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Cahiers SÉCURITÉ SANITAIRE SANTÉ ANIMALE Hélène CHARDON Hubert BRUGÈRE Zoonoses et animaux d’élevage

Zoonoses et animaux d élevage - Accueil - CIV · Les mots soulignés sont définis dans le glossaire page 38. 7 ... de l’antibiorésistance, évolution des relations Homme-nouveaux

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CahiersSÉCURITÉ SANITAIRE SANTÉ ANIMALE

Hélène CHARDONHubert BRUGÈRE

Zoonoses et animaux d’élevage

Zoonoses et animaux d’élevage

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Tour Mattei 207, rue de Bercy - 75012 PARIS

Publication : mai 2016 - Mise en page : Jean-Baptiste Capelle - email : [email protected]

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Les zoonoses sont des maladies infectieuses ou parasitaires, naturellement transmis-sibles entre l’Homme et l’animal. Leur importance en santé animale et en santé publique est établie et reconnue. Malgré des progrès scientifiques considérables

dans la compréhension de leurs mécanismes et la mise en place de dispositifs de protection pour les animaux d’élevage de plus en plus performants (surveillance et lutte), l’émergence et le développement des zoonoses constituent toujours une menace sanitaire majeure pour l’Homme. Avec la poursuite de l’augmentation de la population mondiale et l’évolution de ses modes de vie et de son environnement, ce risque devrait s’ac-croître notablement dans les années à venir. En effet, selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE – pour l’ancienne dénomination Office international des épizooties), 60 % des 1 400 agents pathogènes pour l’Homme sont d’origine animale et 75 % des maladies animales émergentes peuvent se transmettre à l’Homme.

Compte tenu de l’impact sanitaire des zoonoses chez l’Homme comme chez l’animal d’élevage mais aussi de leur importance économique et sociale, le CIV - Viande, Sciences et Société - a décidé de consacrer un de ses Cahiers à ce sujet. Dans la logique de la collection, ce Cahier propose différents éléments permettant à toute personne intéressée de construire ou d’appro-fondir sa réflexion sur ce thème. Il vise à faciliter la connaissance et la compréhension des sujets de société liés aux filières élevage et viande. Il s’appuie pour cela sur des publications scientifiques et juridiques,

des textes réglementaires et des rapports émanant d’institutions et d’organismes officiels.

Dans sa première partie, ce Cahier définit les zoonoses et décrit leur écologie et leur épidémiologie.La deuxième partie présente les dispositifs de protection de la santé publique en matière de surveillance (chez l’animal vivant, dans les viandes et chez l’Homme) et de lutte (prévention et éradication) chez les animaux d’élevage en France, en Europe et dans le monde. Enfin, compte tenu de la menace à l’échelle mondiale que représentent les zoonoses, la troisième partie expose les facteurs de risque, les enjeux associés puis les perspectives d’évolution des zoonoses (tendances et axes stratégiques de maîtrise).

Ce Cahier a été conçu et rédigé par Hélène CHARDON et Hubert BRUGÈRE. Hélène CHARDON est vétéri-naire et chef de projets en sécurité sanitaire et santé animale au CIV, Hubert BRUGÈRE est professeur en Hygiène et industrie des aliments à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT).

Le CIV - Viande, Sciences et Société - remercie tout particulièrement pour leurs relectures attentives M. Stéphane BERTAGNOLI, professeur en Pathologie infectieuse à l'ENVT et M. Paul PERIE, Dr vétérinaire, membre de la commission épidémiologie de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

Pierre-Michel ROSNER Directeur du CIV

AVANT-PROPOS

Zoonoses et animaux d’élevage

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Partie 1

GÉNÉRALITÉS sur les zoonoses 5

1. DÉFINITIONS

1.1. Zoonose 61.2. Maladie émergente ou ré-émergente 6

2. ÉCOLOGIE ET ÉPIDÉMIOLOGIE DES ZOONOSES

2.1. Cycle épidémiologique 92.2. Modes de contamination de l’Homme 102.3. Fréquence et importance chez l’Homme 11

Partie 2

DISPOSITIFS DE PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE vis-à-vis des zoonoses 15

1. SURVEILLANCE

1.1. Cadre général 161.2. L’animal vivant 181.3. Les viandes 191.4. L’Homme 20

2. MESURES DE LUTTE : PRÉVENTION ET ÉRADICATION

2.1. Biosécurité en élevage 212.2. Prophylaxie collective obligatoire 222.3. Mesures en cas de suspicion ou

de confirmation 22

Fiche n° 1 : La brucellose bovine à Brucella abortus 23Fiche n° 2 : Les infections à Escherichia coli entérohémorragiques (EHEC) 24Fiche n° 3 : L'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) 25

Partie 3

LES ZOONOSES AU PLAN MONDIAL, enjeux et perspectives 27

1. FACTEURS D’ÉMERGENCE ET DE DÉVELOPPEMENT DES ZOONOSES

1.1. La démographie et la concentration urbaine 28

1.2. Les déplacements humains 281.3. Les pratiques agricoles 291.4. La mondialisation des échanges 291.5. L’évolution des relations Homme-

nouveaux animaux de compagnie (NAC) 301.6. Le changement climatique 30

2. PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION

2.1. Quelles tendances pour demain ? 312.2. Quels axes stratégiques pour maîtriser

le développement d’une zoonose ? 31

Conclusion 34

Annexes 35Bibliographie 36Glossaire 38Acronymes 39Liens utiles 39

SOMMAIRE

5

GÉNÉRALITÉSsur les zoonoses

Partie 1

Zoonoses et animaux d’élevage

6

Partie 1

1. DÉFINITIONS

1.1. ZOONOSEDepuis 1959 pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et depuis 1992 pour l’Union européenne (UE), les zoonoses sont définies comme [d’après 29]1 :

Des maladies ou des infectionsL’agent pathogène d’une zoonose pouvant être une bactérie, un virus, un parasite, un champignon (der-matophyte) ou un prion, excluant de facto les enveni-mations ou les allergies, par exemple.

qui se transmettentIl existe un lien épidémiologique entre l’animal et l’Homme. Les maladies communes à l’animal et à l’Homme n’étant pas des zoonoses (ex : le botulisme).

naturellementLes maladies résultant d’une transmission expéri-mentale n’étant pas des zoonoses.

des animaux vertébrés à l’Homme,Un animal domestique ou sauvage est potentiellement vecteur de zoonose, y compris en l’absence de signes cliniques chez les animaux, n’excluant pas pour autant le rôle des arthropodes2 vecteurs.

et vice-versa.L’inter-transmissibilité des zoonoses existe et s’exerce indifféremment : l’Homme transmet l’agent de zoonose à l’animal, lequel pouvant à son tour retransmettre cet agent à l’Homme.Toutefois dans les faits, la transmission est plus fré-quente dans le sens « animal vers Homme » (zoo- anthro ponose) qu’« Homme vers animal » (anthropo- zoonose). Ainsi, pour diverses raisons, l’Homme infecté à partir d’un animal peut ne pas retransmettre l’agent de zoonose à un/des hôte(s) humains ou animaux sensibles (ex : trichinellose, West-Nile). L’Homme constitue alors un cul-de-sac épidémiologique : on parle de zoonose bornée.À l’opposé, certaines zoonoses sont d’origine humaine : ce serait le cas par exemple de la tuberculose bovine dont l’ancêtre de l’agent Mycobacterium bovis aurait été transmis aux bovidés par l’Homme à l’occasion de la domestication (cf. Figure n° 1) [19].Notons enfin que certaines maladies humaines sont dues à un agent zoonotique ayant évolué à partir d’un

réservoir animal. Suite à une/des mutation(s), la trans-mission de l’agent devient alors exclusivement humaine (ex : Sida, variole, grippe humaine) (cf. Figure n° 1).

Pour définir les zoonoses, certains auteurs tiennent davantage compte des agents zoonotiques. Ils insistent tout particulièrement sur leur circulation entre l’Homme et un ou plusieurs animaux vertébrés, quelles qu’en soient les conséquences (maladie ou simple portage) et les modalités de contamination (par contact direct ou indirect, par l’alimentation, etc.). Les zoonoses sont ainsi définies comme des maladies, des infections ou des infestations provoquées par des agents transmissibles (bactérie, virus, parasite, champignon ou prion) se développant au moins chez deux espèces de vertébrés dont l’Homme [9 ; 30 ; 31].

Particulièrement étudiées depuis le XIXe siècle et les travaux de Pasteur sur la rage et le charbon, les preuves de l’existence des zoonoses remontent en fait à la Préhistoire (cf. Figure n° 1).

Selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), 60 % des 1 400 agents pathogènes pour l’Homme sont d’origine animale et 75 % des maladies animales émergentes peuvent se trans-mettre à l’Homme.

1.2. MALADIE ÉMERGENTE OU RÉ-ÉMERGENTEParmi les nombreuses définitions existantes (OIE, OMS, etc.), une maladie émergente peut se dire d’une maladie dont l’incidence réelle augmente de manière significative dans une population donnée, dans une région donnée et durant une période donnée, par rapport à la situation épi-démiologique habituelle de cette maladie [34].

Cette définition s’applique aussi bien aux maladies de l’Homme qu’à celles des animaux ou des végétaux. Même si les maladies émergentes sont principalement de nature infectieuse, il peut s’agir aussi d’autres types de maladies, affections toxiques, métaboliques ou autres [34]. On pense par exemple chez l’Homme aux maladies métaboliques, comme le diabète, ou aux

GÉNÉRALITÉS sur les zoonoses

Partie 1

1. Les nombres entre crochets correspondent aux références bibliographiques listées pages 36-37.2. Les mots soulignés sont définis dans le glossaire page 38.

7

maladies associées à l’évolution des modes de vie et de consommation, comme l’obésité.

Les maladies émergentes peuvent se répartir en quatre catégories :

Une maladie nouvelle causée par un agent pathogène inconnu auparavant. C’est le cas de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) inconnue avant 1986 [15], cf. Fiche n° 3 p 25.

Une maladie causée par un agent pathogène qui a muté, induisant des modifications de virulence ou une adaptation à de nouveaux hôtes. C’est le cas du virus de l’influenza aviaire H5N1. Les propriétés génétiques du virus H5N1, hautement pathogène, évoluent continuellement. Le risque d’introduction de ce virus et d’épizootie est toujours présent. De la même façon, le virus pandémique influenza A/H1N1 (2009) est un « nouveau » virus car il présente des gènes de virus de la grippe porcine, aviaire et humaine, réassortis sous une combinaison jamais observée auparavant.

Notons aussi le cas de bactéries zoonotiques, comme Campylobacter, qui peuvent acquérir des gènes de résistance aux antibiotiques et rendre ainsi le trai-tement difficile chez l’Homme contaminé par voie alimentaire [10].

Une maladie qui existe déjà dans un pays ou une région exotique et qui se répand dans une nouvelle région où elle n’était pas présente aupara-vant. C’est le cas de la fièvre catarrhale ovine (FCO). Le sérotype 8 de ce virus s’est répandu en 2006 en Europe du Nord, alors que cette région était aupa-ravant indemne.

Une maladie qui existe à l’état endémique dans une région donnée, mais présente à bas bruit dans une population donnée, et ce depuis des années. À l’occasion d’un événement particulier, favorisant sa dissémination et son expression, son incidence peut alors fortement augmenter et être à l’origine de son émergence stricto sensu. C’est le cas de la fièvre Q due à Coxiella burnetii en 2007 aux Pays-Bas ou en 2009 en Belgique.

Figure n° 1

Quelques zoonoses majeures au cours des temps

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Domestication, sédentarisation de l'Homme.

Apparition de l'hygiène, traitement des plaies, 1res mesures sanitaires.

Recul de la médecine, des sciences et de l'hygiène. Essor des échanges commerciaux, en particulier maritimes.

Découverte du Nouveau Monde. Augmentation des échanges (hommes, animaux, plantes).

Exode rural massif des populations. Augmentation des logements insalubres en ville, conditions d'hygiène rudimentaires, pauvreté.

PRÉHISTOIRE ANTIQUITÉ (-3000 ou Ve siècle)

MOYEN-ÂGE (Ve-XVe siècles)

ÉPOQUE MODERNE (XVe-XVIIIe siècles)

ÉPOQUE CONTEMPORAINE (XIXe siècle)

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il)Usage d'agents zoonotiques comme arme biologique.1881 : Loi sur la police sanitaire des maladies animales. 1901 : Création des Services vétérinaires départementaux. 1924 : Création de l’OIE.

Augmentation de la démographie et de la concentration urbaine, modifications des pratiques agricoles, mondialisation et essor des échanges, développement de l’antibiorésistance, évolution des relations Homme-nouveaux animaux de compagnie, etc.

ÉPOQUE CONTEMPORAINE (XXe siècle)

ÉPOQUE CONTEMPORAINE (XXIe siècle)

* Non zoonotique mais d'origine animaleN.B. : Sont ici présentées des zoonoses dont la survenue a fait l’objet d’écrits historiques.

Zoonoses et animaux d’élevage

8

Partie 1

Une maladie émergente n’est pas systématique-ment une zoonose. Cependant, au sein des maladies émergentes, les zoonoses occupent une place particulière et leur importance tend à augmenter mécaniquement. La fréquence des maladies émergentes s’accroît depuis 1940 avec un pic dans les années quatre-vingt-dix, conséquence d’une meilleure détection d’une part et d’une intensification des échanges d’autre part. Entre 1940 et 2004, près de 330 nouvelles mala-

dies infectieuses ont été découvertes, dont 60 % sont des zoonoses provenant à 70 % de la faune sauvage [21].

