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UNIVERSITE LOUIS PASTEURU.F.R. DE GEOGRAPHIE

C.E.R.E.G.STRASBOURG

ORSTOM DAKARLABORATOIRE "EAU ET SANTE"

AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES ET EVOLUTION DEQUELQUES ASPECTS DE

L'ENVIRONNEMENT DANS L'AXE GOROM - LAMPSAR(Delta du fleuve Sénégal)

Mémoire de D.E.A. présenté parCarmen PHILIPPE

Sous la direction de Monsieur Michel MIETrONet de Monsieur Pascal HANDSCHUMACHER (Maître de stage)

Membres du jury :

Michel MIETTON, ProfesseurFrançois PESNEAUD, Maître de Conférence

Pascal HANDSCHUMACHER, Chargé de Recherches OR5TOM

Septembre 1993

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AVANT-PROPOS

Ce mémoire de D.E.A. fait suite à un stage de deux mois au sein de l'équipe

"Eau et santé" de l'ORSTOM, à Dakar, dont les travaux sont axés sur les

problèmes de risques sanitaires liés à l'environnement, en l'occurence la

bilharziose, endémique à l'échelle du delta du fleuve Sénégal.

Le sujet a été défini en accord avec Monsieur Michel Mietton, mon directeur de

recherche, et Monsieur Pascal Handschumacher, mon maître de stage, dont

les préoccupations scientifiques convergent vers l'axe du Lampsar.

Dès le début de cette année universitaire, j'avais émis le souhait

d'entreprendre une telle expérience afin de me familiariser avec le travail de

terrain en milieu tropical et celui de chercheur.

Ce dessein ayant été accompli, j'en sors enrichie tant pas l'engouement que

m'a procuré ce travail, que par les personnes, pour la plupart chercheurs, qu'il

m'a été permis de rencontrer.

Cet ouvrage, qui ne vise pas à l'exhaustivité, est plutôt le résultat de

l'application des méthodes de travail de recherche qui m'ont été enseignées au

cours de ma formation universitaire. Il ne constitue pas une fin en soi, mais

représente plutôt un travail préliminaire qui s'inscrit dans un programme plus

vaste de la géographie de la santé.

Je tiens à évoquer ici les difficultés qui ont accompagné ce travail, à

commencer par le temps. Les deux mois passés à l'ORSTOM, consacrés

essentiellement à la collecte des données m'ont paru évidemment trop courts

pour mener à bien ce travail, qui nécessitait une rigueur constante afin d'éviter

l'éparpillement. Il faut y ajouter le problème de la dissémination de la

documentation, souvent inhérente à tout travail de recherche.

Enfin. ce travail n'aurait jamais abouti sans l'encadrement, les conseils et le

soutien de toutes les personnes que j'ai rencontrées durant tout ou partie de

cette année universitaire, envers qui je tiens ici à adresser mes plus vifs

remerciements.

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Je commencerai par Monsieur le Professeur Michel MIETTON, mon directeur

de recherche, qui a bien voulu encadrer ce travail. Je lui suis reconnaissante

pour ses enseignements et ses conseils avisés. En outre, je lui dois la

possibilité d'avoir pu effectuer un stage avec l'ORSTOM.

A Monsieur Pascal HANDSCHUMACHER, chargé de recherches à l'ORSTOM,

mon maître de stage qui, par ses précieux conseils a su guider mon travail de

terrain. Au delà des considérations scientifiques, je me permets de lui

témoigner ma plus grande sympathie eu égard à son accueil et à sa

disponibilité.

J'en profite pour adresser ma plus grande reconnaissance à l'ensemble des

chercheurs du Laboratoire "Eau et Santé" qui ont bien voulu m'accueillir et qui

ont contribué à rendre ce stage des plus agréables : Messieurs Jean-Pierre

HERVE, Directeur du Laboratoire, Georges HEBRARD, Jean-Marc

DUPLANTIER et Jean-Christophe ERNOUD.

A Monsieur François PESNEAUD, Maître de Conférence, pour avoir accepté

de participer à mon jury et pour ses enseignements qui m'ont été fort utiles

dans mon travail de recherche.

Ma plus grande estime envers Monsieur Jean-Luc PIERMAY, Professeur, pour

la richesse de ses enseignements et ses conseils.

'Messieurs André LERICOLLAIS, Charles BECKER et Jean-Yves GAC, chargés

de recherches à l'ORSTOM, qui par leur bonne connaissance du milieu étudié,

ont su m'informer utilement. Je rends hommage ici à leur disponibilité et les

remercie pour leurs encouragements.

A Oumar SALL, assistant au Laboratoire "Eau et santé", mon interprète et .

guide, pour son efficacité et sa patience.

Abdoulaye FAYE, étudiant en doctorat, et Khalibou BA assistant au

Laboratoire "Eau et Santé" et originaire du village de Lampsar, grâce à leur

pratique du terrain dans le Gorom-Lampsar, ont su m'apporter des

renseignements fort intéressants.

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A tous les organismes et instituts pour leur contribution scientifique ou

matérielle:

- L'administration de l'ORSTOM, pour l'allocation de recherche dont j'ai pu

bénéficier.

- La S.AE.D. : Messieurs Massogui GUEYE (hydrologue), Dirk RAISS

(pédologue), Amadou SOW et Madia NDIAYE.

- L'O.M.V.S. : Monsieur Aviron VIOLET, Conseiller technique au Département

des infrastructures régionales.

- L'I.S.R.A : Monsieur Ibrahima DIA, sociologue.

- La S.O.C.AS.: Monsieur FINNOIS, Directeur.

- L'Institut de Géographie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Messieurs NDIAYE et DIOP.

Les chefs des villages et la population enquêtés dans l'axe Gorom-Lampsar,

pour leur disponibilité sans égale et leur accueil convivial.

Les notables et les techniciens de Ross-Béthio.

A Aminata NIANG et André KONE, mes compères stagiaires au Laboratoire

"Eau et Santé".

A Christiane SAWADOGO et Rivo RAMBOARISON, mes amis et mes

complices de tous les moments, qui m'ont soutE~nu jusqu'à la dernière page de

ce mémoire.

Enfin, à Mylène et Sandra SCHWARTZ et à ma maman, envers qUI Je suis

infiniment reconnaissante pour l'aide qu'elles m'ont apportée et leurs

encouragements.

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INTRODUCTION

Problématique et intérêts du sujet

La vallée du ·1:leuve Sénégal est le siège d'importants aménagements hydro­

agricoles depuis la période coloniale. Ce processus ancien s'est affirmé par la

suite à l'initiative des Etats indépendants guidés par le souci d'assurer l'auto­

suffisance alimentaire des populations de la vallée par le biais de la culture

irriguée.

Le développement étatique de l'irrigation sous l'égide d'une société nationale,

la S.A.E.D. (Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta et

des vallées du fleuve Sénégal et de la Falémé), a conduit à une multiplication

des aménagements hydro-agricoles et à une extension corollaire des

périmètres irrigués à partir de 1965, date de création de cette société. Ce

mouvement s'est amplifié récemment avec la mise en service, d'une part du

barrage de Diama dans le delta (1986) qui empêche l'intrusion d'eau salée en

amont, d'autre part du barrage de Manantali au Mali (1988) destiné à réguler le

débit du fleuve afin d'assurer un approvisionnement en eau toute l'année.

Le delta du fleuve Sénégal, qui s'étend sur 5000 km2 de Saint Louis à

Dagana, concentre à lui seul environ la moitié des superficies aménagées dans

la vallée sous des formes diverses allant des grands périmètres aux petits

périmètres privés. Cette situation témoigne de la volonté d'aménagement de

cette zone.

Avec la mise en fonction des barrages et l'actuel désengagement de l'Etat,

entrahant une responsabilisation des producteurs, certains périmètres sont

réhabilités, d'autres, privés, s'étendent rapidement dans le delta.

Cependant, cette course aux aménagements a .entraÎné de profonds

bouleversements de l'environnement et posé avec acuité le problème des

risques sanitaires sous jacents.

Ce constat a été établi par le Département "Eau et Santé" de l'ORSTOM, à

Dakar, dans le cadre de recherches menées à propos de l'explosion de la

bilharziose intestinale à Richard-TolI, à 160 de latitude nord, au delà de sa

zone habituelle d'endémicité.

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Plusieurs foyers de bilharziose ont été recensés le long de l'axe constitué par

les marigots du Gorom et du Lampsar, au centre du delta, lesquels sont

encadrés sur tout leur cours par des périmètres rizicoles.

Certains de ces foyers sont anciens comme le village de Lampsar, d'autres

sont plus récents comme à Mbodiène où la maladie parasitaire est apparue

après 1986. Ce village, dont les activités sont largement dominées par la

riziculture irriguée, révèle la gravité de la situation, puisque des études menées

dans le cadre du projet ESPOIR ont montré une prévalence de la bilharziose

urinaire chez les habitants d'environ 90 % !Enfin, les enquêtes malacologiques mettent en évidence une augmentation de

la densité des mollusques hôtes-intermédiaires de la bilharziose et une

extension de leur aire de répartition comme en témoigne la carte ci-après (Fig.

1).

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REPARTITION ET DENSITE DES MOLLUSQUESDANS L'AXE GOROM - LAMPSAR

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1Source: P. HANDSCHUMACHEREau & Santé. ORSTOM 1993 ­Données malacologiques d'après Diaw et al, 11

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La tendance générale traduit une extension des sites abritant les mollusques et

donc un accroissement corollaire des risques liés à la transmission de la

bilharziose.

L'hypothèse de base est la suivante : si la bilharziose gagne du terrain, ou si

elle apparaît dans des sites préservés jusque là; celà signifie que les

conditions du milieu, de l'environnement, ont été modifiées.

En effet, la bilharziose peut être considérée comme un " révélateur 1/ dans la

mesure où cette maladie parasitaire est étroitement liée à l'environnement.

Pour se développer, la bilharziose nécessite la réunion de trois acteurs :

l'agent pathogène, l'hôte intermédiaire (le mollusque) et l'hôte définitif

(l'homme). La présence de ces trois éléments est à son tour conditionnée par

les composantes de l'environnement.

En somme, l'apparition de la bilharziose dans des sites nouveaux témoigne

d'un déséquilibre par rapport aux conditions qui règnaient dans

l'environnement au préalable.

Analyser les maladies liées à l'environnement implique donc en premier lieU

l'étude de l'évolution de la gestion de cet environnement par les hommes. Or,

celle-ci a été guidée en grande partie par la multiplication des aménagements

hydro-agricoles dont la progression actuelle' connaît une accélération sans

précédent dans le delta du Sénégal, et en particulier dans l'axe Gorom­

Lampsar.

Aussi avons nous centré notre réflexion sur l'impact des aménagements

hydro-agricoles de l'environnement de l'axe Gorom-Lampsar, dans le

cadre d'une étude diachronique.

Il convient avant tout de préciser le concept d'environnement. On ne saurait le

limiter aux seuls facteurs bioclimatiques souvent invoqués pour expliquer la

répartition zonale des maladies, même si celle-ci justifie le terme de "maladies

tropicâles". Rappelons, à titre d'exemple que le paludisme, maladie tropicale,

s'étendait autrefois jusqu'au nord de l'Europe, ou encore la récente épidémie

de choléra, maladie typique sous des latitudes tropicales, qui s'est déclarée en

août 1993 au sud de la Russie.

Donc, par environnement, nous entendons "interaction entre des facteurs

physiques, chimiques et biologiques d'une part, antt"lropiques d'autre part qui,

en agissant les uns sur les autres dans un espace donné, en font un espace en

perpétuelle évolution.

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Les rapports de l'homme et de son environnement sont dialectiques. Si

l'homme peut modifier son environnement grâce aux techniques qu'il élabore, il

est aussi influencé par celui-ci. Une fois qu'il l'a modifié, cet environnement lui

impose de nouvelles contraintes, l'oblige à de nouvelles attitudes (J.Tricart,

1976).

Cette réflexion peut être ramenée à l'étude de l'axe Gorom-Lampsar où elle est

illustrée par la volonté de mise en valeur de cette zone, concrétisée par le

foisonnement des aménagements hydro-agricoles ayant entraîné une nouvelle

physionomie des paysages avec notamment l'extension des surfaces en eau.

Ces transformations, à leur tour, ont conduit les populations, à l'image des

peuls par exemple, à adopter de nouveaux comportements.

Il s'agira de cerner ces transformations mais aussi d'identifier les moyens et les

acteurs qui ont permis d'y aboutir.

Il est entendu que les aménagements hydro-agricoles représentent aujourd'hui

une composante majeure de l'évolution de l'environnement du delta et, avec

l'extension de la bilharziose, se pose la question de leur responsabilité dans

l'existence de cette pathologie.

Quelles sont les composantes de l'environnement que nous avons retenues? "

est clair qu'au vu de /a définition que nous en avons donné plus haut, elles

sont multiples.

Evidemment, il ne nous a pas été possible de toutes les aborder. Notre choix a

été guidé par les données dont nous avons pu disposer et qui nous ont amené

à restreindre la notion d'environnement à trois paramètres:

- la dynamique du peuplement

- l'évolution des systèmes agraires et des systèmes d'élevage

- la transformation de la végétation.

Quant à notre zone d'étude, l'axe Gorom-Lampsar, elle fait l'objet actuellement

d'un vaste programme de rechercl'1e mené par le Département "Eau et Santé"

de l'ORSTOM à Dakar.

Comme nous l'avons signalé plus haut, ce secteur est le lieu privilégié où

s'exerce cette volonté d'aménagement qui vise à maîtriser l'eau, afin de

développer la culture irriguée par les aménagements hydra-agricoles, et en

même temps l'aire d'extension de la bilharziose.

Ces constatations suffisent à justifier l'intérêt que présente cette zone dans le

cadre d'une étude de l'évolution de l'environnement.

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Il n'est pas concevable de faire un inventaire statique de l'état de

l'environnement. Celui-ci n'est pas stable, surtout dans le delta.

Ce n'est qu'à travers une étude diachronique de l'environnement, permettant

de dégager son évolution qui, par la suite, devra être corrélée à celle de

l'extension de la bilharziose, que l'on peut escompter dégager les facteurs

responsables de cette pathologie.

Le but est de permettre aux autorités compétentes d'infléchir cette évolution

par la mise au point d'un programme de lutte.

En résumé, l'étude de l'impact des aménagements hydro-agricoles sur

l'évolution de l'environnement dans l'axe Gorom-Lampsar constitue le premier

volet d'un programme plus vaste de géographie de la santé mis en oeuvre à

l'OR8rOM. Le second volet visera à comparer cette évolution à celle de la

bilharziose afin de déterminer la relation, ou l'absence de relation, santé­

environnement.

Donc dans notre démarche, l'idée des interactions santé - environnement

constitue en quelque sorte une toile de fond guidant notre réflexion.

Objectifs

Dans le cadre d'une étude diachronique, ils visent à mettre en évidence les

points suivants:

-'l'évaluation des effets des aménagements hydro-agricoles sur l'évolution de

l'environnement dans l'axe Gorom-Lampsar, en développant les trois

paramètres retenus : dynamique du peuplement, évolution du foncier et

transformation du couvert végétal;

- les mécanismes, les acteurs et les stratégies qui contribuent à modifier, à

faire évoluer l'environnement;

- enfin, il s'agira d'estimer si lës aménagements hydro-agricoles ont abouti à

des impacts différentiels, permettant ainsi d'individualiser des zones

géographiques homogènes dans l'axe Gorom-Lampsar.

Cette étude aura pour point de départ le plus souvent le début des années

1960. date à laquelle remonte la plupart de nos données et correspondant

également au début des aménagements.

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La première partie de ce travail sera consacrée à la présentation des

composantes de l'environnement dans l'axe Gorom-Lampsar. Ceci nous

permettra de replacer notre zone d'étude dans un contexte géographique et

d'en préciser les limites. Cette présentation du milieu et des hommes sera

complètée par la description des aménagements hydro-agricoles autour

desquels s'articule notre reflexion.

La méthodologie mise en oeuvre sera abordée dans une deuxième partie. De

la collecte des données à leur exploitation, elle tentera de mettre l'accent sur

les outils, leurs intérêts, les méthodes utilisées et les difficultés rencontrées,

autrement dit les limites que présentent ces outils.

Enfin, la dernière partie constituera la synthèse des résultats et leur critique,

pour chaque composante de l'environnement retenue. Cette synthèse devra

aboutir à une typologie des milieux rencontrés dans notre zone d'étude.

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Première partie

COMPOSANTES DE L'ENVIRONNEMENT

DANS L'AXE GOROM - LAMPSAR

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1.1. Localisation de "axe Gorom-Lampsar (Fig. 2)'

L'axe Gorom-Lampsar se situe dans le delta du fleuve Sénégal, entre 16° ­

16°30 de latitude nord et 16° - 16°30 de longitude ouest, en domaine sud­

sahélien.

Il est constitué par deux défluents du fleuve, le Gorom et le Lampsar, sur

lesquels nous reviendrons en abordant l'hydrologie de notre zone d'étude.

Cet axe, de direction nord est-sud ouest, s'étire sur environ 70 km. de

Makhana à Kassak nord, villages qui limitent notre terrain. Il couvre une partie

des arrondissements de Ross-Béthio et de Rao, dans le département de

Oagana, au nord est de Saint Louis. Son centre est occupé par Ross-Béthio,

gros bourg et principale communauté rurale du delta.

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1.2. Le delta du fleuve Sénégal: une mise en place récente

Le tracé du fleuve, des principaux cours d'eau et les formations superficielles

du delta résultent d'un processus combinant les alternances de périodes

pluviales et inter-pluviales, de transgression et régression, de creusement et

de sédimentation au cours du quaternaire essentiellement.

Nous rappellerons brièvement les grandes étapes de la construction du delta,

ce qui nous permettra de replacer les principaux éléments morphologiques et

biogéographiques de notre zone d'étude (Fig. 3).

Au cours du quaternaire ancien et moyen, les phases de creusement façonnent

un vaste golfe marin. Mais c'est surtout durant le quaternaire récent que le

delta prend progressivement sa morphologie actuelle.

Sous la phase aride de l'Ogolien (23.000-12.000 B.P), des ergs anciens à

sables rubéfiés, sont modelés en cordons dunaires, orientés nord est - sud

ouest ou nord nord est - sud sud ouest, qui ferment progressivement l'accès à

la mer, soumettant la vallée à un régime endoréïque. Ces dunes rouges

ogoliennes, sont bien visibles dans le paysage actuel en aval de Ross-Béthio,

de part et d'autre de la R.N. 2. Elles présentent un aspect général de "tôle

ondulée" et constituent les points hauts du relief, 10 mètres d'altitude en

moyenne; exceptionnellement, elles peuvent atteindre jusqu'à 20 - 25 maux

~nvirons de Lampsar, Mboltogue, Ndelle Boye et Ndiaye.

A cette phase de sédimentation succède, vers 10.000 B.P., une phase pluviale

qui permet le recreusement du lit du fleuve à travers ces dunes jusqu'à la mer.

Fait suite une intrusion lors de la transgression du Nouakchottien (6.500 ­

4.500 B.P.). Une vaste ria s'installe alors et remonte jusqu'à Bogué. Elle

empreinte le chenal de la Taoué et s'installe dans la dépression du lac de

Guiers.

La formation du delta se poursuit au cours du post-Nouakchottien (4.500 ­

1880 B.P.). En même temps que l'alluvionnement progresse vers l'aval, des

cordons littoraux sableux sont édifiés et barrent partiellement l'accès du fleuve

à la mer. Le lac de Guiers se forme ; les dépôts deltaïques isolant sa

dépression.

L'alluvionnement permet au fleuve d'édifier de grands bourrelets de berge, les

hautes levées fluvio-deltaïques ( sables, limons, argiles ). C'est à cette époque

que la vallée prend sa morphologie définitive de pseudo- delta par colmatage

progressif de l'ancienne lagune. Au cours des périodes sub-actuelle et

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actuelle, le fleuve sape progressivement ces hautes levées et façonne des

systèmes de levées sub-actuelles, plus basses, qui longent comme des

chapelets le Gorom-Lampsar, en isolant des cuvettes de décantation

argileuses. Les dénivellations entre ces unités sont très faibles : de 1 à 2

mètres. L'irrigation et les types de culture étant déterminés par la topographie

et la texture des sols, les cuvettes de décantation deviendront les lieux

privilégiés pour la riziculture grâce à leurs grandes potentialités agronomiques

(Boundoum, Grande -Digue, Pont-Gendarme, Ndiaye, Ndiol, Lampsar, ... ).

