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d i t i n d u D i i n i i i i i ' h e 12 Mu IX'. IS.

J RÉDACTION : 24 , RUE HOCHE I.o Numéro : Cinq CentimesBUREAU DU JJi UNAi : 24 , RU.; HOCHE.

CHRONIQUE DE LA SEMAINE11 était une t'ois un brave homme de

député — ça peut arriver à tou( le monde— à nui le i'anama avait donné une idéebeaucoup plus rielie que les obligatairesdu susdit.

Cetto idée, absolument flamboyante,comme vous allez en juger, consistai! aobliger tout député à faire connaître sonétat de fortune au moment de son électionet à l'expiration de son mandat.

Vous me direz que vous ne voyez danscette proposition rien de bien étrange. Si,moi, député, j'avais la toquade <\u pot-de-rinar/e, II chose ne m'empêcheraitnullement do la satisfaire. 11 est si faciledémettre au reitco que l'on a l'ait pas-ser au hlrn.

Quant » ce qui concerne los iuiègres,pas un d'entre eux, certainement, n'au-rait à s'émouvoir de cet examen de ga-lette.

Par conséquent je suis entièrement devotre avis : l'idée du législateur ne fai-sait do tort à personne et donnait unsemblant do satisfaction à l'opinion pu-blique.

Mais les amendements les plus simpleset les plus naturels ne sont pas toujoursles meilleurs. C'est si vrai qu'en présencedes objections présentées par plusieursmembres du Groupe des études — oh, cegroupe, qu'on le moule vite! — notrebrave homme de député a du renoncer àsaisir la Chambre de sa proposition.

Saisir la Chambre est une façon deparler; mieux que personne, en effet, ellepouvait, s'attendre à ce coup deJarnac.Si elle l'a paré c'est que, très vraisem-blablement, elle avait intérêt à le faire.

Parlant de là sa hotte est incompréhensibleEt nous rhnussc à l'envers.

Ce coup d'epée en plein... dans le ville estrisible,Car ta huile, ô ('hair)ii'e, aura son rerers.'

Tout arrive eu cr monde, même lesfuniculaires.

Après le mariage en ballon — chosoassez leste — nous venons d'avoir le ma-riage à cheval. C'est en Amérique, oùdeux jeunes gens avaient le dada de l'hy-men, que le fait s'est produit.

D'ici peu, évido eut, il nous serapermis d'assister à une noce en bicy-clette. Hien ne me paraîtrait plus ration-nel, en effet. Si les conjoints doivent unjour se rouler mutuellement, il seraitbeaucoup plus logique de commencer...par la fin.

A ce litre In bicyclette s'impose.D'ailleurs, le match Terron-Corre qui a

passionné vivement tous les faiseurs detours., de piste, a singulièrement ramenél'attention publique sur cet étonnantcoursier d'acier qui, avec des caoutchoucspleins ou creu.r, a toujours le coffrefort.

Celle course de l.OLXJ kilomètres entredoux remarquables joueurs de Jliîtes,avait occasionné bien des paris... dans lacapitale et même ailleurs. C'était à quiponlerait sur Corre ou sur Terronl. Fina-lement la victoire est restée au championde la course Paris-Bresi.

Morale :Tous ceux qui, convaincus du succès de Tenoul,( >nt mis sur lui. demain sur lui mettraient encore.Kt tous ceux qui, croyant au triomphe de (lorrcL'Ont joué. sont.inurx et demain... se tairont!

L'impôt sur les pianos a été voté et je.le regrette.

Pourquoi ? d'abord parce que j'adorela musique; ensuite parce que l'instru-ment taxé n'a rien de désagréable par lui-même. I.e pauvre meuble me fait, en lacirconstance, l'effet d'une limite à musiquequ'on mettrait au violon.

He-pourquoi "'. Parce qu'elle joue cequ'on lui fait jouer ? Allons, donc... c'estde la barbarie... sans tuyaux !

Kst-oc qu'un tribunal n'accorde pastoujours des circonstances atténuantes àla personno qui n'a été quo l'instrument...— avant, pendant cl après — d'une vo-

lonté plus/o/'/e que la sienne;' Si, n'ost-cepas. lu cela, parce que les membres ,luJury, ayant plusieurs cordes à leur arc,— je n'ai pas dit : au cou I — savent, parexpérience, qu'elle est la plus sensible.

