222 379 78 3 3 077 0.9 181.1 16 980 100.1161 118 127 87 88 1 945 0.6 185.7 10 473 95.786 146 41 25 1 560 1 548 0.4 105.4 14 690 49.851 45 27 49 1 904 654 0.2 19.4 33 691 25.6

    1 560 3 88 1 560 1 904 + 64 388

    5 860 3 074 2 033 3 108 2 558 347 050

    1.6 0.9 0.6 0.9 0.7 100.0

    22.7 181.0 194.1 211.6 75.9 89.9

    OTAN. 1976. op. cit.. p. 226.

    Les tapes successives de lintroduction des lignes courant alternatif haute tensionen Union sovitique sont prsentes au tableau 39 (plus haut) et aux tableaux 43 et 44.

    LUnion sovitique a acquis une position dominante dans lintroduction du courantalternatif haute tension. Une ligne de 400 kV a t tablie en 1956, et en 1959 lURSS a tle premier pays construire une ligne de 500 kV. En fait, il sagissait dune extension deslignes de 400 kV qui existaient dj en Sude, mais lUnion sovitique sest largement serviede ses connaissances techniques nationales86.

    Le tableau 43 montre que pour la construction des lignes courant alternatif hautetension dune puissance suprieure 700 kV, lUnion sovitique occupait la deuxime place,aprs le Canada, mais avant les Etats-Unis. Dans ce cas galement, la performance sembleavoir t ralise sur la base de techniques sovitiques87.

    Daprs le tableau 44, lUnion sovitique dtenait en 1970 le plus long rseau de lignes courant alternatif haute tension de 500 kV, mais elle cdait la place aux Etats-Unis pour leslignes de 735-765 kV. Notons que les plans sovitiques pour 1975-76 prvoyaient une

    86 W. G. Allinson, High Voltage Power Transmission, dans The Technological Level ofSoviet Industry, op. cit., pp. 222-223.

    87 Ibid.

    241

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    extension 2 000 km des lignes de 750 kV et 4 500 km pour 1980-82. La longueur des lignesde 500 kV devait passer respectivement 17 500 km et 24 000 km88.

    Au cours des annes 60, seuls les Etats-Unis et le Canada construisaient des lignes deplus de 700 kV, la plupart des pays europens ne lenvisageant que pour plus tard. Mais, danslensemble du processus daccroissement de la puissance des lignes, lUnion sovitique

    perdait sa position dominante en conservant une forte proportion de lignes de 160 kV et

    moins. En ce qui concerne les lignes de 300 kV et plus (y compris les lignes de 500 et 750 kV),leur part natteignait en URSS que 10.1 % de la longueur totale des lignes alors quelle tait de26 % en Sude, de 13 % en France, de 32 % au Royaume-Uni et de 11 % aux Etats-Unis et enAllemagne89.

    Tableau 43

    Principales tapes dans la construction des lignes de courant alternatif haute tensiondune puissance suprieure 700 kV

    1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969

    USA Prototypede 750 kVc

    Mise enservicedune ligne765 kV*

    URSS

    Projet deligne exprimentaleKonakovMoscou(90 km750 kV)*

    Commencementde la construction dela ligneKonakovMoscou

    Mise enservicede la ligneKonakovMoscou-^

    Canada

    Dcision deporterun projetde 500 kV 700 kV*

    Ligne de735 kVmise enservicee

    Sources :a) B. P. Lebe dev, Elektriches tvo . 1963, n 12. p. 36.b) Ibid.. p. 34.c) Electrica l Review. 16 aot 1963, p. 287.d) V. V. Burgsdorf, S. S. Rok otya n et A. N. Sherentsi s. E lektrich es tvo, 1965, n 1. p. 7.e) Electrical Review. 1er jan vie r 1 965, p. 2.

    f) S. S. Ro koty an, El ek tr ic he sk ie Stan tsi i, 1967, n 12. p. 5.g) Elect ric al a n d Electron ics Ab strac ts, janvier-juin 1972. n 15097. op. cit.. p. 798.Cit d'aprs: W. G. Allinson, High Voltage Power Transm ission , dans The Technological Level of Soviet Industry, op. cit..

    p. 21 0.

