1536 SEBASTIEN MONTECUCULLI
Chronique du crime et de l'innocence, recueil des événements les plus tragiques, empoisonnements,assassinats, massacres,parricides... par J.-B.-J. Champagnac. 1833./Gallica-BNF
Le dauphin François, fils de François Ier, jouait au jeu de Paume à
Lyon ; il but beaucoup d’eau fraîche dans une transpiration abondante ; il
en résulta une pleurésie qui causa la mort du prince.
On imputa sa mort à un empoisonnement, la cour adopta aussi
cette présomption.
Bientôt les soupçons s’arrêtèrent sur le comte de Montécuculli,
gentilhomme italien, caviste du dauphin, qui jouissait d’une grande
faveur, et qui, par cela même, devait avoir beaucoup d’ennemis parmi les
courtisans.
C’était lui qui avait versé l’eau fraîche qu’avait bue le prince ; on
l’accusa donc de l’avoir empoisonné. Ce comte était né sujet de Charles-
Quint ; il lui avait parlé avant de venir à la cour de France ; c’en était
assez pour bâtir un complot. On arrêta Montécuculli, et on le mit à la
torture.
Vaincu par la douleur, le malheureux avoua le crime qu’on lui
imputait, et déclara qu’Antoine de Lève et Ferdinand de Gonzague,
attachés tous deux à Charles-Quint, l’avaient porté à le commettre.
Hors, Charles-Quint, à qui l’on n’a jamais pu reprocher aucune
action qui ressemblât à une telle atrocité, n’avait aucun intérêt à
commander l’empoisonnement du dauphin. Outre ce prince, François Ier
avait deux autres fils, tous deux en âge de lui succéder, et il l’était lui-
même.
Montécuculli n’avait pas plus d’intérêt à la mort du prince dont il
était aimé, et attendait de son maître une grande fortune. Les juges ne
voulurent rien entendre : ils avaient mission de trouver un empoisonneur
et non de justifier l’accusé.
1536 SEBASTIEN MONTECUCULLI
Chronique du crime et de l'innocence, recueil des événements les plus tragiques, empoisonnements,assassinats, massacres,parricides... par J.-B.-J. Champagnac. 1833./Gallica-BNF
Ils condamnèrent Montécuculli à être traîné sur la claie jusqu’au
lieu de la Grenette, où il serait tiré et démembré à quatre chevaux. Cet
arrêt fut exécuté à Lyon en 1536.
On prétendit que, lors de la visite des papiers de Montécuculli, on
avait trouvé un traité de l’usage des poisons écrit de sa main, de la
poudre d’arsenic sublimé, et le vase de terre rouge dans lequel il avait
présenté au dauphin le breuvage qui lui avait donné la mort.
Ces allégations après coup, ne prouvent rien, surtout quand on sait
que de pareils procès se faisaient à huis-clos et par des commissaires dont
les noms étaient souvent ignorés du public.