ÉTUDE PERSONNALISÉE MAAPRAT
Agriculture et agro-alimentaire en Libye
AGROTECH
Opportunités pour les professionnels français
Avril 2012
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Opportunités LIBYE agriculture, IAA et marché agroalimentaire
AVERTISSEMENT
Cette étude a été menée par UBIFRANCE pour le compte du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du Territoire.
Elle a été réalisée par Anne Bernard, chargée d’études internationales au Département AGROTECH d’UBIFRANCE, suite à une enquête d’une quinzaine de jours en Libye en février 2012.
Ont contribué à cette étude :
Stéphanie LEO, Chef de projets AGROTECH, UBIFRANCE
Le Service Economique et le bureau UBIFRANCE à Tripoli.
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Opportunités LIBYE agriculture, IAA et marché agroalimentaire
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Opportunités LIBYE agriculture, IAA et marché agroalimentaire
Sommaire
Synthèse 8
1. Agriculture à relancer dans un environnement fragile 17
1.1 Terres agricoles du domaine public 19
1.2 Retour en force du secteur privé ? 20
1.3 Géographie des cultures 25
1.4 Infrastructures hydrauliques : exploitation minière des eaux souterraines 27
1.5 Bras financier : la Banque Agricole 31
2. Grandes cultures Opportunités intrants / équipements / savoir-faire 33
2.1 Céréales à paille, en cultures d’hiver 35
2.2 Maïs, culture d’été exigeante en eau 35
2.3 Fourragères, en voie de diversification 35
2.4 Pomme de terre 38
2.5 Oignon et ail 38
2.6 Cultures légumières 39
2.7 Cultures fruitières 41
2.8 Lutte phytosanitaire : principales inquiétudes 42
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3. Elevage Opportunités intrants / équipements / savoir-faire 43
3.1 Filières viandes et lait 45
3.2 Problèmes posés par les services vétérinaires 58
3.3 Industrie des aliments du bétail 59
4. Marché à l’importation ~ 75% des besoins Denrées alimentaires de base 61
4.1 Focus céréales 63
4.2 Focus aliments du bétail 70
4.3 Focus viandes 72
4.4 Focus lait, ingrédients laitiers et produits de consommation directe 78
4.5 Relevés des prix de détail 85
Synthèse des contacts 89
Annexes 97
Annexe 1. Compte-rendu des entretiens au Ministère libyen de l’agriculture :
liste des principaux thèmes soulevés en février 2012 98
Annexe 2. Liste des sociétés autorisées à passer outre les sanctions frappant les courants d’affaires
avec la Libye, en date de décembre 2010 101
Annexe 3. Liste des projets FAO en cours et financements 102
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LIBYA
Superficie 1 775 000 km² (3 fois France)
Population ~ 6 millions hab. (2011) Part des moins de 15 ans ~30% Avant guerre ~2 millions de travailleurs émigrés Taux de chômage des jeunes : 25-30%
PIB PIB 2010 : 81 mrds USD (FMI) 2011 (est.) : 37,4 mrds USD Projection 2012 : 77,7 ‘’; 2013 : 93,4 ‘’; 2014 : 96,2 ’’
Economie de rente pétrolière Production de 1,6 million barils/jour en 2011 avant crise ~ 60 % de son budget ~ 56% PIB ~ 95% des exportations Objectif était de 2,5 millions b/j à l’horizon 2015 Agriculture et IAA ~ 2,5 % PIB Hors hydrocarbures, secteur manufacturier (pétrochimie, acier, aluminium, …) + BTP = moins de 20% PIB
Contexte Agro-alimentaire
Pays désertique à 94%. Conditions géoclimatiques limitantes pour l’agriculture. Terres à potentiel agricole ~2% du territoire. La Libye est dépendante des importations de denrées alimentaires à hauteur de ~ 75-85 % de ses besoins. Marché estimé à environ 15 milliards USD/an (de source
libyenne)
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SYNTHESE
Source : GMMR-Benghazi
Pays désertique sur près de 94% du territoire
Moins de 10% du territoire reçoit plus de 100 mm de pluies par an
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Une agriculture à relancer Si la Libye n’est pas dépourvue d’un potentiel agricole attractif de par la diversité de son territoire, il n’en demeure pas moins que l’agriculture libyenne souffre de handicaps majeurs.
Outre les facteurs géoclimatiques qui en affectent l’envergure : disponibilités limitées en eaux pluviales et eaux de surface ainsi que nature des sols et écosystèmes fragiles - le pays est en effet désertique à 94% et exposé à un processus rampant de désertification - ;
La faiblesse de la politique agricole au cours des 20 dernières années ;
Le facteur humain, s’avérant être crucial : manque d’attrait général pour l’agriculture, générant un sévère déficit en cadres de l’agriculture, techniciens, agronomes, vétérinaires, comme en chercheurs, étudiants et enseignants. Les ouvriers agricoles sont des travailleurs émigrés en quasi-totalité, en productions animales comme en productions végétales, de même que les cadres.
