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  • §3 Les débuts de la philosophie Les prémisses de la philosophie apparaissent donc au VIIe siècle avant notre ère mais il faut attendre le Ve siècle pour le vé-ritable acte de naissance.

    I. La figure de Socrate

    Socrate est l’un des plus connus, le père fondateur de la phi-losophie, le saint-patron des philosophes. Paradoxalement, il n’a rien écrit. Il se contentait de dialoguer avec les citoyens d’Athènes, nous y reviendrons.

    SOCRATE (470 - 399) Philosophe grec

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    -630 -615 -600 -585 -570 -555 -540 -525 -510 -495 -480 -465 -450 -435 -420 -405 -390 -375 -360 -345 -330 -315

    -615 -600 -585 -570 -555 -540 -525 -510 -495 -480 -465 -450 -435 -420 -405 -390 -375 -360 -345 -330 -315 -300

    Pythagore Leucippe

    DémocriteParménide

    Zénon d’élée

    Héraclite

    Anaximène

    Thalès

    Anaximandre

    Empédocle

    Anaxagore

    Protagoras

    Gorgias

    Socrate

    Platon

    Aristote

    -630 -615 -600 -585 -570 -555 -540 -525 -510 -495 -480 -465 -450 -435 -420 -405 -390 -375 -360 -345 -330 -315

    -615 -600 -585 -570 -555 -540 -525 -510 -495 -480 -465 -450 -435 -420 -405 -390 -375 -360 -345 -330 -315 -300

    LégendeIonienne mécaniste

    Ionienne dynamique

    italique

    éléatique

    atomiste

    sophiste

    âge d’or

  • Tout ce que nous savons de lui, nous le devons en grande partie à son élève : Platon. Lui a écrit, beaucoup, et nous avons conservé une bonne partie de ses écrits. Ceux-ci ont la forme de dialogues dans lesquels, comme il se doit, Socrate joue le rôle du héros principal, l’archétype du philosophe.

    Il est le saint-patron mais pas le Saint-Esprit : d’abord parce qu’il fut condamné à mort par la démocratie athénienne, accusé d’impiété et de corruption de la jeunesse ; ensuite parce qu’il n’invente pas la philosophie à partir de rien - ex nihilo - faisant de celle-ci une apparition due à son seul génie : le miracle grec. Il est précédé de nombre de penseurs, les présocratiques (à partir de -VIIe), dont les avancées permettront l’accouchement socra-tique (-Ve).

    II. Socrate et l’astronome

    Comment comprendre la révolution que porte Socrate ?

    => Astronome babylonien en haut d’une Ziggourat

    1. Que fait l’astronome ?

    En haut de la Ziggourat, l’astronome, observant le soleil, s’interroge : Est-ce un Dieu ? Une planète ? Une étoile ? Quel est son mouvement ?…

    Pourquoi fait-il cela, concrètement ?

    - Peuple agricole => calendrier => quand planter et récolter => mesurer le temps

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  • - Empire => astronomie => voyager de cité en cité

    L’exemple des Rois Mages : Étoile du Berger : le berger va où son troupeau le porte, il sort des sentiers battus et n’a d’autre support que les étoiles pour cheminer.

    Ce n’est pas par hasard si les babylo-niens étaient bons astronomes, les Égyptiens bons géomètres (mesurer la terre => l’espace), si les phéniciens ex-cellaient en arithmétique, les grecs en philosophie…

    Ce faisant, que fait véritablement notre astronome ?

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    Astronome => Soleil

    Sujet => Objet

    Régularités => Lois de la nature

    Monologue

  • - Il établit une relation entre un SUJET (lui) et un OBJET (l’astre).

    2. dialogue socratique

    Arrive Socrate, qui l’interroge : Qu’appelles-tu soleil ?

    - Socrate établit un dialogue entre lui et l’astronome.

    - L’objet (l’astre) passe au second plan.

    Dis-moi ce que tu appelles « so-leil » ? Ensuite, nous verrons s’il s’agit d’une étoile, d’une planète, d’un dieu…

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    Sujet => Sujet

    Socrate => Astronome

    Dialogue

    Interroger les liens => Les mots

  • III. Le triangle de la parole

    AVANT de signifier quelque chose, toute parole signifie pour quel-qu’un.

