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    Les comdies latines,

    modles de la comdie rgulire italienne

    Les auteurs qui crent la comdie rgulire italienne au XVIe sicle prennent les

    textes classiques comme modles. Dans un premier temps, la fin du XVe sicle, il

    lisent et tudient les comdies de lantiquit. Ensuite ils les traduisent en langue

    vulgaire et les font reprsenter, soit en latin soit en langue vulgaire. Enfin, et cest ce

    moment que la comdie rgulire est fonde et devient un nouveau genre littraire, ils

    crent, directement en langue vulgaire, de nouvelles comdies inspires des comdies

    antiques. Les pices classiques deviennent ainsi des instruments pour transcrire la

    modernit.

    Les auteurs italiens du XVIe sicle prennent directement pour modles les

    comdies latines de Plaute et de Trence, qui sont de mieux en mieux connues et

    tudies. Alors que les auteurs qui essaient de fonder un genre tragique rgulier au XVIe

    sicle se fondent essentiellement sur le modle des tragdies grecques, les auteurs

    comiques se fondent sur le modle latin (les comdies grecques sont beaucoup moins

    connues, car peu de textes nous sont parvenus).

    Les auteurs comiques italiens du XVIe sicle se fondent aussi sur plusieurs textes

    thoriques :

    - la Potique dAristote (IVe sicle av. J.-C.) : notion de mimsis ; principe de

    lunit daction, qui entrane la ncessit de lunit de temps. Les thoriciens de la

    Renaissance en dduiront lunit de lieu. Aristote donne peu dindications sur la

    comdie (texte perdu).

    - lArt potique dHorace (Ier sicle av. J.-C.) : ncessit dtudier et dimiter les

    auteurs anciens ; principe de vraisemblance ; structure dune pice en cinq actes.

    - le De Architectura de Vitruve (Ier

    sicle av. J.-C.) pour la construction du lieu

    thtral.

    Jusquau milieu du XVIe sicle, les auteurs italiens crent le nouveau genre de la

    comdie rgulire en exprimentant, cest--dire en crant et en faisant reprsenter des

    comdies. Cest dans les prologues de ces comdies quils noncent leurs choix

    littraires et expliquent les problmes thoriques qui se posent eux (voir document 2).

    Dj chez les Grecs, le prologue avait une fonction prsentative et illustrative. leur

    suite, les Romains aussi lont utilis : plus encore que Plaute, Trence fait du Prologue

    un manifeste personnel, afin de se dfendre des accusations dont il est lobjet. La valeur

    dexposition est alors reporte la premire scne de la pice.

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    En lisant le prologue de la Calandria, vous pouvez constater que Bibbiena nonce

    ses choix littraires :

    - una nova commedia : Bibbiena reprend lexpression latine fabula nova, qui

    dsignait une comdie inspire dune comdie grecque qui navait pas encore servi de

    modle aux auteurs romains. Elle nest pas nouvelle dans le sens o elle aurait t

    invente par lauteur utilisant cette expression ; un auteurs romain dit de sa pice quelle

    est une fabula nova dans le sens o il est le premier reprendre la trame dune comdie

    grecque ; Bibbiena dit que la Calandria est una nova commedia dans le sens o il

    est le premier auteur italien reprendre le sujet des Mnechmes de Plaute.

    - justification du choix de la prose plutt que du vers

    - justification du choix de la langue vulgaire plutt que du latin

    - rapport de Bibiena son modle : il sinspire des Mnechmes de Plaute, mais il

    affirme ne pas avoir vol Plaute, dans le sens o, tout en reprenant des situations et des

    personnages de sa pice, il cre une pice nouvelle.

    Les problmes qui se posent aux auteurs italiens du XVIe sicle : emploi du vers

    ou de la prose, structure de la pice, respect des units de temps, de lieu et despace,

    construction de la trame de lhistoire, reprsentation des personnages. Les solutions

    mlent imitation classique et hritage communal.

    1. Lieu de laction

    Une antiquit thorique ; puis de plus en plus frquemment laction se passe dans

    des villes de lItalie contemporaine. Exemple de lArioste qui situe la Cassaria en

    Grce, les Suppositi et la Lena dans la Ferrare contemporaine, et le Negromante

    Crmone, puis de Filippo Strozzi qui situe la Commedia in versi dans lantiquit, la

    Pisana dans la Pise contemporaine et la Violante dans la Florence contemporaine. Le

    Formicone se situe dans lAncne contemporaine. Les comdies de Nardi se droulent

    Rome et Athnes ; celle de Bonini Athnes ; celles de Machiavel dans la Florence

    contemporaine ; celle de Bibbiena dans la Rome contemporaine.

    Scne : comme dans les comdies de Plaute et Trence, elle reprsente une place

    publique o se rencontrent les diffrents personnages. Des tableaux reprsentent un

    dcor en perspective.

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    2. Personnages

    Ils ont souvent des noms grecs ou latins, mais aussi de plus en plus souvent des

    noms italiens. On retrouve souvent des types de la comdie latine (le jeune amoureux, le

    vieil amoureux ridicule, les esclaves ou serviteurs, le parasite, le prcepteur, le

    soldat).

    3. Structure des comdies

    Elles sont divises en cinq actes ; chaque acte est divis en scnes. Cette structure

    est essentiellement inspire de la lecture dHorace et non de la structure relle des

    pices classiques. Elles sont prcdes, comme les comdies classiques, dun prologue

    et/ou dun argomento. Comme les Romains, les Italiens font souvent prcder ou suivre

    la comdie (ou dans certains cas chaque acte de la comdie) dintermdes chants et

    danss.

    On peut remarquer dans les premires comdies rgulires, telles que la

    Calandria et la Mandragola, que les actes sont de longueur ingale, signe quil ny a

    pas encore une codification stricte du genre.

    4. Rgle des trois units (temps, lieu, action)

    Elle nest formule que dans les crits thoriques de la seconde moiti du XVIe

    sicle. Aristote dans sa Potique navait donn dimportance qu lunit daction, et les

    deux autres dimensions (temps et lieu) sont dduites de lunit daction (la Potique

    dAristote ne circule dailleurs vraiment en Italie qu partir de 1540). Avant la

    formulation thorique de ces rgles, les auteurs de comdies commencent appliquer

    lunit daction, de temps et de lieu en imitant leurs modles latins. Le choix dun lieu

    unique neutre donne la cration de la scne fixe en perspective.

    Unit de temps : la Calandria dure une journe ; la Mandragola dure un peu plus

    dune journe (fin de lacte IV de la Mandragola, lorsque frre Timoteo sexclame :

    E sono intanati in casa, ed io me nandr al convento. E voi, spettatori, non ci

    appuntate, perch in questa notte non ci dormir persona, s che gli Atti non sono

    interrotti dal tempo : io dir luffizio ; Ligurio e Siro ceneranno, ch non hanno

    mangiato oggi ; el dottore andr di camera in sala, perch la cucina vadia netta ;

    Callimaco e madonna Lucrezia non dormiranno, perch io so, se io fussi lui e se voi

    fussi lei, che noi non dormiremo . Machiavel signale ainsi, en sadressant ironiquement

    au spectateur, quil est conscient de la rgle dunit de temps qui est en train de

    simposer dans la comdie rgulire, mais quil transgresse cette rgle. Ce nest pas un

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    cas unique, et rappelons que la codification de ces rgles ne se fait que dans la seconde

    moiti du sicle.

    5. Prose ou vers

    Depuis la fin de lantiquit et durant tout le Moyen ge, la connaissance de la

    mtrique latine stait perdue avec la disparition de la distinction de quantit entre les

    voyelles. Souvent, les comdies de Plaute et Trence taient prsentes et considres

    comme de la prose. Les premires comdies rudites en latin du XVe sicle sont donc

    composes en prose, et ce nest qu la fin du sicle, avec une meilleure connaissance

    de la mtrique latine due aux tudes des humanistes, que les auteurs tentent dimiter le

    senaire ambique1. Cest ainsi qu la fin du XVe sicle lide simpose dans les milieux

    humanistes que, les comdies classiques tant crites en vers, leurs imitations modernes

    doivent se conformer cet usage. Politien en particulier contribue imposer ce modle

    Florence. Convaincu que la comdie ne peut tre compose quen vers, il tente lui-

    mme en 1488, dans son prologue la reprsentation des Mnechmes de Plaute, de

    reproduire le senaire ambique latin.

