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08 16 L’humoriste Farid Abdelkrim sera à Paris le 27 octobre avec son nouveau spectacle Le chemin de la gare. Vrai moment de détente et d’humour, ce dernier opus est aussi le moyen pour l’artiste de passer au fil de la critique humoristique, les travers de ses co-religion- naires. Les Turcs commencent à découvrir les joies du rugby. Après l’introduction officielle du championnat national de cette discipline en 2008, la Turquie jouera le 11 novembre prochain son premier match international à Antalya contre la Slovaquie. SPORT Farid Abdelkrim : «Que les musulmans se regardent dans une glace» Le ballon ovale rebondit en Turquie 26 - 31 OCTOBRE 2012 N° 236 WWW.ZAMANFRANCE.FR Sacrifier pour un pauvre… à l’autre bout du monde Sortir de l’apprentissage par cœur aux examens - Le Centre de sélection et d’orientation des étudiants (ÖSYM) a décidé de réformer le déroulement des examens en supprimant les QCM et en mettant l’accent sur la réflexion critique des étudiants. L’objectif affiché : mettre fin à la méthode du «tout par cœur» et enrayer la fraude. - TURQUIE 09 Voile et sorties scolaires : les profs décideront rFRANCE 02 2 millions de pèlerins sur les chemins de La Mecque rINTERNATIONAL 11 r Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a facilité la naturalisation des étrangers par une série de mesures rompant avec l’ère Guéant. Outre la suppression des questionnaires de culture générale, le CDI ne sera plus une condition d’obtention de la nationalité fran- çaise et la période pour déposer un dossier a été baissée à 5 ans au lieu de 10. - FRANCE 06 Face aux difficultés pour obtenir son propre mouton, de plus en plus de familles passent par des ONG pour faire un sacrifice par délégation par- tout dans le monde, à l’occasion de l’Aïd al-adha. De multiples structures proposent d’ores et déjà de se charger du sacrifice pour en faire bénéfi- cier les populations de pays pauvres. qSOCIETE 07 Ces musulmans français et patriotes Peut-on être musulman et patriote français ? Pour l’association Fils de France, la question ne se pose plus. «Beaucoup de musulmans aiment leur pays mais s’interdisent de se l’avouer» explique Camel Bechikh, son président- fondateur, favorable à une limitation de l’immigration. Une position que ne partage pas Nabil Ennasri du Collectif des musulmans de France, qui met en garde contre une «surenchère» qui profiterait à l’extrême droite. - FRANCE 05 Valls facilite la naturalisation des étrangers Tariq Ramadan veut un «discours clair» contre l’extrémisme - L’intellectuel sui- sse Tariq Ramadan a regretté un manque de dénonciation de l’extrémisme de la part des représentants musulmans de France et ap- pelle à plus de responsabilité. «Les leaders musulmans ne sont pas assez courageux par rapport à la violence des groupes qui font n’importe quoi au nom de l’islam», a-t-il déclaré. - FRANCE 03 Dénoncer plus fermement l’intégrisme SELAMI VARLIK r02 EDITO Comment expliquer le sacrifice aux enfants ? r12 FAMILLE

Zaman France N° 236 - FR

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Zaman France N° 236 - FR

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Page 1: Zaman France N° 236 - FR

0816L’humoriste Farid Abdelkrim sera à Paris le 27 octobre avec son nouveau spectacle Le chemin de la gare. Vrai moment de détente et d’humour, ce dernier opus est

aussi le moyen pour l’artiste de passer au fi l de la critique humoristique, les travers de ses co-religion-naires.

Les Turcs commencent à découvrir les joies du rugby. Après l’introduction offi cielle du championnat national de cette discipline en 2008, la Turquie jouera le 11 novembre prochain son premier match international à Antalya contre la Slovaquie.

SPOR

TFarid Abdelkrim : «Que les musulmans se regardent dans une glace»

Le ballon ovale rebondit en Turquie

26 - 31 OCTOBRE 2012 N° 236WWW.ZAMANFRANCE.FR

Sacrifi er pour un pauvre… à l’autre

bout du monde

Sortir de l’apprentissage par cœur aux examens

-Le Centre de sélection et d’orientation des

étudiants (ÖSYM) a décidé de réformer le déroulement des examens en supprimant les QCM et en mettant l’accent sur la réfl exion critique des étudiants. L’objectif affi ché : mettre fi n à la méthode du «tout par cœur» et enrayer la fraude. -TURQUIE 09

Voile et sorties scolaires : les profs décideront rFRANCE 02

2 millions de pèlerins sur les chemins de La MecquerINTERNATIONAL 11

rLe ministre de l’Intérieur Manuel Valls a facilité la

naturalisation des étrangers par une série de mesures rompant avec l’ère Guéant. Outre la suppression des questionnaires de culture générale, le CDI ne sera plus une condition d’obtention de la nationalité fran-çaise et la période pour déposer un dossier a été baissée à 5 ans au lieu de 10. -FRANCE 06

Face aux diffi cultés pour obtenir son propre mouton, de plus en plus de familles passent par des ONG pour faire un sacrifi ce par délégation par-tout dans le monde, à l’occasion de l’Aïd al-adha. De multiples structures proposent d’ores et déjà de se charger du sacrifi ce pour en faire bénéfi -cier les populations de pays pauvres. qSOCIETE 07

Ces musulmans français et patriotesPeut-on être musulman et patriote français ? Pour l’association Fils de France, la question ne se pose plus. «Beaucoup de musulmans aiment leur pays mais s’interdisent de se l’avouer» explique Camel Bechikh, son président-fondateur, favorable à une limitation de l’immigration. Une position que ne partage pas Nabil Ennasri du Collectif des musulmans de France, qui met en garde contre une «surenchère» qui profi terait à l’extrême droite. -FRANCE 05

Valls facilite la naturalisation des étrangers

Tariq Ramadan veut un «discours clair» contre l’extrémisme

-L’intellectuel sui-sse Tariq Ramadan

a regretté un manque de dénonciation de l’extrémisme de la part des représentants musulmans de France et ap-pelle à plus de responsabilité. «Les leaders musulmans ne sont pas assez courageux par rapport à la violence des groupes qui font n’importe quoi au nom de l’islam», a-t-il déclaré. -FRANCE 03

Dénoncer plus fermement l’intégrisme SELAMI VARLIK r02EDITO

Comment expliquer le sacrifice aux enfants ? r12FAMILLE

Voile et sorties scolaires : les profs déciderontr

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Voile et sorties scolaires : les profs décideront

Le ministre de l’Educa-tion nationale Vincent

Peillon a indiqué vendredi soir sur Mediapart faire «une très grande confiance» aux ensei-gnants pour juger avec «intelli-gence» de l’attitude à adopter face aux mères voilées souhai-tant accompagner les enfants aux sorties scolaires. «Je ne vais pas nourrir la machine dont se sert (la présidente du Front national) Marine Le Pen au-jourd’hui, en tant que ministre de l’Education nationale, en faisant une déclaration», a dit M. Peillon, interrogé par Edwy Plenel. Le précédent ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, s’était déclaré favorable à une interdiction du port du voile pour les mères encadrant les sorties scolaires. «Mais je

fais une très grande confi ance aux enseignants sur le terrain pour discriminer des situations qui méritent d’aborder les choses avec intelligence et sans provoquer (de) vexations», a ajouté le ministre. «Dans le projet que j’ai eu (...) de reparler de morale laïque à l’école, la laïcité falsifi ée et cette dérive de la laïcité devenue une arme anti-musulmans a beaucoup compté», a-t-il dit.

Une arme contre le dogmatisme«Lorsqu’on saura exactement ce qu’est la laïcité, qu’on l’enseignera à nouveau à nos enfants, on saura quelle est la meilleure arme contre tous les dogmatismes, toutes les ortho-doxies, toutes les violences, tous les mépris», a conclu

le ministre. M. Peillon vient d’envoyer une lettre de mission sur la morale laïque à «trois personnalités qualifiées» qui doivent lui remettre un rapport fi n mars. Instaurer des cours de morale laïque demandera du

temps car il faudra refondre les programmes de 2008, inscrire des cours de morale laïque dans les nouveaux programmes, imprimer les nouveaux livres et former les futurs enseignants, avait-il indiqué en septembre.

Le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon n’a pas tranché la question de l’interdic-tion des sorties scolaires pour les mamans voilées que certains établissements prati-quaient. Pour le ministre, les enseignants décideront eux-mêmes au cas par cas.

