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Page 1: Critiques des droits de l'homme. (Coll. « Philosophies »)by Bertrand BINOCHE

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Critiques des droits de l'homme. (Coll. « Philosophies ») by Bertrand BINOCHEReview by: Émile PoulatArchives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 68.2 (octobre-décembre 1989), pp.204-205Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/41623432 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

bien des informations indirectes sur l'auteur, Mgr. Bettazzi, et là il prend une dimension originale. Ainsi celui-ci bâtit la biographie de son prédécesseur autour de la notion d'obéis- sance. Mgr. Moreno fut-il un évêque obéis- sant, lui qui refusa de se plier aux consignes romaines d'abstention politique des catholi- ques et qui récusa le dogme de l'infaillibilité ? L'A. n'y voit pas des signes de désobéissance. Il s'agit au contraire, dit-il à propos de sa posi- tion au concile, d'une « obéissance à sa digni- té d 'évêque et d'homme » ; sur le problème des relations des catholiques avec la vie politique, il retient un refus des pressions, et la convic- tion selon laquelle « l'obéissance à l'Église s'insère dans une obéissance plus élevée ». Mgr. Moreno était, écrit-il encore, « profondé- ment obéissant à Dieu, à sa mission d evôque, à sa conscience, et au Pape, demandant seule- ment qu'il se prononce personnellement et clairement pour pouvoir obéir généreuse- ment ». Il y a tout lieu de penser que l'on a là une définition de l'obéissance par un évêque issu de Vatican II, ancien auxiliaire du cardi- nal Lercaro à Bologne, engagé dans les débats sociaux dans son pays, président internatio- nal de Pax Christi, qui est lui-même un évêque obéissant, mais critique.

Jean-Dominique Durand.

68. 169 BIERMANS (John T.). The Odyssey of New Religions Today. A Case Study of the Unification Church. Lewiston (N.Y.) et Quennston (Ont., Canada), The Edwin Mellen Press, 1988, 357 p. (Préf. de Dean M. Kelley. Première édition en 1986 sous le titre "The Odyssey of New Religious Movements").

La première édition de cet ouvrage a été saluée par tous les défenseurs d'une liberté religieuse sans restrictions comme une contri- bution décisive au débat sur les N.M.R. contro- versés. L'auteur, actuellement avocat, est mooniste depuis 1977, hautement diplômé et a exercé des responsabilités professionnelles et sociales importantes avant d'entrer dans l'Église de l'Unification. Sa plaidoirie en fa- veur de celle-ci repose sur une idée essen- tielle : L'E. de l'U. est un vrai groupe religieux, « prophétique » et suscitant des engagements intenses. Elle s'inscrit dans la continuité histo- rique de ce qui s'est passé pour toutes les reli- gions et, comme elles, l'E. de l'U. subit une persécution. L'A. examine différents points de

la controverse contre l'E. de l'U. : le « lavage de cerveau », les mariages collectifs, l'exemp- tion de certains impôts, les institutions-para- vents. Ses réponses mettent essentiellement en avant le fait qu'il ne s'agit aucunement de pra- tiques propres à l'E. de l'U. Beaucoup ont carac- térisé les groupes religieux dans le passé (et même encore actuellement), notamment l'en- gagement intense. Les convictions anticom- munistes se retrouvent chez des leaders reli- gieux prestigieux tel Martin Luther King. Les mariages arrangés sont la norme dans le judaïsme et l'hindouisme classiques et Benha- zir Bhutto vient de se marier de cette façon. L'argumentation s'appuie principalement : - sur les situations plaidées en justice (lon- guement rapportées et en général gagnées), - sur la propre expérience de l'A qui a notam- ment été lui-même objet d'une tentative de « déprogrammation », - sur les travaux des sociologues que l'A. connaît bien.

Au total sur les points abordés l'argumenta- tion est largement convaincante. Mais l'A. esquive certaines questions, notamment la question politique, tant du point de vue des croyances (idéal théocratique) qu'en ce qui concerne des pratiques très concrètes, par exemple celles de la CAUSA

Françoise Champion.

68. 170 BINOCHE (Bertrand). Critiques des droits de l'homme. Paris, PUF, 1989, 128 p. (Coll. « Philosophies »).