Le cours du Sénégal est dévié vers le sud par un puissant cordon littoral

(Langue de Barbarie) mis en place par une dérive maritime nord-sud.

L'exutoire initial, situé à hauteur de Keur-Massène, se déplace

progressivement de 80 km jusqu'au sud de Saint Louis, au niveau de Gandiole,

où le fleuve se jette dans la mer par une embouchure instable. Dans le même

temps, le delta progresse dans la lagune et les marigots se multiplient dans la

boucle du fleuve: le Diovol, le Kassak, le Gorom. le Lampsar, le Djoudj et le

Djeuss. Ils rejoignent le Sénégal au nord de Saint Louis, à Dakar-Bango.

L'axe Gorom-Lampsar est né de la rupture de la levée au niveau du seuil de

Ronq (à environ 110 km de l'embouchure du fleuve Sénégal).

En résumé, l'axe Gorom-Lampsar s'inscrit dans une zone basse, caractérisée

par une topographie plane, inondable à l'état naturel. Les dépôts fluvio­

deltaïques couvrent des superficies importantes, dont la monotonie n'est

interrompue localement que par des dunes, des levées et des cuvettes.

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CROQUIS GEOMORPHOLOGIQUE DU DELTA

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Légende

~ dépOts f1uvio-deltaTques~(sables.limons, argiles)

Do ° dunes rouges ogoliennes• • • et plateaux cuirassés

o cordons dunaires littoraux

.mllevées subactuelles

l qcuvettes de décantation

<----- anciennes émbOuehures

~dérive littorale

D'après P. MICHEL, 1969

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17

Sur le plan pédologique, la principale conséquence de cette morphogenèse,

édifiée en milieu originellement marin, est la présence de sels aussi bien dans

les sols que dans les nappes souterraines. La pédogenèse dans le delta est

essentiellement saline, conditionnnée, avant aménagement, par la durée de

l'inondation par les eaux de surface saumâtres, et aujourd'hui par les

mouvements ascendants de la nappe superficielle chargée en sels solubles.

Les températures élevées et l'action du vent renforcent encore ce processus

d'autant que la nappe phréatique n'est située qu'à moins d'un mètre de

profondeur à certains endroits.

Cette salinité n'est pas sans conséquences sur la qualité des sols et le

rendement des cultures. Durant la saison sèche les sols sont très salés,

environ 20 dS/m (*), alors que les plantes ne peuvent supporter que 3 dS/m (*

déci-siemens/mètre).

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18

Seule une bonne gestion de l'irrigation, qui va de pair avec des aménagements

corrects, permet de pallier cet excès de salinité, voire même d'en faire diminuer

les taux.

Cet excès de sel intervient également dans la faible distribution du peuplement

végétal.

Les diverses accumulations fluvio-deltaïques, lorsqu'elles ne sont pas

occupées par la riziculture comme la plupart des cuvettes, portent une

végétation rare et clairsemée, sous forme d'un semis lâche de broussailles et

d'épineux.

Les dunes quant à elles sont fixées par des arbres ou des arbustes qui forment

tantôt des steppes arborées (Makhana, Mbarigot, Ndialam) ou arbustives vers

le nord (Ndelle Boye, Ross-Béthio). Ce couvert végétal irrégulier est dominé

par l'Acacia raddiana associé à Euphorbia aegyptiaca et Balanites balsamifera.

Le tapis herbeux est quasi-inexistant.

La faiblesse et l'irrégularité des pluies n'entretient qu'une végétation pauvre et

peu diversifiée. Dans le delta, la moyenne annuelle des précipitations pour la

période 1970-1990 est inférieure à 60% de la moyenne annuelle pour la

période 1950-1970' (d'après la Direction de la Météorologie Nationale du

Sénégal). De plus, les variations inter-annuelles des précipitations sont très

importantes, ce qui accroît d'autant la pression exercée sur la végétation.

1.3. la péjoration climatique

Les données utilisées sont celles de la Direction de la Météorologie Nationale

du Sénégal, de l'A.S.E.C.N.A. (Agence pour la Sécurité de la Navigation

aérienne en Afrique et à Madagascar), de l'ORSTOM 1 de la C.S.S.

(Compagnie Sucrière du Sénégal) et de J. LE BORGNE (1988).

Comme toute la basse vallée du fleuve, le climat de la région appartient au

domaine sahélien et plus précisément encore au secteur sahélo-saharien. Il

est marqué par l'alternance de deux saisons très contrastées.

- Une très longue saison sèche pendant 9 à 10 mois : les caractéristiques

climatiques sont alors imposées par les alizés et l'harmattan. Cette saison

sèche comprend une saison sèche froide, de novembre à février, et une saison

sèche chaude, de mars à mai-juin.

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- Une courte saison des pluies, de 2 à 3 mois pendant le régime de mousson,

débutant en juillet, elle se termine en octobre avec la régression du FIT (Front

Intertropical) vers le sud.

Cette saison est caractérisée par des pluies faibles et inférieures à 400 mm,

dont l'isohyète limite la bordure sud du bassin de l'axe Gorom-Lampsar, et de

plus en plus faibles vers l'intérieur. Entre 1970 et 1984, on a enregistré une

pluviométrie faible avec une moyenne annuelle faible de 280 mm.

A la faiblesse des précipitations s'ajoute leur irrégularité inter-annuelle (Doc.

1).

La période actuelle se caractérise par un déficit pluviométrique sévère et

persistant. Depuis 1968, le règle générale est à la péjoration climatique et les

années humides ne sont que des exceptions au sein d'un "train" d'années

sèches.

La température de l'air est élevée, avec un gradient sensible et régulier d'ouest

en est, passant de 25 0 C de moyenne annuelle sur la côte à Saint-Louis, à près

de 300 C vers l'intérieur, cette différence étant liée à la continentalité. De

décembre à mars, la température est inférieure à 25 0 C à la station de Ndiol et

28 0 C à Richard-Toll. Les maxima de température sont enregistrés en octobre,

en fin de saison des pluies avec 29,6 0 C à Ndiol, et au mois de juin, en fin de

saison sèche, avec 30,5°C à Richard-Toll (A. Faye, 1990).

Le régime des vents est important à considérer sous ces climats secs par ses

effets de desséchement, d'arrachement et de transport de matériaux. Dans la

zone du delta, ces vents, à direction préférentielle nord à nord-est, mais

pouvant aussi venir de toutes les directions, soufflent en moyenne à 25 km/ho

Cependant, il n'est pas rare d'enregistrer, surtout avec les alizés continentaux,

des vitesses de l'ordre de 50km/h (M. Mietton et J. Humbert, 1991). Ceci est

suffisant pour provoquer d'importants arrachements et mouvements de

particules (argiles, sables et limonts), avec accumulations diverses, simple

voile éolien, nebkhas~ dunes, sur de grandes surfaces fragilisées en outre par

la faiblesse du couvert végétal. Vers l'intérieur, la caractère désséchant se fait

plus sentir que sur la côte soumise aux alizés maritimes, par l'influence de

l'harmattan dont les effets accentuent encore la sécheresse de la région.

Le déficit hydrique est important pendant toute la saison sèche, avec une

évaporation moyenne de l'ordre de 7 mm par jour mais pouvant atteindre 15

mm par jour. A la station de Ndiol, l'évaporation est faible pendant l'hivernage,

avec 180 mm en septembre et augmente en saison sèche pour atteindre 325

mm en mai.

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Doc. 1VARIATION INTER-ANNUEllE DES PRECIPITATIONS A SAINT lOUIS ET

RICHARD-TOll

SAINT lOUIS

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1992

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RICHARD-TOll

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Sources: Direction de la Météorologie Nationale du SénégalA.S E.C.N.A.- O.R.S. T.a.M.J. LE BORGNE, 1988C.S.S.

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1892 1902 1912 1922

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21

Ces trente dernières années ont vu l'aridité s'accroître dans le delta, ceci étant

illustré par la diminution progressive de la saison des pluies dont la durée

passe de 3 à 2 mois par an et la quantité réduite de moitié (d'après la Direction

de la Météorologie Nationale du Sénégal).

1.4. D'un régime hydrologique à un régime hydraulique

L'axe du Lampsar prolonge vers le sud-ouest le Gorom. Celui-ci, marigot étroit

et sinueux, a son origine sur le Sénégal, au niveau de Ronq, à environ 130 km

de l'embouchure. De direction nord-sud d'abord, il prend une orientation est­

ouest jusqu'à sa confluence avec le Lampsar.

Le Gorom alimente, d'une part le Kassak amont sur sa rive gauche, d'autre

part le Lampsar avec lequel il forme une solution de continuité grâce une digue

séparant le Gorom en deux biefs indépendants, sa partie avale servant

uniquement de drainage aux cuvettes attenantes. Le Gorom amont s'écoule

donc intégralement dans le Lampsar et forme avec ce dernier le Gorom ­

Larnpsar.

Le Lampsar se dirige vers le sud jusqu'à Ross-Béthio, puis prend une direction

nord est - sud ouest avant de rejoindre le Djeuss en aval de Makhana. Marigot

très étroit et très sinueux dans sa partie amont jusqu'à Ross-Béthio, son lit

s'élargit vers l'aval, décrivant entre de petites levées alluviales des méandres

plus lâches. Celles-ci découpent une série de cuvettes, alternativement en rive

gauche et rive droite, dites de la vallée du Lampsar (Thilène, Pont-Gendarme,

Polo, Mbodiène, Ngomène, Ndiaye, Savoigne, Ndiol, Ndialam, Biffèche et

Lampsar).

Depuis la construction d'un canal de drainage séparant le Kassak en deux

bassins indépendants, et assurant l'évacuation des eaux vers la cuvette du

Ndiael, le Kassak aval est alimenté par le Lampsar.

Au total; l'axe du Gorom-Lampsar couvre une distance d'environ 90 km, de

Ronq sur le fleuve Sénégal, jusqu'à Dakar-Bango au niveau de l'embouchure. Il

est bordé par une forêt galerie relique à Parkinsonia et son lit est envahi par

une végétation aquatique sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir.

Les principales composantes de l'axe du Lampsar étant replacées dans leur

contexte géographique, nous pouvons dès à présent en décrire le

fonctionnemen~ hydrologique.

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22

L'axe Gorom-Lampsar reçoit presque exclusivement son alimentation du fleuve

Sénégal. Les faibles pluies qui tombent dans le bassin, du fait d'une forte

évaporation, ne représentent pas un complément hydrique suffisant.

Pour enrayer les contraintes liées à cette dépendance vis à vis du fleuve et

dans le but d'aménager la zone en vastes périmètres irrigués, de nombreux

ouvrages tels que barrages, digues et stations de pompages ont été édifiés,

contribuant ainsi à artificialiser le fonctionnement de l'axe.

IA.1. Le régime hydrologique naturel

L'écoulement dans le delta dépendait du régime du fleuve Sénégal. Celui-ci,

qui prend sa source dans le Fouta Djalon, a un régime tropical pur caractérisé

par:

- une période de hautes eaux de juillet à novembre;

- une période de basses eaux régulièrement décroissante de décembre à juin.

A l'arrivée de la crue, l'eau douce envahit progressivement les marigots du

delta, par écoulement gravitaire à partir de Ronq, lorsque la cote I.G.N. du

fleuve est supérieure ou égale à 1,70 m. Les eaux saumâtres qui stagnaient

dans le chenal sont alors évacuées par un effet de "chasse d'eau". Lorsque le

niveau de l'eau est suffisant pour franchir les seuils qui barrent la plupart des

marigots, les cuvettes sont inondées. L'inondation peut se faire par l'amont ou

l'aval des marigots, à partir de Ronq ou de Dakar-Bango lorsque la crue du

fleuve atteint Saint Louis. Enfin, lorsque la décrue s'amorce à partir d'octobre,

les cuvettes et les marigots s'assèchent partiellement ou totalement.

En régime d'étiage, lorsque le débit du fleuve passe en dessous de 300 m3/s,

et à la faveur d'une faible pente de la basse vallée (inférieure à 0,05 %), les

eaux marines envahissent le lit mineur et ses défluents.

On avait donc un écoulement alternatif: eau douce avec la crue, eau salée

en décrue.

Cette langue salée attéignait chaque année la ville de Richard-TolI, et même

Podor situé à 292 km de l'embouchure, une année sur pix (Doc. 2).

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Source: J.Y. GAC et al 1986,

STATIONS Saint Louis Dakar-Bango Ronq Gorom Richard-Toll

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Situation geo!)raphique des stations de conLr61e de saliniLé

Doc. 2EVOLUTION SAISONNIERE DE LA SALINITE (%0)

D'OCTOBRE 1982 A JUIN 1983DANS LE DELTA DU FLEUVE SENEGAL

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On s'aperçoit que pendant une bonne partie de l'année, l'eau du fleuve interdit

toute utilisation agricole.

Afin de protéger le bassin de l'axe Gorom-Lampsar contre les inondations en

période de crues et les remontées salines en période de décrue, les pouvoirs

publics entreprennent de nombreux travaux.

1.4.2. Le réqime hydraulique artificiel (Fig. 4)

Durant la période coloniale

A partir 1884, la mise en service des barrages de Dakar-Bango, Ndiaoudoun,

Makhana et Keur Samba Sow permet la constitution de la reserve d'eau douce

de Saint Louis. Il s'agit d'ouvrages vannés.

L'alimentation de cette réserve pouvait se faire par l'amont, mais aussi par

l'aval, lorsque les eaux de crue du fleuve atteignaient Saint Louis. On fermait

les vannes, au moment du retrait des eaux fluviales, afin d'éviter l'intrusion

d'eau marine.

Progressivement, d'autres barrages, en terre ou en dur, sont construits sur des

défluents: Boundoum, Diambar, Demba Diowar, Keur Samba Sow, etc...

Nous reviendrons sur leur fonction.

Après l'indépendance

En 1964, l'O.AD. (Organisation Autonome du Delta) est à l'origine de

l'édification de la digue périphérique sur la rive gauche du fleuve Sénégal

rejoignant à l'ouest l'ancienne digue-route de Dakar-Bango.

D'une longueur de 84 km, elle a pour but de contrôler l'entrée des eaux de crue

dans toute la partie sénégalaise du delta. La hauteur moyenne de la digue

varie, selon la topographie, entre 2 m et 3,50 m. L'hydrologie naturelle est

bouleversée par la construction d'ouvrages à vannes à des cotes qui

permettent de moduler les écoulements des chenaux naturels et l'alimentation

des cuvettes en fonction des besoins et du stade végétatif du riz.

On adjoint ainsi l'ouvrqge de Ronq qui règle l'admission de l'eau dans le chenal

à partir du fleuve Sénégal. Equipée de 7 passes et de 4 pompes totalisant

8500 Ils, la station de pompage de Ronq permet durant cinq mois (de février à

juin), l'alimentation en eau de l'axe Gorom-Lampsar. Durant le reste de l'année,

de juillet à décembre-janvier, l'écoulement est gravitaire à partir de Ronq.

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FigA. RESEAU HYDROGRAPHIQUEET AMENAGEMENTS HYDRAULIQUESDANS L'AXE GOROM - LAMPSAR

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26

Plusieurs ouvrages vannés contrôlent l'écoulement et le stockage de l'eau le

long de l'axe Gorom-Lampsar, individualisant trois biefs indépendants

(S.C.E.T., 1969) :

- le bief amont, de Ronq à Ross Bethio : il comprend plusieurs barrages dont

les plus importants sont le barrage de Boundoum isolant le Gorom amont du

Gorom aval et créant une solution de continuité entre de Gorom amont et le

Larnpsar ; le barrage Demba Diawar qui contrôle l'entrée des eaux de Lampsar

dans le Kassak aval, celui-ci étant séparé du Kassak amont par un canal qui

évacue les eaux de drainage vers la cuvette du Ndiael. L'alimentation se fait

soit gravitairement, soit par pompage à partir de Ronq.

- le bief médian, entre les barrages de Ross Bethio et de Ndiol : ils assurent

une liaison routière entre les deux rives du Lampsar. Ce tronçon est alimenté

soit à partir de Ronq par gravité ou par pompage, soit par l'aval lorsque la crue

atteint Saint Louis.

Le barrage de Ndiol remplace celui de Makhana, qui n'est plus fonctionnel,

dans la fermeture de la réserve d'eau douce de Saint Louis.

- le bief aval, de Ndiol à Dakar-Bango, est constitué des ouvrages évoqués

précédement, auxquels on a adjoint le barrage de Keur Samba Sow, et

assurant l'alimentation en eau douce de la ville de Saint Louis.

Le fonctionnement hydraulique de l'axe se fait en trois étapes: le lessivage, le

remplissage et le stockage.

Fin juillet, au moment de l'arrivée de la crue, toutes les vannes des barrages

présents sur l'axe sont ouvertes. L'écoulement, renforcé par les eaux de crue,

provoque un effet de "chasse d'eau" qui permet le lessivage des eaux

saumâtres ayant fait un très long séjour dans le chenal (environ 7 à 8 mois).(A.

Faye - 1990).

Après cette phase, on ferme le barrage de Dakar-Bango, le remplissage

s'effectue alors de l'aval vers l'amont. Au fur et à mesure on ferme les autres

barrages afin d'isoler les trois biefs de l'axe, permettant ainsi le stockage de

l'eau. Le remplissage du bief aval peut être complété à partir de Saint Louis,

comme nous l'avons expliqué précédemment.

Toutefois, l'on assiste actuellement à un dysfonctionnement du système

hydraulique tel qu'il vient d'être décrit. En effet, le lessivage du bief amont ne

peut plus se faire en raison d'un étranglement croissant du lit mineur dû à une

végétation aquatique très dense. Celle-ci, par son système racinaire produit un

effet de peigne qui freine les écoulements.

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27

Seul le lessivage du bief aval est encore réalisé correctement lorsque la crue

du fleuve atteint Saint Louis. Quant au bief médian, en amont de Ndiol, on ne

peut plus parler de lessivage, les eaux stagnantes étant diluées avec l'arrivée

des eaux de crue à partir du bief aval.

La période actuelle

Elle est marquée par une nouvelle série d'aménagements:

- En 1983, une crue déficitaire à Dagana (226 m3/s) entraîne la remonté du

biseau salé qui menace Ronq.

Précisons que la langue salée reste bloquée en aval de Saint Louis lorsque

l'écoulement du fleuve Sénégal est supérieur à 300 m3/s.

En novembre de la même année on construit le barrage anti-sel en terre de

Kheune, à 114 km de l'embouchure, dont l'objectif est de limiter l'intrusion

saline dans la basse vallée et permettre ainsi l'alimentation en eau douce des

réservoirs du Gorom-Lampsar et du lac de Guiers.

Le barrage de Kheune a été reconstruit deux années consécutives, en 1984 et

1985, après s'être rompu sous les flots de la crue.

Cet ouvrage préfigurait l'actuel anti-sel de Diama.

- Le barrage de Diama, dont la fermeture remonte à novembre 1985, est situé

à une cinquantaine de kilomètres de l'embouchure. Il a pour principale vocation

d'empêcher l'intrusion saline dans la basse vallée au cours de l'étiage.

L'eau salée s'arrête désormais à Diama. En amont, l'eau douce est présente en

permanence. Des mesures de la salinité, après fermeture du barrage, ont

enregistré des taux inférieurs à 0,1 0/00 (J.-Y. Gac, communication orale).

Mais la pleine efficacité du barrage reste tributaire des apports d'eau régulés

ou naturels en provenance de la haute vallée.

- Le barrage de Manantali en fonction depuis 1988, situé sur le Bafing, au

Mali (1200 km de l'embouchure), a ainsi pour rôle de contenir l'onde de crue

pcincipale puis de réguler les écoulements au cours de l'année par des lâchers

réguliers et contrôlés. Pour ce faire, la prise en compte du régime des autres

affluents du fleuve, notamment de la Falémé qui assure 40 % des écoulement

du fleuve Sénégal, est nécessaire au bon fonctionnement de ce barrage­

réservoir. Il faut signaler également que la baisse des précipitations sur le

Fouta Djalon limite son efficacité.

