Transcript
  • Chapitre II

    Sollicitations des milieux continus

    On décrira dans ce chapitre les déformations et les vitesses de déformations

    d’un milieu continu lorsqu’il est sollicité par des efforts externes. Puis on

    introduira la notions d’efforts internes dans un milieu continu, qui peuvent

    être décrits par le tenseur des contraintes.

    OBJET

  • SOMMAIRE

    1. Déformation d’un milieu continu.................................................................................. 21

    1.1 Exemples de sollicitations simples ....................................................................... 21

    1.2 Étude tridimensionnel des déformations............................................................... 25

    1.3 Tenseur des déformations linéarisé....................................................................... 29

    1.4 Applications à des sollicitations simples ............................................................. 31

    1.5 Représentation du tenseur des déformations linéarisé.......................................... 33

    2. Tenseur des vitesses de déformation............................................................................ 34

    3. Conditions de compatibilité.......................................................................................... 35

    2. Efforts appliqués au milieu continu.............................................................................. 36

    4.1 Exemples de sollicitations simples ....................................................................... 36

    4.2 Vecteur contrainte................................................................................................. 37

    4.3 Tenseur des contraintes de Cauchy...................................................................... 38

    4.4 Pression hydrostatique - Déviateur des contraintes............................................. 40

    5. Diagonalisation d’un tenseur symétrique ..................................................................... 41

    5.1 Invariants d’un tenseur symétrique...................................................................... 41

    5.2 Invariants utilisés en mécanique des milieux continus.......................................... 44

    6. Représentation de Mohr des contraintes...................................................................... 46

    6.1 Principe de la représentation de Mohr ................................................................. 46

    6.2 Propriétés du diagramme de Mohr ....................................................................... 50

    1.

  • 21

    1. Déformation d’un milieu continu

    1.1 Exemples de sollicitations simples

    a) Traction/compression d’une barre monodimensionnelle

    Considérons l’allongement ou le raccourcissement d’une barre de longueur initiale lo dans

    la direction x jusqu’à une longueur l l lo= + ∆ (cf. figure 1). La dimension de la section droite

    de la barre est négligeable par rapport à sa longueur. La barre est fixée à l’une de ses

    extrémités (x=0). On suppose que la déformation que subit la barre est identique en tout

    point (homogène).

    l

    x

    x

    t=0

    t>0

    lo

    ∆l0

    0

    U(x) U lo( )

    Fig. 1 - Allongement d’une barre en traction

    Pour définir la notion de “déformation”, l’allongement ∆l l lo= − ne convient pas. En effet,

    une barre de longueur 2lo subissant la “même déformation” s’allongerait de 2∆l. Il convient

    mieux d’utiliser l’allongement relatif, soit:

  • 22

    ε =

    ∆ll

    eno

    ( %) (1)

    avec ε déformation en traction/compression. Comme la déformation est identique tout le

    long de la barre (homogène), le déplacement U des points d’abscisses x s’exprime

    simplement :

    U x lxlo

    ( ) = ∆ (2)

    En effet, on retrouve bien qu’en :

    4.4 x=0 : U(x)=0 (le déplacement est nul à l’extrémité fixe)

    5.4 x= lo : U(x) = ∆l (le déplacement est maximum à l’extrémité libre)

    D’après (2), on montre ainsi que :

    dUdx

    ll

    dUdxo

    = ⇒ =∆

    ε (3)

    On obtient une autre définition de la déformation en traction (compression) à partir du

    déplacement.

    b) Cisaillement simple

    Une plaque de section carrée de côté h dans le plan Oxy est cisaillée d’une distance a suivant

    x comme le montre la figure 2.

  • 23

    0 x

    y

    h

    h

    à t=0à t>0

    a

    a

    M Mo•U•

    Fig. 2 - Déformation en cisaillement simple

    On suppose que la déformation de la plaque est homogène. Un point M xo ,0( ) de la plaque

    au repos se déplace en M. La composantes U du champ de déplacement rU M Mo= se

    calculent en exprimant la tangente, soit :

    Uy

    ah

    =

    On en déduit :

    U yah

    y

    V

    ( ) =

    =

    0(4)

    D’où une autre définition de la déformation en cisaillement simple γ :

    γ = =dUdy

    ah

    (5)

  • 24

    c) Cisaillement pure

    Une plaque de section carrée de côté h dans le plan Oxy est cisaillée à 45° d’une distance a

    suivant x et y comme le montre la figure 3.