Une maladie ré-émergente, quant à elle, se définit comme une maladie qui a déjà été émergente et qui le redevient dans une même région et une même popu-lation [34]. Cela signifie que la maladie a connu un pic d’émergence dans cette population et cette région à un

Tableau n° 1

Principaux agents de zoonose par espèce animale mammifère d’élevage [19]

BOVINSBactérie Virus Parasite/prion/dermatophyte

Bacillus anthracis (Charbon*)Brucella abortus (Brucellose*)Campylobacter jejuni (Campylobactériose*)Coxiella burnetii (Fièvre Q*)Leptospira (Leptospirose*)Listeria monocytogenes (Listériose*)Mycobacterium bovis, caprae, tuberculosis (Tuberculose*)Salmonella (Salmonellose*)E. coli O157:H7 (Colite hémorragique, Syndrome hémolytique et urémique*)

Virus cow-poxVirus pseudo cow-poxVirus de la stomatite papuleuse bovineVirus rabique (Rage*)Virus de la stomatite vésiculeuseVirus de la fièvre de la vallée du Rift

Taenia saginata (Téniasis*)Toxoplasma gondii (Toxoplasmose*)

Prion ESB (vMCJ*)

Trichophyton verrucosum/Trichophyton mentagrophytes (Teigne*)

OVINS & CAPRINSBactérie Virus Parasite

Bacillus anthracis (Charbon*)Brucella melintensis (Brucellose*)Campylobacter jejuni (Campylobactériose*)Coxiella burnetii (Fièvre Q*)Erysipelothrix rhusiopathiae (Rouget*)Listeria monocytogenes (Listériose*)Mycobacterium bovis, caprae (Tuberculose*)Salmonella (Salmonellose*)

Parapoxvirus (Ecthyma contagieux)Virus rabique (Rage*)Virus de la stomatite vésiculeuse

Divers arbovirus : louping ill, encéphalite d’Europe centrale, maladie du mouton de Nairobi, fièvre de la vallée du Rift

Toxoplasma gondii (Toxoplasmose*)

ÉQUIDÉSBactérie Virus Parasite/dermatophyte

Bacillus anthracis (Charbon*)Brucella abortus (Brucellose*)Leptospira (Leptospirose*)Burkholderia mallei (Morve*)Burkholderia pseudomallei (Mélioïdose*)Salmonella (Salmonellose*)

Virus rabique (Rage*)Virus de la stomatite vésiculeuseDivers arbovirus : encéphalite de l’Ouest, encéphalite de l’Est, encéphalite du Venezuela, West-Nile, Tahyna, etc.Virus Hendra

Trichinella spiralis (Trichinellose*)

Trichophyton equinum (Teigne*)

SUIDÉSBactérie Virus Parasite/dermatophyte

Bacillus anthracis (Charbon*)Brucella suis (Brucellose*)Erysipelothrix rhusiopathiae (Rouget*)Leptospira (Leptospirose*)Mycobacterium avium (Tuberculose*)Salmonella (Salmonellose*)Streptococcus suis

Virus de l’hépatite EVirus rabique (Rage*)Virus de la stomatite vésiculeuseVirus de la maladie vésiculeuse des suidésVirus de l’encéphalomyocarditeDivers arbovirus : encéphalite japonaise B, etc.Virus grippalVirus Nipah

Taenia solium (Téniasis*)Toxoplasma gondii (Toxoplasmose*)Trichinella spiralis (Trichinellose*)Sarcoptes scabiei (Gale sarcoptique*)

Microsporum nanum (Teigne*)

*Maladie due à l’agent zoonotique

9

moment donné. Les mesures de maîtrise alors mises en place ont de facto engendré une forte diminution de son incidence voire son éradication et la perte de son « statut » de maladie émergente. Toutefois, dans des circonstances particulières, son incidence peut être amenée à augmenter à nouveau significativement. C’est le cas par exemple de la tuberculose bovine en France depuis 2010 (cf. Encadré n° 1).

2. ÉCOLOGIE ET ÉPIDÉMIOLOGIE DES ZOONOSES

À l’heure actuelle en France, les zoonoses en lien avec des animaux d’élevage sont peu nombreuses. Il s’agit principalement de :

Zoonoses d’origine bactérienne : brucellose, tuberculose, fièvre Q, fièvre charbonneuse, campylo-bactériose, listériose, salmonellose, infection par les E. coli entérohémorragiques, leptospirose ;

Zoonoses d’origine virale : rage (Guyane), parapoxvi-roses, hépatite E ;

Zoonoses d’origine parasitaire : téniasis, toxoplas-mose, trichinellose ou encore gale sarcoptique ;

Zoonose due à un prion : ESB et variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob ;

Zoonose due à un dermatophyte (champignon microscopique) : teigne.

2.1. CYCLE ÉPIDÉMIOLOGIQUEL’écologie des zoonoses fait intervenir plusieurs com-posantes : l’agent zoonotique, un ou plusieurs hôtes, un réservoir et parfois un vecteur [16].

Agent zoonotique : agent étiologique des zoonoses caractérisé comme un agent transmissible qui n’est pas inféodé à un seul hôte et qui peut provoquer une infection ou une infestation (avec ou sans expression de la maladie clinique) chez au moins deux espèces de vertébrés dont l’Homme (cf. Tableau n° 1).

Hôte : être vivant qui héberge dans des conditions naturelles un agent pathogène.

Réservoir : peut être défini comme un système écolo-gique dans lequel un agent zoonotique survit indéfiniment. Cela peut non seulement s’appliquer à un vertébré, un invertébré (comme un arthropode) mais également au milieu lui-même (le sol par exemple).

Vecteur : être vivant qui, à l’occasion de relations écologiques, acquiert un agent pathogène sur un hôte vivant et le transmet ensuite à un autre hôte. Le vec-teur est un arthropode (cf. Figures n° 2.2 et 2.3 page suivante).Un vecteur inanimé, encore appelé véhicule, peut-être le support pour la dissémination de l’agent (ex : air, eau).

Le cycle épidémiologique d’une zoonose fait donc inter-venir au moins une espèce animale et l’Homme. Mais il peut parfois être très complexe et inclure, dans un environnement donné, de nombreuses espèces animales réceptives, divers vecteurs essentiels ou potentiels, et l’Homme.

Une maladie ré-émergente en France : le cas de la tuberculose bovine

La tuberculose a été un fléau majeur de l’élevage bovin pendant la première moitié du XXe siècle engendrant des pertes économiques importantes (viandes et lait). À cette époque, la tuberculose bovine était considérée comme une maladie émergente.Depuis 1950, différentes mesures de maîtrise ont été mises en œuvre : dépistage annuel par tuberculination de tous les animaux en élevage et lors des mouvements entre différents élevages pour détecter des individus malades ou porteurs, abattage (partiel ou total) des troupeaux atteints et inspection des carcasses en abattoir. Grâce à ces mesures, le taux de troupeaux infectés s’élève désormais à moins de 0,1 %, ce qui permet à la France d’être déclarée officiellement indemne de tuberculose bovine depuis 2001.Toutefois depuis 2010, des foyers de tuberculose

bovine ont été constatés dans une quinzaine de départements français notamment en raison de contaminations croisées entre bovins (réservoir pri-maire) et faune sauvage (cerfs, sangliers, blaireaux). La faune sauvage constituerait en effet le réservoir secondaire de la bactérie responsable de cette maladie (Mycobacterium bovis). Cette situation résulterait éga-lement de l’allégement des rythmes de prophylaxie, de l’évolution de la taille des cheptels entre 1965 et 2000, de l’évolution des pratiques d’élevage, par exemple, un temps passé au pâturage plus long pour les troupeaux allaitants, etc.Compte tenu de l’évolution significative de son incidence, la tuberculose bovine en France se classe désormais dans les maladies ré-émergentes et impose par conséquent une surveillance accrue (cf. Partie 2).

Encadré n° 1

Zoonoses et animaux d’élevage

10

Partie 1

2.2. MODES DE CONTAMINATION DE L’HOMMELes agents zoonotiques peuvent être excrétés par les animaux via leurs sécrétions respiratoires, digestives, génitales, etc. ou encore être présents dans les aliments d’origine animale (viande, lait, œuf). Les trois principales voies de contamination de l’Homme sont ainsi le contact direct ou indirect, l’alimentation et l’inoculation par un arthropode vecteur.

Le contact avec les animaux, leurs produits ou l’environnement contaminés (cf. Figures n° 2.1-2.3)• Contact direct ou proximité étroite : l’Homme peut être contaminé par contact avec la peau ou les muqueuses (ex : brucellose suite au contact avec des avortons ou du placenta contaminés par B. abortus, cf. Fiche n° 1 p 23), par voie alimentaire (la main souillée est souvent à l’origine d’une contamination de ce type), par voie res-piratoire (ex : fièvre Q suite à l’inhalation de poussières ou d’aérosols infectieux contaminés par C. burnetii) ou encore par effraction cutanée lors d’une morsure ou d’une griffure (ex : rage) ou suite à une blessure chez

l’Homme (ex : tuberculose, rouget).Certaines zoonoses sont considérées comme profes-sionnelles car contractées au cours de l’exercice normal d’une profession exposant aux contacts récurrents avec des animaux vivants, des cadavres, des carcasses et de divers produits d’origine animale. C’est le cas pour les éleveurs, les personnels d’abattoir, les équarisseurs et les vétérinaires. Ces zoonoses, comme la brucellose, la tuberculose ou la fièvre charbonneuse, sont inscrites de ce fait sur la liste des maladies professionnelles (Décrets du 31.12.1946 et 02.11.1972) [19].• Contact indirect : il s’effectue par l’intermédiaire d’un support, sans contact direct avec un animal. Le véhicule peut être l’air, le sol ou bien l’eau. C’est le cas par exemple de la contamination des eaux de baignade par Escherichia coli entérohémorragiques [11] ou des leptospires. On parle alors de zoonose de loisirs.

L’alimentation : dans de rares cas, les denrées ali-mentaires peuvent abriter des micro-organismes ou des parasites pathogènes. La consommation de ces aliments

Figure n° 2Mécanismes d’action des zoonoses

(1. Général, 2. Zoonose vectorisée, 3. Zoonose bornée)

1. Composantes concourant à l’apparition et à la propagation d’une zoonose.

3. Mécanisme d’action d’une zoonose bornée (Homme = cul-de-sac épidémiologique) sans retransmission possible à l’Homme ou à l’animal.

2. Présence indispensable d’un vecteur dans le cas d’une zoonose strictement vectorisée.

ENVIRONNEMENT FAVORABLE

HÔTES SUSCEPTIBLES

(Animaux/Homme)

AGENT ZOONOTIQUE

HÔTES SUSCEPTIBLES

(Animaux/ Homme)

VECTEUR

ENVIRONNEMENT

Risque pour l’Homme

1

3

2

ANIMAUX HOMME

VECTEUR

TRANSMISSIONDE L’AGENT ZOONOTIQUE

AGENT ZOONOTIQUE

11

est alors susceptible de présenter un risque pour la santé du consommateur, dans certaines conditions de consommation et pour certaines personnes (cf. 2.3). Pour leur transmission à l’Homme, ces aliments peuvent n’être qu’un simple véhicule. Dans le cas des bactéries, ils peuvent être en plus le siège de leur multiplication, permettant alors d’atteindre un seuil dangereux. À titre d’exemple, les salmonelles sont les agents le plus souvent incriminés en France dans les foyers de toxi-infection alimentaire collective (TIAC), tous aliments confon-dus. L’habitat naturel des salmonelles est l’intestin de nombreuses espèces animales et de l’Homme (portage asymptomatique le plus souvent). Chez la volaille par exemple, les carcasses peuvent être contaminées en surface, au cours des opérations d’abattage et de pré-paration, par des salmonelles présentes dans leur tube digestif. Ces bactéries étant facilement détruites par la chaleur, les aliments le plus souvent incriminés sont ceux consommés sans cuisson ou après une cuisson modérée. Cependant, il ne faut pas négliger le risque, pour le consommateur, d’une contamination croisée entre aliments crus et aliments cuits lors de la prépa-ration du repas [6].D’autres aliments peuvent être à l’origine de zoonoses comme des denrées végétales cultivées sur des sols contaminés par les animaux (Toxoplasma gondii) ou de l’eau de boisson contaminée (Escherichia coli entérohémor-ragiques, cf. Figure n° 3).Selon l ’OMS, les zoonoses dites « alimentaires » seraient la cause de 2 milliards de malades par an dans le monde et seraient responsables de 2 millions de décès [32 ; 33].

L’inoculation par un arthro-pode vecteur : les agents zoono-tiques peuvent dans certains cas être transmis par des arthropodes vecteurs, tels des moustiques, des puces, des mouches, des mou-cherons, des poux ou des tiques. C’est le cas de l’infection à virus West-Nile (cf. Figures n° 2.2 et 4, page suivante). Les oiseaux migra-teurs sont le réservoir du virus. Sa transmission se fait via la piqûre de moustique du genre Culex : après avoir piqué des oiseaux infectés, les moustiques transmettent le virus à l’Homme ou au cheval. La plupart des mammifères, dont l’Homme et le cheval, constituent un cul-de-sac épidémiologique. Les chevaux semblent particuliè-

rement sensibles et sont souvent considérés comme les révélateurs de la circulation du virus [23].

En outre chez l’Homme, des cas de transmission d’un agent zoonotique par transfusion sanguine et lors de transplantations d’organes ont été décrits (cf. Figure n° 4).

2.3. FRÉQUENCE ET IMPORTANCE CHEZ L’HOMMELa fréquence d’apparition varie selon chaque zoonose et en fonction de la zone géographique. La leptospirose par exemple est souvent observée, et ce, dans la plupart des pays du monde. D’autres zoonoses sont plus rares ou localisées, c’est le cas de la morve ou de la peste.

L’importance des zoonoses chez l’Homme est définie selon leur fréquence (cf. Tableau n° 2 page suivante), leur gravité médicale et, pour certaines d’entre elles, selon leurs répercussions économiques.

Notons par ailleurs que certaines populations sont plus sensibles que d’autres. Selon l’Anses, on appelle popu-lation sensible les personnes ayant une probabilité plus forte que la moyenne de développer, après exposition au danger, des symptômes de la maladie ou des formes graves de la maladie. C’est le cas par exemple :

Des enfants ou des personnes âgées en cas de contamination par E. coli entérohémorragiques (risque de syndrome hémolytique et urémique).