Des établissements scolaires ont a interdit à des mères voilées d’accompagner leurs enfants aux sorties scolaires.

SELAMIVARLIK

EDITO

Tariq Ramadan a récemment invité les lea-ders musulmans à être plus courageux et à avoir un discours clair contre l’extrémisme religieux, même s’il se dit conscient que l’islam n’est qu’un «vernis» pour les radi-caux. En vérité les musulmans prennent position sur ces sujets. Le moindre début de discussion dans un cercle privé arrive très vite sur une dénonciation de l’extré-misme religieux et du terrorisme. Cette position relève même pour beaucoup de l’évidence. Pourtant, cette parole est plus rarement publique et elle n’est pas vérita-blement revendiquée par les leaders mu-sulmans. La raison ne vient donc pas d’une compromission inavouée, mais plutôt d’un refl exe d’opposition à ce qui est vécu comme une diabolisation systématisée de l’islam. Dès lors, s’installe une psycholo-gie défensive qui a le sentiment qu’une dénonciation trop explicite de l’intégrisme religieux reviendrait à tirer sur une ambu-lance déjà bien malmenée, d’autant que d’autres excès semblent moins dénoncés par les politiques. Les musulmans ont éga-lement l’impression qu’une telle prise de position alimenterait le discours qui tend à voir la religion derrière tous les maux et ne tient pas assez compte des contextes poli-tiques et sociétaux des sujets liés à l’islam. Pourtant, les musulmans auraient grand intérêt à dépasser cette logique réactive pour prendre plus fermement position sur des sujets à propos desquels les sources religieuses sont, de toute façon, tout à fait explicites en termes de dénonciation. Il s’agit avant tout de prendre conscience du poids symbolique des déclarations et de dire tout haut ce que beaucoup pensent déjà tout bas afi n de ne laisser subsister aucune forme d’ambiguïté dans un climat général malheureusement déjà très tendu. L’objectif est aussi de dépasser un raison-nement binaire qui séparerait la société entre un «eux» et un «nous» afi n de réali-ser que l’on a tout simplement des milliers de concitoyens confrontés aux mêmes dif-fi cultés et défi s. C’est pourquoi cette prise de position ferme est indispensable, aussi parce qu’elle permettra de dissocier plus facilement l’islam de l’extrémisme, comme les musulmans eux-mêmes ne cessent d’ailleurs de le ré[email protected]

Le ministère des Sciences, de l’Industrie et de la Technologie mentionne que 1066 entreprises s’engagent à investir un total de 4,60 milliards d’euros dans les 15 provinces les moins avancées du pays. Pour ce projet 30.000 emplois vont être créés par ces entre-prises dans l’est du pays, à majorité kurde. Le plan va également permettre de réduire le défi cit du compte courant de la Turquie (CAD)

et d’égaliser les grandes diff érences régio-nales en matière de développement entre l’est et l’ouest. En juin, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a appelé les milieux d’aff aires de la Turquie à accroître les investissements dans l’est, affi rmant à la presse : «La région se transforme, et nous avons besoin du soutien des entreprises privées pour aider les villes relativement plus pauvres».

Selon le journal Le Figaro, un syndicat d’ensei-gnant turcs a porté plainte pour que des manuels scolaires contenants des propos anti-sémites contre des personnages historiques comme Albert Einstein et Charles Darwin soient immédiatement retirés des établisse-ments. «Ces livres incluent des remarques qui sont antiscientifi ques, antisémites, antiarmé-niennes ou humiliantes pour les chrétiens,

les athées et les personnes qui défendent des idées de gauche», dénonce le syndicat Egitim-Sen. Albert Einstein est décrit comme un en-fant «sale et débraillé» qui marchait pieds-nus et mangeait du savon. Charles Darwin qui n’est pas épargné, est présenté comme un «juif clandestin qui détestait son grand nez» et qui a passé vingt ans sur ses travaux «en sachant parfaitement qu’il se mentait à lui-même».

4,60 milliards d’euros débloqués pour les provinces kurdes de Turquie

Turquie : des livres antisémites distribués dans les écoles

...ET UNE MAUVAISEUNE BONNE...

NOUVELLE

Le troisième et dernier débat opposant le président démocrate sortant Barack Obama et le candidat républicain Mitt Romney portait sur la poli-tique étrangère des Etats-Unis. M. Obama est apparu agressif face à un candidat républicain qui n’a pas su présenter son programme avec clarté.

FRANCE02 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Dénoncer plus fermement l’intégrisme

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radicalité ne vient même pas des mos-quées, elle vient de gens qui sont à la périphérie, qui viennent d’entrer dans l’islam». «C’est ce qui s’est passé en France» où six des sept personnes d’une cellule islamiste étaient des convertis, souligne le chercheur suisse, qui vit à Londres. Les extrémistes «ont souvent un passé de blessé» ou «de malfrat» et leur radicalité «leur donne le sentiment de purifi er ce passé», poursuit l’islamo-logue. Si l’islam n’est qu’«un vernis» pour ces radicaux, cela n’exonère pas les leaders musulmans d’une certaine «res-ponsabilité», a-t-il toutefois ajouté. Se-lon lui, malgré les condamnations du terrorisme, «les leaders musulmans ne sont pas assez courageux par rapport à la violence des groupes et par rapport à la trahison des Etats (...) qui font n’im-porte quoi au nom de l’islam», comme l’Arabie saoudite qui «coupe les mains» des voleurs. De même, dit-il, «au niveau des associations et des mosquées, il faut tenir un discours clair, arrêter le "eux contre nous", un discours que tiennent certains imams». Pour lui, «il faut confronter le discours de la minorité de salafi stes» avec d’autres visions de l’is-lam. Mais dans un contexte «d’islamo-phobie», de «peur des musulmans», ceux-ci se sentent «tellement attaqués qu’il est diffi cile d’accepter un débat cri-tique en interne», par peur de fournir des arguments à ses détracteurs, juge-t-il. Les autorités demandent régulière-ment «un islam de France (...) des imams formés ici, qui parlent le français et qui sont totalement indépendants des pays d’origine de la première généra-tion», rappelle-t-il. Le ministre de l’In-térieur Manuel Valls a encore demandé à l’islam de «s’organiser» lors de l’inau-guration d’une nouvelle mosquée à Strasbourg le 27 septembre. Mais, sou-ligne Tariq Ramadan, un ministre maro-cain était invité à la cérémonie parce que son pays a fi nancé à hauteur de 39 % le nouvel édifi ce.

Les responsables musulmans doivent tenir un discours plus

«courageux» face aux dérives extré-mistes, même si l’islam de

France n’est pas responsable de la radicalisation d’indivi-dus qui évoluent «à la péri-phérie», estime l’islamo-logue Tariq Ramadan dans un entretien à l’AFP. Le professeur d’Etudes isla-miques contemporaines à l’université d’Oxford, relève que «souvent la

L’intellectuel suisse Tariq Ramadan a regretté un manque de dénon-ciation de l’extrémisme de la part des représentants musul-mans de France et appelle à plus de responsabilité. «Les lea-ders musulmans ne sont pas assez courageux par rapport à la violence des groupes qui font n’importe quoi au nom de l’islam», a-t-il déclaré.

L’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix a été créée pour promouvoir un message de paix et de pardon auprès des jeunes des quartiers sensibles.

FLORIAN GAMBIN PARISLa mère d’Imad Ibn Ziaten, Maréchal des Logis-Chef

de l’armée française, tombé sous les balles du terroriste Mohamed Merah le 11 mars dernier à Tou-louse, a créé en l’honneur de son défunt fils et à la mémoire de toutes les victimes militaires et civiles, une association qui porte le nom de son enfant Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix. L’objectif de cette femme et de son association est de se déplacer dans les cités, les écoles et les prisons pour y raconter son his-toire afi n d’aider la jeunesse de France, les jeunes adultes et les individus incarcérés à ne pas tomber dans la délinquance et le terrorisme. Elle veut véhiculer un message de paix, de tolérance et de pardon. Dans son nouveau combat, la mère d’Imad Ibn Zia-ten souhaite mettre en place un dialogue interreligieux et préve-

nir les jeunes des quartiers contre l’extrémisme. Cette association qui se veut laïque et qui respecte les valeurs de la République a mis en place une cellule d’écoute religieuse. Pour Mme Ibn Ziaten, que cette démarche soit laïque est primordiale. Elle veut faire comprendre aux jeunes des quartiers défavorisés qui vivent la plupart du temps dans des zones de non-droit, que la laïcité ne signifi e pas renier sa religion. Elle espère également que des acteurs de la vie citoyenne et des forces vives du pays (médecins, avocats, policiers....) donnent un peu plus de leur temps, pour rencontrer la jeunesse de France et leur montrer que même si le chemin est plus difficile pour eux, il n’est pas impossible de réussir. Avec du travail et de la persévérance on fi nit toujours à accomplir ses rêves : tel est le message que souhaite faire pas-

ser cette femme courageuse qui met un point d’honneur à s’inté-resser et à écouter la jeunesse du pays.