    Tant que les humanistes se contentent dcrire en latin des pices dimitation

    classique, le problme pos est seulement de mieux comprendre et analyser la mtrique

    latine afin de la reproduire le plus fidlement possible. Les premiers auteurs de pices

    dimitation classique en italien se heurtent en outre la difficult de transposer une

    forme mtrique base sur lalternance de syllabes brves et longues en une nouvelle

    forme mtrique fonde sur lalternance de syllabes toniques et atones. Les auteurs de

    comdies les plus fidles aux prceptes humanistes tentent alors de trouver une solution

    mtrique acceptable (cest--dire une versification souple, adapte un registre de

    conversation moyen) et finissent par adopter lhendcasyllabe non rim, alors que la

    plupart des auteurs prfrent employer la prose.

    LArioste crit en 1508 et 1509 une premire version en prose de la Cassaria et

    des Suppositi, quil recompose en vers vingt ans plus tard, aprs avoir crit directement

    en vers I studenti (1518-1519), Il Negromante (1509-1520) et la Lena (1528). Bibbiena

    choisit immdiatement la prose pour la Calandria (1513), et Machiavel lutilise dans ses

    comdies. La prose finit par lemporter.

    Les partisans de la prose en comdie arguent de la ncessit de crer une langue et

    un style adapts au genre comique, cest--dire proche du langage de la conversation

    courante, vif et apte exprimer des registres diffrents et des jeux de mots. Cest la

    position adopte par Bibbiena (voir le prologue de la Calandria) et, quelques annes

    plus tard, par Machiavel. Dans le Dialogo intorno alla nostra lingua, Machiavel met

    laccent sur la ncessit de crer un langage comique empruntant expressions triviales et

    1 Antonio STABLE, La commedia umanistica del Quattrocento, Firenze, Istituto Nazionale di

    Studi sul Rinascimento, 1968, p. 150-154.

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    jeux de mots la langue parle. Il prconise un registre linguistique moins lev et plus

    vivant que celui adopt par les auteurs de comdies morales, et revendique la supriorit

    de la langue florentine dans ce domaine. Ce choix linguistique dpend directement de sa

    conception de la nature et du rle de la comdie : ancora che il fine duna comedia sia

    proporre uno specchio duna vita privata, nondimeno il suo modo del farlo con certa

    urbanit et termini che muovino riso, acci che glhuomini, correndo a quella

    delettatione, gustino poi lexemplo utile che vi sotto 2.

    Le modle de la comdie morale, tel quon la vu exprim par Eufrosino Bonini

    dans la Iustitia3, semble avoir t assez dominant pour que Machiavel concde que le

    rle essentiel du genre comique est denseigner par lexemple. Pourtant, il attnue la

    porte de cette affirmation en insistant sur la ncessit de trouver une manire agrable

    et drle de transmettre cette leon morale. Dans le prologue de la Clizia, les deux termes

    sont placs galit : Sono trovate le commedie per giovare et per dilettare alli

    spettatori4 . Les exemples dont les comdies sont pleines sont certes utiles et honntes,

    mais volendo dilettare necessario muovere gli spettatori ad riso, il che non si pu

    fare mantenendo il parlare grave et severo, perch le parole che fanno ridere sono o

    sciocche o iniuriose o amorose ; necessario per tanto rappresentare persone sciocche,

    malediche o innamorate. Et perci quelle commedie che sono piene di queste tre qualit

    di parole sono piene di risa ; quelle che ne manchano non truovano chi con il ridere le

    accompagni 5. Or Machiavel veut dilettare et fare in qualche parte gli spettatori

    ridere 6. Dans le prologue de la Mandragola, sans se rfrer un quelconque

    enseignement moral, il assure le spectateur de sa volont de le faire rire avant tout :

    pur, se vo non ridete, / egli [lautore] contento di pagarvi il vino .

    Machiavel ncarte pas a priori le rle dexemple que peut avoir la comdie, mais

    il la libre du moralisme en lui attribuant un registre linguistique plus familier et en

    insistant sur lefficacit du rire. Les partisans du vers, en optant dlibrment pour un

    type de comdie plus srieux, didactique et moral, adoptent en mme temps un registre

    linguistique plus lev et une forme plus stricte. La transposition en italien du modle

    2 encore que le but dune comdie soit de proposer un reflet dune vie prive, la manire de le

    faire comporte une certaine urbanit et des termes qui fassent rire, afin que les hommes, accourant pour

    les savourer, gotent ensuite lutile exemple qui se trouve en dessous : Niccol MACHIAVELLI, Dialogo

    intorno alla nostra lingua, a cura di Giorgio Inglese, Milano, Rizzoli, 1997, p. 63.

    3 E. BONINI, Iustitia, in Tre commedie fiorentine del primo 500, op. cit., p. 112, Dialogo , v. 49-

    55.

    4 Les comdies sont faites pour tre utiles aux spectateurs et les amuser : Niccol

    MACHIAVELLI, Clizia, in Clizia - Andria - Dialogo intorno alla nostra lingua, op. cit., p. 117.

    5 si lon veut amuser, il est ncessaire de faire rire les spectateurs, ce que lon ne peut faire en

    conservant une manire de parler grave et svre, car les mots qui font rire sont soit stupides, soit

    injurieux, soit amoureux ; et il est donc ncessaire de reprsenter des personnages stupides, mdisants ou

    amoureux. Cest pour cela que les comdies qui sont pleines de ces trois sortes de mots sont pleines de

    rires ; celles qui en manquent ne trouvent pas qui les accompagne dun rire : ibid., p. 117.

    6 amuser et, de quelque manire, faire rire les spectateurs : ibid., p. 117.

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    classique ne se fait cependant pas sans tenter de crer une mtrique sapprochant la

    fois des vers latins et des intonations du langage parl. Il sagit de trouver une voie

    mdiane entre une forme fige, inadapte au genre comique, et une forme trop triviale

    pour exprimer le propos moral de la pice. LAmicitia et les Due felici rivali sont la

    premire tape de cette recherche.

    Le choix de la langue, du registre, de la forme et du style de la comdie est li aux

    dbats sur la question de la langue. (Voir les documents 5 et 6)

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    Le lieu thtral

    Deux ouvrages de rfrence pour les auteurs des XVe et XVI

    e sicle :

    Vitruve, De Architectura.

    Vitruve est un architecte et ingnieur romain de la fin du Ier

    sicle av. J.-C. Il sert

    dans larme de Csar. Il rassemble son savoir dans le De Architectura, uvre en dix

    livres. Celle-ci est redcouverte en 1414, dite en 1486 par lhumaniste Gaio Sulpicio

    da Veroli. Il devient un texte de rfrence pour les artistes, les architectes (Alberti,

    Bramante, Palladio), les savants.

    Sebastiano Serlio, Secondo libro di perspettiva, Paris, 1545.

    Serlio est bolonais ; cest un lve de Baldassare Peruzzi. Il est architecte. Il a lui-

    mme travaill la ralisation de mises en scne thtrales. Dans son trait, il fait un

    bilan de la pratique effective de la mise en scne dans la premire moiti du XVIe sicle

    en Italie.

    Serlio parle de thtres en forme damphithtres de type romain. Or on na gard

    quun thtre de ce type, le Teatro Olimpico de Vicence, construit pour lAccademia

    Olimpica sur les plans de Palladio (1580) et complt par Scamozzi en 1585. La forme

    en amphithtre volue au XVIIe sicle vers celle aujourdhui appele thtre

    litalienne , dont le premier est le Teatro farnese de Parme construit sur les plan

    dAleotti (1618).