Des personnes immunodéprimées : ce sont des personnes souffrant d’une maladie chronique ou ayant un traitement médicamenteux à l’origine d’une

Figure n° 3

Contamination de l’Homme par Escherichia coli entérohémorragiques via l’alimentation [11]

Contamination au moment de la traite

Contamination par les eaux d'irrigation

et les fumiers

Contamination fécale

Bactéries Escherichia coli entérohémorragiques (EHEC)

TUBE DIGESTIF BOVIN (principal réservoir des EHEC)

Lait et produits laitiers Viandes Fruits et

légumes Eau de boisson

Contamination des carcasses au moment de leur

préparation

Zoonoses et animaux d’élevage

12

Partie 1

diminution de leur immunité. En cas de contamina-tion par Listeria monocytogenes, ces personnes sont susceptibles de développer des formes de méningite.

Des femmes enceintes en cas de contamination par Toxoplasma gondii (risque de mort de l’embryon, d’avortement ou encore de malformations congénitales)

Tableau n° 2

Les zoonoses infectieuses majeures chez l’Homme en France et dans le monde [d’après 19]

ZOONOSE FRÉQUENCE DANS LE MONDE PRÉSENCE EN FRANCE PRINCIPALES ESPÈCES ANIMALES

IMPLIQUÉES

Brucellose +++ Très rare (sauf B. suis) Toutes espèces de mammifères

Charbon +++ Oui Toutes espèces de mammifères

Encéphalites américaines est, ouest, Venezuela + Non Équidés

Fièvre jaune + Non Singes

Fièvre de Lassa + Non Rongeurs

Grippe zoonotique à virus H5N1 ± Non Toutes espèces d’oiseaux

Leptospirose ++ Oui Toutes espèces de mammifères

Morve + Non Équidés

Peste + Non Toutes espèces de mammifères

Psittacose ++ Oui Toutes espèces d’oiseaux

Rage +++ Non Toutes espèces de mammifères

Salmonellose ++++ Oui Toutes espèces de mammifères

Tuberculose +++ Oui Toutes espèces de mammifères

N.B. : fréquence représentée de manière « globale » par des signes allant de ± à ++++

Source : www.aafp.org

Contamination interhumaine (transfusion sanguine,

transplantation d’organe, transmission transplacentaire,

potentiellement via le lait maternel)

Figure n° 4

Cycle épidémiologique de l’infection par West-Nile

Oiseaux

Oiseaux

Vecteur : le moustique

Vecteur : le moustique

Vecteur : le moustique

Hôtes accidentels

Cycle primaire

enzootique

13

ou en cas de contamination par Listeria monocytogenes (risque d’avortement ou d’accouchement prématuré).Enfin, parmi la population, il existe des sous-populations présentant un risque plus important d’être exposées au contact des animaux. C’est le cas des personnes exposées professionnellement (cf. supra).

L’importance de la circulation d’un agent zoonotique entre les animaux et l’Homme, et surtout au sein de la population humaine, a permis de distinguer trois grandes catégories de zoonoses (cf. Tableau n° 3) [31].

Une même maladie zoonotique ne requiert pas des dis-positifs de protection de même ampleur chez l’Homme et chez l’animal. En santé animale, une maladie zoonotique sera considérée comme très importante si elle provoque

une maladie grave ou à forte incidence dans l’espèce en question mais aussi si elle affecte des animaux dont les produits sont échangés entre différents pays. En revanche, la même maladie chez l’Homme, si elle est aisément diagnostiquée et traitée, pas ou peu contagieuse, peu fréquente, ne fera pas l’objet d’une action prioritaire de prévention. C’est ainsi le cas de la brucellose en France, pour laquelle la prophylaxie est obligatoire chez les bovins, tout comme la surveillance des avortements en élevage, alors que chez l’Homme il n’existe pas de mesure de dépistage systématique (cf. Fiche n° 1 p 23, partie 2).

Cette hétérogénéité des impacts des zoonoses sur la santé humaine et la santé animale explique en partie les politiques conduites chez l’animal et chez l’Homme vis-à-vis de ces maladies (cf. Partie 2).

Tableau n° 3

Les différents types de maladies transmissibles : la place des zoonoses [31]

TYPE DE MALADIE TRANSMISSIBLEEXEMPLES ET MODALITÉS

DE TRANSMISSION À L’HOMME

STATUTR0 : taux de reproduction

de la maladie chez l’Homme

Pathogène à transmission interanimale (une ou plusieurs espèces)

Aucune transmission naturelle à l’Homme

Fièvre aphteuse – Pestes porcines – Fièvre catarrhale ovine

Maladie strictement animale

Pathogène animal capable d’« infection primaire » sans transmission secondaire interhumaine

Transmission (directe ou indirecte) uniquement à partir du réservoir animal, pas de transmission naturelle interhumaine (hors technologies modernes du type transplantation, transfusion sanguine…)

Rage – West Nile – Charbon bactéridien – Encéphalopathie spongiforme bovine – Brucellose bovine

Zoonose non extensive= Zoonose bornéeR0 = 0

Pathogène animal capable d’infections « primaire » et « secondaire » (quelques cycles)

Transmission possible à partir du réservoir animal et entre humains

Tuberculose à M. bovis – Variole simienne (Monkeypoxvirus)

Zoonose extensiveR0 < 1

Pathogène animal capable d’infection primaire avec de nombreux « cycles secondaires »

Transmission interhumaine (y compris par vecteur), responsable de l’essentiel des cas humains

Maladie de Chagas – Fièvre jaune – Sras – MERS

Zoonose extensiveTransmission interhumaine significativeR0 ≥ 1

Pathogène à transmission interhumaine exclusive, y compris par vecteur

Aucune transmission naturelle à l’animal

Paludisme – VIH – Rougeole – Variole

Maladie strictement humaine dont l’origine est historiquement (et/ou phylogénétiquement) animale, humaine ou encore inconnue

Zoonoses et animaux d’élevage

14

15

DISPOSITIFS DE PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE vis-à-vis des zoonoses

Partie 2

Zoonoses et animaux d’élevage

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Partie 2

DISPOSITIFS DE PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE vis-à-vis des zoonoses

1. SURVEILLANCE

1.1. CADRE GÉNÉRALLa surveillance des zoonoses s’opère, chez l’Homme comme chez l’animal, à deux niveaux :

La surveillance de maladies connues (tuberculose et brucellose par exemple) : l’encadrement réglementaire existe (cf. Tableau n° 4) et les mesures de maîtrise sont connues et reconnues (cf. Fiches p 23-25).

La surveillance de l’émergence de phénomènes nouveaux : l’objectif est de repérer tout événement atypique ou situation anormale, comme l’apparition de signes cliniques non décrits chez l’animal, qui pourraient être à l’origine de l’émergence d’une maladie animale, voire d’une zoonose.Dans ce cas, des investigations épidémiologiques et microbiologiques sont nécessaires pour mettre en place un arsenal réglementaire adapté et des mesures de maîtrise ad hoc (cf. Encadré n° 2). En attendant les résultats de ces recherches, on s’appuie sur le principe de précaution

afin d’éviter/de limiter toute propagation à d’autres animaux ou à l’Homme. A posteriori, les mesures mises en œuvre pendant cette première période pourraient sembler excessives mais les connaissances techniques et scientifiques ne permettaient pas alors de fournir des certitudes.

En l’absence d’un dispositif de lutte (prévention et éra-dication) suffisamment efficace (cf. 2), la surveillance apparaît comme l’outil principal pour garantir la situation sanitaire du pays au regard du danger en question. D’où l’importance de nouveaux dispositifs, sur le plan national notamment, telle que la plateforme nationale de sur-veillance épidémiologique en santé animale (plateforme ESA). Née des réflexions menées lors des États généraux du sanitaire tenus en 2010 sous l’égide du ministère chargé de l’agriculture, la plateforme ESA a été mise en place fin 2011. Ses missions opérationnelles sont de :

participer à l’élaboration et à l’amélioration des dis-positifs de surveillance épidémiologique ;

faciliter la centralisation, la valorisation et le partage des données sanitaires ;

Tableau n° 4

Principaux textes réglementaires encadrant les zoonoses et agents zoonotiques

SUR LE PLAN EUROPÉEN

Directive 64/432/CEE concernant les mesures de police sanitaire en matière d'échanges intracommunautaires d'animaux des espèces bovine et porcine (cas de tuberculose et de brucellose notamment).

Directive 91/68/CEE relative aux conditions de police sanitaire régissant les échanges intracommunautaires d'ovins et de caprins (cas de brucellose notamment).

Règlement 999/2001/CE fixant les règles pour la prévention, le contrôle et l’éradication de certaines encéphalopathies spongiformes transmissibles (dont l’ESB).

Directive 2003/99/CE concernant la surveillance des zoonoses et agents zoonotiques : les zoonoses, les agents zoonotiques et la résistance antimicrobienne associée sont surveillés ; les foyers de toxi-infections alimentaires font l’objet d'une étude épidémiologique ; les informations nécessaires peuvent être recueillies dans l’Union européenne en vue d'en évaluer les tendances et les sources.

Règlement 854/2004/CE fixant les règles spécifiques d'organisation des contrôles officiels concernant les produits d'origine animale destinés à la consommation humaine.

Règlement 2073/2005/CE concernant les critères microbiologiques applicables aux denrées alimentaires.

Règlement 1069/2009/CE établissant les règles sanitaires applicables aux sous-produits animaux et produits dérivés non destinés à la consommation humaine.

Règlement (UE) 2016/429 relatif aux maladies animales transmissibles et modifiant et abrogeant certains actes dans le domaine de la santé animale. Applicable en avril 2021 (cf. Encadré n° 5).

17

contribuer à l’analyse des données sanitaires et à leur diffusion.

Les thématiques actuellement prioritaires pour la plate-forme ESA portent, entre autres, sur des zoonoses telles que la tuberculose bovine, la grippe à virus porcins et l’influenza aviaire. Pour certaines d’entre elles, comme la tuberculose bovine, un dispositif spécifique dénommé Sylvatub existe. Mis en place par la plateforme ESA et

financé par le ministère de l’agriculture depuis 2011, Sylvatub concerne tous les départements français, mais avec des niveaux d’implication différenciés en fonction du risque. Ce dispositif permet de suivre l’évolution de la situation sanitaire dans les départements où des animaux sauvages infectés ont été identifiés. En outre, il a permis de mettre au jour des suspicions chez des cerfs et des sangliers dans une vingtaine de départements. Ces suspicions, bien que non confirmées, témoignent du

Exemple d'un projet de recherche sur les zoonoses

Compte tenu de leurs répercussions majeures en termes de santé publique, santé animale, économie de filières, etc., les zoonoses font à ce jour l’objet de programmes de recherche actifs. C’est en particulier le cas de celles transmises par les tiques. Pour mémoire, les tiques sont connues pour être le deuxième vecteur au plan mondial de maladies pour l'Homme et l'animal, après les moustiques, et le premier en Europe.Ainsi, face à la recrudescence d’apparition de maladies humaines et animales liées à ces arthropodes, des travaux sur les agents pathogènes transmis par ces vecteurs sont conduits par un consortium regroupant l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), l’Anses, l’École nationale vétérinaire d’Alfort, la société Pathoquest et l’Institut Pasteur. L’équipe de chercheurs a extrait l’ensemble des ARN (acides ribonucléiques) de tiques (Ixodes ricinus) afin de répertorier les micro-organismes présents chez ce dernier. Ils ont ainsi mis en évidence la présence inattendue de bactéries comme Borrelia miyamotoi et Neoehrlichia mikurensis, toutes deux associées à des fièvres sévères, et de nouvelles espèces de parasites Babesia et Theileria potentiellement asso-ciées à des maladies. De nombreux nouveaux virus identifiés dans ces tiques sont en cours de caractérisation.Les chercheurs travaillent actuellement à déterminer la pathogénie de chacune des espèces bactériennes, virales ou parasitaires identifiées. Ces micro-organismes seront à terme complètement séquencés. In fine, ce projet pourrait permettre de développer des outils de prévention et de futurs tests de dépistage et de diagnostic.

Encadré n° 2

Tableau n° 4 (suite)

Principaux textes réglementaires encadrant les zoonoses et agents zoonotiques

SUR LE PLAN FRANÇAIS

Arrêté du 3 décembre 1990 fixant les mesures de police sanitaire relatives à l'encéphalopathie spongiforme bovine.

Arrêté du 17 mars 1992 relatif aux conditions auxquelles doivent satisfaire les abattoirs d’animaux de boucherie pour la production et la mise sur le marché de viandes fraîches et déterminant les conditions de l’inspection sanitaire de ces établissements.

Arrêté du 9 juin 2000 relatif à la police sanitaire de l'encéphalopathie spongiforme bovine.

Arrêté du 15 septembre 2003 fixant les mesures techniques et administratives relatives à la prophylaxie collective et à la police sanitaire de la tuberculose des bovinés et des caprins.

Arrêté du 22 avril 2008 fixant les mesures techniques et administratives relatives à la prophylaxie collective et à la police sanitaire de la brucellose des bovinés.

Décret n° 2012-845 du 30 juin 2012 relatif aux dispositions générales organisant la prévention, la surveillance et la lutte contre les dangers sanitaires de première et deuxième catégorie (cf. Encadré n° 3).

Arrêté du 8 août 2013 modifiant l'arrêté du 13 août 2012 relatif à la constitution d'un dispositif pilote de surveillance de la fièvre Q dans des départements en élevages bovins, ovins et caprins.

Arrêté du 10 octobre 2013 fixant les mesures techniques et administratives relatives à la prophylaxie collective et à la police sanitaire de la brucellose ovine et caprine.

Arrêté du 24 septembre 2015 mettant en place les visites sanitaires dans les élevages.

Zoonoses et animaux d’élevage

18

Partie 2

dynamisme de la surveillance. Par ailleurs, pour mieux connaître le rôle du blaireau dans la transmission de la tuberculose aux bovins, des activités de piégeage autour des foyers de tuberculose bovine et de surveillance sur des animaux trouvés morts au bord des routes ont été mises en place.