Merah : la mère d’une victime prône la paixZoom

‘‘«Les politiques ne peuvent pas se défausser sur les scientifi ques»

Déclaration au quotidien La Croix de Bruno Sido, sénateur et président de l’Offi ce parlementaire d’évaluation des choix scientifi ques et technologiques, à propos du tremblement de terre de 2009 à l’Aquila en Italie au cours duquel 309 personnes avaient trouvé la mort.

FRANCE03 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Tariq Ramadan veut un «discours clair» contre l’extrémisme

Tariq Ramadan demande plus de fermeté dans la condamnation de l’intégrisme religieux de la part

des responsables musulmans.

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La France, on l’aime ou on la kiff e

FOUAD BAHRI PARISLe 27 octobre, le club de ré-fl exion Fils de France organise

à Paris une conférence intitulée «Vers un islam français» animée entre autres par le théologien Tareq Ou-brou et le politologue Gilles Kepel. Cette structure créée il y a huit mois s’est fi xé comme objectif de rappeler «qu’un Français musulman peut être patriote». Patriote : le mot est lâché. Fruit d’une tradition politique située à droite, ce terme est aujourd’hui assumé par une frange minoritaire mais visible de la communauté mu-sulmane de France. Camel Bechikh, président fondateur de Fils de France, est l’un des représentants de cette sensibilité. «L’idée est que la France n’a jamais été une ethnie et n’est pas un concept lié au sang» explique-t-il. Le cadre associatif refuse notamment de circonscrire l’identité nationale à la République et aux valeurs qui lui sont liées (citoyenneté, laïcité) car «ces mots sont devenus des coquilles vides», «des fétiches» dit-il.

Dépasser le passif colonialCe rattachement à la France éternelle est l’un des éléments qui distingue le discours de ces musulmans patriotes, davantage centré autour de l’amour et du rapport charnel à la Nation qu’à un civisme des droits et des devoirs jugé plus formel. Mais au-delà des choix terminologiques, comment expliquer que cette posture politique ne parvienne pas à séduire un plus large public ? Pour Camel Bechikh, le passif colonial reste le principal obstacle à surmonter. «Beaucoup de musulmans aiment leur pays mais s’interdisent de se l’avouer car il y a un passé extrêmement lourd no-tamment chez les Algériens. Il faut dépasser cette histoire, se tourner vers l’avenir et ne plus entretenir de rancœur» poursuit-il, rappelant au passage que «la plupart des Français condamne cette colonisation».

Des musulmans contre l’immigration en FranceAutre critique, la collusion présumée de cet islam patriote avec certaines valeurs des mouvements de droite, voire d’extrême droite. Une fausse accusation pour M. Bechikh, qui es-time que son orientation échappe aux

clivages traditionnels. «Nous avons une certaine idée de la famille, du respect de la vie et de l’autorité que l’on retrouve à droite. Mais nous sommes aus-si attachés aux services publics, à l’encadrement strict de la fi nance, ce qui est plutôt de gauche» préc i se- t - i l . Pour autant, la position des patriotes de «l’islam français» est plus tran-chée sur la question de l’immigration. «Il faut limiter les flux migra-toires, aujourd’hui inassimilables. On ne peut plus intégrer les gens par un boulot, un logement et une école. Il va falloir faire une pause» commente le responsable de Fils de France. Pour Nabil Ennasri, prési-dent du Collectif des musulmans de France (CMF), qui reconnait que Fils de France pose de bonnes questions, cette démarche comporte néanmoins certains dangers. «Se justifi er de ma-nière constante d’avoir l’amour du drapeau me paraît malsain» explique Nabil. Le leader du CMF met en garde contre cette «exal-tation du nationalisme qui insinue que les musulmans sont éternellement suspects

de leur attachement à la France», dénonçant une «surenchère» qui profi terait au Front national. «On ne

peut pas faire de l’im-migration un élément qui travestit l’idée na-tionale. La France s’est enrichie de ses diverses immigrations» relève-t-il. Le président du CMF met aussi en évidence les besoins reconnus en immigration de l’UE et appelle à un chan-gement de perception de l’étranger en France.

«Il faut cesser de voir en l’immigré l’Autre négatif contre lequel on se

construit. La France a été aussi libérée par des Arabes et des Africains, et reconstruite après la guerre par des

immigrés qu’on est allé chercher»

conclut-il.

Peut-on être musulman et patriote français ? Pour l’association Fils de France, la question ne se pose plus. «Beaucoup de musulmans aiment leur pays mais s’interdisent de se l’avouer» explique Camel Bechikh, son président-fondateur, favorable à une limitation de l’immigration. Une position que ne partage pas Nabil Ennasri du Collectif des musulmans de France, qui met en garde contre une «surenchère» qui profi terait à l’extrême droite.

Pour l’asso-ciation Fils de France, les musulmans patriotes doivent faire mieux entendre leur voix et faire connaître leur sensibi-lité à la com-munauté nationale.

Camel Bechikh est le prési-dent de Fils de France.

Canan Özenici

Certains se posent souvent la question de savoir comment les entreprises qui travaillent en conformité avec les règles légales peuvent continuer à gagner de l’argent en ces temps de restrictions budgétaires et de politiques fi scales exa-cerbées. Il est clair qu’une bonne poli-tique d’optimisation fi scale peut aider à «valoriser» les défi cits d’une mauvaise année sur les années suivantes ou pré-cédentes. En effet, les sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés ont le choix entre le report en avant ou en arrière de leurs défi cits. Quelles sont les modalités de report en avant ? Les sociétés sou-mises à l’impôt sur les sociétés peuvent reporter en avant les défi cits constatés au titre d’un exercice de façon illimitée dans le temps mais pas dans leur mon-tant. Le défi cit constaté au titre d’un exercice ne peut être déduit du bénéfi ce de l’exercice suivant que dans la limite d’un montant de 1 million d’euros ma-joré de 60 % du bénéfi ce excédant ce seuil. La fraction du défi cit non imputée est reportable sur les exercices suivants dès lors que ce bénéfi ce est suffi sant. Quelles sont les modalités de report en arrière ou comment mettre en œuvre une procédure de carry back ? Le report en arrière est limité au montant le plus faible entre le bénéfi ce déclaré au titre de l’exercice précédent et un montant d’un million d’euros. Lorsque la société a réalisé un défi cit supérieur à 1 million d’euros, la fraction excédentaire du défi -cit qui ne peut être reportée en arrière peut être reportée en avant dans la limite de 1 million d’euros majoré de 60 %. De plus, le bénéfi ce d’imputation est limité au bénéfi ce de N - 1 et ne s’étend plus au bénéfi ce des trois derniers exercices. L’option doit être exercée au titre de l’exercice au cours duquel le défi cit est constaté et dans les mêmes délais que ceux prévus pour le dépôt de la déclara-tion de résultats. Puis-je toujours opter pour les défi cits des exercices antérieurs reportables ? L’option pour le carry back n’est admise qu’au titre de l’exercice au cours duquel le défi cit est constaté. La jurisprudence qui considérait que les défi cits qui peuvent être reportés en arrière s’entendent, non seulement des défi cits nés au cours de l’exercice au titre duquel l’option est exercée, mais aussi des défi cits des exercices antérieurs qui sont reportables à la clôture de cet exer-cice, n’est plus applicable.Pour vos questions : [email protected]

Gérer ses défi cits : les clés d’une bonne fi scalité d’entreprise

MON AVOCAT

‘‘«Beaucoup de musul-mans aiment leur pays mais s’inter-

disent de se l’avouer»

FRANCE05 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

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Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a dit jeudi à

Toulouse sa volonté de relancer les naturalisations d’étrangers en reve-nant sur les critères d’accession à la citoyenneté française instaurés par son prédécesseur Claude Guéant et en opposant la France «terre d’ac-cueil» à celle «qui regarde le monde avec méfiance». M. Valls, qui fut lui-même naturalisé français à 20 ans juste après l’élection de Fran-çois Mitterrand, a confi rmé la sup-pression des questionnaires à choix multiples sur l’histoire ou la culture française, ainsi que la levée de l’obligation de détenir un contrat à durée indéterminée pour devenir français. D’autres mesures phares de la nouvelle circulaire marquent une rupture avec la précédente mandature.