    0 x

    y

    h

    h

    à t=0

    à t>0a

    aV

    M

    Mo•

    •M’

    U Mo

    U

    Fig. 3 - Déformation en cisaillement pur

    On suppose que la déformation de la plaque est homogène. Un point M xo ,0( ) de la plaque

    au repos se déplace en M. Un point

    ′ ( )M yo 0, de la plaque au repos se déplace en M’. Les

    composantes U et V du champ de déplacement rU se calculent en exprimant la tangente,

    soit :

    Uy

    ah

    U yah

    y

    Vx

    ah

    V xah

    x

    = ⇒ ( ) =

    = ⇒ ( ) =(4)

    D’où une autre définition de la déformation en cisaillement pure ′γ :

    ′ = = =γ

    dUdy

    dVdx

    ah

    (5)

  • 25

    1.2 Étude tridimensionnel des déformations

    Soit

    rU U V W= ( ), , champ de déplacement; on a vu précédemment que la définition de la

    déformation fait intervenir les dérivées de U, V, W par rapport à x, y, z, autrement dit leurs

    gradients.

    y

    MoPo

    M P

    0

    z

    x

    Ωo

    Ωt

    dx

    rU

    rx

    dxo

    rxo

    Fig. 4 - Déformation (cas général) – Variables de Lagrange

    Le milieu étant déformable, on va chercher à évaluer les déformations autour du point

    matériel Mo en analysant localement le mouvement. Pour cela, regardons comment

    s’exprime le transformé du vecteur infinitésimal dxo défini par le bipoint M Po o dans la

    configuration de référence Ωo (fig.4).

    Par définition du champ de déplacement r rU x to,( ) en variables de Lagrange, on a pour chaque

    composante i :

    x x U x t avec ii i

    oi o= + ( ) =r , , ,1 2 3

  • 26

    Soit encore en différentiant :

    dx dxU

    xdxi i

    o i

    jo j

    o= +∂

    ∂(1)

    Ou encore en écriture vectorielle :

    dx I U dxo= + ∇( )

    r(6)

    avec

    I =

    1 0 0

    0 1 0

    0 0 1

    tenseur identité et ∇rU tenseur du second ordre gradient du déplacement

    tel que :

    ∇ =

    rU

    U

    x

    U

    y

    U

    zV

    x

    V

    y

    V

    zW

    x

    W

    y

    W

    z

    o o o

    o o o

    o o o

    ∂∂

    ∂∂

    (7)

    Le tenseur gradient ou application linéaire tangente, noté F, qui définit localement la

    transformation des bipoints matériels s’exprime :

    F I U= + ∇r

    (8)

    Alors d’après (6) :

    (1) On utilise à nouveau la convention de sommation d’Einstein

  • 27

    dx F dxo= ⋅ (9)

    Problème: On fait subir à une plaque une rotation sans déformation d’un angle θ (voir figure

    5). Si le tenseur gradient du déplacement ∇rU ou le tenseur gradient F, représentent la

    déformation dans le cas d’un mouvement de rotation de corps rigide, ils doivent s’annuler.

    x

    y

    0

    θ

    θ

    M o x,y( )•

    U

    V

    θ

    0Mo

    M

    0M

    Fig. 5 - Rotation d’une plaque

    Le vecteur 0M x yo ,( ) subit une transformation par rotation jusqu’au vecteur 0M x y′ ′( ), .

    Soit :

    =

    x

    y

    x

    y

    cos sin

    sin cos

    θ θ

    θ θ

    En effectuant le produit matrice-vecteur, on obtient :

    ′ = −

    ′ = +

    x x y

    y x y

    cos sin

    sin cos

    θ θ

    θ θ

  • 28

    Le vecteur déplacement rU M M M Mo o= = −0 0 s’exprime donc d’après la relation

    précédente :

    U x y

    V x y

    = −( ) −= + −( )

    cos sin

    sin cos

    θ θ

    θ θ

    1

    1(10)

    Si maintenant on fait l’hypothèse d’une petite rotation ( θ → 0), alors on peut effectuer un

    développement limité au premier ordre des sinus et cosinus, soit :

    U y

    V x

    ≅ −

    θ

    θ

    Nous pouvons maintenant calculer le tenseur gradient du déplacement ∇rU à partir de la

    relation précédente, soit :

    ∇ =

    rU

    0 0

    0 0

    0 0 0

    0

    θ

    θ

    Le tenseur gradient de déplacement n’est pas identiquement nul ! ! Il ne représente donc pas

    la déformation d’un milieu continu, pas plus que F.

