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Zone-Critique, RTS. Vendredi 15 novembre 2013 Pierre Lepori « Staying Alive » http://www.rts.ch/espace-2/programmes/zone-critique/5339567-zone-critique- theatre-15-11-2013.html?f=player/popup

Zone-Critique, RTS. Vendredi 15 novembre 2013 Pierre ... · « Staying Alive » ... traître! Vertiges de la fiction. Devant les panneaux, un piano où Antonio joue le mélancolique

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   Zone-Critique, RTS. Vendredi 15 novembre 2013 Pierre Lepori « Staying Alive » http://www.rts.ch/espace-2/programmes/zone-critique/5339567-zone-critique-theatre-15-11-2013.html?f=player/popup

ssccèènnee Lundi 11 novembre 2013

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Les souvenirs ne reviennent pas à la surface de manière linéaire, tel un fil qu’on tire, une pelote qu’ondévide. Ils s’imposent à l’improviste, au détour d’une odeur, d’un son ou d’une sensation. Souvent parassociations. Ce surgissement fantasque, en pièces détachées, est le moteur de Staying alive,émouvante comédie biographique proposée par Paola Pagani et Antonio Buil au ThéâtreVidy-Lausanne. Avec, derrière les protagonistes du Teatro Due Punti, Dorian Rossel et Delphine Lanzaen délicats chefs d’orchestre de cette musique vivifiante du passé.

Antonio Buil et Paola Pagani ne sont pas d’ici. On l’entend à leur accent chantant. Le premier, fils deberger, vient d’Espagne, près de Cuenca. La seconde vient du nord de l’Italie et a grandi en écoutantLidia, sa maman, lui réciter La Divine Comédie de Dante pour l’endormir. A 18 ans, Paola a quitté safamille pour Paris où elle s’est initiée au théâtre physique de Grotowski. Depuis 1993, l’actrice estinstallée à Genève et lorsqu’elle joue, les murs tremblent. Car celle qui fut une Madame Ubumémorable sous la direction d’Oskar Gomez Mata ne fait pas semblant. Elle semble puiser dans leplateau la force de quelque esprit sous-terrain pour nourrir un jeu puissant, presque menaçant.

Antonio Buil est aussi un acteur tonitruant. Au théâtre, il fut l’un des immigrés flamboyants de CinqHommes, magnifique pièce de Daniel Keene sur les lésions de l’immigration, mise en scène par RobertBouvier. Au cinéma, sa rugosité a aussi fait merveille dans Cœur animal, long métrage de SéverineCornamusaz d’après le roman de Noëlle Revaz. Pour cette composition tout en mutisme forcené, il areçu le Prix d’interprétation du cinéma suisse en 2010.

Depuis 1998, les deux Genevois d’adoption produisent des petits bijoux d’inventivité poétique sousl’égide du Teatro Due Punti. Dans leur dizaine de créations où surgit parfois une poule, on retrouveles racines du Sud, les évocations âpres du passé, l’amour de la simplicité, l’humour tranquille et cettecapacité de s’échapper par le haut, de s’envoler vers une autre vérité, celle de la rêverie, des souvenirsamplifiés.

C’est exactement cette matière entre deux airs qui compose la trame de Staying alive. Sur la scène,des panneaux bleus. Bientôt, ils deviennent des tableaux noirs. Munie d’une craie, Paola y dessine(parfaitement) l’Italie et l’Espagne, avec fleuves et rivières. Elle trace aussi une ligne horizontale quiremonte le temps. 1964, c’est, pour tous les deux, le début de leur histoire. 2013, c’est pour Antonio,la fin de la sienne. En 2044, décorée par le syndic de Lausanne pour son parcours monumental, Paolaraconte la (fausse) mort de son cher partenaire durant les répétitions de Staying alive. Le cœur, cetraître! Vertiges de la fiction. Devant les panneaux, un piano où Antonio joue le mélancoliqueAndantino de la Sonate en la majeur de Schubert. A côté, un fauteuil usé, un poste de radio et unradiateur sur roulettes surnommé le mouton, car il fait penser à un mouton…

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Le ton est donné. Décor rudimentaire pour souvenirs trafiqués, parcellaires. Avec une immédiatetéd’énoncé qui fait surgir Antonio, père d’Antonio, avec lequel dialogue Antonio, fils d’Antonio. «Ons’appelle ainsi sur quatre générations, raconte le père, et mon fils a appelé son fils Kevin…» Rires dupublic en empathie avec ce berger, qui, décalé, découvre les codes de la théâtralité.

