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La Presse du Jour – Cotonou, le 26 mars 2008 Art communicatif dans les rues de Cotonou Zinkpè au Fitheb 2008 A l'occasion du Festival de Théâtre du Bénin, le plasticien Zinkpè expose quatre œuvres monumentales à la Place du Souvenir à Cotonou. Une création pour la rue qui raconte la réalité cotonoise. Giulia Marchi Interaction, communication. L'esprit de l'art de Zinkpè, artiste cotonois exposant au Fitheb 2008, est tout à fait évident. A Cotonou, à la place du Souvenir, au milieu du carrefour et des zémidjans qui filent, repose un grand taxi à deux têtes : deux véhicules Renault 4 rassemblés, remplis de passagers artistiquement confectionnés avec un entreposage de bagages sur le toit. « Les Renault 4 sont les premiers véhicules que les chauffeurs de taxi de Cotonou ont choisis », souligne Zinkpè. Vert, rouge et jaune sont les couleurs utilisées. C'est comme un grand drapeau béninois sur lequel un écriteau saute aux yeux : 'Si la maison du mouton est sale, ce n'est pas au cochon de le dire'. « J'ai commencé comme sculpteur et peintre ; j'exposais dans les galeries. Mais j'étais triste. Qu'est-ce que je voulais? Partager mes œuvres avec les autres ». Et c'est ce qu'il fait. Des sculptures monumentales pour retenir l'attention des gens. Des gens d'ici : le taxi-brousse, le zémidjan, le gongonneur (vespa-cargo) et la pirogue pour des œuvres qui parlent de la vie béninoise. « Le Fitheb off est le côté festif, explique-t-il, parce que la plupart des gens n'ont pas l'invitation, n'ont pas l'argent pour entrer dans les salles. Moi, j'expose dans la rue. Les gens s'arrêtent et ils me disent si les œuvres marchent. Ils me disent ce qu'il pensent réellement, sans filtre ». Ces œuvres feront étape à Abomey et à Parakou, après Cotonou. De l'art partout. Et en effet, c'est «un travail sur la mobilité», selon les mots de Zinkpè. Les Béninois bougent, voyagent à travers le pays : « Je veux transposer ce que les gens connaissent bien, dans l'art », ajoute-il. Communiquer, interagir, toucher l'âme des gens pour qu'ils réagissent, leur dire que « quelques choses se passe dans le pays » : l'art de Zinkpè n'est pas de l'art conceptuel. C'est de l'art communicatif en premier.

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A l'occasion du Festival de Théâtre du Bénin, le plasticien Zinkpè expose quatre œuvres monumentales à la Place du Souvenir à Cotonou. Une création pour la rue qui raconte la réalité cotonoise. Giulia Marchi La Presse du Jour – Cotonou, le 26 mars 2008

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La Presse du Jour – Cotonou, le 26 mars 2008

Art communicatif dans les rues de Cotonou Zinkpè au Fitheb 2008 A l'occasion du Festival de Théâtre du Bénin, le plasticien Zinkpè expose quatre œuvres monumentales à la Place du Souvenir à Cotonou. Une création pour la rue qui raconte la réalité cotonoise. Giulia Marchi Interaction, communication. L'esprit de l'art de Zinkpè, artiste cotonois exposant au Fitheb 2008, est tout à fait évident. A Cotonou, à la place du Souvenir, au milieu du carrefour et des zémidjans qui filent, repose un grand taxi à deux têtes : deux véhicules Renault 4 rassemblés, remplis de passagers artistiquement confectionnés avec un entreposage de bagages sur le toit. « Les Renault 4 sont les premiers véhicules que les chauffeurs de taxi de Cotonou ont choisis », souligne Zinkpè. Vert, rouge et jaune sont les couleurs utilisées. C'est comme un grand drapeau béninois sur lequel un écriteau saute aux yeux : 'Si la maison du mouton est sale, ce n'est pas au cochon de le dire'. « J'ai commencé comme sculpteur et peintre ; j'exposais dans les galeries. Mais j'étais triste. Qu'est-ce que je voulais? Partager mes œuvres avec les autres ». Et c'est ce qu'il fait. Des sculptures monumentales pour retenir l'attention des gens. Des gens d'ici : le taxi-brousse, le zémidjan, le gongonneur (vespa-cargo) et la pirogue pour des œuvres qui parlent de la vie béninoise. « Le Fitheb off est le côté festif, explique-t-il, parce que la plupart des gens n'ont pas l'invitation, n'ont pas l'argent pour entrer dans les salles. Moi, j'expose dans la rue. Les gens s'arrêtent et ils me disent si les œuvres marchent. Ils me disent ce qu'il pensent réellement, sans filtre ». Ces œuvres feront étape à Abomey et à Parakou, après Cotonou. De l'art partout. Et en effet, c'est «un travail sur la mobilité», selon les mots de Zinkpè. Les Béninois bougent, voyagent à travers le pays : « Je veux transposer ce que les gens connaissent bien, dans l'art », ajoute-il. Communiquer, interagir, toucher l'âme des gens pour qu'ils réagissent, leur dire que « quelques choses se passe dans le pays » : l'art de Zinkpè n'est pas de l'art conceptuel. C'est de l'art communicatif en premier.