    Naissance dun lieu thtral ferm :

    Naissance, entre la fin du XVe et le dbut du XVI

    e sicle, de lide dun lieu

    thtral spcifique, prpar et destin au thtre, contrairement ce qui se faisait au

    Moyen ge. Au dbut, il sagit dune salle ou dune cour de palais (princier, ou de

    loligarchie rpublicaine). Symbole dun prestige social. Le lieu nest pas dabord

    destin spcifiquement au thtre, il est simplement amnag lors des reprsentations

    thtrales. Ensuite, on tend transformer lune des salles du palais en thtre

    permanent. Le premier exemple connu est le thtre que fait construire lArioste en

    1531 dans le Palais Ducal de Ferrare (mais il est dtruit lanne suivante par un

    incendie). Ou bien on construit un thtre en bois lextrieur, pour une reprsentation.

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    On a un exemple avec celui construit Rome sur le capitole en 1513 pour la

    reprsentation du Poenulus de Plaute loccasion des ftes en lhonneur de Lorenzo et

    Giuliano de Mdicis. Enfin, dans la seconde moiti du XVIe sicle, on construit des

    difices thtraux autonomes et permanents. Exemples : le Teatro Olimpico de Vicence

    et le thtre de Sabbioneta.

    Cet espace ferm, dlimit et permanent est objectivement aristocratique, destin

    une lite. Ce thtre destin une lite nat de la convergence deux forces : dune part,

    lexistence dune classe sociale hgmonique dtenant le pouvoir conomique et

    politique (princes, aristocratie de cour ou rpublicaine, riche bourgeoisie), dautre part

    lexistence dune lite intellectuelle, crivains et artistes, lis llite conomique et

    politique qui les fait vivre. Llite conomique et politique a la capacit financire pour

    organiser le spectacle, inviter et payer les artistes et artisans ; par lorganisation des

    spectacles ils maintiennent lintrt pour le thtre et stimulent une recherche crative,

    une exprimentation. Les artistes sont nourris, dans tous les champs de lart et de la

    littrature, de culture humaniste. Question de limitation et de lmulation.

    Il y a donc convergence entre des intrts de prestige (auto-clbration) et de

    plaisir dune part, et des intrts dexprimentation cratrice de lautre. Le choix du

    modle antique vient des intellectuels.

    Partie du thtre rserve aux spectateurs : ds le dbut, construction de gradins

    de bois suivant un plan semi-circulaire, en amphithtre. On peut les agrmenter de

    coussins.

    Les spectateurs sont des invits. Il ne sagit pas dun spectacle public, destin

    des spectateurs payant leur place (ou se trouvant sur la place publique, comme au

    Moyen ge). Il sagit dun public dinvits, donc dun public restreint, assistant une

    fte prive. Le public a forcment un rapport troit avec lorganisateur qui linvite. Il

    sagit dun spectacle en circuit ferm (le public est la fois le producteur et le

    consommateur du spectacle). Au dbut, le public est aussi lacteur.

    Cest la Renaissance que le terme spectateur prend le sens de personne qui

    assiste un spectacle (spectare : regarder, observer). Jusque-l il a le sens de tmoin

    dun vnement, dune action . Dans le thtre ferm du XVIe sicle, avec une pice

    crite et reprsente sur la scne, il ne participe plus au spectacle, la reprsentation,

    comme dans les Sacre rappresentazioni.

    Acteurs : en dehors des mimes et des bouffons, il nexiste pas encore de tradition

    dacteurs professionnels. Cest au XVIe sicle que cette tradition nat, au fur et mesure

    que se multiplient les spectacles. Le passage de lacteur amateur, dilettante, non pay,

    lacteur professionnel spcialis dans un rpertoire, se fait lentement dans les trente

    premires annes du XVIe sicle. Les acteurs sont dabord les lves des coles et les

    acadmiciens ; puis des gentilhommes et des serviteurs (ce recrutement, suivant les

    tmoignages de lpoque, est souvent difficile car peu se rvlent tre de bons acteurs).

    Certains sont apprcis et recherchs pour les reprsentations ; peu peu ils se

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    spcialisent dans un rpertoire, font de leur art un mtier et se font payer : exemple de

    Ruzzante (Venise), qui est un cas dauteur-acteur et qui forme une petite compagnie de

    semi-professionnels spcialiss dans certains rles (dont Alvarotto, surnomm

    Menato) ; le crieur public florentin Domenico Barlacchi ; le lucquois Francesco de

    Nobili aussi appel Cherea daprs le personnage de lEunuque de Trence quil

    interprte avec succs, connu ds 1508. Ce ne sont pas les acteurs qui crent le spectacle

    mais la continuit des spectacles qui produit graduellement les acteurs. Premire

    compagnie dacteurs connue : la fraternal compagnia , forme Padoue en 1545.

    La scne :

    Serlio parle de scne fixe en perspective.

    volution vers la scne mobile, avec changement continu du dcor ; scne

    illusion. Cest li lvolution dun texte organique, thtre dauteur restituer

    fidlement au public, vers une trame servant limprovisation des comdiens de la

    Commedia dellArte ou un texte soumis la musique du Mlodrame.

    Dabord des portiques ferms par des rideaux figurant les maisons do sortent les

    acteurs. Puis une toile peinte sur le fond, reprsentant la scne voulue. Puis de nouveaux

    lments sajoutent : sur les cts de la toile de fond, construction de deux maisons (ou

    plus) avec portes et fentres (praticabili) do sortent les acteurs. Ces lments sont

    installs sur un palco de bois (le futur palcoscenico).

    Puis ralisation de la scena in prospettiva (troisime dimention, profondeur). Il

    sagit dune scne fixe et unique. La scne reprsente une place publique. On garde les

    maisons (praticabili) sur les cts de la scne ; derrire ces maisons on construit des

    coulisses peintes en forme de maisons donnant sur la place et laissant des espaces

    reprsentant des rues qui dbouchent sur la place, permettant aux acteurs dentrer et

    sortir ; un arc ; la scne est travaille en trompe-lil, avec des lignes de fuite

    convergeant vers une toile de fond ; sur la toile de fond est peint en perspective un

    paysage de cit idale.

    Les difices reprsents sont des maisons prives, la maison dune entremetteuse

    ou dune prostitue, une auberge, un temple (bipolarit positive et ngative de lordre et

    du dsordre).

    On cre ainsi un espace spcifiquement rserv la cration artistique. On spare

    consciemment le monde rel (dans lequel vit le public) et le monde de lart (o volue

    lacteur).

    Correspondance entre la scne et un genre de texte qui lui est destin. Il existe

    trois genres au XVIe sicle : la comdie, la tragdie et la fable pastorale ou glogue

    (conrrespond au drame satyrique grec ; dbouche sur le drame pastoral et influence la

    cration du mlodrame). Le succs de la comdie fait que cest le type de scne qui

    connat le plus dvolution.

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    La scne fixe unique en perspective correspond pour les artistes une recherche

    sur le modle antique ; pour les commanditaires elle reprsente la cit idale, lordre

    social de fond qui rsiste la subversion de la comdie (les maisons prives, lauberge,

    la maison de la prostitue sont sur le devant de la scne ; les palais privs et publics, les

    glises sont reprsents sur le fond de la toile, dans des positions surleves ; la

    subversion de lordre social a lieu sur le devant de la scne o jouent les acteurs). Les

    lments de la cit idale reprennent dailleurs de faon stylise des lments des

    triomphes et entres princires des XVe et XVI

    e sicles. Le rapport entre lauteur de la

    comdie et le scnographe est donc ambigu. Il peut y avoir tension entre les deux plans

    scne/texte, exprime dans le prologue de la pice.

    Cependant il y a aussi adhsion des auteurs la scne en perspective, car la

    comdie tudie la nature de lhomme en tant quelle est immuable ; la vision humaniste

    considre lhomme non comme un tre historique, qui change, mais comme un tre

    immuable dans sa nature. De ce point de vue, la scne fixe et stylise indique la

    prennit de la nature humaine tout en laissant libre cours au mcanisme des vari

    giochi . Stabilito un terreno di fondo esso viene arricchito al suo interno, con

    linvenzione di continue varianti : questa la Commedia7.

    Perci, per concludere lanalisi di questultimo punto, la commedia,

    che non mai fondata sullirreparabile, corrisponde essenzialmente,

    con la sua scena in prospettiva, alla duplice esigenza di un mondo

    (quello della lite dirigente del Cinquecento) che vuol credere,

    socialmente e culturalmente, alla propria eternit, cio allassolutezza

    dei propri valori, che la libert del comico non mette in causa.