Et les Bee Gees, chanteurs mémorables de la Fièvre du samedi soir d’où est issu le fameux tube quisert de titre au spectacle? Ils sont là aussi, par bribes. A travers une perruque, une bande-son, unetraduction hasardeuse, un pas de danse stylé. Ils sont là en témoins fragiles, mais incarnant une force,celle de l’immigré qui ose se lancer. Comme s’est lancé Antonio père lorsqu’il a demandé la main deNieves, la mère du comédien. Il avait construit la maison, il pouvait se marier. Sur scène, Paola devientcette fiancée d’Espagne, cette promise qui fait répéter à son novio le scénario de la rencontre. Dans lavie, on fait souvent du théâtre. Normal que la vie entre au théâtre. Et la poésie aussi. Celle de Dante,spectrale, et celle de Manrique, auteur espagnol du XVe siècle dont Les Stances sur la mort de sonpère racontent le froid du trépas. Lorsqu’il dit ces lignes en espagnol, Antonio Buil est simplementbouleversant. Il atteint ce degré de vérité que le rire préalable, la légèreté qui précède permettent deménager. Beauté tragique des comiques poétiques.

Staying alive.Jusqu’au 24 nov., au Théâtre Vidy-Lausanne, 021 619 45 45, www.vidy.chAu Théâtre du Loup, à Genève,du 13 au 22 décembre.

© 2013 Le Temps SA

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Composé sur la base d’improvisations, Staying Alive est un patchwork délicat àpartir de fragments d’histoire familiale, d’insignifiance, d’oubli et defantomatique souriant. Le spectacle parle beaucoup de disparus et de leursrêves, de souvenirs anciens, et de nostalgies transculturelles filées sur deuxtrajectoires amorcées quelques générations plus tôt en Italie encoreautrichienne et dans l’Espagne rurale. Il est joué par le duo de comédiens formévoici quinze ans à l’enseigne du “Teatro Due Punti” : Antonio Buil et PaolaPagani. Delphine Lanza et Dorian Rossel ont contribué au texte et mené la miseen scène.

Singeant une “obligatoire” cérémonie honorant leur gloire d’artiste, maisprudemment éloignée en 2044, Antonio Buil en pianiste debout, père, défunt ouMunicipal lausannois accompagne la star désormais fatiguée Paola Pagani. Ilsse remémorent leurs parents et leur propre passé, sans nous épargner la phaseadolescentaire et les enthousiasmes pour Saturday’s Night Fever. Au-delà del’exigence irréfragable de reconnaissance exprimé comiquement jusqu’à unesatiété qui provoque des rires, les comédiens empruntent fréquemment despassages aux poètes fondateurs de leurs deux grandes cultures latines, DanteAlighieri et Jorge Manrique. Ailleurs, ils dissertent sur Staying Alive, lachanson des Bee Gees, et ses cent trois coups par minute, rythme idéal pourrelancer un cœur humain qui a cessé de battre. Car, l’évocation de la mort restetoujours présente dans ces séquences qui se succèdent sur un tempo très“vivant”.

L’apport de l’autre couple et groupe théâtral coproducteur, Delphine Lanza et

Staying AliveKritik 1: Joël Aguet

Deux couples de force font tournerStaying Alive

Au Théâtre Vidy-Lausanne, Paola Pagani et Antonio Buil défient en

jouant le temps qui passe. Ils ont été accompagnés pour la mise en

scène, élégante et recherchée, par Dorian Rossel et Delphine Lanza.

Staying Alive est un spectacle au rythme parfait du cœur humain,

qui présente plusieurs fins de partie.

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Tanz- und Performancekritiken

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Dorian Rossel de la Compagnie “Super Trop Top”, se devine dans l’effort deconstruction générale, la portée et le tressage des liens entre les histoires iciappariées. Les sources intarissables de contes divers que sont les deuxcomédiens sur scène gagnent en cohérence. Et ça tourne : créé à La Passerelledu Théâtre de Vidy, où il sera présenté jusqu’au 24 novembre, Staying Alive sejouera en décembre à Annecy et à Genève (au Théâtre du Loup), en Franceensuite.

Derrière une couronne misérable de mobilier récupéré, la scénographie deSibylle Kössler dresse tout un jeu de panneaux bleus qui s’ouvrent comme destableaux noirs aux descriptions temporelles et géographiques des protagonistes.Les récits entremêlés, remémorés, rêvés y gagnent beaucoup de dimensions etd’élégance, bien qu’ils sautent allègrement de la parodie au langoureux, de laréminiscence pathétique à la farce macabre comme autant de gerbes d’écumeblanche par-dessus l’Histoire italienne ou espagnole. Les petits fragmentsdéconstruits de vies familiales flottent vers le public comme de légères bulles desavon aux diamètres variables, irisées, surprenantes dans leurs trajectoirestoujours hésitantes, vite éclatées, vite remplacées. L’écriture même de cettemémoire semble s’effacer au fur et à mesure, comme s’il y avait un peu de craiedans l’encrier.