L'ensemble du contrôle technique et la gestion de ces grands ouvrages, ainsi

que la réalisation des aménagements qu'ils imposent (édification et/ou

réfection des digues notamment) est placé sous la responsabilité d'un

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28

organisme international crée en 1972, l'O.M.V.S. ( Office de Mise en Valeur du

fleuve Sénégal) composé des trois états riverains Sénégal, Mauritanie et Mali.

Doc. 3. Variation des niveaux d'eau du fleuve Sénégal à Dagana et Rosso

Ce diagramme met en évidence:

- une élévation du niveau d'étiage du fleuve d'environ 30 cm durant la période

1987-1991, ce qui explique que l'écoulement gravitaire soit possible au niveau

de Ronq à la cote I.G.N. + 1,50 m, contre 1,70 m avant les barrages.

- deux crues artificielles au début des années 1988 et 1990

Pour 1994, l'O.M.v.S. prévoit une cote I.G.N. plus 2 m pour le fleuve Sénégal

au niveau de Ronq, ce qui permettrait un écoulement gravitaire durant toute

l'année sans faire appel au pompage (M. Gueye, hydrologue S.A.E.D. ­

communication orale).

Comme nous le verrons ultérieurement, le grand nombre de ces ouvrages

hydrauliques ne manque pas de poser certains problèmes aujourd'hui au

niveau de l'écoulement des eaux dans l'axe Gorom-Lampsar, dont les

répercussions se font sentir notamment sur la biogéographie locale.

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Cegen.

1988

(2) C=ue arti:îcielle en début d'année 1990

Source: tvL DA BOrr. 1993

1967

~ (1) c=ue a:tificielle en début d'ar~ée 1986

Ooc.3 VARIATION DES NIVEAUX D'EAU DU FLEUVE SENEGAL ADAGANA ET ROSSO

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30

I.S. Le peuplement du delta

La région du delta est composite sur le plan ethnique et riche au double plan

de l'histoire et de la civilisation.

Les Wolof, ethnie majoritaire, sont originaires du royaume du Waalo qui

s'étendait sur les deux rives du bas Sénégal, puis ont essaimé vers le sud et

l'est.

A coté des Wolof, dont la date d'occupation n'est pas déterminée, s'intallent

rapidement des minorités de peuplement : Arabo-berbères ou Maures,

Toucouleur, Peul, Serer, ...

L'évolution du royaume du Waalo a été marquée par les luttes nombreuses et

par l'influence du voisin maure, conflit qui s'est perpétué jusqu'à nos jours,

comme en témoignent les récents affrontements de 1989 - 1990.

En 1855, Faidherbe annexe le Waalo à la colonie du Sénégal. C'est la fin du

royaume qui est réduit au cercle de Dagana.

Le delta était une région dépeuplée au temps de la traite et de la conquéte

coloniale. Il y a environ trente ans, au début de l'Indépendance, cette zone ne

comptait que les villages de pécheurs wolofs situés sur les berges du fleuve, et

quelques centaines de pasteurs maures et peuls.

Depuis, les villages ont essaimé dans notre zone d'étude contribuant ainsi à sa

densification (de 30 à 70 hab.lkm2 aujourd'hui) : de part et d'autre de la route

Saint Louis - Dagana et entre le Lampsar et le Djeuss jusqu'à Ross-Bethio ; le

'Iong du Gorom-Lampsar de Ross-Béthio à Boundoum. Les lieux d'habitation

suivent donc une distribution linéaire de part et d'autre des axes naturels et de

communication.

Les villages (hameaux exclus) ont une taille moyenne de 476 habitants, à

l'exception de Ross-Béthio, le gros bourg qui constitue le principal pôle de

peuplement dI,J centre du delta.

Nqus pouvons d'ores et déjà distinguer deux types de villages en fonction de

leur physionomie et de leur site d'implantation:

- au nord est, les villages de Boundoum et de Kassak, gros bourgs situés dans

les zones dépressionnaires, autrefois inondées par la crue du fleuve.

Leur situation relativement enclavée, comparée aux autres villages de la zone,

tient à leur éloignement de la R.N. 2, entre 5 et 14 km.

Implantés au centre des grands périmètres irrigués qui s'étendent à perte de

vue aux alentours, leurs activités sont quasi-exclusivement tournées vers la

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riziculture. Le maraîchage se développe mais il n'y a pas de possibilité de

culture pluviale.

L'élevage est une activité secondaire.

- au sud ouest, la zone de contact cuvettes-diéri concentre un peuplement

dense et plus ou moins continu de part et d'autre de l'axe constitué par le

binôme Lampsar-R.N. 2.

Les communications sont facilitées grâce à la route bitumée Saint Louis­

Dagana.

La plupart des villages sont installés sur les dunes, en position d'abri par

rapport aux anciennes crues du fleuve aujourd'hui maîtrisées : il s'agit de

Mbarigot, Lampsar, Ndiol, Savoigne, Mbeurbeuf, Diagambal Il ...

Là encore les activités sont dominées par la culture irriguée qui occupe la

majeure partie des surfaces agricoles. A côté des casiers rizicoles, sur les

berges des marigots appelées Taak, la culture maraîchère intensive vient

compléter la riziculture, permettant parfois de dégager un surplus

commercialisable.

En année pluviométrique "normale", les cultures sous pluies sont possibles

dans le diéri.

Le gros bourg de Ross-Béthio, auquel sont rattachés de petits hameaux

peuls, comptait 3.105 habitants en 1988.

Cette sous-préfecture du département de Dagana est la principale.

communauté rurale du delta tant par sa taille que par ses activités

économiques.

Sa population est en majorité Wolof (66 %), les Peul représentent le quart des

habitants; les autres ethnies recensées sont les Maures, Toucouleur, Serer,

Bambara, Diola et Mandingues.

Si l'agriculture représente l'activité dominante grâce à la riziculture, commerces

et services témoignent d'une certaine diversification: rizerie de la S.A.E.D.,

bureau de poste, stations service, restaurants, ~ .. offrent des activités salariées.

L'élevage subsiste dans cette région même si ce n'est plus l'activité dominante

comme autrefois. Les plus gros troupeaux pratiquent encore la transhumance

qui les mènent jusque dans le Sine Saloum, à 200-300 km. A leur retour dans

le delta, ils utilisent les périmètres irrigués comme zones de pâturage après les

récoltes. De nombreux parcours pour le bétail ont été maintenus, ce qui

n'empèche pas des heurts parfois violents entre cultivateurs et éleveurs. Ces

derniers, essentiellement peuls, subissent l'extension des périmètres irrigués

qui empiètent sur les pâturages naturels, malgré la protection des parcours par

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la Communauté Rurale de Ross-Béthio. C'est pourquoi l'on rencontre de plus

en plus fréquemment des éleveurs qui, pour survivre, s'accommodent de cette

situation en combinant leur activité initiale à l'agriculture. Nous aurons

l'occasion de revenir sur ce phénomène de diversification des activités.

Au total, l'axe Gorom-Lampsar apparaît comme une zone de concentration du

peuplement, où l'agriculture tient la première place grâce à la riziculture.

Celle-ci est omniprésente et repose sur les aménagements hydro-agricoles qui

constituent une des composantes principales de l'environnement.

Notre étude étant articulée autour des impacts des aménagements hydro­

agricoles sur l'évolution des paysages, il est indispensable d'en décrire

maintenant les principaux éléments.

1.6. Les aménagements hydro-agricoles

C'est l'ensemble des ouvrages (digues, canaux, stations de pompage, moto­

pompes, ... ) permettant toutes les phases de distribution (remplissage, entretien

et vidange) et le contrôle du niveau d'eau dans les cuvettes, afin d'assurer une

croissance régulière du riz. Ils complètent ainsi les ouvrages purement

hydrauliques vus précédemment.

Le delta, en premier lieu, est devenu le champ d'un effort d'aménagement

continu dès le début de la période coloniale.

L'introduction de la culture irriguée dans le delta remonte à 1824 avec la

réalisation d'un jardin d'essai à Richard-Toli. Le problème de la maîtrise de la

crue du fleuve ne tarde pas à se poser mais les projets d'aménagement

n'aboutissent pas.

L'année 1938 ma~que un tournant politique et technique avec la création de la

M.A.S. (Mission d'Aménagement du Sénégal) qui conçoit les premiers

aménagements de la rive sénégalaise, notamment à Richard-Toli où plus de

6.000 hectares sont transformés en casiers rizicoles (ils seront reconvertis en

complexe agro-industriel sucrier par la Compagnie Sucrière du Sénégal en

1971 ).

C'est à partir de 1959 que se développe la submersion contrôlée dans le

delta. Ce système consiste à rendre le plan d'eau des cuvettes d'exploitation

indépendant de celui du fleuve par l'édification de digues de protection et le

contrôle du n.iveau d'entrée de l'eau. Ces premiers aménagements sont

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réalisés par l'O.A.V. (Organisation Autonome de la Vallée) et de l'O.A.D.

(Organisation Autonome du Delta).

Mais rapidement se posent les problèmes de redistribution des terres,

d'organisation de la production, de droits fonciers, auxquels il faut rajouter les

tensions socio-politiques à la veille des Indépendances. Le problème de la

maîtrise de l'eau reste entier.

Ainsi, en 1965, la S.A.E.D. (Société d'Aménagement et d'Exploitation des

Terres du Delta) prend-t-elle le relais des divers organismes publics ou semi­

publics dans la promotion de la culture irriguée. Elle poursuit un double objectif

: favoriser la production pour assurer l'auto-suffisance alimentaire des

populations de la vallée et réduire le déficit vivrier du Sénégal d'une part,

peupler le delta en accroissant le niveau de vie des paysans d'autre part. Ses

compétences, qui s'étendent sur toute la vallée, couvrent l'ensemble de la

filière : aménagement, exploitation, encadrement, commercialisation et

transformation du paddy. C'est sous son impulsion que les plus grandes

opérations d'aménagement ont été réalisées, conduisant à une emprise

croissante de l'homme sur l'environnement naturel.

Les aménagements hydro-agricoles ont suivi une progression suivant quatre

phases successives ayant conduit la S.A.E.D. 'à aménager surtout des grands

périmètres couvrant plusiers centaines d'hectares, les paysans étant regroupés

dans des unités autonomes de cinquante hectares (M. L. Kane, 1984) :

- 1961 - 1965 : Aménagements primaires (Doc. 4) avec notamment

l'édification de la digue de ceinture, déjà évoquée, reliant Saint Louis à Ross­

Béthio et qui rend indépendant le plan d'eau des cuvettes de celui du fleuve en

période de crue. Les ouvrages vannés sont construits à l'entrée des chenaux

naturels assurant l'écoulement des eaux. Ces ouvrages doivent limiter le

niveau atteint par le plan d'eau en aval. Il ne s'agit encore là que

d'équipements très sommaires

Ce système est aussi appelé pluvio-f1uvial (semis avec les premières pluies, la

crue favorise la levée et la floraison).

Plusieurs problèmes se posent, dont:

- l'irrégularité des pluies (elles arrivent trop tôt ou trop tard)

- l'irrégularité des crues

En 1968 - 1969, seulement 8,2 % des surfaces sont récoltées par rapport à

celles ensemencées.

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Source: M.L. KANE. 1984

Ooc.5AMENAGEMENT SECONDAIRE

ET GRAVITAIRE

Source : M.L. KANE. 1984

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AMENAGEMENT PRIMAIRE

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Ooc.6AMENAGEMENT SECONDAIRE AVEC POMPAGE ET DRAINS

Source: M.L. KANE. 1984

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35

- 1965 - 1968 . Aménagements secondaires gravitaires (Doc. 5)

construction de diguettes dans la cuvette considérée en vue d'isoler les

différents secteurs les uns des autres, creusement de canaux à fond plat pour

l'irrigation et le drainage desservant les points les plus bas de chaque secteur.

L'irrigation se fait par débordement d'un canal à fond plat.

Principal problème : absence de garantie contre les effets des crues très

faibles. Les mauvais résultats obtenus, 10.000 hectares aménagés sur les

30.000 prévus et un rendement faible (1 à 2 T/ha de paddy) ont conduit les

autorités à engager une nouvelle phase de travaux.

- 1969 -1972. Aménagements secondaires avec pompage (Doc. 6)

Les crues étant insuffisantes pour pratiquer régulièrement la submersion

contrôlée par simple admission gravitaire de l'eau, on adjoint à l'ouvrage de

prise déjà existant une station de pompage. On prélève directement l'eau dans

le fleuve puis on l'achemine par un chenal adducteur à une hauteur telle qu'il y

a une garantie totale de submersion contrôlée des cuvettes.

Ce système permet de pallier l'insuffisance de l'eau en amont et de contrôler le

début de la crue.

Mais l'aménagement secondaire avec pompage offre une place très limitée au

drainage et peut être source' de pollution.

- Depuis 1972. Aménagements tertiaires ( Doc. 7)

On complète les ouvrages précédents par un réseau distinct de drainage et on

effectue un planage des parcelles.

Tous les aménagements gérés actuellement par la S.A.E.D. sont de ce type.

Les aménagements de la première génération concernent les périmètres de

Boundoum, Grande-Digue, Tellel et Kassak : les périmètres sont découpés en

parcelles de 0,5 à 3 hectares regroupées en mailles hydrauliques de 10

hectares ou plus, alimentées par un canal tertiaire. Chaque parcelle peut être

vidangée par un drain tertiaire.

Ces aménagements posent plusieurs problèmes : ils demandent un entretien

continu du réseau, un bon fonctionnement des pompages et la formation

d'encadreurs. Le peu de responsabilisation des paysans appelle un

encadrement sérieux.

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Ooc.7AMENAGEMENT TERTIAIRE AVEC POMPAGE ET DRAINS INDEPENDANTS

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37

A partir de 1974, avec les difficultés de gestion de la S.A.E.D. et la recherche

d'une plus grande sécurité contre les aléas climatiques et hydrauliques, on

introduit les périmètres irrigués villageois (P.I.V.) d'une vingtaine d'hectares

en moyenne sur des zones exemptes de tout aménagement. Ce sont les

aménagements de la deuxième génération: Lampsar, Savoigne, ...

Situés à proximité du marigot ils ne comportent que des canaux primaires et

secondaires (sans drainage). Ils sont aménagés manuellement par des

paysans volontaires qui, en acquérant des moto-pompes, assurent eux mêmes

l'exhaure et l'irrigation du périmètre. Ceci dénote une grande simplicité des

équipements. Chaque paysan dispose d'une petite parcelle (de 0,08 à 0,2

hectares) regroupée avec d'autres dans une maille plus petite que celle des

grands aménagements.: 1,5 hectare en moyenne. L'encadrement plus réduit

conduit à plus de responsabilité de la part des paysans.

Les périmètres irrigués privés, dont la conception s'apparente aux périmètres

irrigués villageois, apparaissent avec les Foyers de Jeunes dans les années

1960. Ils développent des initiatives audacieuses d'aménagement et·

d'organisation des paysans en dehors des structures de la S.A.E.D.. Ils

concernent préférentiellement les jeunes et les femmes.

Ce mouvement va prendre une importance grandissante, impliquant la plupart

des paysans du delta et sera relayé par l'explosion des G.I. E. (Groupements

d'Intérêt Economique) à partir de 1988.

Le cadre géographique de notre étude étant fixé, nous pouvons à partir de ce

moment présenter la méthodologie mise au point dans notre recherche.

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Deuxième partie

APPROCHE METHODOLOGIQUE

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Cette approche vise à répondre à notre problématique et consiste donc àélaborer des méthodes permettant de mesurer l'impact des aménagements

hydro-agricoles sur l'évolution de l'environnement. Cette partie méthodologique

reprend l'ensemble des outils et méthodes que nous avons mobilisés et qui

nous ont été enseignés au cours de notre formation universitaire.

Nous aborderons les difficultés rencontrées à leur mise en oeuvre et

apporterons un regard critique à cette méthodologie.

Nous nous sommes toujours attachée à collecter un maximum de données

comparables dans le temps, ceci dans le but de répondre à une étude

diachronique de l'évolution de l'environnement.

11.1. La bibliographie

Si de nombreuses publications existent sur la vallée du fleuve Sénégal, en

particulier sur la moyenne vallée, elles sont moins abondantes pour le delta et

très peu traitent de l'axe Gorom-Lampsar.

Cette lacune est à mettre en relation avec l'histoire récente du delta; celui-ci a

été longtemps une zone peu peuplée dont les' activités étaient essentiellement

tournées vers l'élevage. Le delta constituait en somme une vaste zone de

pâturage.

.ce n'est que durant la période récente que différents auteurs ont commencé à

s'interesser à cette région. Ainsi, la majeure partie des publications que nous

avons pu consulter sont postérieures aux années 1960.

Un certain nombre de documents contiennent des informations et des données

intéressantes, voire indispensables sur le delta. Plutôt que de reprendre ici les

interêts des uns et des autres, dont nous avons fourni la liste bibliographique

en annexe, nous avons jugé plus utile de décrire les apports e.t les limites de la

bibliographie disponible et dans quel sens elle a guidé notre réflexion.

La recherche bibliographique a été une des premières étapes de notre travail,

après avoir pris connaissance des cartes récentes de 1989 et après photo­

interprétation. C'est un exercice qui nous semble indispensable, pour ne pas

dire incontournable, avant de prendre contact avec le terrain.

Cette recherche bibliographique a été menée en deux temps et suivant deux

objectifs différents.

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A Strasbourg et à la bibliothèque de l'ORSTOM à Bondy, nous nous

sommes intéressée aux interactions santé-environnement, et plus

particulièrement bilharziose-environnement. Il s'agissait de bien cerner de

quelle manière la gestion de l'environnement par l'~omme pouvait avoir une

incidence sur la situation sanitaire.. Ainsi, dans le cas de la bilharziose, les

paramètres physico-chimiques des eaux de surface, conditionnant la présence

ou l'absence des mollusques-hôtes intermédiaires, de cette maladie

parasitaire, sont aussi importants que les modes de vie des hommes dont

dépend la transmission (pression aux points d'eau, migrations, activités,

hygiène, ... ). Une étude de géographie de la santé devrait s'orienter vers un

examen approfondi de tous ces paramètres.

D'une manière générale, la recherche bibliographique nous a permis de

prendre conscience de l'impact potentiel des aménagements hydro-agricoles

sur la santé et la diffusion de certaines maladies (voir notamment les cahiers

du C.E.G.E.T., n° 48,1983).

Au département "Eau et Santé", à Dakar, il s'agissait de cerner davantage la

question et de l'appliquer à l'échelle du de/ta.

La bibliographie concernant les aspects physiques est relativement

abondante: formation du delta, climat, biogéographie, caractères

hydrologiques de l'axe Gorom-Lampsar, ... quoique pour ce dernier point le

fonctionnement originel de l'axe soit un peu négligé au profit du fonctionnement

actuel, c'est-à-dire après aménagements.

Le peuplement et les activités ont été étudiés surtout après 1960. Il nous fallait

donc compléter l'évolution antérieure en guidant nos entretiens sur le terrain

dans ce sens.

Le sujet ayant rapidement été orienté autour des aménagements hydro­

agricoles et de leurs impacts sur l'environnement. il était indispensable d'en

reconstituer l'évolution.

Si cela n'a pas posé de problèmes pour les aménagements hydro-agricoles, il

en fut autrement pour les aménagements hydrauliques. Nous manquons de

renseignements précis quant à /a date de création des plus anciens et le rôle

qu'ils jouèrent à ce moment. Or, certains d'entre eux avaient pour vocation

d'empêcher les remontées salines dans le Lampsar, à ce titre leur efficacité

dans le temps mériterait d'être retracée puisque l'absence de salinité des eaux

peut jouer un rôle déterminant sur la présence des mollusques-hôtes

intermédiaires de la bilharziose. Ces lacunes dans la documentation

concernant l'édification de barrages anciens pourraient être comblées en

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consultant les hydrologues spécialistes du Lampsar,' ou à défaut les archives

du Service de l'Hydraulique à Saint Louis.