Levée de l’obligation de CDIPour devenir Français, il faut tou-jours démontrer son insertion pro-fessionnelle, mais cela n’impose plus de détenir un contrat à durée indéterminée (CDI). Un salarié en CDD ou intérimaire doté de «res-sources suffi santes et stables» rede-vient admissible à la nationalité.

«Présomption d’assimilation» pour les jeunes scolarisés en FranceTout jeune de moins de 25 ans qui a vécu plus de dix ans en France et y a été scolarisé au moins cinq ans sans discontinuer doit bénéficier «d’une présomption d’assimila-tion», sauf en cas de «gros écarts de conduite».

Privilégier les étudiants brillants«Il convient d’apprécier avec dis-cernement la situation de tous

les candidats qui présentent un potentiel élevé pour notre pays», demande le ministre, en citant les diplômés de grandes écoles, cer-tains doctorants et post-doctorants. Les médecins ayant un diplôme étranger redeviennent également admissibles.

Etre en règle depuis cinq ansIl faut être en situation régulière au moment du dépôt du dossier et depuis au moins cinq ans, contre dix auparavant, pour pouvoir de-mander la nationalité.

Maîtrise de la langueLa circulaire exige toujours une attestation de maîtrise du français délivrée par un organisme exté-rieur, sauf pour les personnes de plus de 65 ans qui sont dispensées de tests formels de langue.

FRANCE06 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Valls facilite la naturalisation des étrangersLe ministre de l’Intérieur Manuel Valls a facilité la naturalisation des étrangers par une série de mesures rompant avec l’ère Guéant. Outre la suppression des questionnaires de culture générale, le CDI ne sera plus une condition d’ob-tention de la nationalité française et la période pour déposer un dossier a été baissée à 5 ans au lieu de 10.

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls (au centre) a lui-même été naturalisé français à 20 ans juste après l’élection de François Mitterrand.

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Des familles du Bangladesh recevant de l’aide alimen-taire pour la célébration de l’Aïd al-adha.

Distribution de viande aux sans-abris

SOCIETE07 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

www.akead.com

Sacrifi er pour un pauvre… à l’autre bout du monde

Face aux diffi cultés pour obtenir son propre mouton, de plus en plus de familles passent par des ONG pour faire un sacrifi ce par délégation partout dans le monde, à l’oc-casion de l’Aïd al-adha. De multiples structures pro-posent d’ores et déjà de se charger du sacrifi ce pour en faire bénéfi cier les populations de pays pauvres.

«L’homme n’accomplit pas une action plus agréable à

Dieu le jour de l’Aïd que celle d’of-frir un sacrifi ce» : ce hadith rappelé sur le site du Secours islamique vise à encourager les musulmans de France à accomplir un sacrifi ce par délégation (wakala) le jour de l’Aïd al-adha. Au-delà de la vertu de cet acte, ce dernier peut également être une bonne solution face à toutes les diffi cultés d’abattre sa propre bête sur le territoire français. En effet, le rituel, particulièrement encadré par une circulaire de 22 pages, doit entre autres s’effectuer obligatoire-ment en abattoirs, alors que le manque de structures disponibles à cette occasion est criant. Selon le Journal de l’Alsace, par exemple, «le seul abattoir agréé, celui de Cernay, a une capacité d’abattage par jour de 230 moutons ou de 60 bœufs», alors que la demande en moutons pour l’Aïd est évaluée à au moins… 6000 bêtes dans le Haut-Rhin!

Une solution : le sacrifi ce par délégationLes prix atteignent par ailleurs des sommets lors de l’Aïd. Un agneau sera ainsi vendu de 270 à 300 euros, contre 180 euros le reste de l’année. Face à cette situation, le Conseil français du culte musul-man souligne que «le sacrifi ce par délégation est autorisé de façon unanime», ce que les associations musulmanes ne cessent de rappe-ler. D’ailleurs, de plus en plus de familles musulmanes françaises y ont recours. Pour Erdogan Yüksel, président de l’association Motif, qui agit principalement en Afrique (notamment dans les camps de ré-

fugiés en Somalie et au Soudan), «la religion de l’islam offre une facilité à effectuer ce sacrifi ce malgré (…) des diffi cultés ou des interdictions dans le pays». Le Secours islamique rap-pelle de son côté que la wakala per-met de «s’acquitter de son obliga-tion religieuse» et insiste également sur le fait qu’un tel procédé permet de lutter contre la pauvreté et la malnutrition. L’association Motif fonctionne sur un système d’équi-librage budgétaire entre le montant des dons et le prix des bêtes dans les pays qui reçoivent l’aide. Cha-cun donne ainsi en fonction de ses moyens, généralement à partir de 120 euros (le prix d’un mouton en France).

Venir en aide aux plus nécessiteuxEn effet, en 2011, un demi-mil-lion d’indigents ont ainsi bénéfi cié des colis de viande de l’Aïd via le Secours islamique qui en distri-bue dans 18 pays dont la France. Ce procédé n’est sans doute pas totalement dénué d’inconvénients, notamment du point de vue des problèmes de transmission d’un rituel, dans un contexte où l’islam est déjà minoritaire. Pourtant, M. Yüksel souligne l’urgence : «Des millions de gens n’ont même pas vu de viande dans leur vie». De même, pour une membre du Secours isla-mique, le rituel ne se perdra pas. Elle soulève d’ailleurs «l’impor-tance de rester ancré dans la réalité spirituelle, c’est-à-dire de le faire ici aussi». En général, soulève-t-elle, les fi dèles «fi nancent un (sacrifi ce) à l’abattage pour leur famille et un autre par procuration», pour ceux qui en ont les moyens.

Des actions pour aider les plus démunis en France auront lieu, à Paris notamment. Ainsi, les asso-ciations Muslim United Actions et Amatullah organisent le samedi 27 octobre au Père Lachaise une distribution de brochettes et de méchouis pour les sans-abris à l’occasion de l’Aïd al-adha, en rappelant que «l’islam (est) une

religion de partage». Ces associa-tions luttent contre la pauvreté et, en offrant un plat chaud aux SDF, célèbrent «avec les plus démunis le jour de l’aïd». Le but d’Ama-tullah est d’ailleurs de soutenir «toute personne, sans aucune dis-tinction» : vaste chantier rien que dans la capitale, où l’on compte environ 45.000 SDF.

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Farid Abdelkrim : «Que les musulmans se regardent dans une glace»

FLORIAN GAMBIN PARISToutes les religions ne sont pas pratiquées par

tout le monde de la même façon et l’islam ne déroge pas à la règle. Pour l’humoriste Farid Abdelkrim, cette diversité est un plus : «La communauté est diversifi ée, c’est positif pour l’islam». Le chemin de la

gare, titre de son dernier spectacle, aborde des

sujets conflictuels

d’une manière décontractée. «Mon objectif est d’instaurer un dialogue intra-commu-nautaire, que les spectateurs échangent entre-eux et avec moi. Je peux me tromper, mais je n’ai pas la prétention de dire que je détiens la vérité» confi e-t-il à Zaman France. Les différences avec son premier spectacle sont nombreuses. «Dans celui-ci je joue des personnages, je danse, je chante». Ce qui fait de Farid Abdelkrim un comédien si par-ticulier, c’est qu’il est le premier à avoir ins-tauré un débat avec son public à la fi n de ses représentations car «l’humour autorise à aller plus loin dans la réfl exion»

L’auto-dérision comme armeLe message que martèle le comédien est l’écoute, l’échange, le partage. Pour lui le problème majeur c’est que les musulmans ont peur de se mettre à nu : «L’humilité, la

modestie, le travail sur soi-même, voilà ce qu’enseigne l’islam». «Beaucoup de musul-mans ne supportent pas que l’on puisse voir leurs faiblesses. Nous sommes tous des êtres humains et des hommes. Dire aux autres regardez, moi aussi j’ai peur, je suis comme vous, ça permet de rassurer tout le monde» explique-t-il. Bien qu’il fasse preuve d’une grande écoute et tolérance vis-à-vis des autres, Farid Abdelkrim n’hésite pas à en égratigner quelques-uns. «Il faut que les musulmans se regardent dans une glace. Tout ce que je raconte, je l’ai vécu, rien n’a été inventé» avoue l’humoriste. Avec une dose d’autodérision et un grand bol d’hu-mour, Farid Abdelkrim espère imprimer sa marque sur des sujets de société sensibles.Le chemin de la gare, samedi 27 octobre 2012 à 20 heures au théâtre Adyar. Contact : 06 24 64 03 29

L’humoriste Farid Abdelkrim sera à Paris le 27 octobre avec son nouveau spectacle Le chemin de la gare. Vrai moment de détente et d’humour, ce dernier opus est aussi le moyen pour l’artiste de passer au fi l de la critique humoristique, les travers de ses co-religionnaires.