    Socialmente, perch la citt comica sta l ad indicare la perennit di

    una struttura sociale ; culturalmente, perch la cultura umanistica

    serve ad indicare la perennit della natura delluomo. Perci, tanto al

    livello politico-ideologico quanto a quello civile-egemonico, la

    commedia risponde a una duplice rassicurante esigenza : e i giochi

    comici, le provocazioni, la libert di linguaggio, le audacie stesse di

    certe situazioni non mettono in questione, tuttaltro, questo duplice

    postulato. Esistono valori sociali e culturali intangibili, anche

    allinterno dellorganismo comico : la festa permette il gioco, il

    divertimento, la licenza, ma senza che venga intaccato il quadro

    generale di certi valori. E sar allora importante vedere se alcuni

    autori vadano oltre e fuori di esso, se tendano cio a rompere le regole

    del gioco drammaturgico, rivelando scarti tanto pi sintomatici per noi

    quanto pi conosciamo le regole delle convenzioni entro cui essi si

    muovono8.

    7 Mario BARATTO, La commedia del Cinquecento (aspetti e problemi), Vicenza, Neri Pozza

    Editore, 1975, p. 85.

    8 Ibid.

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    La Calandria

    I. Lauteur

    Bernardo Dovizi da Bibbiena : n le 4 aot 1470 Bibbiena (dans le Casentino)-

    mort le 9 novembre 1520 Rome.

    Diplomate et homme politique. Lettr et homme dtat. Toute sa vie li aux

    Mdicis. Ce nest pas un citoyen florentin mais un roturier du territoire florentin (pas de

    la cit elle-mme) qui slve grce aux Mdicis.

    1492 : Anne o il entre au service des Mdicis. Il fait partie de lambassade

    portant Alexandre VI lhommage de Florence.

    1494 : ambassadeur Naples auprs du roi Alphonse dAragon.

    Homme de confiance de Pierre de Mdicis quil suit en exil Rome ; quand

    Pierre meurt en 1503 il se lie son frre le cardinal Jean (nomm pape sous le nom de

    Lon X le 10 mars 1513, aprs la mort de Jules II le 20 fvrier 1513). En septembre

    1512 les Mdicis rentrent Florence.

    Nomm trsorier gnral, protonotaire (prlat de la cour romaine, rang le plus

    lev de ceux qui nont pas le caractre piscopal) et cardinal de Santa Maria in Portico

    par Lon X en 1513.

    Il travaille lalliance entre le pape, les cantons suisses, Gnes et Milan en 1515.

    1516 : lgat auprs de larme pontificale qui assige Urbin.

    1518 : envoy en France pour demander une croisade contre les Turcs (Franois

    Ier

    tente alors une alliance avec les Turcs). Il est surnomm alter papa . Il reoit

    lvch de Constance dont il cde les revenus Bembo.

    Fin 1519 : malade, il retourne Rome. Il meurt le 9 novembre 1520, stomachi

    languore absumptus . Certains contemporains souponnent quil ait t empoisonn

    par Lon X qui aurait craint son dsir de lui succder.

  • 12

    Son uvre

    Des centaines de lettres.

    La Calandria.

    Mais selon Paolo Giovio (biographe de Lon X), Bernardo Dovizi da Bibbiena

    aurait crit plusieurs comdies qui ne nous sont pas parvenues ( comoedias []

    componebat ). Selon le critique Giorgio Padoan, Giovio fait peut-tre rfrence plus

    une activit dhomme de thtre (organisation de reprsentations, conseils aux acteurs,

    prsentation de spectacles) qu lcriture de pices nouvelles. La Calandria est une

    uvre compose en marge de ses activits politiques ; cest souvent le propre de la

    comdie italienne du dbut du XVIe sicle.

    II. Cration et rception de la Calandria

    La premire reprsentation a lieu la cour dUrbin le 6 fvrier 1513, dans le

    palais ducal ; ftes de carnaval ; la demande du duc Francesco Maria Della Rovere. Il

    faut remarquer que Mantoue (marquis, Gonzaga), Ferrare-Modne (ducs, Este) et Urbin

    ( ducs, Montefeltro) sont lis par un rseau de parentle : Guidobaldo da Montefeltro

    avait pous Elisabetta Gonzaga en 1488 ; il meurt en 1508 sans descendance mais il

    avait adopt la demande de Jules II (1504) le fils de sa sur Giovanna (pouse de

    Giovanni Della Rovere, seigneur de Senigallia), Francesco Maria Della Rovere qui lui

    succde. En 1490 Isabella dEste pouse Francesco Gonzaga, marquis de Mantoue.

    Sont reprsentes la mme occasion des pices de Niccol Grasso, mantouan

    secrtaire du duc (Eutichia) et de Guidubaldo Ruggieri da Reggio, garon de 14 ans

    (pice joue par des acteurs du mme ge (sorte dexercice dcole sur ou partir de

    modles latins).

    Organisation de la reprsentation et de la fte au cours de laquelle elle est

    donne : Baldassar Castiglione. Bibbiena, qui rside habituellement Rome, est retenu

    Milan pour des affaires politiques. Castiglione : n Casatico (prs de Mantoue) en

    1478 ; est au service du marquis Francesco Gonzaga, puis du duc dUrbin Guidobaldo

    da Montefeltro et de son successeur Francesco Maria Della Rovere, et enfin de nouveau

    du marquis de mantoue qui lenvoie Rome comme ambassadeur ; nonce pontifical

    auprs de lempereur Charles Quint, il meurt Tolde le 7 fvrier 1529.

    Mise en scne de Girolamo Genga da Urbino, disciple de Raphal, peintre et

    architecte du duc.

    Contexte de la premire reprsentation :

    - clbration du carnaval Rome, Florence et Urbin

  • 13

    - pontificat de Jules II qui fait la guerre pour rcupr les territoires de lglise

    (ligue de Cambrai en 1508 contre Venise ; lega santa contre la France en 1511)

    - attente de la mort du pape (et de llection du suivant, qui sera un Mdicis)

    - retour des Mdicis Florence en septembre 1512

    - le duc dUrbin a soutenu le pape partir davril 1512 (prise de Bologne) aprs

    avoir appuy le parti franais

    Donc le duc dUrbin cherche clbrer la victoire sur les Franais, marquer sa

    rconciliation avec le pape, mettre en valeur le renforcement de son tat ainsi que

    lpanouissement de la cour dUrbin. Bibbiena quant lui se trouve un moment cl de

    lascension des Mdicis ( la tte de Florence et de Rome) laquelle il travaille.

    Bibbiena est un reprsentant de la langue et de la culture florentines.

    III. Autres reprsentations

    Dcembre 1514 : Rome.

    Janvier 1515, carnaval : Rome en lhonneur dIsabella dEste Gonzaga, en

    prsence du pape. Mise en scne de Baldassarre Peruzzi.

    1520 : Mantoue.

    1521, 1522 : Venise.

    1532 : Mantoue. Mise en scne de Giulio Romano.

    1540 : Naples.

    1549 : Camerino.

    1550 : Rome.

    Aussi hors dItalie : 1548 Lyon avec des acteurs professionnels italiens dont

    Domenico Barlacchi en lhonneur de lentre du roi Henri II et Catherine de Mdicis ;

    spectacle financ et commandit par la nation florentine de la ville. En 1569 Munich

    avec des acteurs professionnels italiens (compagnie de Iacopo da Venezia).

    Pas de tradition manuscrite de la comdie.

    ditions (au moins 21 jusqu la fin du XVIe sicle) :

    dition princeps Sienne en 1521.

    Nombreuses rditions Venise et Florence.

    Traductions et imitations.

  • 14

    Fortune de la pice

    La Calandria devient un modle durant tout le XVIe sicle pour les auteurs de

    comdies (personnages, situations, phrases). On en trouve quelques chos dans la

    Mandragola.

    Au XVIIIe sicle on ne trouve que quelques tudes rudites ayant trait

    lhistoire du genre littraire quest la comdie. Au XIXe sicle, nouvel intrt pour la

    Calandria, dans le monde acadmique, mais avec un jugement ngatif : on oppose la

    Calandria, rvlatrice de la dcadence morale et spirituelle de lItalie et de la cour

    pontificale au XVIe sicle, la Mandragola.