Enfin, la bibliographie nous a fourni des renseignements fort utiles qua~t aux

impacts des aménagements hydro-agricoles sur l'environnement, notamment

en ce qui concerne les dynamiques de peuplement et le foncier. Cependant, la

place que tient actuellement l'élevage dans le delta n'est que trop rarement

abordée par les différents auteurs.

L'évolution des paysages, articulée autour des aménagements, nous a amené

à orienter notre réflexion et nos recherches vers les acteurs, les logiques et les

moteurs de ces modifications.

A travers la bibliographie, il s'agissait également pour nous de cerner les

interactions entre les différents domaines étudiés: les hommes, leurs activités,

la gestion de leurs espaces agricoles et non-agricoles.

11.2. Les cartes

Les lieux de collecte furent à Dakar, l'I.G.N. (Institut Géographique National) et

l'O.R.S.T.O.M. ; à Strasbourg, l'Institut de Géographie.

Il s'agissait d'abord de rassembler des cartes topographiques couvrant une

longue période afin d'apporter une profondeur historique à l'analyse du milieu.

Ainsi, plusieurs cartes concernent notre zone, de la plus ancienne à la plus

récente:

- SAINT LOUIS, 1/100.000. Feuille E.28.11.2. I.G.N.,Paris. 1923.

- SAINT LOUIS, 1/200.000. Feuille E.28.11. Service géographique de l'AO.F.,

Dakar. 1943.

Une mise à jour a été effectuée en 1957.

- une série de cartes ëtablies par la M.AS. (Mission d'Aménagement du

Sénégal), en 1954 :

SAINT LOUIS, 1/50.000, feuille Il.2a

ROSS, 1/50.000, feuille 11.2d

GUIERS NORD, 1/50.000, feuille 111.1 c

- enfin, trois cartes récentes couvrant l'ensemble de notre secteur, réalisées

par la mission J.I.C.A en 1989:

SAINT LOUIS, 1/50.000. Feuille NE.28.11 - 2a

SAINT LOUIS, 1/50.000. Feuille NE.28.1I- 2b

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42

SAINT LOUIS, 1/50.000. Feuille NE.28.11 - 2d

Il faut y ajouter un ensemble de cartes au 1/500.000 publiées par l'U.S.A.I.D. 1

D.A.T., " Cartographie et télédétection des ressources de la République du

Sénégal ", en 1986, sur les thèmes suivants:

couvert végétal, dégradation du couvert végétal, hydrologie, sols, aptitudes

pédologiques, géologie,...

Elles nous procurent une vision plus exhaustive des caractères physiques et

biogéographiques de la région, paramètres qui n'apparaissent pas tous sur les

cartes topographiques.

Il n'est pas utile d'insister sur l'intérêt que présentent ces documents pour le

géographe. Grâce à la période, relativement importante, qu'ils couvrent, ils

nous permettent d'appréhender les transformations survenues relatives à:

- la répartition du peuplement

- l'extension du couvert végétal

- le réseau hydrographique

De plus, ils complètent les photographies aériennes permettant d'identifier les

noms des objets géographiques repérés sur ces dernières.

Cependant, ces outils comportent également des limites. Nous avons ainsi pu

noter certaines discordances entre les indications fournies par les cartes de

1989 et nos observations sur le terrain :

- Les périmètres rizicoles indiqués sur les cartes (Saint Louis, 1/50.000, 1989)

correspondent aux superficies aménagées, alors que les superficies réellement

cultivées n'occupent pas tous les espaces rizicoles mentionnés sur les cartes;

certaines parcelles étant momentanément abandonnées ou en voie de

réhabilitation.

- Les superficies en culture pluviale sont surestimées par rapport à notre

constat de terrain.

- Il en est de même pour les zones marécageuses qui couvrent des surfaces

importantes sur la carte. II s'agit, en fait, de steppes autrefois inondables.

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43

11.3 Les données de population

Avant de présenter les données, il nous faut au préalable discuter la notion devillage.

D'après le Bureau National du Recensement (B.N.R.) (1976), "Est considéré

comme village tout ensemble de carrés ou d'habitations pour lequel un chef de

village a été nommé administrativement".

Il s'agit là d'une notion purement administrative, qui sous-entend que le terme

"vill~ge" puisse regrouper plusieurs entités géographiques distinctes.

Les campements peuls, en l'occurrence, présentent une situation complexe du

fait de leur dispersion et de leur rattachement très lâche à un campement

"centre" ou à un village wolof.

Exemples : le village administratif de Ndialam est constitué en fait d'un

"hameau-centre" auquel sont rattachés six "hameaux-satellites" peuls. Le

village de Lampsar présente la même physionomie.

Diagambal 1 comprend deux gros hameaux: Diagambal 1 et Pont Gendarme,

distants l'un de l'autre d'un peu plus de deux kilomètres.

Sur le terrain, on s'aperçoit que la notion de village inclut les hameaux qui lui

sont rattachés, même si plusieurs kilomètres les séparent.

Au contraire, une seule et unique entité géographique peut en réalité être

composée de plusieurs villages administratifs. Toujours d'après le B.N.R., "un

.village administratif peut ne présenter en fait qu'un quartier ou un hameau du

village géographique, parfois même les carrés sont imbriqués les uns dans les

autres.

Nous avons été confrontés à une telle confusion au cours d'un entretien mené

dans le village de Savoigne-Pionnier. Ce que nous prenions pour un seul et

même village regroupait en fait deux villages, totalement imbriqués en un

même lieu géographique, avec chacun leur chef de village: Savoigne-Pionnier

et Biffèche. Sur le terrain, l'habitat ne permettait pas de faire la distinction'entre

ces deux entités administratives. Pour renforcer encore la confusion, la carte

topographique de 1989 ne mentionne pas l'existence de Biffèche ; seul

Savoigne-Pionnier est représenté!

Ainsi, il n'est pas toujours évident de distinguer les villages des hameaux. D'un

point de vue géographique et d'après nos observations sur le terrain, nous

considérerons comme villages ceux dont l'habitat groupé compte au moins 200

habitants.

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Doc.SPOPULATION DES VILLAGES ET HAMEAUX DE L'AXE GOROM-LAMPSAR

Villages Ethnies 1876 1960 1976 1988Amoura Maure 155 107Baridiam Wolof 76 ~6 71 ·BlBiffèche Serer 280 227Bissette 1 Maure 13 103 29Bissette \1 Maure 31 1107 253Boundoum-Barr. Wolof 90 1892 1905Diagamball Wolof 62 619 78~

Diagambal II Wolof 58 161 316Kassak nord Toucouleur 1059 803Kassak sud Toucouleur 810 -l53Larnpsar Peul 397 713 1010Makhana 320 55-t 7-t5Mbarigot -t60 519 665Mbéravc Peul 58 207Mbeurbeuf Peul - 5-t 82 161Mboltognc Wolof 30 393 -t33Mboubéné Peul Peul 27 2-l6 226Ndelle Boye Wolof 57 1090 626Ndialam l-t 38 200Ndiaoudoun HI 515 68-tNdiaye Nguinl Wolof 70 110 32 1295Ndiol Maure Maure 36 79 321Ndiol Peul Peul 238 43-lNdiou~e Mbér. Wolof 17 106 403 612Raynabé 1 Peul 62 356 52-lRavnabé 11 Peul 56 102 188Ross-Béthio Wolof 353 319 2708 3105Savoigne Peul Peul 230 362Savoigne Pionn. Wolof 321 571Taba Treich Maure 65 232 357Thilène Wolof lOI 380 628

Source: BECKER C. et MARTIN V.• 1983.Enquête démographique de 1960.Recensements généraux de 1976 et 1988.

1111111111-11111·111111

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45

Il.3.1. Les sources et leurs limites

Les documents disponibles comprennent à la fois des données quantitatives,

issues des recensements administratifs et nationaux, des enquêtes

démographiques et des données qualitatives concernant l'ethnie dominante

dans chaque village.

Ces données ont été collectées à la Direction de la Statistique de Dakar, à

l'ORSrOM Bel Air pour les répertoires des villages et les travaux de C. Becker

et V. Martin sur les premiers recensements au Sénégal (1983). Signalons

également le gros travail de collecte réalisé par G. Sangli (1992), qui nous a

été très utile.

- Les recensements anciens et les comptages administratifs

Il s'agit de simples dénombrements effectués dans un but essentiellement

fiscal (collecte de la taxe rurale). Le fait qu'en général les jeunes de moins de

quatorze ans et les personnes âgées soient exonérés constitue une première

cause de sous-estimation. On notera également l'intérêt pour les redevables

d'échapper à "impôt, ce qui conduit les chefs de carrés, qui ont pour tâche

généralement de renseigner les agents recenseurs, à surestimer par exemple

le nombre des enfants et les personnes âgées. Les autorités administratives, à

l'image du sous-préfet de Ross-Béthio (Mamadou Bousso) reconnaissent

d'ailleurs les biais liés à ces types de recensements.

Face aux risques d'erreurs qui seraient inhérents à l'exploitation de ces

données, nous nous sommes contentés d'en fournir les résultats pour 1876,

puisque " le recensement le plus ancien serait le plus complet" (C. Becker,

1983), afin de se faire une idée du peuplement à la fin du XIXème siècle dans

notre secteur.

- L'enquête démographique de 1960-1961

Les enquêtes par-sondages sont des outils démographiques qui contournent le

problème de l'exhaustivité difficile à atteindre et ont l'avantage d'être plus

rapides (G. Sangli, 1992). " n'en demeure pas moins que l'enquête manque de

finesse; il Y a souvent perte d'information et il en résulte des chiffres sous­

estimés par rapport à la réalité, d'après C. Becker (communication orale). Les

résultats ne sont fiables qu'à l'échelle de l'ensemble du territoire.

Conscients de la sous-estimation des résultats issus de l'enquête

démographique (réalisée par la Direction de la Statistique de Dakar), nous

exploiterons malgré tout les données de population de 1960-1961 car elles

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46

précèdent de quelques années seulement celles du début des grands

aménagements hydro-agricoles (milieu des années 1960). Ces données nous

permettront de considérer l'état du peuplement avant la phase de mise en

valeur du delta.

Signalons que les enquêtes démographiques peuvent également être utilisées

pour mesurer les flux de population. Un exemple de question que l'on pose aux

habitants: quels sont les évènements survenus au cours des douze derniers

mois? Mais, dans ce cas. la délimitation de la période des douze mois peut

poser des problèmes, relevant entre autre de l'omission des évènements. La

question devient encore plus délicate lorsque l'on fait allusion à des faits plus

anciens (au-delà de 20-30 ans).

- Les recensements généraux

Le Sénégal en compte deux datant de 1976 et 1988.

Ils sont nés de la nécessité pour les autorités politiques de disposer d'une

connaissance exhaustive de la population à l'échelle des villages, afin de

mener à bien les plans de développement économique et social. Face à la

déficience des recensements administratifs, au manque de précision des

enquêtes démographiques et à la carence des statistiques de l'état civil, il

devenait indispensable de procéder à un recensement général. Le Bureau

National du Recensement (B.N.R.) fut créé à cette occasion, en avril 1976, le

second recensement intervenant en mai 1988. Grâce à l'utilisation d'outils de .

traitement de données plus perfectionnés, les résultats semblent relativement

fiables, même si l'on peut craindre là encore une sous-estimation des chiffres

de population, les recensements coloniaux à but fiscal n'ayant pas été

totalement effacés des mémoires.

Il nous faut également relever le fait que l'on n'a pas procédé au même

découpage entre les deux recensements. En 1976, il n'y a pas de distinction

entre les différentes entités géographiques ; on a regroupé l'ensemble de la

population au sein d'un seul et même village administratif. En 1988, en

revanche, le découpage a été plus fin, village et .hameaux (qui lui sont

rattachés) ayant fait l'objet de comptages distincts.

Le fait que l'ensemble de ces données ait été collecté avec des moyens , des

méthodes et des objectifs différents rend les comparaisons délicates entre les

recensements utilisés.

Dans l'ensemble, on ne peut pas considérer que les données de population

soient fiables, eu égard à la sous-estimation fréquente qui les caractérise. De

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47

plus, les chiffres de population recueillis présentent de nombreuses

aberrations, à l'image des exemples suivants:

Ndiaye Nguint passe de 32 à 1.295 habitants entre 1976 et 1988 ;

Bissette Il passe de 1.107 à 253 habitants durant la même période.

Nous pensons que certaines de ces inexactitudes résultent d'un changement

dans le rattachement administratif des hameaux à un village-centre.

Ces observations nous amènent à émettre la plus grande réserve vis-à-vis de

ce type de données statistiques.

Il.3.2. L'exploitation des données

A partir des chiffres de population par village, il nous semble intéressant de

cartographier la dynamique du peuplement sur la période 1960-1988. Nous

utiliserons les données des années-clés 1960, 1976 et 1988.

L'année 1960, nous l'avons signalé, correspond au début des aménagements.

Les années 1976 et 1988 nous fourniront les renseignements démographiques

issus des seuls recensements généraux du Sénégal qui, par leur nature, sont

supposés plus conformes à la réalité.

Le but de cette cartographie est de représenter la localisation des villages et

leur importance par un symbole dont la taille varie en fonction de cette

importance, sur les trois années retenues.

Avant d'établir la proportionnalité entre le cercle et le village, il nous a fallu

. discrétiser l'ensemble des villages de notre zone d'étude. Afin de pouvoir les

comparer sur les trois années retenues, 1960, 1976 et 1989, une classification

unique s'imposait pour l'ensemble de la période. Evidemment s'est posé le

problème de la discontinuité dans la taille des villages, le plus petit comptant

14 habitants (Ndialam en 1960) et le plus grand 3.105 (Ross-Béthio en 1988).

Aussi avons nous réalisé la classification à partir d'un diagramme de

fréquences qui nous a permis de découper la distribution à partir de seuils

empiriques. Enfin, la taille des cercles, calculée à partir-de la racine carrée de

la valeur moyenne de chaque classe, est proportionnelle à un ensemble de

villages regroupés par classes.

Les résultats de cette dynamique pourront ensuite être comparés à l'évolution

des aménagements hydro-agricoles sur la même période, afin d'appréhender

les relations entre ces deux éléments.

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48

Première difficulté: elle a été évoquée plus haut et réside dans le fait que "on

n'a pas effectué le même découpage entre les différents recensements. En

1976, village et hameaux qui y sont rattachés correspondent à la même entité

(de même pour 1960) alors que pour 1988, ce sont deux éléments distincts

dont on connait le poids démographique. respectif. Par conséquent, nous

effectuerons un regroupement village + "hameaux satellites" pour les données

de 1988 afin de pouvoir les comparer à celles de l'enquête démographique de

1960-1961 et du recensement de 1976.

Deuxième difficulté : ne disposant pas de la surface occupée par chaque

village, ceux-ci n'étant pas délimités administrativement dans l'espace, nous ne

pourrons cartographier l'évolution des densités de population.

Afin solutionner à ce problème, nous pourrions envisager de cartogréphier la

charge démographique, c'est-à-dire le poids de la population par rapport à la

surface agricole.

.Nous disposons pour celà des chiffres de population et des superficies

irriguées par village pour 1991. Le nombre d'habitants en 1991 pourrait être

estimé à partir du taux d'accroissement annuel de la population entre 1976 et

1989.

Il resterait alors à se procurer la carte délimitant les superficies irriguées par

village, auprès de la S.A.E.D. à l'Ile de Saint Louis.

L'intérêt que présenterait une telle carte serait de révéler si le poids de la

population par village est cohérent avec les possibilités qu'offrent le milieu, en

l'occurrence la culture irriguée.

Le suivi de l'évolution récente de ce paramètre dépend évidemment des

données susceptibles d'être collectées à la S.A.E.D.

Exemple: LAMPSAR

Aly Djibril Dioum

Gallo Sow

Iba Dione

Malal Sow

Mamadou Sow

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1010 habitants à Lampsar en 1988.

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49

Il.4. les données statistiques fournies par la S.A.E.D.

Elles ont été collectées à la S.A.E.D. de Saint Louis et concernent les

superficies irriguées dans le delta:

- Superficies aménagées par village, en 1990-1991, pour la Délégation de

Dagana dans laquelle est inscrite notre zone d'étude.

Pour chaque village, nous disposons de la liste des périmètres irrigués et, pour

chacun d'eux, les organisations paysannes qui les gèrent (Groupements de

producteurs, Foyers de Jeunes, G.I.E., ... ).

- Superficies aménagées par périmètre (périmètres de Boundoum, Tellel ­

Grande Digue - Kassak et Lampsar) et par type d'aménagements (grands

aménagements S.A.E.D., petits périmètres S.A.E.D., petits périmètres privés),

en 1990-1991 et 1992-1993.

Superficies aménagées par la S.A.E.D. (grands aménagements,

aménagements intermédiaires et périmètres irrigués villageois) et par les

producteurs privés, dans la Délégation de Dagana, de 1984 à 1992.

Ces données sont relatives à trois entités géographiques ou administratives

différentes, correspondant à trois échelles d'analyse:

- La Délégation de Dagana comprend cinq périmètres irrigués dont ceux de

Boundoum, Tellel - Grande Digue - Kassak et Lampsar situés dans notre zone

d'étude et qui couvrent environ les 2/3 de cette délégation. Par conséquent,

même si cette entité géographique déborde le cadre de notre secteur, ses

caractéristiques sont représentatives de la situation qui règne le long de l'axe

Gorom-Lampsar.

- Les périmètres précités qui regroupent en fait un ensemble de parcelles

irriguées situées dans un même lieu géographique.

- Les villages, échelle la plus fine, pour lesquels on a recensé les parcelles

irriguées et les organisations paysannes qui les gèrent.

En reconstituant l'évolution des types d'aménagements à partir de ces

statistiques, nous tenterons d'appréhender les différents acteurs jouant un rôle

dans la gestion de l'environnement. Aux aménagements S.A.E.D. correspond

l'intervention de l'Etat dans la mise en valeur du delta, alors que pour les

aménagements hors S.A.E.D., ce sont les producteurs privés qui y prennent

part.

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50

En somme, ces données devraient nous permettre d'identifier les moteurs de la

dynamique de l'utilisation du sol.

Il.5. Les photographies aériennes

Elles ont été obtenues auprès des services de l'Institut Géographique National

à Dakar pour les photographies de 1978 et 1989, à Paris pour celles de 1954.

11.5.1. Présentation

Nous avons utilisé trois séries de photographies aériennes, panchromatiques,

couvrant la totalité du terrain de notre étude:

-la mission AO.F. de janvier 1954, 087, au 1/50.000 (20 exemplaires).

N° 26-27-28-37-38-39-40-54-55-56-57-73-74-75-76-77-85-86-110-111

- la mission I.G.N. d'octobre 1978, NE-28.11 - III. au 1/60.000 (14

exemplaires).

N°48-49-50-89-90-91-92-1 07-108-109-110-172-173-174-175-176-182-183-184

-la mission J.l.e.A de mars 1989, CT-SGN, au 1/60.000 (15 exemplaires).

N° 6-7 (L2), 6-7 (L3), 3-4-5-6 (L4), 3-4-5-6 (L5), 4-5-6 (L6)

La photo-interprétation comme méthode d'analyse est devenue si classique

qu'il nous a paru inutile de revenir sur ses conditions techniques.

1.5.2. Buts et domaine d'investigation

La comparaison e'!tre les trois missions 1954, 1978 et 1989 devrait nous

permettr~ de dresser le bilan des transformations de certains aspects du

paysage pendant la période considérée et d'appréhender les questions que

peuvent soulever de telles transformations.

Il s'agissait notamment de suivre l'évolution des superficies irriguées et des

cultures pluviales d'une part, de la végétation terrestre et aquatique d'autre

part.

Les résultats de la photo-interprétation quant à eux permettent d' orienter les

entretiens de terrain autour de problèmes révélés par cet examen.

La photographie aérienne est l'outil qui mieux que tout autre révèle

l'organisation'spatiale d'ensemble des paysages. Ainsi avons nous pu identifier

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les périmètres irrigués au niveau des cuvettes d'unè part, les parcelles de

culture pluviale dans le diéri d'autre part.

