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Mai 2012 : Grâce à Corinne etMichel de PRINCE II qui ontorganisés un beau programme denautique autour des Iles Baléares,ARGO, Ulysse IV et ANCETILE sonten plein préparatifs.

Réglages des moteurs, niveaux d’huile,supervision des batteries et ré-appro enrosé pour les Popeyes ; astiquage desinox, lustrage des vernis, et allers-retours sans fin aux supermarchés pourun avitaillement optimal pour les Olives.Echanges téléphoniques, épluchage desfichiers grib, chek-lists pointées, lerythme s’accélère.

Nous décollons de Golfe Juan le 22 mai,rejoints par Edith et Xavier de l’ARGOdès le lendemain pour caboter pendantquelques jours jusqu’aux îles du Friouleavant la traversée vers l’Espagne. C’està Palamos, le 30 mai, que nousretrouvons avec joie Corinne et Michelde PRINCE II à temps pour une fenêtremétéo idéale pour les 13 heures denavigation.

N’oubliez pas le bestiaire !

Dès les premières lueurs de l’aube, c’estune veille active de chacun pour guetterles premiers dauphins. La chance noussourit, une bande nous accompagne delongues minutes, jusqu’à quatre dans

l’étrave et trois à bâbord qui s’entrainentpour le marineland, puis filent surPRINCE II et ARGO. On les voitparfaitement glisser à quelquescentimètres de la proue. C’est vraimentmagique. Beaucoup de poissons luneaussi. Quel drôle de bestiau ! Tout rond,tout plat avec une gueule de requin etdes nageoires aileron de chaque côté. Legracieux mouvement de la nageoire quisort de l’eau ressemble à celui de lamainde Queen Elysabeth quand elle salue lafoule… Faut dire qu’au début, trompéepar l’aileron j’ai cru à un requin.

Les méduses clapotent gentiment…Elles ne sont plus couleur auberginecomme à Porquerolles mais blanctransparent avec une dentelle noirecirculaire, exactement comme l'iris d'unoeil qui nous surveille.

Une tortue de 30 cm de diamètre longenotre coque. Un adorable rouge-gorgeépuisé fait une halte de deux heures àbord, la flotille se trouvait à 50 miles descôtes! Celui-ci a dû être très content deson bateau-stop.

Le point d’orgue fut deux rorquals deplus de 20 mètres derrière ARGO.Certainement une mère suitée. Nousentendons leurs évents. Tous les filmscatastrophes reviennent en mémoire,saleté de cinéma. Nous sommes avec

1.000 mètres de profondeur. Le tempss’immobilise. Il suffirait d’un coup dequeue pour qu’Argo valdingue, parchance mémère n’a pas envie de jouer.

Minorque la préhistorique

Le charme de Minorque opère dès notrearrivée à Algayarens, sur la côte nord deMinorque le 31 mai. L’île balayée par lesvents offre un paysage doucementvallonné, délimité de murets de pierresèche. La terre rouge et ocre vients’abreuver aux eaux vertes ettranslucides de criques confidentielles.

Le peu de tourisme de juin nous permetde nous prendre pour des Robinsons etde parcourir le cami cavalls (sentiercavalier) d’un pied léger pour ne pasdéranger les sargantanes, lézards à larobe verte et noire paressant sur lestroncs ombragés des figuiers, crissantdes stridulations des cigales. A partir de

4 Grand Banks, 4 mousquetaires,4 îles, en 4… vingt jours

Nautiques 2012

Cap à l'Ouest

maintenant chacun trouve son rythmede croisière : plongée aux oursins,cueillette de bigorneaux, chasse auxraies, contemplation, lecture,bronzette…

Ciutadella la religieuse et Mahonl’administrative

Jamma, Nura, Minerva, MédinaMinurka, l'ancienne capitale deMinorque fini par s'appeler Ciutadella àla conquête d'Alphonse III vers 1287lors de son rattachement à la culturechrétienne. Diminutif de ciudad : ville,Ciutadella : petite ville donc. Petite maisdense.

L'arrivée dans cette faille longue d'unkilomètre, dont l'embouchure de 100mse réduit à la largeur d'une petitebarcasse, est étonnante. Les bateauxsont salués par les gracieux buissons decâpriers en fleurs qui courent le long desrives. Sur les hauteurs, le clocher de lacathédrale, reconstruite sur unemosquée, nous accueille. Pasmal d'êtredans le giron du Très Haut quand onapprend la spécialité locale : la"risssaga" est un phénomène natureltrès curieux consistant en une oscillationgrandissante du niveau de la mer, quivide le port de son eau pour l'y ramenersous forme de vagues de près de 4 m dehauteur... Un peu comme un tsunami !Ce phénomène ne se vérifie qu'en juin,juillet et août. Bon du coup on n'est plustrop regardant sur le ménage à bord, vuque les embarcations terminent en jeuxde mikado...