    Dans la seconde moiti du XXe sicle, renouveau dintrt pour le thtre du

    XVIe sicle : plusieurs ditions de la Calandria dans les annes 1960, et une

    reprsentation en 1966 Venise pour le Festival International du Thtre (compagnie

    De Lullo-Falck-Valli-Albani). Une autre reprsentation en 1874 Cologne (compagnie

    Bhne der Stadt Klner) en traduction.

    En dcembre 2004 Paris : mise en scne de Maurizio Scaparro et Marcello

    Scuderi ; adaptation de Edo Bellingeri et Ferdinando Ceriani.

    IV. Argomento

    Sujet de la pice :

    Deux jumeaux de sexe diffrent, Lidio et Santilla. Fulvia aime Lidio, son mari

    Calandro aime Lidio habill en femme. Lieu : Rome. Date : 1513.

    LArgomento est crit par lauteur. Il est prsent sous forme personnifie et

    rcit devant le public. Il donne des informations quon retrouve (avec des reprises mot

    mot) dans les actes I et II, mais aussi dautres quon ne trouve que l. Fonction : viter

    de trop longs dialogues introductifs.

    Lidio et Santilla ont 6 ans la prise de Modon par les Turcs (en 1500) ; au

    moment de la pice Lidio a 18 ans ; donc le temps de la pice est 1512, cest--dire le

    moment mme o Bibbiena lcrit. Lieu de laction : Rome, o Bibbiena rside et crit

    la pice (il donne comme exemple de jumeaux Antonio et Valerio Porcari, qui sont

    romains ; Bibbiena est lami dAntonio). Lidio a cependant vcu plusieurs annes

    Florence.

  • 15

    V. Prologo

    Un prologue a t prsent, ds les ditions du XVIe sicle, comme crit par

    Bibbiena. En 1875 Isidoro Del Lungo dcouvre parmi les manuscrits autographes de

    Bibbiena un autre prologue quil publie en 1897 comme tant le prologue rellement

    crit par Bibbiena pour la reprsentation de la Calandria ; celui publi jusque-l serait

    selon lui luvre de Castiglione. Del Lungo sappuie sur un passage de la lettre dans

    laquelle Castiglione dcrit la reprsentation de la Calandria peu aprs le 6 fvrier 1513

    (lettre Lodovico da Canossa, sans date) : ma vengo al Calandro di Bernardo nostro,

    il quale piaciuto estremamente ; e perch il prologo suo venne molto tardi, n chi

    lavea a recitare si confidava impararlo, ne fu recitato un mio, il quale piaceva assai a

    costoro (La commedia del Cinquecento, t. 1, Appendice, p. 446). Del Lungo conclut

    que le prologue dit jusque-l est de Castiglione, et que le prologue original est le texte

    quil a trouv en 1875. Jusquen 1970, les ditions de la Calandria prsentent ainsi les

    deux prologues (ex. : ld. de Paolo Fossati, Torino, Einaudi [Collezione di teatro, 114],

    1967).

    Cependant Padoan remarque, dans lintroduction son dition critique de la

    Calandra (1970, rd. in Rinascimento in controluce), quil est improbable que le

    prologue de Castiglione utilis par commodit lors de la cration de la Calandria, et

    quil semble ntre quun prologue gnrique, adaptable diverses comdies et

    certainement dj connu des acteurs, ait t repris dans les reprsentations successives,

    en particulier celles de Rome ralises sous le contrle direct de Bibbiena, et donc dans

    les ditions ; en outre il est fait rfrence une reprsentation Florence, chez un

    certain ser Giuliano. Padoan voit dans les deux prologues luvre de Bibbiena, lun

    destin effectivement la Calandria, et lautre prcder loccasion toute

    reprsentation de comdie.

    VI. Principaux aspects de la Calandria

    Bibbiena suit le modle donn par lArioste dans la Cassaria et les Suppositi :

    cration dune comdie italienne, en langue vulgaire (en prose), sinspirant des

    comdies latines. Bibbiena sinspire explicitement de la comdie de Plaute Les

    Mnechmes, laquelle il emprunte essentiellement le principe moteur de lintrigue,

    cest--dire la succession de quiproquos engendre par la gmellit des deux

    personnages principaux. Cependant il complique lintrigue en donnant un sexe diffrent

    aux deux jumeaux, et en doublant le mcanisme de la gmellit par celui du

    travestissement. En outre, Bibbiena dveloppe la thmatique amoureuse, qui nest

    quesquiss chez Plaute. Bibbiena situe la pice dans une Grce fictive, et reprend une

    partie des personnages des Mnechmes, mais il cre deux nouveaux personnages :

  • 16

    - celui du serviteur Fessenio, qui fait avancer lintrigue. Ce type de personnage

    est inspir de nombreuses comdies latines : il sagit du serviteur ou du parasite

    auxiliaire des jeunes gens amoureux dans la comdie romaine, image de mobilit

    physique et dagilit desprit, de ruse. Ici, il est dvelopp par Bibbiena, qui en fait une

    sorte de double de lauteur

    - celui de Calandro, inspir du Calandrino de Boccace, qui donne son titre la

    pice. Comme le Calandrino de Boccace, Calandro est limage du balourd, victime toute

    dsigne des beffe ou mauvais tours que lui jouent ses amis

    La confrontation entre les personnages de Fessenio (tradition classique) et de

    Calandro (tradition de la nouvelle italienne) [le second tant la victime du premier] est

    un nouveau ressort comique cr par Bibbiena.

    La Calandria devient un modle pour les auteurs de comdies rgulires du

    dbut du XVIe sicle parce quil russit lier modle classique et modle italien.

    IV. Parallle entre la Calandria et les Mnechmes

    1. Structure

    Mnechmes

    La division en actes et en scnes ne date pas de Plaute, mais elle correspond ce

    que les auteurs du XVIe sicle connaissaient de la comdie latine.

    Personnages (7 principaux et plus de 3 secondaires) : Mnechme I et son parasite

    Pniculus ; Mnechme II et son esclave Messnion ; rotie courtisane matresse de

    Mnechme I ; la femme de Mnechme I (sans nom) ; un vieillard (sans nom) beau-pre

    de Mnechme I. Cylindre cuisinier drotie ; une servante drotie (sans nom) ; un

    mdecin ; des esclaves du vieillard.

    Argument : un marchand sicilien a deux fils jumeaux ; lun deux est enlev ; le

    marchand meurt ; le nom de lenfant disparu est donn par le grand-pre paternel celui

    qui reste (Sosicls/Mnechme) ; celui-ci devenu grand part la recherche de son frre ;

    il dbarque pidamne o habite son frre ; suite de quiproquos ; reconnaissance des

    deux frres.

    Prologue : lauteur est Plaute ; sujet sicilisant ; un marchand de Syracuse a deux

    fils jumeaux que mme leur mre et leur nourrice confondent ; quand les deux jumeaux

  • 17

    ont sept ans leur pre emmne lun des deux Tarente o lappellent ses affaires ; il le

    perd dans la foule ; un marchand dpidamne trouve lenfant et lemmne avec lui ; le

    pre de lenfant meurt de chagrin ; Syracuse le grand-pre donne au jumeau restant le

    nom de son frre (qui est aussi le sien) ; avertissement sur le fait que les deux jumeaux

    portent dornavant le mme nom ; le jumeau enlev est adopt par le marchand

    dpidamne qui lui donne une pouse et le fait hriter ; aujourdhui le jumeau restant

    arrive pidamne ; plaisanterie sur le dcor et sur les acteurs.

    Acte I

    1. Pniculus (parasite) : il se prsente lui-mme et explique son lien avec

    Mnechme.

    2.Mnechme I, Pniculus : Mnechme I a subtilis la mante de sa femme pour la

    donner sa matresse rotie. Projet dun dner chez rotie.

    3. rotie, Pniculus, Mnechme I : Mnechme I donne la mante rotie et lui

    demande de prparer un dner. Elle le remercie et accepte. Mnechme I et Pniculus

    partent en attendant que le dner soit prt.

    4. rotie, Cylindre (cuisinier) : elle envoie son cuisinier faire les courses.