    Pour définir la déformation, on va plutôt évaluer la variation de longueur entre deux points

    matériels avant déformation dxo et après déformation

    dx (cf. fig. 4). Ainsi, d’après la

    relation (9), on a :

    dx dx dx Fdx Fdx dx F F dxo o ot

    o2= ⋅ = ( ) ⋅ ( ) =

  • 29

    Avec tF transposé du tenseur F. On a donc :

    dx dx dx F F I dxo o

    to

    2 2− = −

    La différence des longueurs avant et après déformation fait apparaître deux nouveaux

    tenseurs du second ordre symétriques, définis en variables de Lagrange. L, tenseur des

    déformations de Green-Lagrange, et C tenseur de Cauchy (ou encore des dilatations) tels

    que :

    L C I avec C F F

    t= −( ) =1

    2(11)

    Le tenseur des déformations de Green-Lagrange est bien identiquement nul dans un

    mouvement de corps rigide C I=( ) .

    1.3 Tenseur des déformations linéarisé

    En faisant intervenir le champ de déplacement

    rU U V W= ( ), , à l’aide de la relation (8), on

    obtient encore :

    L I U I U I

    t= + ∇

    ⋅ + ∇( ) −

    12

    r r

    Soit finalement :

  • 30

    L U U U U

    t t= ∇ + ∇

    + ∇ ⋅∇

    12

    12

    r r r r(12)

    Ou encore en notation indicielle :

    LUx

    U

    xUx

    Uxij

    i

    j

    j

    i

    k

    i

    k

    j= +

    +

    12

    12

    ∂∂

    ∂∂∂

    ∂∂

    L’expression du tenseur des déformations L en fonction du champ de déplacement (12)

    comporte des termes non-linéaires, lesquels peuvent compliquer sérieusement les calculs. En

    mécanique des solides déformables, il arrive souvent que les déformations soient petites

    (inférieures à 5 %). On introduit alors le tenseur des déformations linéarisé, noté ε , comme

    suit:

    ε

    ε ε ε

    ε ε ε

    ε ε ε

    = ∇ + ∇ =

    ( )

    12

    r rU U

    txx xy xz

    xy yy yz

    xz yz zz x y z, ,

    (13)

    Dont les composantes s’expriment :

    ε∂

    ∂iji

    j

    j

    i

    i

    i

    U

    x

    U

    xavec

    U U V W

    x x y z= +

    =

    =

    1

    2

    , ,

    , ,

    Le tenseur des déformations linéarisé ε est aussi un tenseur symétrique. D’après (12), il

    vient :

  • 31

    L U U

    t= + ∇ ⋅∇

    ε

    12

    r r(14)

    Si on fait l’hypothèse des transformations infinitésimales, alors on peut négliger les termes

    du second ordre dans l’expression (14) du tenseur de Green-Lagrange, qui se réduit au

    tenseur des déformations linéarisé, soit :

    L si U≅ ∇ 〈〈ε

    r1 (15)

    1.4 Applications à des sollicitations simples

    Les tenseurs des déformations linéarisé et de Green-Lagrange sont calculés dans le tableau

    ci-après, pour les cas de sollicitations simples du paragraphe 1.1. On posera :

    ε =

    ∆llo

    γ =ah

    L Lij ij

    i j− = −( )∑ε ε 2

    ,

    On notera que pour la traction/compression, le cisaillement simple ou pure, l’erreur

    commise en utilisant le tenseur des déformations linéarisés ε est bien du second ordre. En

    revanche, pour le cas de la rotation d’une plaque rigide, on confirme bien que le tenseur ε

    n’est pas licite pour des grandes rotations. D’autre part, on remarque que pour le cas d’une

    petite rotation, le champ de déplacement étant approché, on obtient un tenseur des

    déformations L approché, c’est-à-dire non nul ! !

  • 32

    Type de

    déformation

    Champ de

    déplacement

    Tenseur des

    déformations

    Linéarisé ε

    Tenseur des

    déformations L

    Erreur

    L − ε

    Traction/

    compression

    d’une barre

    1D

    U x xV

    W

    ( ) ==

    =

    ε0

    0

    ε

    ε

    =

    0 0

    0 0 0

    0 0 0

    L =

    +

    εε2

    20 0

    0 0 0

    0 0 0

    ε2

    2

    Cisaillement

    simple d’une

    plaque

    carrée

    U y y

    V

    W

    ( ) =

    =

    =

    γ

    0

    0 ε

    γ

    γ=

    02

    0

    20 0

    0 0 0

    L =

    02

    0

    2 20

    0 0 0

    2

    γ

    γ γ

    γ 2

    2

    Cisaillement

    pur d’une

    plaque carré

    U y y

    V x x

    W

    ( )