Sur le plan européen, les données annuelles de sur-veillance des zoonoses et agents zoonotiques sont centralisées par les États membres et transmises à la Commission européenne puis à l’European Food Safety Agency (EFSA). Un rapport de synthèse concernant les tendances et les sources des zoonoses, des agents zoo-notiques et de la résistance antimicrobienne en Europe est publié par l’EFSA et l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) chaque année. Ainsi, en 2013, comme pour les années précédentes, les infections zoonotiques chez l’Homme étaient majoritairement six zoonoses transmises par voie alimentaire ou orale, tous aliments confondus (campylobactériose, salmonellose, yersiniose, infections à EHEC, listériose, échinococcose). En incluant la trichinellose et la brucellose, en 2013 les zoonoses alimentaires représentaient donc 99,6 % des 314 430 cas humains dus aux treize causes de zoonoses rapportées en Europe. Les cas restants (0,4 %) étaient dus à des zoonoses transmises à l’Homme par d’autres voies (fièvre Q, fièvre West-Nile, tuberculose à M. bovis, tularémie et rage) [14 ; 17].Si les informations recueillies dans le cadre de la surveil-lance de routine ne sont pas suffisantes, des programmes coordonnés de surveillance pour une ou plusieurs zoonoses et/ou un ou plusieurs agents zoonotiques peuvent être établis par la Commission européenne, spécialement lorsque des besoins spécifiques sont constatés à l'éche-lon des États membres ou de l’Union européenne [35].

Sur le plan international, le système de collecte d’infor-mations est piloté par l’OIE. Il s’appuie sur :

Un système d’alerte précoce destiné à informer la communauté internationale sur les événements épi-démiologiques pertinents survenus dans les 180 pays membres de l’OIE, au travers de « messages d’alerte ».

Un système de surveillance permettant de suivre au fil du temps les maladies de la liste de l’OIE, dont des zoonoses comme les brucelloses bovine et ovine, la tuberculose bovine, la fièvre Q, la rage, l’influenza aviaire, la trichinellose ou l’ESB. Toute notification à l’OIE fait l’objet d’une information à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) puis de la mise en place de mesures dans le cadre des échanges commerciaux internationaux. En effet, il s’agit de limiter voire d’éviter toute dissémination de l’agent zoonotique via l’animal ou ses produits.

La reconnaissance officielle du statut sanitaire des pays membres : d’une importance majeure pour le com-merce international, elle constitue l’un des liens juridiques les plus importants entre l’OIE et l’OMC depuis 1995. La démarche de reconnaissance officielle d’un statut sanitaire par l’OIE est une démarche volontaire des pays et s’applique à l’heure actuelle à six maladies, dont une zoonose : l’ESB. La perte et le recouvrement du statut sanitaire officiel sont gérés de manière objective et transparente, conformément à la procédure officielle normalisée.

Pour garantir une maîtrise maximum des zoonoses, les mesures de surveillance portent sur les différents mail-lons, à savoir l’animal vivant, l’alimentation et l’Homme.

1.2. L’ANIMAL VIVANT1.2.1. Surveillance quotidienne en élevageL’éleveur surveille quotidiennement l’état de santé de ses animaux, il connaît et maîtrise la plupart des soins à leur apporter. En cas de signes cliniques atypiques ou inhabituels ou encore de situation anormale (taux de mortalité dépassant le seuil habituel de l’exploitation par exemple), il fait appel à son vétérinaire.Ainsi, dans le cas particulier de l’ESB, l’éleveur reste vigilant à tous les troubles neurologiques pouvant faire penser à cette maladie animale ou bien à la présence d’animaux dits à risque sur son exploitation (animaux de 48 mois et plus trouvés morts à la ferme, accidentés ou abattus en urgence) [15].Vétérinaires et éleveurs sont ainsi les acteurs essentiels de la surveillance de l’apparition de maladies animales émergentes, et a fortiori de zoonoses émergentes. Le maillage sanitaire revêt par ailleurs une importance primordiale, de même qu’une coordination efficace entre le vétérinaire de l’élevage (informe de la suspicion), le vétérinaire coordonnateur départemental (confirme la suspicion) et le service vétérinaire départemental (applique les mesures de police sanitaire). En effet, détection précoce et diagnostic rapide sont les garants d’une gestion efficace de ce type de maladie.

1.2.2. Visite sanitaireLes visites sanitaires en élevage sont obligatoires dans les filières bovines (depuis 2005), avicoles (depuis 2013), porcines (depuis 2015), ovines et caprines (depuis 2016) annuellement ou tous les deux ans selon les cas. Elles sont réalisées par le vétérinaire sanitaire de l’exploita-tion sous la responsabilité de la Direction en charge de la protection des populations (DDPP) du département où se situe l’élevage. La visite, conduite sur la base d’un questionnaire et d’un guide établis par instruction du ministre chargé de l’agriculture, porte notamment sur

19

la gestion sanitaire des animaux, la protection sanitaire de l’élevage, la gestion de la pharmacie vétérinaire, etc. L’objectif est de collecter des données et/ou de sensibiliser l’éleveur soit sur une thématique d’intérêt épidémio-logique précise, soit sur différents aspects sanitaires de l’élevage comme le maintien d’une biosécurité optimale dans les exploitations (cf. 2.1).

1.2.3. Inspection ante-mortem en abattoirCette inspection des animaux à leur arrivée à l’abattoir par les agents des services vétérinaires vise notamment à s’assurer qu’ils sont en bonne santé et que leur état physiologique n’en-traînera pas d’anomalie d’évolution des viandes. À titre d’exemple, un animal présentant un signe clinique évocateur d’ESB lors de l’inspection ante-mortem est systématiquement écarté de la chaîne d’abattage et euthanasié [6 ; 15].

1.3. LES VIANDES1.3.1. Inspection post-mortem en abattoirAprès l’abattage, l’ensemble de la carcasse et des viscères fait l’objet d’une inspection individuelle et minutieuse par les services vétérinaires conformément au Règlement 854/2004/CE. À ce stade, un certain nombre de recherches spécifiques sont systématiquement effectuées et concernent notamment des zoonoses d’origine parasitaire [6] :

larves de ténia sur les carcasses de bovins et de porcs (examen visuel, le cas échéant après incision musculaire) ;

larves de trichine sur les carcasses de chevaux, de porcs élevés en plein air, de porcs reproducteurs de réforme (truie/verrat) et de sangliers (prélèvement musculaire pour analyse de laboratoire). Pour les porcs charcutiers gardés en bâtiments d’élevage contrôlé, seul un sondage est réalisé (de l’ordre de 1/1 000 abattus).Pour mémoire, seules les carcasses ne présentant ni lésions, ni altérations et pour lesquelles l’ensemble des résultats est favorable sont estampillées avec une marque de salubrité. Ces carcasses peuvent alors être destinées à la consommation humaine.

1.3.2. Plans de surveillance de la DGALLa Direction générale de l’alimentation (DGAL) réalise annuellement des contrôles dont l’objectif principal est d’obtenir une estimation de la contamination dans une

production définie (population cible) et donc d’évaluer le niveau d’exposition du consommateur à ce danger. L'échantillonnage est représentatif de la population cible et les prélèvements sont réalisés de façon aléatoire au sein de cette population (Règlement 882/2004/CE).Conformément à la Directive 2003/99/CE, la recherche d’agents zoonotiques à tous les stades de la chaîne ali-mentaire est intégrée à ces plans avec [26] :

Pour la viande bovine : la recherche des E. coli pro-ducteurs de shigatoxines. Entre 2007 et 2013, le taux de contamination des viandes hachées réfrigérées est estimé entre 0,1 et 0,4 % et celui des viandes hachées surgelées est estimé entre 0,3 et 0,5 % (cf. Fiche n° 2 p 24) ;

Pour les viandes porcines : la recherche de Salmonella spp, Echinococcus granulosus et Toxoplasma gondii. En 2013, le taux de contamination est estimé à 1,0 % au plus pour Salmonella spp. (saucisson sec) et E. granulosus (viscères de porc), à 3,0 % pour T. gondii chez les porcs élevés en système hors-sol et à 6,3 % chez les porcs élevés en plein air (viande).

1.3.3. Contrôles à l’importation d’animaux ou de produits d’origine animaleLes agents des postes d’inspection frontaliers (PIF) contrôlent toutes les importations d’animaux vivants et de produits d'origine animale. Ils vérifient l’autorisation des origines (pays, région, établissement) et les certificats

Les maladies réglementées chez les animaux

La législation française distingue deux types de maladies animales régle-mentées (Décret du 30 juin 2012 et Arrêté du 29 juillet 2013) :

Les dangers sanitaires de 1re catégorie (anciennement appelés maladies réputées contagieuses - MRC) : dangers dont les manifestations ont des conséquences graves et requièrent, dans l’intérêt général, un encadrement réglementaire. C’est le cas de la brucellose, du botulisme et de l’ESB par exemple. Les dangers retenus dans cette catégorie font tous l’objet de mesures de déclaration obligatoire, de prévention, de surveillance et de lutte [18].

Les dangers sanitaires de 2e catégorie (anciennement appelés mala-dies à déclaration obligatoire - MDO) : dangers pour lesquels il peut être opportun, dans un intérêt collectif, de définir des mesures réglementaires ou de reconnaître officiellement l’action menée par certaines filières de production. C’est le cas de la morve et de la trichinellose par exemple.

Ces listes sont amenées à évoluer régulièrement. En cas de maladie émer-gente, il est possible d’inscrire provisoirement, pour trois ans, un danger émergent dans la liste des dangers de 1re catégorie, le temps d’assembler les éléments nécessaires à son classement définitif [18].

Encadré n° 3

Zoonoses et animaux d’élevage

20

Partie 2

sanitaires d’accompagnement. Les lots importés sont soumis à un plan de surveillance destiné à détecter les résidus, agents pathogènes et autres substances dange-reuses pour l’Homme, les animaux et l'environnement.En 2013, 1 444 lots de produits d’origine animale ont fait l'objet de prélèvements aléatoires, sur un total de 42 068 lots importés. Le taux de prélèvement s’élève à 3,4 % (soit un taux supérieur aux 3 % fixés par la note de service dédiée). En 2013, 11 lots se sont avérés non-conformes et par conséquent ont été refusés, il s’agissait majoritairement de produits issus de la pêche [26].

1.4. L’HOMMELa collecte de données croisées concernant l’apparition des zoonoses et des agents zoonotiques chez l’animal comme chez l’Homme, ainsi que dans les denrées alimentaires et dans les aliments pour animaux, est nécessaire afin de déterminer les tendances et les sources des zoonoses.

1.4.1. Maladies à déclaration obligatoire chez l’HommeEn France, certaines maladies font l’objet d’une surveillance inscrite dans le Code de la santé publique (articles L.3113-1, R.3113-1 à 5, D 3113-6 et 7). Tous les professionnels de santé (médecins libéraux et hospitaliers, biologistes en laboratoires médicaux publics et privés) sont tenus de

déclarer ces maladies aux autorités sanitaires lorsqu’ils les diagnostiquent. Plus de trente maladies humaines sont concernées par cette procédure comme les TIAC, dont certaines sont des zoonoses alimentaires (exemple : salmonellose).

L’objectif est de suivre l’évolution de l’incidence de ces maladies, de détecter des regroupements de cas et des tendances épidémiologiques et, le cas échéant, d’intervenir précocement pour limiter la diffusion de certains agents infectieux. Ainsi, lorsqu’ils suspectent ou diagnostiquent une de ces maladies chez un patient, les médecins ou bio-logistes doivent le signaler immédiatement au médecin inspecteur de santé publique de l’Agence régionale de santé (ARS) de leur lieu d’exercice. Cette procédure permet la mise en place de mesures de prévention individuelles ou collectives et d’investigations telles que :

une enquête épidémiologique visant à recenser les cas et à décrire l’épidémie puis à analyser les résultats de l’enquête pour en confirmer la cause ;

une enquête microbiologique visant à identifier l’aliment et l’agent responsable des troubles ;

une enquête sanitaire visant à identifier les évé-nements ayant entraîné la contamination et/ou la multiplication des agents pathogènes dans l’aliment.L’ensemble des données recueillies est ensuite centralisé

Figure n° 5Exemple de système de collecte et d’échange d’informations

en cas de maladie d’origine alimentaire : la cellule Listeria

Laboratoires d'analyses de

biologie médicale privés ou publics

Cliniciens

ARS InVSPatient

DGCCRF

DGS

LNR

CNR

DDCCRF

DDPP

Laboratoires d'analyses

alimentaires privés ou publics

DGAL

Cellule Listeria

Fiche patientFiche aliment

S

DO

DO

DOQA

QA

PS

PS

S

S

A

A

A

A : AlerteDO : Déclaration obligatoirePS : Plan de surveillanceQA : Questionnaire alimentaireS : Souches bactériennes

ARS : Agence régionale de santéCNR : Centre national de référenceDDPP : Direction départementale de la protection des populations

DGAL : Direction générale de l’alimentationDGCCRF/DDCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes/Direction départementale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

DGS : Direction générale de la santéInVS : Institut de veille sanitaireLNR : Laboratoire national de référence

Source : Institut Pasteur

S

21

par l’Institut de veille sanitaire (InVS) qui en assure l’analyse à l’échelon national [6].

1.4.2. Réseaux de surveillance de la résistance aux antibiotiquesConformément à la Directive 2003/99/CE, des programmes de surveillance des zoonoses et des agents zoonotiques sont mis en place en France (cf. Tableau n° 4). C’est le cas des réseaux de surveillance s’intéressant en particulier à la résistance des bactéries aux antibiotiques [10] :

Le réseau Salmonella : les salmonelles sont l’une des principales causes de TIAC dues à la consommation d’aliments d’origine animale. Ce réseau recueille des souches de salmonelles d’origine non humaine (isolées de l’alimentation, de l’environnement ou des élevages) pour déterminer leur sérotype et étudier leur sensibilité aux antibiotiques ;

Le réseau Résapath : il collecte des informations issues d’antibiogrammes de bactéries isolées chez les bovins, ovins, caprins, équins, porcs et volailles dans 94 dépar-tements. Ces données sont comparées à celles issues de 16 réseaux de surveillance de la résistance bactérienne chez l’Homme, en ville et à l’hôpital, dans le cadre de l’Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques. Cette intégration permet la mise en commun permanente des données humaines et animales obtenues, particulièrement importante dans un contexte où les efforts pour la réduction des niveaux de résistance doivent nécessairement être couplés.À titre d’exemple, la multirésistance aux antibiotiques chez E. coli est fréquente dans la plupart des filières de production animale, en particulier pour les souches résistantes aux céphalosporines de 3e et 4e génération (C3G/C4G).N.B. : Au plan européen, l’European Medicines Agency centralise l’ensemble des données (projet ESVAC).