    Acte II

    1. Mnechme II, Messnion (esclave) : ils arrivent pidamne ; Mnechme II

    est la recherche de son frre jumeau ; Messnion le met en garde contre la tromperie

    des habitants dpidamne (la ville o lon se damne), ce qui prpare accepter les

    situations de quiproquo.

    2. Cylindre, Mnechme II, Messnion : quiproquo 1. Cylindre invite Mnechme

    II entrer chez rotie ; il avertit cette dernire de la prsence de Mnechme II devant sa

    porte.

    3. rotie, Mnechme II, Messnion : quiproquo 2. Mnechme II accepte de

    rentrer chez rotie afin de profiter delle et du repas puis de garder la mante quelle lui

    demande de porter chez le brodeur ; il renvoie Messnion avec sa bourse.

    Acte III

    1. Pniculus : quiproquo 3. Seul, Pniculus se plaint davoir perdu Mnechme I ;

    il voit arriver Mnechme II et simagine quil la sem afin de manger sans lui.

    2. Mnechme II, Pniculus : quiproquo 3 (suite). Mnechme II sort de chez

    rotie avec la mante. Pniculus laccuse davoir mang sans lui et le menace de le

    dnoncer sa femme.

  • 18

    3. Une servante drotie, Mnechme II : quiproquo 4. La servante confie

    Mnechme II un bracelet que Mnechme I avait donn rotie afin quil lamne chez

    lorfvre.

    Acte IV

    1. Femme de Mnechme I, Pniculus : Pniculus a dnonc Mnechme sa

    femme. Elle veut accuser son mari.

    2. Mnechme I, femme de Mnechme I, Pniculus : quiproquo 5. Elle accuse

    Mnechme I de vol ; Pniculus laccuse davoir mang seul.

    3. rotie, Mnechme I : quiproquo 6 : Mnechme I demande rotie la mante

    afin de la rendre sa femme ; il lui en promet une autre pour la ddommager ; elle lui

    rtorque quil a dj emport la mante et le bracelet.

    Acte V

    1. Mnechme II, femme de Mnechme I : quiproquo 7. La femme de Mnechme

    I accuse Mnechme II de la tromper et de la voler. Elle menace dappeler son pre.

    2. Vieillard, femme de Mnechme I, Mnechme II : quiproquo 8. Elle se plaint

    son pre ; son pre ne reproche que le vol Mnechme II. Mnechme II feint la folie.

    3. Mnechme II : il se sauve et quitte la scne.

    4. Vieillard : il revient davoir cherch un mdecin.

    5. Mdecin, Vieillard : explication du cas.

    6. Mnechme I, Vieillard, Mdecin : quiproquo 9. Le Vieillard et le Mdecin

    tentent de comprendre si Mnechme I est bien fou. Ils dcident de faire appel la force

    pour lamener chez le mdecin.

    7. Messnion, Mnechme I : arrive de Messnion. Le bon esclave.

    8. Vieillard, Mneche I, esclaves, Messnion : quiproquo 10 : les esclaves

    tentent de prendre Mnechme I par la force. Messnion les fait fuir. Il demande

    Mnechme I de laffranchir ; puis il va chercher la bourse que Mnechme I envisager de

    garder pour lui.

    9. Mnechme II, Messnion : quiproquo 11. Messnion rappelle Mnechme

    quil la sauv des esclaves et que lui la affranchi en remerciement.

    10. Mnechme I, Messnion, Mnechme II : reconnaissance finale.

  • 19

    Calandria

    Personnages (8 principaux ; plus de 3 secondaires) : Lidio et son serviteur

    Fessenio ; Santilla et son serviteur Fannio ; Calandro ; Fulvia et sa servante Samia ;

    Ruffo le ncromantien. Polinico prcepteur de Lidio ; nourrice de Santilla ; une

    prostitue ; un portefaix ; des douaniers.

    Les rles des personnages principaux hors le couple de jumeaux sont dvelopps

    par rapport Plaute (surtout Fessenio et Calandro ; les autres aident rythmer la pice

    par le jeu des entres et des sorties ; quilibre : Lidio, Santilla, Fulvia et Calandro ont

    chacun un serviteur qui agit pour eux). La gnration des vieux disparat. Plus de

    mdecin mais un pdagoge et un ncromantien. Pas de dveloppement de la

    psychologie des personnages.

    Prologue : Calandria, nouvelle comdie, en prose, en langue vulgaire ; le nom

    vient du personnage Calandro (parallle avec Martino da Amelia) ; lingua

    vostra/nostra ; le modle est Plaute (mais Bibbiena na pas besoin dexpliciter le nom de

    la pice dont il sinspire).

    Ici Bibbiena dialogue avec lArioste. Ds le dbut il annonce que la matire

    comique sera prise la tradition de la nouvelle (Calandro ; Martino da Amelia).

    Dfinition du registre comique : Rappresentandovi la commedia cose familiarmente

    fatte e dette ; de cette dfinition dcoulent les choix linguistiques et stylistiques.

    mulation affirme avec les anciens (contaminatio).

    Argument : Demetrio citoyen de Modon a deux jumeaux de sexe diffrent, Lidio

    et Santilla, que tous confondent (exemple des Romains contemporains Antonio et

    Valerio Porcari) ; quand ils ont six ans leur pre est dj mort et les Turcs prennent

    Modon ; leur nourrice et Fannio sauvent Santilla en la dguisant en garon et lappellent

    Lidio quils croient mort ; ils partent de Modon mais sont faits prisonniers et emmens

    Constantinople ; le marchand florentin Perillo les rachte et les emmne Rome dont ils

    apprennent la langue et le mode de vie ; aujourdhui Perillo veut donner sa fille en

    mariage Santilla quil prend pour un homme ; paralllement Lidio sest sauv de

    Modon avec Fessenio ; ils sont alls en Toscane dont ils ont appris la langue et le mode

    de vie ; quand il approche les 18 ans il va Rome o il tombe amoureux de Fulvia quil

    va voir travesti en femme ; aprs de nombreux quiproquos Lidio et Santilla se

    reconnaissent ; avertissement sur la ressemblance des deux personnages ; plaisanterie

    sur le dcor.

    Bibbiena reprend deux indications donnes par Plaute dans le prologue :

    problme pour les spectateurs de distinguer les deux jumaux ; plaisanterie sur le dcor.

    Il ancre sa pice dans la ralit contemporaine (seuls les noms des personnages sont

    latins) alors que la Grce de Plaute reste trs abstraite (les noms des personnages sont

    grecs). Il reprend le principe moteur de lintrigue, cest--dire la succession de

  • 20

    quiproquos engendre par la gmellit des deux personnages principaux. Cependant il

    complique lintrigue en donnant un sexe diffrent aux deux jumeaux ; le mcanisme de

    la gmellit est doubl de celui du travestissement ; doublement du travestissement

    quand Fulvia dcide de shabiller en homme (III, 5) ; il dveloppe aussi la thmatique

    amoureuse, qui ntait quesquisse chez Plaute (chez Plaute les ressorts de laction sont

    la gmellit, le sexe et largent). En la dveloppant, il la fait entrer dans la logique du

    quiproquo, redoublant ainsi leffet comique (cette dmultiplication du thme amoureux

    Lidio/Fulvia - Calandro/Lidio femmina est annonce par Fessenio I, 1). Un autre ressort

    comique, absent chez Plaute, est la confrontation entre les personnages de Calandro (le

    balourd de la nouvelle italienne), et de Fessenio (le serviteur ou parasite auxiliaire des

    jeunes de la comdie romaine, mobilit physique et agilit desprit, ruse ; chez Trence

    volution de lesclave au valet fidle).

    Acte I

    1. Fessenio : il prcise la situation (valeur dexposition). Prsentation de son

    personnage. Annonce dune priptie qui ne sera rvle qu la scne 3 (effet

    dattente).

    Bibbiena reprend Plaute louverture sur le personnage parasite/serviteur qui le

    prsente ; il reprend la thmatique de la ressemblance entre les jumeaux telle que ni leur

    mre ni leur nourrice ne les reconnat (mais dans le Prologue chez Plaute) ; il ajoute une

    valeur dexposition.