    ( )

    =

    =

    =

    γ

    γ

    0

    ε

    γ

    γ=

    0 0

    0 0

    0 0 0

    L =

    γγ

    γγ

    2

    22

    0

    20

    0 0 0

    γ 2

    2

    Rotation

    d’une plaque

    rigide

    U x y

    V x y

    = −( ) −= + −( )

    cos sin

    sin cos

    θ θ

    θ θ

    1

    1

    ε

    θ

    θ=

    cos

    cos

    1 0 0

    0 1 0

    0 0 0 L =

    0 0 0

    0 0 0

    0 0 0

    2 1cosθ −

    Petite

    Rotation

    d’une plaque

    rigide

    θ →( )0

    U x y y

    V x y x

    W

    ( , )

    ( , )

    ≅ −

    =

    θ

    θ

    0

    ε =

    0 0 0

    0 0 0

    0 0 0

    L =

    θ

    θ

    2

    22

    0 0

    02

    0

    0 0 0

    θ2

    2

  • 33

    1.5 Représentation du tenseur des déformations linéarisé

    Une illustration des composantes du tenseur des déformations linéarisé est donnée sur la

    figure 6 qui représente les déformations élémentaires (allongement dans une direction) d’un

    volume élémentaire.

    1

    2

    3

    1

    2

    3

    ε11

    6-a – Allongement dans la direction 1

    1

    2

    3

    1

    2

    3

    ε22

    6-b – Allongement dans la direction 2

    1

    2

    3

    1

    2

    3

    ε33

    6-c – Allongement dans la direction 3

  • 34

    2. Tenseur des vitesses de déformation

    Un milieu continu peut être déformé plus ou moins rapidement, d’où la notion de vitesse de

    déformation (ou plutôt de taux de variation de la déformation dans un intervalle de temps

    donnée dt). On définit alors le tenseur vitesse de déformation ε=. comme suit:

    ˙ lim

    ( ) ( )ε

    ε ε=

    + −

    →dt

    t dt t

    dt0(16)

    Entre les instants t et t + dt, si on considère la transformation infinitésimale, le champ de

    déplacement s’exprime:

    dU vdtr r

    =

    Avec rv champ de vitesse. D’après (13), on en déduit:

    ε ε( ) ( )t dt t v v dtt

    + − = ∇ + ∇

    12

    r r

    Cette relation n’est applicable que si les déformations et les déplacements restent infiniment

    petits. Finalement, on obtient l’expression du tenseur vitesse de déformation :

    ε=.= ∇ + ∇

    12

    r rv v

    t (17)

    C’est un tenseur Eulérien dont les composantes s’expriment:

  • 35

    ε.

    ij

    i

    j

    j

    i

    i

    i

    vx

    v

    xavec

    v u v w

    x x y z= +

    =

    =

    12

    ∂∂

    , ,

    , ,

    Remarque : On notera que si on exprime la trace du tenseur ε=., c’est à dire la somme des

    termes diagonaux, on trouve en coordonnées cartésiennes :

    tr(ε=.) = + + = ∇ ⋅

    ∂∂

    ∂∂

    ∂∂

    ux

    vy

    wz

    vr r

    (18)

    Pour un écoulement incompressible (cf. chapitre I, paragraphe 4.5-a), on aura donc :

    r r∇ ⋅ v=tr(ε=

    .)=0 (19)

    3. Conditions de compatibilité

    On a vu que la donnée d’un champ de déplacement rU (trois composantes) ou d’un champ

    de vitesse rv (trois composantes) permettait de définir un tenseur des déformations ε ou un

    tenseur des vitesses de déformation ε=. symétriques (six composantes). Inversement, si on se

    donne une tenseur symétrique quelconque, il faut des relations entre ses composantes pour

    qu’il puisse être un tenseur des déformations ou des vitesses de déformation. Ces relations

    sont appelées conditions de compatibilité. Soit D = ε ou ε=. alors on peut montrer qu’il doit

    impérativement satisfaire les six relations suivantes :

    ∆D tr D D Dt

    + ∇ ∇ ( )( ){ } = ∇ ∇ ⋅( )+ ∇ ∇ ⋅( )r r r

    (20)

  • 36

    2. Efforts appliqués au milieu continu

    4.1 Exemples de sollicitations simples

    a) En traction (compression)

    On applique une force de traction F sur un cylindre de surface droite S (fig. 7).