Malgré toutes ces mesures de surveillance, le risque zéro d’apparition de zoonoses, émergentes ou non, n’existe pas. Aussi, des mesures de lutte sont-elles mises en œuvre chez les animaux et leurs produits afin de protéger au mieux la santé animale et la santé publique.

2. MESURES DE LUTTE : PRÉVENTION ET ÉRADICATION

2.1. BIOSÉCURITÉ EN ÉLEVAGEEn élevage, comme en centre de rassemblement, des mesures sont prises par les professionnels des filières

pour réduire la propagation des agents pouvant être déjà présents à l’intérieur de l’élevage (biosécurité interne) ou pour éviter toute introduction de nouveaux agents infectieux (biosécurité externe). Ces mesures peuvent être générales (hygiène des locaux, des équipements, des animaux et des procédés) ou spécifiques à un agent pathogène. C’est le cas, par exemple, de la brucellose bovine pour laquelle sont mises en œuvre des mesures sanitaires « offensives » (ex : dépistage des animaux infectés, iso-lement et élimination) mais aussi « défensives » comme la désinfection périodique des bâtiments, le contrôle régulier des cheptels, l’introduction de nouveaux bovins uniquement en provenance de cheptels présentant toutes les garanties sanitaires, avec contrôle et quarantaine au

Coopération internationale [19]

Les zoonoses majeures sont souvent présentes dans plusieurs régions du monde. Des actions communes entre États doivent donc être entreprises. Cette coopération est principalement assurée par l’OMS, la FAO et l’OIE avec l’aide de la Banque mondiale et d’un programme des Nations unies (PNUD).

L’OMS dispose de centres collaborateurs pour l’étude de problèmes globaux de santé publique mais aussi de zoonoses spécifiques (rage, peste, etc.). Dans ce cadre, l’OMS diffuse des informations et établit des programmes de lutte. Elle a ainsi élaboré le Règlement sanitaire international pour les maladies qui néces-sitent une période d’isolement des animaux dont deux sont des zoonoses : la peste et la fièvre jaune. L’OMS contribue notamment à la mise en place de ces programmes dans les États concernés.

Une nouvelle étape a été franchie en 2008 avec la mise en place du Concept « One World, One Health » – promu par l’OMS, la FAO et l’OIE – qui met en exergue la nécessité d’une collaboration entre les structures de santé publique médicale et vétérinaire, tant à l’échelle nationale que mondiale.Au cours de ces dernières années, la régression de certaines zoonoses majeures comme la peste, la fièvre jaune ou encore la morve a été constatée. Ces bons résultats sont le fruit des mesures précitées. Cepen-dant, même pour ces zoonoses, des foyers bien établis persistent. L’Afrique et l’Asie restent deux réservoirs majeurs de zoonoses dont certaines, aujourd’hui considérées comme « exotiques », représentent une menace potentielle pour les régions tempérées.

Encadré n° 4

Zoonoses et animaux d’élevage

22

Partie 2

moment de leur introduction dans l'élevage (isolement permettant de vérifier l’absence d’apparition des symptômes) [22].

2.2. PROPHYLAXIE COLLECTIVE OBLIGATOIRELa prophylaxie collective obligatoire est organisée annuellement par les services vétérinaires en coopération étroite avec les organismes vétéri-naires à vocation technique (OVVT) et les organismes à vocation sanitaire (OVS). Ils agissent pour la prévention et le contrôle de certaines maladies animales importantes pour l’éle-vage, dont certaines sont des zoo-noses (brucellose, tuberculose). Ces campagnes permettent de signaler rapidement les situations qui présen-teraient des risques pour la santé, non seulement des animaux, mais aussi des éleveurs ou des consommateurs. Pour la brucellose et la tuberculose, il s’agit uniquement d’une prophylaxie sanitaire. Elles font l’objet d’un dépistage obligatoire à des fréquences régulières. Ainsi en France, en 2014, 13 714 cheptels ont été testés pour la tuberculose bovine, 173 326 cheptels ont été testés pour la brucellose bovine, 36 226 cheptels ont été testés pour la brucellose ovine et caprine (cf. Fiche n° 1 p 23). Grâce à ces mesures, la prévalence de ces maladies dans les cheptels est très faible (0,075 % pour la tuber-culose et quasi nulle pour la brucellose), ce qui permet à la France d’être classée parmi les pays officiellement indemnes pour ces maladies (inférieure à 0,1 % pour la tuberculose et inférieure à 0,2 % pour la brucellose) [5].

2.3. MESURES EN CAS DE SUSPICION OU DE CONFIRMATIONLes zoonoses appartenant au groupe des dangers sani-taires de 1re catégorie font l’objet de mesures spécifiques :

En cas de suspicion :• mise sous surveillance du cheptel (animaux, bâtiments,

lait et produits laitiers…) ;• séquestration et isolement des animaux malades ;• interdiction de la vente du lait et des produits laitiers

crus de ces exploitations ;

• interdiction d’envoyer à l’abattoir les animaux issus de ces exploitations. En cas de confirmation :

• euthanasie des animaux contaminés et éventuellement de tout le troupeau ;

• destruction ou traitements thermiques des produits ;• désinfection des locaux et des effluents contaminés.

Les zoonoses sont donc protéiformes dans leurs gra-vité, fréquence, diffusion, etc. Pour protéger l’Homme, des dispositifs spécifiques de protection de la santé publique existent et permettent de faire face aux différentes situations (cf. Fiches p 23-25). C’est le cas par exemple :

des zoonoses connues de longue date : tuberculose, brucellose, rage ;

des zoonoses asymptomatiques chez l’animal vivant : infection à E. coli entérohémorragiques (EHEC) ;

des zoonoses décrites récemment et de zoonoses émergentes : ESB, etc.

Dans tous les cas, l ’amélioration permanente des connaissances scientifiques conduit les dispositifs de maîtrise des zoonoses à évoluer et à se perfectionner.

La nouvelle législation sur la santé animale

Le Règlement (UE) 2016/429 relatif aux maladies animales transmissibles et modifiant et abrogeant certains actes dans le domaine de la santé animale, également dénommé « législation sur la santé animale », est paru le 31 mars 2016. Reprenant plusieurs prescriptions déjà en appli-cation, comme celles qui régissent les échanges intracommunautaires, l’identification ou les mesures de police sanitaires, ce texte regroupe au sein d’une seule entité juridique toutes les notions relatives aux maladies animales « ayant une répercussion importante sur la santé animale ou la santé publique, ou produisant des effets ressentis sur une population entière », dont les zoonoses, et offre un socle juridique qui pourra s’appliquer à toutes les espèces : animaux d’élevage ou de compagnie, domestiques ou sauvages, terrestres ou aquatiques. Ce règlement sera applicable en 2021 afin de permettre la publication de textes complémentaires et la mise en place des nouvelles mesures dans les pays concernés. Toutefois, certains textes seront maintenus, comme le Règlement CE/999/2001 relatif aux encéphalopathies spongiformes ou la Directive 2003/99/CE relative à la surveillance de certaines zoo-noses. Les sanctions induites par un non-respect de cette législation seront laissées à l’appréciation des États membres.

Encadré n° 5

23

La brucellose bovine à Brucella abortus [3 ; 4 ; 5]

ÉpidémiologieIdentifiée dès l’Antiquité, la brucellose a porté des noms divers selon les pays, les époques ou l’espèce animale (ruminant, porc, chien, etc.) : fièvre de Malte, fièvre ondulante (chez l’Homme), fièvre méditerranéenne, mélitococcie, avortement épizootique des bovidés, etc.La brucellose bovine est une maladie de répartition et d’importance mondiales. Il n’y a pas eu de cas en France entre 2003 et 2012. En 2012, deux foyers ont été mis évidence.L’incidence de la brucellose humaine est, quant à elle, estimée par l’OMS au niveau mondial à 500 000 nouveaux cas annuels. En France, la brucellose humaine se révèle désormais rare et est pour l’essentiel contractée dans les pays tiers où la maladie animale est insuffisamment (ou pas) contrôlée ou à partir d’aliments importés de ces pays (Maghreb, Péninsule Ibérique et région des Balkans/Turquie). Le nombre de cas confirmés est en constante diminution depuis 1978 et s'avère désormais très faible (800 cas en 1978 contre 28 en 2012 soit une incidence de 0,04/100 000 habitants), comparé à celui rapporté dans les autres pays d’Europe du Sud (Espagne : 0,25 cas/100 000, Grèce : 0,94/100 000, Portugal : 0,75/100 000) ou au Proche-Orient. En 2012 et 2013, deux et six cas ont été déclarés. Le fromage serait la source de la contamination.

Maladie chez les bovinsLa bactérie Brucella abortus est excrétée par un bovin contaminé dans son lait, son urine et ses sécrétions génitales, cette maladie est par conséquent très conta-gieuse entre animaux. La brucellose bovine se traduit par des avortements, des orchi-épididymites, et plus rarement des arthrites ou des hygromas dans les deux sexes. Outre des pertes de production, la brucellose a un impact économique important en raison de l’in-terdiction de tout échange de bovins s’ils ne sont pas issus de troupeaux qualifiés indemnes de brucellose, tant en France qu’au plan européen ou international.

Place de l’aliment dans la contamination de l’HommeL’Homme s’infecte suite à un contact avec des animaux contaminés et leurs produits (principalement les sécré-tions génitales, avortons et placentas mais aussi les organes infectés, le fumier, etc.) ou en consommant des produits laitiers crus.

Maladie chez l’HommeLa maladie se traduit chez l’Homme par un syndrome fébrile plus ou moins intense et peut évoluer vers une forme chronique pouvant induire de sérieuses complications, ostéo-articulaires notamment, ou encore un avortement.

Dispositifs de protection de la santé publique Chez les bovins : la brucellose bovine est régle-

mentée. En élevage, une détection précoce de la maladie s’opère avec les dépistages sérologiques lors des campagnes nationales de prophylaxie (cf. 2.2), la surveillance des avortements et leur déclaration obligatoire au vétérinaire sanitaire et, enfin, l’analyse de prélèvements (sang, placenta).En cas de confirmation de brucellose, tous les animaux sensibles à la maladie dans un troupeau reconnu infecté sont abattus et les produits détruits. La vaccination des animaux contre la brucellose est aujourd’hui interdite en France car elle fausserait le dépistage sérologique. Le traitement est également interdit car il pourrait engendrer un portage sain sans éliminer l’excrétion de la bactérie. La brucel-lose bovine fait l’objet de notifications nationale, européenne et mondiale.

Chez l’Homme : la surveillance de la brucellose repose sur l’action conjointe de l’InVS, du Centre natio-nal de référence (CNR) des Brucella (Anses & Inserm/CHU Nîmes) sous la tutelle du ministère de la Santé. L’envoi des souches de Brucella d’origine humaine par les laboratoires hospitaliers au CNR permet leur identification et leur typage phénotypique et/ou moléculaire, ce qui peut contribuer à confirmer les cas, à en déterminer l’origine, à surveiller la circulation de différentes souches entre l’animal et l’Homme sur le territoire national et à détecter l’émergence de nouvelles.

Statut actuel de la maladie en France Santé animale : danger sanitaire de 1re catégorie

chez les bovidés. Depuis 2005, la France est officiel-lement indemne.

Santé publique : maladie humaine à déclaration obligatoire depuis 2002.

Fiche n °1

Zoonoses et animaux d’élevage

24

Partie 2

Les infections à Escherichia coli entérohémorragiques (EHEC) [2 ; 11]

ÉpidémiologieE. coli est une bactérie normalement présente parmi la microflore digestive de l’Homme et de nombreux animaux à sang chaud, comme les bovins. La plupart des E. coli sont sans danger, à l’exception de certaines souches pathogènes pour l’Homme, comme les EHEC dont la plus connue est E. coli O157:H7.En France, 94 % des infections à EHEC chez l’Homme sont des cas sporadiques, les épidémies sont donc très rares.

Maladie chez les bovinsLes ruminants domestiques, et plus particulièrement les bovins, peuvent être des porteurs sains d’EHEC sans aucun symptôme visible. Ils participent alors à la contamination de l’environnement par les bactéries pré-sentes dans leurs fèces : contamination des sols (prairies, champs), des eaux superficielles à partir de déjections animales ou d’engrais de ferme contaminés épandus (fumiers, lisiers), des aliments (herbe, fourrages) et de l’eau d’abreuvement des animaux. Dans une moindre mesure, d’autres animaux d’élevage ou sauvages, dont certains gibiers, peuvent également être porteurs sains. Les EHEC peuvent survivre pendant plusieurs semaines dans l’environnement de la ferme (tels que les sédiments d’abreuvoir, les fèces ou le fumier sur le sol). Différents végétaux consommés par l’Homme peuvent être contaminés par des EHEC, soit via les fumures obtenues à partir d’animaux contaminés, soit quand de l’eau contaminée est utilisée pour l’irrigation.

Place de l’aliment dans la contamination de l’HommeLa principale voie de transmission est la consom mation d’aliments contaminés d’origine animale (viande hachée de bœuf en particulier) crus ou insuffisamment cuits, d’origine végétale ou encore d’eau de boisson.

Maladie chez l’HommeLes EHEC peuvent être responsables d’une TIA chez l’Homme avec des troubles variés allant d’une diarrhée aqueuse bénigne à une colite hémorragique. Les personnes les plus sensibles sont les jeunes enfants (en particulier de moins de 3 ans) et les personnes

âgées de plus de 65 ans chez lesquels la maladie peut évoluer vers des formes graves : le syndrome hémolytique et urémique (SHU) principalement chez le jeune enfant ou la micro-angiopathie thrombotique chez l’adulte. Depuis 1996, le nombre de cas de SHU chez les enfants de moins de 15 ans est de cent par an en moyenne.