11.5.3. Identification

-Les parcelles rizicoles se distinguent des autres parcelles de culture par leur

forme géométrique et leur dessin régulier. La culture elle-même a peu de relief

et lorsqu'elle est suffisamment couvrante présente un aspect lisse.

L'identification se fait surtout par le mode de culture: parcelles inondées, talus

autour des champs lorsque ceux-ci sont à sec.

-La localisation des cultures pluviales est aisée grâce aux haies d'épineux qui

bordent les champs. Les différents type de culture ne sont identifiables qu'à

très grande échelle (1/10.000)

- Les cultures de Taak qui couvrent de petites superficies disséminées sont

difficilement repérables, l'échelle étant trop petite.

- Les contours de la végétation terrestre et aquatique apparaissent nettement.

-En ce qui concerne les lieux habités, ils se distinguent lorsque l'habitat est

groupé. En revanche, pour les petits hameaux isolés, le repérage est moins

aisé et le recours à la carte topographique au 1/50.000 s'impose souvent.

Nous disposons donc de données qualitatives (type de cultures) et

quantitatives (extension des superficies cultivées, irriguées, du couvert

végétal, ... ).

11.5.4. Limites

- Il faut relever que les trois missions étudiées ont été réalisées à deux

saisons différentes: celle d'octobre 1978 correspond à la fin de l'hivernage et

celles de janvier 1954 et mars 1989 se situent au coeur de la saison sèche.

Dans ces conditions, il est difficile de comparer l'extension spatiale des

cultures pluviales entre les deux saisons. Au cours de la saison sèche, il n'y a

pas de mise en culture alors que le mois d'octobre 1978 succède à un mois

très pluvieux (157,5 mm enregistrés à Saint Louis en septem.bre) 1 ce qui laisse

augurer une mise en culture des terres de diéri.

- Une autre difficulté est apparue concernant les parcelles de culture pluviale.

Celles-ci sont bien souvent délimitées par des haies de branchages et

d'épineux parfaitement visibles sur les photographies. Or, ce phénomène peut

induire en erreur puisque l'existence de parcelles encloses ne signifie pas

Page 53: Aménagements hydro-agricoles et évolution de quelques ...horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers18-05/40430.pdf · 1 Il 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 ·1 ·1 Il

52

forcément qu'elles soient cultivées. Ce sont finalement les observations sur le

terrain qui ont corrigé notre jugement à ce sujet, les superficies couvertes par

les cultures pluviales ayant été surestimées d'après la photo-interprétation. Les

parcelles de cultures "reliques" sont nombreuses dans le diéri.

On ne peut donc cartographier les cultures pluviales pour les raisons évoquées

ci-dessus. De plus, leur superficie varie d'une année à l'autre en fonction de la

pluviosité, ce qui rendrait un peu hasardeuse leur cartographie.

- En ce qui concerne les périmètres irrigués, il est très malaisé de distinguer

ceux qui sont cultivés de ceux qui ne le sont pas. Certains sont abandonnés,

d'autres sont en voie de réhabilitation. Il est difficile de les différencier par

rapport à ceux effectivement mis en valeur. De plus, l'exploitation des parcelles

varie d'une année à l'autre. Par conséquent, nous avons choisi d'identifier les

périmètres irrigués cultivables, c'est-à-dire ceux dont les contours sont visibles

dans le paysage grâce aux aménagements.

- Enfin, les échelles des photographies aériennes étant trop petites (1/50.000

et 1/60.000), on ne peut estimer directement sur ces documents la densité du

peuplement végétal par un comptage des espèces.

Il.5.5. Exploitation

Finalement, après photo-interprétation, et compte tenu des difficultés

rencontrées, on a cartographié:

- L'extension des périmètres Irrigués au 1/60.000 en superposant les

résultats de la photo-interprétation de 1978 et ceux de 1989. En 1954, ils

étaient encore absents de notre secteur (Fig. 8. Evolution des superficies

aménagées pour la culture irriguée 1978 - 1989).

- L'évolution de "occupation du sol, à partir des photographies de 1954,

1978 et 1989, avec l'exemple de la cuvette de Baridiam (Fig. 10. Evolution de

l'occupation du sol).

- La progression de la-Végétation aquatique dans le Kassak et le Gorom en

1978 et en 1989, années pour lesquelles celle-ci a été identifiable d'après

photo-interprétation (Fig.9. Progression de la végétation aquatique).

Disposant de ces outils, plusieurs questions répondant à la problématique

essentielle de notre travail, se posent alors:

- Quels sont les moteurs des transformations observées au niveau des

paysages agraires?

Quelles sont les superficies réellement cultivées en pluvial?

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53

Quelles sont les superficies réellement irriguées?

Comment s'expliquent les modifications intervenues dans la densité du couvert

végétal?

La bibliographie, les cartes et les photographies aériennes nous ont permis de

faire un premier découpage de la zone étudiée en deux secteurs homogènes

du point de vue du mode de peuplement, de l'organisation des systèmes

agraires et de la physionomie du réseau hydrographique : le Lampsar amont

et le Lampsar aval.

Les entretiens sur le terrain devaient confirmer ou infirmer ce découpage.

11.6. Les entretiens

La lecture de la bibiographie portant sur le delta a montré que cette zone

n'avait pas fait l'objet d'études aussi nombreuses et poussées que dans la

moyenne vallée. En particulier, il y a peu d'informations sur l'histoire du

peuplement, l'agriculture traditionnelle (souvent considérée comme

négligeable), la situation actuelle de l'élevage et les modifications subies par la

végétation, plus précisément aquatique.

Afin de combler au moins partiellement ces lacunes, les entretiens menés sur

·Ie terrain avec les populations concernées nous semblent être une bonne

méthode d'approche. Par rapport à l'enquête, plus rigoureuse et plus ciblée,

l'entretien est mieux à même de répondre aux objectifs que nous nous sommes

fixés et qui visent à cerner des problèmes très divers, soulevés notamment par

la photo-interprétation.

Les entretiens se sont déroulés durant la deuxième quinzaine du mois de

juillet.

11.6.1. Intérêts

L'entretien constitue une méthode souple, car même si les thèmes et les

questions qui s'y rapportent sont établis à l'avance, il n'en demeure pas moins

qu'au fil de son déroulement il peut appeler d'autres interrogations suivant la

teneur des réponses recueillies. Par là même, l'entretien est susceptible d'être

enrichi par des aspects que l'on avait négligés, voire omis, et qui sont évoqués

spontanément par nos interlocuteurs.

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54

" est inutile d'insister sur le fait que les personnes interrogées, en particulier

les personnes âgées, représentent des mines de renseignements,

renseignements parfois absents de la littérature, grâce à une bonne

connaissance du milieu. Amadou Harnpaté Bâ ne disait-il pas "un vieil homme

qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle".

Enfin, il s'agissait également pour moi de me familiariser avec le terrain et

d'avoir une connaissance, plus concrète et directe, du delta.

Il.6.2. Objectifs

L'un des buts de ce travail est en particulier de vérifier si la zonation

géographique (Lampsar amont - Lampsar aval) établie après examen des

cartes et des photographies aériennes se justifie. Peut-on distinguer, le long de

l'axe Gorom Lampsar, deux zones homogènes, notamment du point de vue du

mode de peuplement et de la gestion des systèmes agraires?

Nos principaux objectifs visent à :

- Comprendre la dynamique de peuplement, imperceptible sur les

photographies aériennes.

- Cerner les logiques paysannes en matière de mise en valeur des sols d'une

part, d'élevage d'autre part.

- Identifier les acteurs et les moteurs de la dynamique foncière.

- Evaluer la part des hommes dans la diminution de la densité du couvert

végétal.

11.6.3. Méthode

- Le premier point consistait à sélectionner les villages à enquêter.

Afin de répondre à ce problème, nous sommes partie de la Fig. 1 "Répartition

et densité des mollusques vecteurs de' la bilharziose dans l'axe Gorom­

Lampsar". En toute logique, notre choix devait së porter vers l'ensemble de ces

villages infestés.

L'échantillonnage ne semblait pas adapté à notre choix. Premièrement, il n'était

pas évident que le découpage réalisé au préalable isolait deux zones

suffisamment homogènes pour effectuer un échantillonnage. En second lieu,

les villages situés dans notre secteur d'étude n'étaient pas suffisamment

nombreux pour justifier une telle méthode.

Par conséquent, il nous a paru plus judicieux de cibler un maximum de

villages de part et d'autre de l'axe, de manière à réaliser une enquête qui soit

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la plus exhaustive possible. Rappelons que nous ne disposions que de deux

semaines et que les entretiens ne constituaient pas le seul objet de notre

séjour dans le delta.

Finalement, 15 villages ont fait l'objet d'entretiens (Fig. 5) :

MAKHANA

MBARIGOT

LAMPSAR

NDIALAM

NDIOL MAURE

MBOLTOGNE

MBEURBEUF

SAVOIGNE PIONNIER et BIFFECHE

SAVOIGNE PEUL

NDIAYE NGUINT

ROSS BETHIO

RAYNABEI

BOUNDOUM BARRAGE

KASSAK NORD

KASSAK SUD

L'ensemble de ces villages, disséminés le long de l'axe Gorom-Lampsar,

représente environ la moitié de ceux qui couvrent notre secteur. Les autres

n'ont pas été enquêtés, soit parce que le chef de village était absent au

moment de nos passages répétés (Diagambal II-Mbodiène), soit parce que

nous manquions de temps.

- En ce qui concerne le déroulement de l'entretien, nous étions assistés d'un

technicien qui faisait office d'interprète.

Notre principal interlocuteur, que nous informions de la nature et de l'objet de

l'enquête, était lé chef du village, mais ceci n'excluait nullement la participation

d'autres intervenants: notables, présidents de groupements de paysans ou de

foyers de jeunes,... Plusieurs personnes pouvaient être présentes sans

forcément prendre la parole. /1 nous faut noter que l'assistance était

essentiellement masculine.

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LOCALISATION DES VILLAGES ENQUETES

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_MBOLTOGHE-NDIOL MAURE

- IALAN

_RAYHABE 1-ROSS BETHIO

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57

- Le questionnaire était nullement directif. Même si nous visions des objectifs

bien précis, des questions spontanées pouvaient survenir en fonction des

réponses obtenues.

- Lors de ces entretiens, la durée impartie aux différents aspects qui nous

intéressaient était assez variable selon la dominante ethnique du village,

l'importance des différentes activités et, surtout, le comportement des paysans

; certains se contentant de répondre aux questions posées, d'autres explicitant

largement leurs réponses et débordant sur de nombreux autres problèmes,

surtout lorsque nous avions plusieurs interlocuteurs en face de nous. La

difficulté pour nous consistait alors à réorienter la discussion selon nos

préoccupations, afin d'éviter la dispersion.

Ces entretiens ont d'ailleurs été l'occasion pour les paysans de discuter de

sujets très variés et en particulier du manque de terres aménagées, de leurs

relations avec la S.A.E.D. et de son rôle actuel, ou encore du manque d'eau

par rapport aux besoins pour l'irrigation.

La durée de l'entretien variait entre 1 h.et 1 h.30.

11.6.4. Contenu

Durant cet entretien, l'accent a été mis sur la gestion passée et présente de

l'environnement, en particulier sur les activités agricoles et sur la capacité des

paysans à s'organiser et les formes de cette organisation, ceci dans l'optique

de cerner les logiques paysannes en matière d'aménagement de l'espace

agricole. Cependant, l'histoire du peuplement, les migrations, l'introduction des

aménagements hydre agricoles, les modifications subies par la végétation, les

disponibilités en eau étaient autant d'aspects qu'il nous fallait clarifier afin

d'appréhender les interactions entre les différentes composantes de

l'environnement.

Le questionnaire était de forme ouverte:

- La première question consistait à savoir quelle était l'ethnie dominante dans

le village et à recenser les autres ethnies représentées..

Puis plusieurs rubriques se succédaient:

- La dynamique de peuplement : date de création du village, origine de la

population, migrations passées et actuelles, ...

- Les activités agricoles étaient plutôt orientées vers les cultures dans les

villages wolofs. plutôt sur l'élevage dans les campements peuls:

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58

l'agriculture irriguée: superficie, cultures, calendrier agricole... ;

l'agriculture pluviale: superficie, cultures traditionnelles et actuelles, évolution

de la production, mise en valeur actuelle;

élevage: nature et importance, zones de parcours, zones de pâture, évo"lution

des itinéraires de transhumance...

- Les aménagements hydro-agricoles : types d'aménagements et date de

création, évolution actuelle, entretien...

- L'organisation sociale de la production : évolution des modes d'organisation

paysanne, domaine de compétence, projets d'organisation future...

- L'évolution du couvert végétal : espèces ayant en partie ou en totalité

disparu, date des derniers feux de brousse...

- La végétation aquatique: localisation, évolution récente en superficie et selon

les espèces, mesures de lutte...

1/.6.5. Limites

- 1/ se posait quelquefois des problèmes de datation de certains évènements,

surtout s'ils étaient éloignés. Il nous fallait alors guider nos interlocuteurs en

leur demandant de situer des évènements par rapport à des faits marquants

comme le début de la sècheresse (années 1970), la création du barrage Diama

(1986), etc...

- Certaines questions étaient habilement contournées ou provoquaient un

embarras. Exemples: d'où provient le bois? à quand remontent les dernières

coupes?

- En ce qui concerne la bonne foi et l'objectivité des personnes interrogées,

elles n'ont pas toujours été de règle, mais il s'agit là d'un problème inhérent à

tout entretien et il revient alors à l'enquêteur de juger de la crédibilité des

réponses recueillies.

Cependant, dans ce domaine, nos interlocuteurs nous ont sembté dans

l'ensemble relativement justes dans les renseignements qu'ils nous

fournissaient; leur spontanéïté faisant preuve d'une apparente confiance.

- Il est évident que cette méthode a permis de recueillir des données

essentiellement qualitatives, celles quantitatives étant difficiles à appréhender

dans ce contexte.

- Enfin, signalons que le temps passé sur le terrain était trop court pour

enquêter l'ensemble des villages de la zone étudiée comme nous "avions

souhaité. Néanmoins, l'ensemble des réponses obtenues étant relativement

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59

concordantes dans chacun des secteurs parcourus, cette méthode nous

satisfait grâce à la richesse des renseignements obtenus.

Il.7. Les observations directes

Elles avaient pour but surtout de vérifier certains problèmes soulevés

notamment par la photo-interprétation.

Pour les parcelles de cultures pluviales, nous en avions délimité les contours

sur les photographies aériennes mais ignorions s'ils correspondaient en réalité

avec l'extension maximale de ce type de culture.

Les observations sur le terrain, complétées par les entretiens, allaient apporter

une réponse à ce problème. Finalement, les superficies cultivées en pluvial

avaient été largement surestimées après interprétation des photographies,

surestimation qui apparaît également sur les cartes topographiques de 1989.

Autre observation qui va à l'encontre des renseignements fournis par ces

mêmes cartes: les zones marécageuses de part et d'autre du Lampsar. En fait,

il s'agit pour la plupart, de zones asséchées et occupées par une steppe

composée d'arbustes et de broussailles.

Les observations directes nous ont également permis de mettre en évidence

des phénomènes imperceptibles sur cartes ou photographies et quasiment

absents dans la littérature:

-Les zones de culture occupées par le maraîchage sur le Taak très souvent, ou

en bordure de canal.

-L'importance de la végétation aquatique dans le lit des marigots.

-L'état des aménagements hydro-agricoles (canaux, parcelles, ... ).

-La densité du couvert végétal et les espèces qui le composent.

Mais surtout, nous avons pu constater à quel point la zone du Gorom-"Lampsar

était humanisée. Cette impression s'était déjà dégagée après un survol du

delta en avion, une semaine avant d'en fouler le sol. Parler ici de paysages

naturels serait une gageure: des périmètres irrigués qui s'étendent à perte de

vue. comme de grandes marquetteries, des stations de pompage, des canaux

d'irrigation et de drainage, des tracteurs, des moissonneuses-batteuses. des

moto-pompes, ...

Tous ces aspects témoignent d'une grande appropriation de l'espace et d'une

emprise de l'homme considérable.

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60

Le moment est venu maintenant de vérifier la validité de la méthodologie à

travers les résultats qui en ressortent.

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61

Troisième partie

SYNTHESE DES RESULTATS

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62

Les résultats présentés ici ne visent pas à l'exhaustivité mais apportent plutôt

des éléments de réponses et des pistes aux objectifs que nous nous sommes

fixés et aux questions évoquées dans la partie méthodologique. Ils tentent

d'évaluer l'impact des aménagements hydra-agricoles sur:

- La dynamique de la population,

- L'évolution des systèmes agraires et des systèmes d'élevage,

- La transformation de la végétation.

111.1. Dynamique du peuplement

111.1.1 Un accroissement de la population le long de l'axe Gorom-Larnpsar

(Fig. 6)

La cartographie de l'évolution du peuplement révèle deux phénomènes:

- Une concentration de la population, préférentiellement sur la rive gauche

du Lampsar, le long de la RN2 jusqu'à Ross-Béthio, puis sur les axes naturels

du Lampsar et du Gorom amont jusqu'à Ronq sur le fleuve.

Le fait que ce soit le marigot qui fixe la population, plutôt que la route, est un

phénomène qui apparaît très clairement au-delà de Ross-Béthio.

- Une augmentation de la population qui suit des rythmes contrastés durant

la période considérée:

1960-1976 correspond à une phase de fort accroissement de la population,

phase au cours de laquelle les villages prennent leur physionomie actuelle.

Exernples:

Ross-Béthio passe de 319 à 2.708 habitants, soit 8 fois plus

Mboltogne 30 à 393 13

Ndiougue-Mbéresse 106 à 403 4

Raynabé 1 62 à 356 6

Le taux de croissance moyenne annuel pour l'ensemble du secteur est de 9,2

% par an. C'est également la période pendant laquelle s'installent des villages

neufs : Boudoum est, Kassak nord et Kassak sud.

Il nous faut préciser qu'en 1960 la densité de population au centre du Delta,

entre le fleuve et le lac de Guiers, était inférieure à 1 habitant 1km2 (S.A.E.D.,

1984).

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63

passe de 2.708 à 3.105 habitants, plus 13 %

393 à 433 10 %.

1976-1988 : l'augmentation de la taille des villages est bien moindre par

rapport à la période précédente. La croissance est ralentie avec un taux

moyen annuel qui n'est plus que de 1,54 % par an.

Exemples:

Ross-Béthio

Mboltogne

Le peuplement de l'axe Gorom-Lampsar, tel qu'il se présente aujourd'hui,

intervient donc surtout au cours de la période 1960-1976. On y compte

actuellement entre 30 et 60 hab.lkm2.

En ce qui concerne les migrations, le delta n'a pas été le siège de

mouvements de population importants comme dans la moyenne vallée.

Toutefois, il faut se garder d'une généralisation abusive, l'axe Gorom-Larnpsar

présentant une situation particulière à l'intérieur du delta. Il semblerait, en effet,

que les villages situés le long de l'axe ne soient pas concernés, ou à un degré

moindre, par les migrations saisonnières eUou de longue durée qui affectent le

reste du delta.

J.Y. Jamin, J.F. Tourrand et al. (1986) ont remarqué que les taux de migration

"longue durée" sont nettement plus élevés dans les villages n'ayant pas accès

à la riziculture ou éloignés d'un pôle d'emplois.

Dans les villages maures et dans les villages situés sur le diéri, au sud ouest

du delta, le taux est de l'ordre de 5 à 10 % ; dans les villages localisés autour

de Richard-Toll et le long du marigot du Lampsar, il est voisin de 1 %.

On constate, là encore, que l'axe Gorom-Lampsar fait plutôt figure de zone

attractive.

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Nombre d'habitants

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1960

1976

D'après les recensements de 1960-1976-1988

IOUIUUUIlIll&E

1988

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65

111.1.2. Les origines de la population

Deux régions se distinguent de ce point de vue : le Lampsar amont et le

Lampsar aval.

Le Lampsar amont : c'est la zone de colonisation, fruit de la politique du

gouvernement visant à aménager cette partie du delta.