    JACQUES LACAN, FONCTION ET CHAMP DE LA PAROLE ET DU LANGAGE EN PSYCHANALYSE, 1953

    Jacques LACAN (1901 - 1981) Psychanalyste français

    Parler : c’est parler à quelqu’un de quelque chose ou de quelqu’un.

    L’exemple de la langue française : Tu vois ce que je veux dire ! Pour qu’il y ait malentendu, et donc une éventuelle correc-tion, il faut un dialogue. Le soleil ne répond pas : «  tu te trompes ! ».

    Pour qu’il y ait contradiction, il faut d’abord qu’il y ait diction !

    Vous avez certainement utilisé, dans votre rédaction, des expressions

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    Je Tu

    Il

  • comme : «  Pour moi, la philosophie, c’est… »… Or il n’y a de langage que pour nous ! Si, pour moi, le sel est une pomme, vous serez bien avancé après m’avoir demandé de vous passer le sel !

    IV. Parler et juger

    1. Chien - Pas un énoncé, une indication. - Cratyle finira par ne plus parler et

    montrer du doigt (indiquer => index) CRATYLE (Ve siècle, dates inconnues) : Philosophe grec

    2. Le chien est un mammifère - Nous pouvons vérifier si c’est vrai ou faux. - Jugement de fait ou d’existence 3. C’est un bon chien - Nous pouvons vérifier la validité en fonction du but, de la finali-

    té visés.

    - Jugement de valeur

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  • V. Les jugements problématiques

    Si, à la place de « soleil », nous mettons « liberté », « commu-nauté internationale », « démocratie », « totalitarisme »…

    Êtes vous démocrates ? => demos-cratos => oui !

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    Sujet-copule-prédicat

    Je Tu Il

    Verbe+Compl. ===> Jugement

    Moyens Fins

    Vérifiable ou sceptique

    Fait

    Valeur

    Vérifiable ou dogmatique

    Vrai

    Faux

    Vrai

    Faux

  • Les exemples de démocraties exemplaires : - Le Cardinal Spellman bénissant les avions partant bom-

    barder le Vietnam au nom de la démocratie. - Le Mur de Berlin et les démocraties populaires.

    Non seulement, sous le même nom de « démocratie », ils s’opposaient, mais il n’est pas certain que nous caution-nions l’un ou l’autre quand nous nous revendiquons démocrates ! Au moins trois acceptations donc… sans doute plus.

    Nous devons faire comme Socrate : avant de répondre, inter-roger la question :

    - Qu’appelez-vous démocratie ? - Voulez-vous sauver la nature ?

    ===> La philosophie apparaît quand il y a crise.

    Maxime du jour

    La crise, c’est quand les mêmes mots ne signifient plus les mêmes choses pour les mêmes gens.

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  • Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté. CONFUCIUS

    CONFUCIUS (551 - 459) : Sage chinois

    VI. Pourquoi le langage pose-t-il pro-blème ?

    - Nous parlons sans permis. - Pour beaucoup de choses, nous apprenons puis nous faisons…

    On apprend le CODE de la route, on ap-prend le maniement du véhicule, et en-suite seulement, on conduit. - Pour parler nous apprenons en faisant, c’est un chemin. - Comme pour marcher, nous apprenons en faisant ; et nous

    trébuchons, comme nous sommes victimes de malentendus. => d’inévitables problèmes de compréhension (polysémie)

    Souvenez-vous : devoir et pouvoir

    => le recourt fréquent et nécessaire à l’étymologie

    Et qu’en est-il du langage philosophique ?

    Forger des nouveaux mots là où la langue ne manque pas d’expres-sions pour des concepts donnés, c’est prendre une peine puérile pour se distinguer de la foule, sinon par des pensées nouvelles et vraies, du moins par une nouvelle pièce cousue sur un vieil habit. Si donc les lecteurs de cet écrit connaissent des expressions plus

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  • populaires, qui cependant soient aussi bien appropriées à la pensée que les miennes me paraissent l’être, ou bien s’ils se sentent la force de démontrer à peu près la futilité de ces pensées elles-mêmes, et partant aussi celle de l’expression, ils m’obligeraient beaucoup dans le premier cas, car je ne souhaite qu’être compris, et dans le second ils mériteraient bien de la philosophie. Mais aussi longtemps que ces pensées restent debout, je doute beaucoup que des expressions plus appropriées et cependant plus communes puissent être trouvées pour elles.