Kritik 2: Corinne Jaquiéry

Autoportraits dans le miroir de lamémoire

Dans une recherche très personnelle, Paola Pagani et Antonio Buil

partent sur les traces de leurs mémoires respectives avec Staying

Alive, en première hier soir à la Passerelle du Théâtre de Vidy.

Pour l’Italienne Paola Pagani et l’Espagnol Antonio Buil, fondateurs de lacompagnie genevoise Due Punti, l’action engendre le sens et non le contraire, cequi peut laisser le spectateur perplexe comme c’était le cas hier soir, lors de lapremière de Staying Alive. En remontant aux sources de leurs mémoiresrespectives dans une comédie biographique poétiquement mise en scène parDorian Rossel et Delphine Lanza, le duo latino a proposé une fable intimeinspirée par les tours et détours de leurs chemins de vie. Prenant pour prétextela remise d’un prix de théâtre par le syndic de Lausanne interprété par AntonioBuil, à une comédienne de 80 ans interprétée par Paola Pagani, les deux acteursrelient passé et présent dans un méli-mélo de souvenirs personnels, deméthodes de survie sous forme d’application de téléphone portable, et d’extraitsde textes fondateurs de la littérature italienne avec La Divine Comédie de Dante

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et de la littérature espagnole avec les Stances sur la mort de son père de JorgeManrique. Privilégiant un processus d’expérimentation théâtrale en perpétuelmouvement et explorant les relations entre le vrai et le faux, le réel et lethéâtral, le concret et l’onirique, les deux acteurs laissent parfois l’écume de leurquotidien prendre le pas sur les profondeurs d’un questionnement existentielplus universel.

Sur un grand tableau bleu ouvert sur une vie en forme de jungle verdoyante(belle scénographie de Sibylle Kössier), les deux anciens enfants vont dessinerleurs souvenirs en suivant le fil ténu de la trace de la craie blanche manipuléepar Paola. Sous les yeux du père d’Antonio ramené à la vie par son fils quil’incarne avec amour, le parcours du duo se ponctue d’étapes en forme de datesclés: 1964, année de leurs naissances; 1977, année où une tante de Paola estlittéralement morte de joie, mais aussi année d’une Saturday Night Fever rêvéepar Antonio; 1998, année de la formation de leur compagnie Due Punti; et enfin2013, année du décès imaginaire d’Antonio… Fascinés par la mort et par cequ’elle appelle de vérité sur le dérisoire qui emplit nos vies, sur l’importance dela mémoire, de la filiation et de la transmission, les deux complices aimentpartager leurs réflexions sur ces sujets qu’ils estiment fondamentaux. Pour lefaire, ils ont su trouver leur propre langage théâtral en onze créationsgénéreuses destinées aussi bien aux adultes qu’aux enfants. Pour la douzième,Staying Alive, ils poursuivent sur la même thématique et entrent dans un jeu demises en abymes entre réalité et imaginaire qui bien que cocasse, tendre etémouvant manque encore de ce sens qu’ils cherchent à créer par l’action, maisqu’ils effleurent, prêts à faire émerger. A vérifier en live et in situ.

Info zum Stück

Production déléguée : Compagnie STT (Super Trop Top) Coproduction :Théâtre Vidy-Lausanne Théâtre du Loup Genève Compagnie STT (Super TropTop) Teatro Due Punti

Staying Alive

Deux compagnies de théâtre joignent leurs recherches et leurs

forces. à l'emblème de l'heureux menuisier Feliciano Colla, pour

écrire un peu d'histoire.

Un songe récurrent, celui de la mémoire qui revient, en boucle, afin de tisser lesméandres de sa propre existence. Histoire de dériver vers les continents de cequ'a été notre vie, ou au contraire de ce qu'elle n'a pas été, celle que l'on s'estinventée ou celle qui a été déçue. Deux compagnies se rencontrent pourpartager leurs envies théâtrales et leurs univers, en s'enquérant ensemble desparts d'ombre, des hasards de la vie, des temps qui s'enchevêtrent. « Au milieu

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du chemin de notre vie je me retrouvai dans une forêt obscure, dont la routedroite était perdue », disait le poète. Oui, mais Rester vivant, en fredonnantainsi le refrain qui fait que l'on a souvent envie de se laisser aller au déhanché...

Premiere: 30.10.2013 20:00 Lausanne, Théâtre Vidy-Lausanne

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   Les  matinales  d’Espace  2,  RTS.  Lundi  4  novembre  2013  Thierry  Sartoretti    «  Staying  Alive  »    http://www.rts.ch/espace-­‐2/programmes/matinales/5308283-­‐les-­‐matinales-­‐d-­‐espace-­‐2-­‐du-­‐04-­‐11-­‐2013.html