    Les principales tapes de lintroduction des lignes de courant direct haute tension sontprsentes dans le tableau 45. En 1951, lUnion sovitique a t le second pays construireune ligne de courant direct haute tension dune capacit de 200 kV. Une seconde ligne de800 kV ( 400 kV) a t ralise en 1962, ce qui a mis l URSS au premier rang mondial, lesEtats-Unis n ayant construit une ligne de ce type quen 1970. Un projet de ligne de 1500 kV at lanc il y a quelques annes, lquipement ncessaire tant en cours de production. Uneautre ligne de 2 200 kV est en prparation90. LUnion sovitique nen occupe pas pour autant

    88 Ibid., p. 212.89 Ibid., p. 215 et tableau 44.90 R. W. Davies, The Technological Level of Soviet Industry: an Overview, art. cit.,

    p. 42.

    242

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    Tableau 44

    Longueur lignes de triiiiinibiiu!! de eguran! iiernstlf i haute inllon 191^1970 (n km)

    tM feV Ws I6&299 feV % 3UMKV m s tv M % Tmai m

    USe 1959 169 697 14 28 270 14 4 970^ 2 0 0 Q Q 202 937 1001965 210 649 76 S 39S 21 n636 3 4f Q,2 Q 271 179 ioo1970 149 397 67 3 OH! 22 23 741 7 il 433 3 9SQ 370 602 100

    URSS3 1959* 3 300 0 l 4Q 5 3 100 3 2 40 2 0 14 200 1001965 140 74 35 100 18 7 n o 4 8 170 4 0 6 190 380 11970 190 500 71 50 800 19 13 950 5 13 140 5 160 0.1 268 550 100

    Royaume-Uni^ 1959 12 800 82 2 750 18 0 0 0 0 0 0 15 550 1001965 16 500 70 6 300 27 880 3 0 0 0 0 23 680 1001970 17 500 56 3 750 12 9 800 32 0 0 0 0 31 050 100

    Allemagne c 1959 20 634 74 7 376 26 0 0 0 0 0 0 28 010 1001965 28 849 70 10 650 27 1 296 3 0 0 0 0 40 795 1001970 34 383 65 12 680 24 6 232 11 0 0 0 0 53 295 100

    Sudec 1959 7 589 51 4 286 28 3 140 21 0 0 0 0 15 015 1001965 9 364 49 4 878 25 4 975 26 0 0 0 0 19 217 1001970 n.t H:d: n.d. n.d. H:d: n-4-. 100

    Ffnf 9J9 9 |4 4Q 694 52 37Q i 0 Q Q 0 22 695 1009l 9 293 32 16 221 57 3 211 11 0 0 0 0 21 734 1001970 9 331 21 19 662 19 4 39 13 0 0 0 0 33 39 10 0

    ) Tous !s ehiifS m n eem an lPUftii ssril lires de , : Psvlink et A; N.- Nkrv, k ft r% t k 5h iui iws m M h !;h) Los GhinrOs r!iltls au Ro yaUffli-Un l p uf 195? S'appliquent la fin de iS ffe i^ budgtaire

    1951=39 et sent tirs de kiwlrivilytmirnilRvpftandAivmini*. !M)~f*L pp. I?2=?3: Les hi!!r?sfsprinilm m il ni t i^nv fm f feUiiFs, L tiiinrs eonefrnnt !e Repu rtii-U ni p ef i9S en i??0tsnyfnnt IcS Sftlis fedgealfs ayant ons Un ??S annt?S=! fi Snt tirs deMhiWjtti Cfnim' RvpOr!mA itv n iS iW-?f . pp: Csh hifFf n l s ssj i i i wQRVefUl 8p. k'iioFnetFeS:

    il Le? ehilTre* p uf i 959 wtil lires d jHiHOtl v! pFSpvijjY ili: hndmittiv fft'iriuv wmiphwn?en i960-6i.Commission conomique des Naiions-mes pour 1Europe, tbia 3 i. Dpliis 1965 et 1970.il n'existe pas de chiffres directement disponibles, ils ont t calculs comme suit :

    La longueu r des lignes existantes en 1963 a t tire de Situation d e I nergie lectrique en Europ e en1964 65 et ses perspectives,New York. 1966. Commission conomique des Nations-Unies pour lEurope,pp. 42-3 . On a ajo ut c es chiff res so us les i nd ica tio ns d e volt age les lon gu eur s de lig nes m ises en serv ice e n1964. Ces chiffres ont t tirs des rfrences mentionn es plus haut. On a ensuite ajou t les lignes mises enserv ice en 1965. Ce dernier renseignem ent a t tir de la I ingtime enq ute sur l quipem ent lectrique,OC DE. 1976. pp. 32-4.