Dispositifs de protection de la santé publique Chez les bovins et leurs produits : des mesures de

maîtrise sont mises en œuvre à tous les stades de la production. C’est ainsi le cas en élevage (suivi sanitaire, hygiène de la traite, propreté des animaux destinés à l’abattoir, hygiène des locaux/équipements), en abattoir (modes opératoires pour éviter la contamination de la carcasse au moment du retrait de la peau et du tube digestif, retrait de toute carcasse qui aurait pu être souillée de la chaîne de fabrication de steaks hachés) et en ateliers de découpe et de transformation (res-pect de la chaîne du froid, autocontrôles des bonnes pratiques d’hygiène, autocontrôles microbiologiques sur la viande, le matériel et les installations). En outre sur une initiative des professionnels, des mesures spécifiques sont mises en œuvre comme les tests de dépistage des E. coli O157:H7 et autres EHEC au stade de la fabrication de steaks hachés.Enfin, depuis 2006, la DGAL met en place des plans de surveillance visant à évaluer la fréquence de contamination par les EHEC des steaks hachés et/ou des viandes utilisées pour leur fabrication, prélevés soit à la distribution soit à la production. Les résultats mettent en évidence un taux de contamination des viandes hachées (réfrigérées et surgelées) stable et considéré comme très faible, de l’ordre de 0,1 à 0,5 %.

Chez l’Homme : la surveillance des infections à EHEC est menée par l’InVS avec le suivi des TIAC et des SHU.

Statut actuel de la maladie en France Santé animale : 1,8 % des bovins sains adultes est

considéré comme porteur d’EHEC [7]. Santé publique : les TIAC sont des maladies humaines

à déclaration obligatoire depuis 1987. Le SHU est sur-veillé chez les enfants de moins de 15 ans depuis 1996.

Fiche n °2

25

L’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) [1 ; 5 ; 15]

ÉpidémiologieEn Europe, les farines de viande et d’os (FVO) ont été introduites comme complément dans l’alimentation du bétail dès le XIXe siècle. À la fin des années soixante-dix, le procédé de fabrication des FVO a été modifié au Royaume-Uni par suppression de l’extraction des graisses par solvant et du chauffage ultérieur nécessaire. Ce nouveau procédé s’est avéré par la suite insuffisant pour inactiver l’agent de l’ESB (prion), jusqu’alors inconnu. Suite à la découverte du premier cas d’ESB au Royaume-Uni en 1986, la Commission européenne a instauré dès 1989 une série de mesures de protection de la santé des animaux et du consommateur. En 1996, le 1er cas de transmission de l’agent de l’ESB de l’animal à l’Homme a été déclaré. En France, le nombre de cas d’ESB cumulés depuis 1991 est de 1 000 environ. Depuis le pic enregistré en 2001 (258 cas), l’incidence ne cesse de diminuer (7 cas en 2006, 2 en 2013 et 3 en 2014).

Maladie animaleL’amplification de la maladie chez les bovins a suivi l’ingestion de FVO contaminées par le prion de l’ESB. L’ESB se manifeste par une atteinte dégénérative du système nerveux central après une incubation longue conduisant inéluctablement à la mort. Les symptômes sont une dégradation de l’état général, des anoma-lies du comportement : hypersensibilité (au son, à la lumière, au toucher) et/ou réactions exacerbées (frayeur, agressivité), et une incoordination motrice pouvant aboutir à la paralysie totale (syndrome de la vache couchée).

Place de l’aliment dans la contamination de l’HommeL’Homme est atteint par le variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) suite à la consommation d’aliments contenant des tissus de bovins vecteurs du prion de l’ESB.

Maladie humaineLe vMCJ se manifeste par des symptômes psychiatriques puis nerveux, aboutissant à la paralysie et conduisant inéluctablement à la mort. Il n’existe aucun traitement. Depuis 1992, 27 cas de vMCJ certains ou probables ont été identifiés en France. Tous sont décédés.

Dispositifs de protection de la santé publique Chez les bovins : les mesures de prévention de

l’ESB ont rapidement porté sur l’alimentation animale (interdiction des FVO dans l’alimentation des bovins depuis 1990, dans celle des ruminants depuis 1994 et pour tous les animaux d’élevage depuis 2001), les programmes d’épidémiosurveillance en élevage (sur-veillance clinique), à l’équarrissage et en abattoir (tests de dépistage), ainsi que sur le retrait des matériels à risque spécifié (MRS).Dans le cas d’une suspicion, l’animal concerné est euthanasié et son tronc cérébral prélevé pour analyses. Le cheptel est alors mis sous surveillance (animaux, bâtiments, lait et produits laitiers…) et les locaux désinfectés.Dans le cas d’une confirmation, la descendance des bovins malades est euthanasiée et la cohorte abat-tue (animaux nés un an avant et un an après l’animal atteint d’ESB, dans le troupeau où il est né).Depuis 2015 en France, compte tenu de la très forte diminution du nombre de cas d’ESB, et suite aux avis des experts de l’EFSA, les tests de dépistage sur les bovins abattus normalement pour la consommation humaine sont limités aux animaux nés avant le 1er jan-vier 2002 et la liste des MRS a diminué.Au terme d’une analyse d’experts, l’OIE avait attribué à la France le statut de pays à risque négligeable vis-à-vis de l’ESB en août 2015. La confirmation d'un cas d'ESB en mars 2016 sur un bovin de 5 ans a entraîné une modification du statut de la France en pays à risque maîtrisé vis-à-vis de l'ESB.

Chez l’Homme : dès 1992, un réseau national d'épi-démiosurveillance des MCJ a été mis en place. Depuis 2000, le Réseau national de surveillance des maladies de Creutzfeldt-Jakob et des maladies apparentées a été créé et est coordonné par l’InVS, avec le soutien de l’Inserm.

Statut actuel de la maladie en France Santé animale : danger sanitaire de 1re catégorie

chez les bovidés. La France a le statut de pays à risque maîtrisé selon l’OIE.

Santé publique : maladie humaine (MCJ) à décla-ration obligatoire depuis 1996.

Fiche n °3

Zoonoses et animaux d’élevage

26

27

Partie 3LES ZOONOSES AU PLAN MONDIAL, enjeux et perspectives

Zoonoses et animaux d’élevage

28

Partie 3

LES ZOONOSES AU PLAN MONDIAL, enjeux et perspectives

1. FACTEURS D’ÉMERGENCE ET DE DÉVELOPPEMENT DES ZOONOSES

Le développement des zoonoses résulte de l’imbrication d’un ensemble d’événements. Seuls les principaux fac-teurs sont ci-après mentionnés. On notera que l’Homme est l’un des contributeurs clés de ce développement en raison de l’augmentation constante de sa population, de ses actions et de ses modes de vie.

1.1. LA DÉMOGRAPHIE ET LA CONCENTRATION URBAINELa population humaine est en constante augmentation, passant, selon les projections de l’Organisation des Nations unies (ONU), de 6,5 milliards d’individus en 2012 à près de 9 milliards d’individus en 2050 (cf. Figure n° 6). Cette population a par ailleurs ten-dance à se rassembler au sein de vastes mégalopoles (cf. Figure n° 7). Depuis 2010, l’ONU estime que plus de la moitié de la population vit en ville. La plupart de ces fortes densités de popu-lation sont situées dans les Pays du Sud, à proximité de zones présentant une forte biodiversité ou encore occu-pées par la faune sauvage [21]. Or, comme mentionné précédemment (cf. Partie 1, 2), cette faune constitue le réservoir majeur des agents zoonotiques. Cette concen-tration et cette proximité favorisent une circulation rapide et efficace des agents zoonotiques de l ’animal vers l’Homme. De plus, la conjugaison de systèmes sanitaires souvent absents ou insuffisants et l’existence d’inégalités sociales à l’inté-

rieur des villes ou entre villes et campagnes, offrent un terrain propice à l’apparition de zoonoses et à l’amplification des épidémies [21].

1.2. LES DÉPLACEMENTS HUMAINSLes déplacements de population humaine sont massifs et recouvrent des situations variées comme le tourisme, les pèlerinages religieux, les déplacements profession-nels et les migrations contraintes (conflits politiques, modifications climatiques, pression démographique, rareté des ressources, etc.). D’après l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), le trafic de pas-sagers transportés par avion progresse chaque année, avec + 5,5 % en 2013, + 5,8 % 2014 et + 8 % en 2015. La région Asie-Pacifique demeure la plus importante avec 32 % du trafic mondial (+ 7 % en 2014), l’Europe arrive quant à elle au deuxième rang avec 27 % du trafic (+ 6 % en 2014) [27]. Le rapport d’information du Sénat n° 638 du 5 juillet 2012 estime quant à lui qu’à l’heure actuelle 200 millions de personnes vivent en dehors du

Figure n° 6

Projection de l’évolution de la population mondiale à horizon 2100

scénario médian intervalle de confiance à 80 % intervalle de confiance à 95 % évolution observée +/- 0,5 enfant par femme

1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100

17

15

13

11

9

7

5

3

16

14

12

10

8

6

4

2

Pop

ulat

ion

(mill

iard

)

Sources : United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division (2015). World pOPULATION pROSPECTS / tHE 2015 revision. http://esa.un.org/unpd/wpp/

29

pays où elles sont nées [21]. Ces migrations concourent au développement des zoonoses de deux façons :

Des populations immunologiquement « naïves » pourraient être confrontées à des maladies, dont des zoonoses, devenant ainsi, à leur retour dans leur pays d’origine, les « vecteurs » de nouvelles maladies ;

Et à l’inverse, ces populations migrantes pour-raient introduire ou bien contribuer à la diffusion de zoonoses endémiques de leur pays d’origine dans leur nouveau lieu de vie.

1.3. LES PRATIQUES AGRICOLESSur le plan mondial, compte tenu de l’augmentation de la population humaine et de l’amélioration de son pouvoir d’achat, la demande en protéines animales s’accroît. Cette tendance, qui a concerné les pays développés au cours du XXe siècle, se généralise aujourd’hui aux pays en transition et aux pays émergents [13]. En lien avec une intensification des productions animales, des éle-vages de plus en plus grands et de plus en plus denses favorisent la diffusion rapide et à grande échelle d’agents zoonotiques. Cela pourrait par exemple avoir été le cas de l’épidémie d’influenza aviaire H5N1 en Chine en 1997 (Hong Kong). Causée par une très grande promiscuité entre l’Homme et les volailles dans les fermes et les marchés d’animaux, elle a engendré la perte de millions de volailles et 18 cas humains (6 décès) [28].L’augmentation du cheptel induit en outre une forte hausse du volume des déjections animales. Ces effluents d’élevage sont souvent utilisés pour fertiliser les sols. Le risque de contamination de l’environnement et la diffusion des agents zoonotiques, pouvant y résister via les déjections, en sont d’autant plus augmentés.

Enfin, la recherche incessante de nouvelles terres cultivables conduit à des déplacements d’hommes et d’animaux entre les espaces urbains, agricoles et naturels (cf. 1.1-1.2). Cette situation favorise le dévelop-pement de maladies infec-tieuses, dont les zoonoses. À titre d’exemple, la conversion de forêts en terres agricoles est devenue massive dans certaines régions du monde (Amazonie et Indonésie par exemple). Cette tendance favorise le contact entre l’Homme et les arthropodes vecteurs comme les mous-tiques et les tiques, autrefois

abrités dans les grandes forêts humides équatoriales. Des rapprochements entre animaux domestiques et ani-maux sauvages ou encore entre l’Homme et les animaux sauvages, comme les grands singes, sont aussi possibles.

1.4. LA MONDIALISATION DES ÉCHANGESComme vu précédemment, les années cinquante ont connu une intensification du transport mondial de personnes (cf. 1.2) mais aussi de biens, d’animaux et de produits d’origine animale. À l’heure actuelle, presque un container par seconde franchit un port américain, 72 000 par jour et plus de 26 millions par an [21]. Parallèlement à l’expansion du transport maritime, le transport aérien a fortement augmenté.

Quel que soit le mode de transport – voie aérienne, maritime, ferroviaire ou routière – les échanges (biens, animaux, produits d’origine animale) peuvent contribuer à la diffusion d’agents zoonotiques et de vecteurs et donc à la propagation de zoonoses (cf. Figure n° 8 page suivante). Si la plupart des marchandises répondant à la réglementation sanitaire en vigueur peuvent circuler librement entre États membres de l’UE, il existe des règles sanitaires spécifiques aux échanges d’animaux vivants ou aux produits d’origine animale. De plus, la législation européenne impose le respect d’un certain nombre de prescriptions en matière d’hygiène des aliments et de protection animale. Elle vise ainsi à protéger les pays destinataires de l’introduction de maladies.

Dans le cadre d’importations et d’exportations (en prove-nance ou vers des pays tiers) d’animaux vivants, les règles applicables sont très variables et font habituellement l’objet

Figure n° 7

Tendance de l’urbanisation selon les régions du monde

1960 2007 2050 Source :United Nations, World Urbanization Prospects, The 2007 Revision

Afrique Asie Europe Amérique latine et Caraïbes

Amérique du Nord

Océanie

60

50

40

30

20

104 %

11 %

19 %

32 %

50 %54 %

16 %

Pop

ulat

ion

viva

nt d

ans

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zone

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bain

es (%

)

0

38 %

9 % 9 %14 %

11 %

15 %

8 %6 %

1 %1 %1 %

Zoonoses et animaux d’élevage

30

Partie 3

de négociations bilatérales. Un certificat sanitaire est généralement exigé par le pays destinataire. Par ailleurs, en cas d’apparition d’une maladie, des limitations voire des interdictions de mouvements entre certains pays peuvent être prononcées (exemple : Directive 2003/43/CE fixant les exigences de police sanitaire applicables aux échanges intracommunautaires et aux importations de sperme d'animaux de l'espèce bovine). De la même façon, pour l’importation ou l’exportation de produits d’origine animale, les exigences réglementaires sont équivalentes à celles appliquées aux échanges européens. Des contrôles sont réalisés au niveau des PIF.

Les inspections et contrôles aux frontières nécessitent une vigilance permanente car des cas de fraude ou de méconnaissance de la réglementation sanitaire, le plus souvent par des particuliers, pourraient favoriser l’introduction et la dissémination d’agents zoonotiques (ex : viande de brousse transportée frauduleusement dans les valises).