Avant 1965, seul existait le village de Boundoum-Barrage. C'était une zone

vide d'hommes, parcourue seulement par les éleveurs peuls qui exploitaient le

pâturage de décrue pendant la saison sèche pour le gros bétail. Sa mise en

valeur passait par le recours à un peuplement externe.

La politique de colonalisation du delta a été dictée par un souci économique:

aménager les cuvettes et y développer la riziculture sur de grands périmétres

irrigués. Dans le cadre de la loi sur le Domaine national (1964), les zones

pionnières, à vocation agricole, ont été confiées à des sociétés de

développement rural les affectant aux différents usagers en vue de leur mise

en valeur. Cette tâche a été confiée à la S.A.ED., dont l'aire d'intervention,

limitée à l'origine au delta, a été étendue par la suite à l'ensemble de la rive

sénégalaise du fleuve Sénégal et de la Falémé. Des campagnes de

recrutement ont été organisées, la propagande se développant sur le thème de

la riziculture. Entre 1965 et 1969, cinq villages ont été construits dans le delta

pour installer des cultivateurs migrants:

- Boundoum-Barrage (le seul village traditionnel ayant subi un important

mouvement d'immigration), Boundoum est et Boudoum nord peuplés

d'habitants originaires des régions de Saint Louis, Dagana, Louga et de

villages du delta situés le long du fleuve.

- Kassak nord et Kassak sud peuplés de cultivateurs toucouleurs, d'anciens

combattants et d'anciens militaires.

Kassak sud est le village du delta, peut-être même du Sénégal, dont le

peuplement est le plus hétérogène. Aujourd'hui encore, dix groupes ethniques

y sont recensés. venus de toutes les régions du Sénégal. On y compte une

forte proportion d'anciens combattants et d'anciens militaires qui représentent

52.5 % du nombre des chefs de ménage (Doc. 9).

Au terme de ce mouvement de colonisation, à la fin des années 1960, les cinq

villages comptaient un peu plus de 6.200 habitants (G. Sangli, 1992).

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OOC.9COMPOSITION ETHNIQUE DE QUELQUES VILLAGES

Autres

Autres

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Ethnies

Maures

Ethnies

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Maures

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Ethnies

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Source: ML KANE, 1984

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67

La S.A.E.O. a attribué des terres à trente coopératives : au total, 3.500

exploitants dont un tiers n'est pas originaire du delta (p. Seyral, 1969). Les

installations collectives les plus urgentes ont accompagné les aménagements:

écoles, dispensaires, forages.

Lampsar aval : la dynamique du peuplement est plus compliquée ici car de

nombreux villages se sont déplacés; d'autres ont éclaté ou essaimé. Il y a

aussi la disparition de certains villages du diéri et le rattachement à des

villages plus importants.

L'ethnie dominante est Wolof. La littérature (en particulier Delaunay O., Kane

M.L., Metge P.) évoque le cas de villages qui se sont déplacés des marges

vers l'axe Gorom-Lampsar. Ceci s'est confirmé durant nos entretiens dans

certains d'entre eux (Mboltogne, Ndelle Boye, Ndiaye, Ndiol Maure, Savoigne

Pionnier. .. par exemple).

La comparaison entre les cartes anciennes et les cartes actuelles nous permet

de retracer l'évolution de certains d'entre eux. D'après la carte de Saint Louis

de 1923 (1/100.000, Feuille E.28.11.2, IGN Paris), les villages de Ndiaye et de

Mbéresse se situaient à environ 8 km de leur emplacement actuel, dans le

diéri, à proximité du marigot du Ngagne qui rejoignait la cuvette du Ndiael,

avant son asséchement.

On retrouve quelques traces de cette histoire sur le terrain,comme le cimetière

qui est resté dans l'ancien village.

Pour illustrer cette dynamique du peuplement, on pourrait cartographier

l'origine des villages en distinguant les villages de colonisation, les villages

déplacés et les villages anciens, à partir des cartes topographiques. des

photographies aériennes et des données recueillies auprès des habitants. Ceci

suppose l'extension des entretiens à tous les villages de notre zone d'étude.

111.1.3. Le.moteur commun: l'extension de la culture irriguée

Il nous faut préciser que l'influence de ce paramètre dans la dynamique du

peuplement n'est pas exclusif. D'autres facteurs expliquent la répartition de la

population le long du Lampsar : si la RN2, goudronnée dans les années 1950

entre Saint Louis et Ross-Béthio, a pu exercer un certain attrait sur la

population, le marigot du Lampsar a certainement mieux rempli ce rôle. Les

dépressions naturelles qu'il isole (Thilène, Ross-Béthio, Baridiam•... ) ont

permis la culture du riz en décrue lorsque ces zones étaient encore inondées

annuellement par la crue du fleuve. Donc, bien avant les aménagements, la

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68

recherche de l'eau a été un facteur déterminant dans l'installation du

peuplement.

Ce mouvement, qui s'est nettement amplifié à partir du début des années 1960,

a été concordant avec celui de l'aménagement des périmètres irrigués.

Si l'on reprend les deux périodes, 1960-1976 et 1976-1988, auxquelles

correspondent deux rythmes spécifiques d'accroissement de la population (une

période de croissance rapide puis une période de croissance ralentie), ces

derniers peuvent être manifestement corrélés à l'évolution des superficies

aménagées (périmètres S.A.E.D. seuls) :

D'après E. Avice (1960), l'extension de la riziculture dans les cuvettes

naturelles égrénées entre la RN2 et le Gorom-Lampsar a eu, dès 1959, les

conséquences démographiques suivantes:

- diminution de la population des hameaux du diéri ;

- croissance de la population le long de la route (Ross-Béthio, Lampsar, ... ) ;

- déplacement de villages vers l'axe hydrographique (Mbodiène, Mbéresse, ... ) ;

- retour au village de paysans émigrés en ville.

1988

12.937 ha

+ 24,5 %

1976

10.390

+60%

1965

6.500

1960

oDélégation de Dagana

L'évolution de la population a suivi le rythme des aménagements, la

période 1960-1976 correspondant à la mise en place des grands

aménagements.

En 1965, la S.A.E.D. ne prévoyait-elle pas l'aménagement de 30.000 hectares

en riziculture? Même si seulement un tiers de ces aménagements a été réalisé

en 1976, l'extension des superficies Irriguées n'en a pas moins été rapide. A

cette date, l'essentiel des aménagements S.A.E.D. est en place, de même que

la population à proximité des périmètres irrigués.

De 1976 à 1988, à un ralentissement des aménagements S.A.E.D. par rapport

à la période précédente correspond une faible croissance de la population

dans notre secteur d'étude. Cette phase précède celle de la prolifération des

périmètres irrigués privés à partir de 1989 surtout.

-(Source: S.A.E.D., 1990)

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69

Malheureusement, aucun recensement n'a été effectué depuis cette date qui

nous aurait permis de comparer la dynamique du peuplement durant une

nouvelle phase de l'aménagement de périmètres irrigués dans le delta.

Ces observations nous amènent à conclure que l'attrait exercé par les

périmètres rizicoles a joué un rôle déterminant dans la dynamique du

peuplement le long de l'axe Gorom-Lampsar, peuplement qui répondait aussi à

des volontés politiques de mise en valeur.

CRITIQUE DES RESULTATS

Les cartes révèlent de profondes modifications du peuplement le long de l'axe

Gorom-Lampsar et les moteurs de cette dynamique sont identifiés.

- Les cartes de distribution de la population par village mettent en évidence un

accroissement de population sur la période 1960-1989 et nous donnent une

image synthétique de l'évolution du peuplement dans notre zone d'étude.

- Cependant, ces cartes ne révèlent pas un paramètre intéressant qui est la

pression humaine. Or, il s'agit là d'un facteur déterminant en géographie de la

santé ; son rôle ayant été analysé par de nombreux auteurs. Dès 1958, le

Docteur J. Gaud insistait sur ce problème épidémiologique selon lequel "la

concentration humaine, corollaire bien souvent de la mise en valeur du pays

peut augmenter considérablement la fréquence locale des bilharzioses".

Sans entrer dans le détail de ces mécanismes, la forte pression de l'homme sur

l'eau multiplie le risque de contamination si des mesures d'hygiène ne sont pas

prises pour éviter la souillure de l'eau.

On voit là l'intérêt que présen~e une cartographie de l'évolution des densités de

population à pro~imité d'un axe comme le Gorom-Lampsar. Mais, en l'état

actuel, cette cartographie s'avère impossible étant dor:mé que la population ne

peut être rapportée à des surfaces administratives. Le seul indice susceptible

de compenser cette lacune est l'évaluation des densités de population par

hectare irrigué, déjà évoquée dans la partie méthodologique.

- Enfin, un recensement récent nous permettrait de faire le point sur l'évolution

de la population depuis 1989, date du dernier recensement, et de la comparer

à la récente extension des périmétres irrigués privés. Ce qui répondra à la

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70

question suivante : l'extension récente des périmètres Irrigués dans l'axe

Gorom-Lampsar, depuis 1988-1989, a-t-elle eu un impact sur la dynamique du

peuplement?

Les seuls recensements récents, dont nous pouvons disposer, sont les

recensements administratifs réalisés, en principe, tous les ans. Ils nous

fourniraient tout au moins une estimation de l'évolution de la population durant

ces dernières années, compte tenu des nombreux biais qui les caractérisent, àcommencer par la sous-estimation.

111.2. Evolution des systèmes agraires et des systèmes d'élevage

111.2.1. Rappel des systèmes de production traditionnels avant les

aménagements

Traditionnellement, le delta vivait au rythme des crues du fleuve: eau douce de

juillet-août à novembre, puis remontée de la langue salée durant le reste de

l'année. La culture de décrue, telle qu'on la pratiquait dans la moyenne vallée,

n'était guère possiblë dans le delta. Après la crue, le niveau de l'eau ne

baissait que de 1 à 2 mètres, ne découvrant qu'un terrain étroit sur les pentes

du lit mineur (A Lericollais, 1972).

On pouvait distinguer deux grands systèmes de production dans notre zone

d'étude (J.Y. Jamin et J.F. Tourrand, 1986) (Fig. 7) :

- Le système peul associant l'élevage et quelques cultures pluviales lors des

transhumances dans le diéri.

- Le système wolof basé sur la pêche et l'agriculture, associant le Taak et les

cultures pluviales sur les sols sableux.

cés systèmes traditionnels, à forte spécialisation ethnique, ont été

profondément modifiés par le développement des aménagements.

Deux types de cultures se partageaient l'espace le long de l'axe Gorom­

Lampsar:

- la culture de décrue sur le Taak

- la culture pluviale dans le diéri

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71

Fig.? REPARTITION DES CULTURES PLUVIALES ETDES CULTURES DE TAAK

11111

• cultures pluviales occasionnelles

.. cultures pluviales jamais pratiquées

o cultures pluviales abandonnées

1111

0L....! K_M__-JIJO 1

j cu1tw"es de Taak

~

111111

D'après 1 Y. J.M.1IN et lF. TOURRAND, 1986. l-

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LESENDE

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72

Les systèmes d'élevage traditionnels

Le delta avait une vocation essentiellement pastorale avant les

aménagements.

Le Taak est cette bande de terre sablo-limoneuse formant la berge des

marigots et que l'on peut apparenter au Falo de la moyenne vallée. Ce sont les

caractéristiques physiques qui déterminent ce type de culture.

diéri

2-3 km

cuvetteinondable

..

marigot

Taak

La disponibilité d'eau douce dans les marigots, protégés par les ouvrages

hydrauliques, a permis le développement d'une agriculture de décrue sur le

Taak, proche du jardinage. Traditionnellement, on y cultivait des espèces très

variées comme le manioc, le niébé, la patate douce, la tomate-cerise, le béref,

le bissap... Dans de nombreux endroits, le manioc, facile à commercialiser,

avait pris une place prépondérante dans ces systèmes de culture. Dans

certains villages ( Mbarigot, Savoigne-Pionnier, Mboltogne, Ndiaye, par

exemple ), on tentait même la culture du riz qui se développait avec les

premières pluies; l'arrivée de la crue assurant ensuite le développement de la

plante. Les paysans bénéficiaient en général d'un encadrement par l'O.A.D.

(Organisation Autonome du Delta).

La culture de Taak était très répandue entre Makhana et Diagambal.

Les cultures pluviales concernaient les paysans qui avaient un accès direct

aux terres du diéri. Il s'agissait du Lampsar aval, de Makhana à Ross-Séthio.

On y cultivait le mil, l'arachide, le niébé, le manioc, ... Comme nous l'avons

expliqué plus haut, les villages Wolof qui en avaient la possibilité se sont peu àpeu tournés vers le Taak et la riziculture lorsque le pluvial est devenu moins

intéressant.

1~I

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111

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73

Pendant la saison des pluies, les cuvettes étaient inondées par la crue du

fleuve. A l'exondation, ces dépressions fournissaient d'excellents pâturages

pour les troupeaux des éleveurs peuls qui résidaient dans le delta en saison

sèche (les maures étaient concentrés plutôt au nord et à l'ouest du delta).

Au début de la saison des pluies, les éleveurs transhumaient avec leurs

troupeaux vers le sud, dans le diéri, qui les menaient jusque dans le Sine

Saloum. Puis, au début de la saison sèche chaude, les troupeaux exploitaient à

nouveau les cuvettes.

Les mouvements de transhumance, qui déterminaient un type de parcours,

rythmaient ainsi l'année.

Ils s'agissait d'un élevage extensif basé sur l'exploitation des parcours naturels.

Traditionnellement, les Wolofs confiaient leur bétail aux Peuls.

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- ... - - - - - - - - - - _. -Fig.a.

EVOLUTION DES SUPERFICIES AMENAGEES

POUR LA CULTURE IRRIGUEE

1978 -1989

(Axe Gorom-L.lmpur)

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75

111.2.2. L'extension des périmètres irrigués avec les aménagements hydro­

agricoles (Fig. 8)

A partir de cette carte, nous avons mesuré les superficies aménagées pour la

riziculture et obtenons les résultats suivants:

- En 1978, les grands aménagements S.AE.D. couvrent une superficie

d'environ 3.780 hectares à Boundoum

2.666 " à Te/lei - Grande Digue - Kassak

525 " à Savoigne.

Les périmètres irrigués des agro-industries de la S.a.C.AS. (Société des

Conserveries Alimentaires du Sénégal) et de la S. N.T.1. (Société Nationale des

Tomates Industrielles), à Savoigne, couvrent environ 300 hectares en irrigation

par aspersion. La tomate y occupe une place importante.

Au total, plus de 7.000 hectares de cultures irriguées se répartissent notre

secteur en 1978.

- En 1989, les périmètres irrigués se sont largement étendus de part et d'autre

des marigots, pour atteindre une superficie totale d'environ 21.360 hectares,

soit trois fois plus qu'en 1978.

La vocation agricole du delta, avec la riziculture, s'est vraiment affirmée durant

cette période.

Au niveau du Lampsar amont, ce sont les grands aménagements qui ont été

privïlégiés jusqu'en 1985, alors que le Lampsar aval a plutôt assisté à une

multiplication des P.I.V. (Périmètres Irrigués Villageois). Quant aux périmètres

irrigués privés, ils commencent à s'étendre aux marges des périmètres

S.AE.D. L'extension des périmètres irrigués s'est encore accélérée ces

dernières années grâce à l'intervention des G.1. E. (Groupements d'Intérêt

Economique) et des Communautés Rurales (voir p. 81).

Avant d'approfondir cette question, il nous faut préc::iser l'évolution des autres

systèmes de culture consécutivement à la mise en place des aménagements

hydro-agricoles (cf Fig. 7, p.70).

La culture de Taak a survécu aux aménagements, bien que ceux-ci aient

empiété sur les terres de Taak, et a même connu un nouveau développement

grâce au meilleur contrôle de l'eau qu'ils ont apporté.

Avec le développement de la riziculture, certaines terres de Taak se sont

retrouvées incluses dans les aménagements, d'autres ont été isolées dans des

zones réservées au drainage. La nouvelle maîtrise de l'eau, acquise grâce au

111111111111111111

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111

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11·1

76

pompage, a permis une évolution des cultures de Taak le long du Gorom­

Lampsar vers une irrigation manuelle ou à partir de petites pompes (comme

par exemple les pompes à pédales), reliées aux marigots ou aux canaux

S.A.E.D. D'après nos observations, les cultures maraîchères de Taak

occupent tous les terrains propices à leur développement, que ce soit en

bordure de marigot ou dans des parcelles spécialement aménagées. L'esprit

d'initiative et les occasions ne manquent pas, et ils apparaissent parfois là où

on ne les attend pas forcément. Ainsi, à Savoigne-Peul, maraîchage et

jardinage sont habilement gérés, à côté de la riziculture, grâce aux actions

menées par un jeune du village, ayant suivi une formation à l'Ecole

d'horticulture de Saint Louis. Les espaces agricoles sont rentabilisés au

maximum par une ethnie dont la vocation originelle se trouve plutôt dans

l'élevage.

Les opérations de ce type ne manquent pas, surtout entre Makhana et Ndiaye.

J. Y. Jamin et al. (1986) ont constaté que les besoins monétaires et le

développement des associations féminines, dont certaines ont pour activité

principale le maraîchage, ont introduit quelques légumes tempérés, à côté des

légumes tropicaux, qui sont recherchés sur les marchés urbains ou vendus aux

agro-industries : tomate de table, chou, navet, carotte, oignon, ...

La conséquence en a été, pour la S.a.C.A.S., une nette réduction de ses

superficies cultivées, en tomates surtout, passant de 300 hectares à environ 60

hectares. Il ne subsiste actuellement que deux parcelles sur pivot. Ce sont

désormais les paysans, cultivant leurs petites parcelles, qui fournissent

l'essentiel de la production à la S.a.C.AS. ( Communication orale de M.

Finnois, directeur de la S.a.C.AS.).

A l'heure actuelle, il y a très peu de données relatives aux superficies cultivées

en maraîchage, étant donné qu'elles ne sont pas encadrées par la S.A E.D.

Les cultures pluviales, quant à elles, connaissent un déclin marqué depuis le

début des années 1970 d'après la 'plupart des paysans, ce qui correspond avec

la diminution de la pluviosité. Quelques paysans affirment que la baisse des

précipitations s'est fait sentir plutôt dans les années 1955 - 1960, ce qui n'est

pas incompatible avec les données pluviométriques que nous avons pu

recueillir. (Doc.10)

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Doc. 10 EVOLUTION DE QUELQUES CULTURES PLUVIALES DANSL'ARRONDISSEMENT DE ROSS-BETHIO

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111

77

Source: mspecrion Régionale de l'Agriculture

NIEBE ARAOiIDE

2500 2SOO

2000 2000

1500 1500ha ha

1000 1000

500 500

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années années

MIL8EREF

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années années

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111

78

L'Inspection Régionale de l'Agriculture effectue des sondages pour le recueil

de ce type de données sur la base de divisions administratives (les

arrondissements) qui ne correspondent pas exactement avec notre zone

d'étude. Cependant, leurs résultats peuvent être utilisés à titre d'indicateur

quant à l'évolution 'des cultures pluviales dans l'axe Gorom-Lampsar ; notre

secteur s'inscrivant en presque totalité dans l'arrondissement de Ross-Séthio.

La dernière année, la plus souvent citée par les paysans, pour laquelle la

production a encore été satisfaisante depuis le début de la sècheresse, est

1987, ce qui est cohérent avec la pluviométrie.

On ne peut pas se fier aux photographies aériennes pour évaluer l'étendue de

ces cultures étant donné que les limites des parcelles, matérialisées par des

haies d'épineux, ne correspondent pas en réalité avec les limites des surfaces

actuellement cultivées. Celles-ci sont très variables d'une année à l'autre et

difficilement quantifiables.

Aujourd'hui, on continue ce type de culture lorsque la pluviosité est favorable.

On préfère le niébé et le béref, plantes très peu exigeantes en eau, et qui

arrivent tant bien que mal à produire un peu si l'année n'est pas trop

catastrophique. Le mil et l'arachide sont de moins en moins tentés.