SOCIETE08 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

L’humoriste Farid Abdelkrim sera sur les planches samedi 27 octobre 2012 à 20 heures au théâtre Adyar, pour son dernier spectacle Le chemin de la gare.

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Sortir de l’apprentissage par cœur aux examens

Le Centre de sélection et d’orienta-tion des étudiants (ÖSYM) projette

de passer de l’actuel système de question-naire à choix multiples (QCM) à un nouvel examen à questions ouvertes. L’objectif de cette réforme est triple : en finir avec la méthode d’apprentissage par cœur des élèves dans leur préparation aux examens, élever leur niveau de conscience critique et tenter d’empêcher les candidats de tricher. Le directeur de l’ÖSYM, Ali Demir, a confi rmé qu’un des objectifs de ce nouveau système envisagé était de mener les étu-diants vers une compréhension plus glo-bale de l’enseignement. Concrètement, les étudiants trouveront une section blanche sous chaque question dans laquelle ils pourront écrire leur propre réponse. «Le

Pearson Educational Measurement [Centre britannique Pearson pour l’évaluation de l’enseignement] utilise un logiciel informa-tique en Grande-Bretagne pour évaluer les réponses données par les étudiants lors d’épreuves à questions ouvertes [qui] vont permettre aux étudiants de développer leur esprit critique, leurs capacités à prendre des décisions et à résoudre les problèmes», explique Ali Demir.

Une réforme diffi cile à appliquer«L’évaluation par un logiciel informatique est souvent plus fi able que celle faite par les individus», ajoute-t-il. Le Pearson Educational Measurement offre une large gamme de services de notation profession-nelle pour des clients très variés dans plus

de 70 pays. Un nouveau système d’examen dans lequel l’apprentissage de l’étudiant sera évalué par le biais de questions ou-vertes plutôt que de questionnaires à choix multiples, a donc été envisagé. Le nouvel examen ne suggérera aucune réponse, ce qui pourrait permettre de résoudre la dif-fi cile question des fraudes aux examens. Pour autant, Alparslan Alemdar, le direc-teur général de l’école préparatoire privée pour le concours à l’université Ugur, n’est pas convaincu que cette réforme proposée soit applicable à l’ensemble des étudiants turcs, trop nombreux selon lui. «Il est pra-tiquement impossible de gérer la transition du concours d’entrée à l’université vers un examen à questions ouvertes», a-t-il déclaré au quotidien Sabah.

Le Centre de sélection et d’orientation des étudiants (ÖSYM) a décidé de réformer le déroule-ment des examens en supprimant les QCM et en mettant l’accent sur la réfl exion critique des étudiants. L’objectif affi ché : mettre fi n à la méthode du «tout par cœur» et enrayer la fraude.

La Turquie détient le record mondial du nombre de journalistes empri-

sonnés, a affi rmé dans un rapport publié lundi dernier le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dénonçant «une des

plus vastes opérations de répression de la liberté de la presse de l’histoire récente». Au terme d’une analyse détaillée de chaque dossier, le CPJ, une ONG basée à New York, a identifi é 76 journalistes emprison-nés en Turquie au 1er août, dont «au moins 61 [...] étaient détenus en relation directe avec leurs travaux publiés ou leurs activités

de collecte d’information». La situation de 15 autres journalistes était moins

claire, justifi ant des recherches plus approfondies, a indiqué l’ONG.

Avec ce bilan, «le nombre d’em-prisonnements [de journa-

l istes] en Turquie au-jourd’hui dépasse celui

des autres pays les plus répressifs, dont l’Iran,

l ’Erythrée et la

Chine», constate le CPJ. Le Comité estime que «le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a mis en œuvre une des plus vastes opérations de répression de la liberté de la presse de l’histoire récente». Il dénonce, outre les arrestations en masse de journalistes au titre de la lutte contre le terrorisme, des «tactiques de pressions pour insuffl er l’autocensure» dans les ré-dactions. Selon le rapport, environ 70 % des journalistes incarcérés sont poursuivis pour des liens supposés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sous l’ac-cusation d’«appartenance à une organisa-tion terroriste». La justice turque mène depuis deux ans une vaste campagne pour démanteler l’Union des communautés kurdes (KCK), une organisation clandes-tine qui est la branche «civile» du PKK.

Un rapport épingle Ankara sur la liberté de la presse

76 journalistes sont actuellement incarcérés en Turquie dans le cadre de leur profession.

TURQUIE09 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Le Centre de sélection et d’orientation des étudiants envisage une réforme imminente des examens dans les universités turques en supprimant les QCM.

BREVES ECO

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Selon un sondage publié mardi, 51 % des Turcs sont opposés à toute intervention de leur pays dans les aff aires syriennes en cas d’une chute du régime du président Bachar al-Assad51

Les Turcs de moins en moins confi antsLa détérioration des perspectives sur l’économie et le marché du travail a eu un impact sur la confiance des consom-mateurs turcs. L’Institut des statistiques (TurkStat) a annoncé les résultats de leur enquête de conjoncture à la consom-mation pour le mois de septembre. Le mois dernier une baisse de 2,5% a été enregistrée passant de 91,1% à 88,8%. Le pouvoir d’achat aurait baissé, attei-gnant maintenant 86,7% tandis que les perspectives pour les six prochains mois tomberaient à 86,8 %. Ces chiffres sont sans surprise au milieu d’une récente vague de hausses d’impôts. Les pers-pectives économiques pour les six pro-chains mois ont également chuté pas-sant de 89,7% à 86,6%.

2 milliards d’euros d’investissements turcs en 8 moisLes placements effectués par les Turcs à l’étranger se sont élevés à 2,27 milliards d’euros au cours des huit premiers mois de l’année. Le dernier bilan de la Banque centrale turque indique que le volume total des investissements dans les pays étrangers a atteint les 26 %. Entre 2002 et 2012, le total des investissements turcs à l’étranger s’élève à 14,31 milliards d’euros. Les Pays-Bas ont attiré le plus grand nombre d’investissements turcs au cours des huit premiers mois de 2012. L’alimentation et la construction sont de loin les deux plus grands secteurs que les investisseurs étrangers préfèrent en Turquie.

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2 millions de pèlerins sur les chemins de La Mecque

Plus de deux millions de musulmans venus des

quatre coins du globe conver-geaient vers La Mecque pour entamer les rites du pèlerinage annuel, qui ne devrait pas être affecté par l’instabilité régio-nale, selon les autorités saou-diennes. En groupes, souvent conduits par des guides, les drapeaux de leurs pays respec-tifs imprimés sur leurs vête-ments blancs, les fidèles se regroupaient dans la cité de l’ouest de l’Arabie saoudite. Les rites commencent mer-credi et culminent jeudi avec le stationnement des pèlerins sur le Mont Arafat, près de La Mecque, à la veille de l’Aïd al-adha. «C’est la première fois que j’effectue le pèlerinage. J’ai hâte de me rendre sur le

Mont Arafat», sur les pas du Prophète Muhammad, dit Koara Abdel Rahman, un homme d’affaires de 32 ans venu du Burkina Faso. Plus de 1,6 million de pèlerins étran-gers sont déjà arrivés dans la ville sainte de l’islam, et doivent être rejoints par quelque 750.000 fi dèles venus du royaume.

Un défi logistique redoutableDans la grande Mosquée, qui abrite la Kaaba, des fidèles dormaient à poings fermés dans les recoins, alors que d’autres lisaient le Coran et priaient. D’autres pèlerins,

portant le vêtement blanc non cousu obligatoire pour les hommes, tournaient autour de la Kaaba, jouant des coudes pour toucher et même em-brasser la pierre cubique dont l’origine remonterait à Abra-ham, selon la tradition musul-mane. «Je prie pour que Dieu guérisse tous les musulmans malades», dit une Iranienne, pleurant d’émotion. Le pèleri-nage, que tout musulman doit accomplir une fois dans sa vie s’il en a les moyens, est le plus grand rassemblement humain au monde et pose aux autori-tés saoudiennes un formidable défi logistique. Les autorités

craignent également des bous-culades, à l’instar de celle qui avait coûté la vie en 2006 à 364 pèlerins, mais aucun incident de ce type ne s’est produit depuis cette date, notamment grâce aux importants travaux d’agrandissement des Lieux Saints menés par l’Arabie saoudite. La propagation des maladies est un autre souci des autorités. Mais le ministre saoudien de la Santé Abdal-lah al-Rabia a assuré début octobre que le nouveau virus de la famille des coronavirus, qui a tué un Saoudien, restait limité et qu’il n’y avait aucun risque pour les pèlerins.