1.5. L’ÉVOLUTION DES RELATIONS HOMME-NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE (NAC)L’évolution des comportements humains influence fortement la transmission d’agents zoonotiques à l’Homme. C’est par exemple le cas de l’engouement pour les nouveaux animaux de compagnie (NAC) à l’origine de l’émergence de nouveaux risques. En effet, les NAC (reptiles, amphibiens, insectes, rongeurs, oiseaux, etc.) sont les réservoirs de nombreux agents zoonotiques.En 2013, l’InVS et le CNR des Salmonella à l’Institut Pasteur ont conduit une enquête chez les jeunes enfants atteints de salmonellose en 2012 et exposés aux reptiles domestiques en France métropolitaine. Il s’avère que, pour 41 enfants malades de moins de 5 ans, près du tiers ont été exposés à des reptiles, dont un cas par contact direct. Les souches isolées appartenaient à 9 sérotypes différents. Les principaux animaux impliqués étaient des tortues (6 cas). Deux enfants ont présenté une

méningite. Douze familles sur treize investiguées ignoraient le risque de transmission. Cette enquête a confirmé qu’en France les reptiles domestiques peuvent être à l’origine de salmonelloses parfois graves chez les jeunes enfants, même en l’absence de contact direct, et souligne la méconnaissance de ce risque et la nécessité d’une campagne d’information [12].

De la même façon, aux États-Unis, une étude a démontré qu’entre 2001 et 2003, 12 % des salmonelloses chez les enfants malades de moins de 5 ans étaient en lien avec une exposition à des reptiles. Depuis, des recomman-dations de prévention à l’intention des propriétaires de reptiles ont été diffusées dans ce pays par l’ECDC [12].

1.6. LE CHANGEMENT CLIMATIQUEPour les maladies vectorisées, les agents zoonotiques et les vecteurs se développent préférentiellement dans un milieu chaud et humide. Cela pourrait laisser penser que le réchauffement climatique favoriserait leur implanta-tion dans des milieux jusque-là indemnes de certaines maladies, dont les zoonoses. À ce jour, le lien direct entre changement climatique et apparition de nouvelles maladies,

Zoonose et transfert d’antibiorésistance [10]

Le transfert de bactéries antibiorésistantes entre l’Homme et l’animal, et réciproquement, est pos-sible. Au stade actuel des connaissances, ces flux ne sont probablement pas très importants. Les voies de transmission les plus connues à ce jour sont l’exposition professionnelle (cas du staphy-locoque doré résistant à la méticilline (SARM) chez l’éleveur de porcs) et la voie alimentaire, notamment via Salmonella ou Campylobacter. Un aliment contaminé par ces bactéries pourrait être à l’origine d’une toxi-infection alimentaire chez l’Homme mais également, si la bactérie est por-teuse de gènes d’antibiorésistance, d’un transfert d’antibiorésistance à la flore digestive de l’Homme. Rappelons néanmoins que cette voie de transmission est limitée en Europe et, a fortiori, en France : les toxi-infections alimentaires sont rares et d’autant plus à bactéries antibiorésistantes.

Encadré n° 6

Figure n° 8

Comparaison des risques d’introduction du virus West-Nile [20]

aux Galapagos à Hawaii à la Barbade

Personnes infectées

10 000

1 000

100

10

1

0,1Nom

bre

d'oi

seau

x

et d

e m

oust

ique

s in

fect

és

intro

duits

par

jour

Transport de moustiques par le vent

Transport de moustiques par avion

Transport de moustiques par bateau

Transport d'oiseaux par

avion

Oiseaux migrateurs

31

entre autres les zoonoses, n’est pas établi d’un point de vue scientifique. L’imbrication des facteurs est trop complexe pour que le changement climatique soit seul considéré comme déterminant [21]. Malgré tout, le réchauffement climatique induit un élargissement des zones propices au développement des vecteurs ou des animaux (réservoir ou hôte) et pourrait donc contribuer à une augmentation du risque d’apparition de zoonoses (cf. Figure n° 2, partie 1).

2. PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION

2.1. QUELLES TENDANCES POUR DEMAIN ?Compte tenu des différents facteurs décrits précédem-ment, le risque d’émergence et de développement de maladies, dont les zoonoses, pourrait être particuliè-rement important dans les années à venir, notamment dans l’hémisphère sud. En outre, si entre 1940 et 2004, 350 nouvelles maladies sont apparues, certains auteurs estiment que plus de 320 000 nouveaux virus pourraient encore être découverts chez les mammifères, en dehors de la prise en compte des virus aviaires.Fort de ce constat, des scénarios globaux ont été établis pour les prochaines années (cf. Figure n° 9).Quatre conjectures (C) sont ainsi décrites [24] :

C1 : la fréquence des zoonoses s’accroît, mais aussi les capacités de réaction des États et de la communauté internationale. Dans le cas où ces capacités progresseraient plus vite que les risques, la situation serait globalement contrôlée. Mais il pourrait aussi subsister des épisodes réguliers de crise s’accompagnant de limitations voire d’interdictions d’exportations pour les pays où le risque serait le moins maîtrisé ;

C2 : dans le cas contraire à C1, la récurrence de zoonoses insuffisamment maîtrisées conduirait à des tensions de plus en plus fortes entre les États et, au sein des États, entre les différents acteurs. Cela pourrait aller jusqu’à une crise des instances internationales qui ne pourraient plus gérer des rapports de force ainsi aiguisés et déséquilibrés (Chine, États-Unis, Europe) ;

C3/C4 : la survenue d’une grave crise réellement pandémique qui affecterait la plupart des régions, vite dépassées puis désorganisées, pourrait engendrer deux grands types de réactions opposées de la part des États :• C3 : un isolationnisme contraint, plus vraisemblable

dans un contexte de crise économique mondiale ;• C4 : au contraire, une prise de conscience du fait que

cet enjeu constitue un « bien public mondial » devant être géré en tant que tel. Dans ce cas, on pourrait voir émerger une véritable politique mondiale de lutte contre

les zoonoses : réseau harmonisé de surveillance, taxe affectée à un fonds commun de lutte, création d’un « Interpol » ou bien de « casques bleus » sanitaires aux pouvoirs d’intervention renforcés, etc. C5 : dans l’hypothèse d’un ralentissement de la

mondialisation, le risque de zoonose serait globalement moindre. Une forme de « régionalisation » des luttes se développerait, mêlant fermeté aux frontières et coopé-ration locale mais exposant les pays où le risque serait difficilement maîtrisé à un possible isolement (blocage de leurs exportations).

Selon les auteurs, la conjecture C1 semblerait la plus pro-bable mais le risque zoonotique dépendra tout autant de l’évolution des facteurs d’émergence et de développement de zoonoses (cf. 1) que des stratégies, entre coopération et isolement, déployées par les acteurs pour maîtriser la situation.

2.2. QUELS AXES STRATÉGIQUES POUR MAÎTRISER LE DÉVELOPPEMENT D’UNE ZOONOSE ?Selon le rapport d’information du Sénat n° 638 du 5 juillet 2012, deux questions prioritaires se posent :

Quels choix politiques pour l’organisation des systèmes sanitaires dans les prochaines décennies ?

Figure n° 9

Exemples de conjectures envisagées [25]

C1. Les risques progressent mais la maîtrise plus vite encore : la situation est globalement contrôlée.

C2. La maîtrise s’essouffle et des tensions inter et intra-États apparaissent.

C3. Apparition d'une pandémie grave qui provoque la désorganisation des autorités et conduit à un isolationnisme contraint…

C4. … ou à une prise de conscience et à l’émergence d’une véritable politique planétaire renforcée.

C5. Une « mondialisation » qui marque le pas : des risques moindres et une régionalisation des luttes.

Passé Futur

Survenue d'une pandémie

C3

C2

C4C1C5

Zoonoses et animaux d’élevage

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Partie 3

Comment préparer les sociétés à la maîtrise des nouvelles pandémies ?Plusieurs leviers d’action peuvent être mobilisés pour y répondre. Certains d’entre eux sont exposés ci-après.

2.2.1. Améliorer la coordination des politiques publiquesS’il existe des dispositifs de protection de la santé publique vis-à-vis des zoonoses en France et en Europe – avec l’ob-jectif d’anticiper au maximum les tendances « lourdes » mais aussi de détecter les signaux dits faibles et d’anticiper les émergences dans une démarche prospective (cf. Par-tie 2) – leur coordination doit sans cesse être améliorée, avec notamment une transmission de données efficace.

Sur le plan international, les conditions indispensables à la réussite des stratégies de surveillance des maladies infectieuses reposent en particulier sur :

Une collaboration internationale très anticipée (cf. Encadré n° 4) : le rôle des organisations mondiales (OIE, OMS, FAO) mais aussi des bailleurs de fonds publics et privés est primordial pour maîtriser la situation épi-démiologique de certains pays des continents africain et asiatique. Cela implique de facto une transparence accrue entre les pays et une coopération internationale renforcée. Pour mémoire, en 2003, la Chine avait déclaré de manière tardive des cas d’influenza aviaire ce qui a retardé la mise en œuvre de mesures de protection [24].En outre, il apparaît essentiel que tous les acteurs agissent de concert au moment de la survenue d’un épisode zoonotique mais aussi en amont.

Le perfectionnement des outils épidémiolo-giques : dans la continuité des actions menées par l’OIE et l’OMS, il s’agit d’améliorer encore les outils d’alerte épidémique. Ces outils doivent permettre de collecter et d’analyser de façon continue, et dans toutes les régions du monde, tout signal pouvant présenter un risque pour la santé publique, de signaler un phénomène de santé ou d’exposition au danger et enfin d’alerter le cas échéant.

L’adaptation des systèmes sanitaires : la très forte disparité des moyens et des organisations sanitaires dans le monde, parfois insuffisants voire absents, conjuguée à des inégalités sociales existant parfois au sein d’une même région, offre un terrain propice à l’apparition de zoonoses et à l’amplification des épidémies. L’amélioration et l’harmonisation des moyens semblent impératives pour lutter de façon efficace contre ce fléau.

2.2.2. Poursuivre et renforcer la recherche de moyens de prévention et de traitementLa coopération internationale doit notamment porter sur la recherche de médicaments anti-infectieux pour

pallier le manque actuel et pouvoir limiter voire éradiquer certaines zoonoses. Concernant les antibiotiques, on note depuis les années quatre-vingt-dix un tarissement de la mise sur le marché de nouveaux médicaments pour des raisons scientifiques et économiques. La diminution d’investissements dans ce domaine s’explique notamment par le fait que le développement des antibiotiques est devenu moins rentable pour l’industrie pharmaceutique par rapport aux médicaments ciblant des maladies chroniques. De plus, les antibiotiques les plus faciles à mettre au point ont déjà été commercialisés et les rares nouvelles molécules ont tendance à être réservées aux cas les plus sévères, diminuant d’autant la taille du mar-ché pour les industriels. Enfin, le développement d’une nouvelle molécule prend actuellement en moyenne dix ans, ce qui est un réel frein à l’innovation en antibiothé-

Maladies émergentes, des aides financières régulières

Les États-Unis viennent d’accorder 87 millions de dollars supplémentaires à l’effort déployé par l’Or-ganisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la période 2015-2019 afin de contrer les maladies animales ayant un caractère enzootique et zoonotique dans les régions où elles se développent. Parmi celles-ci : Ebola, MERS-COV (syndrome respiratoire à coronavirus du Moyen-Orient) et influenza aviaire à virus H5N1 hautement pathogène.L’objectif est de financer dans ces régions la sur-veillance des agents pathogènes, les études épi-démiologiques, les activités de prévention et de lutte et l’amélioration des capacités vétérinaires.Selon la FAO, l’absence de tout effort régional pour contenir ces agents pathogènes et les éradiquer pourrait entraîner leur extension à d’autres pays de la région, voire au-delà.

De son côté, l’Union européenne prévoit d’engager près de 161 millions d’euros en 2016 afin de soutenir les programmes d’éradication, de contrôle et de surveillance des maladies animales pour éliminer notamment les zoonoses. Les principaux programmes concernent la tuberculose bovine (62 millions d’euros), la salmonellose (17 millions d’euros), les encépha-lopathies spongiformes transmissibles (12 millions d’euros), la brucellose bovine (10 millions d’euros), la peste porcine classique (2,5 millions d’euros) et l’influenza aviaire (2 millions d’euros).

Encadré n° 7

33

rapies vétérinaire et humaine dans un environnement réglementaire complexe [10]. De ce fait, le soutien de l’État ou de l’Union européenne à l’innovation phar-maceutique dans le domaine des anti-infectieux, mais aussi dans celui des vaccins et des outils de diagnostic, s’avère nécessaire.

Enfin, la transdisciplinarité devrait être systématique-ment encouragée dans la recherche sur les maladies infectieuses émergentes, en y incluant pleinement les sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, économie). Ceci permettrait de mieux appréhender la compréhension globale des phénomènes infectieux et de mieux développer des outils d’information [21].

2.2.3. Informer le grand public (prévention, communication, gestion de crise)En France, la cellule interministérielle de crise (CIC) apprécie la perception d’une crise par l’opinion publique, mesure les attentes des citoyens et des opérateurs vis-à-vis des pouvoirs publics, informe sur l’événement et les mesures prises et, enfin, diffuse les recommandations nécessaires. Jusqu’en 2012, le CIC note une coordina-tion insuffisante entre les ministères et un manque de réactivité en matière de communication [21]. Pourtant il s’agit d’un levier d’action indispensable à mettre en œuvre en amont des crises sanitaires. Il apparaît donc nécessaire que les agences et instituts nationaux dédiés poursuivent leurs actions d’information et de communication sur les grands enjeux de santé publique, de façon coordonnée, et ce tout au long de l’année. En

France il s’agit par exemple de l’Anses, l’INPES, l’InVS et de l’EPRUS.