L'extension des périmètres irrigués, avec les aménagements, ont modifié les

systèmes traditionnels d'élevage.

Les pâturages de décrue dans les cuvettes ont vu leur surface s'amenuiser. Le

, long de l'axe du Lampsar, la carte de l'évolution des périmètres irrigués (1978­

1989) montre bien que pratiquement toutes les cuvettes ont été aménagées.

Même pour celles qui ne le sont pas, ou pas encore, l'écoulement des eaux de

crue étant contrôlé par la digue et les ouvrages, l'inondation ne peut plus se

faire, d'où une diminution de la productivité des pâturages de décrue

correspondants.

De plus, les aménagements, surtout avec l'explosion des petits périmètres

privés, ont été conçus sans tenir compte des zones de parcours à réserver

pour le bétail, ce qui contribue encore à réduire la place qu'elles tenaient

autrefois.

Enfin. ces problèmes se sont encore accentués avec la sécheresse, la

productivité des parcours de diéri ayant fortement diminué.

D'après nos observations, les systèmes d'élevage actuels sont de deux types:

- L'élevage transhumant lorsque le cheptel est important et que les sous-

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79

produits issus de la riziculture ne suffisent pas à subvenir à ses besoins

alimentaires.

Les troupeaux partent en transhumance durant l'hivernage et la saison sèche

froide en suivant généralement le parcours suivant : lac de Guiers - Keur

Momar Sarr - Sine Saloum. Puis, leur retour dans le delta survient en fin de

saison froide, vers février - mars, pour être conduits sur les casiers rizicoles.

Les peuls sont toujours spécialisés dans cette activité.

Parmi les villages enquêtés, sont concernés par l'élevage transhumant

Raynabé l, Ross-Béthio, Savoigne Peul, Ndiaye et Boundoum - Barrage.

- L'élevage "villageois" est apparu plus récemment.

Soit le bétail reste à proximité des concessions, disposant des sous-produits

rizicoles et maraîchers (paille de riz, son et farine de riz, adventices, fanes

diverses). " s'agit en général du petit bétail (ovin et caprin), en nombre limité.

Soit il est amené sur les parcelles irriguées en fin de récolte et, si possible,

dans le proche diéri en année pluviométrique "normale" (entre 250 et 300 mm)

pour exploiter les parcours naturels.

Nous avons rencontré ce type d'élevage dans la majeure partie des villages

enquêtés : Makhana, Ndialam, Mbarigot, Lampsar, Mboltogne, Mbeurbeuf,

Kassak nord, Kassak sud et Boundoum-Barrage.

Il s'agit d'un élevage parfaitement adapté à l'environnement actuel du delta.

Avec l'extension probable des périmètres irrigués au cours des proch~3Înes

années, ce type d'élevage intégré devrait se développer.

111.2.3. De l'ère des grands aménagements à l'ère des petits périmètres

irrigués, de l'irrigation communautaire à l'irrigation privée

La carte de l'évolution des superficies aménagées pour la culture irriguée

révèle une extension considérable des périmètres irrigués entre 1978 et

1989. En même temps que la riziculture gagnait du terrain, on passait

progressivement des parcelles géantes aux micro-parcelles avec l'intervention

d'acteurs différents sur le foncier.

Le document ci-dessous illustre cette évolution pour la Délégation de Dagana

dont les 2/3 de la superficie se situent dans notre zone d'étude avec les

périmètres de Boundoum, Grande Digue - Tellel - Kassak et Lampsar. (Doc.

11)

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Source: S.A.E.D.

80

Doc 11

19921991199019891988198719861985

EVOLUTION DES SUPERFICIESIRRIGlIEES PARTYPES D'AMENAGEMENTS DANS LA DELEGATION

DE DAGANA

1984

• Grands 0 Aménagements 0 Périmètres irrigués mPérimètres irriguésaménagements intermédiaires villageois privés

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5000

10000

30000

35000

25000

20000Ha

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81

Nous aborderons ici les questions relatives aux différents types de périmètres

et aux acteurs concernés, l'évolution des aménagements hydro-agricoles

proprement dits ayant été abordée dans la première partie.

- Les grands périmètres classiques sont gérés par la S.A.E.D. qui contrôle à

l'origine toutes les étapes de la production, en plus de l'accès au foncier

(aménagements, prestations mécanisées, fournitures d'intrants, crédit, conseil,

commercialisation ""),

Ils sont de taille importante, de l'ordre de 500 à 1.000 hectares, avec une ou

deux stations de pompage électrifiées. Ces grands périmètres sont dotés

d'aménagements tertiaires. Ils s'étendent surtout en amont de Ross-Béthio.

Exemples: Boundoum, Grande Digue - Tellel - Kassak qui couvrent un peu

plus de 5.000 hectares en 1992.

Leur mise en valeur est communautaire, les paysans étant regroupés dans des

coopératives ou des sections villageoises.

Cependant, les grands périmètres présentent des inconvénients majeurs, à

commencer par le coût élevé et la forte technicité qu'exige leur exploitation.

Ceci explique que leur extension stagne depuis 1985. Actuellement, ils sont

réhabités par la S.A.E.D. en vue de les céder à des producteurs privés. Ainsi, il

s'opère un changem.ent de statut pour les périmètres gèrés par la S.A.E.D.,

ceux-ci étant progressivement privatisés au fur et à mesure du désengagement

de l'Etat (voir ci-dessous).

En aval de Ross-Béthio, on trouve de grands périmètres à parcelles dispersées

groupées en unités autonomes de l'ordre de 200 hectares. Au total, ils couvrent

environ 2.300 hectares dans ce secteur.

- Les périmètres irrigués villageois (P.I.V.) sont créés à partir de 1974 par la

S.A.E.D. afin de répondre à un besoin d'urgence après les sécheresses

prononcées des années 1970.

Rapidement aménageables, ces périmètres ont une superficie réduite, entre

20 et 30 hectares. La S.A.E.D. intervient moins en ne fournissant que les

intrants (engrais, pesticides, ... ). Les paysans disposent d'une réelle autonomie

pour gérer l'eau, la terre et organiser la production.

Dans notre zone, les P.I.V. couvraient en 1992 environ 1.426 hectares. Comme

les grands périmètres, leur superficie semble stagner depuis quelques années.

Ceci est à mettre en relation avec la politique de la S.A. E. D.

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82

Jusqu'au début des années 1980, la majorité des aménagements est sous

tutelle de la S.A.E.D., organisme public que certains considèrent comme

dirigiste et en contradiction avec la réalité du développement à la base, avec

une participation effective des producteurs réduite.

Cet interventionnisme poussé a entraîné des charges de plus. en plus

importantes pour l'Etat et un déficit chronique de la société. 60 % de ce déficit

provient des subventions (prix protégés pour le riz) et la fonction de crédit (A

Lericollais, 1986).

Face à cette situation, dans le cadre d'une Nouvelle Politique Agricole (N.P.A),

le gouvernement décide de procéder au désengagement de la S.A.E.O. en

1984.

Un ensemble de mesures institutionnelles contribuent alors à bouleverser le

système foncier:

- La S.A.E.D. passe au transfert progressif de certaines de ses fonctions, au

profit des producteurs organisés et du secteur privé.

C'est ainsi que I·es fonctions de fournisseur d'intrants et de prestataire de

services mécanisés (aménagement, travail du sol, récolte, battage) sont

privatisées.

- La loi 84-37, instituant la création des G.I.E. (Groupements' d'Intérêt

Economique), permet aux organisations paysannes sans statut d'avoir une

reconnaissance officielle leur facilitant l'accès au foncier et au crédit.

- Cette dernière fonction est assurée depuis 1987 par la C.N.C.AS. (Caisse

Nationale de Crédit Agricole du Sénégal).

- Enfin, en 1987, s'opère la mutation des zones pionnières du delta sous

l'autorité de la S.A.E.D., en zone des terroirs dépendant dès cet instant des

Conseils ruraux émanant des Communautés Rurales. Depuis 1987 donc, les

producteurs s'adressent à ces dernières pour l'accès au foncier, celui-ci étant

assuré à partir du moment où l'on s'engage à cultiver la terre.

C'est la conjugaison de tous ces facteurs qui explique l'extension des

périmètres privés dans notre secteur, surtout à partir de 1989, extension ayant

largement profité du transfert des grands périmètres S.A.E.D. au secteur privé.

- Les petits périmètres irrigués privés: les premiers apparaissent avec les

années de sècheresse, vers 1972 - 1973, avec les Foyers de Jeunes cultivant

des surfaces réduites, de 1 à 10 hectares. Mais comme le révèle le document

11, la multiplication des périmètres irrigués privés intervient en 1989. Couvrant

.de petites surfaces, de l'ordre de 1 à 2 hectares, ils sont pour la plupart gérés

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83

par des G.I.E. On passe de 52 G.I.E. en 1986 à 1.165 en 1989 dans l'ensemble

du delta (P.Y. Le Gal, 1990). Ils sont composés de quelques particuliers, de

familles ou d'associations.

Cette évolution n'a pas profité uniquement au paysans autochtones du delta.

Des néo-ruraux sont venus s'y installer, attirés par les possibilités de gains :

jeunes diplômés, anciens fonctionnaires, commerçants, marabouts, ... Le delta

a alors assisté à une course à la terre, souvent mal contrôlée par les

Communautés Rurales.

On assiste ainsi à un "piratage" des aménagements S.A.E.D., les paysans

reliant les groupes moto-pompes au canaux d'irrigation, voire aux canaux de

drainage, pour l'approvisionnement en eau.

Dans notre zone d'étude, les superficies couvertes par les périmètres irrigués

privés s'élevaient à 16.194 hectares en 1992, ce qui représente 65 % de

l'ensemble des surfaces aménagées, contre seulement 6 % en 1988. (Doc. 12)

Dans l'ensemble, le désengagement de la S.A.E.D., la gestion des zones des

terroirs par les Communautés Rurales et la multiplication des G.I. E. ont

entraîné une privatisation et un morcellement du foncier

1-11111111.-

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111

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Doc. 12EVOLUTION DES SUPERFICIES AMENAGEES

PAR TYPE D'AMENAGEMENT ET PAR PERIMETRE

Superficies aménagées par type d'aménaoement (Ha) .. ::..... :';:::.,::...,....,.,:.:::,....,.,:

Grands aménaoements Périmètres irrigués privés Périmetres irriout}s pn'vés (hors S.A.E.D.J

Pêrimètffis"(..

1990 1992 1990 1992 1990 1992.. ;:':.:::"

BOUNDOUM 2338,09 2427,09 573,93 660,1 8172,1 8344,71GRANDE DIGUE-TELLEL - KASSAK 2508,45 2648,88 140 140 5062,53 5326,62

LAMPSAR 2308,65 2308,65 606,45 626,45 2336,96 2522,67Total 7155,19 7384,62 1320,38 1426,55 15571,59 16194

Source: S.A.E.D.

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85

CRITIQUE DES RESlILTATS

- La photo-interprétation permet d'identifier les périmètres aménagés pour

l'irrigation de manière très satisfaisante. La carte qui en résulte met en

évidence leur extension. De ce point de vue, le recours à cet outil nous parait

donc tout à fait justifié.

Cependant, les casiers réellement exploités par rapport à ceux abandonnés se

distinguent mal. Mais finalement, leur identification est-elle vraiment

nécessaire, compte tenu du caractère irrégulier de leur mise en valeur, d'une

année à l'autre? Ce qui nous importe, c'est j'ensemble des terres aménagées

par rapport à celles qui restent encore à l'état "naturel".

- L'évolution inter-annuelle des superficies irriguées par type d'aménagement,

depuis 1984, a été appréhendée à l'échelle de la Délégation de Dagana

puisque nous ne disposions pas de données équivalentes pour les périmètres

correspondant strictement au cadre de notre zone d'étude. Cependant, les

périmètres qui nous concernent, à savoir Boundoum, Grande Digue - Tellel ­

Kassak et Lampsar couvrent les 2/3 de la totalité des superficies irriguées de la

Délégation de Dagana, comme il a été dit dans la partie méthodologique. Ainsi,

l'évolution observée pour l'ensemble de la Délégation nous a semblé refléter

celle des périmètres de l'axe Gorom Lampsar, à l'exception des aménagements

intermédiaires absents dans ce secteur.

- La succession des aménagements dans le temps, le passage des grands

aménagements aux petits périmètres, n'ont été étudiés qu'à partir de 1984

faute de données plus anciennes. Cette date peut paraître trop récente,

cependant il faut rappeler que durant la période antérieure, ce sont

essentiellement les grands périmètres qui ont eu la préférence des

aménageurs. Ce n'est qu'au début des années 1980 que l'on envisage des

périmètres de taille plus réduite.

1984 semble donc marquer le début d'une nouvelle période en matière

d'aménagements.

- Dans notre étude, nous avons abordé les superficies irriguées à l'échelle du

périmètre. Or, il serait intéressant d'affiner nos recherches en passant à

l'échelle de la parcelle afin d'évaluer les aménagements dont elle dispose (type

de canaux) et leur entretien ; ceci dans le but de mieux cerner les relations

homme-eau, paramètre déterminant dans la diffusion de la bilharziose.

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111

86

Evidemment, ces investigations n'auraient d'intérêt "que si les canaux étaient

infestés de mollusques hôtes-intermédiaires de cette parasitose, ce qui

suppose une enquête malacologique préalable au niveau de ces sites

potentiels de transmission.

111.3. Transformation du couvert végétal

Nous ferons la distinction entre, d'une part la végétation des zones alluviales

et des dunes, d'autre part la végétation aquatique des marigots. Il semble

que les grands changements tant sur le plan quantitatif que qualitatif ne soient

pas intervenus au même moment. Ils se situeraient au début des années 1970

pour le premier type et à partir de 1986 pour le second.

111.3.1. Evolution de la végétation terrestre

Hormis les dépressions dans lesquelles les rizières ont remplacé toute espèce

végétale pré-existante, les superficies occupées par la végétation sur les

reliefs dunaires comme dans les zones alluviales sont semblablement

identiques entre 1978 et 1989.

C'est ce qu'atteste la photo-interprétation qui nous a permis de repérer les

contours du couvert végétal entre les deux dates.

On peut remarquer des différences de densité avec une réduction du

peuplement végétal sur la période 1954 - 1989.

Malheureusement, même en stéréoscopie , il ne nous a pas été possible

d'évaluer la densité du couvert végétal, l'échelle des photographies aériennes

étant trop petite.

Les témoignages recueillis auprès des populations enquêtées confirment tous

une très nette diminution de la densité du couvert végétal avec comme période

de départ celle qui correspond au début de la sécheresse, dans les années

1970. Certains se souviennent d'un Il tapis herbacé dense et continu dont la

hauteur atteignait la taille ".

Sur les dunes stables de la rive gauche du Lampsar occupée par une steppe

arborée et arbustive, la strate ligneuse ne couvrirait que 1 à 3 % du sol (USAID

1 DAT, 1986).

Le corollaire de cette dégradation quantitative a été un appauvrissement des

espèces végétales.

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87

Sur les dunes rouges ogoliennes, occupées actuellement par une steppe

arborée à arbustive, l'espèce dominante est Acacia raddiana à laquelle est

associée Euphorbia ba/samifera et Balanites aegyptiaca. De nombreuses

espèces ont disparu ou ne subsistent qu'à l'état de reliques dont : Grévia

bicolor, Commiphora africana, Acacia albida, Guiera senegalensis, Acacia

senegal, ou encore les baobabs.

Les terrains sablo-Iimoneux ou argileux sont plus ou moins salés. Ils ne portent

qu'une maigre steppe à halophytes à peuplement très ouvert.

Dans les cuvettes de décantation du delta, lorsqu'elles n'ont pas encore été

occupées par les cultures agricoles comme c'est le cas pour celles qui bordent

immédiatement le Lampsar, on trouve encore quelques rares Acacia nilotica,

Acacia seyal ou Tamarix sénégalensis... qui se développent en bosquets

dispersés. C'est surtout un semis d'épineux lâches qui se maintient.

Quant à la mangrove, qui subsiste encore dans les zones marécageuses de

Dakar- Bango où le Lampsar rencontre le fleuve Sénégal, elle a totalement

disparu en amont où sa présence a été attestée par plusieurs témoignages

jusqu'à Savoigne.

111.3.2. Evolution de la végétation aquatique (Fig. 9)

Du point de vue de la densité, elle suit une évolution contraire à la végétation

terrestre puisque l'on assiste à un envahissement des marigots par

différentes epèces depuis la mise en service du barrage de Diama en 1986.

Celui-ci, en stoppant définitivement l'intrusion des eaux salées en aval, a

profondément bouleversé les paysages floristiques aquatiques qui ont vu

apparaître des espèces nouvelles comme la prairie flottante à Pistia (" laitue

d'eau "), les Typhaies (grandes herbes d'un vert foncé qui forment par endroits

~e "véritables jungles aquatiques ou marécageuses" de plus de 4 mètres de

haut). les fougères aquatiques (Azola), les graminées aquatiques et les

roseaux.

Ce phénomène, qui provoque un effet d'étouffement par les algues et les

organismes aquatiques, réduit la superficie des plans d'eau en même temps

que les populations de poissons et leur productivité.

Les eaux saumâtres sont beaucoup plus productives que les eaux douces en

Afrique ( S.A.E.D., 1993 ). En revanche, la présence d'eau douce et d'une

végétation aquatique relativement abondante constitue un milieu favorable à

l'installation des mollusques hôtes-intermédiaires de la bilharziose, dans la

mesure où la végétation leur sert à la fois de support et de nourriture. Cet

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88

envahissement de la végétation est perceptible partout, en particulier en amont

de Ross-Béthio, notamment au niveau du Kassak et du Gorom où ce

phénomène est le plus préoccupant.

A certains endroits, là où le lit se resserre et devient plus sinueux, le couvert

végétal est tellement dense qu'on ne distingue plus la surface de l'eau.

Depuis 1992, à l'initiative de la .S.A.E.D., des curages sont effectués dans le

trançon Boundoum-Ronq, à l'aide de bateaux-faucardeurs. Les paysans eux­

mêmes sont mis à contribution en effectuant un désherbage manuel. Ils sont

rémunérés par la S.A.E.D. Mais ces opérations restent le plus souvent

ponctuelles pour le moment et la végétation ne tarde pas à s'imposer lorsque le

suivi des travaux n'est pas assuré. D'après Massogui Gueye (Hydrologue à la

S.A.E.D. Communication orale), la S.A.E.D. prévoit un entretien régulier des

marigots et une extension à d'autres tronçons à partir de 1994.

Bien que préoccupant, ce problème est moins aigu en aval de Ndiol, sans

doute grâce au lessivage et au remplissage à partir de Saint Louis, lorsque

l'eau douce du fleuve atteint ce secteur vers le mois d'août (voir p.26r

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• Kassalc nord

• Kassak nord

Source: Phot. aériennes 1978 et 1989

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PROGRESSION DE LA VEGETATION AQUATIQUE1978 - 1989

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1978 1

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1989

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111.3.3. Le poids des aménagements...et des autres facteurs

Les aménagements ont eu leur part de responsabilité dans les modifications

subies par la flore du delta:

- La digue de ceinture réalisée en 1964, en provoquant un isolement

hydraulique des crues du fleuve, a privé les zones basses de l'eau et des

limons qui assuraient la régénération de la végétation. La réduction des

pâturages a été accentuée par le fait que les aménagements hydro-agricoles

ont occupé la plupart des cuvettes.

- Les multiples ouvrages qui barrent le lit des marigots ont provoqué un

ralentissement considérable de l'écoulement, favorisant la fixation des racines

et l'envahissement progressif par la végétation aquatique dans des eaux

parfois stagnantes. Les eaux de drainage déversées dans l'axe Gorom­

Lampsar sont chargées en phosphates, entraînant ainsi une eutrofication du

milieu et la prolifération des espèces végétales.

Cette évolution s'est encore amplifiée sous l'effet de la mise en service du

barrage de Diama, assurant ulle alimentation en eau douce pendant toute

l'année dans tous les trançons de l'axe.