    2. Polinico, Lidio, Fessenio : Polinico tente de convaincre Lidio de ne pas aimer

    Fulvia. Comique de lopposition entre le serviteur et le pdagogue. Thmatique de

    lamour.

    3. Lidio, Fessenio : Fessenio apprend Lidio que Calandro est amoureux de lui.

    4. Calandro, Fessenio : che di Santilla mia. Comique de lopposition entre le

    serviteur rus et le matre idiot.

    5. Fessenio, Samia : Samia cherche un ncromancien pour Fulvia.

    6. Samia, Ruffo : Ruffo ncromancien mis au courant, promet daller chez

    Fulvia. Il affirme exploiter la crdulit des femmes.

    7. Fessenio, Calandro : bere le donne. Beffa 1.

    8. Ruffo : Quiproquo 1. Ruffo revient de chez Fulvia qui lui a expliqu ce

    quelle veut. Il croit connatre Lidio et part la recherche de Lidio femme.

  • 21

    Acte II

    1. Lidio femme, Fannio, Nourrice (muette) : Lidio femme expose le malheur

    dtre une femme. Elle annonce que Perillo veut lui donner sa fille unique et hritire

    Verginia en mariage.

    2. Samia, Lidio femme, Fannio : Quiproquo 2. Samia va la rencontre de Lidio

    femme que Fulvia a vu passer ; elle lui demande daller voir Fulvia. // III. 16

    3. Lidio femme, Fannio, Ruffo : Quiproquo 3. Ruffo propose un march Lidio

    femme pour tromper Fulvia et gagner de largent.

    4. Fannio, Lidio femme : ils dcident daccepter le march de Ruffo.

    5. Fessenio, Fulvia : Fessenio annonce Fulvia que Lidio veut partir la

    recherche de sa sur ; Fulvia promet de la chercher elle-mme et de donner Santilla

    son fils unique Flaminio.

    6. Fessenio, Calandro : projet damener Calandro chez Lidio dans un coffre-fort.

    Comment entrer dans le coffre-fort ? Fessenio enseigne Calandro comment se

    disjoindre, se dsassembler, se dsarticuler (scommettere ; Ambracullc). Calandro part

    au march. Fessenio quitte la scne en voyant arriver Samia. Beffa 2.

    7. Samia, Fulvia : Samia craint pour Fulvia que les frres de Calandro

    saperoivent de quelque chose ; mais lamour na pas de frein ; Fulvia appelle Samia

    qui quitte la scne.

    8. Lidio femme, Fannio : un point sur les prparatifs du mariage ; dcision

    dattendre Ruffo et de laisser du temps au temps.

    9. Fessenio, Calandro : Fessenio explique au spectateur la beffa (Calandro sera

    reu par Lidio mais ira au lit avec une prostitue de bas tage) ; Calandro arrive et

    demande Fessenio sil devra dormir dans le coffre-fort ; Fessenio lui apprend mourir

    (ne forzieri si muore). Beffa 3.

    10 Calandro, Fulvia : Calandro appelle Fulvia et lui annonce quil part pour leur

    maison de campagne.

  • 22

    Acte III

    1. Fessenio, seul : sadressant aux spectateurs il leur propose dacheter les

    spoglie amorose de Calandro. Exposition des faits : Calandro sest mis dans le coffre-

    fort et est transport par un portefaix ; Calandro est parti la rencontre de la prostitue.

    Tous deux arrivent.

    2. Meretrice (Sofilla), Fessenio, Facchino, Sbirri di dogana, Calandro : les

    douaniers confisquent le coffre-fort, croyant quil contient des marchandises taxes ; ils

    louvrent et trouvent Calandro mort ; Fessenio prtend quil sagit du mari dfunt de la

    prostitue et quil est mort de peste ; Calandro croyant quon veut le noyer se rveille ;

    tous senfuient sauf Calandro et Fessenio.

    3. Calandro, Fessenio : Fessenio explique Calandro que sans lui il aurait t

    revendu par les douaniers comme marchandise passe en fraude ; il lui dit que la

    prostitue qui sest enfuie est la Mort ; il lui fait porter le coffre-fort vide jusque chez

    Lidio et se prsente lui-mme comme menuisier ; il se propose de retrouver la prostitue

    et de la faire entrer par larrire de la maison ; il voit Samia arriver et se propose de lui

    parler. Beffa 4.

    4. Fessenio, Samia : Samia explique que le ncromantien a promis de passer voir

    Fulvia. Fessenio dit aller chez Lidio pour lui transmettre le message de Fulvia.

    5. Samia, Fulvia : Samia rapporte les paroles de Ruffo (anghibo) ; elle rapporte

    lattitude de Lidio femme ; Fulvia dcide de profiter de loccasion (Calandro est parti)

    pour se dguiser en homme pour aller trouver Lidio (une femme ne doit pas perdre sa

    jeunesse en vain ; force de lamour pour convaicre lobjet aim).

    6. Samia, Fulvia : Samia dplore le malheur de la condition fminine (les

    femmes soumises lAmour) ; Fulvia part.

    7. Fulvia : puissance de lAmour qui pousse faire des choses qui sortent de la

    nature de chacun ; mais cest une force libratrice.

    8. Samia : reste seule elle a lide de prendre du plaisir avec son amant Lusco

    spenditore.

    9. Fessenio : aprs avoir conduit Calandro et la prostitue chez Lidio, il cherche

    Fulvia pour lui raconter laffaire. Beffa 5 (qui se droule hors de la scne ; elle est

    raconte par Fessenio).

    10. Fessenio (dehors), Samia (dedans) : la chiave nella toppa ; Samia apprend

    Fessenio que Fulvia dguise en homme est partie chez Lidio.

    11. Fessenio : force de lamour ; Fessenio craint que Fulvia ne soit surprise par

    Calandro ; il voit Calandro prisonnier de Fulvia et se cache pour comprendre la

    situation.

    12. Fulvia, Calandro : Fulvia accuse Calandro et le menace de se venger ;

    Calandro laccuse de lui avoir gch son plaisir.

    13. Fessenio : lamour rend intelligent.

  • 23

    14. Fulvia, Fessenio, Samia : Fessenio rend espoir Fulvia au sujet de Lidio ; il

    part le retrouver ; Fulvia envoie Samia chez le ncromantien.

    15. Samia, Ruffo : Ruffo donne espoir Samia ; il lincite parler Lidio

    femme quils aperoivent.

    16. Fannio, Lidio femme, Samia : Quiproquo 4. Lidio femme dit Samia quelle

    aime Fulvia et promet daller la trouver. Samia part annoncer la nouvelle Fulvia.

    17. Lidio femme, Fannio, Ruffo : Lidio femme et Fannio comprennent quelle

    est prise pour un autre ; ils en avertissent Ruffo ; Lidio femme quitte la scne pour aller

    se travestir en femme ; Fannio explique Ruffo que Lidio femme est hermaphrodite ;

    Lidio se montrera donc en femme uniquement Fulvia ; Ruffo assure que Fulvia sera

    gnreuse pour le service rendu ; Ruffo va chez Fulvia et Fannio va aussi shabiller en

    femme.

    18. Ruffo, Samia : Ruffo arrive chez Fulvia et se rappelle ce quil doit lui

    conseiller.

    19. Samia, Fessenio : Fessenio veut annoncer Fulvia que Lidio veut la voir ; il

    espre quelle le paiera ; Samia lempche dentrer car Fulvia est avec Ruffo.

    20. Ruffo : Fulvia a donn de largent Ruffo ; Ruffo voit arriver une femme

    quil ne reconnat pas.

    21. Ruffo, Fannio : la femme est Fannio dguis ; il annonce darrive de Lidio

    femme dguis en femme.

    22. Fessenio, Fulvia : Fessenio annonce Fulvia larrive de Lidio ; elle lui

    promet une rcompense et pense mettre Calandro hors de chez lui.

    23. Calandro, Lidio homme, Lidio femme : quiproquo 5. Calandro voit deux

    Santilla et ne sait laquelle est la bonne ; Lidio homme le voyant dcide de rentrer chez

    lui ; Calandro le suit. Lidio femme entre chez Fulvia. // V. 1

  • 24

    Acte IV

    1. Fulvia, Samia : quiproquo 6. Fulvia en colre et dsespre envoie Samia

    chercher Ruffo.