En outre, à l’heure d’Internet, la société semble de moins en moins sensible aux messages émanant d’autorités et paraît particulièrement méfiante vis-à-vis du monde politique mais aussi parfois du monde scientifique (à l’exemple de l’échec de la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 en France en 2009). De nouveaux modes de communication et d’échange avec le public sur sa perception des risques doivent par conséquent être développés et diffusés (blogs, réseaux sociaux et autres outils interactifs). Une meilleure prise en compte d’Inter-net et de ses spécificités spatio-temporelles (information continue et accessible au-delà des frontières nationales), en particulier dans une stratégie d’influence, s’avère en effet indispensable pour anticiper ou faire face à une crise sanitaire.

Enfin, selon le rapport sénatorial, les décideurs poli-tiques devraient renforcer la veille en temps réel des informations disponibles sur Internet afin de prévenir toute propagation d’une fausse menace sanitaire propice à alimenter les fantasmes et à créer la panique [21]. La communication officielle, anticipée et réactive, notam-ment face aux rumeurs circulant sur Internet, serait alors plus audible pour le grand public avec la diffusion d’un message homogène vis-à-vis d’un public hétérogène. L’efficacité d’une campagne de prévention ou d’infor-mation en cas de crise dépend en effet de l’adéquation du message aux différents publics concernés.

Zoonoses et animaux d’élevage

34

CONCLUSION

La prise en compte et le contrôle des principales zoonoses des animaux d’élevage – en particulier transmises par voie alimentaire – restent une priorité mais sont globa-lement maîtrisés en Europe. D’autres zoonoses suscitent d’ores et déjà un intérêt croissant comme celles liées à la faune sauvage ou encore au milieu professionnel. En outre, l’évolution des comportements humains influence fortement la transmission des agents zoonotiques à l’Homme. C’est le cas, par exemple, des déplacements humains et de la mondialisation des échanges, ou encore des contacts rapprochés de l’Homme avec le réservoir animal domestique ou sauvage. Le risque d’émergence et de développement de maladies, dont les zoonoses, pourrait continuer à être particulièrement fort dans les années à venir, notamment dans l’hémisphère sud.

Plus que jamais, l’effort de recherche et de surveillance autour des zoonoses doit être accru, associant étroitement les aspects humain et animal. Ces question nements devront permettre de comprendre les nouveaux fac-

teurs de développement, de nourrir l’analyse de risque et finalement, comme par le passé, d’élaborer ou bien d’améliorer les indispensables instruments de maîtrise agissant sur l’ensemble du cycle zoonotique en fonction d’une stratégie cohérente, adaptée à chaque situation, au service de la santé publique [31]. Cela devra par ail-leurs impliquer une transparence accrue entre les pays et le renforcement de la coopération internationale, sans oublier, pour autant, la nécessité d’informer et de communiquer régulièrement, et de façon coordonnée, auprès du grand public sur les enjeux liés aux zoonoses.

Si la maîtrise et la lutte contre les zoonoses constituent un défi majeur, elles représentent par voie de conséquence également une opportunité : la mise en place de nouveaux partenariats de recherche entre secteurs public et privé et de coordination sanitaire entre pays ; l’identification de nouveaux outils de diagnostic et de contrôle ; le renforce-ment du maillage territorial de surveillance ; ou encore l’amélioration de l’enseignement et de la formation [8].

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BIBLIOGRAPHIE GLOSSAIRE ACRONYMES LIENS UTILES

Annexes

Zoonoses et animaux d’élevage

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Annexes

1. Afssa, 2007. Fiche « Maladies animales » : L’Encépha-lopathie spongiforme bovine (ESB).

2. Anses, 2011. Fiche de description de danger bio-logique transmissible par les aliments : E. coli entéro-hémorragiques (EHEC).

3. Anses, 2011. Fiche « Maladies animales » : Brucelloses.

4. Anses, 2014. Fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments : Brucella spp.

5. Anses, 2015. Spécial Maladies animales réglemen-tées et émergentes (MRE) – Bilan 2014. Bull. épid. santé anim. alim., 71, 12-22.

6. Bailly J.D., Brugère H., Chardon H., 2012. Micro- organismes et parasites des viandes : les connaître pour les maîtriser, de l’éleveur au consommateur. CIV.

7. Bibbal D., Loukiadis E., Kérourédan M., Ferré F. et al., 2015. Prevalence of Carriage of Shiga Poxin-Pro-ducing Escherichia coli serotypes O157:H7, O26:H11, O103:H2, O111:H8, and O145:H28 among Slaughtered Adult Cattle in France. Applied and Environmental Micro-biology;81:1397-1405.

8. Camus E., Lancelot R., 2007. Les maladies émer-gentes animales : défis et opportunités. Bull. Acad. Vét. France. Tome 160, n° 3, 223-228.

9. Carlier V., 2012. Zoonoses transmises par ingestion de produits d’origine animale. Bulletin des GTV, Hors-Série 2012, Tome n° 2, 35-41.

10. Chardon H., Brugère H., 2014. Usages des anti-biotiques en élevage et filières viandes. CIV.

11. CIV, 2012. E. coli entérohémorragiques (EHEC) : comment sommes-nous protégés ?

12. Colomb-Cotinat M., Le Hello S., Rosières X. et al., 2013. Salmonelloses chez des jeunes enfants et exposition aux reptiles domestiques : investigation en France métropolitaine en 2012. BEH 1-2 du 7 janvier 2014.

13. Combris P., 2013. L’évolution de la consommation des protéines dans le monde. La croissance de la consom-

mation des protéines animales peut-elle se généraliser ? In : Quelles protéines pour une alimentation saine et durable ? Inra, 25 février 2013, SIA.

14. Danan C., Calavas D., 2015. Note sur rapport. Zoonoses, agents zoonotiques et toxi-infections ali-mentaires collectives en Europe en 2013. Bull. épid. santé anim. et alim., 67, 27.

15. Dedet V., Chardon H., Brugère H., 2013. Encéphalo-pathies spongiformes des ruminants et santé publique. CIV.

16. Dufour B., Savey M., 2006. Approche épidémio-logique des zoonoses. Bull. épid., 20, 5-6.

17. EFSA & ECDC, 2015. The European Union Summary Report on Trends and Sources of Zoonoses. Zoonotic Agents and Food-borne Outbreaks in 2013. EFSA 2015, 13, 162 p.

18. Fediaevsky A., Marcé C., Delefosse H., Hendrikx P., Calavas D., Guériaux D., 2013. La catégorisation des dangers sanitaires apporte de la flexibilité et partage les responsabilités. Bull. épid. santé anim. alim., 60, 30-32.

19. Haddad N. et al., 2014. Les zoonoses infectieuses. Polycopié des Unités de maladies contagieuses des Écoles vétérinaires françaises, Mérial (Lyon), 207 p.

20. HCSP, 2011. Les maladies infectieuses émergentes : état de la situation et perspectives. Collection : Avis et rapports. La Documentation française.

21. Keller F., 2012. Rapport d’information sur les nou-velles menaces des maladies infectieuses émergentes. Sénat, 638, 233 p.

22. Laaberki M.H. et al., 2014. La brucellose animale. Polycopié des Unités de maladies contagieuses des Ecoles vétérinaires françaises, Mérial (Lyon), 24 p.

23. Lecollinet S. et al., 2012. Le virus West-Nile : bilan de la situation en Europe et point sur la surveillance en France, Bull. épid. santé anim. alim., 49, 32-34.

24. Lesage M., 2014. Zoonoses émergentes et réémer-gentes : enjeux et perspectives. Centre d’études et de prospective, 66, janvier 2014.

BIBLIOGRAPHIE

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25. Lesage M., 2015. Enjeux et perspectives des mala-dies émergentes et ré-émergentes, approche prospective. In : Maladies émergentes et réémergentes : Enjeux pour les praticiens de la santé publique vétérinaire. SVPF, Paris le 3 juin 2015.

26. Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, 2014. Plans de surveillance – Plans de contrôle. Bilan 2013. DGAL.

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29. Ruvoën N., 2015. Zoonoses. Une diversité de mala-dies. In : 11e édition du Congrès National de la Société Française de Microbiologie, Paris, 24 mars 2015.

30. Savey M., Dufour B., 2004. Diversité des zoonoses. Définitions et conséquences pour la surveillance et la lutte. Épidémiol. et santé anim., 46, 1-16.

31. Savey M., Martin P., Desenclos J.C., 2010. De l’agent zoonotique aux zoonoses. Diversité et unicité d’un concept en pleine évolution. BEH Hors-série du 14 sep-tembre 2010, 3-5 & Bull. Épid. Spécial zoonoses, 38, 2-5.

32. SNGTV, 2011. Zoonoses. Tome 1 : maladies virales et parasitaires. Bulletin des GTV, Hors-série 2011, 122 p.

33. SNGTV, 2012. Zoonoses. Tome 2 : maladies bacté-riennes. Bulletin des GTV, Hors-série 2012, 137 p.

34. Toma B., Thiry E., 2003. Qu’est-ce qu’une maladie émergente ? Épidémiol. et santé anim., 2003, 44, 1-11.

35. Union européenne, 2003. Directive 2003/99/CE sur la surveillance des zoonoses et des agents zoono-tiques, modifiant la décision 90/424/CEE et abrogeant la directive 92/117/CEE. JOUE du 12/12/2003.

Zoonoses et animaux d’élevage

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Annexes

GLOSSAIRE

Arthropode : Embranchement du règne animal compre-nant tous les animaux des milieux aquatique, terrestre et aérien, invertébrés à pattes articulées et dont le corps est formé de segments (insectes, arachnides, etc.).

Agent zoonotique : agent étiologique des zoonoses caractérisé comme un agent transmissible (bactérie, virus, parasite, champignon ou prion) qui n’est pas inféodé à un seul hôte et qui peut provoquer une infection ou une infestation (avec ou sans expression de la maladie clinique) chez au moins deux espèces de vertébrés dont l’Homme.

Endémie : présence constante d’une maladie humaine dans une zone géographique limitée.

Enzootie : maladie cliniquement exprimée ou non, sévis-sant régulièrement chez l’animal dans une région donnée.

Épizootie (épidémie chez l’Homme) : maladie affec-tant brutalement un grand nombre d’animaux à la fois dans une région donnée.

Incidence : nombre de nouveaux cas ou foyers d’une maladie, apparus dans une population au cours d’une période donnée.On appelle taux d’incidence la proportion d’individus qui ont développé la maladie au cours d’une période donnée.

Infestation : envahissement d’un organisme vivant par un parasite ; état de l’organisme parasité.

Maladie sporadique : maladie survenant de façon irrégulière (dans le temps, dans l’espace) et en général peu fréquemment. On observe des cas isolés, dits sporadiques.

Pandémie (panzootie chez l’animal) : maladie qui se propage sur de grandes distances, à travers plusieurs continents, et qui affecte une partie importante de la population humaine (ou animale pour la panzootie).

Portage sain : certains animaux ou certaines personnes peuvent, sans avoir de symptômes, héberger des agents pathogènes dans leur organisme, voire les éliminer régulièrement en petit nombre dans le milieu extérieur : ce sont des porteurs sains.

Prévalence : nombre total de cas ou de foyers d’une maladie dans une population, au cours d’une période ou à un instant donné.On appelle taux de prévalence la proportion d’individus malades dans une population. Cela correspond à l’état de la maladie à l’instant t (taux de prévalence instanta-née) ou pendant une période ∆t (prévalence cumulée).

Troupeau allaitant : troupeau composé de vaches allai-tantes, ou race à viande, c'est-à-dire de vaches destinées à l’élevage de veaux pour la production de viande. Elles ne sont donc pas soumises à la traite : elles allaitent leurs veaux. Parmi les races à viandes, on trouve par exemple la Charolaise, la Blonde d’Aquitaine, ou la Limousine.

Tuberculination : chez les bovins par exemple, action d’inoculer de la tuberculine par voie intradermique (dans la peau) pour le dépistage allergique de la tuberculose bovine. La tuberculine est une substance extraite de bacille tuberculeux (le plus souvent Mycobacterium bovis pour les bovins) capable de révéler l’état d’hypersensi-bilité retardée chez les animaux infectés, à des doses ne provoquant normalement aucune réaction chez l’animal sain.

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ACRONYMESAnses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

ARS : Agence régionale de santé

C3G/C4G : Céphalosporines de 3e et 4e génération

CNR : Centre national de référence

DDPP : Direction départementale de la protection des populations

DGAL : Direction générale de l’alimentation

ECDC : European Centre for Disease Prevention and Control

EFSA : European Food Safety Agency

EHEC : Escherichia coli entérohémorragiques

ESB : Encéphalopathie spongiforme bovine

FAO : Food and Agriculture Organization

FVO : Farine de viande et d’os

GDS : Groupement de défense sanitaire

Inra : Institut national de la recherche agronomique

InVS : Institut de veille sanitaire

MCJ : Maladie de Creutzfeldt-Jakob

NAC : Nouvel animal de compagnie

OIE : Organisation mondiale de la santé animale

OMC : Organisation mondiale du commerce

OMS : Organisation mondiale de la santé

ONU : Organisation des Nations unies

PIF : Poste d’inspection frontalier

TIAC : Toxi-infection alimentaire collective

UE : Union européenne

Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) www.anses.fr/

CIV www.civ-viande.org

Commission européenne (Commission européenne – Direction générale de la santé et des consommateurs (DG SANCO)) http://ec.europa.eu/food/index_fr.htm

DGS (Direction générale de la santé) http://www.sante.gouv.fr/direction-generale-de-la-sante-dgs.html

EFSA (European Food Safety Authority – Autorité européenne de sécurité des aliments)www.efsa.europa.eu/fr

InVS (Institut de veille sanitaire)http://www.invs.sante.fr/

Ministère de l’agriculturehttp://agriculture.gouv.fr/

OIE (Organisation mondiale de la santé animale)www.oie.int/fr

OMS (Organisation mondiale de la santé)www.who.int/fr

Liens utiles

Le CIV – Viande, Sciences et Société – est une association de loi 1901 qui a pour mission de contribuer, sur une base scientifique, à la connaissance et à la mise en débat des questions sociétales relevant des filières élevage et viande (bœuf, veau, agneau, chèvre, porc, viande chevaline et produits tripiers). Sont particulièrement traitées les questions de sécurité sanitaire, santé et bien-être animal, nutrition et alimentation humaine, impacts environnementaux et sociétaux.

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