    Une mtho de analogue a t employe po ur calculer la situation en 1970. Les chiffres ajouts pourchaque anne ont t tirs des sources suivantes :

    11- Mlwi&v *r i vmipwwm y t MfeM, pp= 42=4 ip uf i9 i,2 kfiiimv siit r^ iipvnWH} OC DE , pp= %1=%%(pwf 197=M),20- h.itjiiC'ii' Sur i'vQUifvftivn! Cii'IfQUv, OCDE; !9 7 !. pp. 25-27 ipOilF I99r70);1! y s iifu de tenir eompf dis ebsirvstlens suivantes ;i 1un SH hifTrH annu el* ^uppimniiiifS p f iS Etats -Un is par tir d "l ? sn t dS

    ^limiiiii du iceflafifll de l'OCDE,2. Les ehllTe^spp mentlr s pour jM? en 'e I 'onrne iitemagn sont des estlmatiens d

    I^fiariai d rOCBE;3= P u f i s d , f i ro d ispsa j i gas d h T r r l l i sa l i* ns spDlF nn ta iF s d !00 - ! f?0 k ; n

    a donc pris pour 1964. en ce qui concerne ce voltage, la situation de 1963.4. Le principal lment de distorsion des chiffres par rapport la ralit provient du fait quils ne

    tiennent pas compte des lignes qui ont t mises hors service ou dont la tension a t augmente. Etantdonn que ces lignes ont gnralement des voltages infrieurs, la propo rtion de lignes faible voltage estpro ba ble me nt sur esti m e po ur les pay s c onsi dr s. Ain si, si l on con sid re les pay s q ui on t la plu s fortepro po rtio n de lignes t rs ha ute ten sio n, les E tats -U nis , la F ran ce, la S ud e et lAlle ma gn e a pp ara isse ntsous un jour plus favorable quavec des chiffres correspondant plus exactement la ralit.

    d) Le chiffre concerne la ligne de 287-345 kV. ') Les chiffres de 1959 indiqu s pour lURSS sont en fait des chiffres de 1960.Cit d'aprs . W. Ci. Allinson. High Voltage Power Tran smission , art. cit.. p. 225.

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    la premire place mondiale. Une ligne de 900 kV devait tre acheve au Canada en 1976 etune ligne de 1066 kV au Mozambique en 197591. Cette ligne est dune importance

    particulire puisquelle doit utiliser des convertisseurs thyristor pour lesquels lUnionsovitique a un retard de six ans environ92.

    Quant aux lignes courant alternatif trs haute tension (suprieure 1000 kV),PUnion sovitique en a mis une de 1150 kV en opration. Des lignes dune puissance

    suprieure 1000 kV sont prvues aux Etats-Unis et au Canada. Les pays europensprfrent passer par le stade intermdiaire de 750-800 kV. Pour le moment, il est impossiblede dterminer le niveau compar des techniques appliques dans ce domaine lEst et lOuest93.

    Les techniques appliques l'extraction et la transformation des combustiblesLa technologie sovitique est en retard dans lindustrie du charbon. Lobjectif majeur est

    ici le dveloppement des units automatises qui extraient le charbon et lacheminent versles systmes de transport. Les Sovitiques narrivent pas projeter, produire, ni introduireles nouvelles machines. Les observateurs trangers ont particulirement remarqu les

    lenteurs de ladoption par lURSS de machines plus modernes comme les narrow webcutters, les supports hydrauliques mobiles de plafond, etc., qui y ont t introduiteslongtemps aprs quelles fonctionnaient en Europe occidentale94. En outre, une partienettement plus importante du personnel est occupe des travaux manuels, et le retard dansce domaine pourrait tre de dix quinze ans.

    Dans le domaine du ptrole et du gaz, le retard sovitique (lURSS est le premierproducteur mondial de ptrole) nest apparu quavec le passage lexploitation des rservesplus profondes situes dans des rgions difficilement accessibles de la Sibrie. LUnionsovitique manquait la fois de lexprience et de lquipement ncessaires, et lindustriemcanique sovitique sest avre incapable de satisfaire les nouvelles demandes. Le goulotdtranglement le plus important reste le forage. Les Sovitiques nont pas t capables

    dinnover assez rapidement dans le domaine du forage lectrique, de la technologie desnouveaux procds de forage (modles de forets turbine ou dents adaptes la technologiede forage). Selon Robert Campbell: ...le travail exprimental avec diamond bits

    paraissait trs prometteur, mais lemploi gnralis des diamond bits semble se heurter certains obstacles et on ne connat actuellement peu prs rien ce sujet. La solution derechange parat tre lemploi dun peroir arm dun acier dur spcial, solution qui pourraitinfluer sur la productivit du forage95.

    Le niveau technologique