    EMMANUEL KANT, CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE, 1788

    Soit elle jargonne, soit elle use des mots de tous les jours mais dans un sens qui n’est pas celui de tous les jours. => Soit nous ne comprenons pas ce qu’elle dit, soit nous croyons com-prendre et nous nous trompons.

    L’exemple du jargon de cuisine : Abaisser (étendre et aplatir de la pâte au rouleau), appareil (mélange dans la composition d’un plat avant cuisson ou réfrigération), brunoise (mode de découpe des légumes en dés minuscules), canneler (creuser des petits sillons en V parallèles et peu profonds), déglacer (faire dissoudre à l’aide d’un liquide les sucs contenus dans un récipient ayant servi au rissolage)…

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  • §4 Les trois ennemis de la philo-sophie Nous l’avons dit, le «  philo  » de philosophie est à com-prendre comme « amour » mais également comme « recherche » dans le sens où l’amour est un état de plénitude qui répondrait à un désir, ce dernier étant nécessairement désir de ce dont nous ne disposons pas, ou pas totalement, ou pas définitivement… : une recherche.

    I. Socrate à Delphes

    L’exemple de l’Oracle de Delphes : Sur le fronton de son temple était écrit cette maxime :

    Connais-toi toi-même - Que sais-tu Socrate ? Socrate : - Je sais que je ne sais rien. Oracle de Delphes : - Socrate est le plus sage des athéniens.

    II. Dogmatique, sceptique, sophiste

    1. Le dogmatique

    Celui qui pense qu’il sait tout

    - Dogma : (grec = doctrine, savoir) => dogme, docteur, docte, doctrine… - Icus (latin = relatif à) => chimique, musique…

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  • - Qui considère son opinion comme vraie.

    - Il sait. Par extension, la posture dogmatique en philosophie consi-dère que tout est connaissable.

    - S’ensuit que ce que nous ne connais-sons pas encore est accessible à la connaissance.

    2. Le sceptique

    Celui qui pense qu’on ne peut rien savoir.

    L’exemple de Cratyle : Cratyle est un sceptique qui, jugeant que nous ne pouvions rien affirmer sans être dédit par le réel, avait décidé de ne plus parler. Il se contentait d’indiquer, de pointer du doigt : de l’index.

    Sceptique : - Scio (indo-européen = découper) => scinder, scission, science… - Icus (latin = relatif à) => chimique, musique…

    - Qui considère qu’il existe une cou-pure infranchissable entre son âme et le réel, l’empêchant de pouvoir dire quoi que ce soit au sujet de ce dernier.

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  • - Par extension, la posture sceptique en philosophie considère que rien n’est connaissable.

    ==> les deux s’épargnent l’essentiel, à savoir : le travail, la recherche !

    L’exemple de l’immeuble en feu : Le dogmatique et le sceptique sont, non pas dans un ba-teau, mais dans un immeuble en feu : - Le dogmatique saute car il sait qu’il y a un matelas en

    bas. - Le sceptique ne saute pas car il doute qu'il y ait un mate-

    las. - Le philosophe regarde s'il y a un matelas avant de se dé-

    cider.

    Le dogmatisme ne consiste pas à proposer des réponses - interdire d’en poser est précisément un dogme, celui du scepticisme -, il consiste à les détacher d’une réelle critique des questions.

    LUCIEN SÈVE, UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE MARXISTE, 1980

    Lucien SÈVE (1926 - …) : Philosophe français

    Quel serait «  une réelle critique des questions  » ? Précisé-ment le travail de Socrate : « Qu’appelles-tu soleil ? » Il faut ici en-tendre critique au sens philosophique d’examen méthodique et radical d’une affirmation ou d’une démarche théorique, de sa va-leur, et non au sens courant d’objection ou de reproche.

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  • Critique : - Criticus (latin = critique, de crise) - Kritikos (grec = capable de discernement, de jugement) - Crisis (grec = séparer, choisir, décider, passer au tamis)

    L’exemple de l’oeuvre de Kant : Critique de la Raison Pure (1787), Critique de la Raison Pra-tique (1788), Critique de la faculté de juger (1790).