Pas de quoi nous empêcher d’acheter lescrevettes " au cul " du chalut, de lavariété de celles qui gigotent encoredirecto dans la poêle et de découvrir au" Café Baléar " le Binifadet, unchardonnay classé dans les dixmeilleurs

vins d'Espagne, à la carte du fameux " ElBulli " de Feràn Adrìa.

Une fois grimpés dans la ville, l’attrait sevérifie. Le centre historique n'est queruelles étroites, arcades ombragées,magnifiques demeures seigneuriales,bougainvillées gracieux, beaupatrimoine très bien entretenu dans uneville d'une propreté " suissesque ". Celasaute aux yeux. Pas de papiers gras ausol, pas de tags, pas demégots. Respectdu patrimoine, civisme naturel. Pourautant nous ne sommes pas dans unevitrine destinée aux touristes.

Mahon, à l’extrémité est de l’île, abrite leport naturel le plus grand dumonde. Pasmoins. Nous sommes accueillis dèsl'entrée du port par un énorme solitaire.On avait presque l'impression qu'il avaitété payé par l'office de tourisme pournous faire les honneurs du port. Ou alorsil nous a pris pour un chalutier (ce quiarrive souvent).

Dans ce port de 5 km de long, on ytrouve un hôpital naval du XVIII ème,des îles, des fortins, une forteresse deplusieurs hectares, la "Mola ", construitepar les espagnols pour se défendre desregards libidineux des français et desanglais. L'histoire ne dit pas si elle abeaucoup servie sous Isabel II, mais elleaurait été bien reprise comme prison parFranco qui y collait tous les opposants aurégime jusqu'en 1975. Nous sacrifions àla visite incontournable de la cathédralepour le concert d'orgue quotidien ettouchons au céleste à la cave Xorriguerqui produit " le " ginménorquin à base deraisin et de genièvre. Ca ressemble plusà du " Bols " batave qu'à du Gordonanglais. Y'a pas de pomme mais c'estplutôt gouteux.

Autre rencontre déconcertante, un ...sous-marin ! Noir, il faisait route ensurface, l’équipage en rang d'oignon surle pont dégageant une impression demâle assurance.

Campo de Boyas

Une météo exécrable nous bloque dansla baie de Fornells et son champ debouées salvateur. Amarrage rock’n roll,nous sommes en plein milieu d'unedépression qui nous tournera autourpendant 10 jours. Le mouillage est sûr,le village ravissant, que demander deplus ? Le shipchandler, entre deuxbitogniots d'accastillage, loue aussi desvoitures. Le rêve.

Le cœur de l’île est très rural, agricoleavec une culture céréalière et peu devergers. Peu de constructions à partquelques estancias, fincas et autresexploitations toutes magnifiquemententretenues.

Du haut du mont Toro (357m, le plus

Cala Pregonda - Minorque

Ciutadella

haut de l'île... et le seul), le panoramaestsaisissant. La partie centrale vallonnéejoue au bocage normand avec sesvaches à perte de vue.

La côte nord est déchiquetée à la façondes highlands, on se surprend à espérervoir débarquer Christophe Lambert enkilt

Le sud et l'est, plus arides découvrentdes paysages de pinèdes et de landes,incroyables dans leur diversité et leurpropreté, une sorte de Suisseméditerranéenne déjà évoquée. Lesmaisons pimpantes sont badigeonnéesde blanc, le kikuyu est dru. Lesminorquins sont assurément trèsdifférents du reste des Baléares, mêmedans leur façon de conduire, calme etcourtoisie, c'est dire.

Majorque : pa amb olì et chupito

Après un dernier lever de soleil sur laplage blanche et turquoise de san Saura,nous appareillons le 21 juin pour les 5heures de navigation qui nousconduiront, poco à poco, à Pollença à lapointe nord est de Majorque, sous le capFormentor. Peu de visiteurs à part uneraie et un poisson volant. C’est au portque nous retrouvons avec beaucoup deplaisir Muriel et Guy d’ULYSSE IV. LesMousquetaires sont tous réunis.L’ambiance est au beau fixe, latempérature aussi. Elle a sauté de 26° à34°, ça secoue.

En 21 jours sur Minorque nous n’avonsdormi que 2 nuits au port, à Majorquenous renouons avec le bitume ... et des

ré-appro à bicyclette, mais aussi lesrestaurants (et les tartas whisky pourMichel), les bars à tapas, lesimpromptues avec les voisins de quai.

Ces haltes portuaires nous permettentd’apprécier la clientèle d'été que nous neconnaissions pas... Les pays de l'est ontdébarqués. Mais pas ceux espérés.Clientèle sans grands moyens, peuamènes, négociant tout. Quant auxchinois, c'est l'invasion silencieuse desbazars à 2 balles et des restaus buffetsentrepôts...