La guerre civile de 2011 n’explique qu’en partie la déshérence actuelle de l’agriculture libyenne. La rente pétrolière a très longtemps marginalisé l’agriculture et l’agro-industrie, ne faisant qu’accuser un trait fondamental des Libyens : leur non attirance pour l’agriculture et l’exploitation des ressources marines, et ce malgré près de 2000 km de côte et des eaux poissonneuses.
Il est observé un retour progressif des ouvriers agricoles, africains pour l’essentiel, lesquels ont quitté massivement le pays en 2011 pour fuir les combats.
Un marché des denrées alimentaires largement dépendant des importations La Libye dépend à plus de 75% des importations pour son alimentation. Le pays constitue un débouché naturel pour la Tunisie et l’Egypte ; ce marché se comporte également comme un marché de dégagement sur de nombreux segments ; les flux informels y sont vigoureux.
Au cœur du régime alimentaire figurent le pain, l’huile d’olive, le thon en conserve, le fromage fondu, la semoule de blé et les pâtes alimentaires, … « Les aliments doivent avant tout rassasier ». Le lait y occupe, de par la tradition, une place privilégiée : aujourd’hui sous forme de yaourts / laits fermentés, de lait liquide ou de lait concentré blanchisseur de café ; il convient d’attirer l’attention sur les perspectives de développement de la consommation de fromages et les besoins en matière de laits infantiles : approvisionnement jugé « problématique » en volume comme en gamme.
Les classes aisées et les communautés d’expatriés à pouvoir d’achat élevé offrent des opportunités et niches de marché pour des produits alimentaires plus variés et sophistiqués : produits laitiers, viandes, produits destinés aux enfants et aux consommateurs souffrant de certaines pathologies comme le diabète ou l’intolérance au gluten, gamme d’intrants spécifique au catering (viandes, produits intermédiaires, plats semi-préparés, légumes surgelés, …)
SYNTHESE
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Fiche FAO
Aux catégories figurant ci-contre,
s’ajoutent les postes “import” de
moins de 70 millions USD selon FAO :
- viande bovine
- huiles alimentaires - biscuits - oeufs - orge
- préparations alimentaires
- poudre de lait entier - pâtes alimentaires
- pommes - autres fruits (bananes, …)
- matières grasses
À rajouter les conserves de thon qui ne figurent pas dans la
synthèse FAO !
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Fiche FAO
Egalement, mais de moindre importance :
- oignons
- viande caprine - lait de brebis
- pastèques - légumes
- raisins de table …
À rajouter la viande de dromadaire qui ne figure pas dans la
synthèse FAO !
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Surface agricole (FAO)
•Superficie totale : 176 millions ha
•Terres arables : 1 750 000 ha
•Cultures permanentes : 300 000 ha
•Pâturages : 13,5 millions ha
•Terres irriguées : 470 000 ha
•Forêts : 217 000 ha
Consommation d’eau
•Agriculture : 82,8%
•Industrie : 3,1%
•Usages domestiques : 14,1%
Productions (FAO)
•Céréales : 213 000 t
•Viandes : 170 000 t
•Poissons : 52 000 t
•Bois : bois de chauffage 926 000 stères et bois d’ouvrage :116 000 stères
Terres arables et vergers : 2,1 millions ha (moins que l’Egypte) 11% des terres sous irrigation
Production laitière : 130-150 000 t (avant guerre) Moins que le Liban 60% de lait de vache
Majorité de l’eau disponible : ressource non renouvelable
Al Marj (Est Libye) Benghazi (Est Libye)
Grand réservoir Benghazi (Est Libye)
Source FAO : données à considérer avec réserves
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Fourniture d’intrants, d’équipements et de savoir-faire en agriculture : des opportunités pour les entreprises françaises La Libye dispose de terres, de périmètres irrigables ; elle a les moyens financiers de produire et de développer ses productions, en qualité et en diversité.
Mais relancer l’agriculture ne se fera pas sans une politique agricole ambitieuse.
Habitués à « l’argent rapide », les investisseurs libyens renâclent en effet à investir dans des activités à retour sur investissements trop différé à leurs yeux. Il leur faut un cadre clair, protecteur de leurs éventuels investissements ; les clans investisseurs potentiels attendent des signaux forts des Pouvoirs Publics notamment l’engagement effectif de la Banque Agricole au service du développement agricole.
Le désengagement de l’Etat en tant que producteur se poursuivra : cession des terres d’Etat au secteur privé libyen, voire (surtout) étranger : l’investissement étranger est en effet encouragé dans ce secteur (prospection de groupes du Golfe, d’Egypte, d’Afrique du sud, ...).
Inversement la Libye ne renonce en rien à investir dans l’exploitation de terres agricoles à l’étranger, en Afrique tout particulièrement :
Opérations au Mali, au Libéria, … via une tranche spécifique du fonds souverain libyen LIA, le « Libyan Africa Investment Portfolio » (LAP) au capital de 5 milliards USD ; des investissements seraient envisagés au Soudan.