    SS

    FF

    Fig. 7 - Contrainte de traction

    Cette force induit une contrainte σ appliquée à la surface S qui s'exprime:

    σ =F

    S

    b) En cisaillement

    Une force F appliquée tangentiellement à une surface S latérale (cf. fig. 8) induit une

    contrainte de cisaillement ou cission /

    τ =

    F

    S

  • 37

    FS

    F

    Fig. 8 - Contrainte de cisaillement

    4.2 Vecteur contrainte

    Soit Ω un domaine matériel. On se propose de définir les efforts intérieurs à Ω . Si on

    partitionne Ω en deux sous-domaines Ω1 et Ω2 (cf. fig. 9), une surface de coupure S

    apparaît. Une surface élémentaire dS est le siège de forces de liaisons égales et opposées

    (principe d’action-réaction). Considérons une force dF s'exerçant sur un élément de surface

    dS de normale unitaire rn au point M. Par convention, la normale

    rn à la surface est orientée

    vers l'extérieur de la partie du milieu qui subit la contrainte.

    Le vecteur des contraintes rT (forces de cohésion par unité de surface) au point M a été

    défini par Cauchy:

    r r r rT M n T n

    dFdSds

    , lim( ) = ( ) =→0

    (21)

    M

    dS

    rn

    σn

    τ

    dF TdS=r

    Ω1

    Ω2

    Ω1

    S

    Fig. 9 – Coupure dans un milieu continu - Contraintes s'appliquant sur la surface S

  • 38

    Au point M, sur une facette de normale rn donnée (cf. fig. 9), le vecteur contrainte se

    décompose comme suit:

    r r r rT n n tn( ) = +σ τ (22)

    Avec σn T n=r r. , contrainte normale (projection de

    rT suivant la normale

    rn), et

    τ σ σ= ⋅ = − = −

    r r r r rT t T n Tn n

    2 2 , contrainte tangentielle ou cission (projection de rT

    suivant le vecteur tangent rt ). La contrainte normale σn est positive lorsque

    rT est de même

    sens que rn, traduisant un état local de traction de la matière. À l’inverse σn négatif traduit

    un état de compression. En résumé :

    σ

    σn

    n

    traction

    compression

    >

    <

    0

    0

    :

    :

    4.3 Tenseur des contraintes de Cauchy

    Le vecteur contrainte ne peut pas caractériser l'état des contraintes en un point puisqu'il

    dépend de la facette considérée, donc de la normale rn. Ainsi, la traction simple d'un cylindre

    induit une tension sur une facette perpendiculaire à la direction de traction mais n'induit

    aucune contrainte sur une facette parallèle (voir fig. 10).

    FF

    Fig. 10 - Vecteur contrainte et facette

  • 39

    L'état des contraintes est donc plutôt caractérisé par la relation entre rT et

    rn. On définit

    alors le tenseur des contraintes de Cauchy σ au point M qui relie de manière matricielle le

    vecteur contrainte et la normale:

    r rT n= ⋅σ (23)

    En coordonnées cartésiennes, σ s’exprime matriciellement :

    σ

    σ σ σ

    σ σ σ

    σ σ σ

    =

    ( )

    xx xy xz

    yx yy yz

    zx zy zz x y z, ,

    Les trois composantes σxx, σyy, σzz (sur la diagonale) sont appelées contraintes normales,

    les 6 composantes σxy, σxz, σyx, σyz, σzx, σzy (hors de la diagonale) sont les contraintes de

    cisaillement (cf. fig. 11).

    Fig. 11 - Contraintes s'appliquant sur les facettes d'un cube

    Ainsi, sur la facette de normale rnx =

    1

    0

    0

    orientée suivant l’axe ox, on a:

  • 40

    r r rT n nx x

    xx xy xz

    yx yy yz

    zx zy zz

    xx

    yx

    zx

    ( ) = ⋅ =

    =

    σ

    σ σ σ

    σ σ σ

    σ σ σ

    σ

    σ

    σ

    1

    0

    0

    Par ailleurs, on démontrera au chapitre III que le tenseur σ est symétrique.