La navigation n'est pas une scienceexacte. Ou plutôt si, mais se sont leséléments naturels qui valident le plan deroute. Après différents départs pour lesud puis retours plus au nord pour seplanquer d'un coup de tabac, en passantpar Porto Colom, Colonia San Jordi,enfin l'arrivée à Palma.

Première virée pour la Fondation Pilar iJoan Mirò où, en contrebas de la maisondu XVII ème s'organise un bel espaced'expo et des petits jardins quisurplombent la baie. Surplombent.

Parce que le site est à l'extérieur de laville. Et qu'il n'y a pas d'arrêt de bus, nide station de taxi. Donc auto stop. Unepremière pour Muriel. Le lendemainnous filons visiter cathédrale de la Seuqui domine la mer. Chef d'œuvregothique construit sur le site del'ancienne mosquée (Allah O akbar !!) àpartir du XIVème siècle. La chapelleroyale a été remaniée par Antoni Gaudìvers 1905 et le plasticien Barcelò arestauré la chapelle des SaintSacrements avec un parti priscontemporain qui provoque toujours labataille des pros et des antis. Le Trésorest une splendeur et l'entrée latéraleoffre un balcon sur la mer.

La visite des bains maures voisins nousperd dans un lacis de ruelles fraiches oùchaque porche dévoile des patiosrivalisant de colonnades, d'agapanthesen pots et de balustres tarabiscotées.

C’est à Palma que nous nous séparonsd’Ulysse IV et c’est d’Andratx, baieidéalement située pour la traversée, quenous filons vers Ibiza....Vous avez dit Ibiza...?

Ibiza : mysticisme et gin tonic

La légende veut qu' Ibiza soit surveilléepar sa déesse "protectrice", Tanit. Dèsleur arrivée sur l'île, la déesse décideraitdu sort des nouveaux venus ; soit ilsseront maudits, soit ils deviendront sesprotégés.

Comment ne pas être tenté d’y croire ?Par le plus grand des hasards, la flottilleaborde l’île le vendredi 13 juillet et

Le vieux port de Porto Colom, unebaie pratiquement fermée, un abristout temps

convoie une pêche miraculeuse dePhilippe : un thon Germon de 86 cm etde près de 18 kilos évicéré !

Ondit que l’île Es Vedra, gros rocher prèsdu cap Roig, émet une énergiemagnétique comparable à celle despyramides, qui provoque desphénomènes inexplicables… Le lieuferait partie des triangles d’énergiemystérieuse dans le monde, connus entant que " triangles du silence ". Silencen’est pas le maître mot des hooligansimbibés qui jonchent les trottoirs de SanAntoni. L’île vaut mieux que cettecaricature. Des rochers dans la brumedignes de la baie d’Along, des lagonscéladon, des falaises rougeoyant aucouchant.

Formentera : « beautiful people »

Classée patrimoine de l’humanité parl’UNESCO, une prairie de posidonieocéanique de 8 km s’étend d’ Ibiza aFormentera, dans un environnementmarin de 700 km d’herbiers de la mêmeespèce. C’est l’organisme vivant le plusgrand et le plus ancien sur Terregénétiquement identique depuis100.000 ans.

Oxygénées intensément par cetteposidonie, des eaux turquoise d’unetransparence exceptionnelle nousaccueillent et nous transportent à Tahiti.Alors forcément cela attire du monde.Kate Moss, sur le yacht du fiancé deClaudia Schiffer nous cache un peu lavue. Les photographes se planquent

derrière notre coque. Des hordes de nicepeople, hyppies chics aux corps de rêvess’enduisent de boue d’argile aux creuxdes rochers, méditent sous un pin,saluent le soleil en position du lotus etavalent des litres de mojitos la nuit. Ducoup, nous aussi.

Mais, me direz-vous, si les Baléaresressemblent à la Suisse, aux Highlands,à la baie d’Along et Tahiti ; pourquoi yaller ? Et bien, vous répondrais-je, parceque nous sommes AGBM « Amicauxavec un Grand Banks et surtout en …Méditerranée » !

Cala Sahona, une piscine naturellesur plusieurs hectares... un must a

l'ouest de Formentera

Campo de Boyas...

Protéger les herbiers :

Les champs de Posidonia oceanica (posidonies)sont l'un des écosystèmes méditerranéens les plusimportants. Ils offrent l'alimentation et le refuge deponte pour de nombreuses espèces sous-marines.

Ils produisent de grandes quantités de matièreorganique et de l'oxygène, filtrent l'eau, fixent leCO2, participent à la tenue des sédiments, ils sontla source des sables fins trouvées sur nos plages etles aident à les protéger des tempêtes.

Ainsi, le gouvernement des Baléares à implanté deschamps de bouées pour protéger ces fonds.Pendant la haute saison, ill est obligatoire deréserver sa place pour deux nuits maximum.

Pour lemoment ces installations sont gratuitesmaisdevraient progressivement être payantes.Infos : http://www.balearslifeposidonia.eu

Argo en approche de Palma,devant la cathédrale Seu


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