Parmi les segments phares à l’heure actuelle pour les investisseurs libyens :
L’industrie avicole, dans son amont, à savoir l’élevage de parentaux et l’accouvage, ponte et chair ; ces segments ont été (et sont) développés en connexion étroite avec plusieurs multinationales du secteur. Les investisseurs sont encore réservés quant à leur engagement dans les activités d’engraissement et de production d’œufs de consommation, laissés à de plus petits acteurs ; Secteur en phase de relance ainsi que l’industrie des aliments du bétail, en lien avec les groupes étranger, PROVIMI et POULINA.
L’industrie laitière qui est également celle des glaces et des jus de fruits : plusieurs acteurs libyens et sociétés mixtes forment le pôle plus fort de l’agro-alimentaire libyen. Le redéploiement de l’industrie laitière devrait générer des investissements en élevage laitier intégré ;
La filière céréalière, génératrice d’investissements en boulangerie-pâtisserie, sous l’impulsion française notamment.
SYNTHESE
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Points forts
• Importance des réserves de pétrole et de gaz
• Assise financière extérieure solide
• Potentiel touristique lié au patrimoine archéologique
Points faibles
• Economie très peu diversifiée, tributaire des hydrocarbures, avec des infrastructures à reconstruire
• Niveaux insuffisants d’éducation et de formation, d’où dépendance envers la main d’œuvre étrangère
• Transition politique incertaine et problèmes sécuritaires
• Environnement des affaires difficile
• Insuffisance des réformes structurelles (modernisation de l’économie, du secteur bancaire)
COFACE mars 2012
Note @rating pays : D Note environnement des affaires : D
Ligue Arabe (depuis 1953)
Fonds Monétaire Arabe
Conseil de l’Unité Economique Arabe
Banque Islamique de Développement
OPEC (depuis 1962)
Union du Maghreb Arabe (UMA) (Création en 1989)
Membre observateur à l’OMC depuis 2004
Grande Zone Arabe de Libre Echange GAFTA (Création en 2005)
LA LIBYE A ADHERE AUX ORGANISATIONS SUIVANTES :
Avant révolution Après révolution
Droits de douane remplacés par taxe de service portuaire / taxe production / taxe consommation
Droits de douane : 5% sur tous les produits sauf exceptions et produits exonérés
Restrictions Restrictions : évolution en cours
Standards et normes Standards et normes : volonté de plus grande transparence
Subventions Certaines subventions maintenues : denrées alimentaires
IDE : « ouverture » mais procédures longues et complexes
IDE : volonté d’entretenir des relations internationales plus normalisées
SYNTHESE
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Un marché qui reste difficile La France bénéficie d’une excellente image, renforcée par l’engagement français pendant la crise.
Les produits alimentaires français sont réputés pour leur haut niveau de qualité, de même que les équipements et intrants. Toutefois :
Produits « de qualité supérieure mais chers », telle est l’image générale ;
Opérateurs français considérés comme étant « peu motivés pour des opérations sur le long terme » ;
« Regrettable image négative de la Libye en France ».
Les Pouvoirs Publics libyens sollicitent des appuis extérieurs en matière d’organisation et de formation, un thème prioritaire.
Il est recommandé une réponse rapide aux besoins exprimés actuellement par les entreprises libyennes pour valoriser cet engouement à chaud d’autant que le climat temporaire de « paradis fiscal » (très faibles taxes, droits de douane abaissés à 5% pour la majorité des produits, voire nuls pour un certain nombres d’intrants et équipements) « dope » actuellement les entrepreneurs libyens.
Le marché est ouvert, porteur, ce qui ne doit pas occulter la difficulté et la lenteur à conclure des contrats. Il convient en outre d’en comprendre les mécanismes liés notamment à la structure tribale de la société ; on n’insistera jamais assez sur l’importance du contact personnel, de la présence.
Sur ce marché émergent, de petite taille, en voie de reconstruction après la Révolution de 2011, il est couramment admis que « les fournisseurs étrangers ont 2 ans maximum pour se positionner ».
Les Libyens forment un peuple fier, un caractère renforcé par une révolution « aboutie » ; les opérateurs ressentent de plus en plus mal ce qu’ils estiment être une mainmise sur leur marché : « la Libye ne doit pas être un sous-marché ni de la Tunisie ni de l’Egypte ».
Comme par le passé, la Tunisie prône l’alliance stratégique entre opérateurs tunisiens et français pour un bon positionnement sur le marché libyen.
Si le commerce tripartite ne doit pas être écarté, il doit être manié avec précaution pour ne pas froisser les susceptibilités, et ne doit en aucun cas dispenser des négociations directes entre acteurs libyens et français.
SYNTHESE
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UBIFRANCE / AGROTECH / Service ESPERA (Etudes, Statistiques, Presse et Evénements Agroalimentaires) 77, bd Saint-Jacques
75014 PARIS Tél : 04 96 17 25 48
Courriel : [email protected] Réalisé par Anne BERNARD, chargée d’études internationales,
avec le financement du Ministère de l’Agriculture, de l‘Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l' Aménagement du territoire
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