    4.4 Pression hydrostatique - Déviateur des contraintes

    On peut toujours décomposer le tenseur des contraintes en une partie sphérique et une

    partie déviatorique de la manière suivante:

    σ =

    + = − +

    p

    p

    p

    s pI s

    sphérique déviatorique

    0 0

    0 0

    0 0{ { (24)

    Avec s déviateur des contraintes défini comme un tenseur dont la trace est nulle (somme des

    termes diagonaux : tr s( ) = 0), p pression hydrostatique (par exemple pression dans un

    fluide parfait), I tenseur identité. En calculant la trace de σ à partir de l’égalité (24), on a:

    tr p tr s p p trσ σ( ) = − + ( ) = − ⇒ = − ( )3 3 13

    Ce qui donne l’expression directe de s à partir de σ :

    s tr I= − ( )σ σ13

    (25)

  • 41

    Exemples :

    − traction uniaxiale suivant x:

    σ

    σσ

    σ

    σ

    σ

    =

    ⇒ = − = −

    ( )

    xx

    x y z

    xx

    xx

    xx

    xx

    p s

    0 0

    0 0 0

    0 0 03

    23

    0 0

    03

    0

    0 03

    , ,

    ,

    − cisaillement simple sous une pression hydrostatique p:

    σ

    τ

    τ

    τ

    τ=

    ⇒ =

    ( )

    p

    p

    p

    s

    x y z

    0

    0

    0 0

    0 0

    0 0

    0 0 0, ,

    Le tenseur s représente la partie “cisaillement” ou déviatorique du tenseur σ .

    5. Diagonalisation d’un tenseur symétrique

    5.1 Invariants d’un tenseur symétrique

    Soit M un tenseur d’ordre 2 symétrique dont les composantes s’expriment matriciellement :

    M

    M M M

    M M M

    M M M

    =

    11 12 13

    12 22 23

    13 23 33

  • 42

    Il existe un repère particulier, dans lequel M est diagonal, soit :

    MI

    II

    III

    =

    λ

    λ

    λ

    0 0

    0 0

    0 0

    λ λ λI II III, , sont les valeurs propres (ou principales). La symétrie du tenseur impose que

    ces valeurs propres soient réelles. Le repère, défini par les directions des vecteurs propres,

    qu’on désigne en général en mécanique par directions principales, est appelé repère

    principal. Ainsi :

    − Si M = ε : ε ε εI II III, , sont les dilatations principales

    − Si M = σ : σ σ σI II III, , sont les contraintes principales

    Par construction, les valeurs principales sont intrinsèques à la grandeur tensorielle en un

    point, autrement dit indépendantes du repère. Elles sont solutions de l’équation

    caractéristique suivante :

    λ λ λ3 2 0− + − =I I II II III

    Avec I I II II III, , les invariants du tenseur diagonalisé tels que :

    I

    I

    I

    I I II III

    II I II II III III I

    III I II III

    = + +

    = + +

    =

    λ λ λ

    λ λ λ λ λ λ

    λ λ λ

    (26)

  • 43

    On notera que II correspond à la trace du tenseur (somme des termes diagonaux) et IIII au

    déterminant du tenseur diagonalisé.

    On peut construire un deuxième ensemble d’invariants I I I1 2 3, , qui s’expriment directement

    à partir des composantes du tenseur M :

    I M M M tr M

    I M tr M

    I M M M tr M

    ijij

    ij jk kiijk

    1 11 22 33

    22 2

    33

    12

    12

    13

    13

    = + + = ( )= =

    = =∑

    (27)

    Ce deuxième ensemble d’invariants se déduit du premier par les relations suivantes :

    I I

    I I I

    I I I I I

    I

    I II

    III I II I

    1

    22

    33

    2 2

    3 3 3

    =

    = −

    = − +

    (28)

    Enfin, on peut définir un troisième ensemble d’invariants basé sur le déviateur du tenseur

    symétrique S M tr M I= − ( )1

    3, soit :

    J S S S tr S d après la définition de S

    J S tr S

    J S S S tr S

    ijij

    ij jk kiijk

    1 11 22 33

    22 2

    33

    0

    12

    12

    13

    13

    = + + = ( ) = ( )= =

    = =∑

    '

    (29)

    Par ailleurs, on peut montrer les relations suivantes :

  • 44

    J

    J II

    J I I I I

    1

    2 212

    3 3 13

    1 2

    0

    3127

    2 3

    =

    = +

    = + +( )(30)

    5.2 Invariants utilisés en mécanique des milieux continus

    Les invariants les plus utilisés sont :

    • La trace I1

    − La pression hydrostatique : p tr

    I= − ( ) = − ( )1

    3 31σσ

    − Le taux de variation volumique : tr(ε=.)= −

    ρddt

    On a montré (chapitre I) que pour un milieu continu incompressible, tr(ε=.)= 0. Ainsi :

    I1(ε=.)=0

    • Le deuxième invariant J2 ou I2:

    Il caractérise en un seul nombre l’intensité scalaire de la grandeur tensorielle. On peut donc

    voir J2 comme la norme quadratique du déviateur S du tenseur M.