Ces aménagements ne doivent cependant pas masquer d'autres facteurs, non

moins importants, intervenant dans la dynamique du couvert végétal:

- La végétation terrestre souffre de la sécheresse persistante du climat et ce

depuis plus de 20 ans maintenant. La faiblesse de la pluviosité, certaines

années, ne permet même pas l'installation d'un tapis herbacé sur le diéri.

Comme les ligneux ne sont pas assez nombreux, les effets des vents

desséchants et des tempêtes de sable sont d'autant plus violents et renforcent

encore l'aridité du climat.

Le stress hydrique, la dégénérescence de la couverture herbacée, le passage

.progressif des arbres aux fourrés et aux plantes xérophiles sont autant

d'indicateurs d'une dégradation de la végétation terrestre.

- Les déboisements et les feux de brousse ont largement contribué à

l'appauvrissement du couvert végétal. Ils touchent aussi bien la strate

arbustive et arborée que la strate herbacée. P. Ndiaye, biogéographe, estime

que la surexploitation, peut être davantage que la sécheresse, doit être mise

en cause dans les fortes réductions du peuplement végétal (communication

orale).

Avant la période de sécheresse actuelle, certaines espèces étaient

particulièrement recherchées pour le bois de feu, le charbon de bois ou le bois

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91

d'oeuvre : Acacia albida, Acacia seya/, Acacia sénégal, Combretum

glutinosum,... En outre, les branchages d'épineux étaient coupés pour

l'édification d'enclos de parcage du bétail ou de protection des cultures

pluviales.

- Enfin, les dégâts occasionnés par le surpâturage sont considérables. Les

nombreux troupeaux de bovins, de caprins et d'ovins du delta qui, en

convergeant au cours de leur transhumance vers les forages, ont éliminé toute

végétation par leur piétinement. Les chêvres ajoutent encore à la destruction

de la couverture végétale en broutant les jeunes pousses des ligneux.

CRITIQUES DES RESULTATS

- Les photo-aériennes au 1I50.000éme ne sont pas satifaisantes pour

l'évaluation de la densité de la couverture arborée. Toutefois, il est possible de

l'estimer à partir d'agrandissements des photographies de 1954, 1978 et 1989 ;

le 1/10.000ème nous semble être une échelle tout à fait acceptable.

On délimite sur la photographie de 1954 une surface d'un hectare ou plus sur

laquelle on effectuera un comptage des arbres pour en déduire une densité de

peuplement végétal à l'hectare. L'o'pération est ensuite renouvellée sur les

autres photographies aériennes, 1978 et 1989, en prenant soin de repérer

exactement la même surface de référence.

La zone ciblée doit être représentative de l'ensemble d'une formation végétale,

en prenant soin de choisir un secteur en zone alluviale et un autre sur les

dunes.

On aboutira ainsi à une estimation de l'évolution de la densité végétale.

- En ce qui concerne la végétation aquatique, sa progression dans le temps est

difficilement quantifiable, d'é!utant qu'il existe encore peu de données à ce

sujet, la gêne qu'~lIe provoque étant récente.

La cartographie de l'occupation du sol dans le secteur de Baridiam, pour les

années 1954, 1978 et 1989, offre une synthèse de l'évolution de

l'environnement, dans une zone représentative du Lampsar aval. (Fig. 10)

Réalisée à partir de la photo-interprétation, elle met en évidence:

- la densification du peuplement le long du marigot;

- l'extension des périmètres aménagés pour la culture irriguée qui s'installent

dans les zones inondées des cuvettes;

- la diminution du couvert végétal;

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92

- les parcelles de culture pluviale dans le diéri, quant à elles, sont délimitées

par des traits discontinus, compte tenu du caractère aléatoire de leur mise en

valeur.

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Fig.1093

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94

TYPOLOGIE

Pour conclure cette partie, nous proposons une typologie qui reprend

l'essentiel des résultats en replaçant notre thématique dans le cadre d'une

étude régionale•

Deux zones homogènes ont été identifiées en tenant compte du peuplement,

des systèmes agraires et des systèmes d'élevage et de la végétation: le

Lampsar amont et le Lampsar aval.

1. Lampsar amont - Gorom (Kassak nord - Ross Béthio )

- C'est la zone des vastes zones dépressionnaires séparées par des levées

fluvio-deltaïques et couvertes par un semis d'épineux; les terres de diéri sont

absentes.

- Le peuplement est récent, en majorité allochtone et regroupé dans des

villages de colonisation issus de la politique d'aménagement mise en place par

l'Etat sénégalais, dans les années 1960, dans le but de valoriser le delta

(Boundoum, Kassak)

- Ces villages sont tous localisés au centre des grands périmètres classiques

aménagés par la S.A.E.D. et bénéficient souvent d'équipements sophistiqués

(stations de pompage, canaux distincts de drainage, parcelles planées, ... ). Il

s'agit des périmètres de Boundoum et Tel/el - Grande Digue - Kassak. Les

petits périmètres privés se sont multipliés dans cette zone, sur les marges des

précédents.

- Les éleveurs pratiquent la transhumance occasionnellement, en année

pluvieuse ; le plus souvent les troupeaux sont conduits sur les parcelles

irriguées où ils consomment les sous-produits de la riziculture.

- Pour le Gorom amont et le Kassak surtout, le lit des marigots, étroit et

sinueux, avec un écoulement très lent voire inexistant, est largement envahi

par la végétation aquatique.

2..Lampsar aval (Ross Béthio - Makhana)

- C'est la zone de contact cuvettes - diéri, où les dunes sont couvertes par une

steppe arborée ou arbustive.

- Les vil/ages de peuplement ancien sont égrénés le long de la RN 2 qui longe

le marigot du Lampsar jusqu'à Ross-Béthio. Cet axe a attiré de nombreux

villages depuis le diéri jusqu'au bord des cuvettes.

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95

- On y trouve plusieurs casiers de 100 à 200 hectares, aménagés par la

S.A.E.D., de taille plus réduite, dans l'ensemble, que les grands

aménagements classiques localisés en amont. Il faut y ajouter les nombreux

périmètres irrigués privés aux équipements sommaires, prélevant quelquefois

l'eau des grands "aménagements S.A.E.D. : Lampsar, Savoigne, Ndiol,

Ndiaye, ...

- L'élevage est plutôt de type "villageois", le petit bétail restant à proximité des

concessions, le reste du cheptel divaguant dans les casiers rizicoles après les

récoltes. Toutefois, les plus gros troupeaux pratiquent encore la transhumance,

notamment ceux de Ross-Béthio et de quelques villages alentours.

- Dans le tronçon Makhana - Ndiol, où le lit du Lampsar est plus large qu'en

amont et les méandres plus lâches, des lâchers d'eau sont effectués une fois

par an d'aval en amont. Ce qui explique sans doute que la végétation

aquatique y soit moins dense qu'en amont.

Le gros bourg de Ross-Béthio marque la transition entre les deux zones.

D'implantation ancienne, son peuplement a été renforcé surtout par la

sédentarisation des peuls et la migration diéri - marigot. Pour le reste, ses

caractères sont communs à ceux évoqués à propos des deux autres secteurs.

Dans le cadre d'une étude de géographie de la santé, il serait intéressant de

vérifier si les deux zones individualisées dans l'axe Gorom-Lampsar

correspondent à des faciès épidémiologiques différenciés.

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96

CONCLUSION

Au terme de cette étude, plusieurs remarques s'imposent quant aux résultats.

D'une manière générale, l'évolution de l'environnement dans l'axe Gorom­

Lampsar ne s'apprécie pas uniquement d'un point de vue purement quantitatif.

Même si nous disposons de données chiffrées nous permettant d'évaluer

l'évolution des superficies aménagées pour l'irrigation, ou encore celle de la

population, les transformations qualitatives induites par les aménagements

hydro-agricoles, tels que les bouleversements des équilibres écologiques et

des milieux de vie, n'en restent pas moins significatifs par leur ampleur.

En l'espace d'une trentaine d'années environ, nous sommes passés, dans

le secteur étudié, d'un milieu que l'on pouvait qualifier autrefois de

"naturel", à un milieu artificialisé et c'est ce qui frappe, en premier lieu,

l'observateur extérieur.

Au début des années 1960, le centre du delta était une vaste zone de parcours

fréquentée par les pasteurs peuls surtout. Aujourd'hui, l'élevage transhumant a

dû laisser la place à l'agriculture, essentiellement l'agriculture irriguée. Les

cuvettes autrefois -inondées par la crue du fleuve se sont transformées en

périmètres aménagés pour la riziculture dont on contrôle l'alimentation en

eau, sur près de 25.000 hectares dans notre zone d'étude. L'extension des

surfaces en eau a été considérable.

La vocation initiale du delta a donc été profondément modifiée au niveau

même des activités des populations rurales. La spécialisation ethnique par

activités tend à s'effacer, les peuls se consacrant de plus en plus à l'agriculture

et les wolofs intégrant progressivement le bétail dans leur système de

production grâce aux sous-produits issus de la riziculture.

En plus de l'exploitation des parcelles rizicoles, les habitants de la région

étendent leurs activités agricoles en cultivant les terres de Taak sur les berges

des marigots. L'eau nécessaire à ce maraîchage est puisée dans ces derniers

ou directement dans les canaux d'irrigation, voire de drainage.

L'agriculture, et plus particulièrement l'agriculture irriguée, en prenant la

première place des activités, a drainé une masse importante de population à

proximité des points d'eau. Les besoins en eau s'étant encore accrus avec la

sécheresse. ce processus a eu tendance à s'amplifier.

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97

L'axe Gorom-Larnpsar a été le siège d'une densification du peuplement

suivant deux logiques. La première est issue de la volonté des autorités

gouvernementales de valoriser le delta par les aménagements et l'installation

d'un peuplement allochtone ; d'où la création ex-nihilo des villages de

colonisation dans le Lampsar amont. La seconde est liée, d'une part à la

nécessité pour les habitants du diéri de se rapprocher des marigots pour leurs

besoins en eau, d'autre part leurs intérêts ont été guidés par la possibilité

d'accéder à la culture irriguée grâce à l'aménagement des cuvettes.

Les écosystèmes, eux aussi, ont été transformés : envahissement des

marigots par la végétation aquatique, diminution de la densité et de la diversité

des espèces arborées.

Toutes ces transformations sont dues évidemment aux aménagements hydro­

agricoles dont le delta a été le lieu privilégié depuis l'époque coloniale et

surtout à partir des années 1960. En assurant la maîtrise des crues du fleuve,

l'arrêt des remontées salines à Diama et l'approvisionnement en eau des

cuvettes grâce aux divers systèmes de pompage et à la multiplication des

canaux, les aménagements ont radicalement transformé les paysages de l'axe

Gorom-Lampsar.

La présence de nombreux équipements lourds (tracteurs et moissonneuses

batteuses), le foisonnement des organisations paysannes et des

aménagements sommaires, dénotent l'existence d'une dynamique de

développement, originale par son intensité, son support social mais également

sa fragilité.

En effet, hier l'Etat, par l'intermédiaire du colonisateur puis des pouvoirs

publics sénégalais, était le seul instigateur et le maître d'oeuvre de l'irrigation

dans le but d'assurer l'autosuffisance alimentaire de la vallée du fleuve

Sénégal. Aujourd'hui, l'Etat se désengage de ce rôle tant les opérations

d'aménagement se sont avérées coûteuses. Même si les populations ne

manquent pas d'initiative pour aménager et exploiter de nouvelles terres, le

recul progressif de l'encadrement par la S.A.E.D. révèle parmi les paysans le

manque de formation, de maîtrise technique et de gestion. Les répercussions

s'en ressentent au niveau du foncier: des parcelles sont aménagées par des

privés, exploitées et souvent abandonnées faute de moyens techniques et

financiers. Plus tard, elles seront réhabilitées par de nouveaux producteurs.

L'avenir de l'agriculture irriguée et, plus généralement celui du delta, repose

sans doute sur la capacité des paysans à faire face au désengagement de

l'Etat.

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En ce qui concerne la méthodologie mise au point afin de mesurer l'impact

des aménagements hydro-agricoles sur l'évolution de l'environnement dans

l'axe Gorom-Lampsar, nous proposons de l'élargir à la télédétection.

Celle-ci autorise le suivi d'un phénomène évolutif dans le cadre d'une étude

diachronique en comparant des images satellitaires correspondant à diverses

dates d'enregistrement. En ce qui nous concerne, il s'agirait d'évaluer·

l'extension des périmètres irrigués afin d'établir une mise à jour des cartes

existantes, l'évolution de la végétation terrestre et aquatique....

L'objectif final est de cartographier l'évolution des paramètres évoqués en

superposant des images satellitaires recouvrant plusieurs dates.

Cette étude diachronique est soumise au respect de quelques conditions:

- Les deux images que l'on désire comparer doivent avoir la même géométrie,

ce qui suppose une correction géométrique de manière à ce qu'elles soient

superposables.

- Pour le suivi des surfaces couvertes pa~ la végétation, les cultures pluviales

et les cultures irriguées, seules des images ayant été enregistrées au cours de

la même saison permettent une comparaison inter-annuelle.

- L'évaluation de la densité de la couverture arborée suppose au préalable des

mesures sur le terrain.

Les méthodes les plus courantes et qui donnent de bons résultats en général

sont l'analyse en composantes principales ou la comparaison d'images

classées à partir d'un indice de végétation.

La résolution au sol des images SPOT (panchromatique eUou XS) permet une

bonne approche à l'echelle régionale.

Enfin, en articulant notre problématique autour des aménagements hydro­

agricoles, nous nous sommes volontairement limitée à leurs seuls effets sur

l'environnement. Or, tous les bouleversements intervenus dans l'axe Gorom­

Lampsar ne peuvent à l'évidence leur être imputés en totalité.

Les aménagements ne sont pas seuls en cause ët il faudrait y adjoindre le rôle

des facteurs bioclimatiques. En l'occurrence, la sécheresse a contribué à

décimer un certain nombre d'espèces végétales et à diminuer le taux de

couverture. Elle porte également sa part de responsabilité dans la

concentration de la population le long des marigots et le déclin de l'élevage.

Les populations ont donc su modifier leur éventail d'activités en fonction des

nouvelles données qui leur ont été proposées (aménagements) ou qui résultent

de l'évolution climatique (sécheresse).

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Quant aux effets sur l'environnement, centrés autour de la dynamique du

peuplement, l'évolution des systèmes agraires et d'élevage et les

transformations de la végétation, ils mériteraient d'être étendus aux caractères

hydrologiques du Gorom-Lampsar. On connait l'importance que revêtent les

facteurs physico-chimiques de l'eau dans la présence des mollusques hôtes­

intermédiaires de la bilharziose. Cependant, l'absence de données anciennes

concernant la température de l'eau, sa salinité, la vitesse du courant ou encore

la variation de hauteur de la lame d'eau, comparables à celles dont nous

disposons, ne nous permettent pas à l'heure actuelle de mener une étude

diachronique de l'évolution de ce paramètre.

Pour conclure, le risque de diffusion de la bilharziose existe bel et bien

aujourd'hui dans l'axe Gorom-Lampsar. L'évolution de l'environnement dans le

sens de l'augmentation des densités de population, donc d'une pression

accrue autour des points d'eau, l'extension des superficies en eau, la pérennité

de l'eau douce dans les marigots et leur envahissement par la végétation

aquatique, ... tout concourt à favoriser le développement de l'endémie

bilharzienne.

Cependant, même si ce risque existe, aucun aménagement n'a été remis en

cause pour des raisons sanitaires, jusqu'à ce jour.

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LISTE DES DOCUMENTS

Page

Doc.1. Variation inter-annuelle des précipitations à Saint Louiset Richard-Toll 20

Doc.2. Evolution saisonnière de la salinité (%0) d'octobre 1982 à juin1983 dans le delta du fleuve Sénégal 23

Doc.3. Variation des niveaux d'eau du fleuve Sénégal à Dagana etRosso 29

DocA. Aménagement primaire 34

Doc.5. Aménagement secondaire et gravitaire 34

Doc.5. Aménagement secondaire avec pompage et dr.ains 34

Doc.? Aménagement tertiaire avec pompage et drains indépendants 36

Doc.B. Population des villages de l'axe Gorom-Lampsar 44

Doc.9. Composition ethnique de quelques villages 66

Doc.10. Evolution de quelques cultures pluviales dans l'arrondissementde Ross-Béthio 7·7

Doc.11. Evolution des superficies irriguées par types d'aménagementsdans la Délégation de Dagana 80

Doc.12. Evolution des superficies aménagées par typed'aménagement et par périmètre 84

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LISTE DES FIGURES

Page

Fig.1. Répa~ition et densité des mollusques dans l'axe Gorom-Lampsar 6

Fig.2. L'axe Gorom-Lampsar 13

Fig.3. Croquis géomorphologique du delta 16

Fig.4. Réseau hydrographique et aménagements hydrauliques dansl'axe Gorom-Lampsar 25

Fig.5. Localisation des villages enquêtés 56

Fig.6. Evolution de la population 1960-1976-1988 64

Fig.7. Répartition des cultures pluviales et des cultures de Taak 71

Fig.8. Evolution des superficies aménagées pour la culture irriguée1978 -1989 74

Fig.9. Progression de la végétation aquatique. 1978 -1989 89

Fig.10. Evolution.de l'occupation du sol. 1954 -1978 -1989 93

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108

TABLE DES MAllERES

Avant - propos

Introduction

Première partie: Composantes de l'environnementdans l'axe Gorom-Lampsar

1.1 Localisation de l'axe Gorom-Lampsar

1.2 Le delta du fleuve Sénégal: une mise en place récente

1.3 La péjoration climatique

lA D'un régime hydrologique à un régime hydraulique

104.1 Le régime hydrologique naturel

104.2 Le régime hydraulique artificiel

1.5 Le peuplement du delta

1.6 Les aménagements hydro-agricoles

Deuxième partie: Approche méthodologique

11.1 La bibliographie

11.2 Les cartes

11.3 Les données de population

11.3.1 Les sources et leurs limites

11.3.2 L'exploitation des données

liA Les données statistiques de la S.A.E.D.

11.5 Les photographies aériennes

11.5.1 Présentation

11.5.2 Buts et domaine d'investigation

11.5.3 Identification

11.504 Limites

11.5.5 Exploitation

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109

11.6 Les entretiens

11.6.1 Intérêts

11.6.2 Objectifs

11.6.3 Méthodes

/1.6.4 Contenu

11.6.5 Limites

II.7 Les observations directes

Troisième partie: Synthèse des résultats

111.1 Dynamique du peuplement

111.1.1 Un accroissement de la population de l'axe Gorom-Lampsar

111.1.2 Les orig ines de la population

111.1.3 Le moteur commun: l'extension de la culture irriguée

Critique des résultats

111.2 Evolution des systèmes agraires et des systèmes d'élevage

111.2.1 Rappel des systèmes de production traditionnels avant les

aménagements

111.2.2 L'extension des périmètres irrigués avec les aménagements hydro­

agricoles

111.2.3 De l'ère des grands aménagements à l'ère des petits périmètres

irrigués, de l'irrigation communautaire à l'irrigation privée

Critique des résultats

III.3 Transformation du couvert végétal

111.3.1 Evolution de la végétation terrestre

111.3.2 Evolution de la végétation aquatique

111.,3.3 Le poids des aménagements... et des autres facteursCritiques des résultats

Typologie

Conclusion

Liste des documents

Liste des figures

Bibliographie

1-

153 ~

153

54 ~

54 157

58 159

61 162 162

65 167

69

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75 1·79 185

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186

86 187

90 191

94 196

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EXTENSION DES PERIMETRES IRRIGUES ENTRE 1978 ET 1989

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LEGENDE

SOURCES: PHOTOGRAPHIES AERIENNES

• MISSION u.r.. OCTOBRE 1978, NE-28.1I-III, 1/60.000

N·48 A50 1 89A 92 , 101 A110 1 172 A 116 1 182 A 184

• MISSION r.t.t.a.. MARS 1989. CT - SGN. 1/ 60.000

N· 6·7 L2 .s- 7L3 , 3AGL4 , 3A , L5 , 4A, L'

C.E.R.E.G. STRASBOURG - ORSTOM DAKAR

CARTE REALISEE PAR C.PHIIjPPEi

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MEMOIRE DE IlE. A.

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