Le hajj qui a débuté mercredi 24 octobre a rassemblé plus de 2 millions de pèlerins. Un challenge excep-tionnel pour les auto-rités saoudiennes qui tentent de prévenir les accidents mor-tels et les risques de contagion liés aux maladies.

Un tribunal berlinois a condamné un dentiste qui

avait reconnu ne pas avoir engagé une jeune musulmane comme assistante dans son cabinet, parce qu’elle refusait d’enlever son voile, a-t-on appris jeudi de source judi-ciaire. «Le dentiste a violé la loi parce qu’il a refusé d’engager la plaignante avec comme seule rai-son le refus de celle-ci d’arrêter de porter le voile. C’est contraire à la

loi sur le traitement équitable des religions», a expliqué un porte-parole des Prud’hommes, confi r-mant une information du quoti-dien Tagesspiegel. Le praticien a été condamné à verser 1.500 euros de dommages et intérêts à la jeune femme, a précisé le porte-parole. La décision, qui serait une première, selon le Tagesspiegel, avait été rendue en mars et n’est plus susceptible d’appel. Lors de

l’audience, le dentiste avait recon-nu que la jeune femme était par-faitement qualifi ée, mais il avait invoqué son «droit à la neutralité religieuse» pour motiver son refus d’embauche. S’il existe dans cer-taines régions d’Allemagne une interdiction de porter le voile pour les salariées de la fonction pu-blique ou dans les écoles, les em-ployeurs privés n’ont pas le droit d’exiger qu’une employée renonce

à travailler voilée. L’offi ce fédéral de lutte contre les discriminations a salué ce jugement dans un com-muniqué, estimant qu’il aura «valeur de signal». «Il dit claire-ment que les femmes ne peuvent être discriminées dans leur accès à l’emploi en raison de leurs convictions religieuses», a com-menté Christine Lüders, la res-ponsable de cet offi ce gouverne-mental, citée dans le communiqué.

Plus de deux millions de pèlerins se sont retrouvés au sanctuaire sacré de la Kaaba à La Mecque.

Un dentiste allemand condamné pour islamophobie

INTERNATIONAL11 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

EN BREF

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Des adhérents du Syndicat national des offi ciers de police (Snop, majoritaire) ont assimilé sur un forum internet le matricule prévu sur les uniformes à «une étoile bleue», allusion à l’étoile jaune imposée aux juifs sous l’Occupation.

‘‘Une «étoile bleue serait pas mal pour rappeler la stigmatisation dont nous sommes victimes»

Le Caire rénove des bâtiments de l’époque ottomaneLe ministre égyptien des Antiqui-tés, Mohammed Ibrahim, a annoncé mardi que les bâtiments historiques de l’Empire ottoman en Egypte seront renovés. L’ambassadeur de Turquie en Egypte Hüseyin Avni Botsali a déclaré que les deux parties ont eu une réu-nion pour discuter des protocoles de rénovation. De nombreux bâtiments historiques de l’Empire ottoman, y compris la mosquée al-Imam Shafi au Caire et la mosquée de Montazah à Alexandrie seront restaurés dans le cadre du projet.

Le Mrap demande l’interdiction des identitaires à OrangeLe Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a demandé mardi l’interdiction de la convention identitaire qui doit se tenir à Orange (Vaucluse) les 3 et 4 novembre. «Ce rassemblement (...) est une menace pour l’ordre public et la paix civile», écrit le mouvement dans un communiqué. «Si cette conven-tion devait se tenir, elle représenterait une prime d’encouragement pour les propagandistes de la haine raciale», ajoute-t-il. Le 21 octobre, au lende-main de l’occupation du chantier de la mosquée de Poitiers par un groupe de 73 militants se revendiquant du mouvement Génération Identitaire, le Mrap avait déjà demandé la dissolu-tion de toute la mouvance identitaire.

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Comment expliquer le sacrifi ce aux enfants ?Au moment des célébrations de l’Aïd, les parents se trouvent souvent confrontés à des questions que leur posent leurs enfants sur le sens du Sacrifi ce. Pour la psychologue Farika Teymur Artir, «les pa-rents doivent répondre aux questions en s’adap-tant à l’âge et aux particularités de l’enfant».

KEVSER KULAKSIZA l’occasion des célébra-tions de l’Aïd, les parents se

posent souvent cette question : «Comment expliquer le sacrifi ce à mon enfant ?». Le professeur de théologie, Mehmet Emin Ay, pense qu’il est bon de raconter l’histoire des pro-phètes Abraham et Ismaël comme un conte. Il affi rme que cela «peut suffire à répondre aux ques-tions de nos enfants concernant le rituel du sacrifi ce». Le théo-logien turc estime qu’un enfant qui «voit le sacrifi ce comme un cadeau envoyé du Paradis en échange de la vie du prophète Ismaël, peut ressentir de l’amour et de la reconnaissance» pour ce rite. «Le sentiment de miséricorde envers les êtres vi-vants ne disparaît pas chez l’en-fant. Il pense qu’il s’agit d’un ordre divin et cela en facilite l’acceptation», précise-t-il.

Le sens du sacrifi ce : une question d’éducationQuant à la psychologue Farika Teymur Artir, elle insiste sur l’im-portance d’une bonne éducation religieuse pour expliquer la signi-fi cation de cette fête. «Un enfant qui a pris l’habitude de louer et de prier Dieu pour la continuité des bienfaits dont il jouit, comprendra le rituel du sacrifi ce. Il ne com-prendra pas le sacrifice comme s’il s’agissait de tuer un être vi-vant», a indiqué la spécialiste en psychologie. Farika Artir affi rme que les parents et les adultes ont également une grande part de responsabilité à ce sujet. La psy-chologue indique que parler de concepts diffi ciles à expliquer tels que le sacrifi ce, la mort, sans au préalable inculquer une base aux enfants, qui leur permettrait d’in-terpréter correctement ce qu’ils entendent et ce qu’ils voient, peut avoir des conséquences négatives. «Les parents doivent répondre

aux questions que posent les enfants en s’adaptant à l’âge et aux particularités de l’enfant. Ils doivent donner des explications concrètes et claires qu’ils puissent comprendre». Pour les enfants

de 3 à 6 ans, la fête du Sacrifi ce est aussi l’occasion de leur ex-pliquer le partage et l’entraide. Lorsqu’on leur parle de l’aspect social de la fête, il convient de dire que le sacrifice du mou-ton est fait également pour distribuer de la viande aux personnes dans le besoin. Entre

7 et 12 ans, l’enfant commence à comprendre ce qu’est la vie et la mort.

Ne pas minimiser la sensibilité des enfantsA cette période, il convient de leur expliquer dans des termes adaptés à leur âge, que les ani-maux tels que le bélier ou le mou-ton sont sacrifi és par ordre divin pour que leurs viandes soient distribuées aux personnes dans le besoin. Il faut leur dire que les musulmans font une bonne action en accomplissant le rituel du sacrifice. Si l’enfant voit le sacrifi ce de l’animal à un moment où il ne s’y attend pas et alors que les parents ne lui ont pas parlé du sacrifi ce, dans des termes adaptés à son niveau de développement, cela peut provoquer, chez lui, un traumatisme psychologique. Il convient de faire particulièrement attention aux enfants sensibles, craintifs, sentimentaux. Quel que soit leur âge, il ne faut en aucun cas les forcer à assister au sacrifi ce de l’animal. Si les parents mini-misent les sentiments de l’enfant en ne lui donnant comme ré-ponse que des phrases telles que «de toute façon, il allait mourir, il n’y a pas de quoi en faire un plat !» et en négligeant sa demande d’explication, cela peut avoir des conséquences néfastes sur l’enfant.

Les parents doivent tenir compte de la

sensibilité des enfants dans

l’éducation qu’ils leur

fournissent sur le sens du rite de

l’aïd.