    6.4 En théorie de la plasticité, on utilise ainsi :

  • 45

    J s o2

    1

    3( ) = σ

    Celle relation permet de définir le critère de Von Mises ( σo est appelé contrainte

    d’écoulement ou encore limite d’élasticité). Ces notions seront approfondies dans la

    deuxième partie du cours en théorie de l’élasticité. On définit aussi la vitesse de déformation

    généralisée :

    ε−. =

    2

    3I2(ε=

    .) =

    23∑i,j

    ε.

    ij2

    7.4 En rhéologie des polymères, on définit le taux de cisaillement généralisé

    γ−. =2 I2(ε=

    .) = 2∑

    i,j

    ε. ij2

    Dont la définition est très proche de la vitesse de déformation généralisée. γ−. est utilisé pour

    définir des lois de comportement rhéologiques de fluides non-newtoniens.

    • Le troisième invariant J3:

    On rencontre beaucoup d’écoulements pour lesquels J3 est nul. On peut citer par exemple

    des écoulements plans ou viscométriques.

  • 46

    6. Représentation de Mohr des contraintes

    6.1 Principe de la représentation de Mohr

    En un point M du système, à tout vecteur unitaire rn en M est associé un vecteur contrainte

    r rT n( ) correspondant à la facette en M de normale rn (cf. fig. 12). On va étudier la variation

    de

    r rT n( ) en fonction de rn en représentant le vecteur

    rT dans le plan

    σ τn ,( ) dit de Mohr.

    Autrement dit, la représentation de Mohr est une représentation plane des contraintes en un

    point du matériau.

    M

    rt

    rn

    r rT n( )

    σn

    τ

    0

    τ

    σn

    x

    y

    z

    0

    - Espace physique - - Espace de Mohr -

    T

    Fig. 12 – Représentation de Mohr

    On rappelle (22) que le vecteur des contraintes peut toujours se décomposer en une

    contrainte normale σn T n=r r. (projection de

    rT suivant la normale

    rn) et une contrainte

    tangentielle ou cission τ σ= ⋅ = −r r rT t T n

    2 2 (projection de rT suivant le vecteur tangent

    rt ),

    soit :

  • 47

    r r r rT n n tn( ) = +σ τ

    rt est le vecteur tangent à la facette appartenant au plan défini par la normale

    rn et le vecteur

    des contrainte rT, tel que la base

    r r r rn t n t, , ∧( ) ait même orientation que l’espace physique.

    On représente le vecteur des contraintes par un point T nσ τ,( ) du plan de Mohr.

    Connaissant le tenseur σ au point M, on cherche à déterminer le domaine engendré, lorsque

    rn varie, par le point figuratif T de l’extrêmité du vecteur contrainte dans le plan de Mohr.

    Pour faciliter les calculs, on fait l’étude dans le repère principal 0, , ,r r re e eI II III( ) tel que :

    σ σ σI II III≥ ≥ (31)

    σ σ σI II III, , étant les contraintes principales (cf. 5.1). Soit donc un vecteur normal unitaire

    rn α β γ, ,( ) ; si on exprime que sa norme doit être égale à un 1, on obtient une premièrerelation :

    α β γ2 2 2 1+ + = (32)

    Dans le repère principal, le vecteur des contraintes a pour expression :

    rT I II III= ( )ασ βσ γσ, ,

    Utilison la définition des contraintes normale et tangentielle et l’égalité précédente, soit :

    σ σ α σ β σ γ σn n I II IIIT n= ⇔ = + +r r. 2 2 2 (33)

    τ σ τ α σ β σ γ σ σ= ⋅ = − ⇔ = + + −r r rT t T n I II III n

    2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 (34)

  • 48

    On obtient donc le système linéaire suivant sous forme matricielle, avec pour inconnues

    α β γ2 2 2, ,( ) :

    1 1 1 1

    2 2 2

    2

    2

    2 2 2

    σ σ σ

    σ σ σ

    α

    β

    γ

    σ

    τ σI II III

    I II III

    n

    n

    =

    +

    (35)

    D’après la règle de Cramer, la solution du système est :

    ασ σ σ σ τ

    σ σ σ σ

    βσ σ σ σ τ

    σ σ σ σ

    γσ σ σ σ τ

    σ σ σ σ

    22

    22

    22

    =−( ) −( ) +

    −( ) −( )

    =−( ) −( ) +

    −( ) −( )

    =−( ) −( ) +

    −( ) −( )

    n II n III

    I II I III

    n III n I

    II I II III

    n I n II

    III I III II

    On a intérêt à réaggancer ces trois égalité comme suit :