Or, le piano, ce nid à octaves — etmôme à Léon ! — n'est pas responsabledes airs bêtes qu'on lui prête. On tapedessus; il rend. Toi un chaudron quecogne un pied maladroit.

Kh bien, messieurs, je prétends quoc'est une faute de frapper cet innocentqui n'e. pas dans lo ventro que des sona-tes en mineur étranglé... par ;lcs mainsinexpertes.

Aussi n'était ce pas, vous devez le penser,L(;inalheurcux piano qu'il fallait imposer,Mais chaque tapoteur, souriant ou faiouche

Qui manque autant de talent i;ue... de touche!

Kncore une langue morte.Voici, en effet, la lettre de l'aire part

que nous venons de recevoir.« Vous êtes prié d'assister au convoi —

voir train — service — gratuit! — etenterrement — quelle noce I — do

l'atatjui't) - Jargon - Fol-Idiome - lolapul:

décédé des suites d'un lancement raté, àl'âge de deux lustres en fer blanc et muniHe tous les quolibets possibles.

« On se réunira chez l'Ami-Carême ;quatre do nos plus courageuses blanchis-seuses auront chacune un poêle dans lamain.

« L'iuliuimitii>u a ira lieu en grandepompe — à bière, naturellement ! — et aucimetière do... Charonton. Libre aux genssérieux de ne pas... couper dans lep o l i t .

« Delà part des légumes de l'Associa-tion française, mal constituée, pour lapropagation de feu Charabia :

« Toutes les mauvaises langues de laterre.»

Le Yolapuk est mort ; vivo lo Volapuk !KDMONI) MARTIN.

CE QUE SE V E N D E N T LES F I L L E S A MARIER

Dans un livre sur le mariner, un écri-vain anglais, M. Westermack, donne desdétails curieux sut les prix auxquels sovendent les filles à marier chez quelquespeuples... peu civilisés.

Chez les Karoki* do la Californie, lepère reçoit un certain nombre de coquillesqui sont do la monnaie courante. Chezune autre peuplade de la Californie ondonne 10 a 12 poneys. Chez les Cafres,trois ou cinq vaches son' considéréescomme un prix faible; vingt ou trente,Comme un prix élevé.

Les Damaras sont fort pauvres; ilsacceptent volontiers une seule vache enretour de leur fille. Chez d'autres peuples,une chèvre est regardée comme un équi-valent fort acceptable. Enfin, un voya-geur raconte que dans l'Ouganda un pèrelui offrit sa fillo pour une paire de bot-tes.

HISTOIRE DE REVENANTS

II y a encore des revenants ! du monson l'affirme à la cour de Danemark.

Il paraîtrait quo le prince £t la prin-cesso royale ont vu à différentes reprisesdes spectres qui ont fait sur eux uneimpression profonde.

La prineosse de Galles a même reçudes détails sur une apparition qui a eulieu pondant une partie do whist et qui avivement éniotionné les personnes aux-quelles la princesse a donné lecture deslettres venant de Copenhague.

LE PLUS GRAND VÉLOCIPÉDISTE

Le Cycliste belge dit que le plus grandcycliste est probablement Mick Manningdo Waterford, frère du maire de cottecommune. Il mesuro (i pieds (i pouces,soitl m. 'Jô, et pèse environ 120 kilogr.,Il est cependant un excellent bicycliste.

Notre confrère fait erreur car il oublienos deux célèbres Français : Suberbioqui a 2 mètres et Bidault, de Lyon, quimesure 2 ni. 11 monte un bicycle de~ m. 70 et allume sa cigarette aux becs de«a/. I

I.E CiHIME

DE LA RUE DES ÉCOUFFES

LE MARI MALGRE LUI

Madame Amélie Merval avait deux til-les, écrivait des drames, improvisait desromans, rimait des chansonnettes, arri-mait des sonnets.

On lui croyait quelque fortune gràc3au train de, maison qu'elle menait.

Klle avait encore des prétentions amou-reuses quoiqu'elle fut d'âge où les illu-sions s'en vont,où les amours s'envolent,oii tout l'ait silence dans le co'ur et dansl'esprit, même le coup d'aile des chimè-res.

Klle était assez grande mais voûtée àquarante ans sous le poids d'une vie troplourde.

Ses yeux légèrement rougis au bord despaupières accusaient des labeur» d'uneexistence surmenée ; ses joues flasquestombaient, sa gorge flottait, ses brassemblaient s'être allongés à pendre jus-qu'à ses genoux,quelque choie d'elle s'enallait ballant tout autour d'elle dans unsuprême nonchaloir,elle se tassait commeune masure dont le toit s'effondre fautede chevrons.