FAMILLE & SANTE12 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

‘‘«Un enfant qui a pris l’habitude de louer

Dieu, comprendra le sacrifi ce»

Page 13: Zaman France N° 236 - FR

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CULTURE14 26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Avec Comment la terre d’Israël fut inventée, l’historien Shlomo Sand poursuit l’œuvre de déconstruction méthodique des mythes fondateurs de l’Etat d’Israël entamée avec Com-ment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008). Il avait jusqu’ici montré de manière imparable que deux mythes fondamen-taux du sionisme – l’exil et le retour – ne reposaient sur rien : il n’y a pas eu d’exode massif

en 70 et les Juifs d’aujourd’hui sont majoritairement des descendants de populations autochtones converties et non des Hébreux de l’Anti-quité. Dès lors, l’idée sioniste selon laquelle les Juifs seraient retournés sur la terre de leurs ancêtres après des siècles d’exil est une fi ction. Tout en revendiquant son caractère laïc, l’idéologie sioniste a néan-moins fait sienne la conception

religieuse selon laquelle «Dieu a donné cette terre au peuple juif» mettant ainsi l’autorité morale de la Bible au service de son projet colonial, spoliant et niant les Palestiniens au nom d’un droit de propriété exclusif d’essence divine. Métho-dique, richement documenté, l’ouvrage de Shlomo Sand fait œuvre de vérité dans un style enlevé, qui en rend la lecture aussi utile qu’agréable.

Israël : un Etat laïc et colonial d’essence religieuse

AGENDA CULTUREL

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ISÉE

Vers un islam françaisAvec la participation de Moussa Khedimellah et Oméro Maron-giu, sociologues des religions, Gilles Kepel, politologue, spé-cialiste de l’islam de France, Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, ainsi que de Camel Bechikh, pré-sident de l’association Fils de France, cercle de réflexion qui se réclame des mouvements sou-verainistes.Le 27 octobre 2012 de 9:00 à 17:00Palais du Luxembourg15ter, rue de Vaugirard75006 Paris

Dialogue entre le shakuhachi et le oudOu quand l’Orient des uns est l’Occident des autres… Le so-liste japonais Koichi Yoshida et le compositeur tunisien Wassim Ben Chaouacha font dialoguer le oud et le shakuhachi, flûte droite traditionnelle en bam-bou, sorte de ney japonais.Le 26 octobre à 19:00Centre culturel d’Egypte111, boulevard Saint-Michel75005 Paris

L’innocence des œuvresOrhan Pamuk en conversa-tion avec Sophie Basch, pro-fesseur de littérature française à l’université Paris-Sorbonne. Une conférence croisée autour du célèbre roman de l’écrivain turc, lauréat du prix Nobel de littérature en 2006.Le 27 octobre à 17:00Musée du LouvreAuditorium99, rue de Rivoli75004 Paris

Vitrines gourmandes de TurquieUne exposition de Thérèse et Gérard Valck dans le cadre du 4e Festival international de la photographie culinaire.Du 26 octobre au 15 décembreRestaurant Sizin Montmartre45, rue du Faubourg Montmartre75009 Paris

D’autres couleursEn présence d’Orhan Pamuk, Jérôme Deschamps, comédien, metteur en scène, et directeur du théâtre national de l’Opéra-Comique, lira un choix de textes extraits de Mon nom est Rouge (Benim adim Kirmizi, 1998) et D’autres couleurs (Öteki Renk-ler, 2006).Le 28 octobre à 17:00Musée du LouvreAuditorium99, rue de Rivoli75004 Paris

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Comment la terre d’Israël fut inventée,de Shlomo Sand,

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SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNISCe vendredi 26 octobre, les musulmans du monde entier

célébreront l’Aïd al-Adha, la Grande fête (Aïd al-Kébir, Kurban Bayrami) qui commémore le sacri-fi ce d’Abraham. Le sacrifi ce de son fi ls, demandé par Dieu, est un évé-nement essentiel dans l’histoire d’Abraham, et, partant, un épisode essentiel pour les trois religions, dites précisément «abrahamiques». On a coutume, en la matière, d’op-poser le judaïsme et le christianisme à l’islam, sur la base de l’identité de ce fi ls : Isaac dans le premier cas, et Ismaël dans le second. Or cette opposition est partiellement fausse : le Coran ne se prononce pas expli-citement sur ce point, et si la tradi-tion savante majoritaire comme les traditions populaires finiront par imposer Ismaël, ancêtre des Arabes et édifi cateur de la Kaaba, l’un de plus grands exégètes, at-Tabari (839-923), pensait qu’il s’agissait d’Isaac. Or, outre que cette question est de peu d’importance dans les textes – l’idée essentielle est celle, obvie, de la soumission à la volonté divine –, force est de constater une forte convergence judéo-islamique qui s’oppose assez nettement à la tradition chrétienne.Il n’est pas anodin à cet égard que l’endroit où Abraham a voulu sacrifi er son fi ls soit de fait un lieu éminemment sacré pour les juifs et pour les mu-sulmans : c’est le mont Moriyya (Genèse : 22,14), où a été construit le Temple de Salomon, et où se trouve le Rocher sacré depuis lequel Muhammad a fait son Ascension.

Plus de diff érence avec la conception chrétienne Pour les chrétiens, s’il partage avec le Saint-Sépulcre, le Golgotha et le

mont des Oliviers le statut d’étape de pèlerinage, il s’en faut qu’il ait le même degré de sacralité. Plus essentiellement, depuis Paul et les Pères, l’exégèse de l’Ancien Testa-ment est volontiers allégorique : on cherche dans les événements et les personnages de la Torah une pré-fi guration symbolique du Christ et de l’Eglise. Ici, Abraham fi gure Dieu le Père, qui met à mort son propre fi ls, et Isaac, innocent et obéissant, figure Jésus. De là, plusieurs dif-férences. La première est celle qui s’observe dans la commémoration de l’événement : alors que les juifs et les musulmans fêtent le «non sacrifi ce» du fi ls, à travers le rite de l’agneau immolé à Pessah (Pâque juive) ou à l’Aïd al-Adha, c’est le sacrifi ce du Fils qui commémore le Jeudi saint, l’agnus paschalis étant, symboliquement, Jésus lui-même. Autrement dit, dans la tradition chrétienne, l’acte d’Abraham n’est commémoré que de manière très médiate (à travers Jésus), et il voit sa signifi cation passablement altérée

(l’acte a abouti). Autre différence, dans l’iconographie chrétienne, Isaac est souvent représenté sous les traits d’un adolescent, voire d’un enfant : dans le Midrash (exégèse juive), il a 37 ans ; de même dans le texte coranique, où le fi ls est un adulte auquel Abraham demande même son avis : «Qu’en penses-tu ?». Autrement dit, dans les tra-ditions juive et islamique, le fi ls est non pas un enfant, victime passive, mais un adulte responsable, qui, tout autant que son père, choisit de se soumettre à la volonté de Dieu. Enfi n, le fait que la volonté de Dieu ait été que le geste d’Abraham n’aboutisse pas s’interprète dans les traditions juive et musulmane comme étant, en dernière analyse, un projet de vie (et non de mort, fût-elle suivie d’une résurrection) : à travers Isaac, c’est la promesse d’une innombrable descendance qui s’accomplira. «Nous avons per-pétué son souvenir dans la posté-rité, conclut le Coran (XXXVII, 108-109), "Paix sur Abraham !"».

Sacrifi ce d’Abraham : ce qui rapproche juifs et musulmans

Le rite du sacrifi ce comporte de nombreux points communs dans les traditions juive et musulmane.

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26 - 31 OCTOBRE 2012 ZAMAN FRANCE

Le témoignage d’un membre du réseau Ergenekon, publié par le quotidien Bugün, a apporté un nouvel éclairage sur la nature terroriste des objectifs liés aux meurtres des chrétiens de Malatya. D’après le chroniqueur Markar Esayan, il

ne faut pas oublier le procès de cette aff aire qui a changé le visage de l’histoire turque.

L’Etat profond et le meurtre de chrétiens

Dans mon dernier ar-ticle, j’ai souligné l’im-

portance cruciale que revêt l’enquête sur les coups d’Etat

et sur l’Etat pro-fond pour la dé-mocratisation de la Turquie et pour la mise en place d’un nouvel appareil

d’Etat. Aujourd’hui, je vou-drais parler du procès histo-rique lié à l’assassinat de mis-sionnaires chrétiens à la maison d’édition Zirve à Ma-latya le 18 avril 2007. Tant de problèmes se sont accumulés en Turquie au fi l du temps et il y a tant de choses à faire que c’est à peine si nous trouvons suffisamment de temps et d’intérêt pour les développe-ments les plus importants. Pourtant, maintenir éveillé l’intérêt de l’opinion publique pour les procès en cours est d’une importance vitale. Les reléguer aux oubliettes, c’est permettre que ces procès cru-ciaux puissent être sabotés par les réseaux de l’Etat profond qui n’ont pas disparu au-jourd’hui encore.