    Les trois posent une limite aux trois fa-cultés de connaitre : - le vrai et le faux, - le bon et le mauvais, - le beau et le laid.

    3. Le sophiste

    Celui qui relativise tout, à toutes fins utiles.

    Sophiste : - Sophia (grec = savoir, sagesse) - Iste (suffixe = partisan d’une opinion) => royaliste, activiste, empiriste…

    - Le suffixe -iste est l’équivalent pour les personnes du suffixe -isme pour les idéologies,

    - soit quand un type d’explication l’emporte sur tout le reste jusqu’à va-loir pour toutes questions :

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  • - un excès (Hurbis : La faute suprême aux yeux des grecs).

    L’exemple de la langue française : Biologisme, royalisme, communisme, fascisme.

    Le sophiste est une synthèse négative du dogmatique et du sceptique : - Dogmatique car il impose son avis : il

    sait. - Sceptique car il considère qu’on ne

    peut être certain de rien.

    => Donc tout se vaut et les intervenants seront départagés uniquement par leur faculté de persuasion.

    L’exemple de Ridicule, de Patrice Leconte : La chute de l’'abbé de Villecourt dans Ridicule de Patrice Leconte « Je viens de démontrer l’existence de Dieu. Mais je pourrais tout aussi bien démontrer le contraire, quand il plaira à Sa Majesté. » Patrice LECONTE (1947 - …) : Cinéaste français

    Les sophistes sont d’autant plus ennemis du philosophe que nous leur devons la mort de Socrate, puisque c’est suite à leurs accusations que périra le grand homme.

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  • III. Époché suspend ton vol

    Époché => concept sceptique => suspension du jugement

    On ne tranche pas pour l’instant :

    - Si ce que je peux savoir est vrai. - Si ce que je dois faire est bon.

    Pour l’instant, on cherche à poser correctement la question, en suivant ce chemin :

    1. Que puis-je savoir ? 2. Que dois-je faire ? 3. Une tentative audacieuse de combinaison des deux.

    Les bons et les mauvais ?

    Pourquoi faire appel aux sceptiques : ennemis de la philo-sophie ? Parce que ceci n’est pas un concours ! Il n’y a ni bons, ni mauvais points à distribuer.

    ==> on prend ce qui est valable - Ce qui permettra t’atteindre le but - Ce qui permettra de viser la fin - Ce qui permettra de finaliser le pro-

    jet

    L’exemple de la physique d’Aristote : On ne juge pas la physique d’Aristote à l’aune de la physique de Newton, mais comment celle-là permet celle-ci.

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  • Résumé - La figure de Socrate. - Socrate et l’astronome Babylonien. - Sujet/Objet = monologue - Sujet/Sujet = dialogue - Le triangle de la parole (Je-Tu-Il). - L’énoncé comme jugement (de fait

    ou de valeur : les DEUX sont véri-fiables).

    - Jugement de fait : adéquation à la réalité.

    - Jugement de valeur : correspon-dance moyens/fins.

    - Les jugements problématiques et l’origine de la crise (La crise, c’est quand les mêmes mots ne signifient

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    Journal de classe : • Que puis-je savoir ? Les débuts de la philosophie : la figure de

    Socrate SEM. 3 • VÉRIFICATION DES CAHIERS SEM. 4 • INTERROGATION N°1 (QCM : S1E0, S1E1, S1E2) SEM. 5

  • plus les mêmes choses pour les mêmes gens).

    - Les trois ennemis de la philosophie (dogmatique, sceptique, sophiste).

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  • §3 Les débuts de la philosophie 1

    I. La figure de Socrate 1

    II. Socrate et l’astronome 2

    1. Que fait l’astronome ? 2

    2. dialogue socratique 4

    III. Le triangle de la parole 5

    IV. Parler et juger 6

    V. Les jugements problématiques 7

    Maxime du jour 8

    VI. Pourquoi le langage pose-t-il problème ? 9

    §4 Les trois ennemis de la philosophie 11

    I. Socrate à Delphes 11

    II. Dogmatique, sceptique, sophiste 11

    1. Le dogmatique 11

    2. Le sceptique 12

    3. Le sophiste 14

    III. Époché suspend ton vol 16

    Résumé 17

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