Par un phénomeno physiologique qu'un

oliservateurs'expli(|uera facilement,MmeAmélie Merval, uno des habituées du fa-meux salon Saint-Albin, Madame AmélieMerval, disons-nous, avait donné le jourà deux tilles absolument dissemblablesau moral et au physique.

De même aucun de ses romans ne res-semblait à l'autre, ni comme forme, nicomme fond.

Après chaque gestation elle avait briséle moule et congédié le praticien.

Marthe, sa fille cadette, étaii une brunepâle ot svelte, aux yeux noirs de volours,aux cheveux noirs de soie, aux dentsblanches, au torse souple, aux reinscambrés, fine d'attaches et voluptueusecomme une aimée, spirituelle comme uneparisienne avec des saillies de faubourg,un argot de fille bohème échappée enpleine liberté do vie artiste.

L'aînée, uno blonde rousse comme lamaîtresse de Titien avait nom Blanche.Klle paraissait moins grande que sa sirurparce qu'elle était grosse et grasse, em-pâtée et toutes les lignes noyées dans undébordement de chair molle.

Ses mains fondantes de moiteur avaientdes fossettes à chaque joint.

Sa tête fine se détachait sur cette cor-pulence alourdie et parmi la tranquilledouceur des traits, régnait un sourireplacide et laissait un regard bleu.

A cette époque, Madame Merval son-geait sérieusement à marier ses fil-les et se ruinait pour parai tre riche.

La jeunesse joyeuse affluait en son sa-

lon si largement ouvort aux nouveauxvenus que le jour où quelqu'un dont onn'a jamais su lo nom présenta PhilidorMoulin à l'un de ses grands bals, elle de-manda à la marquise de Minsk,une vieillefemme crochue comme une sorcière, an-guleuse comme un prie-dieu, sourdecomme un pot. niais bavarde comme unepie borgne :

— Dites-moi, marquise, quel est celuiqui m'a présenté l'autre ?

— Çà, c'est un comble, a«sur» d'unevoix flûtée M. Raoul de Moucbéri, le der-nier collaborateur d'Amélie Me.rval.

L'introducteur anonyme de PhilidorMoulin avaii déjà salué la maîtresse dusalon ot tourné les talons entraînant Phi-hdor vers un angle ou cinq gilets encœur s'inclinaient devant le ravissant dé-colleté de Marthe Merval.

— Permettez-moi. Mademoiselle, devous présenter mon ami, M. PhilidorMoulin, dit le cicérone du provincial ense faisant place au milieu des dos noirs.

— Vous arrivez de province, Monsieur!1

questionna Marthe, avec un sourire quimontra ses dents mordantes.

— J'en viens, oui mademoiselle, j'enviens, dit Philidor dont les deux oreillesrougirent comme si on les lui eût allon-gées. Les oreilles de Philidor formaientlo trait le plus en relief de sa physiono-mie correcte niais nulle.

Il avait les cheveux blonds et coupésras, les yeux gris à fleur de tète, le frontbas, le nez court et droit, une bouche

sans lèvres qu'une moustache à peineindiquée laissait trop voir, ua visageexsangue, de belles dents, un corpsmaigre et long qui flageolait dans sa te-nue de soirée.

— Il on vient ! dit le chœur des giletsen cœur.

— Dansez-vous, Monsieur? demandaMarthe.

— Si Mademoiselle veut me faire la fa-veur d'une valse, balbutia Philidor quis'entortilla dans une phrase indétermi-née.

Marthe se leva d'un souple coup dereins.

Sa robe de tarlatane bleue ornée denn'uds en rubans de satin dont lo brillantse détachait sur le mat de PétoH'o, étaittout juste assez ouverte pour laisser voirla naissance de la gorge et l'entrc-douxvelouté dos seins.

Le piano préludait.Marthe se jeta d'elle-même au bras de

son mince valseur et l'entraîna dans untourbillon de satin, de dentelles ot deparfums.

11g- Klle dansait renversée, lo torso enavant, les lèvres épanouies en un sourirede volupté silencieuse, le regard hu-mide et perdu...

— Serrez-moi donc mieux, dit-elle,est-ce que je vous fais peur?

Henri LK VKKIMKK.A Suin'c

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