Un témoignage stupéfi antLe quotidien Bugün a publié le 18 octobre dernier le témoi-gnage donné au tribunal par Ilker Çinar, l’un des témoins majeurs dans ce procès, et qui a été impliqué dans le proces-sus qui a conduit au massacre de trois mission-naires chrétiens à Malatya. Ilker Çinar est à la fois un préve-nu, libéré dans l’attente de son procès, et un témoin. Il avait fait en 2010 et en 2011 des déclarations à Zekeriya Öz, l’un des procu-reurs les plus importants dans le procès contre Ergenekon à qui, je pense, ce pays doit beaucoup, ce qui a eu pour effet de donner une nouvelle dimension à la poursuite pour l’assassinat des missionnaires chrétiens, qui devait sombrer

dans l’oubli le plus total. Çinar a d’ailleurs déclaré : «C’est à la suite des déclarations que j’ai faites que les personnes contre lesquelles j’ai déposé plainte ont été arrêtées. Le réseau clandestin a été fi nale-ment exposé au grand jour, et le procès, qui avait été mani-pulé, a pris un cours nouveau. Si je n’avais pas fait ces dé-clarations, ce procès se serait achevé sans aucun change-ment». Ilker Çinar a indiqué que l’assassinat des mission-naires chrétiens avait été exécuté par la Section pour la stratégie nationale et les opé-

rations en Turquie (TUSHAD) avec l’intention de faire porter la responsa-bilité au Parti de la justice et du déve-loppement (AKP) et au mouvement Gülen, e t qu’ i l avait été membre de cette organisa-tion. «Après avoir

servi pendant des années la TUSHAD, qui était pour moi l’Etat lui-même, ce qui a fait que j’ai témoigné contre elle, je me suis rendu compte que cette organisation n’est pas l’Etat, mais un réseau clandestin niché au cœur de l’Etat. Continuer de couvrir ce réseau, c’était fermer les yeux sur ses actes. Et agir selon ma conscience, c’était révéler les

agissements de la TUSHAD», a-t-il déclaré.

Une section spéciale pour les chrétiensLe témoin a ajouté avoir «compris que la TUSHAD était la branche armée de l ’organisation terroriste Ergenekon». «D’ailleurs, le fait que des personnes ayant des identités différentes ont travaillé ensemble pour exé-cuter le massacre de Malatya prouve que ce réseau était bien une organisation illégale. Grâce à ses manipulations, la TUSHAD a réussi à orienter la perception de l’opinion publique dans l’affaire du massacre des missionnaires, et a fait en sorte que l’Etat soit abusé», a-t-il poursuivi. Ilker Çinar affirme que le réseau TUSHAD était relié au JITEM – une unité de renseignement clandestine de la gendarme-rie mise en place dans les années 1980 pour contrer le séparatisme ethnique dans le sud-est –, et qu’il a été créé par Hursit Tolon en 1993, lui-même formé par Levent Ersöz. La TUSHAD dispose d’un département chargé des missionnaires chrétiens. Après le massacre, il avait té-léphoné plein de colère à Ruhi Abat, l’un des accusés. Abat lui avait répondu sur un ton rude : «Regarde-moi. Ecoute-moi bien. Tu dois comprendre

une chose : dans ce boulot, on ne fait pas marche arrière. On voulait seulement les intimi-der. Mais ces imbéciles les ont tués. Donc, tu vas nous aider. Compris ?». Après ce coup de téléphone, il a pris conscience du type d’activité auquel il était mêlé. Il a néan-moins souligné que grâce à ses efforts personnels, il avait pu empêcher l’assassinat d’un autre chrétien, un dénommé Behnan Konutgan.

Ilker Çinar, l’homme à abattre pour ErgenekonAutre point intéressant : Ilker Çinar affi rme que la TUSHAD est toujours active. Les juges ont décidé qu’il devait être délié de l’obligation d’assister aux audiences dans la mesure où il fait partie du programme de protection des témoins et qu’il a reçu des menaces de mort. Le tribunal entendra plus tard M. Çinar en qualité de témoin. Le procès est tou-jours en cours. Bien sûr, ceux qui sont inculpés doivent être considérés comme innocents tant qu’on pas prouvé leur culpabilité. Et les affi rmations de Çinar doivent être évaluées à l’aune d’autres preuves. Il n’en demeure pas moins que les déclarations d’un offi ciel ayant appartenu à ce réseau peuvent difficilement être ignorées.m.esayan @ todayszaman.com

Adresse : 2 Boulevard Saint-Martin Paris 75010Tel : 01 42 00 19 36 Faks : 01 42 00 19 58, [email protected] manfrance.fr - www.zamanfransa.com no CPPAP 112U90032

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Directeur de la publication : HÜSEYİN KARAKUŞ

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MEHMET DİNÇ Strasbourgm.dinç@zamanfrance.fr

OSMAN USTA [email protected]

Relations publiques :

l’enquête sur les coups d’Etat

MARKAR ESAYAN

‘‘«Tu dois comprendre une chose : dans ce

boulot, on ne fait pas marche arrière»

Page 16: Zaman France N° 236 - FR

Le ballon ovale rebondit en Turquie

FLORIAN GAMBIN PARISC’est en 1999 que l’histoire commence. A l’origine,

deux Français, Marc Mercier et Denis Ponds, et un Britan-nique, Chris Skirrow, ont l’idée de révolutionner le sport turc en y implan-

tant le rugby. Lors de cette même année et sous l’impulsion de ces étrangers, le premier club de rugby voit le jour à Istanbul : l’Istanbul Ottoman R.C.F. Peu après cette éclosion, d’autres

équipes fl eurissent un peu par-tout à proximité de l’ancienne capitale ottomane. On y retrouve les taureaux de Kadiköy R.C., les penseurs du Bakirköy R.C. ou encore les Cyprus Puma.

2008, le millésime turcAprès plusieurs années de matchs sans véritables enjeux, le premier championnat natio-nal a eu lieu lors de la saison

2007-2008. L’éclosion ne s’est pas arrêtée là ; les universités montent leurs propres équipes afi n de disputer un champion-nat universitaire à travers le pays. Les jeunes sont attirés par ce sport qu’ils ne connaissent pas et avec l’aide de leurs camarades venus de pays où l’ovalie est un sport populaire, ils y prennent goût. Un groupe Facebook s’est même créé pour accueillir ces nouveaux fans. Pour la première fois de l’histoire de ce sport en Turquie, une équipe de rugby à sept a participé à un tournoi international en Hollande. Elle y a fait bonne fi gure en échouant seulement au pied du podium (4e).

L’étoile de demainGökhan Ceylan, ce gaillard de 23 ans au physique impression-nant (1,81 m pour 108 kg) est certainement celui qui pourra donner l’impulsion nécessaire

au rugby turc dans les années à venir. International turc de l’équipe de Pontarlier (Haut-Doubs), il pense devenir l’un des joueurs majeurs de sa sélection : «L’équipe nationale ne possède pas beaucoup de piliers : j’espère pouvoir apporter l’expérience que j’ai acquise à Pontarlier.» Les matchs offi ciels du mois de novembre (Slovaquie et Azer-baïdjan) seront les premiers pas du rugby turc au niveau interna-tional. Pour leur première ren-contre, les Turcs partent favoris face à une équipe slovaque qu’ils ont battue 35-3 il y a quelques mois. Si la Turquie parvient à fi nir première de son groupe, elle accédera à la seconde division mondiale poule D (équivalent de la 6e division). Pour Gökhan Ceylan, «le simple fait d’être ap-pelé en équipe nationale est une immense fi erté.» Peut-être est-ce la passation de pouvoir entre le ballon rond et le ballon ovale ?

Dans l’ombre des sports majeurs tels que le football ou le basket-ball, les Turcs commencent à découvrir les joies du rugby. Après l’introduction offi cielle du championnat national de cette discipline en 2008, la Turquie jouera le 11 novembre prochain son premier match international à Antalya contre la Slovaquie.

La Turquie, où le rugby s’est récemment implanté, va connaître sa première ren-contre internationale dans un match où elle sera confrontée à la Slovaquie.