    2. Ruffo, Fulvia : Fulvia se plaint que Lidio est vraiment devenu femme. Ruffo

    lui promet que lesprit le changera de nouveau en homme ; Fulvia lui promet une bonne

    rcompense ; Ruffo voque la crdulit de lAmour.

    3. Ruffo, Lidio femme, Fannio : Ruffo demande Lidio de shabiller de nouveau

    en femme et de retourner chez Fulvia.

    4. Fannio, Lidio femme, Samia : Samia part chez Ruffo ; Fannio explique

    Lidio femme comment faire pour retourner chez Fulvia ; Lidio femme accepte mais lui

    demande de sinformer sur le mariage auquel elle est promise.

    5. Lidio femme : vocation du triste sort fminin (opere, pensieri). Elle se met

    lcart larrive de Samia.

    6. Fessenio, Samia : Samia apprend Fessenio que lesprit a transform Lidio en

    femme ; pour preuve elle lui montre une lettre de Ruffo adresse Fulvia ; Fessenio

    cherche Lidio pour vrifier cela.

  • 25

    Acte V

    1. Samia, Lidio femme, Lidio homme : quiproquo 6 (parallle du 5). Samia doit

    donner une bourse pleine de ducats Lidio ; devant les deux Lidio elle ne sait que faire

    et retourne chez Fulvia ; Lidio homme court chez Fulvia pour avoir largent ; Lidio

    femme attend Fannio pour faire de mme. // III. 23

    2. Fessenio, Lidio femme, Fannio : quiproquo 8. Lidio femme se demande si elle

    doit rvler sa vraie nature ; Fessenio veut vrifier si elle est une femme ; Fannio arrive

    et len empche.

    3. Lidio homme, Fessenio, Lidio femme, Fannio : Lidio homme arrive et appelle

    Fessenio ; Lidio femme et Fannio comprennent quil ont retrouv le jumeau et

    Fessenio ; Fessenio vrifie que Lidio homme est un homme ; Lidio homme va chez

    Fulvia ; reconnaissance de Santilla, Fannio et Fessenio.

    4. Samia, Fessenio, Lidio femme, Fannio : Samia les informe que les frres de

    Calandro ont trouv Fulvia avec Lidio homme ; Fulvia a envoy Samia chez le

    ncromancien pour quil change Lidio en femme ; Fessenio renvoie Samia chez Fulvia

    et amne Lidio femme qui change dhabits avec Fannio.

    5. Lidio homme : il explique comment il a t sauv par un homme qui a

    chang ses habits avec lui ; il voit Fulvia contente apparatre sa porte.

    6. Fulvia : heureuse de lissue.

    7. Calandro : il arrive avec les frres de Fulvia.

    8. Calandro, Fulvia : Calandro accuse Fulvia de le tromper ; ils rentrent dans la

    maison.

    9. Lidio homme : Fessenio lui a dit que tout va bien, mais il est prt intervenir

    pour sauver Fulvia.

    10. Fannio, Lidio homme : quiproquo 9. Fannio le prend pour Lidio femme et

    veut de nouveau changer leurs vtements pour retrouver les siens. Arrive de Fessenio.

    11. Fessenio : quiproquo 10 (racont par Fessenio). Fessenio raconte la fin

    heureuse chez Fulvia. Arrive de Santilla et de Lidio.

    12. Santilla, Fessenio, Lidio, Fannio : reconnaissance. Deux mariages.

  • 26

    Renvois textuels

    Martino da Amelia : Calandria, Prologue et I, 3. Repris par lArioste dans la

    Lena I, 1 (rfrence claire la Calandria).

    Le passage dune scne lautre est scand par lentre de nouveaux

    personnages, annonc la fin des scnes. Id. dans les premires comdies de lArioste.

    Polinico : modle chez Plaute, Bacchides (Les Bacchis), personnage de Lydus,

    esclave, prcepteur de Pistoclre (jeune homme, amant de Bacchis I qui est une

    courtisanne athnienne) : II, 1 ; III, 1, 3. Le personnage de Lydus est plus dvelopp, il

    est virulent contre son lve ainsi que contre le pre de celui-ci auquel il dnonce ses

    agissements

    Scnes de quiproquo : parallle avec les Mnechmes.

    Tosc. : omission de che aprs pronom dmonstratif.

    Moccicone : Prologue (Plaute) ; II, 6 (Fessenio Calandro)

    Bufalo (Calandro Fessenio) : I, 4 / Bufolacio (Fessenio Calandro) : II, 6 /

    patron buaccio (Fessenio Calandro) : II, 9

    Thme de la substitution dans le lit : Dec. VIII 4.

    Nouvelles : III, 5, 6 ; VIII, 3 ; IX, 5

    Sexprimer par expressions toutes faites, proverbes.

    Acte I : 8 scnes, 219 battute.

    Acte II : 10 scnes, 248 battute.

    Acte III : 23 scnes, 333 battute.

    Acte IV : 6 scnes, 135 battute.

    Acte V : 12 scnes, 212 battute.

  • 27

    Bibbiena suit le modle donn par lArioste dans la Cassaria et les Suppositi.

    Il utilise les instruments de la complicit intellectuelle : citations et allusions au

    Decameron, trs lu dans tous les milieux culturels, mme moyens.

    Il cherche aussi la complicit avec le public par la thmatique : les folies de

    lamour.

    Dans le Cortigiano, Castiglione fait une hirarchie des plaisirs de la cour. Il

    confie Bibbiena le thme du rire (l. II) et Bembo celui de lamour platonique. Ces

    deux moments sont les deux faces de la mme culture. Il ny a pas de contradiction

    entre elles. Limitation comique, le langage de celui qui imite le comique quotidien de

    la vie est ltude dune nature (certes infrieure) de lhomme qui sait par la suite se

    sublimer travers un processus ascendant, la fois intellectuel et social. Dun ct la

    cour se divertit au sujet dune nature infrieure, de lautre elle slve travers une

    culture spirituelle. Ces deux aspects sont intgrs, chacun sa place, dans les plaisirs de

    la cour.

    Mise en scne et reprsentation de la Calandria

    Documents utilisables :

    Il ne reste pas de desseins prparatifs la mise en scne de la Calandria.

    Lettre de Castiglione au comte Ludovico di Canossa (description de la mise en

    scne et des intermdes).

    Un rcit anonyme rcemment attribu Urbano Urbani, secrtaire de Francesco

    Maria I della Rovere duc dUrbin, qui dcrit aussi la mise en scne de lEutichia et de la

    comdie de Guidobaldo Rugiero, et sur lun de leurs intermdes (Ms. Vat. Urb. Lat.

    490).

    Un fragment de la Vita (anonyme) de Francesco Maria della Rovere (Ms. Vat.

    Urb. Lat. 1037).

    Organisateur de lapparat et crateur des intermdes : Baldassar Castiglione.

    Crateur de la scne : Girolamo Genga.

    la rappresentazione risulta in ritardo rispetto allo schema figurativo della

    scena, in anticipo rispetto alluso della prospettiva, in maggiore anticipo rispetto agli

    intermezzi e alla loro unit tematica (Ruffini, p. 15)

  • 28

    Intermdes

    On commence parler des intermdes comme dun genre lorsquils se

    prsentent relis lun lautre par un fil conducteur : la date canonique oscille entre le

    Commodo de 1539 et la Talanta de 1542.

    La continuit tematica finisce con lesigere un proprio spazio e una propria

    strumentazione scenica indipendenti dalla commedia, che troveranno compimento nella

    scena mutevole e nelle macchine degli intermezzi buontalentiani, allo scorcio del

    secolo. (Ruffini, p. 14)

    Deux lments sont pris en compte : lunit ou la non unit thmatique et le

    changement ou non changement de scne (instrumentation technique).

    Calandria : les intermdes (invents par Castiglione) sans changement de scne ;

    les macchine sont des chars algoriques traditionnels ; pas unit thmatique (on a

    longtemps dit quil ny en avait pas et quil sagissait donc dintermdes riempitivi ,

    mais Ruffini montre le contraire).


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