    α

    σσ σ

    τσ σ

    σ σ σ σ

    β

    σσ σ

    τσ σ

    σ σ σ σ

    γ

    σσ σ

    2

    22

    2

    2

    22

    2

    2

    2 2

    2 2

    2

    =

    −+

    + −

    −( ) −( )

    =

    −+

    + −

    −( ) −( )

    =

    −+

    nII III II III

    I II I III

    nI III I III

    II I II III

    nI II

    + −

    −( ) −( )

    22

    2

    σ σ

    σ σ σ σ

    I II

    III I III II

    (36)

  • 49

    On fait ainsi apparaître au numérateur l’équation de trois cercles Cα , Cβ et Cγ de centres

    σ

    σ σαn

    II III=+

    2

    0, ; σ

    σ σβn

    I III=+

    2

    0, ; σ

    σ σγn

    I II=+

    2

    0, et de rayons

    R II IIIα

    σ σ=

    −2

    ; R I IIIβ

    σ σ=

    −2

    ; R I IIγ

    σ σ=

    −2

    respectivement. D’après (31), on a fait

    l’hypothèse que σ σ σI II III≥ ≥ ; alors pour que les solutions (36) soient acceptables, il faut

    s’assurer que α2 0≥ , β

    2 0≥ et γ2 0≥ , c’est à dire véfifier les inégalités suivantes :

    σ σ τ

    σ σ τ

    σ σ τ

    α α

    β β

    γ γ

    n n

    n n

    n n

    R

    R

    R

    −( ) + ≥−( ) + ≤−( ) + ≥

    2 2 2

    2 2 2

    2 2 2

    (37)

    Ainsi pour toute facette, le point figuratif T de l’extrêmité du vecteur des contraintes rT se

    trouve à l’extérieur des deux cercles Cα et Cγ et à l’intérieur du grand cercle Cβ (cf. fig.13,

    en jaune). Le plus grand des trois cercles Cβ est appelé cercle de Mohr.

    σn

    τ

    σI σIII

    0

    σII

    T

    σ αn σ βn σ γn

    Rγ Rα

    Fig. 13 – Tricercle de Mohr

  • 50

    Cette représentation du tenseur des contraintes s’appelle encore diagramme de Mohr ou

    tricercle de Mohr.

    Remarque :

    − Si deux contraintes principales sont égales, le domaine est dégénéré en la frontière d’un

    cercle.

    − Si les trois contraintes principales sont égales, le tenseur des contraintes est isotrope, et

    le diagramme de Mohr dégénère en un point de l’axe σn .

    6.2 Propriétés du diagramme de Mohr

    La représentation graphique montre que la contrainte tangentielle maximale est en valeur

    absolue égale au rayon du grande cercle Cβ (fig. 13) :

    τ σ σ

    max= −( )1

    2 I III(38)

    Étudions maintenant la description d’un cercle de Mohr, par exemple la grand cercle Cβ .

    Son centre et son diamètre sont calculés à partir des contraintes principales σI et σIII .

    Donc dans le repère principale 0, , ,

    r r re e eI II III( ) , il est décrit pour les facettes qui tournent

    autour de reII (cf. fig. 14, en rouge).

  • 51

    reIII

    reI

    reII

    rn

    rt

    rT

    σn τ

    σn

    τ

    σIIIM

    T

    σnβ-2θ

    r e I

    θ

    +

    σ I

    reIII

    (a) (b)

    Fig. 14 – (a) Repère principal θ

  • 52

    r rT t I III⋅ = = − +τ σ θ θ σ θ θcos sin sin cos

    Soit encore :

    σσ σ σ σ

    θ

    τσ σ

    θ

    nI III I III

    I III

    =+

    +−

    = −−2 2

    2

    22

    cos

    sin

    (39)

    Puisque :

    coscos

    sincos

    sin sin cos

    2

    2

    1 22

    1 22

    2 2

    θθ

    θθ

    θ θ θ

    =+

    =−

    =

    On montre ainsi que lorsque la facette tourne de θ , le point représentatif T décrit le cercle

    de diamètre σ σI III− avec un angle au centre de −2θ .

    Propriété : Lorsque la facette tourne autour d’une direction de contrainte principale (par

    exemple reII ) d’un angle donné, alors l’extrêmité du vecteur contrainte tourne sur le cercle

    principal associé (de diamètre σ σI III− dans le plan de Mohr) d’un angle double dans le

    sens opposé autour du centre du cercle.


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