Critiques au pluriel et au masculin. En cette année célébrativc du bicentenaire de la Révo- lution française et de la Déclaration des droits de l'homme, il était bon de rappeler, à une mémoire unanimiste, que ceux-ci avaient été en butte à toute une suite de critiques venues d'horizons divers. B.B. en caractérise trois : empiriste, providcntialistc et historiciste, illustrées par huit noms grâce à leurs courants internes. Empirisme traditionaliste de Burkc ou utilitariste de Bentham. Providcntialismc de Maistrc. Historicismc rationaliste libéral de Constant ou positiviste de Comte ; organi- ciste linéaire de Savigny, dialectique de Hegel ; matérialiste de Marx. Conclusion ouverte : au sein des Lumières, l'Histoire relaie la Nature et assume ses fonctions, avec les mêmes limites, sans qu'on puisse la charger spécialement de tous les crimes qu'on commet en son nom. En revanche, le maillon faible est

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BULLETIN DES OUVRAGES

ici la catégorie de Droit : comment penser le politique sans elle et aussi sans les deux autres en dépassant les idéologies naturalistes, histo- ricistes et juridistes « sans verser dans le pro- phétisme » ? « On ne saurait y répondre hâti- vement ».

Curieusement, ou selon un solide confor- misme, dans cet inventaire typologique, rien ne laisse soupçonner l'importance et l'am- pleur de la critique catholique. A moins de l'identifier à Maistre, ici présenté comme déjà bien dépassé en 1815 : mais toujours réédité et lu un siècle après avec bien d'autres. Est-ce en vertu du principe que, en religion, on croit, on ne pense pas ? Ou que la pensée se résume aux classiques des manuels ?

Emile Poulat

68. 171 BLANDRE (Bernard). Les Débuts de l'adventisme. Sarreguemines, Mouvements Religieux, Nos 107-108, mars-avril 1989, 24 p. (Numéro spécial).

B.B. est connu comme historien français du jéhovisme. Il a publié le fruit de ses recherches dans Les Témoins deJéhovah, un siècle d'histoire chez Desclée de Brou wer, 1987.

L'examen des origines du jéhovisme devait naturellement le conduire à l'adventisme puis- que le pasteur Russell, fondateur des Étu- diants de la Bible dont sont issus le mou- vement des Témoins de Jéhovah et une pléiade de groupes russellistes avait été initié au millé- narisme par la mouvance adventiste.

B.B. a donc prolongé son travail par un exa- men historique de l'adventisme qui a abouti à la publication de quelques articles dans Mou- vements Religieux.

Le cahier qu'il propose aux lecteurs reprend ces articles en les mettant dans une perspec- tive chronologique.

La première contribution décrit le contexte socio-religieux du début du XIXe siècle ; elle montre que les changements politiques et éco- nomiques rapides ont incité certains croyants à penser que le Royaume de Dieu était à por- tée de la main. Les réveils furent nombreux, on reconsidéra certaines croyances (comme la Trinité ou le sacerdoce réservé aux hommes) et surtout on se mit à interpréter les symboles et la chronologie bibliques à la lumière des évé- nements qui se déroulaient. Cette réflexion aboutit à fixer le commencement du mille-

nium vers la moitié du XIXe siècle. Naturelle- ment, les esprits s'employèrent à imaginer quelle forme pourrait prendre cet avènement.

Le second et le troisième chapitres mettent en scène William Miller. Blandre décrit son itinéraire religieux, ses calculs bibliques, son prosélytisme, la naissance de l'adventisme et le commencement de ses difficultés : attaques extérieures et contestations internes.

Le quatrième article montre le déclin du mouvement de Miller. Celui-ci ne résista pas aux attentes déçues ; l'organisation se fissura et se fragmenta en une nébuleuse de commu- nautés qui survécurent à la mort de Miller et qui donnèrent naissance à une seconde géné- ration adventiste.

Cette renaissance est décrite rapidement. Il reste à voir en détail comment l'attachement à une perspective eschatologique a pu s'accom- moder d'attentes vaines et s'installer durable- ment chez certains alors que d'autres furent définitivement déçus. Cela fera sans doute l'objet d'un prochain article qui devrait passer à l'interprétation des faits.

La recension de ce cahier fournit l'occasion de rappeler l'existence du livre de Richard Lehman Les Adventistes du septième jour paru chez Brepols en 1987 et qui résume l'histoire de ce mouvement.

Régis Dericquebourg.

68. 1 72 BONNEMAISON (Joël). La Dernière île. Paris, Arléa/Orstom, 1986, 404 p.

Chercheur à l'ORSTOM, l'auteur travaille sur Tanna (Nouvelles-Hébrides) de 1977 à 1980. Là, il découvre la Coutume (Kastom belong Yume) de ceux qui, après avoir observé la violence des Blancs, se battent pour défen- dre leur propre civilisation.

Evangélisée dès 1839 par un missionnaire de la L.M.S., le fameux John William qui y trouva la mort ; bombardée en 1 865 à l'appel du missionnaire Patton, l'île accepta enfin le Royaume de Dieu.

Ce livre, très documenté, est d'une lecture facile et s'adresse à un large public.

Roselène Dousset-Leenhardt.

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